At the movies – 47 (2020s)

Emily

J’ai mis un certain temps à atteindre les sept films pour ce billet, les sorties du moment ne me tentant pas énormément et les arrivages en dvd à mon boulot étant assez décevants. Je suis aussi très prise par mon visionnage de films des années 1930 et des films de yakuzas.

The Banshees of Inisherin, Martin McDonagh (2022) – 2/5: je n’ai pas réussi à accrocher à cette histoire de dispute entre un homme (stupide) (Colin Farrell) qui ne comprend pas que son ancien ami (Brendan Gleeson) ne veut plus lui parler et le lui prouve par des actes extrêmes. Les seuls personnages qui pour moi sauvent l’histoire, c’est la soeur (Kerry Condon) qui a le courage de quitter cette île irlandaise et la vieille dame qui fait un peu peur. Les paysages sont beaux, certes, et les acteurs jouent bien, mais ce film n’était définitivement pas pour moi.

Plan 75, Chie Hayakawa (Japon, 2022) 2/5: dans un futur proche, ou dans un autre présent, le Japon met en place un plan pour lutter contre le vieillissement de la population. Chaque personne âgée pourra dès ses 75 ans demander l’euthanasie et sera accompagnée, mais il s’agit d’une industrie comme une autre. La réalisatrice (dont c’est le premier long-métrage) a créé un film très froid et déprimant, mettant en scène trois personnages principaux sans lien entre eux, Michi, une vieille dame sans famille, Hiromu, un jeune homme qui vend les plans et Maria, une Philippine qui s’occupe des personnes euthanasiées en vue de gagner assez d’argent pour soigner sa petite fille. Le sujet est dur, et le film complètement déprimant, d’où ma cote très peu positive. #52FilmsByWomen

Juste sous vos yeux, Hong Sang-Soo (Corée, 2021) – 2/5: une femme, ancienne actrice, revient en Corée et loge chez sa sœur, avec qui elle commence le début de la journée. Dans l’après-midi, elle rencontre un réalisateur qui veut lui faire tourner un film. L’histoire se limite à ça, ou presque. Un jour, des conversations. C’est très direct, sans artifices, avec de longs plans fixes. Je n’étais pas d’humeur, je me suis ennuyée.

Emily, Frances O’Connor (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: l’histoire d’Emily Brontë, racontée de manière assez romancée. Le film est superbe, à cause de ses images et de ses tonalités mais surtout à cause de l’actrice Emma Mackey que j’aime vraiment beaucoup. Elle joue une Emily de l’époque victorienne mais on y retrouve une sensibilité moderne; c’est une femme passionnée, libre mais aussi pleine d’anxiété, loin de l’image qu’on a d’elle, que sa sœur Charlotte a donné d’elle. Et peu importe si le film n’est pas fidèle à l’histoire (certains lui reprochent la possible invention de relation amoureuse d’Emily). #52FilmsByWomen

65 (Scott Beck & Bryan Woods, 2023) – 2/5: ou le divertissement où on met son cerveau en vacances. Mills (Adam Driver) s’écrase sur une planète inconnue avec son vaisseau spatial; il y a une survivante, une fillette qui ne parle pas la même langue que lui. Ils partent à la recherche du vaisseau de secours qui s’est écrasé plus loin mais ils découvrent une terre où vivent encore les dinosaures, qui les pourchassent. Il y a de l’action, mais quasi pas de dialogues vu que les deux survivants ne se comprennent pas. Les dinosaures sont pas mal mais qui veut encore voir un film avec ces bestioles aujourd’hui ? Un film que je n’aurais jamais regardé s’il n’y avait pas Adam Driver comme acteur principal. #theAdamDriverFilmography

Empire of Light (Sam Mendes, Royaume-Uni, 2022) – 3/5: toute l’histoire tourne autour des employés d’un cinéma en bord de mer, au début des années 1980. Hilary (Olivia Colman) est bipolaire et prend du lithium; elle est plus ou moins forcée d’avoir des relations sexuelles avec son boss (Colin Firth). Et puis arrive Stephen (Micheal Ward), un jeune homme d’origine caribéenne. On est à une époque où le racisme est omniprésent, avec de nombreux groupes de skinheads qui partent en chasse. Sur cette trame de fond, une relation naît entre Hilary et Stephen. L’histoire est un peu confuse, ne sachant pas trop quel parti choisir: parler de racisme ou de troubles mentaux, d’amour ou d’amitié. Mais j’ai adoré le cinéma, un superbe bâtiment art déco, et les ambiances de bord de mer (qui me donnent envie de recenser les films qui se passent là, avec les promenades et les digues).

