At the movies – 47 (2020s)

Emily

J’ai mis un certain temps à atteindre les sept films pour ce billet, les sorties du moment ne me tentant pas énormément et les arrivages en dvd à mon boulot étant assez décevants. Je suis aussi très prise par mon visionnage de films des années 1930 et des films de yakuzas.

The Banshees of Inisherin, Martin McDonagh (2022) – 2/5: je n’ai pas réussi à accrocher à cette histoire de dispute entre un homme (stupide) (Colin Farrell) qui ne comprend pas que son ancien ami (Brendan Gleeson) ne veut plus lui parler et le lui prouve par des actes extrêmes. Les seuls personnages qui pour moi sauvent l’histoire, c’est la soeur (Kerry Condon) qui a le courage de quitter cette île irlandaise et la vieille dame qui fait un peu peur. Les paysages sont beaux, certes, et les acteurs jouent bien, mais ce film n’était définitivement pas pour moi.

Plan 75, Chie Hayakawa (Japon, 2022) 2/5: dans un futur proche, ou dans un autre présent, le Japon met en place un plan pour lutter contre le vieillissement de la population. Chaque personne âgée pourra dès ses 75 ans demander l’euthanasie et sera accompagnée, mais il s’agit d’une industrie comme une autre. La réalisatrice (dont c’est le premier long-métrage) a créé un film très froid et déprimant, mettant en scène trois personnages principaux sans lien entre eux, Michi, une vieille dame sans famille, Hiromu, un jeune homme qui vend les plans et Maria, une Philippine qui s’occupe des personnes euthanasiées en vue de gagner assez d’argent pour soigner sa petite fille. Le sujet est dur, et le film complètement déprimant, d’où ma cote très peu positive. #52FilmsByWomen

Juste sous vos yeux, Hong Sang-Soo (Corée, 2021) – 2/5: une femme, ancienne actrice, revient en Corée et loge chez sa sœur, avec qui elle commence le début de la journée. Dans l’après-midi, elle rencontre un réalisateur qui veut lui faire tourner un film. L’histoire se limite à ça, ou presque. Un jour, des conversations. C’est très direct, sans artifices, avec de longs plans fixes. Je n’étais pas d’humeur, je me suis ennuyée.

Emily, Frances O’Connor (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: l’histoire d’Emily Brontë, racontée de manière assez romancée. Le film est superbe, à cause de ses images et de ses tonalités mais surtout à cause de l’actrice Emma Mackey que j’aime vraiment beaucoup. Elle joue une Emily de l’époque victorienne mais on y retrouve une sensibilité moderne; c’est une femme passionnée, libre mais aussi pleine d’anxiété, loin de l’image qu’on a d’elle, que sa sœur Charlotte a donné d’elle. Et peu importe si le film n’est pas fidèle à l’histoire (certains lui reprochent la possible invention de relation amoureuse d’Emily). #52FilmsByWomen

65 (Scott Beck & Bryan Woods, 2023) – 2/5: ou le divertissement où on met son cerveau en vacances. Mills (Adam Driver) s’écrase sur une planète inconnue avec son vaisseau spatial; il y a une survivante, une fillette qui ne parle pas la même langue que lui. Ils partent à la recherche du vaisseau de secours qui s’est écrasé plus loin mais ils découvrent une terre où vivent encore les dinosaures, qui les pourchassent. Il y a de l’action, mais quasi pas de dialogues vu que les deux survivants ne se comprennent pas. Les dinosaures sont pas mal mais qui veut encore voir un film avec ces bestioles aujourd’hui ? Un film que je n’aurais jamais regardé s’il n’y avait pas Adam Driver comme acteur principal. #theAdamDriverFilmography

Empire of Light (Sam Mendes, Royaume-Uni, 2022) – 3/5: toute l’histoire tourne autour des employés d’un cinéma en bord de mer, au début des années 1980. Hilary (Olivia Colman) est bipolaire et prend du lithium; elle est plus ou moins forcée d’avoir des relations sexuelles avec son boss (Colin Firth). Et puis arrive Stephen (Micheal Ward), un jeune homme d’origine caribéenne. On est à une époque où le racisme est omniprésent, avec de nombreux groupes de skinheads qui partent en chasse. Sur cette trame de fond, une relation naît entre Hilary et Stephen. L’histoire est un peu confuse, ne sachant pas trop quel parti choisir: parler de racisme ou de troubles mentaux, d’amour ou d’amitié. Mais j’ai adoré le cinéma, un superbe bâtiment art déco, et les ambiances de bord de mer (qui me donnent envie de recenser les films qui se passent là, avec les promenades et les digues).

John Wick: Chapter 4 (Chad Stahelski, 2023) – 4/5: c’est un peu long, et il y a une série de clichés (les cerisiers en fleur au Japon, les Parisiens portant une casquette et une baguette), mais quel beau film. J’ai adoré le travail sur les couleurs, le côté néo-noir très affirmé (quasi tout se passe de nuit), les scènes de combat très chorégraphiées (celle sur l’escalier !), avec parfois quelques touches d’humour, le lien avec le monde des samouraïs (les armes, mais aussi l’expo avec les armures), le côté jeu vidéo (la scène filmée de haut), les décors (Berlin surtout), Donnie Yen en tueur aveugle, et puis évidemment Keanu Reeves (qui n’a sans doute pas eu de soucis pour retenir son texte tant il parle peu dans ce film). #theKeanuReevesFilmography

Vous avez vu certains de ces films ? Qu’en avez-vous pensé ? Vous avez des films à conseiller ?

At the movies – 46 (1930s)

Betty Davies dans Jezebel de William Wyler

La bête humaine (Jean Renoir, France, 1938) – 3/5: une adaptation du roman d’Emile Zola mais déplacé aux années 1930, avec comme personnages principaux, les trains à vapeur, dans tout leur gigantisme, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Le Havre. Avec Jean Gabin en conducteur du train atteint d’une folie homicidaire dès qu’il est amoureux d’une femme et Simone Simon dont le personnage a été violentée dans le passé. L’histoire est très sombre et brutale, et j’ai eu du mal avec la violence gratuite envers les femmes mais on retrouve ce côté film noir de Quai des Brumes.

Holiday (George Cukor, 1938) – 3/5: le retour du duo Cary Grant – Katharine Hepburn, avec des moments très drôles dans le comportement des deux personnages. Johnny (Grant) est tombé amoureux de Julia Seton (Doris Nolan) pendant les vacances et découvre que celle-ci vient d’une des plus riches familles de New York. Il rencontre par la même occasion sa soeur Linda (Hepburn). Johnny est épris de liberté mais Julia ne l’entend pas de cette manière, alors que Linda comprend bien mieux la situation. C’est un film plaisant mais à la longue, je n’en peux plus de ces adaptations de Broadway qui restent parquées dans les mêmes décors, à l’intérieur (et en général chez des gens très riches).

Three Comrades (Frank Borzage, 1938) – 3/5: adapté d’un roman d’Erich Maria Remarque, et au scénario écrit par F. Scott Fitzgerald et Edward E. Paramore Jr., ce film conte l’histoire d’amitié entre trois hommes (Robert Taylor, Franchot Tone et Robert Young) qui ont combattu ensemble lors de la Première Guerre mondiale et l’amour d’un d’entre eux pour Patricia (Margaret Sullavan), atteinte de tuberculose, le tout sur le fond d’une Allemagne troublée par des émeutes. J’ai beaucoup aimé la sensibilité des dialogues et le fait que le film soit ancré dans l’histoire du moment.

