Une guerre dans la tête

Doug Peacock, Une guerre dans la tête: en commençant ce livre, je n’avais pas réalisé qu’il s’agissait d’une autobiographie, celle de Doug Peacock, un Américain traumatisé par la guerre du Vietnam et proche ami d’Edward Abbey qui s’en est inspiré pour écrire Le gang de la clé à molette. Je n’ai jamais lu Abbey (ça viendra sans doute un jour) et au début de ma lecture, j’ai regretté d’avoir entamé ce livre vu que je ne connaissais pas assez bien le contexte. Et puis au fil des pages, j’ai été séduite. Peacock s’attarde en effet longuement sur les dernières semaines de vie d’Abbey, semaines qu’ils ont passées ensemble en grande partie, mais il entrecoupe son récit par d’autres histoires. L’une est particulièrement prenante: Peacock est dans l’Himalaya et dépasse ses limites; il pense même qu’il va mourir sur place tant il se sent mal. Il raconte aussi ses marches en solitaire dans diverses régions reculées des Etats-Unis, dans le désert, dans la forêt à la rencontre des ours (encore un grand moment de suspense). Il parle également de son stress post-traumatique et des effets néfastes qu’il a eu sur sa vie, son couple, ses amitiés. C’est un très beau livre, très touchant dans la description de sa relation avec Edward Abbey, passionnant dans les descriptions très minutieuses de la nature sauvage, et intéressant parce qu’il montre comment la marche peut être thérapeutique.

C’est Keisha qui m’avait donné envie de lire ce livre, avant que je ne l’oublie sur ma PAL.

Doug Peacock, Une guerre dans la tête, Gallmeister, 2007, 241p. (traduction Camille Fort-Cantoni, titre original: Walking It Off: A Veteran’s Chronicle of War and Wilderness, 1997)

Le verger de marbre

Alex Taylor, Le verger de marbre: au milieu de la nuit, Beam Sheetmire doit faire traverser la rivière Gasping (au Kentucky) à un client en manoeuvrant le bac familial. Mais ce client le cherche et Beam finit par l’assommer, le tuant par la même occasion. Appelant son père à la rescousse, ce dernier lui dit de fuir; il a en effet reconnu la victime, qui est le fils de Loat Duncan, homme d’affaires et malfrat local. Au fil des pages, on suit le jeune homme un peu perdu qui tente de survivre mais aussi les autres personnages, Loat, avide de vengeance, le père et la mère de Beam qui ont des secrets à révéler, ainsi que d’autres personnages locaux pas très reluisants.

C’est une histoire sombre et sans espoir, qui se déroule dans une zone rurale et arriérée. J’ai eu beaucoup de mal avec tous ces hommes qui ne pensent qu’avec leurs couilles, et avec les personnages féminins qui n’existent que pour se faire manipuler et violer. Alex Taylor écrit bien, et j’avais beaucoup aimé Le sang ne suffit pas, mais je n’ai pas vraiment accroché à ce livre (que j’ai lu en voyage – cela a peut-être joué en partie). Je me rends compte de plus en plus que pour j’aime un livre, il faut qu’il y ait des personnages de femmes fortes et intéressantes, pas juste des objets de décoration dont on peut faire ce qu’on veut. Et pour cela, les autrices sont souvent plus sensibles que les auteurs. Mais au moins ce livre m’a permis de vider ma PAL de romans de 2020 – c’était le dernier à lire (je l’avais gardé en me disant qu’il y avait peu de chances que je sois déçue…).

Alex Taylor, Le verger de marbre, Gallmeister, 2016, 288p. (traduction par Anatole Pons, première édition en 2015: The Marble Orchard)

Hidden Valley Road

Robert Kolker, Hidden Valley Road. Inside the Mind of an American Family: Don et Mimi Galvin sont la parfaite famille américaine de l’après-guerre. Don travaille dans l’armée de l’air et Mimi est femme au foyer. Elle a de quoi s’occuper: les époux ont eu 12 enfants entre 1945 et 1965, d’abord dix fils puis enfin deux filles. Leur vie bien rangée au Colorado commence cependant à s’effriter quand le fils aîné, Donald, fait une crise psychotique à la fin de l’adolescence et sombre dans la folie. Cinq autres de ses frères suivront. Que se passe-t’il dans cette famille ? Pourquoi six des fils sont-ils devenus schizophréniques ? Et pourquoi pas les quatre autres, ainsi que les deux filles ?

