This was 2022

J’ai hésité à écrire cet article de bilan. Quand je suis descendue de l’avion dimanche passé et que quelques heures plus tard, je tombais malade, j’ai eu un gros coup de déprime en repensant à l’année qui s’est écoulée, ne trouvant rien de positif à raconter. Et puis je me suis dit que ce serait malgré tout utile de noter certaines choses, comme mémoire, et de chercher ce qui a été agréable.

A vrai dire, l’année a été dominée par une énorme incertitude quant à l’avenir de mon travail, et cela a mené à une inactivité de plus en plus grande, puis à une grande déception quant au contenu de mon nouveau poste (j’ai eu la chance de pouvoir rester). En clair, cela veut dire que je ne suis plus rédactrice, un boulot que j’avais adoré et qui m’avait permis d’ouvrir encore plus mes horizons sur le monde culturel et d’écrire des chroniques sur les sorties cinémas. J’ai aussi changé de chef et l’excellente alchimie qu’il y avait avec l’ancien me manque (heureusement il est resté collègue). Aujourd’hui, on me demande des textes de 600 signes maximum, si j’ai de la chance, et sur des sujets peu intéressants. La chute est brutale.

J’ai amèrement regretté la fin du télétravail obligatoire, mais j’ai quand même pu garder deux jours par semaine. J’ai été deux fois bien malade, alors que cela faisait des années que je n’avais plus eu de fièvre, avec seulement quelques mini-rhumes vite oubliés (et ça date). Ma famille se réduit, le frère et la soeur de mon papa sont décédés; il ne reste plus personne de cette génération du côté paternel, et je me demande si je garderai des liens avec mes cousins, tous plus âgés que moi d’au moins six ans et occupés par leurs familles nombreuses (heureusement il y a Instagram où certains me suivent et inversement).

J’ai adoré le beau temps de l’été et les températures supérieures à 25° (je l’accorde, 35° c’est un peu trop), j’ai fait un excellent achat avec ce salon de jardin qui a permis de me prélasser en lisant plein de livres, sur ma toute nouvelle terrasse qui a été refaite à la mi-juillet. J’ai eu ma dose d’art contemporain à la Documenta à Kassel et c’était très agréable de voyager avec des amis pour ces quelques jours. Mon voyage de décembre en Malaisie et à Singapour a été une très bonne coupure pour oublier les soucis de l’année, même s’il n’est sans doute pas aussi mémorable que certains séjours au Japon. Je m’étendrai plus à ce sujet quand j’aurai écrit mon récit de voyage sur suasaday (j’ai commencé à trier les centaines de photos mais ça prendra un peu de temps). J’ai vu de belles choses mais rien d’extraordinaire, ce n’était pas la meilleure saison et j’ai souvent frôlé les limites de mes capacités à voyager seule à cause d’une organisation un peu compliquée en Malaisie (mais c’est bien de savoir où elles sont).

J’ai été très casanière, comme si le confinement était encore imposé, mais quelque part j’apprécie de rester chez moi. J’ai aimé les repas entre amis, les quelques sorties, les conversations au boulot, les conversations qui ont éveillé de nouveaux intérêts, les recherches qui ont suivi (je pense notamment à l’architecture brutaliste). J’ai aimé faire de la pâtisserie, de plus en plus (j’ai réussi à débloquer ce qui me retenais: si je mange une part de gâteau, je ne mangerai pas le biscuit industriel que j’allais de toutes façons manger – bref, c’était une question de calories). J’ai aussi continué à cuisiner plein des recettes de mes livres de cuisine, dont la collection s’est évidemment bien agrandie.

C’est un bilan un peu mitigé, mais finalement pas aussi sombre qu’à ma sortie de l’avion, et ça m’a fait du bien de réfléchir aux choses positives, tout en consignant les négatives, pour mieux tourner la page et entamer sereinement (et sans rhume) l’année 2023.

This was 2021

2021 est une année de parenthèse, c’est la première chose qui me vient à l’esprit. J’ai eu beaucoup de mal à prendre des décisions et j’ai tout simplement laissé couler les choses. Je l’aurai passée en très grande partie en télétravail, et donc j’ai vu peu de gens. Quelque part ça m’a plu, mais quelque part cela a fortement renforcé mon sentiment de solitude. Certains des meilleurs moments de l’année impliquent des amis, comme cette fois en mars, mes compagnons de randonnée et moi avons décidé de laisser tomber les masques et de former une bulle. La journée s’est terminé par des cocktails et un repas improvisé. Par la suite, nous nous sommes encore revus plusieurs fois, notamment pour escalader des terrils ou pour fêter mon anniversaire avec un repas digne d’un izakaya. J’ai eu aussi beaucoup de plaisir à discuter avec un autre couple d’amis, en solo ou en duo (l’un étant aussi un collègue de travail, avec qui j’ai continué à échanger des mails quasi quotidiens pendant le télétravail à 100%). Et puis il y a eu l’opération de Noël où j’ai eu l’occasion de (re)prendre virtuellement contact avec plein d’amies et amis, et qui s’est soldée par un des meilleurs Noëls depuis longtemps malgré l’absence de repas en famille.

Les histoires de vaccin m’ont beaucoup angoissée. La Flandre, où j’habite, a été très méthodique, mais du coup tous mes amis bruxellois ou wallons ont été vaccinés avant moi. Je n’en pouvais plus d’attendre mon tour, surtout pour la seconde dose qui m’a enfin libérée à la mi-août. Je craignais la même histoire pour le booster mais là, j’ai eu de la chance, juste avant la déferlante omicron. A partir de septembre, je suis sortie un peu plus souvent de ma maison et de mon quartier, notamment pour aller au cinéma pour des visions de presse.

J’ai pris beaucoup de plaisir à celles-ci, et c’est devenu une grande partie de mon travail de rédactrice. Les premiers six mois de l’année, je me suis lancée à fond dans un autre projet, et il m’a épuisée. En septembre, j’ai craqué: j’en ai fait trop tandis que d’autres se tournaient les pouces et j’ai eu beaucoup de mal à accepter ça. J’ai ralenti le rythme en fin d’année, en partie à cause de ça mais aussi pour d’autres raisons. Si je dis que 2021 est une parenthèse, 2022 ne le sera pas: j’estime mes chances de garder mon travail à 50%. La situation est assez catastrophique pour le moment mais les vraies et dures décisions ne seront prises qu’à partir de janvier. Est-ce que je garderai ce poste que j’aime tant ? j’en doute. Est-ce que je serai forcée à me réinventer en cherchant un autre travail ? c’est bien possible. est-ce que ça me rend triste ? oui. Depuis deux ans, je n’ai jamais été aussi heureuse avec le contenu de mon boulot, et j’adore le télétravail. 2021 ne m’a pas poussée à sortir de ma zone de confort, je sais que ce sera différent en 2022.

Enfin si, je suis quand même un peu sortie de ma zone de confort: j’ai fait un voyage – ce qui en temps de pandémie et d’angoisses latentes est un exploit pour moi. Mi-août, j’ai décidé d’aller pour 10 jours en Andalousie début octobre, bouclant quelque part la boucle vu que c’est le voyage qui était prévu juste avant le covid. Il a fait un temps superbe, j’ai vidé ma tête des soucis du boulot (mais quand même trouvé une idée d’article) et j’ai visité des villes qui étaient sur ma liste depuis longtemps: Cordoue, Grenade et Malaga. Cette parenthèse dans la parenthèse m’a fait un bien fou. J’ai commencé mon récit sur mon autre blog, suasaday, mais ça n’avance pas vite vu le nombre de photos à trier. Blog qui a fait peau neuve, tout comme celui-ci d’ailleurs.

