At the movies – 71 (2020s)

Perfect Days de Wim Wenders

La déesse des mouches à feu, Anaïs Barbeau-Lavalette (Canada, 2020) – 3/5: années 1990, Québec – les parents de Catherine ont de violentes disputes et se séparent tandis que Catherine part à la dérive. Elle a 16 ans et se cherche, elle est attirée par le petit ami d’une rivale à l’école. Lui est attiré par elle. Elle se lie également d’amitié avec Marie qui l’initie à la drogue et qui l’inclut dans son groupe d’amis très grunge. Elle consomme de plus en plus, ses parents continuant à se disputer. C’est un film de coming of age en plus pur québécois (je n’ai pas tout compris) avec des moments qui sont beaux et d’autres tristes mais il y a une série de clichés, des images déjà vues même si elles sont belles. Pas mal mais aurait pu être mieux. Un bon point quand même pour la chanson « Do you love me now » des Breeders. #52FilmsByWomen (vu pour le boulot)

About Kim Sohee (ou Next Sohee), July Jung (Corée, 2022) – 4/5: pour compléter ses études, Sohee est engagée comme stagiaire dans une société de téléphonie. Il s’agit en fait d’un job de call center où la compétition est énorme. Elle tente de suivre le rythme, devenant la meilleure téléphoniste mais lorsqu’on lui dénie les primes qu’on lui a promis, elle dépérit. Ce film, basé sur une histoire vraie, est un sombre portrait du milieu du travail en Corée. La compétition est partout et des tableaux classent les sociétés et les employés à tout moment. Le seul but est de passer en première place, peu importe le client ou l’employé (certains clients dans le film sont appelés jusqu’à 28 fois avant qu’ils puissent résilier leur contrat). C’est un film dur qui montre un monde inhumain, où les femmes ne sont pas les seules victimes, mais juste un peu plus quand même quand on voit que les directeurs sont tous des hommes. C’est aussi un film très prenant, que j’ai vu en une fois malgré ses 137 minutes. #52FilmsByWomen – Ce film peut être cité dans l’activité autour des mondes du travail organisé par Ingannmic. (Comme c’est un film, et que ma notice est courte, je ne mets pas le logo).

Armageddon Time, James Gray (2022) – 2,5/5: années 1980, New York – Paul Graff (Banks Repeta) va à l’école publique et suite à ses pitreries en classe se fait un ami, Johnny (Jaylin Webb). Paul est d’une famille juive aisée dont les diverses générations se retrouvent régulièrement pendant des repas souvent assez animés; Johnny est noir et vit avec sa grand-mère qui perd la tête, mais on n’en saura pas beaucoup plus sur lui. Paul est parfois un peu trop rêveur et est uniquement compris par son grand-père (Anthony Hopkins). Le film analyse l’impossible amitié entre les deux garçons, le racisme, l’inégalité. J’ai eu du mal avec certains passages que j’ai trouvé psychologiquement très violents et j’ai regretté que le film se focalise sur les blancs, sur la voie à suivre pour réussir, oubliant de s’intéresser au personnage de Johnny qui me semblait bien plus intéressant que les névroses d’une famille juive.

All of Us Strangers, Andrew Haigh (Royaume-Uni, 2023) – 4/5: un soir, quasi seul dans son immeuble avec vue sur Londres, Adam (Andrew Scott) rencontre son voisin Harry (Paul Mescal). Ils sont attirés l’un par l’autre et se rapprochent. Parallèlement, Adam continue l’écriture de son roman (ou scénario ?) et retourne voir la maison de ses parents. Bien qu’ils soient décédés quand Adam avait 12 ans, ils y vivent toujours, sans avoir vieilli. Ils accueillent Adam à bras ouverts et ont des conversations sur ce qu’il est devenu. C’est un film très triste, très touchant, très mélancolique. Il montre comment l’homosexualité était considérée comme quelque de chose de bizarre dans les années 1980 et que ce n’était pas facile pour un jeune garçon à cette époque. Il montre aussi des parents qui essaient de comprendre. Ainsi qu’une relation actuelle, sans attaches mais avec beaucoup de sensibilité et de retenue. J’ai beaucoup aimé.