La femme du boulanger (Marcel Pagnol, France, 1938) – 2/5: tout le monde considère ceci comme un bon film, pas moi. Dans un village de Provence arrive un nouveau boulanger (Raimu) et sa jeune et jolie femme, Aurélie (Ginette Leclerc). Celle-ci s’enfuit avec un berger et son mari se voile d’abord la face, puis accepte l’aide de tout le village pour la retrouver (aide un peu hypocrite parce que les habitants veulent juste pouvoir manger du bon pain, ce que le boulanger ne veut plus produire tant qu’il n’a pas retrouvé sa femme). Les rôles des femmes sont quasi inexistants, ou alors tellement cliché entre l’épouse adultère qui ne dit rien et les puritaines du villages. Les hommes représentent aussi des personnages assez typés: l’aristocrate, le curé, le maître d’école. Le temps m’a semblé long, ça cabotine énormément, et une des dernières scènes est particulièrement misogyne. Je suis du côté de l’épouse: j’aurais aussi quitté ce mari un peu idiot et simplet, je me demande d’ailleurs pourquoi elle l’a épousé en premier lieu, mais tout ça n’est pas raconté vu que seul le point de vue de l’homme compte dans ce film.

A Slight Case of Murder (Lloyd Bacon, 1938) – 3/5: une comédie avec des gangsters. Remy Marko (Edward G. Robinson) est devenu riche en vendant de l’alcool durant la Prohibition, mais depuis la fin de celle-ci, ses affaires ont périclité. Au bord de la faillite, il part avec son épouse et sa fille, et un gamin de l’orphelinat ainsi que sa clique d’acolytes, dans sa maison de vacances… où se trouvent les cadavres de quatre gangsters, et un cinquième qui tente de récupérer un butin. Tout tourne au quiproquo, évidemment, et le rythme est assez insoutenable, surtout dans la dernière demi-heure où on se demande s’il reste assez de temps pour éclaircir l’affaire. D’ailleurs la fin est très abrupte. C’était plaisant comme film.

Jezebel (William Wyler, 1938) – 3/5: La Nouvelle-Orléans, 1852. Julie (Betty Davies) est fiancée à Preston (Henry Fonda), un banquier. Mais Julie a un caractère bien trempé et joue la provocation, ce qui fait fuir Preston. Un an plus tard, celui-ci est marié à une nordiste quand il revient pour une visite dans le sud. A ce moment éclate une épidémie de fièvre jaune et Preston sera atteint. La fin du film n’est absolument pas crédible avec Julie qui décide de se sacrifier pour soigner Preston. A part ça, le film est pas mal; c’est surtout Betty Davies qui crève l’écran (alors que j’ai détesté Henry Fonda). A noter: les plantations, la musique de Max Steiner, la similitude avec Gone with the Wind qui sortira un an plus tard (mais sans la guerre de Sécession).

The Lady Vanishes (Alfred Hitchcock, Royaume-Uni, 1938) – 3/5: une avalanche a bloqué un train, dans un pays imaginaire d’Europe Centrale, et les passagers se retrouvent dans un hôtel local qui a du mal a loger tout le monde. C’est là qu’on rencontre ces deux Anglais fans de cricket – Charters et Caldicott – qui vont partager un minuscule lit dans une chambre de bonne. Mais ce ne sont pas eux les héros du film: il s’agit d’Iris (Margaret Lockwood), jeune femme qui doit retourner à Londres pour épouser son amoureux, de Miss Froy, (Dame May Whitty) d’âge moyen et habillée en tweed, de Gilbert (Michael Redgrave) qui étudie les traditions musicales locales (et qui est assez détestable au début du film), ainsi que d’autres personnages hauts en couleur. Hitchcock prend son temps pour présenter les personnages – plus d’une demi-heure – avant que l’histoire ne commence vraiment dans le train. Miss Froy disparaît et Iris a du mal à convaincre les autres passagers qui la prennent pour une folle. Mais Gilbert vient à la rescousse et mène l’enquête. Ce film qui avait commencé pépère se termine en une sacrée histoire de disparition et d’espionnage, le tout dans un train en mouvement, et avec pas mal d’éléments comiques (surtout au début).

Ceci termine ma liste de films de 1938, avec comme favoris Alexandre Nevski pour la composition des images et Quai des brumes pour les ambiances. Beaucoup de films sont bien, mais sans plus et je commence à me lasser de ces films américains tournés à l’intérieur dans juste trois décors différents. La liste pour 1939 est plutôt longue, avec une série de films que j’ai déjà vus dans le passé mais que j’ai envie de revoir et quelques trous dans ma culture comme The Wizard of Oz.

At the movies – 45 (1930s)

Cary Grant, Baby et Katherine Hepburn

Angels with Dirty Faces (Michael Curtiz, 1938) – 3/5: Rocky Sullivan (James Cagney) est un gangster. Il a grandi dans le quartier de Hell’s Kitchen à New York et est resté ami avec Jerry Connolly (Pat O’Brien) qui est devenu prêtre. Si le premier continue ses louches activités, le second tente de le ramener sur le droit chemin, ou du moins il essaie de diminuer son influence sur les jeunes qui sont attirés par le personnage du gangster. C’est un bon film de gangsters, avec aussi Humphrey Bogart en second rôle, mais je coince sur James Cagney et sur les Dead End Kids qui jouent les ados influençables (ils surjouent beaucoup trop).

Bringing up Baby (Howard Hawks, 1938) – 3/5: considéré comme la meilleure screwball comedy du moment, ce film présente Cary Grant et Katharine Hepburn dans un déferlement de dialogues et de quiproquos, avec comme personnages secondaires un léopard (Baby) et le chien George (le célèbre Skippy) qui a volé le si précieux os de brontosaure de Cary Grant (qui est paléontologue dans le film). C’était trop chaotique pour moi, j’ai préféré d’autres screwball comedies comme The Awful Truth ou Nothing Sacred, mais il est évident qu’il y a une alchimie entre les deux acteurs. Et puis voir Cary Grant en peignoir vaporeux de femme, ça n’a pas de prix (avec une mention de « gay »).

Four Daughters (Michael Curtiz, 1938) – 1/5: quatre sœurs musiciennes vivent avec leur père et leur tante Etta. Elles cherchent toutes un mari. J’ai arrêté après une demi heure pour cause de niaiserie, mais apparemment, d’après le résumé, l’histoire tourne au tragique (enfin au gentil tragique où tout finit bien). Le film a eu beaucoup de succès à l’époque… mais rien à voir avec le Michael Curtiz d’Angels with Dirty Faces.

You Can’t Take It with You (Frank Capra, 1938) – 2/5: Alice (Jean Arthur), secrétaire, tombe amoureuse de son jeune patron, Tony (James Stewart). Son père (Edward Arnold) est un homme d’affaire un peu rapace, le total opposé du milieu bohème et excentrique dans lequel vit Alice, dont le grand-père (Lionel Barrymore) est un sacré personnage. Cette rencontre entre les deux familles ne peut que faire des étincelles. Cela n’a pas eu cet effet sur moi malheureusement, et je me suis bien ennuyée, d’autant plus que le film est long et ne varie pas trop les décors.

