At the movies – 39 (1930s)

Le fils unique, Yasujiro Ozu

The Great Ziegfeld, Robert Z. Leonard (1936) – 3/5: un biopic sur la vie de Florent Ziegfeld, le créateur des célèbres « Follies », avec William Powell qui joue le rôle (et Myrna Loy qui joue une de ses épouses). C’est interminablement long – trois heures – et un peu confus et au rythme chaotique mais certains des passages de music-hall sont impressionnants, comme celui filmé sur un escalier en spirale. Avec aussi Fannie Brice, danseuse de burlesque de l’époque qui ne montre qu’un morceau chanté et totalement habillée – dommage et une mention à Little Egypt qui a popularisé la danse du ventre aux Etats-Unis lors de l’expo universelle de Chicago en 1893 (le début du film s’y déroule).

Sabotage, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1936) – 3/5: un film d’Alfred Hitchcock, c’est toujours bien, mais celui-ci est un peu court et confus – on ne connaîtra jamais les raisons du sabotage. Le réalisateur a l’art de faire monter la tension avec des gros plans des personnages, même en montrant dès le début qui le coupable. C’est rythmé, ça montre le Londres de l’époque, et ça se passe en partie dans un cinéma, avec un extrait de Walt Disney. Il y a aussi des canaris, et un magasin entier d’oiseaux, ainsi qu’un chat. Avec Sylvia Sidney.

Le fils unique, Yasujiro Ozu (Japon, 1936) – 4/5: le premier film parlant d’Ozu raconte l’histoire d’une mère qui se sacrifie pour que son fils puisse étudier. Une fois adulte, celui-ci n’est devenu qu’un pauvre enseignant et n’a pas connu la fortune, ce dont se rend compte la mère quand elle vient le visiter à Tokyo. C’est un film sur la déception, et Ozu le raconte par petites touches, augmentant le côté tragique de l’histoire. Les plans sont superbes, comme celui où mère et fils sont assis dans un terrain vague avec un incinérateur en arrière plan. A noter: le canari, le train qui arrive en gare de Tokyo.

These Three, William Wyler (1936) – 4/5: deux amies, Karen (Miriam Hopkins) et Martha (Merle Oberon) rénovent la maison familiale de la seconde et ouvrent une école pour filles. Martha tombe amoureuse de Joseph (Joel McCrea), mais Karen est secrètement attirée par lui. Une des élèves, Mary (Bonita Granville), va provoquer un scandale en inventant toute une histoire à propos des trois adultes. A l’origine, l’histoire est inspirée par deux enseignantes écossaises qui en 1810 ont dû fermer leur école suite à de fausses accusations de relations lesbiennes. Toute mention à l’homosexualité étant bannie dans les années 1930, par la loi et par le code Hays, le scénario a été changé en triangle amoureux. Mais j’ai malgré tout ressenti une certaine attirance entre les deux femmes. J’ai aussi été étonnée par l’histoire qui n’est absolument pas gentillette: Mary, la gamine, est digne des meilleurs films d’horreur dans ses manigances et la tension est palpable, alors que les adultes sont manipulés. Une excellente surprise !

Ceci termine l’année 1936. J’avoue que j’ai eu un peu de mal – c’était assez interminable: il y avait 27 films sur ma liste, ce qui est beaucoup (en général, ça tourne autour de 20) et je les ai tous trouvés (le plus souvent, deux ou trois films sont introuvables). Pour 1935, j’en en ai vu 17. J’ai mieux géré les styles et j’ai terminé en beauté (un peu par hasard, je ne savais pas de quoi parlait These Three quand je l’ai commencé). J’ai aimé les comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers mais elles deviennent un peu cliché: un scénario bancal et quelques jolis passages dansés. J’ai subi beaucoup de films (américains) totalement dépassés dans leur propos, avec de bonnes doses de sexisme et racisme, ou des histoires sans intérêt. Les deux films de William Wyler sortent du lot: Dodsworth et These Three, ainsi que Fury de Fritz Lang, son premier film américain, et Libeled Lady, une malicieuse screwball comedy (dans l’épisode 33, 37 et ci-dessus). Enfin, impossible de ne pas citer les deux films japonais, Les soeurs de Gion de Kenji Mizoguchi et Le fils unique de Yasujiro Ozu qui sont tellement différents du reste du cinéma de l’époque et apportent un grand soin à la beauté des images.

Snow White and the Seven Dwarfs, Walt Disney (1937) – 4/5: un dessin animé que j’ai vu dès mon enfance mais en le revoyant aujourd’hui je me rends compte qu’il y a de nombreux passages vraiment angoissants, heureusement entrecoupés de scènes drôles et légères. J’ai beaucoup aimé l’animation de tous les animaux, bien plus que celle des nains ou de Blanche-Neige. A noter: la chanson yodelée des nains.

Make Way for Tomorrow, Leo McCarey (1937) – 4/5: Bark (Victor Moore) et Lucy Cooper (Beulah Bondi) sont un couple âgé, parents de cinq enfants mais ils ont perdu leur maison (il n’y avait pas encore de pension à l’époque). Aucun des enfants ne peut (veut) héberger les deux ensemble et ils sont alors séparés. Ils vivent dans la tristesse et le regret, tout en étant un poids pour leur progéniture. Bark va finalement être envoyé en Californie chez le cinquième enfant qu’on n’a jamais vu mais passe une dernière journée à New York avec son épouse, et cette journée est magnifique, tout en douceur et nostalgie, avec des inconnus qui font acte de bonté gratuite. La scène de danse à l’hôtel est particulièrement touchante: le chef d’orchestre entame un morceau rapide mais se ravise très vite en voyant le couple hésiter, et enchaîne de suite avec une valse. Ce film a inspiré Yasujiro Ozu (Tokyo Story, 1953). A noter: le couple boit des Old Fashioned (avec un clin d’oeil du barman) et Beulah Bondi n’avait que 48 ans alors qu’elle est censée avoir plus de 70 ans dans l’histoire.