Strange Way of Life, Pedro Almodóvar (Espagne, 2023) – 3/5: Pedro Pascal et Ethan Hawke jouent deux cowboys amoureux dans cette courte histoire de trente minutes. Mais le premier est le père d’un tueur recherché par le second. Pas mal mais un peu court et pas très développé.

Perfect Days, Wim Wenders (Allemagne-Japon, 2023) – 4/5: Hirayama (Koji Yakusha) a une vie très répétitive, chaque matin il se lève et part pour son travail, il nettoie les toilettes publiques de Tokyo. Il prend des photos des arbres, il va au sento, il mange tous les soirs au même endroit. Chaque jour se répète mais il apprécie cette vie très régulée. Et parfois des petites choses se passent. J’ai beaucoup aimé ce portrait d’un homme qui prend du plaisir aux choses simples. Et puis ces images de Tokyo qui donnent envie d’y retourner. Un très beau film. (Ce film-ci pourrait peut-être aussi participer à l’activité autour des mondes du travail organisé par Ingannmic.)

Deux ratés pour des raisons complètement différentes: L’arbre aux papillons d’or (Pham Thiên Ân, Vietnam, 2023) – trop long et trop lent, du hardcore slow cinema – et Indiana Jones and the Dial of Destiny (James Mangold, 2023) ou comment trop d’effets spéciaux tuent l’effet spécial, et où un scénario prenant et intéressant est totalement absent – bref les films en série des studios américains actuels basés sur une idée qui a fonctionné dans le passé et qu’il faut exploiter et décliner pendant des années alors que le public est lassé depuis longtemps.

The Zone of Interest, Jonathan Glazer (2023) – 3/5: Rudolf Höss (Christian Friedel), commandant du camp d’Auschwitz, et son épouse Hedwig (Sandra Hüller) vivent avec leurs enfants dans une maison au superbe jardin. ll y passent des jours heureux, malgré la proximité du camp de concentration (les murs d’enceinte sont au bord du jardin). C’est un film froid, très distancié (il n’y a pas de gros plans des personnages), aux couleurs légèrement passées. L’esthétisme l’emporte sur l’histoire, quasi inexistante. Et la bande-son enveloppe le spectateur, ainsi que quelques morceaux dissonants composés par Mica Levi. Il y a toujours au loin des bruits dérangeants, des fusillades, des chiens qui aboient tandis que le couple vit sans se rendre compte de rien, surtout Hedwig. Je comprends que ce film marque les esprits, mais ce n’est pas mon cas, je suis restée à distance.

At the movies – 16 (1930s)

King Kong contre le T-Rex (et Fay Wray)

The Private Life of Henry VIII (Alexander Korda, UK, 1933) – 1/5: dieu que c’était ennuyeux ! Un film qui raconte l’histoire de cinq des six femmes du roi anglais Henry VIII, avec évidemment de nombreux écarts par rapport à la réalité historique. Je n’ai vraiment rien de positif à dire… J’imagine que si ce film s’est retrouvé dans liste des meilleurs de 1933 c’est à cause de son succès commercial à l’époque et sa nomination pour les Oscars.

Lady for a Day (Frank Capra, 1933) – 3/5: Annie vend des pommes dans la rue à New York mais fait croire à sa fille qu’elle appartient à la haute société. Lorsque cette dernière arrive d’Espagne pour présenter son fiancé, Annie devient une « lady » pour un jour grâce à l’aide du gangster Dave « The Dude » Conway (Warren William) qui est convaincu que ses pommes lui portent chance. Une histoire bien ficelée, avec plein de rebondissements qui plonge à la fois dans le milieu des gangsters et dans la vie des pauvres. Pour une fois, l’héroïne est une femme plus âgée (May Robson, âgée alors de 75 ans !). Un film qui a mis Frank Capra sur le devant de la scène avec une nomination aux Oscars, et son second pour 1933 (The Bitter Tea of General Yen est aussi sur ma liste). J’ai aimé le dynamisme du film même si l’histoire est complètement improbable. A noter: les immenses paquebots à quai, les voitures sirènes hurlantes dans les rues de New York.