John Wick: Chapter 4 (Chad Stahelski, 2023) – 4/5: c’est un peu long, et il y a une série de clichés (les cerisiers en fleur au Japon, les Parisiens portant une casquette et une baguette), mais quel beau film. J’ai adoré le travail sur les couleurs, le côté néo-noir très affirmé (quasi tout se passe de nuit), les scènes de combat très chorégraphiées (celle sur l’escalier !), avec parfois quelques touches d’humour, le lien avec le monde des samouraïs (les armes, mais aussi l’expo avec les armures), le côté jeu vidéo (la scène filmée de haut), les décors (Berlin surtout), Donnie Yen en tueur aveugle, et puis évidemment Keanu Reeves (qui n’a sans doute pas eu de soucis pour retenir son texte tant il parle peu dans ce film). #theKeanuReevesFilmography

Vous avez vu certains de ces films ? Qu’en avez-vous pensé ? Vous avez des films à conseiller ?

At the movies – 40 (2020s)

Women Talking de Sarah Polley

Three Thousand Years of Longing, George Miller (2022) – 4/5: un film sur la narration, avec des contes – Alithea (Tilda Swinton) est une narratologue britannique en voyage à Istanbul pour donner une conférence. Sans mari et sans enfants, elle se sent heureuse dans son célibat et son métier. Elle achète un petit flacon en verre et en l’ouvrant dans sa chambre d’hôtel, elle libère un djinn (Idris Elba) qui lui demande de faire trois voeux. Connaissant le système, elle ne se laisse pas avoir et demande d’abord au djinn de raconter son histoire – et là on se retrouve dans les mille et une nuits. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Alithea (je lui ressemble un peu), j’ai sans doute moins accroché aux histoires du passé, mais j’ai adoré la fin qui a fait fondre mon coeur, tout en ressentant un certain regret lié à ma situation personnelle (si vous avez vu le film, vous comprendrez sans doute).

Babylon, Damien Chazelle (2022) – 1/5: Damien Chazelle tente de recréer le Hollywood des débuts, des années 1920 et du passage aux films sonores. J’ai détesté: c’est trop long (plus de 3h) et prétentieux, c’est trop Tomorrowland – trop de musique, trop de mouvement, trop de drogue, trop de pipi-caca-vomi. J’ai détesté Margot Robbie qui semble tout droit sortie des années 1980 avec son maquillage et ses vêtements pas du tout de l’époque (le personnage est inspiré par Clara Bow – il suffit de voir ses photos pour se rendre compte que ça ne cadre pas du tout). Brad Pitt m’a toujours laissée indifférente mais au moins il ressemble à un homme de l’époque et c’était drôle de repérer Flea. Alors oui, techniquement, c’est bien fait mais il faut plus que ça aujourd’hui.

Nope, Jordan Peele (2022) – 3/5: en Californie, un mystérieux ovni trouble la vie d’OJ et Em (Daniel Kaluuya et Keke Palmer) qui exploitent un ranch et élèvent des chevaux pour figurer dans des films (ce qui permet un clin d’oeil à l’histoire du cinéma). Ou un néo-western de science-fiction. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher, je me suis même ennuyée pendant tout un temps, et je n’ai pas grand-chose à dire à propos de ce film.

Aftersun, Charlotte Wells (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: Calum (Paul Mescal), jeune père séparé, passe comme chaque année des vacances en Turquie avec sa fille Sophie (Frankie Corio), 11 ans. La réalisatrice écossaise filme la vie de tous les jours, mais il y a une certaine ambiance, une certaine nostalgie, une certaine lourdeur aussi qui est particulièrement accentuée par une musique très sombre, entrecoupée de chansons pop des nineties. Quelques passages très courts montrent une Sophie adulte qui tente de se remémorer le passer. Ce film m’a laissée perplexe au départ, il ne s’y passe pas grand-chose, mais il fait son chemin dans tête et je l’aime de plus en plus. #52FilmsByWomen

Tár, Todd Field (2022) – 4/5: Cate Blanchett est fantastique dans le rôle de Lydia Tár, chef d’orchestre célèbre et aux grandes ambitions, mais au prix de son entourage. Comme lui dit sa compagne Sharon (Nina Hoss), seule leur fille n’a pas été utilisée par elle pour une transaction. Le dernier tiers m’a laissée un peu perplexe mais reste intéressant (et j’aime assez bien l’interprétation de cet article de Slate – à ne lire qu’après avoir vu le film). Avec plein de clins d’oeil au monde de la musique classique, et un score d’Hildur Guðnadóttir, d’ailleurs citée au début du film par Tár comme étant une des seules compositrices féminines. Et un beau rôle aussi pour Noémie Merlant comme l’assistante de Lydia.

