At the movies – 72 (1940s)

Phantom Lady de Robert Siodmak

Shadow of a Doubt, Alfred Hitchcock (1943) – 3/5: Charlotte « Charlie » (Teresa Wright) est une jeune fille qui s’ennuie; son humeur change complètement à l’annonce de l’arrivée de son oncle Charlie (elle porte son nom) (Joseph Cotten). Mais très vite, elle se rend compte qu’il n’est peut-être pas celui qu’on croit. Serait-il le meurtrier en série poursuivi par la police ? La mise en place est un peu longue, et la fin un peu vite expédiée – je n’ai pas trop accroché à ce film pourtant plein de suspense.

Ceci termine mon visionnage pour 1943. Ma liste, déjà relativement courte, s’est vue amputée de cinq films supplémentaires, un parce qu’il était impossible à trouver, quatre parce que je n’ai pas eu le courage de m’imposer ça, pour diverses raisons. Il y a cependant quelques très bons films dans le lot: The Ox-Bow Incident de William A. Wellman, Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot, I Walked with a Zombie de Jacques Tourneur, Jour de colère de Carl Theodor Dreyer, Five Graves to Cairo de Billy Wilder et Ossessione de Luchino Visconti. Ou trois films non-américains (et je ne compte pas Jacques Tourneur), avec le début du néoréalisme italien. Pour 1944, ma liste est de nouveau plus longue mais j’en ai déjà enlevé un, un biopic académique avec une mauvaise note sur letterboxd.

Hail the Conquering Hero, Preston Sturges (1944) – 2/5: Woodrow (Eddie Bracken) est réformé des marines pour cause de rhume des foins mais il n’ose pas l’annoncer à sa mère, dont le mari (et donc son père) était un héros de guerre. Dans un bar, il paie à boire à six militaires revenant de Guadalcanal. Ceux-ci décident de changer le cours de choses et préviennent la mère que son fils rentre avec les honneurs de la guerre du Pacifique. Toute la petite ville le porte aux nues, tandis que Woodrow ne sait plus où se mettre. Une comédie où les dialogues fusent dans tous les sens. Une comédie de plus dont j’ai complètement décroché, sans réussir à l’apprécier malgré les thèmes abordés.

Going My Way, Leo McCarey (1944) – 2/5: Chuck O’Malley (Bing Crosby) est nommé prêtre dans une petite paroisse pleine de dettes de New York. Il a du mal à se faire accepter par le vieux père qui y vit. Et il trouve une solution pour détourner l’attention des jeunes délinquants du quartier: il crée un choeur. Ce film est ennuyeux à mourir et complètement dépassé aujourd’hui (il aurait inspiré Sister Act). Il y a quelques chansons mais elles sont vite oubliées. Pourquoi est-ce que je me suis imposé ça jusqu’au bout ?

A Canterbury Tale, Emeric Pressburger & Michael Powell (1944) – 2,5/5: deux militaires et une jeune femme arrivent de nuit dans un village près de Canterbury. Le film les suit dans des aventures assez bizarres, rappelant en partie le livre du Moyen Age. Je n’ai pas tout compris, il y a de jolis passages, mais j’ai décroché complètement pour d’autres parties. Un film qui est apprécié par les spectateurs sur letterboxd (avec une note moyenne de 3,8/5) mais pas par moi.

Lifeboat, Alfred Hitchcock (1944) – 4/5: un navire de passagers a été torpillé par un sous-marin allemand. Les survivants se rassemblent dans un canot de sauvetage et doivent décider ensemble de la marche à suivre. Vont-ils accepter d’être menés par le seul survivant allemand qui a l’air de mieux s’y connaître que les autres en navigation ? Et puis il faut sauver le blessé, gérer les stocks de nourriture et d’eau… et les personnalités de chacun. Un huis-clos en plein air (qui donne parfois le mal de mer) filmé avec brio par Hitchcock, sur base d’un livre scénario de John Steinbeck. Avec Tallulah Bankhead qui crève l’écran et John Hodiak torse nu et avec tatouages.

Arsenic and Old Lace, Frank Capra (1944) – 3,5/5: Mortimer Brewster (Cary Grant), critique de théâtre et auteur d’un livre sur l’inutilité du mariage, tombe amoureux et se marie. Il veut prévenir ses deux tantes et découvre un cadavre dans le coffre du salon. Ce n’est pas leur premier meurtre. Il se trouve alors embarqué dans une situation où les quiproquos s’accumulent, avec une série d’autres personnages (son oncle qui se prend pour Theodore Roosevelt, son frère qui est aussi un meurtrier…). J’ai toujours du mal avec ces films à l’unique décor (ou presque) et au débit incessant mais je dois bien avouer que j’ai apprécié les deux tantes et Cary Grant qui passe de mimique en mimique à grande vitesse.

Phantom Lady, Robert Siodmak (1944) – 4/5: John « Jack » Marlow (Franchot Tone) rencontre une femme dans un bar. Son épouse lui a posé un lapin et il propose à cette inconnue d’aller au théâtre avec lui. Elle accepte à condition de ne pas devoir donner son nom. Quand Jack rentre chez lui, la police l’attend: sa femme a été assassinée et il est arrêté. La femme a disparu et aucun possible alibi ne tient la route. Sa secrétaire Carol « Kansas » (Ella Raines), secrètement amoureuse de lui, est persuadée de son innocence et mène l’enquête pendant qu’il attend la peine de mort. Un beau film noir, avec beaucoup de suspense, une psychologie assez travaillée et une belle dose de musique, du music-hall aux sonorités latines (c’est le premier film où j’entends ce genre de musique – même s’il y a sans doute d’autres avant) à une superbe scène de jazz, filmée sous un angle très rapproché et très teintée sexuellement (à l’insu du Code Hays). J’ai aussi beaucoup aimé les coiffures, costumes et chaussures.

At the movies – 67 (1950’s, 1990s, 2000s, 2010s)

Full Alert de Ringo Lam

Country Roads: The Heartbeat of America, Marieke Schroeder (Allemagne, 2014) – 3/5: un documentaire allemand racontant quelques points forts de l’histoire de la country mais qui est surtout une réflexion sur la situation actuelle des états du sud des USA, surtout au Tennessee et en Alabama. Ce sont des zones sinistrées, pauvres, ravagées par la crise des opioïdes. La réalisatrice suit Justin Townes Earle qui se raconte et raconte une histoire plus large, le tout entrecoupé de ses chansons et de quelques autres interprètes actuels. Pas mal mais pas tout à fait abouti. Et c’est d’autant plus triste qu’entretemps Earle est décédé d’une overdose au fentanyl. #52FilmsByWomen (vu pour le boulot)

Full Alert, Ringo Lam (Hong Kong, 1997) – 3/5: l’inspecteur de police Pao (Lau Ching-wan) arrête Mak Kwan (Francis Ng), criminel averti et spécialiste en explosifs mais celui-ci arrive à s’échapper après une fantastique course poursuite à travers toute l’île de Hong Kong. L’enquête continue et Pao soupçonne que le Jockey Club sera la cible d’un hold-up. Un bon film d’action, mais quand on a vu du Johnnie To à répétition, c’est un peu difficile de revenir en arrière. Par contre, c’était un plaisir de retrouver Lau Ching-wan dont j’ai suivi la carrière à une époque, y compris dans des comédies typiquement hongkongaises comme The Bra – dont j’ai encore le VCD quelque part.