King Kong (Merian C. Cooper & Ernest B. Shoedsack, 1933) – 4/5: même après quasi 90 ans, ce film reste très bon. L’animation peut sembler primitive à nos yeux, mais l’histoire est bien ficelée et il y a plusieurs moments où la tension est à couper au couteau. Avec Fay Wray en victime parfaite, blonde évidemment (on n’évite quand même pas les clichés de l’époque). Au niveau des habitants de l’île qui est censée être proche de Sumatra, ils ressemblent plus à des Papous que des Indonésiens, mais bon… C’est le premier film qui possède un soundtrack aussi complet, composé par Max Steiner, mais par moments, c’est un peu trop envahissant. A noter: les scènes cultes de l’Empire State Building, les décors de l’île qui ont été réutilisés et brûlés pour illustrer l’incendie d’Atlanta dans Gone with the Wind.

Design for Living (Ernst Lubitsch, 1933) – 4/5: un pétillant ménage à trois: Gilda (Miriam Hopkins) rencontre Tom (Fredric March) et George (Gary Cooper) et tombe amoureuse des deux hommes. Ils décident de vivre ensemble mais tout ne se passe pas comme prévu. C’est un peu statique vu que c’est adapté d’une pièce de théâtre mais j’ai adoré le personnage joué par Hopkins, qui est fraîche et pétillante. Par contre, aucun des deux acteurs masculins n’est très intéressant: ils ont l’air un peu empotés durant tout le film (je préfère clairement Gary Cooper plus tard, dans des westerns). Un film qui aurait été interdit quelques mois plus tard avec le code Hays, vu qu’il n’y a aucune « moralité » !

Das Testament der Dr. Mabuse (Fritz Lang, Allemagne, 1933) – 3/5: un film très connu de Fritz Lang mais qui a eu du mal à me passionner. J’ai trouvé le temps long, sauf la dernière demi-heure. Le Dr. Mabuse est interné et écrit sans relâche des notes qui parlent de vols et d’attentats. Ceux-ci se passent réellement. Le commissaire Lohmann mène l’enquête (ceci est très résumé, évidemment). Quelques images sont superbes, notamment la course poursuite à la fin du film. Par contre, les deux femmes représentées sont des caricatures de femmes, et c’est détestable à regarder. Quant aux hommes, ils fument sans cesse… Pour un avis plus réfléchi, il faudra aller lire les pages wikipedia.

Zéro de conduite (Jean Vigo, France, 1933) – 3/5: un court film (40 minutes) qui a été interdit à l’époque en France parce que considéré comme trop subversif (il était visible en Belgique). C’est donc l’histoire de gamins au pensionnat qui foutent le souk, pour le dire un peu platement. Si le film n’est pas hyper-intéressant en soi, il a influencé François Truffaut pour Les 400 coups. Le son est extrêmement mauvais et j’ai eu du mal à comprendre ce qui se disait.

The Invisible Man (James Whale, 1993) – 2/5: un film censé faire peur avec un homme invisible. Je n’ai pas été intéressée par l’histoire, et pour le reste, je n’ai pas grand-chose à dire. Gros succès à l’époque et un film qui a son importance dans l’histoire du cinéma.

At the movies – 13 (1930s)

The Mummy

The Mummy, Karl Freund (1932) – 3/5: un court film (certaines scènes ont été perdues) qui est censé faire peur avec une momie qui est ressuscitée et qui a des pouvoirs sur les gens, la momie étant l’acteur type de l’époque, Boris Karloff. Un film plaisant sans plus, avec un léger côté orientalisant.

Tarzan the Ape Man, W.S. Van Dyke (1932) – 1/5: selon les critères d’aujourd’hui, ce film est consternant: les Africains sont traités comme des êtres inférieurs et battus comme des esclaves, des hippopotames et plein d’autres animaux sauvages sont massacrés sans remords, il y a la même armée de nains peints en noir que dans The Sign of the Cross et c’est tout aussi dérangeant. On a beaucoup parlé de Johnny Weissmuller mais je ne le trouve absolument pas séduisant. Je préfère de loin Maureen O’Sullivan dans le rôle de Jane. Un film à oublier, sauf pour le célèbre yodel de Tarzan.

