At the movies – 40 (2020s)

Women Talking de Sarah Polley

Three Thousand Years of Longing, George Miller (2022) – 4/5: un film sur la narration, avec des contes – Alithea (Tilda Swinton) est une narratologue britannique en voyage à Istanbul pour donner une conférence. Sans mari et sans enfants, elle se sent heureuse dans son célibat et son métier. Elle achète un petit flacon en verre et en l’ouvrant dans sa chambre d’hôtel, elle libère un djinn (Idris Elba) qui lui demande de faire trois voeux. Connaissant le système, elle ne se laisse pas avoir et demande d’abord au djinn de raconter son histoire – et là on se retrouve dans les mille et une nuits. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Alithea (je lui ressemble un peu), j’ai sans doute moins accroché aux histoires du passé, mais j’ai adoré la fin qui a fait fondre mon coeur, tout en ressentant un certain regret lié à ma situation personnelle (si vous avez vu le film, vous comprendrez sans doute).

Babylon, Damien Chazelle (2022) – 1/5: Damien Chazelle tente de recréer le Hollywood des débuts, des années 1920 et du passage aux films sonores. J’ai détesté: c’est trop long (plus de 3h) et prétentieux, c’est trop Tomorrowland – trop de musique, trop de mouvement, trop de drogue, trop de pipi-caca-vomi. J’ai détesté Margot Robbie qui semble tout droit sortie des années 1980 avec son maquillage et ses vêtements pas du tout de l’époque (le personnage est inspiré par Clara Bow – il suffit de voir ses photos pour se rendre compte que ça ne cadre pas du tout). Brad Pitt m’a toujours laissée indifférente mais au moins il ressemble à un homme de l’époque et c’était drôle de repérer Flea. Alors oui, techniquement, c’est bien fait mais il faut plus que ça aujourd’hui.

Nope, Jordan Peele (2022) – 3/5: en Californie, un mystérieux ovni trouble la vie d’OJ et Em (Daniel Kaluuya et Keke Palmer) qui exploitent un ranch et élèvent des chevaux pour figurer dans des films (ce qui permet un clin d’oeil à l’histoire du cinéma). Ou un néo-western de science-fiction. J’ai eu beaucoup de mal à accrocher, je me suis même ennuyée pendant tout un temps, et je n’ai pas grand-chose à dire à propos de ce film.

Aftersun, Charlotte Wells (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: Calum (Paul Mescal), jeune père séparé, passe comme chaque année des vacances en Turquie avec sa fille Sophie (Frankie Corio), 11 ans. La réalisatrice écossaise filme la vie de tous les jours, mais il y a une certaine ambiance, une certaine nostalgie, une certaine lourdeur aussi qui est particulièrement accentuée par une musique très sombre, entrecoupée de chansons pop des nineties. Quelques passages très courts montrent une Sophie adulte qui tente de se remémorer le passer. Ce film m’a laissée perplexe au départ, il ne s’y passe pas grand-chose, mais il fait son chemin dans tête et je l’aime de plus en plus. #52FilmsByWomen

Tár, Todd Field (2022) – 4/5: Cate Blanchett est fantastique dans le rôle de Lydia Tár, chef d’orchestre célèbre et aux grandes ambitions, mais au prix de son entourage. Comme lui dit sa compagne Sharon (Nina Hoss), seule leur fille n’a pas été utilisée par elle pour une transaction. Le dernier tiers m’a laissée un peu perplexe mais reste intéressant (et j’aime assez bien l’interprétation de cet article de Slate – à ne lire qu’après avoir vu le film). Avec plein de clins d’oeil au monde de la musique classique, et un score d’Hildur Guðnadóttir, d’ailleurs citée au début du film par Tár comme étant une des seules compositrices féminines. Et un beau rôle aussi pour Noémie Merlant comme l’assistante de Lydia.

Women Talking, Sarah Polley (2022) – 4/5: adapté d’un roman de Miriam Toews (que j’avais commencé mais sans le terminer), ce film est quasi un huis-clos entre femmes d’une secte mennonite qui doivent décider si elles quittent la communauté ou si elles restent en compagnie des hommes dont plusieurs / certains droguent et abusent des femmes pendant la nuit. J’ai aimé les discussions, les arguments allant dans un sens ou l’autre, les personnalités de ces femmes intelligentes même si elles n’ont jamais appris à lire et écrire. Elles sont jouées par Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley (et aussi Frances McDormand dans un petit rôle où son physique fait peur). Une réalisation de Sarah Polley, actrice de certains films culte d’Atom Egoyan, avec une excellente musique d’Hildur Guðnadóttir. J’ai aussi aimé l’étalonnage qui met en avant des couleurs très passées, très neutres, sans aucun éclat. #52FilmsByWomen

Alice, Darling, Mary Nighy (2022) – 3/5: Alice (Anna Kendrick) est en couple avec Simon (Charlie Carrick) mais celui-ci a une grande emprise sur elle, abusant d’elle psychologiquement. Elle est invitée par ses deux amies Tess (Kaniehtiio Horn) et Sophie (Wunmi Mosaku) à un séjour d’une semaine au bord d’un lac et elle ment à Simon, de peur de ne pouvoir y aller. Au début, elle est très fermée, jusqu’au moment où elle craque et ses amies se rendent compte du problème. Le sujet m’a touchée, et j’ai pas mal angoissé en regardant le film, mais je trouve son traitement un peu inégal et le retournement de situation est assez rapide, avec quelques bons gros clichés. Je me suis aussi demandée ce qui se passerait après, car c’est à ce moment-là que c’est souvent le plus difficile. J’attendais plus de ce film après avoir lu la critique de Funambuline mais c’est en effet important qu’il existe. #52FilmsByWomen

At the movies – 39 (1930s)

Le fils unique, Yasujiro Ozu

The Great Ziegfeld, Robert Z. Leonard (1936) – 3/5: un biopic sur la vie de Florent Ziegfeld, le créateur des célèbres « Follies », avec William Powell qui joue le rôle (et Myrna Loy qui joue une de ses épouses). C’est interminablement long – trois heures – et un peu confus et au rythme chaotique mais certains des passages de music-hall sont impressionnants, comme celui filmé sur un escalier en spirale. Avec aussi Fannie Brice, danseuse de burlesque de l’époque qui ne montre qu’un morceau chanté et totalement habillée – dommage et une mention à Little Egypt qui a popularisé la danse du ventre aux Etats-Unis lors de l’expo universelle de Chicago en 1893 (le début du film s’y déroule).

Sabotage, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1936) – 3/5: un film d’Alfred Hitchcock, c’est toujours bien, mais celui-ci est un peu court et confus – on ne connaîtra jamais les raisons du sabotage. Le réalisateur a l’art de faire monter la tension avec des gros plans des personnages, même en montrant dès le début qui le coupable. C’est rythmé, ça montre le Londres de l’époque, et ça se passe en partie dans un cinéma, avec un extrait de Walt Disney. Il y a aussi des canaris, et un magasin entier d’oiseaux, ainsi qu’un chat. Avec Sylvia Sidney.

