At the movies – 47 (2020s)

Emily

J’ai mis un certain temps à atteindre les sept films pour ce billet, les sorties du moment ne me tentant pas énormément et les arrivages en dvd à mon boulot étant assez décevants. Je suis aussi très prise par mon visionnage de films des années 1930 et des films de yakuzas.

The Banshees of Inisherin, Martin McDonagh (2022) – 2/5: je n’ai pas réussi à accrocher à cette histoire de dispute entre un homme (stupide) (Colin Farrell) qui ne comprend pas que son ancien ami (Brendan Gleeson) ne veut plus lui parler et le lui prouve par des actes extrêmes. Les seuls personnages qui pour moi sauvent l’histoire, c’est la soeur (Kerry Condon) qui a le courage de quitter cette île irlandaise et la vieille dame qui fait un peu peur. Les paysages sont beaux, certes, et les acteurs jouent bien, mais ce film n’était définitivement pas pour moi.

Plan 75, Chie Hayakawa (Japon, 2022) 2/5: dans un futur proche, ou dans un autre présent, le Japon met en place un plan pour lutter contre le vieillissement de la population. Chaque personne âgée pourra dès ses 75 ans demander l’euthanasie et sera accompagnée, mais il s’agit d’une industrie comme une autre. La réalisatrice (dont c’est le premier long-métrage) a créé un film très froid et déprimant, mettant en scène trois personnages principaux sans lien entre eux, Michi, une vieille dame sans famille, Hiromu, un jeune homme qui vend les plans et Maria, une Philippine qui s’occupe des personnes euthanasiées en vue de gagner assez d’argent pour soigner sa petite fille. Le sujet est dur, et le film complètement déprimant, d’où ma cote très peu positive. #52FilmsByWomen

Juste sous vos yeux, Hong Sang-Soo (Corée, 2021) – 2/5: une femme, ancienne actrice, revient en Corée et loge chez sa sœur, avec qui elle commence le début de la journée. Dans l’après-midi, elle rencontre un réalisateur qui veut lui faire tourner un film. L’histoire se limite à ça, ou presque. Un jour, des conversations. C’est très direct, sans artifices, avec de longs plans fixes. Je n’étais pas d’humeur, je me suis ennuyée.

Emily, Frances O’Connor (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: l’histoire d’Emily Brontë, racontée de manière assez romancée. Le film est superbe, à cause de ses images et de ses tonalités mais surtout à cause de l’actrice Emma Mackey que j’aime vraiment beaucoup. Elle joue une Emily de l’époque victorienne mais on y retrouve une sensibilité moderne; c’est une femme passionnée, libre mais aussi pleine d’anxiété, loin de l’image qu’on a d’elle, que sa sœur Charlotte a donné d’elle. Et peu importe si le film n’est pas fidèle à l’histoire (certains lui reprochent la possible invention de relation amoureuse d’Emily). #52FilmsByWomen

65 (Scott Beck & Bryan Woods, 2023) – 2/5: ou le divertissement où on met son cerveau en vacances. Mills (Adam Driver) s’écrase sur une planète inconnue avec son vaisseau spatial; il y a une survivante, une fillette qui ne parle pas la même langue que lui. Ils partent à la recherche du vaisseau de secours qui s’est écrasé plus loin mais ils découvrent une terre où vivent encore les dinosaures, qui les pourchassent. Il y a de l’action, mais quasi pas de dialogues vu que les deux survivants ne se comprennent pas. Les dinosaures sont pas mal mais qui veut encore voir un film avec ces bestioles aujourd’hui ? Un film que je n’aurais jamais regardé s’il n’y avait pas Adam Driver comme acteur principal. #theAdamDriverFilmography

Empire of Light (Sam Mendes, Royaume-Uni, 2022) – 3/5: toute l’histoire tourne autour des employés d’un cinéma en bord de mer, au début des années 1980. Hilary (Olivia Colman) est bipolaire et prend du lithium; elle est plus ou moins forcée d’avoir des relations sexuelles avec son boss (Colin Firth). Et puis arrive Stephen (Micheal Ward), un jeune homme d’origine caribéenne. On est à une époque où le racisme est omniprésent, avec de nombreux groupes de skinheads qui partent en chasse. Sur cette trame de fond, une relation naît entre Hilary et Stephen. L’histoire est un peu confuse, ne sachant pas trop quel parti choisir: parler de racisme ou de troubles mentaux, d’amour ou d’amitié. Mais j’ai adoré le cinéma, un superbe bâtiment art déco, et les ambiances de bord de mer (qui me donnent envie de recenser les films qui se passent là, avec les promenades et les digues).

John Wick: Chapter 4 (Chad Stahelski, 2023) – 4/5: c’est un peu long, et il y a une série de clichés (les cerisiers en fleur au Japon, les Parisiens portant une casquette et une baguette), mais quel beau film. J’ai adoré le travail sur les couleurs, le côté néo-noir très affirmé (quasi tout se passe de nuit), les scènes de combat très chorégraphiées (celle sur l’escalier !), avec parfois quelques touches d’humour, le lien avec le monde des samouraïs (les armes, mais aussi l’expo avec les armures), le côté jeu vidéo (la scène filmée de haut), les décors (Berlin surtout), Donnie Yen en tueur aveugle, et puis évidemment Keanu Reeves (qui n’a sans doute pas eu de soucis pour retenir son texte tant il parle peu dans ce film). #theKeanuReevesFilmography

Vous avez vu certains de ces films ? Qu’en avez-vous pensé ? Vous avez des films à conseiller ?

At the movies – 40 (2020s)

Women Talking de Sarah Polley

Three Thousand Years of Longing, George Miller (2022) – 4/5: un film sur la narration, avec des contes – Alithea (Tilda Swinton) est une narratologue britannique en voyage à Istanbul pour donner une conférence. Sans mari et sans enfants, elle se sent heureuse dans son célibat et son métier. Elle achète un petit flacon en verre et en l’ouvrant dans sa chambre d’hôtel, elle libère un djinn (Idris Elba) qui lui demande de faire trois voeux. Connaissant le système, elle ne se laisse pas avoir et demande d’abord au djinn de raconter son histoire – et là on se retrouve dans les mille et une nuits. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Alithea (je lui ressemble un peu), j’ai sans doute moins accroché aux histoires du passé, mais j’ai adoré la fin qui a fait fondre mon coeur, tout en ressentant un certain regret lié à ma situation personnelle (si vous avez vu le film, vous comprendrez sans doute).