Quelque chose dont j’ai très peu parlé, c’est la découverte des produits de beauté coréens. Je ne suis pas passée au rituel à dix étapes – j’ai trop la flemme pour ça, mais je fais bien plus qu’avant. Tout est parti d’une allergie à une crème de jour avec SPF qui s’est déclenchée inopinément cet hiver. J’ai donc cherché une nouvelle crème solaire, avec beaucoup de « trial and error » – j’en ai déduit que mes allergies carabinées sont dues au composant SPF qui est le plus populaire dans les crèmes (plus d’Anthélios de La Roche Posay pour moi) – mais j’ai aussi eu la chance d’être conseillée par Une fée dans les étoiles (et après j’ai été lire beaucoup d’articles chez A la recherche et Beauty Alley). Et donc depuis, le matin je mets crème de jour et crème solaire (si je sors), et le soir, je nettoie tout ça (en deux fois si j’ai mis la crème solaire) et j’ajoute un toner et un sérum, ou un gommage aux BHA selon les soirs. Quand je suis partie en vacances, je n’avais pas emporté la plupart des produits (sauf la crème solaire évidemment) et ça m’a tellement manqué que je me suis précipitée en pharmacie pour acheter un nettoyant pour ma peau (un Caudalie qui sent divinement bon et qui me rappelle mes vacances du coup). Bref, je ne sais plus me passer de tout ça !

Je disais l’année passée que mon sommeil allait mieux; ce n’est pas le cas cette année: mes insomnies ont repris, en général en début de semaine, et me laissent dans un état de fatigue extrême. Je n’arrive plus à arrêter mon cerveau et je sens dès la fin de l’après-midi que je ne vais pas dormir. J’ai lu un livre très intéressant sur le sujet – reste à appliquer les solutions que l’autrice propose (j’en reparlerai). J’ai commencé à avoir des symptômes que j’attribue à la pré-ménopause (les bouffées de chaleur et les crises de transpiration, certaines douleurs inopinées, de la fatigue – certains comparent la ménopause au covid long…) mais par contre, les maux de tête accompagnés de vertiges et de courbatures qui m’handicapaient de plus en plus souvent, à une fréquence de toutes les deux semaines à la fin, et me laissant K.O. pour deux ou trois jours, se sont subitement interrompus au mois d’août. Je ne m’en suis rendue compte que quelques mois plus tard. Clairement, mon corps change (je prends du poids aussi). J’ai toujours autant de mal à faire de l’exercice physique par contre et je dois me forcer horriblement, même en sachant que c’est bon pour moi et que je me sens mieux après.

Parler d’une année de parenthèse pourrait faire croire que je n’ai pas été heureuse. Et pourtant, je l’ai été. Je ne vais pas sauter au plafond non plus, ce n’est pas dans mon caractère, et il y aura toujours en moi une certaine dose de mélancolie. Mais le fait qu’il ne s’est quasi rien passé m’a fait du bien et mes émotions n’ont pas été emmenées sur les montagnes russes comme les années précédentes. Je crois que ma plus grosse crise de larmes a été liée à ma frustration par rapport au vaccin, au fait que ma seconde dose n’était programmée à l’origine que fin août, et en plus avec le vaccin moins efficace. J’ai évidemment eu de petits chagrins, et je pleure comme une madeleine à la moindre occasion, mais il n’y a pas eu de cataclysmes cette année. Et ça fait du bien !

Après cette parenthèse, je sais que 2022 sera plus secouée, en espérant que cela mène à de belles choses.

Bonne année !

Tant pis pour l’amour

Quand la lecture d’une bd me renvoie à mon passé. Une critique qui n’est pas vraiment une critique.

Sophie Lambda, Tant pis pour l’amour. Ou comment j’ai survécu à un manipulateur: j’ai d’abord vu cette bd chez Une Comète, mais je ne me sentais pas prête, puis sur l’instagram d’une amie qui a vécu ce genre de relation et qui le conseillait vivement. Je me suis décidée, et ce n’a pas été une lecture facile pour moi. Mais dès les premières pages, je me suis sentie accompagnée par les commentaires de la peluche de Sophie. C’est elle qui m’a permis de continuer ma lecture (j’ai aussi une collection de peluches qui me tiennent compagnie).

Il y a plus d’une quinzaine d’années, j’ai rencontré un homme, le déclic s’est fait immédiatement, l’attirance était mutuelle. Nous avons très vite commencé une relation, nous étions sur la même longueur d’ondes. Le blog n’était pas encore né à cette époque mais il apparaîtra un peu plus tard. Je n’y parlais que de choses et autres, quelques livres, quelques musiques, divers objets. Ce n’est que plus tard qu’il est devenu plus personnel, et j’ai commencé à raconter ma vie. Si je le relisais aujourd’hui, j’y verrais une longue chute jusqu’à notre séparation neuf ans plus tard, mais je sais aussi que j’ai caché beaucoup de choses. J’ai longtemps été aveuglée.

Si Sophie Lambda se rend compte assez vite qu’elle est en proie à un manipulateurs – quelques mois si j’ai bien compris – il m’aura fallu des années pour comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Et ce n’est vraiment qu’en lisant la liste des 30 critères cités dans bd que je me suis rendue compte que c’était le cas. J’ai cherché des excuses, la longue durée de notre relation et les premières années très heureuses ne rendaient pas cette perception facile. Mais voilà, sur les 30 critères, entre 17 et 20 correspondent à la réalité. C’est dur quand on s’en rend compte (mon coeur bat la chamade une seconde fois en écrivant ce billet). LE critère qui me saute le plus aux yeux, c’est « Il ment ». J’ai mis un moment à le réaliser et pourtant c’était constant, j’avais déjà eu beaucoup de doutes mais c’est finalement une bosse dans voiture provoquée par lui m’a ouvert les yeux. Il n’a pas parlé de cette bosse, du côté avant droit; il a juste garé la voiture devant la maison. Quand je l’ai confronté, il m’a dit que c’était sans doute le camion poubelle qui avait embouti la voiture et n’avait pas prévenu. Or, matériellement, c’était impossible, le côté droit étant le long du trottoir. Là son discours s’est embrouillé, mais je n’ai jamais eu l’explication. (L’explication probable est qu’il avait embouti un poteau sous l’effet de l’alcool).

Et ce n’est qu’un exemple. Je pourrais écrire un roman entier mais ce serait trop douloureux. Encore un quand même, que je n’ai jamais raconté sur ce blog – les shorts diaries n’existaient pas encore et je ne racontais pas ma vie au quotidien: il venait d’avoir son permis de conduire (ou était encore en apprentissage ?) et demande donc de prendre le volant pour les courses au supermarché. J’accepte mais je me rends compte très vite qu’il n’est pas en état (un mélange d’alcool et de médicaments sans doute). Pour le retour, je lui demande les clés. Il refuse. Et il me plante là sur le parking. J’ai pleuré les 45 minutes du trajet de retour à pied, j’ai pensé au suicide ce jour-là en passant sur le pont de l’autoroute. Et pourtant, nous sommes encore restés ensemble, j’étais trop aveuglée par mon amour.