Alexander’s Ragtime Band (Henry King, 1938) – 2/5: Alexander (Tyrone Power) est violoniste classique et voit une carrière toute tracée devant lui. Sauf qu’il se lance dans un groupe de jazz, et rencontre la chanteuse Stella Kirby (Alice Faye), dont il tombe amoureux. Le film suit le groupe, ses premiers succès, la Première Guerre mondiale, et le retour sur scène, avec une succession de déceptions amoureuses qui malgré tout finissent bien (ce n’est pas un spoiler, tous les films de l’époque finissent bien). Par contre pour arriver à cette fin, ça met du temps et le scénario ne suit pas. C’est plus un film musical mettant en avant les compositions d’Irving Berlin, intéressantes, mais ça ne suffit pas. Beaucoup d’ennui donc.

Quai des brumes (Marcel Carné, France, 1938) – 4/5: Jean (Jean Gabin), un militaire des colonies qui a déserté, arrive au Havre. Il passe la soirée au Panama, un bar de bord de quai un peu isolé et y rencontre Nelly (Michèle Morgan). Il est attiré par elle, elle est terrorisée par son tuteur, Zabel (Michel Simon) qui a probablement tué son amant. Zabel est aussi poursuivi par les petits gangsters locaux. Un film sombre, tout en ambiances, triste et mélancolique, mais surtout très beau. A noter: le port, le chien, la foire et ses autos tamponneuses et toujours cette nécessité d’avoir des sous-titres pour une partie des dialogues.

The Citadel (King Vidor, Royaume-Uni, 1938) – 3/5: Andrew Manson (Robert Donat) est un jeune médecin idéaliste qui n’a pas peur d’exercer son métier dans des endroits compliqués: un village ouvrier atteint par des épidémies de typhus, une petite ville minière où les ouvriers sont malades, puis il part à Londres avec son épouse (Rosalind Russell) mais se laisse entraîner par la richesse et perd son objectif premier de vue. Ce n’est pas un mauvais film, ce n’est pas non plus un bon film, mais je ne me suis pas ennuyée, sauf un peu pendant la seconde partie. Les accents gallois sont intéressants, la haute société londonienne beaucoup moins.

At the movies – 44 (1930s)

Alexandre Nevski de Sergueï Eisenstein

Captain Courageous, Victor Fleming (1937) – 3/5: Harvey (Freddie Bartholomew), fils d’un des hommes d’affaires les plus riches des Etats-Unis est renvoyé de son école pour cause de tromperies et manigances. Son père qui ne s’est jamais occupé de lui décide de l’emmener en Europe. Harvey tombe du paquebot et est sauvé par des pêcheurs. Il passera plusieurs mois avec eux, partageant leurs activités et apprenant à vivre différemment. J’ai failli abandonner: la première demi-heure suit un ado gâté pourri et insupportable. C’est une fois sur le bateau de pêche que le film devient intéressant. Harvey reste tout aussi insupportable mais Victor Fleming devient documentariste, filmant la vie quotidienne des pêcheurs au cabillaud entre les bancs de sables du Newfoundland. C’est ce qui rend le film intéressant, le scénario étant plutôt bancal, et Spencer Tracy en marin portugais n’est pas très crédible. Avec aussi Lionel Barrymore en capitaine. A noter aussi la superbe course entres voiliers dans une mer assez démontée.

The Prisoner of Zenda, John Cromwell (1937) – 3/5: je me suis dit en commençant ce film: encore un machin historique un peu chiant quelque part dans le passé récent de la Mittel Europa de l’époque. Le prince héritier doit être couronné le lendemain, mais il est drogué par son frère jaloux (Raymond Massey, que je commence à apprécier de plus en plus) et incapable d’assister à la cérémonie. Heureusement se trouvait là Rudolf Rassendyll (Ronald Colman), Anglais et cousin éloigné du prince, mais surtout son sosie parfait. Il prendra donc sa place et se retrouvera mêlé contre son gré à cette aventure. Il y a de belles scènes de combats d’épée dans un château aux ombres et lumières très étudiées, il y a du romantisme dégoulinant (avec Madeleine Carroll en princesse) et surtout un méchant très méchant, l’acolyte du prince joué par Douglas Fairbanks Jr. A noter: la musique d’Alfred Newman, il n’y a pas de chat mais bien une référence à un chat qui serait la cause d’un bruit inopiné.

Pépé le Moko, Julien Duvivier (France, 1937) – 3/5: Pépé le Moko (Jean Gabin), criminel aguerri et recherché par la police, se cache dans la casbah d’Alger, soutenu par divers amis. Il a une compagne, Inès (Line Noro) mais tombe amoureux de la belle touriste française Gaby (Mireille Balin). On y retrouve des éléments du film noir (avant que le style n’explose vraiment) mais aussi de Morocco avec Marlene Dietrich dans les ombres et lumières. Le film est superbe mais je ne peux pas lui donner une cote plus élevée: il y a une dose de whitewashing avec des acteurs français jouant des Algériens et des commentaires sérieusement racistes par moments (notamment à propos de la musique « indigène » qui n’est pas très agréable à écouter). D’un autre côté, il y a deux compositeurs pour la musique, un Français, Vincent Scotto, et un Kabyle, Mohammed Iguerbouchène qui a écrit une musique très locale et très marquée par les traditions du music-hall algérien de l’époque. A noter: un second rôle pour la chanteuse française Fréhel. Et je comprends mieux l’aura de Jean Gabin après ce film, son rôle reste dans les esprits.

Stella Dallas, King Vidor (1937) – 4/5: Stella (Barbara Stanwyck) est une jeune femme issue de la classe ouvrière; elle épouse Stephen Dallas qui est d’une classe bien plus aisée, mais très vite, après la naissance de leur fille Laurel, le couple s’éloigne. Stella n’arrive pas à s’adapter à son rang et reste très vulgaire. Elle fait tout pour sa ville qu’on voit grandir, mais sa vulgarité met des bâtons dans les roues de vie de l’adolescente. J’ai été touchée par cette histoire d’une mère qui se sacrifie par amour pour sa fille, sans doute un peu plus que je n’aurais dû. Il y a en effet des passages pas du tout crédibles dans le film, comme les tenues et surtout les coiffures de Dallas qui deviennent de plus en plus extravagantes et laides, mais peu importe.

Ceci termine les films de 1937 et cela ne m’a pas semblé aussi interminable que 1936, même si j’ai eu l’impression de traîner vers la fin. Mes films préférés sont les screwball comedies, et Un carnet de bal. C’est aussi l’année où j’ai introduit le terme de white washing mais j’aurais déjà pu le faire auparavant; disons que ça m’a tout particulièrement marquée ici. 1938 est une des années où ma liste est assez courte, moins de vingt films.

The Adventures of Robin Hood, Michael Curtiz (1938) – 3/5: tout le monde connaît les aventures de Robin des Bois, popularisées par ce film mené par Errol Flynn (et avec Olivia de Havilland). Il y a de l’action, des combats, des poursuites, le tout dans les couleurs hyper saturées du Technicolor de l’époque. Mon regard a surtout été attiré par les collants verts de Robin et sa troupe, par les paillettes sur le premier costume de Robin, par la perruque trop stylée du roi Jean, et par les costumes en lamé de Lady Marian. Je n’ai sans doute pas apprécié ce film autant que je l’aurais dû vu son succès au fil des ans et Errol Flynn me laisse de marbre. A noter: la musique d’Erich Wolfgang Korngold.