Babylon, Damien Chazelle (2022) – 1/5: Damien Chazelle tente de recréer le Hollywood des débuts, des années 1920 et du passage aux films sonores. J’ai détesté: c’est trop long (plus de 3h) et prétentieux, c’est trop Tomorrowland – trop de musique, trop de mouvement, trop de drogue, trop de pipi-caca-vomi. J’ai détesté Margot Robbie qui semble tout droit sortie des années 1980 avec son maquillage et ses vêtements pas du tout de l’époque (le personnage est inspiré par Clara Bow – il suffit de voir ses photos pour se rendre compte que ça ne cadre pas du tout). Brad Pitt m’a toujours laissée indifférente mais au moins il ressemble à un homme de l’époque et c’était drôle de repérer Flea. Alors oui, techniquement, c’est bien fait mais il faut plus que ça aujourd’hui.

Nope, Jordan Peele (2022) – 3/5: en Californie, un mystérieux ovni trouble la vie d’OJ et Em (Daniel Kaluuya et Keke Palmer) qui exploitent un ranch et élèvent des chevaux pour figurer dans des films (ce qui permet un clin d’oeil à l’histoire du cinéma). Ou un néo-western de science-fiction. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher, je me suis même ennuyée pendant tout un temps, et je n’ai pas grand-chose à dire à propos de ce film.

Aftersun, Charlotte Wells (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: Calum (Paul Mescal), jeune père séparé, passe comme chaque année des vacances en Turquie avec sa fille Sophie (Frankie Corio), 11 ans. La réalisatrice écossaise filme la vie de tous les jours, mais il y a une certaine ambiance, une certaine nostalgie, une certaine lourdeur aussi qui est particulièrement accentuée par une musique très sombre, entrecoupée de chansons pop des nineties. Quelques passages très courts montrent une Sophie adulte qui tente de se remémorer le passer. Ce film m’a laissée perplexe au départ, il ne s’y passe pas grand-chose, mais il fait son chemin dans tête et je l’aime de plus en plus. #52FilmsByWomen

Tár, Todd Field (2022) – 4/5: Cate Blanchett est fantastique dans le rôle de Lydia Tár, chef d’orchestre célèbre et aux grandes ambitions, mais au prix de son entourage. Comme lui dit sa compagne Sharon (Nina Hoss), seule leur fille n’a pas été utilisée par elle pour une transaction. Le dernier tiers m’a laissée un peu perplexe mais reste intéressant (et j’aime assez bien l’interprétation de cet article de Slate – à ne lire qu’après avoir vu le film). Avec plein de clins d’oeil au monde de la musique classique, et un score d’Hildur Guðnadóttir, d’ailleurs citée au début du film par Tár comme étant une des seules compositrices féminines. Et un beau rôle aussi pour Noémie Merlant comme l’assistante de Lydia.

Women Talking, Sarah Polley (2022) – 4/5: adapté d’un roman de Miriam Toews (que j’avais commencé mais sans le terminer), ce film est quasi un huis-clos entre femmes d’une secte mennonite qui doivent décider si elles quittent la communauté ou si elles restent en compagnie des hommes dont plusieurs / certains droguent et abusent des femmes pendant la nuit. J’ai aimé les discussions, les arguments allant dans un sens ou l’autre, les personnalités de ces femmes intelligentes même si elles n’ont jamais appris à lire et écrire. Elles sont jouées par Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley (et aussi Frances McDormand dans un petit rôle où son physique fait peur). Une réalisation de Sarah Polley, actrice de certains films culte d’Atom Egoyan, avec une excellente musique d’Hildur Guðnadóttir. J’ai aussi aimé l’étalonnage qui met en avant des couleurs très passées, très neutres, sans aucun éclat. #52FilmsByWomen

Alice, Darling, Mary Nighy (2022) – 3/5: Alice (Anna Kendrick) est en couple avec Simon (Charlie Carrick) mais celui-ci a une grande emprise sur elle, abusant d’elle psychologiquement. Elle est invitée par ses deux amies Tess (Kaniehtiio Horn) et Sophie (Wunmi Mosaku) à un séjour d’une semaine au bord d’un lac et elle ment à Simon, de peur de ne pouvoir y aller. Au début, elle est très fermée, jusqu’au moment où elle craque et ses amies se rendent compte du problème. Le sujet m’a touchée, et j’ai pas mal angoissé en regardant le film, mais je trouve son traitement un peu inégal et le retournement de situation est assez rapide, avec quelques bons gros clichés. Je me suis aussi demandée ce qui se passerait après, car c’est à ce moment-là que c’est souvent le plus difficile. J’attendais plus de ce film après avoir lu la critique de Funambuline mais c’est en effet important qu’il existe. #52FilmsByWomen

At the movies – 34 (2020s)

Corsage – Marie Kreutzer (photo via Imagine Films)

Cinq films réalisés par des femmes ! Je crois que je ferai rarement mieux, mais je suis très contente de cette évolution. Six des sept films montrent ou dénoncent les violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques ou psychologiques (les effets de la société patriarcale) (et l’intrus est une erreur de casting de ma part).