Lost Horizon, Frank Capra (1937) – 3/5: futur secrétaire d’état britannique, Robert Conway (Ronald Colman) organise l’évacuation d’une ville chinoise en révolte et prend le dernier avion. Mais celui-ci est détourné à son insu et se perd dans les montagnes de l’Himalaya. Robert et ses acolytes sont sauvés par les habitants de la région et se retrouvent à Shangri-La, un genre de paradis sur terre où personne ne vieillit. Le film est assez long (mais heureusement pas les six heures du montage d’origine), et j’ai vu une version restaurée: à certains moments il ne reste que la bande-son et des photos remplacent les images perdues. C’est une critique de la société du moment, et surtout de la montée en pouvoir de régimes cherchant la guerre. A part ça, il est intéressant de voir que les bâtiments construits au milieu des montagnes sont en style art déco, plus précisément en style paquebot. Dommage que les femmes soient reléguées à des rôles (très) secondaires et cliché. A noter: l’avion du début est un DC-2, le score de Dmitri Tiomkin.

At the movies – 34 (2020s)

Corsage – Marie Kreutzer (photo via Imagine Films)

Cinq films réalisés par des femmes ! Je crois que je ferai rarement mieux, mais je suis très contente de cette évolution. Six des sept films montrent ou dénoncent les violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques ou psychologiques (les effets de la société patriarcale) (et l’intrus est une erreur de casting de ma part).

She Said, Maria Schrader (2022) – 4/5: Maria Schrader raconte comment l’affaire Harvey Weinstein a vu le jour grâce à une enquête de deux journalistes du NY Times (jouées par Carey Mulligan et Zoe Kazan). Le film est assez classique; le spectateur sent à un moment que le temps devient long, tout comme les journalistes qui n’avancent pas, et puis les choses se débloquent. C’est une histoire qu’il faut raconter, et le film est important parce qu’il montre comment un homme puissant a tout fait pour se protéger et acheter les jeunes femmes dont il profitait, les enfermant dans le silence et la culpabilité. #52FilmsByWomen

Aristocrats, Yukiko Sode (Japon, 2021) – 4/5: Hanako est une jeune fille très réservée d’une bonne famille tokyoïte, qui à 27 ans n’a pas encore trouvé de mari. Après quelques rendez-vous arrangés, elle rencontre Koichiro qui appartient à une famille de politiciens et qui est voué à suivre cette voie (cela ressemble à une certaine aristocratie européenne mais sans les titres de noblesse). Parallèlement, on suit aussi Miki qui est une jeune provinciale issue d’une famille modeste et qui gagne sa vie comme hôtesse. C’est de cette manière qu’elle rencontre Koichiro d’ailleurs. Ce film dénonce la société patriarcale et hyper conservatrice japonaise, et met en avant des femmes. J’ai trouvé très intéressant de découvrir ce monde très codifié de la haute société – la réalisatrice a d’ailleurs appliqué tous les code de l’étiquette lors des repas par exemple. Elle filme aussi très bien Tokyo à la veille des jeux olympiques. Je conseille ! #52FilmsByWomen

La nuit du 12, Dominik Moll (France – Belgique, 2022) – 4/5: une jeune fille est brûlée vive alors qu’elle rentre chez elle, de nuit, dans un petit village des Alpes. La police judiciaire de Grenoble est chargée de l’affaire. Dominik Moll suit de près le travail des policiers (Bastien Bouillon et Bouli Lanners) et analyse comment fonctionne l’équipe. Divers suspects sont interrogés, tous pourraient être coupables. Ce qui frappe pendant la première moitié du film, c’est l’absence de femmes, ou presque; deux personnages importants arrivent en cours de route, une juge et une nouvelle policière, et elles mettent le doigts sur certaines injustices que les hommes ne remarquent même plus. A noter: les chats, les superbes scènes de nuit au vélodrome qui marquent à chaque fois une pause dans l’histoire.

Ticket to Paradise, Ol Parker (2022) – 1/5: une comédie avec George Clooney et Julia Roberts se passant à Bali ? Pourquoi pas ! Mais c’était sans le côté « bons sauvages vivant dans une île paradisiaque mais parlant quasi tous parfaitement anglais » totalement dépassé aujourd’hui. Et ce n’est même pas tourné à Bali (mais en Australie, et ça se voit). J’ai tenu 40 minutes. (Le 1, c’est pour George Clooney qui reste très séduisant).

The Housewife (Red / Shape of Red), Yukiko Mishima (Japon, 2020) – 3/5: Toko est mère de famille et femme au foyer. Quand elle revoit Kurata, son ancien amant, sa vie change complètement: elle reprend son métier d’architecte (dans son étude) et recommence la relation avec lui. Ce film met en avant des éléments intéressants sur la condition des femmes japonaises mais les hommes sont trop clichés, voire même incohérents comme le mari de Toko qui exige que son épouse revienne de suite alors qu’elle est bloquée dans une tempête de neige et qu’il n’y a plus de trains, puis qui lui exprime son amour inconditionnel un peu plus tard, oubliant l’horrible personnage qu’il a été. A noter: les paysages dans la neige, le vieux break Volvo (qui m’a fait penser à la Saab dans Drive my Car), le fait que de plus en plus de femmes japonaises ont réalisé des films ces dernières années – c’est le troisième que je vois en quelques semaines, grâce aux sorties en dvd. #52FilmsByWomen

Corsage, Marie Kreutzer (Autriche, 2022) – 3/5: une réécriture de l’histoire de l’impératrice Elisabeth d’Autriche – Sissi, donc, jouée admirablement bien par Vicky Krieps. Le film la suit pendant quasi une année, alors qu’elle a 40 ans, et qu’elle se sent de plus en plus mal. J’ai trouvé ce film très froid, un peu bizarre, même s’il montre bien comment un rôle imposé peut provoquer des troubles mentaux. Les anachronismes ne m’ont pas dérangée, ils sont clairement voulus (« it’s a design choice » dirait Bernadette Banner), et les images sont très belles. Mon cerveau n’a juste pas pu s’empêcher de crier « Titanic » à un moment. #52FilmsByWomen