J’étais un poids pour mes amis, beaucoup ont décidé de ne plus me voir. Ceux qui sont restés ont tenté de m’ouvrir les yeux mais ont baissé les bras et ont observé de loin. Ma maman était déjà décédée, mon père, je ne sais pas trop s’il a compris l’ampleur de la situation. Je n’allais plus voir ma psy (qui elle, avait compris, mais n’a pas réussi à avoir prise sur moi).

La dernière année a été la plus difficile. On s’est séparé en février mais il n’a quitté la maison qu’en octobre parce que je lui ai permis de rester le temps qu’il trouve un endroit où se reloger. Je n’avais jamais imaginé que ça prendrait autant de temps et de disputes.

Son mal-être était tellement immense qu’il déteignait sur tout son entourage et ça s’est traduit par une manipulation sournoise et progressive. Je n’ai jamais vu les signes: peu d’amis (il s’était disputé avec beaucoup de personnes), l’impossibilité de garder un boulot (trop de conflits), la relation conflictuelle avec ses parents (séparés), les addictions (qu’il cachait – alcool, médicaments, sexe…), l’impossibilité de gérer son argent (des dépenses inconsidérées malgré les dettes), l’agressivité qui pouvait sortir subitement (mais il ne m’a jamais frappée – il est possible que si ça avait été le cas, les signaux se seraient mis au rouge immédiatement)… Et pourtant quand j’énumère tout ça ici, ça saute aux yeux, non ?

J’ai pleuré en écrivant tout ça, évidemment, mais c’est nécessaire, je pense. C’est bien la preuve que je n’ai pas encore évacué toute cette tristesse. Et j’ai toujours un peu peur d’en parler, peur de certaines conséquences possibles.

J’ai très vite été mieux une fois seule, et je suis bien plus heureuse maintenant. Et c’est la seule conclusion qui compte au final.

This was 2020

L’année passée, je terminais mon bilan en parlant du fait que 2020 était une nouvelle décennie et le début d’un nouveau cycle pour moi qui suis de l’année du rat. Et en effet, je vois 2020 comme la conclusion d’une série de choses et le début d’autres.

L’événement qui m’a le plus bouleversée est le décès de mon papa au mois d’août. La vie n’est plus la même sans lui et il me manque. A la mi-mars, je n’en pouvais plus de son état dépressif et des conversations hebdomadaires où on ne se disait pas grand-chose et où il répétait en boucle les mêmes plaintes. Je sais que j’ai été soulagée à l’annonce de la fermeture des maisons de repos aux visiteurs, me disant que je pourrais souffler deux ou trois semaines. Cela a finalement duré jusqu’à la mi-mai, deux mois complets où j’ai eu beaucoup de mal à le joindre au téléphone. J’étais angoissée le jour où je l’ai revu et pourtant ça s’est passé bien mieux que prévu. Il avait retrouvé de l’entrain et nos conversations ont été animées. Fin juin, je restais même une heure avec lui, ce qui n’arrivait jamais avant. Et puis les choses se sont enchaînées rapidement, un AVC, une hospitalisation, son décès quelques jours après son retour à la maison de repos. C’est toute une page de ma vie qui s’est refermée et cela reste difficile par moments.

Ma famille est venue à la rescousse pour organiser une belle cérémonie, dans une vieille église, et malgré les mesures gouvernementales, un cinquantaine de personnes a pu y assister. Par la suite, j’ai retrouvé mes cousins en petit comité au jardin. J’étais déjà proche (mais de loin quand même) avec ma cousine du côté maternel, et il y a eu un rapprochement avec mes cousins du côté paternel, tout en gardant malgré tout nos distances. Mais ils ont été là quand j’en avais vraiment besoin, et je sais qu’ils le seront encore.

A la veille du confinement, je disais à un de mes collègues que le télétravail n’était pas pour moi. Deux mois après, j’avais radicalement changé d’avis. J’ai aimé ce travail en solitaire, à la maison, avec vue sur le jardin, selon des horaires qui me conviennent. J’ai pris de nouvelles habitudes et j’ai enfin commencé à goûter tous ces thés achetés au Japon. J’ai eu beaucoup de mal quand j’ai dû retourner au bureau trois jours par semaine dès le mois de juillet (même si au final, je n’ai pas été très présente pendant l’été pour d’autres raisons). Malgré les circonstances, je me suis sentie bien plus à l’aise quand le télétravail a de nouveau été obligatoire fin octobre. Mes collègues me manquent, c’est clair, mais pas au point de les voir tous les jours. D’ailleurs nous restons en contact par les visioconférences hebdomadaires, et avec un en particulier, avec des mails quotidiens où nous parlons de boulot mais aussi de notre vie de tous les jours.

Je suis vraiment très heureuse de mon nouveau poste de rédactrice, et au fur et à mesure de l’année, j’ai pris confiance en moi. J’ai écrit sur des sujets très divers, soutenue par un chef qui sait très bien ce qui peut m’intéresser même si c’est nouveau pour moi et qui sait comment présenter les choses pour toucher la corde sensible de chacun. En septembre, nous avions commencé des critiques de films passant au cinéma et j’ai voulu faire un essai, doutant fortement que ça me plaise. J’ai adoré ! En décembre, mon chef m’a envoyé visiter une exposition pour en faire le compte-rendu et là aussi, cela a été un succès (j’ai même reçu des compliments de plusieurs personnes, ce qui fait chaud au coeur). Ce n’est pas toujours rose parce que je fais de temps en temps des crises d’angoisse quand il y a trop de deadlines mais je suis malgré tout très heureuse dans mon travail pour le moment.

Mes insomnies ont diminué en fréquence, mais quand j’en ai, elles sont maintenant associées à ces crises d’angoisses citées ci-dessus. Je ressors complètement épuisée de ces moments, qui s’associent également à de beaux maux de tête et des courbatures qui durent plusieurs jours. J’en cherche les raisons et je ne trouve pas vraiment: le travail, oui, mais j’ai eu une grosse crise de maux de tête et vertiges (sans angoisses et sans insomnies) pendant mes congés. J’ai parfois l’impression que chez moi un problème remplace un autre plus ancien.

Comme je l’écrivais récemment, j’ai apprivoisé ma solitude et je me sens bien comme ça. Je sais que je suis entourée même de loin. Mais cela n’a pas été évident au début de l’année avec la fin de deux amitiés de longues date. J’en ai profondément souffert, aussi par la manière dont la coupure s’est faite. Au printemps, j’ai eu la chance de pouvoir parler tous les jours ou presque avec ma voisine. Nous étions toutes les deux occupées à jardiner l’après-midi (après le travail en semaine). Et son mari m’a souvent aidée à réparer l’une ou l’autre chose. Avec l’automne, ces contacts se sont espacés mais on se voit quand même assez souvent. J’ai revu des amis, pas beaucoup, mais ça a fait du bien. Et ces cocktails partagés pendant le premier confinement étaient une excellente idée, créant un lien à distance.

Je suis tombée amoureuse d’un chat, Stanley dit Sushi. Ce beau persan s’était perdu et mes voisins l’ont recueilli pendant trois semaines, le temps qu’on retrouve les propriétaires. Il était extrêmement câlin, s’installant près de moi quand je lisais au jardin. Cela m’a donné quelque part envie d’en avoir un, mais je ne suis pas vraiment décidée. Je me laisse encore quelques mois de réflexion.