She Said, Maria Schrader (2022) – 4/5: Maria Schrader raconte comment l’affaire Harvey Weinstein a vu le jour grâce à une enquête de deux journalistes du NY Times (jouées par Carey Mulligan et Zoe Kazan). Le film est assez classique; le spectateur sent à un moment que le temps devient long, tout comme les journalistes qui n’avancent pas, et puis les choses se débloquent. C’est une histoire qu’il faut raconter, et le film est important parce qu’il montre comment un homme puissant a tout fait pour se protéger et acheter les jeunes femmes dont il profitait, les enfermant dans le silence et la culpabilité. #52FilmsByWomen

Aristocrats, Yukiko Sode (Japon, 2021) – 4/5: Hanako est une jeune fille très réservée d’une bonne famille tokyoïte, qui à 27 ans n’a pas encore trouvé de mari. Après quelques rendez-vous arrangés, elle rencontre Koichiro qui appartient à une famille de politiciens et qui est voué à suivre cette voie (cela ressemble à une certaine aristocratie européenne mais sans les titres de noblesse). Parallèlement, on suit aussi Miki qui est une jeune provinciale issue d’une famille modeste et qui gagne sa vie comme hôtesse. C’est de cette manière qu’elle rencontre Koichiro d’ailleurs. Ce film dénonce la société patriarcale et hyper conservatrice japonaise, et met en avant des femmes. J’ai trouvé très intéressant de découvrir ce monde très codifié de la haute société – la réalisatrice a d’ailleurs appliqué tous les code de l’étiquette lors des repas par exemple. Elle filme aussi très bien Tokyo à la veille des jeux olympiques. Je conseille ! #52FilmsByWomen

La nuit du 12, Dominik Moll (France – Belgique, 2022) – 4/5: une jeune fille est brûlée vive alors qu’elle rentre chez elle, de nuit, dans un petit village des Alpes. La police judiciaire de Grenoble est chargée de l’affaire. Dominik Moll suit de près le travail des policiers (Bastien Bouillon et Bouli Lanners) et analyse comment fonctionne l’équipe. Divers suspects sont interrogés, tous pourraient être coupables. Ce qui frappe pendant la première moitié du film, c’est l’absence de femmes, ou presque; deux personnages importants arrivent en cours de route, une juge et une nouvelle policière, et elles mettent le doigts sur certaines injustices que les hommes ne remarquent même plus. A noter: les chats, les superbes scènes de nuit au vélodrome qui marquent à chaque fois une pause dans l’histoire.

Ticket to Paradise, Ol Parker (2022) – 1/5: une comédie avec George Clooney et Julia Roberts se passant à Bali ? Pourquoi pas ! Mais c’était sans le côté « bons sauvages vivant dans une île paradisiaque mais parlant quasi tous parfaitement anglais » totalement dépassé aujourd’hui. Et ce n’est même pas tourné à Bali (mais en Australie, et ça se voit). J’ai tenu 40 minutes. (Le 1, c’est pour George Clooney qui reste très séduisant).

The Housewife (Red / Shape of Red), Yukiko Mishima (Japon, 2020) – 3/5: Toko est mère de famille et femme au foyer. Quand elle revoit Kurata, son ancien amant, sa vie change complètement: elle reprend son métier d’architecte (dans son étude) et recommence la relation avec lui. Ce film met en avant des éléments intéressants sur la condition des femmes japonaises mais les hommes sont trop clichés, voire même incohérents comme le mari de Toko qui exige que son épouse revienne de suite alors qu’elle est bloquée dans une tempête de neige et qu’il n’y a plus de trains, puis qui lui exprime son amour inconditionnel un peu plus tard, oubliant l’horrible personnage qu’il a été. A noter: les paysages dans la neige, le vieux break Volvo (qui m’a fait penser à la Saab dans Drive my Car), le fait que de plus en plus de femmes japonaises ont réalisé des films ces dernières années – c’est le troisième que je vois en quelques semaines, grâce aux sorties en dvd. #52FilmsByWomen

Corsage, Marie Kreutzer (Autriche, 2022) – 3/5: une réécriture de l’histoire de l’impératrice Elisabeth d’Autriche – Sissi, donc, jouée admirablement bien par Vicky Krieps. Le film la suit pendant quasi une année, alors qu’elle a 40 ans, et qu’elle se sent de plus en plus mal. J’ai trouvé ce film très froid, un peu bizarre, même s’il montre bien comment un rôle imposé peut provoquer des troubles mentaux. Les anachronismes ne m’ont pas dérangée, ils sont clairement voulus (« it’s a design choice » dirait Bernadette Banner), et les images sont très belles. Mon cerveau n’a juste pas pu s’empêcher de crier « Titanic » à un moment. #52FilmsByWomen

Where the Crawdads Sing, Olivia Newman (2022) – 3/5: j’ai hésité à regarder ce film, parce que le livre dont il est adapté est un bestseller, mais en même temps c’était un moyen rapide de connaître l’histoire. Le film est très prenant et je me suis laissée entraîner, mais une fois terminé, j’ai surtout remarqué le côté hollywoodien: tous les acteurs sont beaux et musclés (pour les hommes) alors qu’on décrit les gens qui vivent dans les marais et dans la petite ville d’à côté. C’est un peu facile tout ça. #52FilmsByWomen

At the movies – 32 (2020s)

Tempura – Akiko Okhu

Boiling Point, Philip Barantini (Royaume-Uni, 2021) – 2/5: lors de cette soirée juste avant Noël, le chef Andy Jones se trouve confronté à plein de problèmes alors que son restaurant est rempli de clients, de l’inspection de l’hygiène à un personnel en retard ou incompétent, sans parler de la fête de son fils qu’il a oubliée. Philip Barantini raconte cette histoire en un long plan-séquence qui suit les personnages au plus près, passant de l’un à l’autre. C’est une prouesse technique, évidemment, mais j’ai eu l’impression qu’on sentait moins l’énergie du restaurant (alors que ça aurait dû l’augmenter) – cela fonctionne bien mieux dans la série The Bear (le montage très haché aide justement). Je me suis un peu ennuyée et je n’ai pas vraiment accroché aux divers éléments de l’histoire. Ce qui ne m’empêchera pas de créer un nouveau #: #filmculinaire

The Card Counter, Paul Schrader (2021) – 4/5: William Tell passe ses journées au casino; il compte les cartes et sait comment gagner, mais il essaie de ne pas se faire remarquer. On sent très vite qu’il a vécu beaucoup de choses et que son passé est sombre, lié à la guerre en Irak (avec Willem Dafoe en méchant). Ce film est fort, tout particulièrement à cause du personnage principal (Oscar Isaac) qui a beaucoup de charisme ; il renvoie aussi à des questions morales et au poids du passé. A priori je n’étais pas intéressée par le sujet mais mes collègues m’ont encouragée à le regarder. J’ai beaucoup aimé.