The Hitch-Hiker, Ida Lupino (1953) – 4/5: un auto-stoppeur (William Talman) est en fuite, il a tué plusieurs personnes. Il est embarqué par Roy (Edmond O’Brien) et Gilbert (Frank Lovejoy), deux hommes partis à la pêche. Il les menace également de mort, créant une immense tension dans le film qui se passe essentiellement à l’intérieur de la voiture qui parcourt les routes du Mexique. Comme un de ses yeux est paralysé, il reste tout le temps ouvert et les hommes se sentent constamment observés. C’est extrêmement noir, dans l’histoire autant que dans les contrastes du noir et blanc. On y découvre le talent de l’actrice devenue réalisatrice Ida Lupino, une des seules femmes actives dans les années 1950 dans ce rôle réservé aux hommes. J’ai cependant une réserve pour la musique qui est trop omniprésente et très dramatique. (Un film qui est sur ma liste de l’histoire du cinéma mais que j’ai dû voir avant d’arriver à 1953 pour un travail pour le boulot). #52FilmsByWomen

The Way We Are, Ann Hui (Hong Kong, 2008) – 4/5: Kwai vit avec son fils adolescent On dans une cité des Nouveaux Territoires de Hong Kong, de celles avec pleins d’immeubles identiques. Ils ne se parlent quasi pas, elle travaille au supermarché où elle coupe des durians, il ne fait pas grand-chose de ses journées. Et puis leurs vies et leurs relations évoluent au fil du film. Kwai rencontre Grand-mère Leung et l’aide pour les choses du quotidien. Les deux femmes se sentent moins seules. Ann Hui filme la vie de tous les jours, sans trop d’histoire mais avec beaucoup de tendresse et de bienveillance. Elle met en scène des personnes plus âgées, des madames tout-le-monde qu’on ne remarque pas, pas toujours très bien habillées, portant des chaussettes dans des sandales. Et un adolescent qui n’est pas en crise, un ado gentil prêt à aider mais un peu mou. Il y a des conflits latents mais ils n’éclatent pas, ils rendent juste triste. Un beau film d’une réalisatrice de la nouvelle vague de Hong Kong. #52FilmsByWomen

Speed, Jan De Bont (1994) – 3,5/5: un bon gros film d’action avec plein de suspense et Keanu Reeves. Parfois on a juste besoin de ça. Je l’avais vu à sa sortie mais plus depuis. J’ai retrouvé les mêmes défauts: une introduction un peu longue et une conclusion superflue – le film aurait pu tenir avec juste la course-poursuite dans le bus qui est tout simplement fantastique (c’est ce qui était prévu dans le scénario initial, qui a beaucoup été modifié, notamment par Joss Whedon qui n’est pas crédité). Avec Dennis Hopper qui joue évidemment le méchant, et Sandra Bullock tout à fait charmante en conductrice par intérim alors qu’on lui a retiré son permis pour excès de vitesse. #theKeanuReevesFilmography

Johnny Mnemonic, Robert Longo (1995) – 3/5: on est en 2021, dans un monde qui a beaucoup changé et qui a l’air post-apocalyptique. Johnny (Keanu Reeves) est coursier, il transporte des données sensibles dans son cerveau à la demande. Il accepter une dernière mission qui évidemment ne se passe pas comme prévu et il a les yakuzas à ses trousses dans un Newark dévasté. L’histoire est adaptée d’une nouvelle de William Gibson, Robert Longo est aussi connu pour ses peintures et sculptures, mais les studios sont passés par là et ont demandé des changements, comme d’ajouter un rôle pour Dolph Lundgren qui est ridicule. Pour le reste, ce film a tout du film culte, avec une palette d’acteurs qui m’a impressionnée: Ice-T, Udo Kier, Takeshi Kitano et Henry Rollins. Je me suis bien amusée, même si le film n’est pas très bon. #theKeanuReevesFilmography

A Walk in the Clouds, Alfonso Arau (1995) – 1/5: Paul (Keanu Reeves) rentre de la guerre du Pacifique et se rend compte que son épouse ne s’intéresse plus à lui. Il part sur les routes pour réfléchir et rencontre Victoria, enceinte mais sans mari, qui craint la colère de son père mexicain très traditionaliste, et propriétaire d’un vignoble dans la vallée de Napa. Il lui propose de passer pour son mari. L’histoire en tant que telle est déjà une romance mais quand le réalisateur en rajoute des tonnes avec chaque scène tournée au coucher du soleil (ou presque), des tons dorés en permanence, une musique romantique à souhait (de Maurice Jarre) et une fin qui dépasse toutes les limites du pathos, ça devient vraiment un mauvais film. Est-ce qu’il y a quelque chose à sauver ? Pas sûre, même Keanu Reeves ne fait pas vraiment impression, à part par l’extrême bienveillance de son rôle. #theKeanuReevesFilmography

At the movies – 63 (1990s, 2000s)

Exiled de Johnnie To, dans les rues de Macao

Un épisode presqu’exclusivement consacré à Johnnie To, et au cinéma de Hong Kong. J’avais vraiment envie de (re)voir ces films et je lis en parallèle un livre consacré au cinéma néo-noir de la cité-état. J’ai donc regardé certains des films développés dans les articles.

Exiled, Johnnie To (Hong Kong, 2006) – 5/5: deux hommes ont pour mission de tuer un ex-gangster (Nick Cheung) qui a fui à Macao pour vivre avec son épouse et son bébé. Une fois sur place, ils sont confrontés à deux autres hommes avec le même but. Les cinq sont en fait des anciens amis et vont s’associer contre le boss local. Je voulais revoir les films de Johnnie To et je voulais commencer par ceux qui se passent à Macao, une ville qui offre une ambiance toute particulière (j’ai en effet reconnu certains endroits, mais pas le Largo de Lilau de la première scène, or cette rue et place m’ont marquée). Je n’ai pas été déçue: avec ce film, To est au sommet de son art, mêlant fusillades percutantes (à la Sam Peckinpah parfois) et un certain romantisme dégoulinant dans la musique mais aussi dans l’amitié entre les hommes de main (Anthony Wong, Lam Suet, Francis Ng et Roy Cheung). Il y a de l’humour aussi, beaucoup, et souvent à des moments inattendus. J’ai vu beaucoup de Johnnie To à une époque lors du Hong Kong Film Panorama organisé à Cinematek mais j’ai un doute pour celui-ci. M’aurait-il échappé ?

Vengeance, Johnnie To (Hong Kong, 2009) – 4/5: le second film de Johnnie To se passant à Macao. Un homme est assassiné, ainsi que ses deux enfants alors que son épouse (Sylvie Testud) survit miraculeusement. Le père de la femme (Johnny Halliday) arrive à Macao pour la venger. Un peu perdu au départ, il rencontre des tueurs (Anthony Wong, Lam Suet et Lam Ka-tung) qui vont accepter l’affaire. C’est toujours aussi beau, aussi lyrique, et puis il y a ces scènes de violence extrême lors des fusillades, et des touches d’humour. Comme dans beaucoup de films de HK, il y a des scènes de repas. J’aime beaucoup Anthony Wong, par contre Johnny Halliday ne joue pas très bien – heureusement ses dialogues sont limités. Mais To filme très bien son visage vieilli en gros plan.