Robert Kolker, journaliste, mène l’enquête. Il se plonge dans cette famille, laissant alternativement la voix à chacun de ses membres, ou presque. Ce sont surtout les deux plus jeunes filles qui racontent ce qui s’est passé, ce sont d’ailleurs elles qui ont contacté le journaliste pour écrire ce livre. L’auteur entrecoupe son récit par les avancées de la médecine psychiatrique et décrit l’évolution des pratiques et des découvertes. Les scientifiques se sont longtemps demandés si la schizophrénie était une maladie génétique ou si elle se développait à cause de conditions particulières. Aujourd’hui encore, la question n’est pas tranchée – on sait juste que de nombreux gènes entrent en jeu.

Le récit est passionnant et bien construit, tenant le lecteur en haleine. L’histoire est terrible aussi. Mimi et Don souhaitent à tout prix garder les apparences et les enfants sains de la famille en ont très fort souffert. Les malades quant à eux sont ballotés d’un endroit à l’autre, entre crises et périodes plus calmes. J’ai beaucoup aimé cette analyse de la schizophrénie et de la société qui ne sait pas trop comment l’aborder.

Une idée pêchée chez Electra et qui a traîné un certain temps sur ma PAL.

Robert Kolker, Hidden Valley Road. Inside the Mind of an American Family, Doubleday Books, 2020, 377p. (pas de traduction en français)

The Night the New Jesus Fell to Earth

Ron Rash, The Night the New Jesus Fell to Earth and other stories from Cliffside, North Carolina: Tracey, Randy et Vincent racontent leur vie à Cliffside, en Caroline du Nord. Ils prennent la parole chacun à leur tour et le livre prend le format de la nouvelle, mais les récits forment un tout, reliés entre eux par une introduction et une conclusion. C’est le premier écrit de Ron Rash, publié en 1994. Il y raconte la vie d’une petite communauté très religieuse, très attachée aux traditions, avec des histoires liées au mariage, à l’alcoolisme, à l’enfance, à l’élevage des opossums. Le ton est par moments sérieux, mais aussi souvent très léger, très drôle même, contrairement aux futurs livres plus sombres de l’auteur. Dans l’histoire qui donne le titre au recueil, on suit le pasteur de la communauté qui, pour redonner de l’élan à son église, organise une Passion avec un vrai-faux Jésus crucifié. Sauf que tout ne se passe pas comme prévu. Il y a également une histoire d’apparences et de couple qui se sépare presque parce que le mari ne s’occupe pas du jardin, une vraie jungle remplie de broussailles, le tout raconté du point de vue de leur jeune fils. C’est un livre qui se lit vite, et qui laisse une très bonne impression. Je crois que j’ai bien fait de décider de lire tout Ron Rash (son second livre est introuvable, par contre, mais je n’ai pas encore essayé Abe Books qui est souvent une bonne source – j’y trouve les Joyce Carol Oates qui sont épuisés – après recherche, je laisse tomber: les prix sont exorbitants, plus de 100 euros).

Ron Rash, The Night the New Jesus Fell to Earth and other stories from Cliffside, North Carolina, University of South Carolina Press, 2014 (édition du 20e anniversaire, première publication en 1994), 160p. (non traduit)

L’Amérique avant les États-Unis

Bertrand Van Ruymbeke, L’Amérique avant les États-Unis. Une histoire de l’Amérique anglaise, 1497-1776: j’ai toujours été curieuse de l’histoire des Etats-Unis, tout particulièrement la période de formation, mais je n’avais jamais cherché de livre sur le sujet. C’est en lisant un article dans la revue America que j’ai découvert l’historien français Bertrand Van Ruymbeke et que je me suis dit que cela pourrait être un bon candidat. J’avais le choix entre deux livres, un premier se limitant à la période avant l’indépendance et un second allant jusqu’à aujourd’hui. Le premier l’a emporté. Est-ce que j’ai bien fait ? Je n’en suis pas si sûre: le livre est extrêmement détaillé, et même si l’écriture est tout à fait abordable, l’auteur se perd un peu dans l’explication de divers éléments qui m’ont peu intéressés, comme les religions ou les institutions locales. Ce sont des éléments importants pour la formation de la nouvelle nation, mais j’aurais du lire la version plus résumée, ce que je ferai un jour vu que je m’intéresse aussi à la conquête de l’Ouest.