Good Luck to You, Leo Grande, Sophie Hyde (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: Nancy (Emma Thompson) est une enseignante retraitée, dont le mari est décédé deux ans auparavant. Comme elle a l’impression qu’elle a manqué certaines expériences, elle engage un jeune homme de compagnie, Leo, (Daryl McCormack) pour deux heures, dans une chambre d’hôtel. Elle est partagée entre une immense insécurité et une to-do list dont elle aimerait rayer toutes les lignes. Ce qui provoque évidemment des échanges assez drôles. Mais c’est surtout le portrait d’une femme qui aimerait découvrir sa sexualité après la ménopause, et qui n’aime plus son corps. C’est touchant, sensible et très beau. Et comme Nancy le dit, les services de Leo devraient être d’utilité publique. Après, je me suis malgré tout dit que c’était quand même un monde de bisounours et j’ai bien peur qu’avant de trouver un Leo, on risque de tomber sur des hommes avec beaucoup moins d’intelligence émotionnelle que lui. Mais peu importe: c’est un film qui met en avant une femme, et sa sexualité, à un âge où elle serait normalement oubliée par le cinéma. #52FilmsByWomen

Call Jane, Phyllis Nagy (2022) – 3/5: 1968, Etats-Unis – Joy (Elizabeth Banks), mère de famille et épouse d’un avocat, est enceinte d’un second enfant mais cette grossesse menace sa vie. Les médecins refusent un avortement (ils préfèrent qu’une femme adulte meure), et elle décide alors de chercher une autre solution. Elle tombe sur « Call Jane », une association de femmes menée par Viriginia (Sigourney Weaver) qui facilitent la procédure malgré son illégalité. Elle s’engage dans la lutte et offre ses services. Je ne sais pas s’il s’agit d’une histoire vraie, mais elle est en tous cas très proche d’une réalité, celle de la fin des années 1960 où l’avortement était encore illégal. Et c’est encore important de parler de ça aujourd’hui. Par contre, le film est de facture très classique, d’où ma note moyenne. #52FilmsByWomen

Top Gun: Maverick, Joseph Kosinski (2022) – 3/5: un film idéal à voir dans l’avion, avec beaucoup d’action et des scènes assez époustouflantes. Plein de nostalgie aussi par rapport au premier film (que j’avais vu à l’époque). Et je n’aime toujours pas Tom Cruise.

White Noise, Noah Baumbach (2022) – 2/5: ce film est une adaptation d’un roman de Don DeLillo. Je n’ai jamais réussi à lire Don DeLillo. Je n’ai pas réussi non plus à me passionner pour ce film qui avait pourtant tout me plaire: réalisé par Noah Baumbach, il rassemble Adam Driver (on ne l’a jamais vu aussi laid) et Greta Gerwig (avec permanente eighties). L’histoire est fragmentée, entre milieu universitaire, catastrophe écologique et addiction à un médicament bizarre. Le style par contre est assez flash, le film est filmé en couleurs primaires et il faut absolument voir la chorégraphie de fin dans le supermarché. Mais j’ai regardé en accéléré la dernière demi-heure, je n’en pouvais plus. #theAdamDriverFilmography

Tempura (Hold me Back en anglais), Akiko Okhu (Japon, 2020) – 4/5: Mitsuko a 31 ans, elle vit seule dans un minuscule appartement à Tokyo. Elle est un peu décalée et s’invente chaque jour un nouveau défi, comme aller à un atelier de fabrication de faux tempuras en plastique ou manger dans un certain resto. Elle parle à un personnage imaginaire, « A », qui est en fait une autre part de sa personnalité. Un soir, elle rencontre Tada, un jeune homme qu’elle avait aperçu à son bureau, mais leur immense timidité à tous les deux rend leurs conversations très compliquées. Il lui demande cependant si elle peut cuisiner pour lui et c’est ainsi que commence une relation. Je me suis un peu reconnue dans certains aspects de la personnalité neuro-atypique de Mitsuko, et j’ai beaucoup aimé le ton drôle mais aussi poignant par moments du film, son côté bonbon acidulé. C’est d’ailleurs une adaptation d’un roman de Risa Wataya dont j’ai adoré lire les romans traduits en français. Il y a certaines longueurs, notamment lors du passage à Rome, mais on les oublie vite pendant le seconde moitié du film. #52FilmsByWomen

At the movies – 29 (2020s)

Last and First Men de Jóhann Jóhannsson

Les deux premiers films de cette série ont été vus en vision de presse pour mon boulot; malheureusement mon nouveau chef a décidé que c’était fini. Je regarderai donc les nouveaux films comme tout le monde, (bien) après leur sortie. Il y aura sans doute moins de diversité vu que je me laisserai plus guider par mes goûts (plutôt que par la plus ou moins obligation d’écrire un article par semaine). Je suis fort triste de cette évolution parce que j’ai adoré cette période où j’étais devenue « critique de cinéma », une chose qui me semblait impossible au départ mais qui m’a donné beaucoup de confiance en moi quand j’ai réalisé que j’aimais faire ça et que j’ai commencé à recevoir des compliments pour mes articles.

Everything Everywhere All at Once, Daniel Kwan & Daniel Scheinert (2022) – 3/5: un film virevoltant avec Michelle Yeoh en propriétaire de laverie fatiguée, à la veille d’un contrôle des impôts et d’une visite de son père qui n’a jamais accepté son mariage, et avec une fille (Joy) qu’elle a du mal à comprendre. Interviennent alors des multivers qui changent sa réalité (elle peut se battre en utilisant du kung-fu) et qui la font réfléchir sur sa vie. Il y a plein de choses bien dans ce film: Michelle Yeoh et Jamie Lee Curtis, deux actrices de la cinquante-soixantaine, les références à plein de films (Ratatouille, In the mood for love, Crouching Tiger, Hidden Dragon et pour moi aussi Bill and Ted’s Excellent Adventure), les costumes de Joy. Mon seul reproche est que le film est un peu trop long et fouillis.