En janvier, je voulais réserver un mini-trip en Andalousie mais je n’arrivais pas à me décider. J’ai décidé de reporter à plus tard. Au moment de réserver un vendredi de février un voyage en Géorgie au mois de mai, j’ai eu la flemme. La semaine suivante, le virus déferlait sur l’Europe. Début juillet, je me disais que j’allais passer quelques jours à Bruges ou à Gand, et puis mon papa a été hospitalisé. Le temps que je m’en remette un peu, c’était le début du second confinement. Et puis, un samedi, un couple d’amis m’a proposé d’aller se balader dans la nature du Brabant Flamand. Cela a débloqué quelque chose: durant les mois de novembre et décembre, je me suis souvent promenée sur les chemins, avec eux ou en solo, en profitant pour ressortir mon appareil photo que j’avais abandonné depuis janvier (c’était lors des dernières leçons de mon atelier photo avec Happy Slow People à Charleroi). Il est certain que les voyages m’ont énormément manqués mais j’ai quelque part réussi à trouver une alternative intéressante proche de la maison. Mes chaussures de randonnée n’auront jamais autant servi !

J’ai beaucoup cuisiné, j’ai acheté trop de livres de cuisine, j’ai beaucoup lu, j’ai vu beaucoup de films, j’ai déterré un bambou à la pioche, j’ai récolté plein de tomates, j’ai cousu un peu, j’ai fait plein de puzzles, j’ai scanné des dias de mon papa, j’ai publié des photos de mes balades sur flickr

Je me rends compte que j’ai déjà écrit tout un roman, et pourtant même si cette année était très différente par la force des choses, je me dois encore d’ajouter que j’en garderai des souvenirs très forts, tristes et heureux, et l’avenir dira si effectivement elle était le début d’un nouveau cycle. J’en ai très fort l’impression en tous cas. Je ne fais pas de résolutions pour 2021, ça fait plusieurs années que je n’en fais plus. Je continuerai à aborder les choses telles qu’elles se présentent, ça me réussit assez bien.

De la solitude

Le confinement aura confirmé une évidence dont je n’étais pas tout à fait consciente: j’aime la solitude. Mais il aura aussi démontré que les contacts sociaux me font du bien ! Fille unique, j’ai très vite appris à m’occuper toute seule et à remplir mon temps indépendamment. J’ai eu des périodes d’ennui, comme tous les enfants, mais je n’ai pas le souvenir que cela ait été difficile à gérer.

A partir de l’adolescence, je me suis persuadée qu’il fallait que je trouve l’âme soeur, que c’était le seul moyen pour que je sois heureuse, sans doute aussi parce que c’était le modèle type que présentait la société. A l’université, et les années après, je suis sortie énormément, j’ai rencontré pas mal de gens, j’ai trouvé non sans difficultés quelques compagnons de courte ou longue durée. Je me suis accrochée à eux parce que ma plus grande crainte était de me retrouver toute seule.

Aujourd’hui, je vis seule, mes parents sont tous les deux décédés, je n’ai pas de frères et soeurs, juste des cousins et cousines qui ont leur propre famille (mais qui sont présents en cas de souci majeur, comme pour l’enterrement de mon papa). J’ai une cousine un peu plus proche, mais on ne se voit pas très souvent. Cette année était faste avec quatre visites, d’habitude ça se limite à la fête de Noël ! J’ai aussi quelques amis, peu en fait, mais fidèles, et une voisine et son mari toujours prêts à faire une conversation ou à aider pour l’une ou l’autre chose.

Et vous savez quoi, je suis heureuse. Bien sûr que je déprime de temps en temps, et que parfois une compagnie, un câlin, un conversation (ou peut-être même un chat) me manquent vraiment. Mais si je devais comptabiliser cela en temps, je dirais que ça couvre 5%.

Par contre, je suis de plus en plus fâchée et déçue quant à la manière dont on décrit les personnes seules: il n’y a que des portraits personnes malheureuses ou déconnectées de la société. Et les femmes, c’est encore pire ! Connaissez-vous un seul film qui montre une femme célibataire (et pas que de 20 ans) qui est heureuse seule, qui vit très bien sa vie, qui voyage et qui sort, et dont le but ultime n’est pas la recherche d’un futur mari (ou amant) ? Moi pas (mais si vous avez des suggestions, je suis toute ouïe).

Et aussi, ces personnes seules, dans l’esprit des gens, ce sont toujours des personnes âgées – ce qui n’est pas le cas. Arrêtons de nous fier aux apparences. Entre moi et mon autre voisine qui doit être dans la septantaine et dont le mari est décédé, qui voit le plus de gens ? Qui a invité ses amies, ses enfants et son petit-fils pendant tout le premier confinement ? Je lui proposé de l’aide au début, mais je me suis vite rendue compte qu’elle n’en avait pas besoin. (Attention, moment Caliméro) Alors que de mon côté, j’aurais parfois apprécié un peu plus de marques d’attention.

J’ai digressé (cette mini-frustration devait sortir aussi), mais c’est lié à l’image que se fait la société de la solitude. Quelque chose de triste, qu’il faut éviter à tout prix. On nous pousse dès le plus jeune âge à trouver des amis et à imaginer une vie en couple. Si on est seul, on a raté sa vie, d’autant plus si on est une femme, qu’on décrira comme une sorcière, comme une mégère, comme mémère à chats. L’homme, lui, sera indépendant, libre, sans attaches.

De plus, pas mal de choses sont organisées pour des groupes plus grands, à partir de deux en général: les blancs de poulet se vendent par deux, les plus petits sachets de choux de bruxelles pèsent 500g, le vin se vend en bouteille de 75cl (il y a des formats plus petits mais le choix est très limité)… Si on veut voyager en groupe, il faut payer le supplément « single » qui est souvent prohibitif ou accepter de partager une chambre avec un parfait inconnu, et même en solo, les chambres sont bien plus chères. Au restaurant, on vous regarde parfois de travers – encore une personne qui va occuper une table de deux et ne payer qu’un seul repas, et d’autres clients ont parfois un regard de pitié même si on se sent très bien de manger seul. Les factures (le chauffage, le cadastre ou le loyer) liées au logement sont identiques, qu’on y vive seul ou à cinq (même si l’espace varie évidemment plus ou moins en fonction du nombre). Pourquoi une personne seule devrait-elle se limiter à un mini-appartement sans jardin ? Et j’oublie certainement d’autres situations.

Alors que vivre seul n’est pas la fin du monde, loin de là ! Je voulais écrire ce billet justement pour casser quelques idées reçues. Je lisais encore dernièrement quelqu’un qui disait que vivre seule lui serait impossible et trop déprimant. Et pourtant, cela a beaucoup d’avantages et n’est pas synonyme de tristesse. Je ne cherche plus quelqu’un pour me « compléter » (si jamais je rencontre quelqu’un, ce sera une relation différente, je pense). Je suis libre, je suis indépendante, et j’accepte que ce n’est pas toujours facile (j’ai peur de tomber malade par exemple). J’aimerais que l’image de la société puisse changer aussi.