Women Talking, Sarah Polley (2022) – 4/5: adapté d’un roman de Miriam Toews (que j’avais commencé mais sans le terminer), ce film est quasi un huis-clos entre femmes d’une secte mennonite qui doivent décider si elles quittent la communauté ou si elles restent en compagnie des hommes dont plusieurs / certains droguent et abusent des femmes pendant la nuit. J’ai aimé les discussions, les arguments allant dans un sens ou l’autre, les personnalités de ces femmes intelligentes même si elles n’ont jamais appris à lire et écrire. Elles sont jouées par Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley (et aussi Frances McDormand dans un petit rôle où son physique fait peur). Une réalisation de Sarah Polley, actrice de certains films culte d’Atom Egoyan, avec une excellente musique d’Hildur Guðnadóttir. J’ai aussi aimé l’étalonnage qui met en avant des couleurs très passées, très neutres, sans aucun éclat. #52FilmsByWomen

Alice, Darling, Mary Nighy (2022) – 3/5: Alice (Anna Kendrick) est en couple avec Simon (Charlie Carrick) mais celui-ci a une grande emprise sur elle, abusant d’elle psychologiquement. Elle est invitée par ses deux amies Tess (Kaniehtiio Horn) et Sophie (Wunmi Mosaku) à un séjour d’une semaine au bord d’un lac et elle ment à Simon, de peur de ne pouvoir y aller. Au début, elle est très fermée, jusqu’au moment où elle craque et ses amies se rendent compte du problème. Le sujet m’a touchée, et j’ai pas mal angoissé en regardant le film, mais je trouve son traitement un peu inégal et le retournement de situation est assez rapide, avec quelques bons gros clichés. Je me suis aussi demandée ce qui se passerait après, car c’est à ce moment-là que c’est souvent le plus difficile. J’attendais plus de ce film après avoir lu la critique de Funambuline mais c’est en effet important qu’il existe. #52FilmsByWomen

At the movies – 35 (1930s)

My Man Godfrey, Gregory La Cava (wikicommons)

Mr. Deeds Goes to Town, Frank Capra (1936) – 3/5: c’est toujours un plaisir de voir Gary Cooper. Dans ce film, il joue un personnage a priori un peu simple d’esprit (ce n’est pas le cas) qui vient d’hériter une fortune. Le film est assez prenant mais s’achève sur une longue et ennuyeuse scène de procès. Avec Jean Arthur en blonde intrigante.

Rembrandt, Alexander Korda (Royaume-Uni, 1936) – 3/5: le film raconte la vie de Rembrandt (Charles Laughton), son peu de succès, ses amours. C’est très statique, avec pas mal de plans larges ou moyens et une belle lumière qui évoque le nord de l’Europe. J’y ai retrouvé avec plaisir Elsa Lanchester mais je n’ai pas plus à en dire.

Swing Time, George Stevens (1936) – 3/5: la sixième collaboration entre Fred Astaire et Ginger Rogers, toujours aussi séduisants dans leurs chorégraphies. Pour le reste, comme d’habitude, le scénario laisse un peu à désirer, et il y a un grand moment de mou (le début de la scène dans la (fausse) neige). D’ailleurs toute cette scène est assez incohérente: Ginger s’y promène en escarpins sans avoir les pieds mouillés, et les acteurs se baladent en voiture décapotable alors que la neige tombe à gros flocons. A noter: les jeux de cartes et de casino.

Things to Come, William Cameron Menzies (Royaume-Uni, 1936) – 2/5: il y a quelques bonnes idées dans ce film de science-fiction adapté d’un roman de H.G. Wells mais aussi beaucoup de moments de flou, voire même d’ennui. A 30 minutes de la fin, l’histoire semble se clore mais on est partis pour un nouveau chapitre totalement futuriste se passant en 2036 avec de superbes décors. Le film avait commencé en 1940 avec le début d’une guerre mondiale et ces images sont assez angoissantes à cause du montage saccadé (et aussi parce qu’on sait qu’elles seront vraies bientôt). Un peu trop de sujets importants sont abordés et mélangés, du pacifisme à la dictature en passant par les progrès de la science.