Heimaland, Dorus Masure & Ischa Clissen (Belgique, 2022) – 3/5: qu’est-ce que ça fait de vivre au pied d’un volcan qui risque à tout moment de se réveiller ? c’est ce que raconte ce documentaire, par l’intermédiaire des habitants de la petite ville de Vík en Islande, et tout particulièrement un vieux monsieur qui mesure différents paramètres volcaniques dans son temps libre, un propriétaire d’hôtel qui est content d’avoir vu le tourisme se développer et une jeune immigrante lituanienne qui vit là avec sa mère. Il y a de superbes paysages mais au final c’est juste une tranche de vie sans trop de contenu.

Last and First Men, Jóhann Jóhannsson (Islande, 2020) – 3/5: le compositeur islandais réalise ici son premier (et unique) film qui est une longue série d’images assez hypnotiques et au grain très marqué de sculptures brutalistes de l’ex-Yougoslavie (c’est le thème du moment chez moi) avec un texte basé sur un livre de science-fiction des années 1930 (d’Olaf Stapledon) lu par Tilda Swinton. Mon esprit a beaucoup vagabondé, porté par le musique, la voix et les images mais je me suis quand même dit que ça cadrerait mieux dans un musée comme installation que comme documentaire à voir au cinéma/à la télé.

Elvis, Baz Luhrmann (2022) – 3/5: un biopic virevoltant à propos de la vie d’Elvis Presley et de sa relation avec le Colonel Parker. J’ai appris pas mal de choses sur l’artiste et la manière dont il a été exploité par ce louche personnage. La réalisation est over-the-top, avec le rythme d’un comic book, des images très colorées et un montage baroque par moments. C’est un peu trop pour moi. J’ai beaucoup aimé les scènes avec les musiciens de blues, qui apportent un moment de calme, mais elles n’expliquent que très peu l’inspiration du chanteur. Austin Butler est excellent dans son rôle d’Elvis, Tom Hanks est caricatural dans celui du colonel, avec des moments où j’ai été gênée de le voir aussi mauvais. Avec aussi Kodi Smit-McPhee dans le rôle du fils de Hank Snow.

Blonde, Andrew Dominik (2022) – 4/5: la vie de Marilyn Monroe, mais à travers l’angle de Joyce Carol Oates, vu que c’est une adaptation de son roman. Et ça se sent. Les émotions sont exacerbées et l’actrice (jouée par Ana de Armas) est tourmentée du début jusqu’à la fin (il n’y a aucun moment qui montre son côté comique dans les films). Le format d’image change constamment et la couleur succède au noir et blanc très contrasté, accentuant encore plus les émotions, tout comme la musique de Nick Cave et Warren Ellis d’ailleurs. Dominik s’est basé sur les photos de l’époque, reconstituant certaines ambiances mais prend dès le départ son propre chemin en ne montrant qu’une facette de l’actrice. C’est beau, touchant, et très prenant, dissonant aussi, contrairement à Elvis que j’ai vu quelques jours avant. Ce n’est plus vraiment un biopic mais une nouvelle histoire inspirée par la vie d’une actrice célèbre.

Les Olympiades, Jacques Audiard (France, 2021) – 4/5: ce film avait tout pour me plaire: il est basé sur des histoires d’Adrian Tomine et tourné dans un noir et blanc contrasté et brillant au milieu du quartier des Olympiades à Paris, avec ses tours modernes et ses grands espaces ouverts. Il raconte les rencontres entre Emilie, Camille, Nora et Amber Sweet et les (difficiles) relations (amoureuses) qui se nouent entre eux. C’est le portrait d’une génération qui a du mal à trouver le bonheur. (Et je vais arrêter de dire que je n’aime pas le cinéma français !)

Rien à foutre, Emmanuel Marre & Julie Lecoustre (France-Belgique, 2022) – 3/5: un film très vide sur le vide de la vie de Cassandre, hôtesse de l’air dans une compagnie lowcost. Avec Adèle Exarchopolous qui est magnifique, mais j’ai eu du mal avec le découpage en deux parties du film, la première la suivant dans ses multiples vols et les tâches liées à son métier, la seconde la voyant dans sa famille à Huy. J’ai hurlé intérieurement lors du monologue de son père à propos de l’intérêt de sa voiture de luxe (un 4×4 Volvo – c’est précisé), et il y a beaucoup d’autres conversations filmées sur le vif qui sont peu prenantes. Un film très moyen, pour moi.

At the movies – 25 (2020s)

Fire of Love, Sara Dosa

Ennio, Giuseppe Tornatore (Italie, 2022) – 3/5: un long documentaire (2h30) qui décrit la vie du compositeur Ennio Morricone, basé sur une interview et avec de très nombreux extraits de films. Intéressant pour mieux connaître sa manière de travailler mais ressemble très fort à un panégyrique, sans aucun esprit critique. La dernière demi-heure, qui montre l’influence du musicien sur d’autres, est pénible (on s’en fout de Metallica et Pat Metheny).

Downton Abbey: A New Era, Simon Curtis (2022) – 3/5: le retour de la famille Crawley et de leurs serviteurs dans un film avec deux histoires parallèles: Lady Violet a hérité d’une maison sur la Côte d’Azur et une partie de la famille va visiter le bien tandis que d’autres membres accueillent une équipe de tournage d’un film à Downton Abbey. Un film divertissant (ça fait du bien !) avec plein de jolis costumes et rien de bien compliqué dans l’histoire mais quand même quelques émotions. Que demander de plus ? A noter: Dominic West à la moustache clarkgableenne, les maillots de bain en tricot de l’époque.