Envies d’automne et d’hiver

258-Japan-Kokura
  • sortir, me promener dans la nature, seule mais aussi accompagnée
  • en profiter pour reprendre l’appareil photo délaissé depuis cet hiver
  • visiter quelques endroits en Belgique, même si ce n’est pas très loin
  • et peut-être même passer quelques jours dans une autre ville (j’avais plus ou moins prévu d’aller à Bruges cet été mais les soucis de santé puis le décès de mon papa ont coupé court à ces plans)
  • est-ce que je me sentirais assez à l’aise pour organiser un city-trip à l’étranger (en dernière minute) malgré le covid (qui justement reprend de la vigueur) ? j’ai un gros doute, mais on peut toujours espérer que la situation évolue dans le bon sens cet hiver
  • les sorties au resto me semblent parfois encore compliquées mais cela n’empêche pas d’aller dans des endroits où les consignes de sécurité sont bien appliquées
  • inviter plus de gens à la maison (chose que j’avais décidé de faire cet hiver et qui a été interrompue, mais que je reprends tout doucement)
  • je sais que je devrais reprendre du sport, mais ça reste compliqué: je n’aime pas et je n’ai pas la motivation (même si je suis essoufflée après une volée d’escaliers). Je ne sais vraiment pas comment trouver une solution qui me convienne.
  • retrouver un sommeil régulier, sans insomnies – tout un travail sur mon cerveau, donc. Respiration et méditation peuvent m’aider, je pense.
  • trouver de nouveaux patrons à coudre (j’ai l’impression de tourner en rond)
  • si je ne peux pas voyager, c’est peut-être le moment de parler des voyages de mon papa ? il y a des milliers de dias à trier… je me pose des questions à ce sujet: d’un côté j’ai envie pour moi, mais d’un autre j’espère que ça peut susciter de l’intérêt extérieur (d’après une rapide enquête sur Instagram, il y a un certain intérêt, mais pas sous forme de blog, plutôt sous forme d’un nouveau compte Instagram).
  • continuer à préparer de nouvelles recettes (reprendre le blog de cocktails ?). Kleo a lu dans mon cerveau, apparemment, en créant un nouveau défi !
  • reprendre le jeu commencé l’année passée
  • regarder de nombreux films et documentaires, chose qui est en partie liée à une nouvelle facette de mon travail mais qui me plaît bien – vu qu’il n’y a pas grand chose qui me tente en séries pour le moment (mais ça peut changer)

Phase descendante

Le retour des températures fraîches et de la pluie a été très soudain, le week-end passé je lisais encore au jardin. Mon humeur subit le contrecoup, même si le mouvement avait déjà été amorcé depuis quelques semaines.

A part une première semaine où j’ai été très angoissée, je n’ai pas mal vécu le confinement. Je dirais même que ça a été assez positif: j’ai compris pas mal de choses sur mes comportements et mes envies. J’aime vraiment être seule avec moi-même et je n’ai plus eu cette pression des sorties « obligées ». Je me suis quand même rendue compte que les contacts me nourrissent et que j’en ai besoin. Mais je sais maintenant que je peux mieux organiser tout cela, en fonction de ma fatigue et des envies.

J’ai découvert le télétravail et je ne pourrais plus m’en passer. J’ai eu beaucoup de mal à partir du moment où j’ai dû retourner trois jours/semaine au bureau, et depuis, mes problèmes de sommeil ont recommencé de plus belle (ces insomnies jouent un rôle très négatif sur mon humeur). L’angoisse n’est pas spécifiquement liée au déplacement (un peu quand même), mais bien plus clairement à la pointeuse et au temps de travail minuté. Depuis le jour où elle a été installée, je compte les minutes, je créée un solde positif en restant un peu plus longtemps, alors que mon travail est parfois terminé depuis un moment. A la maison, je travaille à la tâche, et c’est bien plus libérateur. Je sais que je vais de nouveau devoir m’adapter à ce rythme et modeler mon cerveau pour qu’il ne soit plus troublé par ça. (Pour la petite histoire, dimanche passé, j’ai su dès le début de l’après-midi que je dormirais mal, j’ai senti l’angoisse monter dans tout mon corps. Ce n’est pas normal.)

Ces dernières semaines, j’ai l’impression d’être arrivée au bout d’un cycle, très clairement marqué par le décès de mon papa, mais je reste bloquée; je n’arrive pas à entamer le suivant. Je me suis posée pas mal de questions, j’ai beaucoup réfléchi mais je stagne. En fin de compte, je me suis dit qu’écrire ce billet m’aiderait sans doute (même s’il part un peu dans tous les sens). Le changement abrupt de saison me donne aussi un incitant. Je ne veux pas me laisser aller à la dépression saisonnière qui revient chaque année, mais je ne peux pas utiliser ma solution habituelle, partir en voyage. Ils me manquent très fort parce qu’ils me nourrissent pour les semaines et mois qui viennent. Quand je pars, je suis extrêmement active pendant quelques (dizaines de) jours, pour revenir ensuite à mon quotidien.

Il est temps de me réinventer, ce changer mon état d’esprit, d’accepter les jours sombres et froids avec ce qu’ils peuvent apporter de positif.

Ce n’est pas simple pour quelqu’un qui aime le soleil et la chaleur. J’ai parfois ces périodes de plusieurs heures pendant lesquelles je n’arrive pas à me réchauffer et je me sens tout simplement misérable. Mais je sais aussi qu’il suffirait parfois de bouger un peu, de boire quelque chose de chaud, (de faire du repassage), de sortir la couverture chauffante que j’ai achetée l’année passée et quasi pas utilisée.

Le confinement a été une parenthèse, une parenthèse utile pour me recentrer sur ce que je suis. Le décès de mon papa a coupé court à une série de choses. Maintenant, je sens que je dois reprendre le fil (et du coup le titre de ce billet ne correspond plus vraiment). Je ne sais pas encore trop comment, mais faire des listes me réussit en général. J’en publierai peut-être une dans quelques jours.

Et vous, comment appréhendez-vous les mois qui viennent ?

Hugo (1937-2020), mon papa

(voici le texte que j’avais écrit pour la cérémonie de funérailles de mon papa, en version longue)

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Pâques 1974, Tassili (Algérie), devant le Grand Dieu de Séfar

Il fait tellement chaud depuis une semaine. Cela n’aurait pas dérangé papa, il a toujours aimé la chaleur et n’a jamais craint la canicule. 

C’était à ces moments-là qu’il commençait souvent à repeindre la façade de la maison, en plein soleil, sous les regards horrifiés de maman.

Du blanc sur blanc.

Comme le peintre russe Malévitch. 

Il était passionné de peinture et allait d’une exposition à l’autre, d’un musée à l’autre. Il aimait l’art classique, les peintres paysagistes du 19e siècle mais aussi l’art moderne et contemporain. 

Il m’a initiée au pop art – nous adorions aller ensemble aux musées Ludwig de Cologne et d’Aix-la-Chapelle. 

Nous riions ensemble devant les idées farfelues des artistes, comme cette dame à bigoudis poussant son caddie de Duane Hanson ou les boîtes de soupe Campell’s d’Andy Warhol. 

Quand j’étais à la fin de l’adolescence, je lui ai parlé d’artistes contemporains, de Keith Haring, de Jean-Michel Basquiat dont nous avons été voir la première grande rétrospective au Whitney Museum de New York en 1992, emmenant par la même occasion tout une groupe de personnes qu’il guidait à ce moment-là.

Il adorait en effet voyager et avait trouvé un moyen pratique pour parcourir le monde: il guidait des voyages pendant les vacances scolaires. Il a commencé quelque part au début des années 1970, après avoir fait la connaissance de son beau-frère, Marc qui organisait des voyages culturels pour le « Stichting ». Chacun avait sa spécialité: si Marc se réservait plutôt l’Extrême-Orient, papa est vite devenu le spécialiste des pays de l’Est et de l’Afrique subsaharienne. 

Il est allé tellement souvent en Union Soviétique, encore communiste à l’époque, que je lui avais demandé récemment en riant s’il n’était pas un espion. Ce n’était pas le cas. Il se savait surveillé, comme tous les touristes de l’époque. Pourtant il n’a pas hésité à importer des roubles illégalement, les cachant dans ses chaussettes. Il a eu de la chance cette fois-là: on lui avait demandé d’enlever ses chaussures au contrôle douanier. 