Where the Crawdads Sing, Olivia Newman (2022) – 3/5: j’ai hésité à regarder ce film, parce que le livre dont il est adapté est un bestseller, mais en même temps c’était un moyen rapide de connaître l’histoire. Le film est très prenant et je me suis laissée entraîner, mais une fois terminé, j’ai surtout remarqué le côté hollywoodien: tous les acteurs sont beaux et musclés (pour les hommes) alors qu’on décrit les gens qui vivent dans les marais et dans la petite ville d’à côté. C’est un peu facile tout ça. #52FilmsByWomen

At the movies – 28 (1930s)

Elsa Lanchester et Boris Karloff dans Bride of Frankenstein (via wikipedia)

The Man Who Knew Too Much, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1934) – 3/5: si on oublie que la version en dvd que j’ai vue était de qualité merdique, avec des sous-titres pour juste un tiers des dialogues, The Man Who Knew Too Much reste malgré tout un bon film de suspense dans lequel on voit la patte d’Alfred Hitchcock, notamment dans le montage parfois surprenant. Le couple Lawrence se voit mêlé contre son gré à une sombre histoire d’espionnage pendant leur séjour aux sports d’hiver à St. Moritz et leur fille est kidnappée. La suite de l’action se déroule à Londres et implique un méchant qui a le look de service, Peter Lorre, déjà vu dans M. Il y aura un remake en 1956.

Imitation of Life, John M. Stahl (1934) – 4/5: un film qui dénote très fort pour son époque: il met en avant des femmes (les hommes sont des personnages secondaires) et l’amitié entre une Blanche (Claudette Colbert) et une Noire (Louise Beavers), ainsi que la problématique d’une Afro-Américaine (jouée par Fredi Washington, elle-même afro-américaine à la peau claire – et non par une blanche comme dans le remake de 1959) dont la peau est tellement blanche qu’elle souhaite se faire passer pour une blanche, reniant par la même occasion sa mère à la peau noire (cette partie de l’histoire a posé de grands soucis aux censeurs du code Hays, le métissage étant très mal vu). Mais comme on est en 1934, le racisme reste très présent: Delilah, la Noire, habite au sous-sol et porte des vêtements peu seyants tandis que Bea, la Blanche, vit à l’étage et porte de superbes robes. C’est aussi Bea qui a l’initiative, exploitant les talents de Delilah et créant une marque de farine au nom de « Aunt Delilah » (on pense tout de suite à « Uncle Ben’s »). Sur l’affiche de cinéma de l’époque, ce sont uniquement les noms des acteurs blancs qui apparaissent en grand, y compris donc l’homme en seconde position (Warren William) alors qu’il n’a qu’un rôle très mineur (et il paraît bien plus âgé qu’il ne l’est, accentuant l’impression de différence d’âge entre lui et Bea). A noter aussi: Juanita Quigley, encore un bébé acteur – le truc à la mode de l’époque – qui jouait la fille de trois ans de Bea.

The Scarlet Pimpernel, Harold Young (Royaume-Uni, 1934) – 2/5: un film historique britannique racontant l’histoire du « mouron rouge », cet aristocrate anglais qui a sauvé de nombreux nobles français de la terreur de Robespierre en 1792. Avec Leslie Howard, parfait dans ce rôle, et Merle Oberon. Le film est assez dynamique, avec des scènes en extérieur, mais très silencieux – il n’y a quasi pas de musique. Mais au final, ce n’est pas très passionnant.

Ceci termine ma liste de films pour l’année 1934, marquée par la mise en place du Code Hays. Beaucoup de ces films m’ont paru très dépassés dans leurs thèmes et très vieillots, et je ne les conseillerais plus aujourd’hui, mais j’ai beaucoup aimé L’Atalante (ce qui m’a surprise) et Imitation of Life. Je poursuis avec 1935.

Alice Adams, George Stevens (1935) – 1/5: Alice Adams (Katharine Hepburn) aimerait pouvoir rencontrer un homme riche mais ses parents sont pauvres (toutes proportions gardées: ils ont quand même une grande maison – mais elle n’a pas l’argent pour s’acheter une nouvelle robe). Quant Arthur Russell (Fred MacMurray) l’invite à danser à une fête, elle fait tout pour l’impressionner (et le film tombe dans le ridicule et le niais). J’ai vraiment trouvé l’histoire pénible, d’autant plus qu’elle se termine sur un happy end alambiqué et invraisemblable. Et je n’arrive toujours pas à apprécier Katharine Hepburn (j’ai le vague souvenir que je la préfère plus âgée).

Anna Karenina, Clarence Brown (1935) – 3/5: un film romantico-tragique avec Greta Garbo qui fait sa Greta Garbo (à la longue, ça fatigue un peu, on a l’impression qu’elle ne sait jouer que d’une seule manière). Je ne connaissais pas l’histoire du roman de Tolstoi, ça m’a fait un rattrapage (même s’il manque des bouts). Avec Fredric March dans le rôle du Comte Vronsky. Avec aussi plein de clichés sur l’âme russe et le folklore qui est lié. A noter: des ours empaillés et des trains dans la neige.

Bride of Frankenstein, James Whale (1935) – 3/5: en regardant ce film, je me suis fait la réflexion que les films d’horreur de l’époque sont bien souvent meilleurs que les comédies de mœurs, et que pour une suite, il est vraiment réussi. On y retrouve Boris Karloff qui joue le monstre, et les scientifiques qui lui créent une compagne (Elsa Lanchester) à la coiffure conique légendaire. A noter: la musique de Franz Waxman et encore un rôle parfait pour la fantastique Una O’Connor (la commère du village et servante des époux).

La kermesse héroïque, Jacques Feyder (France, 1935) – 4/5: en 1616, à Boom, l’arrivée d’un duc espagnol et de sa suite met la petite ville en émoi. Le bourgmestre craint en effet pillages et viols décide de faire le mort. Mais c’est sans compter son épouse, et toutes les femmes de ville, qui décident de lancer une opération de charme pour accueillir les étrangers. J’ai cru au pire pendant les premières vingt minutes, les hommes étant vraiment cliché et couards. Et puis, dès que Cornelia prend le relais, le film prend une certaine ampleur et devient vraiment intéressant. J’aurais dû me douter qu’il s’agissait d’un film (mais aussi d’une farce) féministe: le générique cite d’abord le nom des actrices, ce qui m’avait déjà étonné à ce moment-là. Il est dommage que quand on cherche des infos, ce ne soit pas ce côté là qui est mis en avant, mais bien la couardise des hommes (en lien avec la Première Guerre mondiale). A noter: les superbes décors de la ville reconstituée en studio, les costumes. A ne pas noter: les accents franchouillards très dérangeants et parfois incompréhensibles (j’ai eu la flemme de chercher une version avec des sous-titres mais j’aurais dû). Une belle surprise au final !