Pygmalion, Leslie Howard & Anthony Asquith (Royaume-Uni, 1938) – 3/5: le professeur Higgins (Leslie Howard) est linguiste et spécialiste des accents britanniques qu’il reconnaît à quelques rues près. Un soir, en rue, il rencontre Eliza Doolittle (Wendy Hiller), vendeuse de violettes qui parle le plus pur cockney de Covent Garden. Il décide d’en faire une dame de la société, lui apprenant l’étiquette, les bonnes manières et l’accent british. Il est assisté par son ami, le Colonel Pickering (Scott Sunderland). C’est l’adaptation d’une pièce de théâtre et ça se sent, mais il est intéressant de voir comment le personnage d’Higgins est centré sur lui-même et rudoie la pauvre Eliza pour obtenir de meilleurs résultats. [spoiler] Mais il est aussi très jouissif de voir comment celle-ci se défend (même si c’est uniquement dans les dernières scènes). Avec une musique d’Arthur Honegger, les costumes avec cardigan en laine sous la veste de Leslie Howard et des robes de Schiaparelli et Worth.

Alexandre Nevski (Sergueï Eisenstein, URSS, 1938) – 4/5: Alexandre Nevski, valeureux guerrier, doit se battre contre les chevaliers teutons (aux superbes casques) qui ont envahi la Russie, le tout au coeur de l’hiver (alors que le film a été tourné en été). Noter ce film a été un peu compliqué: d’un côté, il y a la propagande anti-allemande et le patriotisme non voilé, ainsi que des scènes un peu trop longues et une narration trop linéaire, d’un autre, il y a la beauté fulgurante de certaines des images – et au final, c’est ce qui l’emporte pour moi. A noter aussi, la composition de Sergueï Prokofiev.

At the movies – 43 (1980s, 2000s & 2010s)

Desperately Seeking Susan

Encore une séance de rattrapage de films des années 1980 à 2010, certains déjà vus depuis longtemps, et d’autres vus dans le cadre du boulot.

Girl, Lukas Dhont (Belgique, 2018) – 1/5: Lara, 16 ans, se lance à fond dans ses études de ballet classique; parallèlement elle est dans un parcours de transition, se sentant femme alors qu’elle est née homme. Je suis dure pour ce film que beaucoup de gens ont aimé; j’avais lu quelques commentaires avant de le regarder, notamment venant de la communauté trans. Je me suis sentie mal à l’aise avec la caméra qui filme Lara constamment nue, ou qui, si elle est n’est pas nue, se focalise sur son entrejambe. Cela en devient indécent. Ce film est violent et difficile à regarder, il joue sur le sentimental et les émotions, et ne se focalise que sur le drame.

Paterson, Jim Jarmusch (2016) – 4/5: à une époque je me précipitais pour chaque nouveau film de Jim Jarmusch, et puis j’ai arrêté d’aller au cinéma. Je n’avais donc pas vu ce film de 2016 avec Adam Driver. J’y ai retrouvé certaines ambiances, une musique avec de la steel guitar ou jazz, une histoire qui n’est pas vraiment une histoire, un personnage japonais qui sort d’un peu nulle part. J’ai moins aimé l’étalonnage à la mode à cette époque, avec des turquoises et oranges saturés. Un film très rêveur et dans la lignée du cinéma indépendant américain. #theAdamDriverFilmography

Desperately Seeking Susan, Susan Seidelman (1985) – 4/5: j’avais vu ce film à l’adolescence, étant une grande fan de Madonna à l’époque. Je n’en avais gardé aucun souvenir, et quelle surprise en le revoyant aujourd’hui. Le scénario est un peu compliqué: Jim donne rendez-vous à Susan (Madonna) à New York par l’intermédiaire des petites annonces; Roberta (Rosanna Arquette qui ressemble étrangement à Sarah Michelle Gellar – ou l’inverse plutôt) est femme au foyer et vit dans le New Jersey avec son mari qui vend des spa pour salles de bain. Elle s’ennuie et décide d’aller épier la rencontre de Jim et Susan. Mais elle cogne un poteau et perd la mémoire. Or Susan est poursuivie par un méchant (pour faire simple). L’histoire avance de quiproquo en quiproquo, s’inspirant des screwball comedies des années 1930. Mais ce n’est pas que ça qui fait le charme du film: la ville est superbement filmée, à une époque où elle était sale et dangereuse, habitée par des gens bizarres qui traînaient en rue, et par plein d’artistes aux looks de l’époque. Une scène se passe d’ailleurs au Danceteria, haut lieu de la musique aujourd’hui fermé. C’est féministe: Susan est une femme libre et sans attaches, Roberta se libère au cours de l’histoire; le mari de Roberta est un cliché ambulant. Avec des caméos de John Lurie au saxophone (l’instrument phare du moment – je pense à St Elmo’s Fire), Arto Lindsay comme employé aux petites annonces, ou même Giancarlo Esposito (que je n’ai repéré qu’au générique). A noter: un chat. Yeah, get into the groove… #52filmsbywomen

Chelsea on the Rocks, Abel Ferrara (2008) – 2/5: dans ce documentaire, Abel Ferrara filme les habitants du Chelsea Hotel de New York, souvent avec une caméra à l’épaule qui donne le mal de mer, souvent avec plusieurs personnes présentes lors des interviews, personnes qui interviennent dans les questions-réponses. On a l’impression qu’il n’avait pas vraiment de plan, et puis qu’il a inséré deux passages avec des acteurs représentant Sid & Nancy d’une part, et Janis Joplin de l’autre. Il y a aussi de longs passages sur les effets des attentats du 11 septembre. On sent que c’est la fin de l’hôtel, qui a été vendu à des promoteurs immobiliers, mais l’avenir dira qu’il y avait encore une dizaine d’années de sursis.

Tueurs, François Troukens & Jean-François Hensgens (Belgique, 2017) – 3/5: un thriller et polar belge, reprenant l’histoire des Tueurs du Brabant, lui inventant en quelque sorte une suite. Avec Olivier Gourmet, Lubna Azabal, Bouli Lanners et Kevin Janssens (la scène où il est déguisé en burqa est très drôle). Pas mal mais ça manque un peu de consistance, et il y a quelques éléments invraisemblables, mais Bruxelles, la nuit, est superbement filmée.

The Spy Gone North, Yoon Jong-Bin (Corée, 2018) – 3/5: un film d’espionnage inspiré par une histoire vraie. « Black Venus » est un espion sud-coréen qui infiltre la Corée du Nord pour découvrir si le pays possède ou non l’arme nucléaire. En cours de route, il rencontre le président Kim Jong-Il et se retrouve mêlé à la manipulation des élections en Corée du Sud. Le film montre comment l’espion tisse des relations, de conversation en conversation, de repas en rencontre. Il n’y a aucune action, pas un seul coup de feu est tiré mais il y a une angoisse sous-jacente: va-t-il réussir sa mission ? C’est intéressant mais un peu long. Mais j’ai aimé la tonalité des images et le Beijing des années 1990.