The Mission, Johnnie To (Hong Kong, 1999) – 4/5: cinq hommes (Anthony Wong, Francis Ng, Jackie Lui, Roy Cheung et Lam Suet) sont engagés pour protéger le chef des triades. Ils apprennent à se connaître dans les moments creux et sont mêlés à quelques fusillades. Ce n’est pas le premier film de Johnnie To mais un des premiers où on sent sa patte de maître du film policier/ de triades, avec un mélange de fusillades très chorégraphiées et d’humour. Le leitmotiv musical reste particulièrement en tête.

Running out of Time, Johnnie To (Hong Kong, 1999) – 3/5: un quatrième film de Johnnie To d’affilée, et sans doute celui que j’aime le moins jusqu’ici, mais quelque part ça se comprend. Il n’y a pas encore le rythme et le lyrisme des productions postérieures mais les éléments comiques sont bien présents (avec évidemment Lam Suet, mais aussi le commissaire croisé dans Exiled, Hui Shiu-hung). C’est ici un duel entre le policier joué par Lau Ching-wan (mon acteur fétiche à une époque, dont je voulais voir tous les films) et le malfrat en fin de vie interprété par Andy Lau.

Made in Hong Kong, Fruit Chan (Hong Kong, 1997) – 5/5: Moon est un jeune homme qui n’a pas fait d’études et qui est au service des triades pour collecter des dettes, notamment chez Ping, une jeune fille en fin de vie qui devient son amie. Il protège son ami Sylvester, simple d’esprit, et qui est harcelé par les jeunes du quartier. Ce dernier trouve les notes de suicide de la jeune Susan. Les trois comparses vont passer du temps ensemble, au hasard de leurs rencontres. C’est un film superbe, assez dur et rude, montrant le Hong Kong des grands immeubles qui ont eu des temps meilleurs. Chose rare, ce film fait aussi entendre Hong Kong et son bruit permanent. Il y a la violence des petites frappes mais aussi la tendresse des amants et la sensibilité entre amis. Il y a une magnifique scène dans un immense cimetière, mais ce n’est pas la seule. Une vraie réussite, même autant d’années après (je l’avais vu à sa sortie).

Fulltime Killer, Johnnie To (Hong Kong, 2001) – 4/5 – O (Takashi Sorimachi) est un assassin professionnel très discret, un Japonais vivant à Hong Kong et acceptant des contrats dans toute l’Asie de l’Est. Il a engagé Chin (Kelly Lin) pour nettoyer son appartement et l’observe depuis l’immeuble d’en face, où il s’est installé avec son arsenal d’armes pour ne pas se faire remarquer. Mais c’est sans compter sur Tok (un fantastique Andy Lau qui a vraiment l’air de s’amuser avec ce rôle), lui aussi assassin professionnel mais bien plus flamboyant, qui décide de confronter O. Et les deux sont poursuivis par un policier (Simon Yam). Un film très rythmé se déroulant dans plusieurs capitales asiatiques mais surtout à Hong Kong, avec évidemment pas mal de ralentis et de scènes de fusillades. Et avec de nombreuses références à des films américains comme Point Break, The Matrix et Desperado. A noter: une collection de figurines Snoopy.

Running on Karma, Johnnie To (Hong Kong, 2003) – 3/5: il y a au moins trois films dans ce film qui suit les aventures de « Big » (ou « Costaud » dans les sous-titres en français) (Andy Lau), un ancien moine de Shaolin bodybuildé. Il rencontre Lee Fung-Yee (Cecilia Cheung), une policière qui se trouve au milieu d’une enquête difficile impliquant un contorsionniste. Il se rend compte qu’elle a un énorme problème de karma. Le film passe donc du thriller policier à une réflexion sur la vie et le passé. Du grand nimportenawak à la hongkongaise.

At the movies – 62 (2020s)

Anita de Leung Lok-man

J’ai vu les deux premiers films en octobre mais j’ai repris le fil fin décembre et beaucoup de films récents sont sur ma pile à films pour les prochaines semaines. Et la présence de trois films de Hong Kong n’est pas un hasard, j’ai vraiment eu envie de (re)voir cette ville en images.

Gagarine, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh (France, 2021) – 4/5 – Youri vit dans la cité Gagarine, à Paris, mais celle-ci va être détruite. Il reste pourtant alors que les immeubles ont été évacués et s’installe comme s’il était dans la fusée de Gagarine. Un très beau film, très mélancolique, mettant en avant l’architecture (des années 1960) d’un bâtiment social. Le format cinémascope contraste complètement avec la verticalité des immeubles. C’est un film à comparer avec Les Olympiades.

Hand Rolled Cigarette, Chan Kin-long (Hong Kong, 2020) – 3/5: à Hong Kong, deux hommes qui ne se connaissent pas ont offensé un boss de la pègre locale. Mani (Bipin Karma), un jeu homme d’origine indienne, se réfugie dans les Chungking Mansions et est hébergé par Kwan (Gordon Lam), ancien militaire plein de dettes. L’histoire est bien plus compliquée que ça, je m’y suis parfois un peu perdue, les sous-titres allant un peu vite. C’est un polar néo-noir, tourné essentiellement la nuit ou en intérieurs, avec une surabondance de néons, à tel point que même pour moi, il y avait un peu trop de rouges et de verts. Mais cela reste malgré tout un bon film hongkongais récent, rappelant l’âge d’or.

The Fabelmans, Steven Spielberg (2022) – 3/5: le jeune Sam tombe amoureux du cinéma et commence à filmer lui-même, mais la vie familiale devient compliquée quand sa caméra tombe sur un secret. Un film à l’américaine, avec un enfant qui grandit et devient adulte dans les années 1960. Il y a du rythme, des passages émouvants, des moments drôles, mais je n’ai pas accroché plus que ça.

Killers of the Flower Moon, Martin Scorcese (2023) – 4/5: à vrai dire, je me sens un peu forcée de monter ma note à 4, à cause de l’importance de l’histoire racontée (ou comment dans les années 1920-30, de nombreux Osages ont été assassinés par des blancs pour obtenir leurs richesses dues au pétrole), mais mon appréciation est plus contrastée. J’ai beaucoup aimé la manière de filmer les paysages mais aussi les intérieurs, et le jeu de Lily Gladstone, lumineuse même quand elle est au bout de sa vie. Mais c’est trop: trop long, trop grandiloquent par moments, Leonardo DiCaprio fait trop la moue (tout le temps en fait – je n’arrivais plus à le regarder à la fin), et une fois de plus, il y a cette noirceur extrême du côté des hommes qui prennent beaucoup de place dans le film. J’ai beaucoup aimé le livre de David Grann, je connaissais donc l’histoire (et je n’ai donc pas été surprise pendant le film) qui met d’ailleurs bien plus l’accent sur la création du FBI (n’empêche, j’aime beaucoup Jesse Plemons – toujours parfait dans ces rôles un peu en retrait). Une appréciation mi-figue mi-raisin donc.