Le fils unique, Yasujiro Ozu (Japon, 1936) – 4/5: le premier film parlant d’Ozu raconte l’histoire d’une mère qui se sacrifie pour que son fils puisse étudier. Une fois adulte, celui-ci n’est devenu qu’un pauvre enseignant et n’a pas connu la fortune, ce dont se rend compte la mère quand elle vient le visiter à Tokyo. C’est un film sur la déception, et Ozu le raconte par petites touches, augmentant le côté tragique de l’histoire. Les plans sont superbes, comme celui où mère et fils sont assis dans un terrain vague avec un incinérateur en arrière plan. A noter: le canari, le train qui arrive en gare de Tokyo.

These Three, William Wyler (1936) – 4/5: deux amies, Karen (Miriam Hopkins) et Martha (Merle Oberon) rénovent la maison familiale de la seconde et ouvrent une école pour filles. Martha tombe amoureuse de Joseph (Joel McCrea), mais Karen est secrètement attirée par lui. Une des élèves, Mary (Bonita Granville), va provoquer un scandale en inventant toute une histoire à propos des trois adultes. A l’origine, l’histoire est inspirée par deux enseignantes écossaises qui en 1810 ont dû fermer leur école suite à de fausses accusations de relations lesbiennes. Toute mention à l’homosexualité étant bannie dans les années 1930, par la loi et par le code Hays, le scénario a été changé en triangle amoureux. Mais j’ai malgré tout ressenti une certaine attirance entre les deux femmes. J’ai aussi été étonnée par l’histoire qui n’est absolument pas gentillette: Mary, la gamine, est digne des meilleurs films d’horreur dans ses manigances et la tension est palpable, alors que les adultes sont manipulés. Une excellente surprise !

Ceci termine l’année 1936. J’avoue que j’ai eu un peu de mal – c’était assez interminable: il y avait 27 films sur ma liste, ce qui est beaucoup (en général, ça tourne autour de 20) et je les ai tous trouvés (le plus souvent, deux ou trois films sont introuvables). Pour 1935, j’en en ai vu 17. J’ai mieux géré les styles et j’ai terminé en beauté (un peu par hasard, je ne savais pas de quoi parlait These Three quand je l’ai commencé). J’ai aimé les comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers mais elles deviennent un peu cliché: un scénario bancal et quelques jolis passages dansés. J’ai subi beaucoup de films (américains) totalement dépassés dans leur propos, avec de bonnes doses de sexisme et racisme, ou des histoires sans intérêt. Les deux films de William Wyler sortent du lot: Dodsworth et These Three, ainsi que Fury de Fritz Lang, son premier film américain, et Libeled Lady, une malicieuse screwball comedy (dans l’épisode 33, 37 et ci-dessus). Enfin, impossible de ne pas citer les deux films japonais, Les soeurs de Gion de Kenji Mizoguchi et Le fils unique de Yasujiro Ozu qui sont tellement différents du reste du cinéma de l’époque et apportent un grand soin à la beauté des images.

Snow White and the Seven Dwarfs, Walt Disney (1937) – 4/5: un dessin animé que j’ai vu dès mon enfance mais en le revoyant aujourd’hui je me rends compte qu’il y a de nombreux passages vraiment angoissants, heureusement entrecoupés de scènes drôles et légères. J’ai beaucoup aimé l’animation de tous les animaux, bien plus que celle des nains ou de Blanche-Neige. A noter: la chanson yodelée des nains.

Make Way for Tomorrow, Leo McCarey (1937) – 4/5: Bark (Victor Moore) et Lucy Cooper (Beulah Bondi) sont un couple âgé, parents de cinq enfants mais ils ont perdu leur maison (il n’y avait pas encore de pension à l’époque). Aucun des enfants ne peut (veut) héberger les deux ensemble et ils sont alors séparés. Ils vivent dans la tristesse et le regret, tout en étant un poids pour leur progéniture. Bark va finalement être envoyé en Californie chez le cinquième enfant qu’on n’a jamais vu mais passe une dernière journée à New York avec son épouse, et cette journée est magnifique, tout en douceur et nostalgie, avec des inconnus qui font acte de bonté gratuite. La scène de danse à l’hôtel est particulièrement touchante: le chef d’orchestre entame un morceau rapide mais se ravise très vite en voyant le couple hésiter, et enchaîne de suite avec une valse. Ce film a inspiré Yasujiro Ozu (Tokyo Story, 1953). A noter: le couple boit des Old Fashioned (avec un clin d’oeil du barman) et Beulah Bondi n’avait que 48 ans alors qu’elle est censée avoir plus de 70 ans dans l’histoire.

Lost Horizon, Frank Capra (1937) – 3/5: futur secrétaire d’état britannique, Robert Conway (Ronald Colman) organise l’évacuation d’une ville chinoise en révolte et prend le dernier avion. Mais celui-ci est détourné à son insu et se perd dans les montagnes de l’Himalaya. Robert et ses acolytes sont sauvés par les habitants de la région et se retrouvent à Shangri-La, un genre de paradis sur terre où personne ne vieillit. Le film est assez long (mais heureusement pas les six heures du montage d’origine), et j’ai vu une version restaurée: à certains moments il ne reste que la bande-son et des photos remplacent les images perdues. C’est une critique de la société du moment, et surtout de la montée en pouvoir de régimes cherchant la guerre. A part ça, il est intéressant de voir que les bâtiments construits au milieu des montagnes sont en style art déco, plus précisément en style paquebot. Dommage que les femmes soient reléguées à des rôles (très) secondaires et cliché. A noter: l’avion du début est un DC-2, le score de Dmitri Tiomkin.

At the movies – 35 (1930s)

My Man Godfrey, Gregory La Cava (wikicommons)

Mr. Deeds Goes to Town, Frank Capra (1936) – 3/5: c’est toujours un plaisir de voir Gary Cooper. Dans ce film, il joue un personnage a priori un peu simple d’esprit (ce n’est pas le cas) qui vient d’hériter une fortune. Le film est assez prenant mais s’achève sur une longue et ennuyeuse scène de procès. Avec Jean Arthur en blonde intrigante.

Rembrandt, Alexander Korda (Royaume-Uni, 1936) – 3/5: le film raconte la vie de Rembrandt (Charles Laughton), son peu de succès, ses amours. C’est très statique, avec pas mal de plans larges ou moyens et une belle lumière qui évoque le nord de l’Europe. J’y ai retrouvé avec plaisir Elsa Lanchester mais je n’ai pas plus à en dire.