Trouble in Paradise, Ernst Lubitsch (1932) – 4/5: quand un homme et une femme, tous deux voleurs et arnaqueurs, se rencontrent, cela fait des étincelles. Un film pétillant d’Ernst Lubitsch avec Miriam Hopkins, Kay Francis (toutes les deux superbement habillées par Travis Banton) et Herbert Marshall. Les décors art déco sont superbes, tout particulièrement la maison de Madame Colet.

La nuit du carrefour, Jean Renoir (1932) – 1/5: basé sur une histoire du Commissaire Maigret, ce film est assez confus, je trouve (peut-être aussi parce que j’ai eu du mal à ne pas m’endormir). De plus, il ne passerait plus selon les critères modernes avec ses propos racistes (qui m’ont quand même fait rire, en partie): « Les voleurs, ce sont ces étrangers… ces Danois ! ». Un peu plus loin, ça parle du « Juif » sur un ton bien négatif. Les images sont souvent floues et le son pas toujours très bon. A noter: une tortue et une pompe à essence comme décor principal.

Vampyr, Carl Theodor Dreyer (France-Allemagne, 1932) – 3/5: tourné en 1930-31 en France non pas en studio mais dans un château et dans la nature qui l’entoure, ce film est encore très muet. Les dialogues sont vraiment réduits au strict minimum. Il fait partie des films qui ont créé le mythe du vampire au cinéma, mais est assez différent de ceux de Murnau et Browning, plus rêveur, plus mystérieux, plus radical. La qualité des images n’est pas des meilleures et on sent que la technologie n’est pas encore au point, surtout quand on a vu d’autres films de 1932. Même si le film est court, c’était un peu pénible à regarder mais je mets une note moyenne pour son importance dans l’histoire du cinéma.

Blonde Venus, Josef von Sternberg (1932) – 4/5: encore une collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, pas la meilleure selon les critiques mais je n’ai pas vu l’heure trente passer, ce qui est toujours bon signe. C’est clairement bien trop mélodramatique, avec cette histoire de mère qui fait tout pour garder son enfant. Mais l’éclairage est superbe, la scène chantée où Marlene sort d’un costume de gorille sur les sons endiablés d’une musique jazz exotique marque les esprits, et il y a des trains et des paquebots.

Freaks, Tod Browning (1932) – 3/5: le film culte à propos d’un cirque ambulant hébergeant un certains nombres de « freaks » aux malformations diverses et variées. Je l’avais déjà vu dans la passé, et quand je l’ai regardé à nouveau, j’ai d’abord ressenti un sentiment de malaise. Est-ce que ce n’est pas de l’exploitation ? Par la suite, je me suis laissée prendre par l’histoire de vengeance qui est parmi une des plus horrifiques du cinéma de l’époque (et d’aujourd’hui).

J’ai laissé tomber deux films de ma liste, Horse Feathers avec les Marx Brothers (je sais que ça ne passe pas) et Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir. J’ai commencé ce dernier film mais j’ai abandonné après une demi-heure à cause du ton tellement franchouillard et du sexisme ambiant. Et il est clair que je n’aima pas Michel Simon.

At the movies – VII (1930s)

Arrowsmith (via IMDB)

À nous la liberté, René Clair (France, 1931) – 3/5: au début du film j’ai été très sceptique et puis je me suis laissée entraîner – pas à cause de l’histoire, ni à cause du fait que c’est encore très muet, ce qui rend le film bien moins pétillant quel films américains de l’époque, mais à cause des décors modernistes / futuristes de Lazare Meerson, montrant une architecture aux lignes de fuite assez intéressantes. C’est à nouveau un film très musical, avec une composition de Georges Auric – là par contre, on est en avance par rapport aux Etats-Unis où les scores sont encore peu courants en 1931. Le film fait penser par son sujet à celui de Charlie Chaplin, Modern Times.