Anita, Leung Lok-man (Hong Kong, 2021) – 3/5: un biopic qui raconte la vie de la star de la cantopop Anita Mui (jouée par Louise Wong). C’est plein de romantisme et de saccharine, mais j’ai beaucoup aimé. Et j’ai appris à mieux connaître cette star décédée d’un cancer à 40 ans, qui a sorti un grand nombre de hits que j’ai écoutés avec plaisir.

The Sparring Partner, Ho Cheuk-tin (Hong Kong, 2022) – abandonné: avec l’aide d’un ami un peu stupide, un jeune homme tue et démembre ses parents. Il enflamme ensuite les réseaux sociaux, demandant de l’aide quant à leur disparition avant d’avouer le double meurtre. Toute cette partie est intéressante mais après commence le procès qui prend la première place dans le film, avec de longues scènes pendant lesquelles le jury débat de la question. Je n’aime pas le films de procès, et j’ai perdu tout intérêt dans celui-ci, surtout que ça devient un peu lourdingue, sensationnaliste et caricatural. Un spoiler parle en plus d’araignées, que j’ai vues d’un oeil lors de mon avance rapide. Je suis arachnophobe… Dommage, j’étais vraiment intéressée par une production hongkongaise d’aujourd’hui (qui a eu beaucoup de succès sur place) (même si j’en ai vu d’autres citées plus haut).

Past Lives, Celine Song (2023) – 3/5: Nora (Greta Lee) et Hae Sung (Teo Yoo) sont des amis d’enfance, mais l’immigration de Nora au Canada les a séparés. Ils se retrouvent grâce à internet et commencent une relation à distance, qui sera interrompue à cause de la distance justement, et Nora épouse un Américain, Arthur (John Magaro). Et puis, ils se revoient à nouveau, à New York. C’est un très beau film, mais je n’ai pas accroché à cette sensibilité très retenue. Je l’ai trouvé très froid, même si c’était le but de montrer une histoire un peu différente. Et certaines scènes m’ont semblé un peu over-the-top: lorsque Nora et Hae Sung sont près du pont de Brooklyn, tous les figurants sont des couples qui s’embrassent. Un rendez-vous manqué, donc, pour ma part. #52FilmsByWomen

At the movies – 61 (1940s)

Bette Davies dans The Little Foxes

Here Comes Mr. Jordan, Alexander Hall (1941) – 2/5: Joel (Robert Montgomery), un boxeur, meurt dans un accident d’avion mais sa mort n’était pas prévue et l’au-delà le renvoie sur terre où il est assisté par Mr Jordan (Claude Rains) et où il se réincarne dans le corps d’un banquier véreux. Il tombe amoureux d’une des victimes du banquier. Ce n’est pas un mauvais film, mais c’est très insignifiant quand même, un peu trop gentillet et sucré.

The Lady Eve, Preston Sturges (1941) – 3/5: sur un paquebot qui navigue entre l’Amazonie et New York, le riche et naïf Charles (Henry Fonda), héritier du roi de la bière, se laisse prendre dans les filets de Jean (Barbara Stanwyck), superbe jeune femme dont l’escroquerie est le métier (avec son père et un ami). Cette première partie est assez captivante, la seconde beaucoup moins, et je n’arrive vraiment pas à aimer Henry Fonda dont les mimiques me semblent forcées.

Sergeant York, Howard Hawks (1941): abandonné après 20 minutes. Pourquoi m’imposer un film dont je n’ai jamais entendu parler avant et qui parle d’un hillbilly ivre, qui trouve la religion, devient pacifiste et puis un héros de la Première Guerre mondiale ? Même si c’est avec Gary Cooper (qui m’a énervé dès les premières minutes avec ses mimiques un peu extrêmes) et de Howard Hawks.

Ball of Fire, Howard Hawks (1941) – 3/5: huit professeurs un peu coupés de la réalité écrivent une encyclopédie. Ils sont à la lettre « s », et l’un d’eux, Bertram (Gary Cooper), se rend compte que son article sur le « slang » ne reflète absolument pas la réalité. Il mène l’enquête dans la vraie vie et tombe sur Sugarpuss (Barbara Stanwyck) qui est elle-même mêlée à une sombre affaire. La rencontre des deux personnages totalement opposés crée le comique dans ce film, un comique très désuet (sans doute trop pour moi qui ne rit pas facilement). Il y a aussi un petit côté Blanche Neige et les sept nains.

Blood and Sand, Rouben Mamoulian (1941) – 2/5: déjà il faut accepter de regarder un film sur les corridas et les matadors, puis il faut supporter une histoire pleine de clichés. Juan (Tyrone Power) réalise son rêve et devient un grand matador, et il épouse son amie d’enfance, Carmen (Linda Darnell). Le succès lui monte à la tête et il se laisse séduire par Doña Sol (Rita Hayworth). Et évidemment ça finit mal. J’ai pas mal aimé le Technicolor flamboyant, s’inspirant de tableaux anciens, les robes de Rita Hayworth et même certains airs de flamenco (ce qui est étonnant, j’ai beaucoup de mal avec ce style de musique). Un autre bon point: j’ai regardé jusqu’au bout, même si il y a quelques moments creux et que le film est trop long (125 minutes).

The Little Foxes, William Wyler (1941) – 3/5: dans le sud profond, deux frères ont besoin de l’accord du mari malade de leur soeur (Bette Davis) pour un gros investissement dans la construction d’une filature de coton (qui exploitera les ouvriers). C’est un film sombre et cynique, difficile à regarder parfois. Bette Davies est superbe en vipère (le titre français); elle a été quelque peu vieillie pour le rôle – elle a une fille adolescente (Teresa Wright, qui en vrai n’a que dix ans de moins que Davies) qui offre un contrepoint à toute cette noirceur (à tel point qu’elle en devient irritante – et voir une adulte jouer une adolescente, ça ne passe vraiment pas chez moi). Avec une superbe photographie de Gregg Toland. Et un côté très statique vu que c’est une adaptation d’une pièce de théâtre – ce qui a baissé ma note.

High Sierra, Raoul Walsh (1941) – 4/5: Roy Earle (Humphrey Bogart) est gracié et libéré de prison. Il rejoint la Californie où il retrouve son chef qui lui ordonne de braquer les coffres d’un hôtel de luxe dans la Sierra Nevada. Sur la route, il rencontre Velma (Joan Leslie) et sa famille, qu’il aide aide plusieurs fois, jusqu’à payer une opération au pied bot de Velma – ce qui fait une side story très sucrée et pas vraiment nécessaire. Parce que le plus intéressant, c’est la relation que Roy développe avec Marie (Ida Lupino), une jeune femme perdue, proche du monde des gangsters. Ils se rapprochent lors de la préparation du vol et de la fuite qui suit. On a dans ce film tous les éléments du film noir, et c’est tourné en plein air, en dehors des studios pour une grande partie, ce qui fait une vraie bouffée d’air par rapport à d’autres productions plus anciennes ou de la même époque.