Le crime de Monsieur Lange, Jean Renoir (France, 1936) – 2/5: Monsieur Lange a assassiné un homme et prend la fuite avec sa compagne Valentine. Celle-ci raconte aux gens qui veulent le dénoncer ce qui s’est passé auparavant. Il écrivait des histoires de cowboys et d’Indiens mais l’imprimeur, Batala, était un vrai salaud, et un coureur de jupons. Quand celui-ci disparaît dans un accident de train, les ouvriers transforment l’imprimerie en coopérative. Il y a des éléments très positifs dans ce film (la coopérative et le socialisme), la manière de filmer avec les jeux d’ombres et lumières, mais il y en a un autre qui me bloque complètement avec mon point de vue actuel: une femme, Estelle, n’ose pas repousser les avances de l’imprimeur et est violée (hors écran) par lui, a un enfant de lui mais – oh miracle – l’enfant meurt à la naissance. Tout ça un peu facile et le viol n’est jamais remis en question.

My Man Godfrey, Gregory La Cava (1936) – 3/5: lors d’une « course aux objets », Irene (Carole Lombard) découvre Godfrey (William Powell), un homme sans emploi travaillant à la décharge de New York. Elle l’engage comme majordome, mais sa sœur Cornelia ne le supporte pas. Une screwball comedy où les dialogues fusent dans tous les sens, avec certaines répliques très drôles (même si le sous-titrage ne transmet pas tout). J’ai passé un bon moment sans prise de tête. A noter: le petit chien pékinois.

Anthony Adverse, Mervyn LeRoy (1936) – 2/5: un film bien trop long (2h20), épique, qui prend le temps de raconter pendant une demi-heure comment le personnage principal Anthony Adverse (Fredric March) a été conçu. Après, l’histoire se perd en divers méandres de Livourne à La Havane, en passant par l’Afrique (le titre français révèle ce qui se passe après 1h15: Marchand d’esclaves) puis Paris et la cour de Napoléon. Avec aussi Olivia de Havilland pour attirer le public et entrer dans la course aux Oscars (le film en a reçu 4 mais pas les plus importants). Le score d’Erich Wolfgang Korngold est grandiloquent et surtout omniprésent, ne laissant quasi aucun moment de silence. J’ai cependant aimé deux personnages secondaires, deux femmes aux rôles maléfiques: Gale Sondergaard qui joue Faith, toujours habillée en noir, et Steffi Duna qui joue Neleta, une beauté sauvage en Afrique (mais à la peau claire) qui offre de superbes moments d’exotica, y compris dans la musique.

This Is How You Lose the Time War

Amal El-Mohtar & Max Gladstone, This Is How You Lose the Time War: dans les cendres d’un monde qui se meurt, Red trouve une lettre. Commence alors un échange épistolaire avec Blue. Le roman nous plonge dans un monde qui semble bien différent au premier abord et les éléments pour comprendre le contexte sont très ténus au départ. La quatrième de couverture aide un peu à établir le tableau: Red et Blue sont deux voyageuses dans le temps, au service de deux entités différentes et en guerre. Mais ce n’est pas cela le plus important, le coeur du roman est dans les lettres qui dévoilent une connivence grandissante entre les deux protagonistes alors que tout les oppose. Et comme il y a voyage dans le temps, les auteurs jouent avec celui-ci: on reconnaît des bribes de civilisations du passé et il y a un jeu de cycles temporels.

Je n’aurais jamais acheté ce livre (même après les commentaires élogieux de A_Girl_From_Earth – j’étais passée complètement à côté) mais un ami me l’a offert pour mon anniversaire. Nous avions eu quelques jours auparavant des discussions sur nos lectures et plus précisément sur les voyages dans le temps suite au dernier roman d’Emily St John Mandel qu’il venait d’entamer. A vrai dire, c’est quasi la seule frange de la SF que j’aime lire, avec les uchronies (il y a aussi cette question de temps, du passé), alors que j’ai beaucoup de mal avec les mondes construits de toutes pièces. J’ai d’ailleurs eu du mal au début de ce roman, parce que j’avais l’impression de ne rien comprendre, mais je me suis laissée prendre par l’écriture, par Red et par Blue. Chacun des auteurs a écrit une partie, mais ils l’ont fait ensemble, simultanément, lisant la lettre écrite par l’autre dès qu’elle était terminée. J’ai senti un sentiment d’urgence, d’immédiateté mais surtout un très grand respect de l’autre, respect qui se transforme au fil des pages en quelque chose de bien plus profond. J’ai été très touchée par les émotions, par la sensibilité qui émane des personnages et j’ai laissé de côté mes incompréhension du monde dans lequel ils vivent. A vrai dire, c’est un roman que je devrais relire, pour mieux le comprendre mais je perdrais peut-être cette première impression de flottement. L’écriture est belle, poétique par moments, et m’a fait penser à Emily St John Mandel, justement. Parfois, m’offrir une « wild card » peut avoir un résultat bien plus important que prévu !