Il a sillonné  ce grand pays d’un bout à l’autre, parfois seul avec un groupe, parfois avec moi et maman, et le groupe. Mon premier voyage en avion, c’était d’ailleurs à Moscou, Vladimir et Souzdal, je devais avoir 10 ans. Hugo et Geert, ses neveux, étaient là aussi. 

Je me souviens du départ, ça a été une sacrée aventure. Nous devions partir un 24 décembre mais il y avait du brouillard à Bruxelles et aucun avion ne pouvait décoller. On nous a conduit en bus au Luxembourg, où on nous a finalement dit qu’on allait à l’aéroport de Francfort – pour en fait mieux retourner à Bruxelles. Nous y sommes montés dans l’avion d’Aeroflot pour manger, mais il n’était toujours pas possible de partir. Nous avons finalement passé la nuit à l’hôtel à Zaventem, à quelques kilomètres de la maison.

J’ai donc vu Moscou sous la neige, en décembre, et puis, plus tard, Moscou au printemps, en avril. Ce n’était qu’une escale cette fois-là: nous sommes partis pour l’Ouzbékistan où nous avons visité les superbes mosquées de Samarcande, Boukhara et Khiva. C’était ma première incursion en Asie.

Papa a aussi voyagé en Géorgie, en Arménie, en Ukraine – il a vu les célèbres marches d’Odessa mais son souvenir le plus fort était ce long voyage à travers la Sibérie, sur les rives du lac Baïkal, et jusqu’à Khabarovsk – il était impossible d’aller à Vladivostok à cette époque, c’était une ville fermée, mais il aurait bien aimé. 

Il avait aussi cette passion pour l’Afrique. Son goût du voyage est sans douté né là. 

A la fin des années 1950, après des études pour devenir enseignant, il devait faire son service militaire. Quand il a appris qu’il pourrait l’effectuer au Congo Belge, il a sauté sur l’occasion. Il y a passé un peu plus d’un an, dans les remous menant à l’indépendance. Il a vécu un grande partie du temps sur l’Equateur, où il enseignait à la population locale. Il n’a quasi jamais tenu une arme en main; d’ailleurs quand c’était son tour de monter la garde de nuit, il partait avec son oreiller. A la toute fin de son service militaire, il se souvenait avec tristesse qu’il avait dû aider à embarquer dans l’avion des cercueils de militaires tués lors d’une échauffourée. 

Au moins de juin, je devais écrire des textes sur la chanson « Indépendance cha-cha » et sur Lumumba. Papa m’a alors évoqué qu’il avait croisé ce dernier en rue à Mbandaka où il était stationné. Il m’a aussi raconté qu’il était pour l’indépendance du Congo, ce qui traduit bien ses idées toujours progressistes. 

Quand il est rentré en 1960, sa future épouse, Jacqueline, l’attendait. Ils se sont mariés un an après. Je ne sais que très peu de ce mariage; papa n’en parlait jamais. Je pense qu’il a beaucoup souffert de son décès en 1969.

Un an après, il épousait ma maman, Angèle. Il l’avait rencontrée au cours du soir – il donnait en effet des leçons de français à des étrangers. Il garait toujours sa voiture derrière celle de maman, une Triumph, et espérait la voir. C’était l’époque des mini-jupes et mon papa était charmé. Comme elle était plus âgée que lui, il lui avait expressément demandé si elle pouvait encore avoir des enfants. Impossible de répondre à cette question évidemment, mais je suis née un peu plus tard en 1972. 

Il m’a dit que ces années-là ont été les plus heureuses de sa vie, jusqu’au premier cancer de ma maman, en 1978.

C’est aussi à cette époque qu’il a fait ses plus beaux voyages, qu’il a découvert le désert du Sahara qui l’aura marqué toute sa vie. Il disait à l’époque qu’il souhaitait que ces cendres soient dispersées dans le désert du Ténéré mais par la suite, il m’a dit qu’il voulait être enterré près de maman. 

Il était fasciné par les peintures rupestres du Tassili et par les « hommes bleus », les Touaregs. Plus tard, il a parcouru le Mali et le Burkina Faso, toutes des destinations qui sont difficiles à visiter aujourd’hui. 

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Pâques 1974, Tassili (Algérie)

Il a aussi traversé deux fois une contrée bien plus nordique mais tout aussi désertique et aride, l’Islande. Il aimait les volcans, et quand je me suis trouvée devant le Sakurajima au sud du Japon, il y a deux ans, j’ai très fort pensé à lui, et je lui ai envoyé une carte, ce que je ne faisais plus jamais d’habitude. 

Son rêve, c’était d’aller à New York, mais il ne parlait pas anglais. Malgré tous ses efforts, ça ne rentrait pas. Il était pourtant trilingue: il passait sans effort du néerlandais au français, qu’il avait appris en prenant des cours à Lille, et au dialecte, le west-flamand. A la maison, dans les conversations avec maman, il alternait, commençant parfois une phrase dans une langue et la terminant dans l’autre, comparant aussi souvent les variantes de leur dialecte. 

Quand j’étais petite, nous parlions néerlandais et français ensemble. Une fois que j’ai été à l’école primaire en français, je ne lui ai plus jamais parlé en néerlandais, j’ai eu un blocage, j’avais peur de faire des fautes. Mais il ne me l’a jamais reproché, il savait que j’étais bilingue.

Mais revenons à New York – entretemps, j’avais appris l’anglais et j’avais promis de l’aider. Il a donc organisé deux fois un voyage musées et opéra, avec un programme très dense. C’était même un peu son défaut: il ne voulait rater aucune minute de la journée quand il était à l’étranger, il ne laissait pas les gens souffler. Ma maman et moi, nous avons d’ailleurs pris une après-midi pour aller faire du shopping. Ce n’était pas prévu par papa !

Quand il souhaitait aller voir une exposition dans un des pays voisins, il organisait un citytrip d’une journée en car. Il avait toujours cette envie de partager ses connaissances avec des amis. Il s’était construit un public de fidèles qui l’accompagnaient souvent et qui écoutaient avec plaisir ses longues descriptions de courants artistiques et ses énumérations sans fin. Moi, je l’avoue, je m’endormais souvent à ces moments-là.  

Nous faisions aussi de nombreuses excursions en voiture en Belgique et dans les pays limitrophes, dans une des trois Volvo successives. Nous avons été aux Pays-Bas, en Normandie, en Ile-de-France mais aussi en Allemagne, visiter les musées d’art moderne de la région de la Ruhr. Dès que j’ai eu l’âge, je prenais la carte routière et je le guidais. Nous avons également profité maintes fois du Thalys pour aller à Paris pour la journée. 

Il adorait les cathédrales et les vieilles églises, mais n’était pas très religieux. Il avait été dégoûté par une certaine forme de catholicisme très strict et peu ouvert après après avoir passé quelques années au pensionnat, un endroit qu’il surnommait « la prison ». Il en a cependant toujours gardé les valeurs et souhaitait malgré tout une cérémonie à l’église pour ses funérailles. Et de préférence dans une vieille église, comme celle où nous trouvons aujourd’hui. 

Pendant ces dernières années, la conversation était parfois un peu difficile, et donc nous revenions toujours sur le sujet des voyages, les siens mais aussi les miens. Il me demandait chaque fois où je voulais aller et était très heureux quand je partais à la découverte du monde. Début mars, je lui racontais que je voulais aller en Géorgie en mai et il me disait que c’était un si beau pays. Ce voyage est maintenant reporté mais je sais que quand je pourrai y aller, je penserai beaucoup à lui. 

