Han Kang, Impossibles adieux: Gyeongha vit seule à Séoul; elle a du mal à sortir de chez elle; elle bloque sur l’écriture d’un roman. Un matin de décembre, son amie Inseon l’appelle; elle a été hospitalisée d’urgence dans la capitale suite à un accident et lui demande de rejoindre sa maison sur l’île de Jeju pour nourrir son oiseau de compagnie qui risque de mourir si elle ne part pas tout de suite. Gyeongha aimerait se défiler mais ne trouve pas d’excuse. Commence alors son périple vers le centre de Jeju. Elle a pris le dernier avion, les vols suivants sont annulés pour cause d’une tempête de neige. Une fois sur place, un long trajet l’attend pour rejoindre la maison d’Inseon.
Ce roman est un peu déroutant; il raconte des choses très différentes. Il y a d’abord ce court portrait de Gyeongha, puis ces longs moments angoissants pendant la tempête, et enfin la seconde moitié du livre qui raconte des histoires du passé se mêlant au présent et à des souvenirs relatant l’amitié entre Gyeongha et Inseon. J’ai été surprise par cette construction (je n’avais que survolé la quatrième de couverture et ce n’est pas plus mal) mais j’ai été happée par le récit. Il a un long moment de flottement qui crée une atmosphère particulière, comme une porte d’entrée pour parler de choses difficiles (ça revient sur un épisode assez sombre de l’histoire de la Corée – je me suis rendue compte que je ne connais pas grand-chose sur ce pays et wikipédia m’a bien aidée). Ce qu’ont vécu ces femmes et ces hommes est inconcevable et pourtant l’histoire ne fait que se répéter. C’est un roman fort, qui peut déstabiliser par sa forme et son contenu – j’aurais aimé en savoir plus sur la personnalité de Gyeongha, juste abordée au début – mais qui m’a convaincue que je dois lire les autres romans de Han Kang. J’ai tendance à lire les traductions en anglais mais elle se fait attendre pour ce titre. J’ai cependant beaucoup apprécié celle en français, pour sa fluidité et sa poésie.
C’est parce qu’Electra avait posté un billet enthousiaste sur The Vegetarian que plusieurs blogueuses ont décidé de cette lecture commune: Electra, Fanja, Marie-Claude, Ingannmic…
Han Kang, Impossibles adieux, Grasset, 2023, 336p. (traduit du coréen vers le français par Kyungran Choi et Pierre Bisiou, première édition en 2021)