Swing Time, George Stevens (1936) – 3/5: la sixième collaboration entre Fred Astaire et Ginger Rogers, toujours aussi séduisants dans leurs chorégraphies. Pour le reste, comme d’habitude, le scénario laisse un peu à désirer, et il y a un grand moment de mou (le début de la scène dans la (fausse) neige). D’ailleurs toute cette scène est assez incohérente: Ginger s’y promène en escarpins sans avoir les pieds mouillés, et les acteurs se baladent en voiture décapotable alors que la neige tombe à gros flocons. A noter: les jeux de cartes et de casino.

Things to Come, William Cameron Menzies (Royaume-Uni, 1936) – 2/5: il y a quelques bonnes idées dans ce film de science-fiction adapté d’un roman de H.G. Wells mais aussi beaucoup de moments de flou, voire même d’ennui. A 30 minutes de la fin, l’histoire semble se clore mais on est partis pour un nouveau chapitre totalement futuriste se passant en 2036 avec de superbes décors. Le film avait commencé en 1940 avec le début d’une guerre mondiale et ces images sont assez angoissantes à cause du montage saccadé (et aussi parce qu’on sait qu’elles seront vraies bientôt). Un peu trop de sujets importants sont abordés et mélangés, du pacifisme à la dictature en passant par les progrès de la science.

Le crime de Monsieur Lange, Jean Renoir (France, 1936) – 2/5: Monsieur Lange a assassiné un homme et prend la fuite avec sa compagne Valentine. Celle-ci raconte aux gens qui veulent le dénoncer ce qui s’est passé auparavant. Il écrivait des histoires de cowboys et d’Indiens mais l’imprimeur, Batala, était un vrai salaud, et un coureur de jupons. Quand celui-ci disparaît dans un accident de train, les ouvriers transforment l’imprimerie en coopérative. Il y a des éléments très positifs dans ce film (la coopérative et le socialisme), la manière de filmer avec les jeux d’ombres et lumières, mais il y en a un autre qui me bloque complètement avec mon point de vue actuel: une femme, Estelle, n’ose pas repousser les avances de l’imprimeur et est violée (hors écran) par lui, a un enfant de lui mais – oh miracle – l’enfant meurt à la naissance. Tout ça un peu facile et le viol n’est jamais remis en question.

My Man Godfrey, Gregory La Cava (1936) – 3/5: lors d’une « course aux objets », Irene (Carole Lombard) découvre Godfrey (William Powell), un homme sans emploi travaillant à la décharge de New York. Elle l’engage comme majordome, mais sa sœur Cornelia ne le supporte pas. Une screwball comedy où les dialogues fusent dans tous les sens, avec certaines répliques très drôles (même si le sous-titrage ne transmet pas tout). J’ai passé un bon moment sans prise de tête. A noter: le petit chien pékinois.

Anthony Adverse, Mervyn LeRoy (1936) – 2/5: un film bien trop long (2h20), épique, qui prend le temps de raconter pendant une demi-heure comment le personnage principal Anthony Adverse (Fredric March) a été conçu. Après, l’histoire se perd en divers méandres de Livourne à La Havane, en passant par l’Afrique (le titre français révèle ce qui se passe après 1h15: Marchand d’esclaves) puis Paris et la cour de Napoléon. Avec aussi Olivia de Havilland pour attirer le public et entrer dans la course aux Oscars (le film en a reçu 4 mais pas les plus importants). Le score d’Erich Wolfgang Korngold est grandiloquent et surtout omniprésent, ne laissant quasi aucun moment de silence. J’ai cependant aimé deux personnages secondaires, deux femmes aux rôles maléfiques: Gale Sondergaard qui joue Faith, toujours habillée en noir, et Steffi Duna qui joue Neleta, une beauté sauvage en Afrique (mais à la peau claire) qui offre de superbes moments d’exotica, y compris dans la musique.

At the movies – 32 (2020s)

Tempura – Akiko Okhu

Boiling Point, Philip Barantini (Royaume-Uni, 2021) – 2/5: lors de cette soirée juste avant Noël, le chef Andy Jones se trouve confronté à plein de problèmes alors que son restaurant est rempli de clients, de l’inspection de l’hygiène à un personnel en retard ou incompétent, sans parler de la fête de son fils qu’il a oubliée. Philip Barantini raconte cette histoire en un long plan-séquence qui suit les personnages au plus près, passant de l’un à l’autre. C’est une prouesse technique, évidemment, mais j’ai eu l’impression qu’on sentait moins l’énergie du restaurant (alors que ça aurait dû l’augmenter) – cela fonctionne bien mieux dans la série The Bear (le montage très haché aide justement). Je me suis un peu ennuyée et je n’ai pas vraiment accroché aux divers éléments de l’histoire. Ce qui ne m’empêchera pas de créer un nouveau #: #filmculinaire

The Card Counter, Paul Schrader (2021) – 4/5: William Tell passe ses journées au casino; il compte les cartes et sait comment gagner, mais il essaie de ne pas se faire remarquer. On sent très vite qu’il a vécu beaucoup de choses et que son passé est sombre, lié à la guerre en Irak (avec Willem Dafoe en méchant). Ce film est fort, tout particulièrement à cause du personnage principal (Oscar Isaac) qui a beaucoup de charisme ; il renvoie aussi à des questions morales et au poids du passé. A priori je n’étais pas intéressée par le sujet mais mes collègues m’ont encouragée à le regarder. J’ai beaucoup aimé.

Good Luck to You, Leo Grande, Sophie Hyde (Royaume-Uni, 2022) – 4/5: Nancy (Emma Thompson) est une enseignante retraitée, dont le mari est décédé deux ans auparavant. Comme elle a l’impression qu’elle a manqué certaines expériences, elle engage un jeune homme de compagnie, Leo, (Daryl McCormack) pour deux heures, dans une chambre d’hôtel. Elle est partagée entre une immense insécurité et une to-do list dont elle aimerait rayer toutes les lignes. Ce qui provoque évidemment des échanges assez drôles. Mais c’est surtout le portrait d’une femme qui aimerait découvrir sa sexualité après la ménopause, et qui n’aime plus son corps. C’est touchant, sensible et très beau. Et comme Nancy le dit, les services de Leo devraient être d’utilité publique. Après, je me suis malgré tout dit que c’était quand même un monde de bisounours et j’ai bien peur qu’avant de trouver un Leo, on risque de tomber sur des hommes avec beaucoup moins d’intelligence émotionnelle que lui. Mais peu importe: c’est un film qui met en avant une femme, et sa sexualité, à un âge où elle serait normalement oubliée par le cinéma. #52FilmsByWomen

Call Jane, Phyllis Nagy (2022) – 3/5: 1968, Etats-Unis – Joy (Elizabeth Banks), mère de famille et épouse d’un avocat, est enceinte d’un second enfant mais cette grossesse menace sa vie. Les médecins refusent un avortement (ils préfèrent qu’une femme adulte meure), et elle décide alors de chercher une autre solution. Elle tombe sur « Call Jane », une association de femmes menée par Viriginia (Sigourney Weaver) qui facilitent la procédure malgré son illégalité. Elle s’engage dans la lutte et offre ses services. Je ne sais pas s’il s’agit d’une histoire vraie, mais elle est en tous cas très proche d’une réalité, celle de la fin des années 1960 où l’avortement était encore illégal. Et c’est encore important de parler de ça aujourd’hui. Par contre, le film est de facture très classique, d’où ma note moyenne. #52FilmsByWomen

Top Gun: Maverick, Joseph Kosinski (2022) – 3/5: un film idéal à voir dans l’avion, avec beaucoup d’action et des scènes assez époustouflantes. Plein de nostalgie aussi par rapport au premier film (que j’avais vu à l’époque). Et je n’aime toujours pas Tom Cruise.