Mama, Li Dongmei (Chine, 2020) – 4/5: un long mais très beau film contemplatif de la réalisatrice chinoise Li Dongmei qui raconte un épisode de son enfance. On suit Xiaoxian pendant sept jours en 1992 dans un village perdu du centre de la Chine; sa mère attend son cinquième enfant tandis que le père est parti travailler loin de là. Les images sont superbes (et m’ont fait penser à Suzaku de Naomi Kawase) et l’absence de musique met en valeur les sons de la nature qui sont très présents. Il faut un peu de patience au début mais ça en vaut la peine. #52FilmsByWomen

One Second, Zhang Yimou (Chine, 2020) – 3/5: (j’ai oublié de prendre des notes tout de suite, mais j’ai écrit un long article pour le boulot). Une histoire à l’époque de la Révolution culturelle en Chine, avec un film et beaucoup de péripéties autour des bobines de celui-ci. On y voit la lutte entre l’individu et le groupe, et comment les intérêts personnels l’emportent souvent sur le bien commun. Avec de belles images du désert du nord-est de la Chine.

Mothering Sunday, Eva Husson (Royaume-Uni, 2021) – 3/5: moins on en sait sur l’histoire de ce film, au mieux. Mais on peut quand même dire qu’il s’agit de la rencontre de Jane, servante chez un couple aisé, et de Paul, fils d’une autre bonne famille de la région. Le ton est triste et nostalgique (on est dans la période de l’après Première Guerre mondiale), c’est délicieusement étrange et mystérieux, sans qu’il ne se passe grand-chose en fait. C’est agréable à regarder mais un peu long quand même. #52FilmsByWomen

Fire of Love, Sara Dosa (2022) – 5/5: Miranda July est la narratrice de ce documentaire de Sara Dosa qui raconte la vie des époux Krafft, Maurice et Katia, volcanologues célèbres qui sont morts lors d’une éruption du mont Unzen au Japon en 1991. Le ton est au conte, à la romance, à la fantaisie tout en suivant leur vie très remplie. Les images sont superbes et le couple intrépide. J’ai adoré, et j’ai beaucoup pensé à mon papa qui adorait les volcans. Du coup, j’ai regardé un vieux dvd avec ces deux documentaires sur le même sujet: Maurice et Katia Krafft – Au rythme de la terre (Maryse Bergonzat, France, 1995) – 3/5 et Regarder le feu en face (Isy Morgensztern, France, 1995) – 3/5. #52FilmsByWomen

The Last Bus, Gillies MacKinnon (Royaume-Uni, 2021) – 3/5: un vieil homme décide de partir en mission, la dernière de sa vie sans doute: partir de l’extrême nord de l’Ecosse et rejoindre l’extrême sud-ouest du Pays de Galles, Land’s End. Il prend les bus locaux et rencontre sur son chemin des personnes très diverses qui lui veulent du mal comme du bien. Des flash-backs racontent ses motivations. C’est sentimental à souhait (j’ai pleuré comme une madeleine) mais c’est aussi bourré de clichés: la femme voilée qui se fait harceler par un homme, la droguée qui vole, le contrôleur intraitable… et le rôle des réseaux sociaux.

At the movies – 12 (2020s)

Poly Styrene: I am a Cliché

Dreaming Walls, Amélie van Elmbt & Maya Duverdier (Belgique, 2022) – 4/5: depuis une dizaine d’années, le Chelsea Hotel de New York est en rénovation. Il a été un haut lieu de résidence pour les artistes pendant une bonne partie du 20e siècle; aujourd’hui quelques locataires y vivent encore, résistant contre les projets immobiliers. Les deux réalisatrices en on suivi quelques-uns et unes. C’est un peu la fin d’une histoire, c’est beau, c’est empreint de mélancolie. Le film est présenté à la Berlinale et sortira en salles fin 2022. #52FilmsByWomen #documentary

Drive my Car, Ryusuke Hamaguchi (Japon, 2021) – 4/5: un film japonais contemporain, avec au coeur de l’histoire une vieille Saab turbo 900 rouge. Des personnages qui se cherchent, qui tentent d’oublier leur deuil et leurs fautes, sans vraiment de drames. Une très belle relation entre un homme d’une quarantaine d’années et la jeune femme qui conduit sa voiture partout dans Hiroshima. Des villes (Tokyo et Hiroshima) qu’on ne voit que par des voies express et des boulevards, sans vrais points de reconnaissance. Et un très beau score d’Eiko Ishibashi. A noter: l’aéroport de Narita et un décollage d’un avion d’ANA, les paysages d’Hokkaido, les îles de la mer de Seto. #WomenComposer #TheRyusukeHamaguchiFilmography

Archipel, Félix Dufour-Laperrière (Canada, 2021) – 1/5: un film d’animation expérimental, aux techniques mixtes, pendant lequel mon esprit a beaucoup vagabondé. J’espérais aimer ce voyage dans les îles du fleuve Saint-Laurent au Québec, mais je n’ai pas compris grand-chose et je me suis sérieusement ennuyée.


La chance sourit à Madame Nikuko, Ayumu Watanabe (Japon, 2021) – 3/5: un joli film d’animation qui ne raconte au final pas grand-chose mais qui est pétillant et qui possède quelques références assumées à Mon voisin Totoro. Pour Kikuko, fillette de onze ans, la vie n’est pas toujours simple quand elle doit s’occuper de sa mère, Nikuko, une femme obèse et très naïve, mais aussi pleine de joie de vivre. Et puis il y a la vie à l’école, les disputes, l’attirance pour Ninomiya, le garçon qui fait des grimaces. Les paysages sont superbes et donnent envie de prendre l’avion tout de suite. Et il y a toute cette nourriture qui donne faim !