Ceci conclut ma liste de films pour 1941. Je me suis pas mal ennuyée et j’ai abandonné deux films après une vingtaine de minutes (je me suis même demandée si je ne devais pas raccourcir ma liste). Le patriotisme envahit les films, il y a toujours autant de comédies ou drames un peu sucrés, pas mal de religion, et beaucoup de Cary Grant, mais on sent malgré tout le début d’un nouveau souffle avec quelques films plus sombres. Mes films préférés sont Hold Back the Dawn de Mitchell Leisen et High Sierra de Raoul Walsh. J’ai hâte de voir les films noirs qui arrivent en force les années suivantes, mais il y a aussi Bambi à revoir après autant d’années.

At the movies – 60 (1940s)

Charles Boyer et Olivia de Havilland dans Hold Back the Dawn

Meet John Doe, Frank Capra (1941) – 3/5: Ann Mitchell (Barbara Stanwyck), journaliste, publie une fausse lettre dans son journal pour garder son boulot, mettant en scène un certain John Doe. La lettre a du succès et il faut trouver quelqu’un pour l’incarner. Ce sera John Willoughby (Cary Grant). Il devient une personnalité mais se heurte aux politiciens capitalistes. Un film très populiste, ou tout est blanc ou noir, et où on voit comment la masse se laisse manipuler sans sourciller. Est-ce que j’ai aimé ? moyen. J’ai trouvé ça un peu pénible par moments. Mais ça finit bien (ce n’est pas un spoiler, quasi tous les films américains de l’époque finissent bien).

Hold Back the Dawn, Mitchell Leisen (1941) – 4/5: Georges Iscovescu (Charles Boyer) est un gigolo roumain qui a fui l’Europe et se retrouve au Mexique, dans une petite ville à la frontière américaine. Mais il doit attendre son visa, ce qui peut durer longtemps. Il revoit une ancienne comparse, Anita (Paulette Goddard), qui lui explique que s’il épouse une Américaine, il pourra passer aux USA. Son regard tombe sur Emmy (Olivia de Havilland), une institutrice un peu naïve. Il la manipule jusqu’au mariage, en bon gigolo. J’ai beaucoup aimé le côté sombre de cette histoire, et puis aussi son côté lumineux (la scène en bord de mer est magnifique – je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à certaines photos de Marilyn Monroe), ainsi que le fait qu’une bonne partie semble avoir été tournée en extérieurs. Charles Boyer est un séducteur fini et le sourire d’Olivia de Havilland fait fondre des glaciers entiers. Apparemment, la relation entre le réalisateur Leisen et un des scénaristes, Billy Wilder, a été houleuse. A noter: la première scène qui se passe sur le tournage d’un autre (vrai) film, avec Leisen comme réalisateur.

The Devil and Daniel Webster, William Dieterle (1941) – 2/5: l’histoire de Faust revisitée dans une pauvre famille de paysans américains. Si le film possède des qualités visuelles certaines, je n’ai vraiment pas accroché à l’histoire, et il me faut quand même un minimum d’intérêt pour voir un film en entier (j’ai regardé la seconde moitié en accéléré). A noter: la musique de Bernard Herrmann.

Suspicion, Alfred Hitchcock (1941) – 3/5: Johnnie (Cary Grant) séduit Lina (Joan Fontaine), et l’épouse très rapidement. Elle se rend compte alors qu’il ment tout le temps et qu’il est désargenté. Elle le soupçonne de plus en plus de meurtre. L’histoire finit dans le doute, contrairement au scénario initial, mais les studios ne voulaient pas que Cary Grant soit dépeint comme un meurtrier. C’est dommage. On sent cependant la tension monter au fil du film, même si c’est un Hitchcock très moyen. A noter: la musique de Franz Waxman.

Sullivan’s Travels, Preston Sturges (1941) – 3/5: John L. Sullivan (Joel McCrea) est un réalisateur connu à Hollywood, mais il est persuadé qu’il ne réussira jamais à filmer la pauvreté à moins de s’y plonger lui-même. Il décide alors de partir comme « hobo » sur les routes et dans les trains. Il rencontre une jeune femme (qui ne sera jamais nommée) (Veronica Lake) et une amitié se développe entre les deux. C’est une comédie, mais elle m’a semblée bizarre: il y a des scènes très dures vers la fin et mon impression est partagée. Mais j’ai été séduite par Veronica Lake, Joel McCrea me laisse par contre complètement indifférente.

Man Hunt, Fritz Lang (1941) – 3/5: Thorndike (Walter Pidgeon) est un chasseur britannique réputé. Il est en Bavière et se fait arrêter alors qu’il a Hitler dans le viseur de son fusil de chasse. Il réussit à s’enfuir et retourne à Londres où il rencontre Jerry (Joan Bennett) qui l’aide à se cacher – il est en effet toujours poursuivi par les nazis. Un film de propagande anti-nazie, où les Allemands sont plus British que nazis. Il y a cependant quelques belles scènes comme dans le métro, mais Londres est filmée de manière très cliché (le brouillard, la pluie). On sent la patte expressionniste de Fritz Lang, mais ce n’est pas son meilleur film, et les acteurs semblent un peu ailleurs, pas trop investis.

The Maltese Falcon, John Huston (1941) – 3/5: une histoire basée sur un roman de Dashiell Hammett, avec un détective privé (Humphrey Bogart), une femme qui a quelque chose à cacher (Mary Astor) et des personnages suspicieux et bizarres (Peter Lorre, Sydney Greenstreet). J’ai eu un peu de mal à suivre le récit, ça parle vite et c’est parfois un peu confus. Sans doute est-ce la raison pour laquelle je n’ai pas accroché plus que ça à ce film noir (des débuts), mais j’ai aimé le fait que l’histoire soit sombre et que les personnages aient des choses à cacher. Et Mary Astor est trop effacée pour être une vraie femme fatale.

At the movies – 57 (1980s, 1990s, 2000s, 2010s)

Le syndicat du crime

Encore une collection très hétéroclite de films, dont quatre vus pour le boulot.

Le syndicat du crime (A Better Tomorrow), John Woo (Hong Kong, 1986) – 4/5: c’est toujours un plaisir de revoir ce film – j’ai même le coffret dvd avec les trois épisodes à la maison (et j’ai à peine une vingtaine de dvd à la maison). Ho (Ti Lung) et Mark (Chow Yun-fat) sont des truands et appartiennent à une triade, Kit (Leslie Cheung), le petit frère de Ho, est un tout jeune policier. Ce que j’aime surtout, c’est la musique très cheesy, électronique typique des années 1980 qui soutient une action aux nombreux ralentis et aux scènes insistant sur un certain romantisme, qui s’entremêlent à de la violence extrêmement chorégraphiée qui inspiré de nombreux réalisateurs américains. Et puis ça se passe à Hong Kong.