White Noise, Noah Baumbach (2022) – 2/5: ce film est une adaptation d’un roman de Don DeLillo. Je n’ai jamais réussi à lire Don DeLillo. Je n’ai pas réussi non plus à me passionner pour ce film qui avait pourtant tout me plaire: réalisé par Noah Baumbach, il rassemble Adam Driver (on ne l’a jamais vu aussi laid) et Greta Gerwig (avec permanente eighties). L’histoire est fragmentée, entre milieu universitaire, catastrophe écologique et addiction à un médicament bizarre. Le style par contre est assez flash, le film est filmé en couleurs primaires et il faut absolument voir la chorégraphie de fin dans le supermarché. Mais j’ai regardé en accéléré la dernière demi-heure, je n’en pouvais plus. #theAdamDriverFilmography

Tempura (Hold me Back en anglais), Akiko Okhu (Japon, 2020) – 4/5: Mitsuko a 31 ans, elle vit seule dans un minuscule appartement à Tokyo. Elle est un peu décalée et s’invente chaque jour un nouveau défi, comme aller à un atelier de fabrication de faux tempuras en plastique ou manger dans un certain resto. Elle parle à un personnage imaginaire, « A », qui est en fait une autre part de sa personnalité. Un soir, elle rencontre Tada, un jeune homme qu’elle avait aperçu à son bureau, mais leur immense timidité à tous les deux rend leurs conversations très compliquées. Il lui demande cependant si elle peut cuisiner pour lui et c’est ainsi que commence une relation. Je me suis un peu reconnue dans certains aspects de la personnalité neuro-atypique de Mitsuko, et j’ai beaucoup aimé le ton drôle mais aussi poignant par moments du film, son côté bonbon acidulé. C’est d’ailleurs une adaptation d’un roman de Risa Wataya dont j’ai adoré lire les romans traduits en français. Il y a certaines longueurs, notamment lors du passage à Rome, mais on les oublie vite pendant le seconde moitié du film. #52FilmsByWomen

At the movies – 31 (1930s)

Gary Cooper et Richard Cromwell dans The Lives of a Bengal Lancer (wikicommons)

Toni, Jean Renoir (France, 1935) – 4/5: des immigrés italiens arrivent dans un village de Provence pour travailler dans les champs ou dans la carrière. Toni s’installe chez Marie, qu’il épousera par la suite, alors qu’il est amoureux de Josépha, une belle Espagnole qui est forcée d’épouser Albert, un Français. C’est un film extrêmement réaliste, tourné dans la nature, en extérieurs, avec beaucoup d’acteurs non-professionnels. Il a été une influence pour le néoréalisme italien et on voit clairement la filiation. J’ai aimé ce côté brut, vrai, sans artifices. Et j’ai apprécié que la version dvd propose des sous-titres destinés aux malentendants mais bien utiles pour tout le monde avec les accents du sud et la qualité sonore parfois inférieure. A noter: le train au début et à la fin, le chaton noir.

The Lives of a Bengal Lancer, Henry Hathaway (1935) – 3/5: un classique film sur l’armée, similaire à un western mais se passant dans l’Inde coloniale, dans les zones frontalières et tribales du nord. Avec Cary Grant en personnage principal. Le film a entièrement été tourné en Californie avec des Indiens Paiute comme figurants indiens. Cela dégouline de patriotisme et c’est un ode à l’impérialisme anglais, c’est aussi un film d’hommes (la seule femme est une intrigante) mais malgré ça, je ne me suis pas trop ennuyée. C’est juste dommage qu’il y ait une heure dix avec beaucoup de dialogues et que l’action soit concentrée sur la dernière demi-heure. Le score est classique, avec des tendances orientalisantes, voire même exotica (les danses indiennes sont sur de la musique occidentale). Avec un train, un caméo du Taj Mahal (qui n’a rien à faire là), et un chaton.

Fantôme à vendre / The Ghost Goes West, René Clair (Royaume-Uni, 1935) – 2/5: une histoire de fantôme dans un château écossais, château qui sera acheté par des Américains et transplanté en Floride. Je ne sais pas trop quoi dire de ce film qui appartient à la période anglaise de René Clair, je me suis ennuyée et je n’ai pas été très attentive. Avec Robert Donat et Jean Parker. A noter: la maquette du paquebot dans un bassin d’eau (apparemment c’est une copie miniature du Normandie)

A Midsummer Night’s Dream, Max Reinhardt & William Dieterle (1935) – 2/5: une adaptation de la pièce de Shakespeare avec de beaux décors et une belle palette d’acteurs (de James Cagney à Olivia de Havilland), ainsi que du ballet et la musique de Mendelssohn retravaillée par Erich Wolfgang Korngold, et des passages comédie musicale. Cela fait un peu beaucoup, et le film dure plus de 2h20. J’ai abandonné à la moitié, après deux essais. Mais en fait c’est le personnage de Puck qui m’a fait le plus souffrir: c’est un jeune Mickey Rooney qui le joue, enfin qui le surjoue comme un gamin hyperactif qui tape sur les nerfs dès qu’il bouge et ouvre la bouche.

A Tale of Two Cities, Jack Conway (1935) – 2/5: une adaptation d’un roman de Charles Dickens et la Révolution Française ? ce film avait tout pour me plaire (non, donc). J’ai un peu souffert, je me suis beaucoup ennuyée, mais la dernière demi-heure devient intéressante. L’histoire: un aristocrate change de nom (il devient Charles Darnay) et fuit à Londres. Lors du voyage il rencontre Lucie dont il tombe amoureux. Mais un autre homme, Sydney, est également amoureux d’elle. Et puis il y a la Révolution Française et Charles est attiré en France pour sauver un ami. C’est là que l’histoire tourne mal. J’ai eu l’impression que certaines scènes étaient copiées-collées de The Scarlet Pimpernel mais je n’ai pas trouvé confirmation (je n’ai trouvé que des articles comparant les deux romans et je n’ai pas cherché plus loin).