J’espérais également plus de détails sur la vie quotidienne des premiers colons, et les Premières Nations ne sont quasi pas évoquées, à moins qu’elles n’aient formé l’une ou l’autre alliance avec les colons. J’aurais aimé en savoir plus sur la vie à l’époque à l’ouest des Treize Colonies mais ce n’est pas abordé. Après avoir lu des livres d’auteurs anglo-saxons (ou belges), la liberté de la langue m’a un peu manquée, cette écriture qui n’hésite pas à faire des remarques tout à fait contemporaines dans le texte et à quitter quelque peu l’académisme (qui n’est malgré tout pas trop présent ici, j’ai lu bien pire dans le passé). Je suis tombée également sur un manque dans ma culture: j’ai eu du mal à comprendre la géopolitique de l’Europe à cette époque et les nombreux conflits entre nations (la guerre de Sept Ans), et cela me poussera à lire (enfin) une histoire de l’Europe (également abordée dans le récit de voyage d’Erika Fatland que je lisais en même temps).

Bertrand Van Ruymbeke, L’Amérique avant les États-Unis. Une histoire de l’Amérique anglaise, 1497-1776, Flammarion, 2016, 783p.

La revue America

America, N°1-16: pendant les quatre années de la présidence de Donald Trump, François Busnel s’est penché sur les Etats-Unis et sa littérature, consacrant chaque numéro à un thème particulier (sexe, argent, Amérindiens…). J’ai mis du temps à tout lire, mais ça y est. J’ai aimé retrouver à chaque fois de nouveaux auteurs, classiques et contemporains, ainsi que des rubriques comme celle sur le cinéma et les séries. Globalement j’ai beaucoup apprécié ma lecture et donné une note moyenne de 4/5 à chaque volume. Mais – parce que c’est facile – je vais mettre le doigt sur ce qui m’a moins plu: il y a un seul numéro consacré aux femmes – qui en plus n’est pas des meilleurs. Pourquoi ne pas avoir pris le parti de faire moitié-moitié dans chaque volume ? On va me répondre qu’il y a plus d’auteurs masculins – oui, mais non – cet argument ne passe plus vraiment aujourd’hui. De même, il n’y a qu’un seul volume consacré aux Premières Nations.

J’ai aussi regretté la limitation à un genre, la « grande » littérature, sans qu’il n’y ait le moindre intérêt pour la science-fiction ou la fantasy, ou encore la poésie. Le polar est abordé, sans doute parce qu’un auteur comme James Ellroy semblait incontournable. Au fil des pages, j’ai eu l’impression de ne lire que des auteurs établis, avec parfois l’un ou l’autre jeune auteur qui eu du succès en France.

Le découpage par thème est intéressant, mais à ce niveau, le dernier volume est raté. Ce n’est pas tout à fait la faute de l’éditeur – la date de sortie était prévue d’avance. A cause de cela, il y a de nombreuses suppositions dans les textes qui tombent complètement à plat au vu des événements de janvier et de la tentative de prise de pouvoir de Trump. Pour les auteurs qui avaient été interrogés à ce sujet à l’automne un tel événement semblait totalement impossible.

Malgré ces bémols, ces seize volumes sont un magnifique portrait de l’Amérique et de ses habitants, vus par le biais de la littérature.

America, N°1-16, 2016-2020

Kindred

Octavia E. Butler, Kindred: Dana, jeune femme afro-américaine qui vient de fêter ses 26 ans, vit avec son compagnon blanc en Californie (on est en 1976). Un jour, elle est atteinte subitement de nausées et de vertiges et se retrouve dans le Maryland bien avant la guerre de Sécession pour sauver un petit garçon blanc de la noyade. Très vite, elle se rend compte que celui-ci est son ancêtre Rufus. Et elle réalise quel est le but de ce retour dans le temps, et des suivants qui l’obligeront à vivre dans une société esclavagiste où les Noires comme elle n’ont pas un mot à dire.