Arrowsmith, John Ford (1931) – 2/5: quand John Ford a tourné ce film, il en avait déjà réalisé une septantaine auparavant, mais les meilleurs restaient à venir (encore une septantaine). Celui-ci a gagné l’Oscar du meilleur film alors que franchement, c’est du grand n’importe quoi. L’acteur principal, Ronald Colman, était une star à l’époque et remplissait les salles, alors qu’il a complètement été oublié aujourd’hui. L’histoire, basée sur un livre, part dans tous les sens – en gros ça parle d’un médecin qui découvre un sérum pour soigner la peste (mais avant ça, il épouse une infirmière et commence une carrière comme médecin de campagne dans le Dakota du Sud). Plusieurs choses à noter: les superbes buildings art déco de New York et les décors dans le même esprit, le médecin antillais noir qui est considéré comme un égal (fait rare à cette époque où les Noirs étaient dénigrés et moqués), des images de plus en plus belles vers la fin, jouant avec les ombres. Et puis aussi, en complément à ce que je disais plus haut: Alfred Newman, le grand compositeur de musiques de film, est ici crédité mais il n’y a de la musique qu’au générique et lors d’une scène vers la fin.

Bad Girl, Frank Borzage (1931) – 2/5: une comédie dramatique vite oubliée mettant en scène une jeune femme et un jeune homme de milieu modeste, vivant à New York (les acteurs Sally Eilers et James Dunn étaient inconnus à l’époque – et sont tombés dans l’oubli depuis). Ils tombent amoureux à Coney Island (jolies scènes des montagnes russes – une des seules scènes en extérieur) et passent du temps ensemble, mais du coup sont forcés de se marier (on ne rentre pas à 4h du matin à cette époque sans qu’il se soit passé des choses – mais c’est hors écran). Leur manque de communication provoque une série de quiproquos malheureux mais tout s’arrange à la fin. A noter: un très courte scène avec une cage à oiseau que l’héroïne recouvre d’un tissu, une « bad » girl qui ne l’est pas vraiment.

Kameradschaft, Georg Wilhelm Pabst (France-Allemagne, 1931) – 4/5: quand j’ai vu que ce film parlait de mineurs, je me suis dit « oh non, ça risque d’être ennuyeux » (des mauvais souvenirs de Germinal, je crois). Et puis en fait, c’est passionnant. C’est un film catastrophe, et l’explosion dans la mine est très bien reconstituée (ça a été fait en studio), mais c’est surtout un film sur l’amitié profonde qui existe entre mineurs, peu importe si la frontière de deux pays les sépare (la fin est amère par contre). Le film est tourné en extérieur (sauf les scènes sous terre) et ça fait du bien d’avoir un horizon, de l’air… Si les films américains de l’époque sont intéressants pour les histoires qu’ils racontent, ils restent enfermés dans les studios et les scènes d’extérieur me manquent beaucoup. A noter qu’il n’y a pas de musique dans le film (à part la scène du bal musette), juste les nombreux bruitages dans la mine mais aussi à l’extérieur. Il y a aussi de belles scènes avec un train.

Le million, René Clair (France, 1931) – 2/5: à vrai dire, ce film précède À nous la liberté (je ferai plus attention à ça dans le futur). Dans cette comédie musicale, les héros partent à la poursuite d’une vieille veste dans laquelle se trouve un billet de loterie gagnant. Il y a donc pas mal de quiproquos et de burlesque, et c’est très virevoltant. Si le film a ses qualités, je n’accroche pas du tout à ce type d’histoire et j’ai même accéléré un peu pendant certains chants d’opéra un peu longs et qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire.

The Front Page, Lewis Milestone (1931) – 2/5: mais quel film bavard ! ça se passe dans la salle de presse d’un tribunal, les différents correspondants des journaux attendent des nouvelles du prisonnier qui sera exécuté le lendemain. Parmi ceux-ci, il y a Hildy Johnson qui compte quitter son job le soir même pour rejoindre sa fiancée, mais de nouveaux événements l’en empêchent à chaque fois, comme l’évasion du prisonnier. On ne quitte donc quasi jamais la salle de presse, ce qui rend le film étouffant. On tend vers les « screwball comedies » des années qui viennent, mais sans trop insister sur l’élément féminin dans ce cas-ci. Il y a quelques plans intéressants, mais en gros, je me suis ennuyée.