David Copperfield, George Cukor (1935) – 2/5: encore une adaptation de Dickens – au moins j’aurai fait du rattrapage. David est un enfant heureux, jusqu’à ce que sa mère meure après avoir épousé en secondes noces un homme horrible qui envoie le petit garçon travailler à Londres. Son nouveau patron a des soucis d’argent et le renvoie (mais il en est désolé) et l’enfant tente de rejoindre Douvres pour aller chez sa tante qui s’occupera de lui. Il grandit, et de nombreux malheurs lui arrivent encore, l’histoire passant d’une péripétie à une autre. Dans ces vieux films, le pathos est extrême, et cela m’ennuie, m’énerve même. Les gens bons sont très bons et les mauvais très mauvais, caricaturaux même. On m’a demandé pourquoi je m’imposais ça ? Je crois que j’ai vraiment envie de savoir comment étaient ces films, et comme je le disais au départ, je ne connaissais pas l’histoire de David Copperfield. Et je sais qu’il y a des perles cachées dans la forêt de films datés (et ce ne souvent pas ceux que j’imaginais).

Ici s’arrête ma liste de films de 1935, la fin a été un peu pénible avec des films qui ne m’ont pas vraiment plu. J’espérais voir encore un dernier, Naughty Marietta, mais je n’ai jamais réussi à l’obtenir. Un mois plus tard, je commence donc l’année 1936.

The Petrified Forest, Archie Mayo (1936) – 3/5: Leslie Howard et Bettie Davis sont les acteurs principaux de ce film qui se passe quelque part dans une station-service / restaurant perdu dans le désert d’Arizona. Ils sont attirés l’un par l’autre, et puis arrive un gangster, le jeune Humphrey Bogart qui les prend en otage, ainsi que d’autres personnes présentes. J’ai été assez prise par l’histoire mais j’ai regretté le côté statique – c’est en effet une adaptation d’une pièce de théâtre, ce qui m’empêche de mettre un 4. Et je me rends compte que j’aime vraiment bien Leslie Howard.

At the movies – 30 (1930s)

Clark Gable dans Mutiny on the Bounty (domaine public)

The 39 Steps, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1935) – 4/5: une histoire d’espionnage, et d’un homme (Robert Donat) qui s’y trouve mêlé par hasard, avec beaucoup d’action et de revirements de situations, et une blonde hitchcockienne (Madeleine Carroll). Filmé dans les rues de Londres mais aussi en Ecosse. J’ai été scotchée du début jusqu’à la fin (même le dénouement est un peu précipité, à une minute de la fin du film – une constante dans les films anciens).

Captain Blood, Michael Curtiz (1935) – 3/5: un film de cape et d’épée, avec des pirates et des batailles navales – tout ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer. Errol Flynn prend le rôle du Capitaine Blood, médecin anglais envoyé comme esclave en Jamaïque. Il devient pirate et capitaine d’un navire. Il avait été acheté par Arabella Bishop, jouée par Olivia de Havilland, et évidemment, ils sont attirés l’un par l’autre. Les deux acteurs sont ici réunis pour la première fois et sont au tout début de leur carrière. Le film mélange scènes d’action (certaines viennent d’un film muet de 1924, The Sea Hawk) et romantisme dégoulinant, le tout appuyé par le score d’Erich Wolfgang Korngold. Certaines scènes sont totalement invraisemblables (Blood attaque deux bateaux, mais commence par celui à sa droite. Celui de gauche attend sagement sans rien faire) et la robe en satin d’Arabella sort de toutes les scènes d’action sans une poussière ou un pli. Ce film m’a beaucoup fait penser à la série Black Sails.

Ruggles of Red Gap, Leo McCarey (1935) – 2/5: Marmaduke Ruggles est le valet et majordome du comte de Burnstead, mais ce dernier le perd au jeu à Paris et il doit rejoindre le couple américain Egbert et Effie Floud qui l’emmènent à Red Gap, dans l’Ouest lointain des Etats-Unis. C’est un film qui met en avant le contraste entre la rigidité toute anglaise et le caractère totalement décomplexé des Américains, avec une bonne dose de patriotisme étatsuniens (Ruggles récite un long discours de Lincoln sur le fait que les hommes sont égaux). Ce n’est pas le film le plus passionnant du monde et il est très cliché. A noter: des vues de Paris, un train, le restaurant chinois est un restaurant de chop suey, une cage à oiseau (on ne voit pas s’il y a un canari dedans).

Top Hat, Mark Sandrich (1935) – 3/5: un autre film du duo Fred Astaire – Ginger Rogers, sur un scénario proche de The Gay Divorcee, basé sur un quiproquo (chose que mon esprit très rationnel a du mal à accepter sur la longue durée). Les morceaux de danse sont superbes (mais il n’y en a pas tant que ça), avec notamment la chanson « Cheek to Cheek », pendant laquelle Rogers porte une robe à plumes d’autruche qui virevoltent (on voit les traces sur le sol). Les décors sont exagérés et clairement en carton-pâte, représentant d’abord un hôtel de luxe à Londres, puis le Lido à Venise, avec son hôtel art déco. Je ne me suis pas ennuyée mais ce genre de film est très cliché, et l’histoire n’est qu’un prétexte pour les morceaux dansés. A noter: un des personnages commande un Horse’s Neck, un cocktail à base de whisky et ginger ale.

Mutiny on the Bounty, Frank Lloyd (1935) – 3/5: un film historique qui prend de grandes libertés avec l’histoire (le capitaine Bligh était sévère mais apparemment pas aussi extrême) mais qui est très divertissant. Charles Laughton (Bligh) ressentait une certaine infériorité par rapport à son physique face à Clark Gable (sans moustache parce que c’était interdit dans la marine anglaise de l’époque), et en effet, le contraste est vraiment énorme. Une des jeunes filles tahitiennes est en fait mexicaine, mais l’autre est hawaïenne – on se rapproche donc. Les scènes de mer sont spectaculaires et le film a en partie été tourné à Tahiti et en Polynésie Française. J’ai hésité à monter ma note à 4 mais le côté cliché des bons et du mauvais est un peu trop énorme – cela reste malgré tout un bon film pour l’époque (apparemment pour la réalité historique, il faut se tourner vers The Bounty de 1984 avec Mel Gibson et Anthony Hopkins).

The Informer, John Ford (1935) – 4/5: a priori un film se passant en Irlande, ça ne m’intéresse pas trop (je ne sais pas trop pourquoi le sujet ne me passionne pas), mais ici, on sent la patte de John Ford (d’origine irlandaise). Le personnage principal, Gypo (Victor McLaglen) est d’une pauvreté extrême. Pour réaliser ses rêves et celui de sa jeune amie, il dénonce son ami recherché pour meurtre à la police anglaise, le tout pour 20£, qu’il dépense ensuite sans compter alors qu’il est en plein déni de ce qu’il a fait. Toute l’action se déroule en quelques heures, la nuit, dans des décors sales et sombres. Il y a de nombreuses références au cinéma muet et aux films de l’expressionnisme allemand (comme M le maudit). Max Steiner a composé une bande-son qui suit l’action au plus près (un exemple type de mickeymousing).