Amal El-Mohtar & Max Gladstone, This Is How You Lose the Time War, Saga Press, 2020, 198p. (traduit en français: Les oiseaux du temps)

At the movies – 24 (2000s)

De Zaak Alzheimer – Jan Decleir et Anvers

Ce billet a mis un certain temps à se compléter, je l’ai commencé quelque part en novembre ou décembre (avec des notices très courtes) ! Il complète les filmographies de Mike Mills et Ryusuke Hamaguchi.

3:10 to Yuma, James Mangold (2007) – 3/5: un remake du western de 1957 mais plus sombre, plus axé sur l’appât du gain. Malgré son jeu très détaché, je n’ai pas aimé Russell Crowe, et pas trop non plus Christian Bale. La musique de Marco Beltrami est très bien par contre.

The Matrix Reloaded, The Wachowskis (2003) – 3/5: l’effet de surprise est un peu retombé, et les histoires dans la matrice sont moins intéressantes à mon avis. Il y a aussi pas mal de remplissage, notamment avec la gigantesque rave-party du début. Une chose qui m’a marquée: la diversité des figurants et même des acteurs. #theKeanuReevesFilmography

The Matrix Revolutions, The Wachowskis (2003) – 3/5: trop d’effets spéciaux tuent les effets spéciaux. C’était pas mal mais sans plus, et il a trop de scènes sans Keanu Reeves. #theKeanuReevesFilmography

Thumbsucker, Mike Mills (2005) – 3/5: le premier film de Mike Mills (dont je compte voir toute la filmographie, ce qui fait quatre films en tout – c’est fait depuis). Justin, un adolescent très réservé de 17 ans, vit avec sa famille dans l’Oregon (sa mère est jouée par Tilda Swinton). Il suce toujours son pouce et n’arrive pas à ce débarrasser de cette habitude. Au cours du film, il va explorer diverses solutions (dont une qui tourne mal proposée par son orthodontiste joué par Keanu Reeves) pour finalement grandir et trouver sa voie. Un film sur un ado, mais aussi sur des parents largués, encore un peu enfants eux-mêmes. Plaisant mais pas un chef-d’œuvre. #theMikeMillsFilmography #theKeanuReevesFilmography

Passion, Ryusuke Hamaguchi (Japon, 2008) – 2/5: film de fin d’études du réalisateur et ça se sent. Tous les éléments de ses futures productions sont en place – les longues discussions entre protagonistes, les plans fixes, les vues d’immeubles et d’autoroutes qui ne permettent pas de reconnaître la ville, les couleurs délavées – mais je me suis perdue dans cette histoire d’hommes et femmes du début de la trentaine. Qui sort finalement avec qui ? ça change à tout moment dans le film. #theRyusukeHamaguchiFilmography

De zaak Alzheimer, Erik Van Looy (Belgique, 2003) – 4/5: il est étonnant que je n’avais pas vu ce film plus tôt, et c’est finalement la sortie future d’un (mauvais) remake américain qui m’a poussée à la voir. C’est un thriller policier, avec un tueur (Jan Decleir) qui perd tout doucement la mémoire, et plein de liens dans le milieu de la politique, des grandes entreprises et de la justice. Deux flics (un des deux est Koen De Bouw) sont sur sa trace. On est en 1995 – l’année où Julie et Mélissa ont été retrouvées mortes – et le film met le doigt sur tout ce qui ne va pas dans la police et l’état (en particulier police et gendarmerie qui se mettent des bâtons dans les roues). C’est cru et violent, avec quelques moments très drôles si on connaît le contexte belge. A noter: la technologie de 1995 (quasi pas de téléphones portables, les ordis aux écrans cathodiques, les voitures de l’époque – il y a une Golf de la gendarmerie), les vues d’Anvers, l’anversois. J’ai adoré !

Into the Wild, Sean Penn (2007) – 2/5: ce film m’a dérangée, pas au niveau de la réalisation mais bien à cause du personnage principal que j’ai trouvé imbuvable. Il s’agit de l’histoire vraie de Christopher McCandless, étudiant idéaliste qui prend la route pour finalement se perdre en Alaska. C’est son idéalisme et sa naïveté extrêmes qui m’ont dérangée, parce que c’est plutôt de l’inconscience totale de partir avec si peu de préparation en Alaska(c’est là qu’on voit que je peux être assez rigide dans certaines situations, ou que je pense trop à tout ce qui pourrait arriver à l’avance plutôt que de me lancer). Tout le monde a encensé ce film à l’époque, y compris pour les chansons d’Eddie Vedder mais même celles-ci ne m’ont rien fait. J’en ai discuté depuis avec des collègues qui sont tout à fait d’accord avec moi – bref un film qui a vieilli. A part ça, c’est un beau voyage parmi les paysages sauvages des Etats-Unis.