At the movies – 24 (2000s)

De Zaak Alzheimer – Jan Decleir et Anvers

Ce billet a mis un certain temps à se compléter, je l’ai commencé quelque part en novembre ou décembre (avec des notices très courtes) ! Il complète les filmographies de Mike Mills et Ryusuke Hamaguchi.

3:10 to Yuma, James Mangold (2007) – 3/5: un remake du western de 1957 mais plus sombre, plus axé sur l’appât du gain. Malgré son jeu très détaché, je n’ai pas aimé Russell Crowe, et pas trop non plus Christian Bale. La musique de Marco Beltrami est très bien par contre.

The Matrix Reloaded, The Wachowskis (2003) – 3/5: l’effet de surprise est un peu retombé, et les histoires dans la matrice sont moins intéressantes à mon avis. Il y a aussi pas mal de remplissage, notamment avec la gigantesque rave-party du début. Une chose qui m’a marquée: la diversité des figurants et même des acteurs. #theKeanuReevesFilmography

The Matrix Revolutions, The Wachowskis (2003) – 3/5: trop d’effets spéciaux tuent les effets spéciaux. C’était pas mal mais sans plus, et il a trop de scènes sans Keanu Reeves. #theKeanuReevesFilmography

Thumbsucker, Mike Mills (2005) – 3/5: le premier film de Mike Mills (dont je compte voir toute la filmographie, ce qui fait quatre films en tout – c’est fait depuis). Justin, un adolescent très réservé de 17 ans, vit avec sa famille dans l’Oregon (sa mère est jouée par Tilda Swinton). Il suce toujours son pouce et n’arrive pas à ce débarrasser de cette habitude. Au cours du film, il va explorer diverses solutions (dont une qui tourne mal proposée par son orthodontiste joué par Keanu Reeves) pour finalement grandir et trouver sa voie. Un film sur un ado, mais aussi sur des parents largués, encore un peu enfants eux-mêmes. Plaisant mais pas un chef-d’œuvre. #theMikeMillsFilmography #theKeanuReevesFilmography

Passion, Ryusuke Hamaguchi (Japon, 2008) – 2/5: film de fin d’études du réalisateur et ça se sent. Tous les éléments de ses futures productions sont en place – les longues discussions entre protagonistes, les plans fixes, les vues d’immeubles et d’autoroutes qui ne permettent pas de reconnaître la ville, les couleurs délavées – mais je me suis perdue dans cette histoire d’hommes et femmes du début de la trentaine. Qui sort finalement avec qui ? ça change à tout moment dans le film. #theRyusukeHamaguchiFilmography

De zaak Alzheimer, Erik Van Looy (Belgique, 2003) – 4/5: il est étonnant que je n’avais pas vu ce film plus tôt, et c’est finalement la sortie future d’un (mauvais) remake américain qui m’a poussée à la voir. C’est un thriller policier, avec un tueur (Jan Decleir) qui perd tout doucement la mémoire, et plein de liens dans le milieu de la politique, des grandes entreprises et de la justice. Deux flics (un des deux est Koen De Bouw) sont sur sa trace. On est en 1995 – l’année où Julie et Mélissa ont été retrouvées mortes – et le film met le doigt sur tout ce qui ne va pas dans la police et l’état (en particulier police et gendarmerie qui se mettent des bâtons dans les roues). C’est cru et violent, avec quelques moments très drôles si on connaît le contexte belge. A noter: la technologie de 1995 (quasi pas de téléphones portables, les ordis aux écrans cathodiques, les voitures de l’époque – il y a une Golf de la gendarmerie), les vues d’Anvers, l’anversois. J’ai adoré !

Into the Wild, Sean Penn (2007) – 2/5: ce film m’a dérangée, pas au niveau de la réalisation mais bien à cause du personnage principal que j’ai trouvé imbuvable. Il s’agit de l’histoire vraie de Christopher McCandless, étudiant idéaliste qui prend la route pour finalement se perdre en Alaska. C’est son idéalisme et sa naïveté extrêmes qui m’ont dérangée, parce que c’est plutôt de l’inconscience totale de partir avec si peu de préparation en Alaska(c’est là qu’on voit que je peux être assez rigide dans certaines situations, ou que je pense trop à tout ce qui pourrait arriver à l’avance plutôt que de me lancer). Tout le monde a encensé ce film à l’époque, y compris pour les chansons d’Eddie Vedder mais même celles-ci ne m’ont rien fait. J’en ai discuté depuis avec des collègues qui sont tout à fait d’accord avec moi – bref un film qui a vieilli. A part ça, c’est un beau voyage parmi les paysages sauvages des Etats-Unis.

At the movies – 23 (1930s)

Myrna Loy, William Powell, William H. O’Brien (à l’arrière) et Maureen O’Sullivan dans The Thin Man (wikicommons)

Viva Villa !, Jack Conway (1934) – 2/5: je me doutais bien en lisant le titre de ce film qu’il y avait des chances que ça se passe au Mexique, et en effet, c’est l’histoire – romancée – du bandit devenu général de l’armée Pancho Villa. Il est interprété par un Américain, Wallace Beery, comme tous les rôles importants du film (il y a aussi Fay Wray). L’histoire ne m’a donc pas passionnée (comme tous les films du genre – c’est juste moi qui n’aime pas trop les films qui parlent des troubles au Mexique de cette époque) mais c’est tourné sur place, dans les campagnes et les villes et c’est une bouffée d’air frais.

