Sounds of the world: Saloma (Malaysia)

Pendant un certain temps, j’ai tenu un blog sur les musiques du monde. C’était en partie par plaisir mais aussi en partie professionnel. J’ai abandonné suite au peu de réactions que j’y recevais. Je ne pense pas le reprendre pour le moment mais La Princesse me proposait de publier mes coups de cœur ici, au milieu des autres articles. Et pourquoi pas !

Saloma (1935-83) est une actrice et chanteuse de Malaisie/Singapour, mariée à P. Ramlee (dont je risque bien de parler plus tard). Elle m’a séduite par ses chansons nostalgiques aux influences très mélangées: des rythmes latino-américains comme le mambo ou le cha cha cha, une touche de jazz et des textes en malais qui ajoutent une touche d’exotisme. Et par son look si typiquement sixties, une période où pas mal de pays du monde ont connu une vague de musiques inspirées par l’Occident. Si vous voulez acheter le disque que j’ai écouté, c’est ici. Voici Polynesia Mambo:

et dans un film, Adek Ku:

Downton Abbey

Downton Abbey, c’est un peu Amour, gloire et beauté dans l’aristocratie anglaise. Ecrite par Julian Fellowes, déjà responsable du scénario de Gosford Park mais aussi de plusieurs romans, la série s’intéresse à la famille Grantham, à son château et à ses domestiques. Elle commence en 1912 avec le naufrage du Titanic et la mort de l’héritier de la famille. Lord Grantham et son épouse n’ont que trois filles et doivent donc se tourner vers un cousin lointain qui vient s’installer à proximité du château avec sa mère. Là commence un conflit de classe, mais par petites touches, un conflit entre les pratiques anciennes de l’aristocratie et une ouverture plus grande de la bourgeoisie. Et Lady Mary, va-t-elle finalement épouser l’héritier Matthew ?

Toute l’équipe des domestiques joue aussi un rôle important, par leur implication ou leurs commérages, par le désir des plus jeunes de sortir de la domesticité tandis que les plus anciens ont dénié toute vie privée pour rester au service de « His Lordship ». Montées en grade, jalousies, apprentissage, amours secrets ou non, tout passe en revue.

L’espace-temps entre le début de la saison 1 et la fin de la saison 2, de 1912 à 1920, est l’occasion de montrer une société en évolution, la montée du socialisme et du communisme, les horreurs de la guerre, le travail des femmes mais aussi tout un chamboulement dans les convenances. Et on voit aussi les tenues des dames changer, les jupes se raccourcir, les pantalons apparaître.

Au point de vue formel, rien à signaler. La série est très classique, avec des mouvements de caméra traditionnels, un scénario qui suit les personnages et la chronologie (avec juste quelques ratés parfois, une accélération pendant un épisode ou deux pour retomber ensuite dans le train-train), une reconstitution historique très fidèle et des décors d’époque assez impressionnants. Mais c’est justement la finesse de ce scénario qui passionne ! Il faut peut-être regarder quelques épisodes avant de s’attacher vraiment aux personnages mais une fois qu’on est pris, la série devient très addictive.

Une mention spéciale doit être donnée à Lady Violet Grantham, qui est fabuleusement bien campée par l’actrice Maggie Smith. A elle seule, elle porte une grande partie des intrigues et ajoute un élément comique certain. Vivement l’année prochaine pour de nouveaux épisodes !

UPDATE: j’ai trouvé ce clip avec les meilleurs moments de Lady Violet:

Paris by night

Occuper nos soirées à Paris n’était pas une priorité – nous savions que les journées seraient déjà bien remplies – mais il a certaines activités qui ne se refusent pas.

Lorsque nous avions rencontré Stella Polaris à l’Archiduc Follies, elle nous avait vanté les mérites  du Crazy Horse. Un documentaire que nous avions vu fin décembre nous avait déjà mis la puce à l’oreille: c’est un spectacle à ne pas rater depuis qu’il a été remis au goût du jour par Philippe Decouflé et Ali Mahdavi. L’endroit, sans être petit est  agréablement agencé d’autant que nous étions idéalement placés au centre de la salle sans personne devant nous.  Il y a quelques morceaux classiques, tel la relève de la garde à l’écossaise, militaire en diable, le tout premier ou le dernier reprenant la chanson du Crazy, mais il y a aussi beaucoup de pièces très imaginatives. Toutes sont interprétées avec un souci du détail, beaucoup de rigueur, de sérieux, de professionnalisme. On est loin ici de l’humour un peu décalé du burlesque, de ses à peu-près attachants. Les filles sont toutes danseuses de formation, dont une championne de gymnastique artistique. Diane et moi avons été séduits, notamment par la pièce avec les cordes qui servent tour à tour de balançoire ou de prison, par la « secrétaire », par le jeu de lumière dans une autre chorégraphie et le champagne aidant, nous avons été emporté par ce ballet de jambes, de petits culs aguichants, de sourire espiègles, et autres volutes et arabesques… Le Crazy,  synonyme des premiers émois érotiques soft est devenu, avec la maturité, une féérie sensuelle et envoutante comme les princesses indiennes d’Hollywood, le nu intégral et décomplexé en plus, et reste avant tout incontournable.