Sea of Tranquility

Emily St. John Mandel, Sea of Tranquility: en lisant la première partie de ce roman, on se demande un peu ce que veut raconter Emily St. John Mandel: en 1912, Edwin St. Andrew, arrive au Canada où il a été envoyé par ses parents, comme fils cadet qui n’héritera pas de la propriété familiale située en Angleterre. Il continue son voyage jusqu’à l’île de Vancouver, avec de nombreux arrêts en cours de route, se laissant vivre et buvant beaucoup. Sur l’île, il a un malaise dans la forêt, au pied d’un érable. L’histoire fait ensuite plusieurs sauts dans le temps, ce qui nous permet de retrouver Vincent (The Glass Hotel) et Mirella, puis elle nous présente Olive Llellewyn, autrice qui fait une tournée pour présenter son roman, et enfin Gaspery-Jacques Roberts qui vit dans une des colonies sur la lune, au 25e siècle.

Emily St. John Mandel propose une histoire qui mêle passé et futur, avec voyage dans le temps, dans une construction en miroir, dévoilant au fur et à mesure divers éléments qui mènent à la résolution d’une histoire, un peu comme un roman policier où le détective découvre peu à peu les indices. Dès la seconde partie, j’ai été passionnée par le récit, mais surtout par le ton. Comme dans ses romans précédents, l’autrice fait passer un fort sentiment de nostalgie et une certaine tristesse qui envahit très vite le lecteur (quelqu’un sur Goodreads faisait remarquer qu’il était peut-être temps qu’elle change son style, mais pour moi, cela fonctionne très bien pour ce roman). Et j’ai adoré le retour de Vincent.

C’est le premier roman que je lis qui parle aussi clairement de la pandémie, et qui spécule sur un monde futur où elles seront courantes et où la population a l’habitude de vivre avec la maladie. On sent que l’autrice s’est inspiré de ce qu’elle vivait au moment de l’écriture et le roman est marqué par notre époque. J’ai lu ce roman en trois jours, dévorant plus d’une centaine pages en une fois (je lis plus lentement en anglais) et j’en suis sortie toute retournée (à tel point que j’ai beaucoup de mal à m’habituer au roman suivant et que quelques jours après l’avoir terminé, je monte sa cote de 4 à 5). Je ne suis pourtant pas amatrice de romans de science-fiction, mais j’adore les voyages dans le temps. Peut-être que je devrais ajouter à ma PAL les premiers romans d’Emily St. John Mandel…

Emily St. John Mandel, Sea of Tranquility, Knopf, 2022, 255p.

At the movies – 18 (2010s)

The Witch, Robert Eggers

Merci pour vos réponses lors de mon sondage dans l’épisode précédent. Je garde donc le découpage par décennies.

Senses, Ryusuke Hamaguchi (Japon, 2015) – 3/5: j’ai longtemps hésité pour la note de ce film. Il dure plus de cinq heures et c’est bien trop long. En même temps, ça laisse le temps à Ryusuke Hamaguchi de faire un portrait très fin de quatre amies de la fin de la trentaine, vivant à Kobé. L’une d’entre elle veut divorcer de son mari et c’est compliqué; les autres se posent des questions quant à leurs relations amoureuses. Ce qui est long, ce sont certaines scènes de discussions qui ne sont quasi pas coupées et où la caméra ne bouge pas forcément beaucoup. Mais j’ai aimé la sensibilité et les émotions des femmes; c’est un portrait très réaliste (et on se rend compte que le Japon a encore du boulot au niveau du droit des femmes). Comme les autres films d’Hamaguchi, les couleurs sont désaturées et les paysages essentiellement urbains. #theRyusukeHamaguchiFilmography

The Witch, Robert Eggers (2015) – 4/5: j’ai beaucoup de mal à parler de ce film que j’ai pourtant beaucoup aimé, alors qu’a priori je n’apprécie pas trop les films d’horreur. Mais il y a bien plus que de l’horreur, ici, et il ne faut pas réduire le film à ça. C’est une histoire de sorcière (Anna Taylor-Joy) dans l’Amérique des années 1630, dans une famille encore plus puritaine que les puritains du village qu’ils quittent. Il y a cette force du patriarcat et ce désir profond de s’en libérer, sauf qu’à cette époque c’est impossible. La reconstitution historique est précise jusque dans les moindres détails (maison, vêtements…). Quant aux couleurs, elles sont fades et passées, représentant l’hiver où tout est en hibernation. Il y a juste une touche de rouge: le manteau d’une sorcière, le sang qui coule. Il faut que je voie les autres films de Robert Eggers, c’est clair (c’est fait depuis, il n’y en a que trois en tout – voir ci-dessous et ici pour The Northman) !