The Devil is a Woman (Joseph von Sternberg, 1935) – 3/5: dernière collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, (leur relation était devenue trop compliquée), cette espagnolerie (comme une chinoiserie mais en Espagne) est confuse au niveau de l’histoire. Je n’ai pas aimé le portrait qu’on fait de cette femme manipulatrice et profiteuse alors que les hommes sont montrés comme des victimes (sauf cette détestable scène où un homme bat la femme jouée par Dietrich – hors plan, mais quand même). Par contre, la lumière, le jeu du clair-obscur est magnifique et les plans très travaillés. A noter: les fêtes du Carnaval et les gens masqués, un train, les costumes hispanisants très inventifs (la cape à mini pompons !).

At the movies – 28 (1930s)

Elsa Lanchester et Boris Karloff dans Bride of Frankenstein (via wikipedia)

The Man Who Knew Too Much, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1934) – 3/5: si on oublie que la version en dvd que j’ai vue était de qualité merdique, avec des sous-titres pour juste un tiers des dialogues, The Man Who Knew Too Much reste malgré tout un bon film de suspense dans lequel on voit la patte d’Alfred Hitchcock, notamment dans le montage parfois surprenant. Le couple Lawrence se voit mêlé contre son gré à une sombre histoire d’espionnage pendant leur séjour aux sports d’hiver à St. Moritz et leur fille est kidnappée. La suite de l’action se déroule à Londres et implique un méchant qui a le look de service, Peter Lorre, déjà vu dans M. Il y aura un remake en 1956.

Imitation of Life, John M. Stahl (1934) – 4/5: un film qui dénote très fort pour son époque: il met en avant des femmes (les hommes sont des personnages secondaires) et l’amitié entre une Blanche (Claudette Colbert) et une Noire (Louise Beavers), ainsi que la problématique d’une Afro-Américaine (jouée par Fredi Washington, elle-même afro-américaine à la peau claire – et non par une blanche comme dans le remake de 1959) dont la peau est tellement blanche qu’elle souhaite se faire passer pour une blanche, reniant par la même occasion sa mère à la peau noire (cette partie de l’histoire a posé de grands soucis aux censeurs du code Hays, le métissage étant très mal vu). Mais comme on est en 1934, le racisme reste très présent: Delilah, la Noire, habite au sous-sol et porte des vêtements peu seyants tandis que Bea, la Blanche, vit à l’étage et porte de superbes robes. C’est aussi Bea qui a l’initiative, exploitant les talents de Delilah et créant une marque de farine au nom de « Aunt Delilah » (on pense tout de suite à « Uncle Ben’s »). Sur l’affiche de cinéma de l’époque, ce sont uniquement les noms des acteurs blancs qui apparaissent en grand, y compris donc l’homme en seconde position (Warren William) alors qu’il n’a qu’un rôle très mineur (et il paraît bien plus âgé qu’il ne l’est, accentuant l’impression de différence d’âge entre lui et Bea). A noter aussi: Juanita Quigley, encore un bébé acteur – le truc à la mode de l’époque – qui jouait la fille de trois ans de Bea.

The Scarlet Pimpernel, Harold Young (Royaume-Uni, 1934) – 2/5: un film historique britannique racontant l’histoire du « mouron rouge », cet aristocrate anglais qui a sauvé de nombreux nobles français de la terreur de Robespierre en 1792. Avec Leslie Howard, parfait dans ce rôle, et Merle Oberon. Le film est assez dynamique, avec des scènes en extérieur, mais très silencieux – il n’y a quasi pas de musique. Mais au final, ce n’est pas très passionnant.

Ceci termine ma liste de films pour l’année 1934, marquée par la mise en place du Code Hays. Beaucoup de ces films m’ont paru très dépassés dans leurs thèmes et très vieillots, et je ne les conseillerais plus aujourd’hui, mais j’ai beaucoup aimé L’Atalante (ce qui m’a surprise) et Imitation of Life. Je poursuis avec 1935.

Alice Adams, George Stevens (1935) – 1/5: Alice Adams (Katharine Hepburn) aimerait pouvoir rencontrer un homme riche mais ses parents sont pauvres (toutes proportions gardées: ils ont quand même une grande maison – mais elle n’a pas l’argent pour s’acheter une nouvelle robe). Quant Arthur Russell (Fred MacMurray) l’invite à danser à une fête, elle fait tout pour l’impressionner (et le film tombe dans le ridicule et le niais). J’ai vraiment trouvé l’histoire pénible, d’autant plus qu’elle se termine sur un happy end alambiqué et invraisemblable. Et je n’arrive toujours pas à apprécier Katharine Hepburn (j’ai le vague souvenir que je la préfère plus âgée).

Anna Karenina, Clarence Brown (1935) – 3/5: un film romantico-tragique avec Greta Garbo qui fait sa Greta Garbo (à la longue, ça fatigue un peu, on a l’impression qu’elle ne sait jouer que d’une seule manière). Je ne connaissais pas l’histoire du roman de Tolstoi, ça m’a fait un rattrapage (même s’il manque des bouts). Avec Fredric March dans le rôle du Comte Vronsky. Avec aussi plein de clichés sur l’âme russe et le folklore qui est lié. A noter: des ours empaillés et des trains dans la neige.

Bride of Frankenstein, James Whale (1935) – 3/5: en regardant ce film, je me suis fait la réflexion que les films d’horreur de l’époque sont bien souvent meilleurs que les comédies de mœurs, et que pour une suite, il est vraiment réussi. On y retrouve Boris Karloff qui joue le monstre, et les scientifiques qui lui créent une compagne (Elsa Lanchester) à la coiffure conique légendaire. A noter: la musique de Franz Waxman et encore un rôle parfait pour la fantastique Una O’Connor (la commère du village et servante des époux).

La kermesse héroïque, Jacques Feyder (France, 1935) – 4/5: en 1616, à Boom, l’arrivée d’un duc espagnol et de sa suite met la petite ville en émoi. Le bourgmestre craint en effet pillages et viols décide de faire le mort. Mais c’est sans compter son épouse, et toutes les femmes de ville, qui décident de lancer une opération de charme pour accueillir les étrangers. J’ai cru au pire pendant les premières vingt minutes, les hommes étant vraiment cliché et couards. Et puis, dès que Cornelia prend le relais, le film prend une certaine ampleur et devient vraiment intéressant. J’aurais dû me douter qu’il s’agissait d’un film (mais aussi d’une farce) féministe: le générique cite d’abord le nom des actrices, ce qui m’avait déjà étonné à ce moment-là. Il est dommage que quand on cherche des infos, ce ne soit pas ce côté là qui est mis en avant, mais bien la couardise des hommes (en lien avec la Première Guerre mondiale). A noter: les superbes décors de la ville reconstituée en studio, les costumes. A ne pas noter: les accents franchouillards très dérangeants et parfois incompréhensibles (j’ai eu la flemme de chercher une version avec des sous-titres mais j’aurais dû). Une belle surprise au final !