The Quick and the Dead, Sam Raimi (1995) – 3/5: un western par le réalisateur d’Evil Dead, Sam Raimi. C’est plein de références aux classiques du genre, surtout au western spaghetti, il y a des mouvements de caméra intéressants, un tout jeune Leonardo Di Caprio, un fantastique Gene Hackman. J’y ai aussi trouvé un côté un peu gothique pour les bâtiments et steampunk pour les costumes et accessoires. Par contre j’ai eu un peu de mal à accrocher au personnage de Sharon Stone qui est badass mais pas tout à fait, mais peut-être fallait-il justement montrer ses failles ? J’ai ressenti une certaine hésitation à en faire un personnage à part entière.

Il était une fois en Chine 5 : Dr Wong et les Pirates (Once Upon a Time in China V), Tsui Hark (Hong Kong, 1994) – 3/5: quand le maître d’arts martiaux Wong Fei-hung arrive dans la ville côtière de Foshan, en vue d’aller à Hong Kong, il se rend compte que la ville est dans un état désespéré, sans police et soumise à l’attaque constante des pirates. Il prend les choses en main avec ses hommes, non sans être en même temps mêlé à un triangle amoureux. Une grande partie de l’action se passe en ville, mais il y a quand même une scène d’attaque entre bateaux, une carte indiquant le repaire des pirates, et une grotte remplie de trésors. Il y a beaucoup de kung fu mais aussi des combats à l’arme à feu, avec une influence certaine du western. C’était un peu bizarre de voir ce film alors que c’est le cinquième d’une série, sans voir les précédents donc. Quoique, je les ai vus, mais il y a bien trop longtemps pour m’en souvenir.

Le marin des mers de Chine (Project A), Jackie Chan (Hong Kong, 1983) – 3/5: une comédie burlesque d’arts martiaux réalisée par Jackie Chan et avec lui dans le rôle principal. Il y a une moitié du film qui se passe dans la police à Hong Kong et il faut attendre la seconde pour voir apparaître les pirates, leurs bateaux et leur grotte. Je me suis amusée avec les combats qui ajoutent une bonne dose de Buster Keaton.

12:08 East of Bucharest, Corneliu Porumboiu (Roumanie, 2006) – 3/5: dans une petite ville roumaine à l’est de Bucarest, trois hommes se préparent à fêter Noël: Piscoci est retraité et passera les fêtes seul, Manescu, le prof d’histoire, tente de payer ses dettes et Jderescu, journaliste à la télévision locale, invite les deux précédents pour parler de la révolution qui a eu lieu 16 ans plus tôt. La période communiste suinte de partout avec les bâtiments identiques, la pauvreté qui règne, le peu de moyens de la télévisions. J’ai parfois trouvé le temps long, mais il y a un certain humour très cynique.

The Homesman, Tommy Lee Jones (2014) – 4/5: Mary Bee Cuddy (Hilary Swank), femme célibataire et aux idées bien arrêtées, se propose pour reconduire vers la civilisation trois femmes devenues folles à cause des dures conditions de la vie au Nebraska. Elle sera accompagnée par Briggs (Tommy Lee Jones), un homme sans foi ni loi, mais qui finalement prend sa tâche à cœur. Un beau film au milieu des plaines désertes du Nebraska. L’histoire a été un peu modifiée par rapport au roman, mais les grandes lignes sont restées, et le sort de Cuddy est finalement tout aussi tragique que celui des autres femmes prises de folie. Par contre la différence d’âge entre Briggs et Cuddy m’a dérangée – dans le livre elle tourne autour des 10 ans; si on prend l’âge des acteurs, il y a un peu moins de 30 ans de différence.

24 Hour Party People, Michael Winterbottom (2002) – 3/5 – l’histoire de Tony Wilson, fondateur de Factory Records et de la Hacienda, lieu culte de toutes les raves à Manchester. J’avais adoré ce film à sa sortie et en le revoyant (pour le boulot), je n’ai plus été aussi séduite. Certes, la musique de Joy Division est toujours aussi bonne, mais le style très télé-réalité m’a dérangée.

At the movies – 52 (1970s, 2000s, 2010s)

Clint Eastwood et Shirley MacLaine dans Two Mules for Sister Sara

Une collection de films que je dois regarder pour le travail, certains me plaisant plus que d’autres, et sur deux thèmes en particulier: des films scandinaves et des westerns avec des femmes. Et il y a un intrus, que j’ai regardé pour mon plaisir.

Valhalla Rising (Nicolas Winding Refn, Danemark, 2009) – 3/5: quelque part au 12e siècle, en Ecosse, un guerrier silencieux surnommé One-Eye (Mads Mikkelsen) est un esclave forcé à combattre d’autres prisonniers. Il s’enfuit un jour, accompagné d’un enfant et poursuit sa route avec des Chrétiens en route pour les Croisades. Leur bateau se perd en route. C’est un film sombre et froid, un peu comme les paysages traversés. Il n’y a que haine et violence, et les hommes se perdent dans des pensées qui les dépassent. Il y a aussi un certain mysticisme qui m’a dérangée par moments, mais en fait tout le film est extrême. Je reste très partagée sur ce que j’ai vu et je dirais qu’heureusement il y a Mads Mikkelsen qui est vraiment très bien.

McCabe & Mrs. Miller (Robert Altman, 1971) – 3/5: McCabe (Warren Beatty) investit dans la construction d’un bordel dans une petite ville minière du nord-ouest des Etats-Unis, Mrs. Miller (Julie Christie) lui propose de partager ses connaissances dans la question. L’affaire est florissante et attire les convoitises, ce qui ne peut que mal se terminer. Robert Altman a réalisé ici un western moderne, très sombre, à propos du capitalisme. J’ai détesté le personnage de McCabe et j’aurais préféré que Mrs. Miller soit mise plus en avant, surtout dans la seconde moitié du film où elle disparaît quasiment (sauf pour quelques scènes où elle a perdu son côté femme forte des débuts). Il y a cependant un côté très mélancolique dans le film, et aussi un côté très diaphane, avec ces images un peu sombres et voilées. A noter: les chansons de Leonard Cohen.

The Death of Stalin (Armando Iannucci, France/Royaume-Uni/Belgique, 2017) – 4/5: une satire racontant la mort de Staline et la lutte pour sa succession, avec une belle palette d’acteurs comme Steve Buscemi ou Michael Palin. C’est drôle et grinçant à la fois, une critique acerbe du monde politique et de ses jeux de pouvoir, et un bon divertissement.

Exit (Peter Lindmark, Suède, 2006) – 3/5: Thomas Skepphult (Mads Mikkelsen) travaille dans la finance. Il se trouve subitement mêlé à une affaire qui le dépasse et part à la poursuite des coupables, qui d’ailleurs veulent s’en prendre à sa famille. Il a heureusement quelques alliés (notamment un tout jeune Alexander Skarsgård) et arrive à se dépêtrer du filet qui se tend autour de lui. Il y a pas mal de scènes d’action mais l’histoire n’est pas toujours très claire. Pas mal mais sans plus.

The Guilty (Gustav Möller, Danemark, 2018) – 4/5: Asger Holm, policier déplacé pour un moment comme répartiteur à la centrale d’urgence 112, reçoit un appel d’une femme qu’on est en train de kidnapper. Avec son seul téléphone, sans sortir du bureau, il tente de résoudre l’affaire, tout en étant confronté à ses propres démons. Un film de huis-clos passionnant (alors qu’on ne quitte pas la pièce et qu’on ne voit rien de ce qui se passe dehors), où personne n’est ce qu’il est vraiment. Un film où l’importance de la voix et des sons est primordiale.