Il s’est impliqué dans diverses associations culturelles, à Drogenbos et à Tervuren. Il était membre des Vrienden van de School van Tervuren, est devenu président de la Fondation Roger Somville, son ami et était très proche également du peintre Edmond Dubrunfaut. Il a même écrit quelques livres. 

Il a enseigné toute sa vie l’histoire, l’histoire de l’art et la géographie au Sint-Jozefscollege à Woluwe-Saint-Pierre, à des centaines de garçons et à deux ou trois filles lors de sa dernière année. Il y organisait chaque année une exposition dans le cadre de la « Lentefeest ». Les périodes d’examens étaient toujours un peu tendues à la maison: il y avait tant de copies à corriger ! En juin, souvent, il regardait le foot en même temps, déclarant qu’il faisait ainsi deux choses inutiles à la fois !

Ses anciens élèves, que je rencontre encore parfois – le pharmacien, le dentiste… – ont gardé de bons souvenirs de lui. C’était un enseignant sévère mais qui connaissait tant de choses et qui s’inquiétait vraiment de ses élèves. 

C’était aussi un papa sévère par moments: il avait prévu que je devais obtenir trois choses dans la vie: un diplôme universitaire, l’agrégation et… le permis de conduire. C’était une pression certaine mais je les ai eu tous les trois en trois mois. ça avait pourtant mal commencé, cette histoire: en rhéto, je m’étais lassée de l’école et mes points avaient chuté. Je suis rentrée des examens de Noël avec un 9/20 en français. Sa colère a été cataclysmique. Après une engueulade mémorable où il m’a dit «  tu ne vaux rien, tu deviendras caissière au Delhaize », il ne m’a plus parlée pendant les deux semaines de vacances. 

Il voulait juste le meilleur pour moi, il m’aimait tant. 

Quand j’étais petite, c’est lui qui me racontait des histoires avant de m’endormir. Si j’ai demandé que soit lue celle de l’Arche de Noé lors de cette cérémonie, c’est parce que c’était notre favorite. Il en avait évidemment changé certains passages, et Noé était devenu un grand amateur de vin. 

Ces dernières années, sa santé a décliné tout doucement. Il s’est déplacé de moins en moins, regardant les courses cyclistes de l’avant-saison à la télévision (il adorait ça), lisant de nombreux livres et romans, souvent conseillés par sa compagne Francine qui venait passer les week-ends avec lui, entouré par toutes les oeuvres d’art qu’il avait acheté au cours de sa vie. Et en buvant un verre de vin rouge, ou plusieurs. Et un picon vin blanc, évidemment, son apéritif préféré qu’il avait découvert lors de son apprentissage du français à Lille. 

Un jour avant Noël, il y a deux ans, il s’est rendu compte qu’il avait peur de rester seul à la maison et a demandé d’aller en maison de repos. Son ami polonais Stacek l’aidait beaucoup mais ce n’était plus suffisant. Je sais qu’il n’était pas tout à fait heureux de cette situation mais il m’a toujours menti sur le sujet. 

Là encore, il était entouré de ses tableaux préférés, et il pouvait observer les écureuils par sa fenêtre. 

Sa vue a baissé, et les journées étaient longues. Mais sa radio était toujours allumée, branchée sur Musiq3.

Il l’écoutait encore mercredi. 

Fluctuations (V)

Quelque part, je me sens assez bien avec ce confinement obligatoire. Je ne me sens pas forcée de sortir et de socialiser. Mais je sais aussi que sortir me fait du bien, et après deux mois, ça me manque. Sauf que je ne sais pas comment faire, je ne sais pas comment attirer l’attention sur moi. Chacun est dans sa bulle, avec son conjoint, ses enfants, des amis. Et moi je n’ai pas grand monde, très peu de famille, un papa qui est confiné dans sa maison de repos et qui ne m’écoute plus qu’à moitié, même s’il va relativement bien pour le moment. (J’ai écrit une partie de ce texte en début de semaine, pendant un moment de déprime, mais depuis, j’ai « attiré l’attention » de quelques amis; comme j’ai écrit encore beaucoup d’autres choses dans ce billet, je ne souhaite pas l’effacer.)

Des amitiés de longue dates qui se délitaient déjà se sont définitivement terminées, et j’en souffre. Je n’ai pas réussi à tempérer et arranger les choses malgré des excuses répétées dans un des cas; j’ai beaucoup de mal à accepter la situation. Je ne vois plus que le rejet clair et net. Sans doute que cette crise du covid ne fait qu’accentuer ce rejet, à une période où on est censé se soutenir. Mais comme je le disais, ça avait commencé avant et le covid n’a fait que précipiter les choses. On me dira aussi que je l’ai cherché, que j’ai tout fait pour me rendre détestable, à tel point que je m’en suis presque convaincue. Cela ne fait que répéter un schéma, j’ai l’impression. Et puis si je regarde l’autre côté, toutes mes amitiés ne se terminent pas comme ça; certains amis restent fidèles depuis très longtemps. « Va chez un psy », m’a-t-on répété. C’est facile à dire, surtout quand on a des proches pour s’épancher sans vraiment s’en rendre compte. Ce qui fait mal aussi, c’est ce bannissement total via les réseaux sociaux, un à un, d’instagram à goodreads, comme si je ne le remarquais pas. C’est comme si je n’existais plus. Un rejet aussi violent ne m’est pas arrivé très souvent, il y a eu mon ex mais le rejet était partagé, et puis avant, ça remonte sans doute à l’école primaire ou secondaire.

Le déconfinement se met en route, mais il n’est pas encore vraiment passé par moi. Oui, j’ai été acheter des plantes exotiques – ça me manquait et ça m’a fait du bien – mais je n’ai vu personne. Je n’ai pas rempli ma bulle de quatre personnes (j’ai eu ce sentiment de « dernière choisie pour l’équipe de basket à l’école »). J’ai vu quelques collègues lors de mes courtes incursions au bureau. J’ai eu quelques contacts par messenger mais ça s’étiole. Je sais que c’est à moi de faire les efforts, mais je n’y arrive pas vraiment. Je crois que si j’étais seule « Dans la forêt », je m’adapterais bien à la situation. Je n’aurais personne à qui me comparer.

Je m’en sors bien en voyage, au Japon tout particulièrement. Il y a plein de choses à visiter qui me plaisent. Ici, je n’arrive pas à prendre l’initiative de sortir de chez moi, d’aller me promener, de faire une randonnée, comme si la solitude était moins acceptable ici qu’en vacances. Et donc je reste chez moi. Heureusement j’ai un jardin mais l’horizon est quand même limité.

Le confinement n’est pas tendre avec les personnes seules. Elles ont été oubliées. Qui pouvais-je voir ? Heureusement, ma voisine était là, mais je ne peux pas lui parler de lectures, de cinéma, de séries tv… Je n’ai plus touché personne depuis deux mois et demi et cela risque de durer encore un moment (les larmes me sont montées aux yeux quand je l’ai raconté à une amie / collègue mais elle ne pouvait rien faire, à part prendre des risques que je ne voulais pas qu’elle prenne). Je n’ai personne que je peux prendre dans mes bras (mon papa, c’est interdit). (Si ça fait aussi deux mois et demi que vous n’avez touché personne, comment le vivez-vous ?) Avant je faisais la bise à des amis, ou parfois même un câlin, ce n’était pas énorme ni suffisant, mais c’était déjà bien mieux.