Alice Guy – l’inconnue du 7e art, Valérie Urréa & Nathalie Masduraud (France, 2021) – 4/5: un documentaire intéressant sur Arte, à propos de la réalisatrice Alice Guy, avec de nombreuses images d’archives et des dessins de bd. Je me pose par contre toujours la question du lieu où on a retrouvé ses films perdus. #52FilmsByWomen #documentary


Poly Styrene: I am a Cliché, Celeste Bell & Paul Sng (UK, 2021) – 4/5: Poly Styrene était la chanteuse du groupe punk X-Ray Spex populaire à la fin des années 1970. Son histoire est racontée avec beaucoup de douceur par sa fille, Celeste, qui ne cache cependant pas les passages difficiles de l’internement psychiatrique et le passage chez les Hare Krishna. #52FilmsByWomen #documentary

Nr.10, Alex van Warmerdam (Pays-Bas, 2021) – 2/5: un film qui commence comme une histoire de relations extra-conjugales entre deux acteurs d’une troupe de théâtre en pleine répétition mais qui change de cap complètement à la moitié. Diverses miettes dispersées au début font pencher le film vers le thriller… La fin est assez jouissive mais ne plaira pas à certaines personnes (c’est ce qui m’a fait monter ma note à 2). C’est surtout un objet filmique assez bizarre, sans vraie logique.

At the movies – VIII (2020s)

Début février, j’ai décidé de rajouter certains documentaires à ces articles, tout particulièrement ceux qui passent au cinéma. Mais on commence avec des films vus en décembre (ce système de classer les films par décennies provoque évidemment de longs délais de publication, mais je n’ai pas envie de publier juste par orde chronologique de visionnement). Je commence aussi une série de # assez divers, selon mes intérêts du moment: (re)voir tous les films d’un acteur ou les femmes cinéastes (lié au livre d’Alicia Malone que je viens de lire).

Sisters with Transistors

Annette, Leos Carax (France, 2021) – 4/5: premier film en anglais du réalisateur français, avec Adam Driver, Marion Cotillard et Simon Helberg (qu’on connaît de The Big Bang Theory). C’est un rock opéra composé par les Sparks, on reconnaît leur style un peu décalé, avec des morceaux à la musique parfois un peu répétitive et qui ne varient pas beaucoup. L’histoire aborde des thèmes comme la difficulté d’être une star, la masculinité toxique, l’exploitation des enfants et le désir de tuer comme catharsis. J’ai été un peu déroutée au début (je hais les marionnettes par exemple) mais je me suis laissée emporter et je sais que ce film restera longtemps gravé dans ma tête. Le pire, c’est que je ne l’aurais probablement pas vu s’il n’y avait pas Adam Driver en rôle principal. A noter: ça a été tourné en partie en Belgique (tous les théâtres et la forêt de Soignes), et on voit apparaître Wim Opbrouck, qui présente notamment Bake Off Vlaanderen (et aussi Angèle mais je ne l’ai pas repérée). Et un autre bon point: Marion Cotillard a huit ans de plus qu’Adam Driver, inversant cette norme dépassée que l’homme doit être bien plus âgé que la femme dans les films (j’ai déjà noté ça dans le passé, et je risque bien de continuer). #theAdamDriverFilmography

The Matrix Resurrections, Lana Wachowski (2021) – 3/5: très attendu mais un peu décevant quand même (edit de quelques mois plus tard: mais très bien quand même). J’ai beaucoup aimé la première heure, avec une critique à peine voilée des studios qui voulaient absolument une suite aux trois premiers films – parce que les sequels ça rapporte et ne demande pas trop d’imagination. Par la suite, le film se perd un peu, les scènes d’action sont pas mal mais pas extraordinaires, et le ton devient plutôt romantique. Les tons verts prédominants des trois premiers films ont été abandonnés et c’est beaucoup plus coloré, et j’ai eu l’impression de regarder un film de super-héros. Mais ça fait plaisir de revoir Keanu Reeves (même s’il a l’air fatigué pendant tout le film) et Carrie-Anne Moss ensemble. #theKeanuReevesFilmography #52FilmsByWomen

The Green Knight, David Lowery (2021) – 3/5: je ne savais rien sur ce film avant de le commencer, et malheureusement, je ne connaissais pas non plus le roman de chevalerie duquel il est adapté, ni même toutes les histoires arthuriennes. Du coup, il m’a laissée assez perplexe. Et comme il est assez long et relativement contemplatif, je me suis même ennuyée par moments. C’était apparemment le but du réalisateur David Lowery de déconstruire la tradition et c’est assez réussi à ce niveau-là. Il y a un peu trop d’étalonnage turquoise/orange à mon goût, mais par ailleurs, les images sont superbes. Et Dev Patel juste fantastique.

C’mon C’mon, Mike Mills (2021) – 4/5: Johnny (Joaquin Phoenix) propose à sa soeur (qui vit à Los Angeles) de s’occuper de Jesse, son fils de 9 ans, pendant que celle-ci prend soin de son mari psychotique. Il réalise un documentaire sonore sur les aspirations des enfants et adolescents, et comme il ne peut interrompre son travail plus longtemps, il propose à Jesse de l’accompagner à New York. Oncle et neveu se découvrent, non sans difficultés – Jesse est un enfant précoce et parfois un peu bizarre. Si l’histoire est touchante, j’ai été tout particulièrement emballée par les choix du réalisateur: filmer dans un noir et blanc un peu brumeux, mais tout en donnant aux quatre villes visités (Detroit, Los Angeles, New York, La Nouvelle-Orléans) un ton propre, et mettre l’accent sur le son – Johnny apprivoise Jesse en lui prêtant son enregistreur et en lui apprenant les techniques de prise de son. Le film aborde la maladie mentale et la parentalité, tout particulièrement le rôle des mères et leur épuisement face à leurs trop nombreuses tâches. J’ai bien envie de voir les trois autres films de Mike Mills, du coup (edit: c’est fait, et j’ai adoré). Un critique plus longue et plus construite a été publiée sur le site de mon boulot.