The Lighthouse, Robert Eggers (2019) – 3/5: me voilà de retour avec un autre film de Robert Eggers mais… je me suis profondément ennuyée. L’histoire est celle d’un huis-clos, de deux hommes (Willem Dafoe et Robert Pattinson) sur une île isolée devant s’occuper d’un phare, à la fin du 19e siècle, quelque part entre thriller et film psychologique, avec de nombreuses scènes de beuverie. Visuellement par contre, c’est superbe, avec un noir et blanc très contrasté et dans un format presque carré. J’ai souvent pensé à la lumière des films des années 1930. Il y a de nombreuses références phalliques (évidemment, avec un phare) et mythologiques (les sirènes, les dieux grecs).

Hungry Hearts, Saverio Costanzo (Italie, 2014) – 2/5: s’il n’y avait pas eu Adam Driver dans ce film, je ne l’aurais sans doute jamais regardé. Il commence comme une comédie romantique: Jude rencontre Mina alors qu’ils sont enfermés dans les toilettes d’un restaurant. Ils se marient et ont un enfant. Et c’est là que ça bascule: Mina, par souci de « pureté », ne nourrit pas assez le petit (qui n’a pas de nom) et Jude s’en rend compte. Il tente d’agir, mais ça devient du grand n’importe quoi mélodramatique. Je regarde souvent combien de temps il reste avant la fin, et quand j’ai vu qu’il n’y avait plus que 15 minutes alors qu’on était loin d’une conclusion intéressante, j’ai compris que ce serait expéditif (et particulièrement WTF). A noter: les belles images de New York et Coney Island, et Adam Driver évidemment. #theAdamDriverFilmography

While We’re Young, Noah Baumbach (2014) – 4/5: un couple newyorkais de la quarantaine rencontre un couple de la vingtaine et est séduit par leur fraîcheur. C’est la base de l’histoire mais c’est plus complexe que ça, et c’est aussi très drôle de voir comment on devient vite un « vieux con ». Avec Ben Stiller et Naomi Watts d’un côté et Adam Driver et Amanda Seyfried de l’autre. Je me rends compte que j’aime vraiment les films de Noah Baumbach (comme quoi c’est parfois intéressant de voir tous les films d’un acteur) et son analyse de la vie quotidienne d’une certaine catégorie d’habitants de New York (que je qualifierais d’intellos arty). #theAdamDriverFilmography

Downton Abbey, Michael Engler (2019) – 3/5: un plaisant retour à Downton Abbey (j’ai vu toute la série) mais une histoire quand même un peu très limitée: le roi et la reine viennent à Downton Abbey et toute l’organisation du château est chamboulée par ça. Heureusement, il y a quelques histoires secondaires. J’aime toujours autant les discussions entre Lady Violet et Lady Merton.

Star Wars: Episode VII – The Force Awakens, J.J. Abrams (2015) – 3/5: je n’ai jamais été une grande fan de films de science-fiction, et même Star Wars, j’ai mis très longtemps à les regarder (au point que je le considérais comme un trou dans ma culture). J’ai vu les six premiers film en une fois, il y a sans doute une quinzaine d’années, et là, je reprends le fil. Le prétexte est mince: c’était le film suivant dans la filmographie d’Adam Driver. Est-ce que je me suis un peu ennuyée ? oui. Mais est-ce que j’ai regardé jusqu’au bout en me rappelant le premier film ? oui. A part ça, je n’ai pas vraiment plus à dire. #theAdamDriverFilmography

The rise and fall of D.O.D.O.

Neal Stephenson & Nicole Galland, The rise and fall of D.O.D.O.: Melisande Stokes travaille à Harvard dans le département de linguistique. Elle connaît de nombreuses langues anciennes et éveille l’intérêt de Tristan Lyons, qui est un officier dans une agence militaire secrète. Il lui propose de l’aider sur un projet ultra confidentiel, et elle accepte. Elle commence alors à traduire de nombreux documents en langues diverses qui offrent la preuve que la magie existait dans le passé mais qu’elle a disparu au moment de l’Exposition Universelle de Londres en 1851. Leur but sera donc de faire revivre la magie dans ce Département des Opérations Diachroniques, D.O.D.O. Cela impliquera une machine très particulière et une sorcière qui a bravé le temps, ainsi qu’une équipe grandissante de collaborateurs. Les voyages dans le passé deviennent possibles mais apportent leur lot de problèmes et d’aventures.