Tarzan and his Mate, Cedric Gibbons (1934) – 2/5: j’ai hésité à regarder ce film après la catastrophe raciste et violente qu’est le premier. Celui-ci n’est pas plus modéré au niveau du racisme (les porteurs sont menés au fouet) mais il y a moins de massacres gratuits d’animaux. On y retrouve donc Tarzan (Johnny Weissmuller qui n’est pas devenu un meilleur acteur depuis), qui vit maintenant avec Jane (Maureen O’Sullivan) dans un nid de marsupilami (pardon) et une expédition de deux Blancs avides d’ivoire – expédition qui se passe mal évidemment (il y a même un certain suspense). La MGM en profite pour montrer tout son zoo, parfois avec quelques effets spéciaux dans les combats entre homme et crocodile / lion / rhinocéros. Mais le film est à noter surtout pour le fait que Maureen O’Sullivan est particulièrement dénudée (voire tout à fait) et qu’on entrevoit un sein ou un poil pubien (paraît-il, je n’ai pas repéré cette scène). Le ballet aquatique des deux héros sous l’eau est particulièrement impressionnant (on voit que le studio a investi dans des immenses piscines !). En gros, je me suis ennuyée mais pas tout le temps.

Twentieth Century, Howard Hawks (1934) – 1/5: Mildred Plotka (Carole Lombard), totalement inconnue, est engagée par Oscar Jaffe (John Barrymore), créateur de pièces de théâtre à Broadway. L’homme est assez impossible mais les pièces avec Mildred, maintenant nommée Lily Garland, sont un succès. Mais comme elle ne le supporte plus, elle le quitte pour Hollywood. Ils se retrouvent quelques années plus tard dans un train, le Twentieth Century Limited. Je n’ai pas supporté le personnage principal et Carole Lombard ne m’a absolument pas séduite. Je me suis ennuyée pendant 1h30 devant les scènes de dialogue dans les mêmes décors en intérieur, et le slapstick ne m’a pas distraite. Bref, je suis complètement passée à côté de ce film.

The Black Cat, Edgar G. Ulmer (1934) – 3/5: le premier des huit films réunissant Boris Karloff et Bela Lugosi. C’est un film d’horreur se déroulant quelque part en Hongrie, dans une maison hyper-moderne qui abrite des caves où se déroule un culte sataniste. C’est très court, un peu plus d’une heure, mais c’est très prenant et le réalisateur réussit à créer des ambiances qui font peur, avec des jeux d’ombres et lumières et ce chat noir qui se ballade partout. La musique est envahissante par contre, occupant 80% du film. A noter: le train, le chat et les décors quasi futuristes et très minimalistes.

The Thin Man, W.S. Van Dyke (1934) – 3/5: une histoire de meurtre avec plein d’éléments de comédie, adaptée d’un roman de Dashiell Hammett. On y rencontre le couple Nick et Nora (William Powell et Myrna Loy). Nick est un ancien détective qui vit maintenant dans les hautes sphères de la société grâce à la fortune dont dispose Nora. Entre deux cocktails (et il y en a beaucoup – des martini essentiellement), il aide la police à démêler les fils d’un crime. Je n’ai pas trop compris le dénouement de l’affaire, ça va beaucoup trop vite (William Powell a lui même eu du mal à retenir tout son texte) mais le film est prenant et agréable à regarder. A noter que le nom « Nick and Nora glass » pour les verres de cocktails est inspiré de ce film et a été donné dans les années 1980 par le barman Dale DeGroff (même s’ils désignent aujourd’hui des verres un peu plus grands que dans le film). Et il y a donc une scène de bar. Et un chien, Asta, un fox terrier qui a eu une belle carrière à Hollywood.

Of Human Bondage, John Cromwell (1934) – 3/5: basé sur un roman de Somerset Maugham, ce film raconte l’histoire de Philip (Leslie Howard), étudiant en médecine, qui tombe fou amoureux de Mildred (tiens, encore une Mildred) (Bette Davis), serveuse dans un restaurant, alors que celle-ci profite de lui et se moque de lui. C’est un film intéressant sur les relations humaines et l’obsession amoureuse. Bette Davis est vraiment intéressante dans son rôle et crève l’écran face au jeu très en retrait de Howard (que je ne connaissais que de Gone With the Wind).

Cleopatra, Cecil B. DeMille (1934) – 3/5: aaaah les péplums de Cecil B. DeMille, avec cet exotisme orientalisant, ses décors magnifiques inspirés par l’art déco, ses robes superbes. Claudette Colbert vole la vedette face aux acteurs qui jouent César et Marc Antoine. DeMille propose un film très sensuel, juste au moment où le Code Hays est entré en vigueur. Par la suite, il ne pourrait plus montrer ces corps quasi dénudés. J’ai beaucoup aimé, mais il faut bien avouer que les scènes de bataille à la fin sont du grand n’importe quoi qui ne tient pas la route.

At the movies – 22 (1990s)

My Own Private Idaho – un de mes films préférés de tous les temps

J’ai mis pas mal de temps a composer cette liste, je l’ai en effet commencée en décembre et il y a clairement un fil rouge: le filmographie de Keanu Reeves.

Point Break, Kathryn Bigelow (1991) – 4/5: je n’avais plus vu ce film depuis les années 1990 (je l’avais sans doute vu plusieurs fois, et j’avais acheté la cassette avec la – mauvaise – bande-son). Est-ce que c’est toujours aussi bien ? oui, mais en même temps, on voit que les films d’action ont énormément évolué en 30 ans – il suffit de regarder la série des John Wick. Il n’y avait pas encore tous les effets spéciaux et l’influence des arts martiaux était limitée, même si Patrick Swayze montre qu’il en est capable. Et puis, avec ce film que je suis tombée amoureuse du surf (de loin, sans penser en faire un jour moi-même). Ce qui n’est dit quasi nulle part (à part sur les pages concernant l’auteur), c’est que le film a été en partie inspiré par le livre de Kem Nunn, Surf City (Tapping the source, en v.o.) – quoique, après vérification, ce ne serait pas le cas, mais peu importe, j’y vois bien une inspiration possible. #52filmsbywomen #theKeanuReevesFilmography