Death on the Nile, Kenneth Branagh (2022) – 2/5: un film de divertissement qui s’écarte un peu de l’histoire originale, notamment pour y insérer un casting plus divers (deux actrices noires, check, un acteur indien, check) et pour raconter l’origine de la moustache de Poirot (j’ai cru que j’étais dans la mauvaise salle au début du film). Certains costumes sont réussis, d’autres sont trop modernes, tout particulièrement ceux d’Emma Mackey (je n’avais pas reconnu Maeve de Sex Education) qui font penser au glamour des années 1980. Tourné quasi entièrement en studio, ça donne malgré tout une belle impression de l’Egypte, mais la version de 1978 (avec ses costumes des années 1930 au look seventies) est quand même bien plus réussie. Un critique plus longue et plus construite a été publiée sur le site de mon boulot.

Compartment n°6, Juho Kuosmanen (Finlande, 2021) – 3/5: Laura prend le train de nuit (et de jour – le voyage dure longtemps) pour Mourmansk où elle veut voir des pétroglyphes. Son compartiment est occupé par Ljoha, un mineur rustre et complètement saoul quand elle arrive. Progressivement, le courant passe entre eux. Je n’ai pas aimé le personnage de Laura, elle est quelconque (ce qui n’est pas le souci) mais surtout, elle reste fade, on dirait qu’il n’y a pas de vie en elle. Il y a quelque chose dans la fin, dans cet élan de bonté, mais je suis restée sur ma faim – peut-être que le roman de Rosa Liksom est plus intéressant. A noter: les images de nuit, la lumière douce dans le train, froide, dans les villes – les néons dans le cercle arctique, c’est clairement quelque chose pour moi. Et il y a un chat et les paysages russes.

Sisters with Transistors, Lisa Rovner (2020) – 4/5: ce documentaire disponible sur Arte (hiver 2022) s’intéresse aux femmes qui ont composé de la musique électronique à partir de bandes, transistors et des premiers ordinateurs. Beau portrait de femmes pionnières comme Delia Derbyshire, Clara Rockmore, Bebe Barron ou encore Eliane Radigue avec beaucoup d’images d’archives inédites. #52FilmsByWomen

At the movies – III (2020s)

White Building (photo: Les Films du Losange)

White Building, Kavich Neang (Cambodge, 2021) – 3/5: ce film cambodgien, je voulais le voir depuis qu’il était en projet, quelque part au milieu des années 2010, et je n’étais pas présente lors de son passage dans un festival (en même temps je ne me serais pas déplacée à Namur). Finalement via une opportunité au boulot, j’ai pu le voir sur Sooner (où il n’est resté visible que quelques jours). L’histoire est en trois parties et se passe dans le White Building, un immeuble emblématique en style moderniste de Phnom Penh, aujourd’hui détruit. J’ai adoré la scène où les trois garçons juchés sur un scooter traversent la ville au crépuscule, avec les néons qui s’allument. Pour le reste, c’est un peu ennuyeux et pas très cohérent. Mais c’est une ode à un bâtiment important détruit en 2017.

The Protégé, Martin Campbell (2021) – 2/5: un film d’action, de tueurs à gages, mais un peu trop confus dans son histoire. Censé se passer en grande partie au Vietnam, il a été tourné en Roumanie par une équipe bulgare, et beaucoup de plans sont sur-corrigés et transformés (la formation karstique semble fausse au premier regard, la végétation est très européenne même si on a rajouté quelques palmiers). Et puis l’héroïne cuisine des cupcakes, accompagnée de son chat câlin. Enfin: une actrice de 42 ans dans la vraie vie (Maggie Q) et tous les autres acteurs (ou presque) qui ont 70 ans et plus (Michael Keaton, Samuel L. Jackson) – il y a encore du boulot à ce niveau !

The Power of the Dog, Jane Campion (NZ, 2021) – 5/5: quel superbe film, sous forme de western, abordant les thèmes de la masculinité toxique et de l’homophobie, avec de magnifiques Benedict Cumberbatch et Kodi Smit-McPhee. Et une très belle musique de Jonny Greenwood. A voir absolument !

House of Gucci, Ridley Scott (2021) – 3/5: une histoire de famille qui ressemble à un soap, avec des trahisons, de la fraude fiscale, de la jalousie et même un meurtre. Inspiré de la vraie histoire, que je ne connaissais pas avant de voir le film mais il est clair dès le début que le couple Maurizio-Patrizia va mal tourner. Avec toute une palette d’acteurs intéressants, de Lady Gaga à Adam Driver, en passant par un Jared Leto méconnaissable. Et une bande-son qui amène pas mal de nostalgie aux plus de 45 ans. Pas mal mais beaucoup trop long !

Spencer, Pablo Larraín (2021) – 4/5: une fable de Noël qui est en même temps une tragédie. Le film suit la princesse Diana lors de trois jours au château de Sandringham lors des fêtes de Noël en 1991. Elle est au bout de sa vie et ne demande qu’une chose: qu’on l’écoute, ce qui n’arrive jamais. Avec des éléments de fantastique et une très belle musique de Jonny Greenwood, à nouveau.

The Electrical Life of Louis Wain, Will Sharpe (2021) – 3/5: un film foisonnant, aux couleurs chatoyantes, racontant la vie du peintre anglais Louis Wain, qui est devenu populaire par ses représentations de chats. La première partie est émouvante à souhait et Claire Foy est magnifique comme épouse de Louis Wain, joué par Benedict Cumberbatch. La seconde partie se perd parfois un peu mais reste intéressante. Et puis, il y a ce caméo de Nick Cave en H.G. Wells !

The Last Duel, Ridley Scott (2021) – 4/5: l’autre film de Ridley Scott avec Adam Driver de cette fin d’année. Celui-ci m’a beaucoup plus plu: une histoire médiévale vue par trois protagonistes principaux, le mari, la femme et l’amant (ou le violeur – c’est toute la question). Certaines scènes se répètent mais il y a des nuances, et ça se termine avec ce « dernier duel ». C’est basé sur une histoire vraie (encore une, je les accumule), que je ne connaissais pas avant de voir le film, ce qui m’avait laissé espérer une autre fin.

(J’ai vu la plupart de ces films dans le cadre de mon travail, il y a donc des critiques plus longues et plus construites sur le site de celui-ci – et certaines sont encore à venir).