Parmi mes romans favoris de tous les temps, il y a le Cryptonomicon de Neal Stephenson, et même si je n’ai jamais réussi à terminer le premier tome du Baroque Cycle, je reste attirée par ses romans. Celui-ci n’a pas la meilleure cote sur Goodreads et j’ai longtemps reporté sa lecture, aussi parce que c’est un pavé. Les débuts sont virevoltants, l’histoire avance à chaque page, les allusions à la pop culture sont nombreuses, les voyages dans le temps sont extrêmement bien décrits au niveau historique, et puis arrive un long ventre mou. Des pages et des pages de écrites sous le mode de rapports officiels qui sont assez ennuyeux à lire, même s’ils font quand même avancer un peu le récit. En tant que lectrice, j’aurais préféré d’autres voyages, d’autres descriptions du passé, mais les auteurs ont décidé d’insister sur le temps présent, et c’est bien dommage. Les cent dernières pages reprennent heureusement le rythme effréné du début (impliquant notamment une bande de Vikings lâchés dans un Walmart), mais le roman reste trop long. Une demi-déception donc. Une seconde partie devrait sortir cet hiver, mais elle est écrite uniquement par Nicole Galland. Je ne suis pas sûre que je vais me jeter dessus même si la première partie se termine par de nombreuses questions.

Le problème à trois corps

Liu Cixin, Le problème à trois corps: a priori, je n’aime pas la science-fiction. Et pourtant j’ai été tentée par ce roman à la suite du billet d’Ingannmic, avec qui je m’entends souvent au niveau des lectures. Une mise en garde: ne lisez pas la quatrième de couverture, ou même le résumé sur Goodreads: cela raconte des choses qui arrivent à la moitié du roman. Le livre commence avec l’exécution publique du père de Ye Wenjie, éminent scientifique, par les Gardes Rouges en pleine Révolution Culturelle. Sa fille est bannie et envoyée en rééducation puis invitée à travailler dans une base scientifique où se trame le mystérieux projet Côte Rouge, sachant qu’elle n’en sortira jamais. Ce projet envoie des ondes radio dans l’espace, espérant une réponse. La suite du roman se passe aujourd’hui et suit Wang Miao, spécialiste en nanotechnologies. Celui-ci vit des choses bizarres et inexplicables. Ceci n’est que le début d’une histoire très fouillée, notamment au niveau scientifique.

Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman: d’un côté, j’ai beaucoup apprécié l’ancrage dans la réalité des années 60 et d’aujourd’hui mais d’un autre, j’ai été perdue par les renseignements scientifiques. Je n’ai jamais vraiment accroché à ces matières et je connais peu sur le sujet. Certains passages m’ont semblé longs et pourtant j’ai continué ma lecture, happée par le récit – ceci explique ma cote de 3 étoiles. Il s’agit d’un roman complexe, aux multiples facettes, qui m’a fait penser quelque part à du Neil Stephenson dans le Cryptonomicon (qui est un roman que j’ai adoré). Est-ce que je lirai la suite ? Je ne sais pas encore…

Station Eleven

41pjgnn6lvl-_sx210__zpspo7egd5dEmily St. John Mandel, Station Eleven: dans un futur très proche, le monde a été décimé par la grippe de Géorgie, 90% de la population a péri à cause de cette maladie foudroyante. Le roman suit une troupe de survivants qui, vingt ans plus tard, parcourent les routes d’Amérique du Nord et s’arrêtent dans les communautés pour jouer des pièces de Shakespeare ou interpréter de la musique classique. En parallèle, il donne la parole à des personnages du passé qui racontent leur vie, notamment cet acteur connu qui décède sur scène la veille de l’arrivée du virus. Au fil des pages, des liens se créent, une toile se tisse, une bande-dessinée prend un rôle important. Un roman post-apocalyptique, oui, mais qui ne s’attarde pas trop sur la survie et la violence (qui a bien eu lieu, mais le récit ne parle quasi pas des vingt années les plus difficiles, préférant raconter un moment où la vie a repris son cours de manière relativement pacifique), mais plutôt sur les personnes, leurs sentiments et leur passé. J’ai été happée, ayant du mal à reposer le livre avant qu’il ne soit terminé (et j’étais en voyage, avec moins d’occasions pour lire).

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