At the movies – 25 (2020s)

Fire of Love, Sara Dosa

Ennio, Giuseppe Tornatore (Italie, 2022) – 3/5: un long documentaire (2h30) qui décrit la vie du compositeur Ennio Morricone, basé sur une interview et avec de très nombreux extraits de films. Intéressant pour mieux connaître sa manière de travailler mais ressemble très fort à un panégyrique, sans aucun esprit critique. La dernière demi-heure, qui montre l’influence du musicien sur d’autres, est pénible (on s’en fout de Metallica et Pat Metheny).

Downton Abbey: A New Era, Simon Curtis (2022) – 3/5: le retour de la famille Crawley et de leurs serviteurs dans un film avec deux histoires parallèles: Lady Violet a hérité d’une maison sur la Côte d’Azur et une partie de la famille va visiter le bien tandis que d’autres membres accueillent une équipe de tournage d’un film à Downton Abbey. Un film divertissant (ça fait du bien !) avec plein de jolis costumes et rien de bien compliqué dans l’histoire mais quand même quelques émotions. Que demander de plus ? A noter: Dominic West à la moustache clarkgableenne, les maillots de bain en tricot de l’époque.

Mama, Li Dongmei (Chine, 2020) – 4/5: un long mais très beau film contemplatif de la réalisatrice chinoise Li Dongmei qui raconte un épisode de son enfance. On suit Xiaoxian pendant sept jours en 1992 dans un village perdu du centre de la Chine; sa mère attend son cinquième enfant tandis que le père est parti travailler loin de là. Les images sont superbes (et m’ont fait penser à Suzaku de Naomi Kawase) et l’absence de musique met en valeur les sons de la nature qui sont très présents. Il faut un peu de patience au début mais ça en vaut la peine. #52FilmsByWomen

One Second, Zhang Yimou (Chine, 2020) – 3/5: (j’ai oublié de prendre des notes tout de suite, mais j’ai écrit un long article pour le boulot). Une histoire à l’époque de la Révolution culturelle en Chine, avec un film et beaucoup de péripéties autour des bobines de celui-ci. On y voit la lutte entre l’individu et le groupe, et comment les intérêts personnels l’emportent souvent sur le bien commun. Avec de belles images du désert du nord-est de la Chine.

Mothering Sunday, Eva Husson (Royaume-Uni, 2021) – 3/5: moins on en sait sur l’histoire de ce film, au mieux. Mais on peut quand même dire qu’il s’agit de la rencontre de Jane, servante chez un couple aisé, et de Paul, fils d’une autre bonne famille de la région. Le ton est triste et nostalgique (on est dans la période de l’après Première Guerre mondiale), c’est délicieusement étrange et mystérieux, sans qu’il ne se passe grand-chose en fait. C’est agréable à regarder mais un peu long quand même. #52FilmsByWomen

Fire of Love, Sara Dosa (2022) – 5/5: Miranda July est la narratrice de ce documentaire de Sara Dosa qui raconte la vie des époux Krafft, Maurice et Katia, volcanologues célèbres qui sont morts lors d’une éruption du mont Unzen au Japon en 1991. Le ton est au conte, à la romance, à la fantaisie tout en suivant leur vie très remplie. Les images sont superbes et le couple intrépide. J’ai adoré, et j’ai beaucoup pensé à mon papa qui adorait les volcans. Du coup, j’ai regardé un vieux dvd avec ces deux documentaires sur le même sujet: Maurice et Katia Krafft – Au rythme de la terre (Maryse Bergonzat, France, 1995) – 3/5 et Regarder le feu en face (Isy Morgensztern, France, 1995) – 3/5. #52FilmsByWomen

The Last Bus, Gillies MacKinnon (Royaume-Uni, 2021) – 3/5: un vieil homme décide de partir en mission, la dernière de sa vie sans doute: partir de l’extrême nord de l’Ecosse et rejoindre l’extrême sud-ouest du Pays de Galles, Land’s End. Il prend les bus locaux et rencontre sur son chemin des personnes très diverses qui lui veulent du mal comme du bien. Des flash-backs racontent ses motivations. C’est sentimental à souhait (j’ai pleuré comme une madeleine) mais c’est aussi bourré de clichés: la femme voilée qui se fait harceler par un homme, la droguée qui vole, le contrôleur intraitable… et le rôle des réseaux sociaux.

At the movies – 17 (2020s)

Ali & Ava (dossier de presse d’Altitude Film Sales)

J’essaie de ne publier des notes que sur des films déjà sortis au cinéma en Belgique, mais parfois il y a l’une ou l’autre exception.

J’ai l’impression aussi que publier ces articles par décennie possède une logique mais du coup, on ne suit pas le cours de mes idées (j’ai des articles en brouillon dont le premier film a été vu en décembre, ou je parle ici d’un remake alors que j’ai vu l’original avant mais l’article n’est pas encore prêt), et du coup je me demandais si je devais changer ma manière de faire en publiant ces articles par ordre de visionnement (je ferais juste une exception pour les visions de presse en publiant les notes sur ces films juste après leur sortie).

La panthères des neiges, Marie Amiguet et Vincent Munier (France, 2021) – 4/5: un documentaire animalier mais pas que. C’est aussi une rencontre entre le photographe Vincent Munier et l’écrivain voyageur Sylvain Tesson (qui est moins horrible que d’habitude – je crois que le montage ne lui a pas laissé cette place). Je trouve dommage qu’on ne voie que les deux mecs par contre. La panthère quant à elle est superbe, de même que les autres animaux (mention spéciale au chat de pallas), ainsi que les paysages. Et cette musique de Warren Ellis et Nick Cave… #52FilmsByWomen (en partie)

The Story of my Wife, Ildikó Enyedi (Hongrie, 2021) – 2/5: Jakob (Gijs Naber) est capitaine au long cours. Suite à une boutade, il décide d’épouser la première femme qui entrera à ce moment dans le café. Lizzy (Léa Seydoux) accepte. Commence alors une relation tourmentée, marquée par la suspicion d’infidélité. Le film est raconté du point de vue de Jakob et est divisé en sept chapitres. L’ambiance et les décors des années 1920 sont superbes mais c’est beaucoup trop long, l’histoire n’avançant pas entres les minutes 45 et 145 (en gros). A noter: un chat sur un cargo, les superbes images de Hambourg, le tango dansé par Lizzy et Jakob. (Sortie repoussée en Belgique) #52FilmsByWomen

Le sommet des dieux, Patrick Imbert (France, 2021) – 4/5: adapté du manga de Jiro Taniguchi et Baku Yumemakura. Une histoire d’alpinisme, d’ascension de l’Everest, de dépassement de soi, et qui pose la question de ce qu’on fait après avoir atteint son but ultime. Les décors sont particulièrement superbes, de Tokyo à Katmandou, et surtout des montagnes. La tension est palpable à tout moment, et le sound design accentue les moments critiques.