The Matrix, The Wachowskis (1999) – 4/5: je crois qu’il y a une constante là: revoir les films avec Keanu Reeves. Mais c’est aussi parce qu’une quatrième partie sort bientôt (ceci a donc été écrit en décembre). C’est bizarre de revoir un film qu’on a adoré à l’époque. J’avoue que je me suis un peu ennuyée pendant la « mise en place », pendant la première moitié donc, mais la seconde partie passe toujours aussi bien. Par contre, cet étalonnage accentuant les verts m’a laissée sceptique, je préfère les tons plus francs, plus fluos, plus néon. J’ai aussi les films suivants sur ma pile à revoir (c’est fait entre-temps mais l’article est toujours en mode brouillon)… #theKeanuReevesFilmography

I Love You to Death, Lawrence Kasdan (1990) – 3/5: Rosalie (Tracey Ullman) découvre que son mari (Kevin Kline) est infidèle et décide de le tuer. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. Un film assez drôle avec comme ami du couple Devo (River Phoenix) et les candidats tueurs Harlan et Marlon (William Hurt et Keanu Reeves). Ce dernier est dans un rôle où il est complètement stoned et ne dit quasi rien. #theKeanuReevesFilmography

Suzaku, Naomi Kawase (Japon, 1997) – 3/5: j’avais vu ce film au cinéma à sa sortie et j’en avais gardé un excellent souvenir. Je voulais le revoir depuis longtemps mais la mauvaise copie en dvd m’avait retenu. Pas que cette copie-ci soit meilleure, et je pense que c’est ce qui a contribué à ma note très moyenne. Parce que quand il n’y a plus la beauté des images (dont les couleurs sont affadies par le mauvais transfert depuis la pellicule), il ne reste plus grand-chose, à part une histoire qui n’en est pas vraiment une dans un village isolé du Japon. Dommage. #52filmsbywomen

My Own Private Idaho, Gus Van Sant (1991) – 5/5: quand j’ai vu ce film à sa sortie, j’en suis tombée amoureuse et je l’ai longtemps considéré comme mon film préféré de tous les temps. Il me rappelle aussi cette relation (intime mais pas amoureuse) avec un garçon quand j’ai vécu un an à Louvain; il adorait aussi le film et m’avait offert le scénario, que j’ai toujours. Je me suis rendue compte que ça faisait bien 15 ans que je ne l’avais pas vu et c’est avec un peu d’appréhension que j’ai commencé mon visionnement. Je n’avais pas de soucis à me faire, la magie opère toujours. Il y a bien des moments où j’ai tiqué, comme le passage en Italie, mais c’est l’atmosphère générale qui me parle autant, très douce-amère, très proche de certains traits de mon caractère. Les deux acteurs principaux, River Phoenix et Keanu Reeves sont fantastiques, même si River en fait parfois un peu trop. J’ai sans doute fait plus attention à la musique qu’avant, mes connaissances ayant bien évolué depuis, et il y a cette magnifique chanson d’Eddy Arnord, « The Cattle Call », avec yodel. #theKeanuReevesFilmography

Bill & Ted’s Bogus Journey, Pete Hewitt (1991) – 2/5: je me doutais bien à l’avance que ce ne serait pas un grand film mais comme j’avais apprécié (et c’était une surprise) le premier de la série, je me suis dit que je pouvais donner une chance à celui-ci. Mais les seconds d’une série sont souvent moins bons: l’histoire est compliquée et se passe à des endroits trop improbables (entièrement filmés en studio et remplis de mauvais effets spéciaux): l’enfer, le paradis, le futur… J’ai cependant apprécié le personnage de la mort qui est très drôle, et à un autre niveau, les quelques bâtiments modernistes qui sont montrés quand on est dans un décor naturel. La musique de Steve Vai reste cependant tout aussi mauvaise ! A noter: Joey Burns et John Convertino ont été les coachs musicaux (bien avant qu’ils ne créent Calexico, donc) (oui, j’ai lu le générique). #theKeanuReevesFilmography

Dracula, Francis Ford Coppola (1992) – 3/5: j’avais adoré ce film à l’époque, je l’avais même sans doute vu avec mon papa et on avait été bluffés. Aujourd’hui, le film a un peu vieilli, je trouve, mais c’est peut-être dû à la très mauvaise qualité de la copie (en bluray pourtant) que j’ai vue. Restent les superbes costumes et certains décors inspirés de l’Art Nouveau, le côté gothique, Gary Oldman en un Dracula très troublant, une sensualité extrême. Bizarrement je n’ai pas accroché à Anthony Hopkins en Van Helsing, sans doute parce le Van Helsing de Buffy/Angel a pris le dessus dans ma mémoire. Avec aussi Keanu Reeves qui n’est pas à sa place, Winona Ryder et Tom Waits qui mange des mouches. #theKeanuReevesFilmography

At the movies – 17 (2020s)

Ali & Ava (dossier de presse d’Altitude Film Sales)

J’essaie de ne publier des notes que sur des films déjà sortis au cinéma en Belgique, mais parfois il y a l’une ou l’autre exception.

J’ai l’impression aussi que publier ces articles par décennie possède une logique mais du coup, on ne suit pas le cours de mes idées (j’ai des articles en brouillon dont le premier film a été vu en décembre, ou je parle ici d’un remake alors que j’ai vu l’original avant mais l’article n’est pas encore prêt), et du coup je me demandais si je devais changer ma manière de faire en publiant ces articles par ordre de visionnement (je ferais juste une exception pour les visions de presse en publiant les notes sur ces films juste après leur sortie).