L’autre activité est due au plus pur hasard… quand j’ai demandé sur Facebook s’il y avait des choses à faire à Paris pendant notre séjour, j’ai reçu une réponse: celle du Révérend Frost qui proposait de venir à son concert à la Bellevilloise. Je connais le Révérend par blog interposé depuis très longtemps (via une recherche sur le disque « Asian takeaways » – il faut le faire pour un blog plutôt consacré au blues et à la soul !).  Le trajet était direct en métro, sauf que je ne savais pas que la rue pour y arriver était en pente, une belle longue montée bien abrupte avec le soleil dans le dos ! L’endroit est un ancien bâtiment industriel reconverti en plusieurs salles. Le Révérend allait jouer dans la Halle aux Oliviers qui fait aussi office de restaurant, ce qui tombait bien puisque nous n’avions pas encore mangé. Nous arrivons en plein soundcheck mais peu importe, les présentations sont vites faites, entre le Révérend et sa demoiselle et nous-mêmes. C’est d’ailleurs celle-ci qui s’arrangera pour que nous puissions manger ensemble alors que toutes les tables sont déjà réservées ! Alors pour décrire sa musique… imaginez un hot rod genre rat fink fonçant à travers le bayou à minuit. La brume envahit tout, une grande silhouette au carrefour et bardaf vous plantez l’engin dans le juke joint d’à côté. Pas grave, un mec se lève avec son tord-boyaux et transforme la calandre en piano, vous beugle un blues du fond des tripes avec une voix à décorner les boeufs. Y’a bien un avorton bourré avec un mop sur la tête, qui vient emmerder son monde, mais le Révérend, c’est le Georges Abitbol du rock greasy, toujours classe, il lui fracasse pas sa gratte sur la gueule, non il nous fait fondre comme une sucrette dans un old-fashioned, il a du coffre, du talent et de l’énergie à revendre, pis bon c’est un pote à G.T. aussi. Le Révérend aime chanter, aime son répertoire,  il interprète également « Sway » tongue in cheek et suite à la version pas très juste de Patrick Ouchène quelques jours auparavant et celle du musicien du métro tous les trois jours, mon choix est vite fait ! Après le concert et une discussion que nous aurions bien aimé continuer, la fatigue se fait sentir chez tout le monde… Rendez-vous à Bruxelles j’espère, pour un nouveau concert !

Pour clôturer ce récit sur notre escapade à Paris, j’aurais encore dû écrire un article sur l’exposition Dreamlands, mais elle est terminée, donc cela n’a plus trop d’intérêt dans l’immédiat. Peut-être un jour…

(article écrit à quatre mains – je suis sûre que vous reconnaîtrez les passages écrits par diane !)

They wore their best dresses and dancing shoes !

Suite à mon billet précédent, La Princesse me proposait d’aller au cours de danse de Radio Modern au Jazz Marathon. Je dois bien dire que j’ai hésité un moment… je me sentais plutôt molle et surtout indécise ces derniers temps… mais le bon sens a pris le dessus: c’était la bonne occasion de sortir de chez moi et de m’amuser ! Et puis, nous nous sommes très vite mises d’accord: c’était également l’occasion de faire prendre l’air à nos jolies tenues et chaussures ! J’ai mis une petite robe estivale H&M et des chaussures à bride confortables pour danser tandis que La Princesse portait une magnifique robe vintage en brocart (je suis jalouse !).

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So much to do this summer !