47 Ronin, Carl Rinsch (2013) – 1/5: j’ai parlé de « whitewashing » à propos de films des années 1930, il se passe la même chose ici: pourquoi réaliser un film sur un sujet (de légende) typiquement japonais en donnant le rôle principal à un acteur non-japonais (qu’on fait passer ici pour un sang-mêlé) ? Des tonnes d’effets spéciaux et décors réalisés par ordinateur (avec une mention spéciale pour les images hyper cliché de la fin) achèvent ce film qui se veut bien trop grandiloquent. Pourquoi je l’ai vu ? parce que je commence à travailler sur le sujet des samouraïs (et des yakuzas) et parce que le rôle principal est tenu par Keanu Reeves (le seul point positif de ce film à jeter à la poubelle). #theKeanuReevesFilmography

At the movies – 42 (1930s)

Constance Bennett, Roland Young et Cary Grant dans Topper

Topper, Norman Z. McLeod (1937) – 3/5: Marion (Constance Bennett) et George Kerby (Cary Grant) vivent dans le luxe et s’amusent nuit et jour, jusqu’à ce qu’ils décèdent dans un accident de voiture. Leur banquier, Topper (Roland Young) quant à lui est contrôlé minute par minute par son épouse (Billie Burke). Marion et George sont devenus des fantômes et décident de faire une bonne action: montrer le côté joyeux de la vie à Topper. C’est une comédie virevoltante et assez plaisante à regarder, mais sans plus. A noter: Hoagy Carmichael au piano et un groupe hawaiien non crédité (dans la scène du nightclub), l’architecture art déco.

One Hundred Men and a Girl, Henry Koster (1937) – 2/5: John Cardwell (Adolphe Menjou), tromboniste, cherche désespérément du travail dans un orchestre à New York. Sa fille, l’adolescente Patricia (Deanna Durbin), va œuvrer pour arranger ça. La gamine est énervante au possible (on la traite de « brat » à un moment et c’est vraiment ça), l’histoire ne tient qu’à un fil. Je me demande pourquoi et comment se film a rejoint ma liste du meilleur du cinéma (il a apparemment eu beaucoup de succès à l’époque). A noter: c’est le vrai chef d’orchestre Leopold Stokowski qui joue son rôle.

The Awful Truth, Leo McCarey (1937) – 4/5: Jerry (Cary Grant) et Lucy (Irene Dunne) divorcent suite aux mensonges de l’un et l’autre quant à leurs possibles rencontres extraconjugales. Mais la séparation n’est pas si simple: l’un et l’autre met son grain de sel dans les nouvelles rencontres amoureuses, ce qui crée plein de scènes très drôles. Comique encore accentué par le petit chien du couple (le fox-terrier déjà vu dans The Thin Man). C’est frais, c’est rythmé, c’est plein de quiproquos – une typique screwball comedy de l’époque.

Nothing Sacred, William A. Wellman (1937) – 4/5: encore une screwball comedy et je me rends compte que j’aime ça ! ça ne pose pas trop de questions et c’est drôle. Ici se retrouvent face à face Carole Lombard en jeune femme présumée mourante et Fredric March en journaliste exploitant l’affaire. De quiproquo en quiproquo, le film (en couleurs) passe vite avec ses 75 minutes. A noter: les superbes plans de New York, vue d’en haut, et même un plan de nuit avec plein de néons.

The Good Earth, Sidney Franklin (1937) – 1/5: quand Paul Muni et Luise Rainer jouent des Chinois, dans un film adapté d’un roman de Pearl Buck, ça ne passe pas du tout. Abandonné pour cause de whitewashing et parce qu’on n’a pas donné sa chance à Anna May Wong (qui a un petit rôle dans le film) pour des raisons racistes (le métissage était interdit par le code Hays).

La grande illusion, Jean Renoir (France, 1937) – 4/5: la vie de prisonniers de guerre français dans des camps allemands lors de la Première guerre mondiale, avec tentatives d’évasion et analyse des différentes strates de la société (l’aristocrate Boëldieu joué par Pierre Fresnay, le titi parisien joué par Jean Gabin, Erich Von Stroheim en commandant allemand). Ce film est considéré comme un chef-d’oeuvre depuis plus de 60 ans; je l’ai trouvé intéressant mais je n’ai pas accroché plus que ça, sans doute parce qu’il s’agit d’une histoire d’hommes pendant la guerre.

The Life of Emile Zola, William Dieterle (1937) – 1/5: rien de plus pénible qu’un biopic de l’époque, je trouve. Suite au succès du film à propos de Louis Pasteur, voici un film à propos d’Emile Zola. J’ai été assez décontenancée: toute sa vie est évacuée en moins de 30 minutes et un autre film commence, traitant de de l’affaire Dreyfus. J’ai arrêté là, je n’ai jamais réussi à me passionner pour cette affaire (même si en lisant la page la wikipédia, j’ai appris pas mal de choses). Je me rends compte que je n’aime pas beaucoup Paul Muni (qui joue Zola) non plus, ça n’aide pas. Le film a une certaine importance dans l’histoire d’Hollywood: le nazisme montant en Allemagne, il n’était pas de mise de parler des Juifs ni de l’antisémitisme – le film ne dit d’ailleurs pas que Dreyfus était Juif, on le voit juste furtivement à un moment écrit sur un document.

At the movies – 41 (1930s)

The Hurricane, John Ford

You Only Live Once, Fritz Lang (1937) – 3/5: considéré comme un précurseur du film noir, ce second film de Fritz Lang tourné aux Etats-Unis conte l’histoire très sombre d’Eddie Taylor (Henry Fonda) qui sort de prison et qui souhaite vivre sa vie avec sa nouvelle épouse, Joan (Sylvia Sidney) mais qui est accusé d’un nouveau délit, remis en prison et condamné à la peine de mort. Le film semble un peu trop compact et en effet, 15 minutes ont été censurées parce qu’elles ont été considérées trop violentes. Il y a un côté Bonnie & Clyde par moments, surtout vers la fin. Je n’ai pas trop aimé Henry Fonda, le trouvant un peu inconsistant et trop extrême à la fois. Le jeu des ombres et lumières est à nouveau superbe. A noter: un chat, des trains.

Stage Door, Gregory La Cava (1937) – 3/5: une bande de filles habite dans une pension, toutes sont aspirantes actrices ou danseuses de music-hall. Il y a de nombreuses rivalités, évidemment, le succès pour l’une, le suicide pour une autre, et surtout des dialogues dont le rythme est tellement soutenu qu’il faudrait faire pause pour lire les sous-titres, ou rewind pour les écouter une seconde fois. Avec Katharine Hepburn et Ginger Rogers, et plein de seconds rôles. A noter: un chat qui sert d’écharpe à sa propriétaire.

Un carnet de bal, Julien Duvivier (France, 1937) – 4/5: Christine (Marie Bell) vient de perdre son mari et ne sait plus trop quoi faire de sa vie. Elle retrouve son carnet de bal d’il y a 20 ans et part à la recherche de ses prétendants de l’époque. C’est un film à épisodes qui montre une belle palette d’hommes différents et qui fait un portrait de la société de l’époque. Il y a une grande nostalgie, et surtout le constat que Christine ne s’en est pas si mal sortie. A noter: les danseuses de cabaret au seins nus, la musique du Rico’s Creole Band, et toute une palette d’acteurs, de Raimu à Fernandel.