Je poursuis mon opération « vidage de la PAL de 2019 », et quand je ne sais pas choisir, je prends le suivant sur la liste. En regardant sur goodreads, je n’ai pas eu d’indice sur qui m’avait conseillé ce roman, mais en discutant avec mon ami-collègue, je me suis rendue compte que c’était lui. Il sait que j’ai du mal avec la science-fiction mais que j’aime les voyages dans les temps, et Octavia E. Butler a écrit dans les deux styles. C’était d’ailleurs la première femme afro-américaine à écrire ce genre de romans. Ce qu’elle décrit dans Kindred est l’histoire tragique des esclaves dans les plantations nord-américaines, et le fait d’utiliser le personnage de Dana qui voyage dans le temps offre une toute autre vision des choses: c’est une femme moderne qui se retrouve plongée dans une société rétrograde, patriarcale et violente (elle la compare aux camps d’extermination des nazis) et son regard est bien plus lucide par ce procédé. Butler décrit les relations humaines dans les moindres détails et ne cherche pas la facilité. Rufus est un personnage complexe et marqué par son temps – le contact avec Dana n’influence pas sa personnalité – et même si c’est parfois difficile à lire, c’est bien plus réaliste. Je ne pensais pas aimer autant ce roman alors que j’ai tendance à fuir les histoires d’esclavage (je crois que j’ai été un peu traumatisée par des films étant petite). C’est tout simplement superbe et extrêmement triste et pessimiste à la fois !

Octavia E. Butler, Kindred, Beacon Press, 2004 (première édition de 1979 – en français: Liens de sang)

Lonesome Dove

Larry McMurtry, Lonesome Dove (I & II): 1880, Texas. Augustus McCrae et Woodrow Call, deux anciens rangers qui ont combattu les Comanches et pacifié la frontière, se sont installés à Lonesome Dove, une bourgade un peu perdue, et ont créé un ranch. Ils sont entourés de quelques fidèles cowboys et d’un cuisinier qui frappe violemment sur la cloche à chaque repas. La vie est tranquille, chacun vaque à ses tâches sans trop se presser, la chaleur les accable tous. Un jour réapparaît Jake, ancien comparse des deux héros, et grand coureur de jupons – la prostituée du coin, Lorena, tombe amoureuse immédiatement. Il lance l’idée de conduire un troupeau dans la Montana, terre encore quasi vierge à cette époque.

Il faut environ 150 pages avant que la troupe, qui s’est agrandie depuis, quitte Lonesome Dove, et j’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman. En même temps, ces pages sont tout à fait nécessaires pour présenter les différents protagonistes, même si l’action n’est pas encore vraiment au rendez-vous. Par la suite, Larry McMurtry réussit à créer un rythme, dosant les scènes d’action – dont certaines sont particulièrement spectaculaires et font tourner les pages à un rythme effréné (quel malheur quand mon métro arrivait à destination !) – et les scènes plus calmes, d’introspection même. Il entre dans la tête de quelques-uns de ses personnages principaux, y compris de quelques femmes comme Lorena et plus tard, Clara. Parfois aussi apparaissent de nouveaux personnages qui croiseront la route des cowboys.

C’est un roman foisonnant, un pavé de plus de mille pages (que l’édition français a coupé en deux tomes mais que j’ai lu d’une traite – ce serait dommage de s’interrompre) qui n’ennuie jamais (à part peut-être le début qui est une mise en place – mais c’est souvent le cas dans un pavé). J’ai adoré ! J’ai été prise par l’histoire, par le passé et le présent des héros, tout particulièrement Augustus et le jeune Newt – l’un bourré d’expérience, l’autre devant tout apprendre. Il y le côté western, les aventures avec le troupeau de bétail, les rencontres avec des hors-la-loi et des Indiens mais aussi tout un monde intérieur, intime qui dévoile les sentiments de ces hommes (et femmes) de la frontière. J’ai été prise par les suspense, mais j’ai aussi été au bord des larmes à plusieurs moments. J’ai hâte de lire les autres romans de la série !