The Champ (King Vidor, 1931) – 3/5: Dink, un gamin, vit avec son père, The Champ, ancien champion de boxe à Tijuana au Mexique. Champ est tombé dans l’alcoolisme et le jeu, et c’est le jeune garçon qui s’occupe de lui quand il est saoul. Il y a évidement plein de hauts et de bas, et ça se termine tragiquement. Si certains éléments de ce film m’ont dérangée, comme le jeu forcé de l’enfant (un problème récurrent) et le drame un peu trop exacerbé, d’autres m’ont agréablement surprise, comme le fait qu’une grande partie du film a été tourné en extérieur. A noter: un train, vu de l’extérieur et de l’intérieur, l’architecture de style espagnol de Tijuana.

Ceci termine ma liste de films de 1931. J’en ai abandonné deux, Monkey Business, de Norman McLeod avec les Marx Brothers (le burlesque ne passe vraiment pas chez moi), et Tabu, de Robert J. Flaherty et F.W Murnau (parce que c’est muet et j’ai un vague souvenir de l’avoir déjà vu). Il y a en trois de ma liste que je n’ai pas trouvé: Strangers May Kiss de George Fitzmaurice, The Sin of Madelon Claudet d’Edgar Selwyn et The Smiling Lieutenant d’Ernst Lubitsch.

At the movies – VI (1930s)

Norma Shearer & Clark Gable dans A Free Soul

La chienne, Jean Renoir (France, 1931) – 2/5: l’histoire est similaire à Der blaue Engel de Josef von Sternberg: Maurice Legrand, un homme d’âge moyen (Michel Simon), rudoyé par son épouse et peintre à ses heures, s’amourache d’une prostituée qui profite de lui. Evidemment, ça se termine mal (il y a malgré tout un petit twist dans l’histoire à la fin). Jean Renoir est célébré pour son réalisme et c’est en effet très bien filmé (en studio et aussi un peu en extérieur), mais l’histoire n’est pas passionnante et les acteurs déclament leur texte dans un style théâtral et ampoulé (je n’ai jamais aimé les films français à cause de ce jeu). J’ai accéléré un peu vers la fin parce que je n’en pouvais plus. Et puis cette insistance sur la femme qui est mauvaise alors que Maurice est lui-même une vraie calamité par sa naïveté. A noter: un canari, un chat noir et le cocktail français du moment, le chambéry fraise (un mélange de vermouth et liqueur de fraise).

Dracula, Tod Browning (1931) – 4/5: ce n’est pas le meilleur film à propos de Dracula mais je me suis laissée emporter par l’histoire, et ça (mon degré de divertissement donc), c’est un point très important dans mon appréciation. Bela Lugosi pourrait même presque faire peur mais ce sont plutôt les décors gothiques qui m’ont fait frissonner – ils sont vraiment superbes. C’est très court: 75 minutes à peine, mais ça concentre les éléments clé de l’histoire (wikipedia dit que le film faisait 85 minutes mais que des scènes ont été censurées en 1936 suite au code Hays). C’est un film très silencieux et il n’y a pas de musique accompagnant les images – ce qui fait un peu bizarre (Philip Glass a composé un score en 1999, mais j’ai regardé une version sans celui-ci). Evidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à des versions ultérieures, notamment à celle de Coppola où le rôle de Renfield joué par Tom Waits m’est resté en tête.

M – Eine Stadt sucht einen Mörder (ou M le Maudit), Fritz Lang (1931) – 4/5: il est clair que ce film est un chef d’oeuvre et que j’ai attendu bien trop longtemps pour le voir. Si je ne lui mets pas la cote maximale, c’est à cause de quelques longueurs (ça cause beaucoup quand même) et d’une fin très abrupte (je sais que c’est courant dans ces années là, mais ça aurait mérité d’une ou deux minutes de plus). J’ai vu la version de 109 restaurée en 2000 (on voit plus ou moins quels passages ont été rajoutés, souvent ils sont muets). A noter: il n’y a quasi que des hommes, les femmes ont vraiment des rôles mineurs, et tous fument à s’en donner des cancers du poumon.