La panthères des neiges, Marie Amiguet et Vincent Munier (France, 2021) – 4/5: un documentaire animalier mais pas que. C’est aussi une rencontre entre le photographe Vincent Munier et l’écrivain voyageur Sylvain Tesson (qui est moins horrible que d’habitude – je crois que le montage ne lui a pas laissé cette place). Je trouve dommage qu’on ne voie que les deux mecs par contre. La panthère quant à elle est superbe, de même que les autres animaux (mention spéciale au chat de pallas), ainsi que les paysages. Et cette musique de Warren Ellis et Nick Cave… #52FilmsByWomen (en partie)

The Story of my Wife, Ildikó Enyedi (Hongrie, 2021) – 2/5: Jakob (Gijs Naber) est capitaine au long cours. Suite à une boutade, il décide d’épouser la première femme qui entrera à ce moment dans le café. Lizzy (Léa Seydoux) accepte. Commence alors une relation tourmentée, marquée par la suspicion d’infidélité. Le film est raconté du point de vue de Jakob et est divisé en sept chapitres. L’ambiance et les décors des années 1920 sont superbes mais c’est beaucoup trop long, l’histoire n’avançant pas entres les minutes 45 et 145 (en gros). A noter: un chat sur un cargo, les superbes images de Hambourg, le tango dansé par Lizzy et Jakob. (Sortie repoussée en Belgique) #52FilmsByWomen

Le sommet des dieux, Patrick Imbert (France, 2021) – 4/5: adapté du manga de Jiro Taniguchi et Baku Yumemakura. Une histoire d’alpinisme, d’ascension de l’Everest, de dépassement de soi, et qui pose la question de ce qu’on fait après avoir atteint son but ultime. Les décors sont particulièrement superbes, de Tokyo à Katmandou, et surtout des montagnes. La tension est palpable à tout moment, et le sound design accentue les moments critiques.

Ali & Ava, Clio Barnad (Royaume-Uni, 2021) – 4/5: un amour improbable entre un homme d’origine pakistanaise, en pleine séparation, et une femme d’une cinquantaine d’années, mère et grand-mère. Un film social à l’anglaise mais tout en légèreté, loin de Ken Loach et cie, plus proche de Rocks de Sarah Gavron dans l’esprit. Avec du racisme, mais ce n’est pas ce qui domine le film, et beaucoup de musique, de Bob Dylan à de la techno. Et la ville de Bradford est superbement filmée. #52FilmsByWomen

Wheel of Fortune and Fantasy (Ryusuke Hamaguchi, Japon, 2021) – 3/5: le dernier des films de Ryusuke Hamaguchi que je n’avais pas vus, et pas celui que j’ai préféré. C’est un triptyque, et il y a de nouveau de longues conversations entres protagonistes. L’histoire est menée par des femmes et dissèque l’amour aujourd’hui au Japon. Mon histoire préférée est la troisième qui a certains moments très drôles mais qui est surtout très sensible et bienveillante. #theRyusukeHamaguchiFilmography

The Northman (Robert Eggers, 2022) – 3/5: un film macho à la testostérone, très intense par moments, mais qui s’essouffle à d’autres. La recherche de la véracité historique est très poussée, comme dans les autres films de Robert Eggers. Il met clairement sa patte sur un film, mais ici ça a trop un côté blockbuster. Dommage aussi que le sujet de la puissance des femmes évoqué au début ne soit pas plus exploité (même si Nicole Kidman est sublime à ce niveau). Alexander Skarsgård ressemble à Hulk et n’a qu’une expression de visage, et c’est bien dommage. J’ai aimé mais je n’ai pas été conquise parce qu’il manque ce petit plus qui rend un film magique/inoubliable/exceptionnel.

Memory, Martin Campbell (2022) – 1/5: mon avis est certainement influencé par le fait que c’est un remake de De zaak Alzheimer, film belge que j’avais vu juste avant de voir celui-ci. L’histoire suit le même parcours, au plan près par moments, mais s’est diluée dans des thèmes américains où tout est plus grand, plus violent et plus clinquant. Les touches d’humour (parfois un peu potache, je l’avoue) ont disparu et tout le contexte socio-politique me semble moins poussé. J’ai eu l’impression qu’on a voulu faire entrer une histoire belge au chausse-pied dans le contexte américain. Quant à la résolution de l’histoire, elle manque tellement de poésie…, et rajoute une couche pas nécessaire.

At the movies – 16 (1930s)

King Kong contre le T-Rex (et Fay Wray)

The Private Life of Henry VIII (Alexander Korda, UK, 1933) – 1/5: dieu que c’était ennuyeux ! Un film qui raconte l’histoire de cinq des six femmes du roi anglais Henry VIII, avec évidemment de nombreux écarts par rapport à la réalité historique. Je n’ai vraiment rien de positif à dire… J’imagine que si ce film s’est retrouvé dans liste des meilleurs de 1933 c’est à cause de son succès commercial à l’époque et sa nomination pour les Oscars.

Lady for a Day (Frank Capra, 1933) – 3/5: Annie vend des pommes dans la rue à New York mais fait croire à sa fille qu’elle appartient à la haute société. Lorsque cette dernière arrive d’Espagne pour présenter son fiancé, Annie devient une « lady » pour un jour grâce à l’aide du gangster Dave « The Dude » Conway (Warren William) qui est convaincu que ses pommes lui portent chance. Une histoire bien ficelée, avec plein de rebondissements qui plonge à la fois dans le milieu des gangsters et dans la vie des pauvres. Pour une fois, l’héroïne est une femme plus âgée (May Robson, âgée alors de 75 ans !). Un film qui a mis Frank Capra sur le devant de la scène avec une nomination aux Oscars, et son second pour 1933 (The Bitter Tea of General Yen est aussi sur ma liste). J’ai aimé le dynamisme du film même si l’histoire est complètement improbable. A noter: les immenses paquebots à quai, les voitures sirènes hurlantes dans les rues de New York.

King Kong (Merian C. Cooper & Ernest B. Shoedsack, 1933) – 4/5: même après quasi 90 ans, ce film reste très bon. L’animation peut sembler primitive à nos yeux, mais l’histoire est bien ficelée et il y a plusieurs moments où la tension est à couper au couteau. Avec Fay Wray en victime parfaite, blonde évidemment (on n’évite quand même pas les clichés de l’époque). Au niveau des habitants de l’île qui est censée être proche de Sumatra, ils ressemblent plus à des Papous que des Indonésiens, mais bon… C’est le premier film qui possède un soundtrack aussi complet, composé par Max Steiner, mais par moments, c’est un peu trop envahissant. A noter: les scènes cultes de l’Empire State Building, les décors de l’île qui ont été réutilisés et brûlés pour illustrer l’incendie d’Atlanta dans Gone with the Wind.