Je ne sais vraiment pas comment sortir plus souvent, comment me faire de nouveaux amis. Des amis qui comprennent que je refuse leurs invitations parce que j’ai besoin d’être seule, parce que je suis un peu bizarre, plus introvertie que la moyenne. Mais des amis qui m’accueillent avec plaisir quand j’ai envie de sortir et qui ne font pas d’histoires parce que la semaine avant je n’ai pas voulu socialiser. Des amis qui me disent ce qu’ils pensent mais avec bienveillance, des amis tout simplement.

Même hors du confinement, je ne suis pas une grande spécialiste des liens sociaux. C’est un peu un cercle vicieux: je suis timide donc on ne me remarque pas et comme on ne me remarque pas, je m’enferme encore plus. J’ai envie qu’on vienne vers moi alors que c’est le contraire, c’est à moi de faire les efforts, et c’est là que j’abandonne la plupart du temps, souvent parce que je ne sais pas comment faire. J’ai plein d’intérêts mais ils sont souvent un peu trop particuliers. Les réseaux sociaux m’ont permis de faire connaissance avec certaines personnes aux mêmes goûts que moi, mais pas tant que ça. Et les réseaux sociaux n’ayant pas de frontières, il est souvent impossible de voir de ces amis qui habitent loin.

90% du temps je vais bien, 10% du temps je suis misérable, je me sens seule et abandonnée de tous.

Tout ça va passer, probablement. Tout passe.

(D’ailleurs, comme je le disais plus haut, quelques jours ont passé et j’ai de nouveau basculé dans les 90% du temps, mais je ne souhaitais pas effacer ce texte très personnel qui raconte beaucoup sur moi et qui parle de blessures très récentes).

Fluctuations (IV)

Ou comment j’ai raté mon confinement (ou pas)

(d’après une idée de Kleo)

Dès le début du confinement, ça n’a pas raté: l’internet s’est rempli d’injonctions: « profitez de tout ce temps libre pour faire ceci, ou cela ». D’abord quel temps libre ? Quand on travaille à plein temps, même si c’est depuis la maison, les journées sont quand même bien remplies. Oui, c’est un peu plus relax, et oui, on peut récupérer l’heure qui n’est pas dédiée aux transports, et parfois même, faire la vaisselle est une bonne manière pour trouver de l’inspiration pour un texte. Mais ça ne fait pas beaucoup plus de temps libre, et je n’ai pas obéi aux injonctions diverses (ce n’est pas trop mon style non plus). Un aperçu:

Activité physique: beaucoup de jours sans (je n’ai pas encore pensé à transporter mon téléphone sur moi toute la journée pour compter mes pas), deux ou trois séances de yoga quand j’avais vraiment besoin de me détendre, mais aussi une idée utile: enlever les bambous du fond du jardin. Même s’il n’est pas traçant, il s’était fortement étendu, et donc j’ai commencé par enlever tous les rhizomes qui s’étaient éloignés de la base. Et puis j’ai décidé de m’en débarrasser complètement et de changer l’aspect du fond du jardin. Mon rythme: 10 ou 20 centimètres carrés par jour, mais à la pioche, ce qui prend entre 40 minutes et une heure. Les rhizomes, c’est résistant ! (Le résultat, c’est que j’ai des douleurs sous l’omoplate depuis plus d’une semaine et que j’ai dû ralentir le rythme). Ce n’est pas encore fini, j’ai donc encore de l’exercice physique prévu pour les dix prochains jours environ.

Culture: pour le boulot, j’ai dû faire des listes d’initiatives culturelles sur le web. Associées à celles de mes collègues, ça fait une quantité énorme. Est-ce que j’en ai profité ? Oui, mais seulement trois ou quatre fois, et au détriment de mon visionnage de séries habituel. Côté lecture, ça a été catastrophique les premières semaines: je n’avais plus mon temps dédié dans les transports et je n’arrivais pas à me concentrer à la maison. Par la suite, pour réamorcer l’habitude, je me suis décidée à lire pendant un créneau horaire précis, juste après le boulot. Aujourd’hui j’ai repris un rythme quasi normal mais cela dépend vraiment des jours.

Capillarité: je me déteste avec les cheveux gras, ce n’était donc pas une option pour moi. Donc lavages habituels tous les trois jours (et déjà, le troisième jour c’est souvent limite). Mais j’ai décidé de laisser pousser ma frange, sauf que je l’avais recoupée deux ou trois jours avant le début du confinement. Aujourd’hui, j’en suis au début du stade où a priori j’aurais tout recoupé. Mais si je reste honnête avec moi-même, l’idée était présente depuis au moins six mois.

Epilation: ça m’avait échappé, mais Kleo dit qu’il y a eu plein d’injonctions dans le sens d’une repousse, pour se libérer du diktat « absence de poils ». Et bien, je préfère mes jambes sans poils. Personne ne me fera changer d’avis. (Les nombreux poils sur mes jambes ont été à l’adolescence une source de moqueries, et ma mère me disait tout le temps que si je les épilais, ça reviendrait encore plus dru. Je l’ai crue un moment, sauf que ce n’est pas vrai).

Soutien-gorge: ça dépend des jours et des vêtements, mais moins qu’avant. Sauf qu’avant, le dimanche par exemple, je n’en mettais déjà plus. Au début du confinement, j’ai mis des vêtements confortables en jersey, mais par la suite, je me suis dit que ça me ferait du bien si je mettais mes jolies robes, et là, je préfère porter un soutien-gorge (question de frottement de tissu contre ma peau, et de soutien justement – mes robes sont coupées pour une position des seins dans un soutien-gorge). Et donc, je jardine sans soutien, ce qui a valu une conversation sur le sujet avec ma voisine qui me disait qu’elle avait trop peur des effets de la gravité avec l’âge (elle a 15 ans de plus que moi).

Levain: ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Par contre, je continue à cuisiner – comme avant – parce que j’aime ça, testant régulièrement de nouveaux plats, selon mes envies. Le souci du pain, c’est que c’est une grande quantité (et sinon, tout ce travail ne vaut pas trop la peine) et que ça fait beaucoup pour moi toute seule. J’ai vaguement pensé aux naans (depuis avant le confinement en fait) mais idem: j’en mangerai un et puis… surgélation ? Ce n’est pas aussi bon !

Créativité: comme avant, je couds mes robes et je m’occupe du jardin. J’ai lancé un projet de nouveau point d’eau pour le fond du jardin, projet déjà imaginé depuis l’été passé en fait. Il fallait juste que je contacte quelqu’un d’extérieur pour le mettre en place (à vrai dire, je pensais que le confinement empêcherait tout ça, mais non).

Puzzle: j’ai repensé à ces puzzles de 5000 pièces que je faisais pour combler mon ennui alors que j’étais adolescente. C’était toujours à la mer, dans la maison de ma grand-mère. Je crois que les puzzles sont restés là quand on a vendu la maison, ou alors quand on a vendu la maison de mon papa. Mais je fais des réussites sur mon téléphone pendant des moments de glande intense.

Apprendre à se connaître soi-même: ça fait un petit temps que c’est en cours, je n’ai pas attendu le confinement pour réfléchir sur moi-même !

Autre chose ?

A vrai dire, je vis ma vie à peu près comme avant, la seule « grande » décision étant la repousse de la frange ! Et donc, il ne faut pas s’attendre à de grandes entreprises de mon côté.