Est-ce que vous avez lu d’autres séries de Larry McMurtry ?

Larry McMurtry, Lonesome Dove, Gallmeister (Totem), 2017, 532 + 585 p. (traduction: Richard Crevier, édition originale: 1985) – un second roman donc pour le challenge Pavé des l’été organisé par Brize

The Lincoln Highway

Amor Towles, The Lincoln Highway: en juin 1954, Emmett Watson est libéré du camp de travail pour délinquants juvéniles où il avait été enfermé. Il revient à la ferme dans le Nebraska où vit encore son petit frère de huit ans, Billy, mais la propriété lui est enlevée parce que son père, entre temps décédé, n’a pas pu payer l’hypothèque. Il décide alors de rejoindre San Francisco où il est possible que vive leur mère. Il possède en effet une voiture et son père y a caché une enveloppe avec de l’argent, de quoi survivre un premier temps. Mais c’est sans compter Duchess et Woolly, deux amis du camp de travail, qui débarquent à ce moment-là et qui vont chambouler les plans d’Emmett, l’obligeant à aller plutôt vers New York en suivant la Lincoln Highway.

Ce pavé est un vrai roman d’aventures, contées par les divers protagonistes qui offrent chacun leur point de vue sur les mêmes événements. Il y a parfois quelques répétitions mais c’est intéressant de voir comment les personnages très divers voient les choses. J’ai regretté cependant le parallélisme Billy/Woolly, un jeune garçon et un jeune homme très intelligents mais tous les deux dans leur monde et pas très conscients de la réalité. J’ai aussi eu beaucoup de mal à me faire à l’idée que ce livre n’était pas vraiment l’histoire d’un road-trip et cela a perturbé ma lecture qui a été assez laborieuse au début. Et puis, ça manque de femmes ! Il y a bien la voisine d’Emmett, mais son personnage est assez unidimensionnel et c’est dommage. Une semi-déception donc pour ce premier pavé de l’été que j’avais repéré chez Electra, qui elle, avait adoré. Peut-être que j’aurais dû suivre mon instinct: je n’avais pas été séduite non plus par cet autre roman d’Amor Towles, Les règles du jeu, lu en en 2012.

Amor Towles, The Lincoln Highway, Viking, 2021, 576p.

Wilderness

Lance Weller, Wilderness: avant de plonger dans le coeur de l’histoire, un premier chapitre présente une vieille dame aveugle dont les pensées oscillent entre présent et passé. Il neige et cela lui rappelle comment elle a été sauvée du blizzard. Elle repense à Abel Truman, son « deuxième père », et la suite du roman raconte son histoire, mais aussi celle de plusieurs personnages qui ont croisé son chemin. Abel vit dans une cabane au bord du Pacifique, dans le nord-ouest. Il décide de partir avec son chien pour réaliser un dernier voyage. Il est hanté par son passé; il a en effet combattu pendant la guerre de Sécession, du côté des Sudistes. Les chapitres alternent le récit du voyage avec les scènes de guerre, et tout particulièrement la bataille de Wilderness.

La violence est partout: dans la guerre, évidemment, qui est décrite dans ses moindres détails, de manière très cinématographique, mais aussi dans les rencontres que fait Abel lors de son voyages – il se fait dérober son chien et part à la poursuite des voleurs qui sont des hommes particulièrement agressifs. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans le roman (la faute au précédent, Sea of Tranquility), et je n’ai jamais beaucoup apprécié les histoires de guerre de Sécession, mais je dois bien avouer que j’ai été prise par l’intensité de l’écriture, tout particulièrement lors de la description de la bataille de Wilderness. Lance Weller a écrit un roman qui conte l’Amérique sauvage, sauvage dans sa nature mais aussi dans les relations humaines, et dans cette coupure qu’a causé la guerre. C’est un roman fort, et je lirai avec plaisir d’autres livres du même auteur.

Lance Weller, Wilderness, Gallmeister, 2013 (en vo, 2012) (traduction François Happe)