Design for Living (Ernst Lubitsch, 1933) – 4/5: un pétillant ménage à trois: Gilda (Miriam Hopkins) rencontre Tom (Fredric March) et George (Gary Cooper) et tombe amoureuse des deux hommes. Ils décident de vivre ensemble mais tout ne se passe pas comme prévu. C’est un peu statique vu que c’est adapté d’une pièce de théâtre mais j’ai adoré le personnage joué par Hopkins, qui est fraîche et pétillante. Par contre, aucun des deux acteurs masculins n’est très intéressant: ils ont l’air un peu empotés durant tout le film (je préfère clairement Gary Cooper plus tard, dans des westerns). Un film qui aurait été interdit quelques mois plus tard avec le code Hays, vu qu’il n’y a aucune « moralité » !

Das Testament der Dr. Mabuse (Fritz Lang, Allemagne, 1933) – 3/5: un film très connu de Fritz Lang mais qui a eu du mal à me passionner. J’ai trouvé le temps long, sauf la dernière demi-heure. Le Dr. Mabuse est interné et écrit sans relâche des notes qui parlent de vols et d’attentats. Ceux-ci se passent réellement. Le commissaire Lohmann mène l’enquête (ceci est très résumé, évidemment). Quelques images sont superbes, notamment la course poursuite à la fin du film. Par contre, les deux femmes représentées sont des caricatures de femmes, et c’est détestable à regarder. Quant aux hommes, ils fument sans cesse… Pour un avis plus réfléchi, il faudra aller lire les pages wikipedia.

Zéro de conduite (Jean Vigo, France, 1933) – 3/5: un court film (40 minutes) qui a été interdit à l’époque en France parce que considéré comme trop subversif (il était visible en Belgique). C’est donc l’histoire de gamins au pensionnat qui foutent le souk, pour le dire un peu platement. Si le film n’est pas hyper-intéressant en soi, il a influencé François Truffaut pour Les 400 coups. Le son est extrêmement mauvais et j’ai eu du mal à comprendre ce qui se disait.

The Invisible Man (James Whale, 1993) – 2/5: un film censé faire peur avec un homme invisible. Je n’ai pas été intéressée par l’histoire, et pour le reste, je n’ai pas grand-chose à dire. Gros succès à l’époque et un film qui a son importance dans l’histoire du cinéma.

At the movies – 13 (1930s)

The Mummy

The Mummy, Karl Freund (1932) – 3/5: un court film (certaines scènes ont été perdues) qui est censé faire peur avec une momie qui est ressuscitée et qui a des pouvoirs sur les gens, la momie étant l’acteur type de l’époque, Boris Karloff. Un film plaisant sans plus, avec un léger côté orientalisant.

Tarzan the Ape Man, W.S. Van Dyke (1932) – 1/5: selon les critères d’aujourd’hui, ce film est consternant: les Africains sont traités comme des êtres inférieurs et battus comme des esclaves, des hippopotames et plein d’autres animaux sauvages sont massacrés sans remords, il y a la même armée de nains peints en noir que dans The Sign of the Cross et c’est tout aussi dérangeant. On a beaucoup parlé de Johnny Weissmuller mais je ne le trouve absolument pas séduisant. Je préfère de loin Maureen O’Sullivan dans le rôle de Jane. Un film à oublier, sauf pour le célèbre yodel de Tarzan.

Trouble in Paradise, Ernst Lubitsch (1932) – 4/5: quand un homme et une femme, tous deux voleurs et arnaqueurs, se rencontrent, cela fait des étincelles. Un film pétillant d’Ernst Lubitsch avec Miriam Hopkins, Kay Francis (toutes les deux superbement habillées par Travis Banton) et Herbert Marshall. Les décors art déco sont superbes, tout particulièrement la maison de Madame Colet.

La nuit du carrefour, Jean Renoir (1932) – 1/5: basé sur une histoire du Commissaire Maigret, ce film est assez confus, je trouve (peut-être aussi parce que j’ai eu du mal à ne pas m’endormir). De plus, il ne passerait plus selon les critères modernes avec ses propos racistes (qui m’ont quand même fait rire, en partie): « Les voleurs, ce sont ces étrangers… ces Danois ! ». Un peu plus loin, ça parle du « Juif » sur un ton bien négatif. Les images sont souvent floues et le son pas toujours très bon. A noter: une tortue et une pompe à essence comme décor principal.

Vampyr, Carl Theodor Dreyer (France-Allemagne, 1932) – 3/5: tourné en 1930-31 en France non pas en studio mais dans un château et dans la nature qui l’entoure, ce film est encore très muet. Les dialogues sont vraiment réduits au strict minimum. Il fait partie des films qui ont créé le mythe du vampire au cinéma, mais est assez différent de ceux de Murnau et Browning, plus rêveur, plus mystérieux, plus radical. La qualité des images n’est pas des meilleures et on sent que la technologie n’est pas encore au point, surtout quand on a vu d’autres films de 1932. Même si le film est court, c’était un peu pénible à regarder mais je mets une note moyenne pour son importance dans l’histoire du cinéma.

Blonde Venus, Josef von Sternberg (1932) – 4/5: encore une collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, pas la meilleure selon les critiques mais je n’ai pas vu l’heure trente passer, ce qui est toujours bon signe. C’est clairement bien trop mélodramatique, avec cette histoire de mère qui fait tout pour garder son enfant. Mais l’éclairage est superbe, la scène chantée où Marlene sort d’un costume de gorille sur les sons endiablés d’une musique jazz exotique marque les esprits, et il y a des trains et des paquebots.

Freaks, Tod Browning (1932) – 3/5: le film culte à propos d’un cirque ambulant hébergeant un certains nombres de « freaks » aux malformations diverses et variées. Je l’avais déjà vu dans la passé, et quand je l’ai regardé à nouveau, j’ai d’abord ressenti un sentiment de malaise. Est-ce que ce n’est pas de l’exploitation ? Par la suite, je me suis laissée prendre par l’histoire de vengeance qui est parmi une des plus horrifiques du cinéma de l’époque (et d’aujourd’hui).

J’ai laissé tomber deux films de ma liste, Horse Feathers avec les Marx Brothers (je sais que ça ne passe pas) et Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir. J’ai commencé ce dernier film mais j’ai abandonné après une demi-heure à cause du ton tellement franchouillard et du sexisme ambiant. Et il est clair que je n’aima pas Michel Simon.