Dead End, William Wyler (1937) – 4/5: à New York, là où se rencontrent immeubles de luxe et logements misérables, divers personnages vivent leur vie. Même si Sylvia Sidney et Joel McCrea sont en tête d’affiche, il y a aussi un grande place pour Humphrey Bogart et surtout pour les « Dead End Kids », un groupe de jeunes garçons adolescents. C’est intéressant de voir la place qui leur a été donnée, à une époque où les ados ne jouent pas dans les films (ou alors dans le rôles d’enfants). L’histoire est plutôt limitée mais le film reste rythmé avec tous ces personnages différents. Même s’il s’agit d’une adaptation d’une pièce de théâtre, et que donc le lieu de tournage est unique, la beauté des images compense cela, avec de beaux jeux d’ombres et lumières.

Shall We Dance, Mark Sandrich (1937) – 3/5: encore une rom com avec Fred Astaire et Ginger Rogers, au scénario plus que bancal. Mais il y a des scènes vraiment intéressantes comme la promenade des chiens sur le paquebot, la scène dans la salle des machines, ou encore les claquettes en patins à roulettes dans le parc newyorkais (celle-là, tout particulièrement). Par contre je n’ai pas aimé le numéro final. Tous les décors sont en style art déco, avec même des raccords entre le paquebot et la chambre d’hôtel. Avec une musique de George et Ira Gershwin.

A Star is Born, William A. Wellman (1937) – 3/5: Esther (Janet Gaynor) quitte son Dakota natal pour devenir une star à Hollywood. Les débuts sont difficiles, elle n’est pas la seule aspirante actrice, et puis elle rencontre la star Norman Maine (Fredric March) qui est plus souvent ivre que sobre, ce qui nuit à sa carrière. Il s’éprend d’elle et la présente au patron d’un studio (Adolphe Menjou) qui en fait une grande actrice. Esther, devenue Vicki Lester, épouse Norman, et tente de l’aider mais c’est compliqué. Un film d’Hollywood qui ne cache pas comment fonctionne le système hollywoodien de fabrication des stars (mais sans aucune allusion à la dimension sexuelle). Un film qui montre comment une femme nie sa personnalité pour sauver un homme irrécupérable. Pas mal mais sans plus – l’histoire est un peu trop facile (il y aura trois remakes dans le futur).

The Hurricane, John Ford (1937) – 3/5: ce film aurait mérité un 4/5 mais ce n’est pas possible pour diverses raisons. L’histoire se passe sur une île perdue des mers du sud et implique des Français, avec parmi eux l’horrible gouverneur (Raymond Massey) et son épouse (Mary Astor) et le (bon) prêtre (C. Aubrey Smith) ainsi que des locaux, Teranga (Jon Hall) qui est amoureux de Marama (Dorothy Lamour). Teranga est injustement arrêté et mis en prison mais il cherche constamment à s’évader, ce qui alourdit sa peine. Toute la première heure est consacrée à cette « mise en place », avec un bonne dose d’exotisme et de bons sauvages. La dernière partie est consacrée à l’ouragan qui sème la destruction sur l’île. Ces scènes sont assez incroyables, réalisées avec les effets spéciaux de l’époque. Le problème du film, ce sont les acteurs blancs qui jouent des rôles de Polynésiens, l’omniprésence de la religion et des bons sentiments, et les mauvais dont le caractère est vraiment forcé (ils sont vraiment angoissants par moments).

At the movies – 40 (2020s)

Women Talking de Sarah Polley

Three Thousand Years of Longing, George Miller (2022) – 4/5: un film sur la narration, avec des contes – Alithea (Tilda Swinton) est une narratologue britannique en voyage à Istanbul pour donner une conférence. Sans mari et sans enfants, elle se sent heureuse dans son célibat et son métier. Elle achète un petit flacon en verre et en l’ouvrant dans sa chambre d’hôtel, elle libère un djinn (Idris Elba) qui lui demande de faire trois voeux. Connaissant le système, elle ne se laisse pas avoir et demande d’abord au djinn de raconter son histoire – et là on se retrouve dans les mille et une nuits. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Alithea (je lui ressemble un peu), j’ai sans doute moins accroché aux histoires du passé, mais j’ai adoré la fin qui a fait fondre mon coeur, tout en ressentant un certain regret lié à ma situation personnelle (si vous avez vu le film, vous comprendrez sans doute).

Babylon, Damien Chazelle (2022) – 1/5: Damien Chazelle tente de recréer le Hollywood des débuts, des années 1920 et du passage aux films sonores. J’ai détesté: c’est trop long (plus de 3h) et prétentieux, c’est trop Tomorrowland – trop de musique, trop de mouvement, trop de drogue, trop de pipi-caca-vomi. J’ai détesté Margot Robbie qui semble tout droit sortie des années 1980 avec son maquillage et ses vêtements pas du tout de l’époque (le personnage est inspiré par Clara Bow – il suffit de voir ses photos pour se rendre compte que ça ne cadre pas du tout). Brad Pitt m’a toujours laissée indifférente mais au moins il ressemble à un homme de l’époque et c’était drôle de repérer Flea. Alors oui, techniquement, c’est bien fait mais il faut plus que ça aujourd’hui.

Nope, Jordan Peele (2022) – 3/5: en Californie, un mystérieux ovni trouble la vie d’OJ et Em (Daniel Kaluuya et Keke Palmer) qui exploitent un ranch et élèvent des chevaux pour figurer dans des films (ce qui permet un clin d’oeil à l’histoire du cinéma). Ou un néo-western de science-fiction. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher, je me suis même ennuyée pendant tout un temps, et je n’ai pas grand-chose à dire à propos de ce film.

Aftersun, Charlotte Wells (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: Calum (Paul Mescal), jeune père séparé, passe comme chaque année des vacances en Turquie avec sa fille Sophie (Frankie Corio), 11 ans. La réalisatrice écossaise filme la vie de tous les jours, mais il y a une certaine ambiance, une certaine nostalgie, une certaine lourdeur aussi qui est particulièrement accentuée par une musique très sombre, entrecoupée de chansons pop des nineties. Quelques passages très courts montrent une Sophie adulte qui tente de se remémorer le passer. Ce film m’a laissée perplexe au départ, il ne s’y passe pas grand-chose, mais il fait son chemin dans tête et je l’aime de plus en plus. #52FilmsByWomen

Tár, Todd Field (2022) – 4/5: Cate Blanchett est fantastique dans le rôle de Lydia Tár, chef d’orchestre célèbre et aux grandes ambitions, mais au prix de son entourage. Comme lui dit sa compagne Sharon (Nina Hoss), seule leur fille n’a pas été utilisée par elle pour une transaction. Le dernier tiers m’a laissée un peu perplexe mais reste intéressant (et j’aime assez bien l’interprétation de cet article de Slate – à ne lire qu’après avoir vu le film). Avec plein de clins d’oeil au monde de la musique classique, et un score d’Hildur Guðnadóttir, d’ailleurs citée au début du film par Tár comme étant une des seules compositrices féminines. Et un beau rôle aussi pour Noémie Merlant comme l’assistante de Lydia.