Meek’s Cutoff (Kelly Reichardt, 2010) – 4/5: en 1845, trois familles de pionniers chrétiens se font guider sur la route de l’Ouest par Stephen Meek, un pisteur imbu de sa personne. Ils se perdent dans le désert et l’eau commence à manquer, quand les hommes capturent un indien Païute. Il ne se passe pas grand-chose dans ce film, mais les images sont superbes, et ce sont surtout les trois femmes, aux robes de couleurs coordonnées, qui marquent les esprits. L’une d’elle devient même le personnage principal, la seule qui a peut-être un peu de jugeotte dans toute l’équipe (on ne peut clairement pas compter sur les hommes). Une phrase est parlante: l’une d’entre elle dit qu’elles sont tout comme les esclaves à devoir faire tout le travail. Un film que j’avais déjà vu mais qui me touche toujours autant. #52FilmsByWomen

Two Mules for Sister Sara (Don Siegel, 1970) – 3/5: Mexique, années 1860 – Soeur Sara (Shirley MacLaine) est sauvée par Hogan (Clint Eastwood) alors qu’elle se fait attaquer par trois malfrats. Il la prend sous son aile parce qu’elle a des informations importantes pour aider les rebelles juaristes contre l’armée française. Un western assez calme, avec Clint Eastwood dans son rôle habituel, et une Soeur Sara bien ingénieuse (dommage que j’ai été spoilée dès le départ). Plaisant mais sans plus. A noter: la musique typique d’Ennio Morricone.

At the movies – 48 (1960s, 1970s, 1980s, 2010s)

Guerre des gangs à Okinawa – Kinji Fukasaku

Suk Suk (Ray Yeung, Hong Kong, 2019) – 4/5: Pak, un chauffeur de taxi qui refuse d’aller à la retraite, rencontre Hoi qui a peu près le même âge que lui. Ils commencent une relation homosexuelle mais se cachent. Ce sont des hommes gay d’un certain âge – le sujet est toujours tabou à Hong Kong -, et il ne faudrait pas que leurs enfants et petits-enfants le sachent. Un film plein de sensibilité sur un sujet dont on parle peu, le tout dans les rues et appartements d’Hong Kong, avec évidemment plein de scènes de repas.

Pour le boulot, je dois aider des collègues sur le thème des samouraïs et yakuzas, d’où une série de films du second genre.

Guerre des gangs à Okinawa (Sympathy for the Underdog) (Kinji Fukasaku, Japon, 1971) – 4/5: Gunji (Koji Tsuruta) sort de prison, et retrouve ses anciens acolytes. A Yokohama, plus moyen de s’imposer comme yakuza, le territoire étant contrôlé par un clan rival. Gunji, toujours très stylé en costume et lunettes noires, emmène alors son gang à Naha, sur l’île d’Okinawa, alors encore sous domination américaine. Il y prend sa place, éliminant peu à peu ses concurrents et provoquant une guerre des gangs. Je n’ai quasi pas vu de films de yakuzas de cette époque et j’ai eu l’impression de trouver enfin le chaînon manquant par rapport aux films plus modernes (de Hong Kong à Takeshi Kitano). J’ai adoré le côté très stylé et la musique jazz cool, mais aussi la chanson traditionnelle d’Okinawa accompagnée au sanshin. Il y a des néons, des avions, une architecture proche du brutalisme, très peu d’images montrant le côté tropical (à part quelques chemises hawaïennes chez les yakuzas rivaux), et des tueries sanglantes. La dernière scène est sublime.

Okita le pourfendeur: yakuza moderne (Street Mobster) (Kinji Fukasaku, Japon, 1972) – 3/5: Tokyo – un yakuza (Bunta Sugawara) sort de prison et veut se refaire une place dans le milieu. Un film très sombre et violent, tout particulièrement envers les femmes: le héros a une relation d’amour-haine avec une prostituée et ces scènes sont parfois difficiles à regarder. Le tout sur fond de musique jazz, et avec des images aux couleurs très passées (ce qui est sans doute lié à l’âge du film). L’image de Tokyo qui est montrée est celle d’une ville avec des ruelles pleines de bars et celle d’une ville industrielle, grise, moche.

Outrage (Takeshi Kitano, Japon, 2010) – 3/5: un histoire compliquée de conflits entre divers clans de yakuzas à Tokyo, avec complots et ruses, et en fin de compte, beaucoup de morts. C’est violent et brutal, et très froid. Tous les éléments du monde des yakuzas s’y retrouvent (casino, drogue, prostitution, code d’honneur) mais j’ai eu du mal à suivre l’histoire. Un film d’hommes, dans lequel les femmes sont quasi invisibles.

Black Rain (Ridley Scott, 1989) – 3/5 (à vrai dire 2/5 mais avec un point bonus): deux flics newyorkais (Michael Douglas et Andy Garcia) assistent à un meurtre et arrêtent le coupable, un Japonais, qu’ils doivent ramener au pays. Tout ne se passe pas comme prévu et commence alors une collaboration difficile avec la police d’Osaka, à la recherche du fugitif qui appartient à un gang local et qui sème le trouble parmi les familles de yakuzas. L’histoire est assez mal construite, avec beaucoup de clichés, et bien trop de dialogues inutiles (d’où le 2/5). Les dernières scènes sont censées se passer au Japon, mais qui a déjà vu beaucoup de vignobles là-bas ? (ça a été tourné dans la vallée de Napa en Californie). Et c’est un film typique des années 1980, très macho (si on comptait la présence à l’écran des femmes, on arriverait à peut-être à 8% ? – et ce n’est qu’un rôle secondaire). Mais c’est Ridley Scott. Il réussit à créer de superbes atmosphères de film noir et montre Osaka dans toute la splendeur de ses néons – on sent l’influence de Blade Runner. Avec un des premiers scores de Hans Zimmer, synthétique à souhait, où j’ai reconnu une certaine influence de Ryuichi Sakamoto (Merry Christmas, Mr Lawrence) – score que j’avais acheté en cassette à l’époque et que j’ai beaucoup écouté.

Le vagabond de Tokyo (Tokyo Drifter) (Seijun Suzuki, Japon, 1966) – 3/5: quand Kurata démantèle son groupe de yakuzas, son meilleur tueur, Tetsuya (Tetsuya Watari) est recherché par la concurrence, mais il veut également quitter le milieu. Ce qui ne sera pas possible et il sera poursuivi en vue de le tuer. J’ai eu un peu de mal à suivre l’histoire, mais quel beau film au point de vue esthétique ! Seijun Suzuki emploie des couleurs vives, ou au contraire très ternes, ce qui renforce le contraste. Il y a des scènes en studio, dans un night club, et dehors. Il y a des scènes qui rappellent les films de samouraïs. Et une mélodie qui revient comme leitmotiv pendant tout le film. A noter aussi: des train, des lieux industriels, Tokyo et d’autres villes japonaises dans les années 1960, le peu de place des femmes (mais un peu plus que dans d’autres films).