Ali & Ava, Clio Barnad (Royaume-Uni, 2021) – 4/5: un amour improbable entre un homme d’origine pakistanaise, en pleine séparation, et une femme d’une cinquantaine d’années, mère et grand-mère. Un film social à l’anglaise mais tout en légèreté, loin de Ken Loach et cie, plus proche de Rocks de Sarah Gavron dans l’esprit. Avec du racisme, mais ce n’est pas ce qui domine le film, et beaucoup de musique, de Bob Dylan à de la techno. Et la ville de Bradford est superbement filmée. #52FilmsByWomen

Wheel of Fortune and Fantasy (Ryusuke Hamaguchi, Japon, 2021) – 3/5: le dernier des films de Ryusuke Hamaguchi que je n’avais pas vus, et pas celui que j’ai préféré. C’est un triptyque, et il y a de nouveau de longues conversations entres protagonistes. L’histoire est menée par des femmes et dissèque l’amour aujourd’hui au Japon. Mon histoire préférée est la troisième qui a certains moments très drôles mais qui est surtout très sensible et bienveillante. #theRyusukeHamaguchiFilmography

The Northman (Robert Eggers, 2022) – 3/5: un film macho à la testostérone, très intense par moments, mais qui s’essouffle à d’autres. La recherche de la véracité historique est très poussée, comme dans les autres films de Robert Eggers. Il met clairement sa patte sur un film, mais ici ça a trop un côté blockbuster. Dommage aussi que le sujet de la puissance des femmes évoqué au début ne soit pas plus exploité (même si Nicole Kidman est sublime à ce niveau). Alexander Skarsgård ressemble à Hulk et n’a qu’une expression de visage, et c’est bien dommage. J’ai aimé mais je n’ai pas été conquise parce qu’il manque ce petit plus qui rend un film magique/inoubliable/exceptionnel.

Memory, Martin Campbell (2022) – 1/5: mon avis est certainement influencé par le fait que c’est un remake de De zaak Alzheimer, film belge que j’avais vu juste avant de voir celui-ci. L’histoire suit le même parcours, au plan près par moments, mais s’est diluée dans des thèmes américains où tout est plus grand, plus violent et plus clinquant. Les touches d’humour (parfois un peu potache, je l’avoue) ont disparu et tout le contexte socio-politique me semble moins poussé. J’ai eu l’impression qu’on a voulu faire entrer une histoire belge au chausse-pied dans le contexte américain. Quant à la résolution de l’histoire, elle manque tellement de poésie…, et rajoute une couche pas nécessaire.

At the movies – 12 (2020s)

Poly Styrene: I am a Cliché

Dreaming Walls, Amélie van Elmbt & Maya Duverdier (Belgique, 2022) – 4/5: depuis une dizaine d’années, le Chelsea Hotel de New York est en rénovation. Il a été un haut lieu de résidence pour les artistes pendant une bonne partie du 20e siècle; aujourd’hui quelques locataires y vivent encore, résistant contre les projets immobiliers. Les deux réalisatrices en on suivi quelques-uns et unes. C’est un peu la fin d’une histoire, c’est beau, c’est empreint de mélancolie. Le film est présenté à la Berlinale et sortira en salles fin 2022. #52FilmsByWomen #documentary

Drive my Car, Ryusuke Hamaguchi (Japon, 2021) – 4/5: un film japonais contemporain, avec au coeur de l’histoire une vieille Saab turbo 900 rouge. Des personnages qui se cherchent, qui tentent d’oublier leur deuil et leurs fautes, sans vraiment de drames. Une très belle relation entre un homme d’une quarantaine d’années et la jeune femme qui conduit sa voiture partout dans Hiroshima. Des villes (Tokyo et Hiroshima) qu’on ne voit que par des voies express et des boulevards, sans vrais points de reconnaissance. Et un très beau score d’Eiko Ishibashi. A noter: l’aéroport de Narita et un décollage d’un avion d’ANA, les paysages d’Hokkaido, les îles de la mer de Seto. #WomenComposer #TheRyusukeHamaguchiFilmography

Archipel, Félix Dufour-Laperrière (Canada, 2021) – 1/5: un film d’animation expérimental, aux techniques mixtes, pendant lequel mon esprit a beaucoup vagabondé. J’espérais aimer ce voyage dans les îles du fleuve Saint-Laurent au Québec, mais je n’ai pas compris grand-chose et je me suis sérieusement ennuyée.


La chance sourit à Madame Nikuko, Ayumu Watanabe (Japon, 2021) – 3/5: un joli film d’animation qui ne raconte au final pas grand-chose mais qui est pétillant et qui possède quelques références assumées à Mon voisin Totoro. Pour Kikuko, fillette de onze ans, la vie n’est pas toujours simple quand elle doit s’occuper de sa mère, Nikuko, une femme obèse et très naïve, mais aussi pleine de joie de vivre. Et puis il y a la vie à l’école, les disputes, l’attirance pour Ninomiya, le garçon qui fait des grimaces. Les paysages sont superbes et donnent envie de prendre l’avion tout de suite. Et il y a toute cette nourriture qui donne faim !

Alice Guy – l’inconnue du 7e art, Valérie Urréa & Nathalie Masduraud (France, 2021) – 4/5: un documentaire intéressant sur Arte, à propos de la réalisatrice Alice Guy, avec de nombreuses images d’archives et des dessins de bd. Je me pose par contre toujours la question du lieu où on a retrouvé ses films perdus. #52FilmsByWomen #documentary


Poly Styrene: I am a Cliché, Celeste Bell & Paul Sng (UK, 2021) – 4/5: Poly Styrene était la chanteuse du groupe punk X-Ray Spex populaire à la fin des années 1970. Son histoire est racontée avec beaucoup de douceur par sa fille, Celeste, qui ne cache cependant pas les passages difficiles de l’internement psychiatrique et le passage chez les Hare Krishna. #52FilmsByWomen #documentary

Nr.10, Alex van Warmerdam (Pays-Bas, 2021) – 2/5: un film qui commence comme une histoire de relations extra-conjugales entre deux acteurs d’une troupe de théâtre en pleine répétition mais qui change de cap complètement à la moitié. Diverses miettes dispersées au début font pencher le film vers le thriller… La fin est assez jouissive mais ne plaira pas à certaines personnes (c’est ce qui m’a fait monter ma note à 2). C’est surtout un objet filmique assez bizarre, sans vraie logique.