Women Talking, Sarah Polley (2022) – 4/5: adapté d’un roman de Miriam Toews (que j’avais commencé mais sans le terminer), ce film est quasi un huis-clos entre femmes d’une secte mennonite qui doivent décider si elles quittent la communauté ou si elles restent en compagnie des hommes dont plusieurs / certains droguent et abusent des femmes pendant la nuit. J’ai aimé les discussions, les arguments allant dans un sens ou l’autre, les personnalités de ces femmes intelligentes même si elles n’ont jamais appris à lire et écrire. Elles sont jouées par Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley (et aussi Frances McDormand dans un petit rôle où son physique fait peur). Une réalisation de Sarah Polley, actrice de certains films culte d’Atom Egoyan, avec une excellente musique d’Hildur Guðnadóttir. J’ai aussi aimé l’étalonnage qui met en avant des couleurs très passées, très neutres, sans aucun éclat. #52FilmsByWomen

Alice, Darling, Mary Nighy (2022) – 3/5: Alice (Anna Kendrick) est en couple avec Simon (Charlie Carrick) mais celui-ci a une grande emprise sur elle, abusant d’elle psychologiquement. Elle est invitée par ses deux amies Tess (Kaniehtiio Horn) et Sophie (Wunmi Mosaku) à un séjour d’une semaine au bord d’un lac et elle ment à Simon, de peur de ne pouvoir y aller. Au début, elle est très fermée, jusqu’au moment où elle craque et ses amies se rendent compte du problème. Le sujet m’a touchée, et j’ai pas mal angoissé en regardant le film, mais je trouve son traitement un peu inégal et le retournement de situation est assez rapide, avec quelques bons gros clichés. Je me suis aussi demandée ce qui se passerait après, car c’est à ce moment-là que c’est souvent le plus difficile. J’attendais plus de ce film après avoir lu la critique de Funambuline mais c’est en effet important qu’il existe. #52FilmsByWomen

At the movies – 39 (1930s)

Le fils unique, Yasujiro Ozu

The Great Ziegfeld, Robert Z. Leonard (1936) – 3/5: un biopic sur la vie de Florent Ziegfeld, le créateur des célèbres « Follies », avec William Powell qui joue le rôle (et Myrna Loy qui joue une de ses épouses). C’est interminablement long – trois heures – et un peu confus et au rythme chaotique mais certains des passages de music-hall sont impressionnants, comme celui filmé sur un escalier en spirale. Avec aussi Fannie Brice, danseuse de burlesque de l’époque qui ne montre qu’un morceau chanté et totalement habillée – dommage et une mention à Little Egypt qui a popularisé la danse du ventre aux Etats-Unis lors de l’expo universelle de Chicago en 1893 (le début du film s’y déroule).

Sabotage, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1936) – 3/5: un film d’Alfred Hitchcock, c’est toujours bien, mais celui-ci est un peu court et confus – on ne connaîtra jamais les raisons du sabotage. Le réalisateur a l’art de faire monter la tension avec des gros plans des personnages, même en montrant dès le début qui le coupable. C’est rythmé, ça montre le Londres de l’époque, et ça se passe en partie dans un cinéma, avec un extrait de Walt Disney. Il y a aussi des canaris, et un magasin entier d’oiseaux, ainsi qu’un chat. Avec Sylvia Sidney.

Le fils unique, Yasujiro Ozu (Japon, 1936) – 4/5: le premier film parlant d’Ozu raconte l’histoire d’une mère qui se sacrifie pour que son fils puisse étudier. Une fois adulte, celui-ci n’est devenu qu’un pauvre enseignant et n’a pas connu la fortune, ce dont se rend compte la mère quand elle vient le visiter à Tokyo. C’est un film sur la déception, et Ozu le raconte par petites touches, augmentant le côté tragique de l’histoire. Les plans sont superbes, comme celui où mère et fils sont assis dans un terrain vague avec un incinérateur en arrière plan. A noter: le canari, le train qui arrive en gare de Tokyo.

These Three, William Wyler (1936) – 4/5: deux amies, Karen (Miriam Hopkins) et Martha (Merle Oberon) rénovent la maison familiale de la seconde et ouvrent une école pour filles. Martha tombe amoureuse de Joseph (Joel McCrea), mais Karen est secrètement attirée par lui. Une des élèves, Mary (Bonita Granville), va provoquer un scandale en inventant toute une histoire à propos des trois adultes. A l’origine, l’histoire est inspirée par deux enseignantes écossaises qui en 1810 ont dû fermer leur école suite à de fausses accusations de relations lesbiennes. Toute mention à l’homosexualité étant bannie dans les années 1930, par la loi et par le code Hays, le scénario a été changé en triangle amoureux. Mais j’ai malgré tout ressenti une certaine attirance entre les deux femmes. J’ai aussi été étonnée par l’histoire qui n’est absolument pas gentillette: Mary, la gamine, est digne des meilleurs films d’horreur dans ses manigances et la tension est palpable, alors que les adultes sont manipulés. Une excellente surprise !

Ceci termine l’année 1936. J’avoue que j’ai eu un peu de mal – c’était assez interminable: il y avait 27 films sur ma liste, ce qui est beaucoup (en général, ça tourne autour de 20) et je les ai tous trouvés (le plus souvent, deux ou trois films sont introuvables). Pour 1935, j’en en ai vu 17. J’ai mieux géré les styles et j’ai terminé en beauté (un peu par hasard, je ne savais pas de quoi parlait These Three quand je l’ai commencé). J’ai aimé les comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers mais elles deviennent un peu cliché: un scénario bancal et quelques jolis passages dansés. J’ai subi beaucoup de films (américains) totalement dépassés dans leur propos, avec de bonnes doses de sexisme et racisme, ou des histoires sans intérêt. Les deux films de William Wyler sortent du lot: Dodsworth et These Three, ainsi que Fury de Fritz Lang, son premier film américain, et Libeled Lady, une malicieuse screwball comedy (dans l’épisode 33, 37 et ci-dessus). Enfin, impossible de ne pas citer les deux films japonais, Les soeurs de Gion de Kenji Mizoguchi et Le fils unique de Yasujiro Ozu qui sont tellement différents du reste du cinéma de l’époque et apportent un grand soin à la beauté des images.

Snow White and the Seven Dwarfs, Walt Disney (1937) – 4/5: un dessin animé que j’ai vu dès mon enfance mais en le revoyant aujourd’hui je me rends compte qu’il y a de nombreux passages vraiment angoissants, heureusement entrecoupés de scènes drôles et légères. J’ai beaucoup aimé l’animation de tous les animaux, bien plus que celle des nains ou de Blanche-Neige. A noter: la chanson yodelée des nains.

Make Way for Tomorrow, Leo McCarey (1937) – 4/5: Bark (Victor Moore) et Lucy Cooper (Beulah Bondi) sont un couple âgé, parents de cinq enfants mais ils ont perdu leur maison (il n’y avait pas encore de pension à l’époque). Aucun des enfants ne peut (veut) héberger les deux ensemble et ils sont alors séparés. Ils vivent dans la tristesse et le regret, tout en étant un poids pour leur progéniture. Bark va finalement être envoyé en Californie chez le cinquième enfant qu’on n’a jamais vu mais passe une dernière journée à New York avec son épouse, et cette journée est magnifique, tout en douceur et nostalgie, avec des inconnus qui font acte de bonté gratuite. La scène de danse à l’hôtel est particulièrement touchante: le chef d’orchestre entame un morceau rapide mais se ravise très vite en voyant le couple hésiter, et enchaîne de suite avec une valse. Ce film a inspiré Yasujiro Ozu (Tokyo Story, 1953). A noter: le couple boit des Old Fashioned (avec un clin d’oeil du barman) et Beulah Bondi n’avait que 48 ans alors qu’elle est censée avoir plus de 70 ans dans l’histoire.