Frankenstein, James Whale (1931) – 3/5: le dvd que j’ai pu voir faisait 67 minutes, wikipedia annonce 71 minutes – il manquerait donc quatre minutes à la version que j’ai vue, mais une scène qui avait été coupée à cause du code Hays est présente (celle où Frankenstein jette une fillette à l’eau). Mystère donc. C’est un classique, et tout le monde reconnaît Boris Karloff, mais à part ça, je n’ai pas grand-chose à en dire. Comme on connaît l’histoire, il n’y a plus une once d’angoisse. Et il y a une belle fête bavaroise avec costumes traditionnels.

Mata Hari, George Fitzmaurice (1931) – 3/5 (ou 2 ?): interprétée par Greta Garbo, Mata Hari n’a rien dans ce film de la beauté aux traits exotiques qu’elle était dans la réalité (même si elle était hollandaise, elle avait un teint mat et des cheveux noirs). Le film mélange d’ailleurs deux époques, celle où elle était danseuse et effeuilleuse (au tournant du siècle) et celle où elle était espionne en 1917 (et avait donc 41 ans, Garbo en avait 26 à l’époque). Des détails, dirons-nous. Ses costumes (conçus par Adrian) sont superbes, très fluides, très années 1920 et 30 aussi, mais ces « bonnets »… Même ornés de paillettes, ce n’est pas très beau. Avec aussi Ramon Novarro, la latin lover et sexy boy d’origine mexicaine, qui joue le rôle d’un pilote russe. Comme souvent avec Garbo, le film se termine tragiquement, avec un certain sens du sacrifice. A noter que la Cinematek (à Bruxelles) possède l’unique copie non tronquée par le code Hays de ce film, et contenant quelques scènes plus osées, notamment de l’effeuillage du début (mais j’ai vu le dvd).

A free soul, Clarence Brown (1931) – 4/5 qui devient 2/5: le début de ce film est fantastique, grâce à Norma Shearer (Jan) qui est parfait dans son rôle de femme libre et qui sait ce qu’elle veut. Elle quitte son amoureux un peu fade (Leslie Howard) et tombe dans les bras d’un gangster séduisant (Clark Gable), mais elle ne se laisse pas prendre. Si elle accepte le premier baiser, elle refuse le second et ne veut pas entendre parler de mariage (ce qui pose évidemment problème pour un homme qui obtient tout ce qu’il veut). La seconde moitié du film est moins intéressante, mettant en avant la relation entre Jan et son père alcoolique, et se terminant en film de procès (le père est avocat). Les robes (créées par Adrian) sont superbes, tout particulièrement la première en satin fluide, montrant les formes de l’actrice (qui ne portait probablement rien en dessous). A l’époque, il y avait deux camps: celles (et ceux) qui préféraient Clark Gable sans moustache et les autres qui le préféraient avec. Je fais partie du second camp, je le trouve même très banal sans moustache. C’est aussi le premier film où je le vois si jeune, à trente ans. Je ne le connaissais que de Gone with the wind (avec aussi Leslie Howard) et de Misfits (juste avant sa mort).

Dr. Jekyll and Mr. Hyde, Rouben Mamoulian (1931) – 2/5: disons-le d’emblée: ce film m’a dérangée. Je n’ai pas du tout aimé comment Mr. Hyde harcèle et attaque sa victime, Ivy Pearson, et comment il s’en prend ensuite à la fiancée du Dr. Jekyll, éléments du récit qui ne sont pas dans le roman écrit par Robert Louis Stevenson. Il y a une sexualisation extrême où l’homme ne peut être que prédateur et la femme victime, le tout causé par la société victorienne. En effet Dr. Jekyll veut épouser Muriel au plus vite mais son père refuse et il est frustré. Au niveau technique par contre, il y a des avancées: la caméra bouge beaucoup plus et suit le point de vue du Dr. Jekyll. Et il est assez drôle de voir Mr. Hyde grimper dans la bibliothèque et sauter partout. Avec Fredric March dans son seul rôle de méchant.

Et donc, la question du jour: Clark Gable, avec ou sans moustache ?