Entre l’emballage de mes nombreuses affaires et le déménagement vers notre nouvelle maison, j’espère que j’aurai le temps de visiter quelques expositions. A Gand, il y en a deux que je ne voudrais rater pour rien au monde, leur sujet étant tout à fait conforme avec mes intérêts (dadas) du moment:

De tentoongestelde mens. Andere culturen als amusement parle de la fascination des Occidentaux au 19e siècle pour les cultures exotiques et l’exposition de celles-ci d’une manière quelque peu douteuse, tout comme on montrait à l’époque les personnes « anormales » dans les foires. (Musée du Dr. Guislain, Gand, jusqu’au 13-09-2009)

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De dolle jaren van het variététheater 1880-1940 parle des théâtres de variété en Belgique et des spectacles proposés, musique, chant et humour souvent teintés d’exotisme et d’érotisme, cherchant toujours le sensationnel. (Het Huis van Alijn, Gand, jusqu’au 13-09-2009, ticket combiné avec l’autre expo)

J’en profiterai évidemment pour acheter les catalogues ! Et aussi pour passer chez Mieke qui vend certaines collections de vêtements pin-up comme Bettie Page – Las Vegas.

Royaume de l’artifice

Cela fait quelques semaines maintenant que j’ai terminé le livre de Céleste Olalquiaga, Royaume de l’artifice: l’émergence du kitsch au XIXe siècle. En le voyant en librairie, il m’a tenté par sa couverture et par son sujet mais aussi par la riche iconographie en couleurs. Après lecture par contre, je reste sur ma faim, j’espérais en apprendre beaucoup plus sur le sujet. Mais le livre a une qualité certaine, c’est le style d’écriture très poétique. L’auteur prend comme fil rouge sa propre expérience avec un bernard-l’ermite, Rodney, emprisonné dans sa boule en verre, et s’inspire largement (uniquement ?) des théories de Walter Benjamin sur l’aura et sa destruction suite à la reproduction en série, sur les passages parisiens et le début de la flânerie. Les sujets abordés sont divers mais tournent essentiellement autour de la mer, des fonds marins, de l’eau… Fantasme et réalité se mêlent.

Le point de départ de cette émergence du kitsch est l’industrialisation qui a permis la reproduction de masse des objets et crée une atmosphère quelque peu mélancolique par rapport au passé perdu. Ce qui m’a frappé, c’est qu’une fois de plus, le Crystal Palace de l’exposition universelle de Londres en 1851 est pris comme point de départ, comme point de tous les changements. Depuis quelques années déjà, je suis passionnée par ce sujet des expositions universelles qui ont été les endroits de tous les possibles, ayant une influence énorme sur la société, lançant modes diverses (je pense notamment à la diffusion de la musique hawaïenne dans le monde entier).

Mais revenons au livre. Je ne vais pas faire un résumé complet mais plutôt parler de certaines formes de kitsch qui m’ont marquées. La taxidermie par exemple (c’est pour moi l’occasion de faire un lien vers cet article), qui existait depuis le 16e siècle dans un but de préservation, mais qui au 19e siècle devient une mise en scène (Le thé des hermines), accompagnée également de « mobilier animal » où des pattes de rhinocéros deviennent des chaises et des bois de cervidés un porte-chapeau.

Ou encore cette mode des aquariums qui deviennent un monde en eux-mêmes où les poissons sont presque accessoires à côté des fausses ruines, grottes miniatures et autres décorations et dont les supports sont extrêmement compliqués, baroques. (En cherchant des images, je suis tombée sur cet article et celui-ci, mais ce n’est qu’une toute petite sélection, image venant d’ici.).

Les presse-papiers en forme de boule de verre sphérique ou boules de neiges furent en vogue à cette époque. Ils emprisonnaient fleurs ou animaux mais représentaient également des scènes diverses tels châteaux ou la tour Eiffel (en photo, collection du National Glass Center). Au cours du temps, l’intérieur de ces globes de verre se sont détériorés en partie comme celui représentant Marie-Antoinette devant le Petit Trianon que vous verrez dans le livre.

C’est également une époque de toutes les contradictions: la science remet en question une série de choses mais le public raffole des géants, des nains, des siamois, des licornes et autres monstruosités de foires. La société victorienne adore tout particulièrement les sirènes, toutes fausses évidemment mais reconstituées avec amour par des artisans quelque peu charlatans qui, avec le grand art du taxidermiste, mêlaient tronc de singe et queue de poisson. C’est à ce moment que Barnum commencera sa carrière d’homme de spectacle, rassemblant ce genre de curiosités dans son cirque itinérant. (La photo vient  d’ici).

Je pourrais également parler des cabinets de curiosités (avec un clin d’oeil à Mademoiselle M), des mondes engloutis et de la recherche de l’Atlantide, de la grotte de Vénus à Linderhof, des grottes du bois de Vincennes, des représentations des fonds marins et de l’intérêt pour les différents naufrages, du Nautilus de Jules Verne et de bien d’autres choses. Comme je le disais au début de l’article, une déception sur le fond et surtout une envie d’en savoir plus sur beaucoup de sujets tout juste abordés dans le livre mais une très belle iconographie.