Lost Horizon, Frank Capra (1937) – 3/5: futur secrétaire d’état britannique, Robert Conway (Ronald Colman) organise l’évacuation d’une ville chinoise en révolte et prend le dernier avion. Mais celui-ci est détourné à son insu et se perd dans les montagnes de l’Himalaya. Robert et ses acolytes sont sauvés par les habitants de la région et se retrouvent à Shangri-La, un genre de paradis sur terre où personne ne vieillit. Le film est assez long (mais heureusement pas les six heures du montage d’origine), et j’ai vu une version restaurée: à certains moments il ne reste que la bande-son et des photos remplacent les images perdues. C’est une critique de la société du moment, et surtout de la montée en pouvoir de régimes cherchant la guerre. A part ça, il est intéressant de voir que les bâtiments construits au milieu des montagnes sont en style art déco, plus précisément en style paquebot. Dommage que les femmes soient reléguées à des rôles (très) secondaires et cliché. A noter: l’avion du début est un DC-2, le score de Dmitri Tiomkin.

At the movies – 38 (1980s, 1990s & 2000s)

Still Life, Jia Zhang-Ke

Huit films vus depuis l’été passé, avec une belle collections de films en chinois suite à mes lectures de livres sur le sujet.

Le sorgho rouge, Zhang Yimou (Chine, 1987) – 3/5: une femme (Gong Li) est mariée de force à un vieil homme lépreux (qu’on ne verra pas). Celui-ci meurt et elle prend la tête de la distillerie de vin de sorgho. Elle entame une relation avec l’homme qui l’a sauvée d’un bandit. C’est un film extrêmement esthétique, qui joue sur les couleurs (rouge, ocre, vert), le vent dans le champ de sorgho et les paysages du nord de la Chine. J’avais vu ce film à sa sortie et j’avais beaucoup aimé mais 35 ans plus tard, je le trouve un peu trop emprunté, un peu trop « je filme des belles images et j’oublie le reste » (même s’il y a une histoire tragique avec l’arrivée de l’armée japonaise). #ChineseCinemas

Dante’s Peak, Roger Donaldson (1997) – 3/5: un film catastrophe avec un volcan qui entre en éruption, avec tous les clichés du genre et quelques moments de suspense insoutenable mais j’ai bien aimé. Le beau volcanologue (Pierce Brosnan) aide la maire du village (Linda Hamilton) en sauvant ses enfants qui ont voulu aider une grand-mère têtue qui ne voulait pas quitter sa maison. Il y a plein de trucs invraisemblables du genre: après avoir roulé sur la lave (et donc éclaté ses pneus), le héros continue à utiliser le pick-up comme si de rien n’était. L’explosion du volcan est en tous cas très bien filmée et semble très proche de la réalité.

The Heroic Trio, Johnnie To (Hong Kong, 1993) – 3/5: un trio de choc pour ce film d’action rétrofuturiste de Johnny To: Anita Mui, Michelle Yeoh et Maggie Cheung. L’histoire est très compliquée et pas toujours facile à suivre mais en gros, il y a des enlèvements de bébés, une justicière volante, une femme invisible, un eunuque maléfique, des flics un peu dépassés. Une musique dégoulinante de romantisme accompagne 95% des images (voire plus) et certaines images accentuent ce côté là: les ralentis, la colombe qui s’envole, les drapés des vêtements, la lumière dorée. Un film over-the-top à la hongkongaise mais clairement pas le meilleur. A noter: un chaton, une perruche, une colombe, des oiseaux, des orchidées, des décors qui sont clairement en carton pâte, et l’association d’une moto avec des chevaux. #ChineseCinemas

Me And You And Everyone We Know, Miranda July (2005) – 4/5: un film sans trop d’histoire, qui suit plusieurs personnages plutôt décalés, le père juste divorcé vendeur de chaussures, l’artiste pas encore reconnue qui conduit des personnes âgées et tombe amoureuse du père, les deux enfants qui chattent avec n’importe qui sur internet, la responsable d’un centre d’art contemporain qui chatte sans le savoir avec les deux enfants, les deux filles adolescentes qui découvrent leur pouvoir de séduction, la gamine qui compose déjà son trousseau de mariage. C’est léger, décalé, un peu bizarre mais surtout plein d’une certaine ambiance typique à Miranda July (dont c’est le premier film que je vois mais que j’ai entendu narrer avec beaucoup d’émotion Fire of Love de Sara Dosa et qui était le but du voyage de Sophie Bédard Marcotte dans L.A. Tea Time). #52FilmsByWomen

Even Cowgirls Get the Blues, Gus Van Sant (1993) – 1/5: mais quel mauvais film ! le critique Leonard Maltin résume bien l’affaire (via wikipedia): « The novel was hopelessly dated, and there is not enough peyote in the entire American Southwest to render this movie comprehensible or endurable. » 1h36 d’ennui et d’incompréhension donc, à repérer les divers acteurs cités au générique (et il y en a toute une palette, d’Uma Thurman à Keanu Reeves (en Indien pur souche ?!), d’Udo Kier à Grace Zabriskie… #theKeanuReevesFilmography

The World, Jia Zhang-Ke (Chine, 2004) – 4/5: le film suit une jeune femme, Tao, qui travaille dans un parc d’attractions représentant le monde à Beijing, ainsi que ses amis et collègues. Il analyse leurs relations amoureuses ou pas. C’est un peu long et comporte beaucoup de méandres mais Jia Zhang-Ke arrive à créer de superbes ambiances, grâce aux images mais aussi à la musique électronique de Lim Giong. Il y a ce contraste entre les bâtiments de carton-pâte et la dure réalité de la vie des immigrants à Beijing, une immense ville en construction (c’est la partie qui est montrée). #ChineseCinemas

Still Life, Jia Zhang-Ke (Chine, 2006) – 4/5: Han Sanming arrive à Fengjié, sur les rives du Yang-tsé, une ville qui sera bientôt engloutie suite à la construction du barrage des Trois-Gorges. Il recherche sa femme et sa fille qu’il n’a pas vues depuis 16 ans. Sans le sou, il commence à travailler dans la démolition des bâtiments de la ville. Shen Hong, infirmière, arrive également dans la ville, à la recherche de son mari dont elle veut divorcer. Ces histoires sont un prétexte pour filmer une ville qui se déconstruit progressivement, pour montrer les bouleversements d’une communauté qui va bientôt disparaître. Les images sont superbes, avec souvent des plans longs et panoramiques. Parfois un élément bizarre intervient, comme ce bâtiment en béton très brutaliste qui se transforme en fusée et décolle vers l’univers. C’est un film lent, mais visuellement très beau. #ChineseCinemas

Dong, Jia Zhang-Ke (Chine, 2006) – 3/5: ce documentaire a été filmé en partie pendant le tournage de Still Life, dans la région des Trois-Gorges en Chine, mais aussi à Bangkok. Jia suit le peintre Liu Xiao-Dong et le filme dans un documentaire très silencieux, aux belles images. Mon esprit a pas mal vagabondé mais je ne suis pas mécontente d’avoir vu ce film. #documentary #ChineseCinemas