Et un film vu en Géorgie par une journée pluvieuse:

Dede (Mariam Khatchavani, Géorgie, 2017) – 4/5: dans un village reculé de Svanétie, en 1992, Dina est promise à David, mais quand celui-ci revient de la guerre avec son ami Gegi, Dina tombe amoureuse de ce dernier. Suite à divers événements, elle l’épouse, mais les traditions ancestrales pèsent sur le couple, et beaucoup de sang coulera suite à ce mariage. Dede est l’histoire d’une femme qui lutte contre le conservatisme d’une société patriarcale et arriérée. C’est un beau film mais très dur, et les paysages sont magnifiquement filmés. C’est encore mieux quand on reconnaît les lieux du tournage comme Ushguli que je venais de visiter, et que le « cinéma » où je l’ai vu est tenu par la sœur de la réalisatrice. J’ai par contre raté un des acteurs qui était venu boire un verre pendant la projection. #52FilmsByWomen

At the movies – 43 (1980s, 2000s & 2010s)

Desperately Seeking Susan

Encore une séance de rattrapage de films des années 1980 à 2010, certains déjà vus depuis longtemps, et d’autres vus dans le cadre du boulot.

Girl, Lukas Dhont (Belgique, 2018) – 1/5: Lara, 16 ans, se lance à fond dans ses études de ballet classique; parallèlement elle est dans un parcours de transition, se sentant femme alors qu’elle est née homme. Je suis dure pour ce film que beaucoup de gens ont aimé; j’avais lu quelques commentaires avant de le regarder, notamment venant de la communauté trans. Je me suis sentie mal à l’aise avec la caméra qui filme Lara constamment nue, ou qui, si elle est n’est pas nue, se focalise sur son entrejambe. Cela en devient indécent. Ce film est violent et difficile à regarder, il joue sur le sentimental et les émotions, et ne se focalise que sur le drame.

Paterson, Jim Jarmusch (2016) – 4/5: à une époque je me précipitais pour chaque nouveau film de Jim Jarmusch, et puis j’ai arrêté d’aller au cinéma. Je n’avais donc pas vu ce film de 2016 avec Adam Driver. J’y ai retrouvé certaines ambiances, une musique avec de la steel guitar ou jazz, une histoire qui n’est pas vraiment une histoire, un personnage japonais qui sort d’un peu nulle part. J’ai moins aimé l’étalonnage à la mode à cette époque, avec des turquoises et oranges saturés. Un film très rêveur et dans la lignée du cinéma indépendant américain. #theAdamDriverFilmography

Desperately Seeking Susan, Susan Seidelman (1985) – 4/5: j’avais vu ce film à l’adolescence, étant une grande fan de Madonna à l’époque. Je n’en avais gardé aucun souvenir, et quelle surprise en le revoyant aujourd’hui. Le scénario est un peu compliqué: Jim donne rendez-vous à Susan (Madonna) à New York par l’intermédiaire des petites annonces; Roberta (Rosanna Arquette qui ressemble étrangement à Sarah Michelle Gellar – ou l’inverse plutôt) est femme au foyer et vit dans le New Jersey avec son mari qui vend des spa pour salles de bain. Elle s’ennuie et décide d’aller épier la rencontre de Jim et Susan. Mais elle cogne un poteau et perd la mémoire. Or Susan est poursuivie par un méchant (pour faire simple). L’histoire avance de quiproquo en quiproquo, s’inspirant des screwball comedies des années 1930. Mais ce n’est pas que ça qui fait le charme du film: la ville est superbement filmée, à une époque où elle était sale et dangereuse, habitée par des gens bizarres qui traînaient en rue, et par plein d’artistes aux looks de l’époque. Une scène se passe d’ailleurs au Danceteria, haut lieu de la musique aujourd’hui fermé. C’est féministe: Susan est une femme libre et sans attaches, Roberta se libère au cours de l’histoire; le mari de Roberta est un cliché ambulant. Avec des caméos de John Lurie au saxophone (l’instrument phare du moment – je pense à St Elmo’s Fire), Arto Lindsay comme employé aux petites annonces, ou même Giancarlo Esposito (que je n’ai repéré qu’au générique). A noter: un chat. Yeah, get into the groove… #52filmsbywomen

Chelsea on the Rocks, Abel Ferrara (2008) – 2/5: dans ce documentaire, Abel Ferrara filme les habitants du Chelsea Hotel de New York, souvent avec une caméra à l’épaule qui donne le mal de mer, souvent avec plusieurs personnes présentes lors des interviews, personnes qui interviennent dans les questions-réponses. On a l’impression qu’il n’avait pas vraiment de plan, et puis qu’il a inséré deux passages avec des acteurs représentant Sid & Nancy d’une part, et Janis Joplin de l’autre. Il y a aussi de longs passages sur les effets des attentats du 11 septembre. On sent que c’est la fin de l’hôtel, qui a été vendu à des promoteurs immobiliers, mais l’avenir dira qu’il y avait encore une dizaine d’années de sursis.

Tueurs, François Troukens & Jean-François Hensgens (Belgique, 2017) – 3/5: un thriller et polar belge, reprenant l’histoire des Tueurs du Brabant, lui inventant en quelque sorte une suite. Avec Olivier Gourmet, Lubna Azabal, Bouli Lanners et Kevin Janssens (la scène où il est déguisé en burqa est très drôle). Pas mal mais ça manque un peu de consistance, et il y a quelques éléments invraisemblables, mais Bruxelles, la nuit, est superbement filmée.

The Spy Gone North, Yoon Jong-Bin (Corée, 2018) – 3/5: un film d’espionnage inspiré par une histoire vraie. « Black Venus » est un espion sud-coréen qui infiltre la Corée du Nord pour découvrir si le pays possède ou non l’arme nucléaire. En cours de route, il rencontre le président Kim Jong-Il et se retrouve mêlé à la manipulation des élections en Corée du Sud. Le film montre comment l’espion tisse des relations, de conversation en conversation, de repas en rencontre. Il n’y a aucune action, pas un seul coup de feu est tiré mais il y a une angoisse sous-jacente: va-t-il réussir sa mission ? C’est intéressant mais un peu long. Mais j’ai aimé la tonalité des images et le Beijing des années 1990.

47 Ronin, Carl Rinsch (2013) – 1/5: j’ai parlé de « whitewashing » à propos de films des années 1930, il se passe la même chose ici: pourquoi réaliser un film sur un sujet (de légende) typiquement japonais en donnant le rôle principal à un acteur non-japonais (qu’on fait passer ici pour un sang-mêlé) ? Des tonnes d’effets spéciaux et décors réalisés par ordinateur (avec une mention spéciale pour les images hyper cliché de la fin) achèvent ce film qui se veut bien trop grandiloquent. Pourquoi je l’ai vu ? parce que je commence à travailler sur le sujet des samouraïs (et des yakuzas) et parce que le rôle principal est tenu par Keanu Reeves (le seul point positif de ce film à jeter à la poubelle). #theKeanuReevesFilmography