At the movies – 27 (2010s)

Il n’y a aucune logique dans les films de cette période, vus entre juin et septembre 2022, à part quelques demandes liées à des médiagraphies au boulot, mais surtout beaucoup d’envies personnelles.

Les super effets spéciaux de Pompeii

Shut Up Sona, Deepti Gupta (Inde, 2019) – 4/5: un documentaire à propose de Sona Mohapatra, chanteuse indienne (de Bollywood) qui n’a pas sa langue dans sa poche. Accusée de blasphème par une confrérie soufie, elle part à l’attaque et défend le rôle des femmes dans une société extrêmement misogyne. Passionnant ! #52FilmsByWomen #documentary

Mustang, Deniz Gamze Ergüven (Turquie, 2015) – 5/5: au bord de la mer Noire, en Turquie, cinq sœurs adolescentes fêtent la fin de l’année scolaire en allant se baigner (toutes habillées) avec leurs amis. Une voisine les dénonce à leur grand-mère (leurs parents sont décédés) et leur oncle prend des mesures. La maison familiale devient leur prison, et après une fugue, les aînées sont mariées contre leur gré. La même voie est prévue pour les plus jeunes. Un très beau film qui dénonce les mariages arrangés mais surtout la violence du patriarcat, obligeant les jeunes filles à rester dans le rang et à devenir de bonnes épouses. Avec en plus, la superbe musique de Warren Ellis. J’ai adoré ! #52FilmsByWomen

The Legend of Tarzan, David Yates (2016) – 2/5: les pires éléments du film de 1933 ont été gommés ici (le racisme pur et dur, le massacre d’animaux) mais on est loin du chef-d’œuvre. Il reste toujours ce fait que ce sont les Blancs qui sauvent les Noirs, même si l’esclavage est dénoncé tout le long du film. A part ça, c’est toujours agréable de voir Alexander Skarsgard, mais savoir que ce film a complètement été tourné en studio nuit à l’ensemble (et ça se voit vraiment trop – finalement à ce niveau-là on est très proche de la version de 1933). Et le cri de Tarzan avec yodel est bien trop peu utilisé.

Midnight Special, Jeff Nichols (2016) – 2/5: un petit garçon aux pouvoirs spéciaux est enlevé par son père biologique. Il résidait dans une communauté religieuse extrémiste et était censé sauver le monde. Un agent de la NSA (Adam Driver) s’intéresse à l’affaire. Je n’ai jamais été prise par ce film que j’ai trouvé lent et sans rythme alors que l’histoire aurait pu être haletante, j’ai même accéléré un peu vers la fin. Mais j’ai aimé y voir Adam Driver et Kristen Dunst. #theAdamDriverFilmography

Pompeii, Paul W.S. Anderson (2014) – 1/5: quel mauvais film (à tel point que ce n’est même pas un plaisir coupable) ! un mélange de Gladiator et de romance, avec l’éruption du Vésuve en point de mire. Si la reconstitution de la cité romaine est sans doute plus ou moins fidèle (à part le phare), il n’en est pas le cas pour les costumes, les gens (il n’y avait pas de Noirs à Pompéi à l’époque) et l’éruption en tant que telle. Le réalisateur s’est inspiré d’éruptions des dix dernières années pour les effets spéciaux, niant la réalité historique, et rajoutant un… tsunami ! Avec Kiefer Sutherland en méchant, Kit Harrington en gentil, Adewale Akinnuoye-Agbaje en ami du gentil, Carrie-Anne Moss et Jared Harris en parents et Emily Browning en jeune fille en quête d’amour. A noter que les pages wikipedia en anglais et français sont très différentes, la première défendant le réalisme de l’éruption, la seconde pointant vers toutes les incongruités historiques (un baise-main dans l’Antiquité, un phare à Pompéi ?).

Punk the Capital: Building a Sound Movement, Paul Bishow & James June Schneider (2019) – 4/5: un documentaire musical qui remonte aux sources du punk rock et du hardcore à Washington DC, avec de nombreux documents d’archives qui montrent comment cette scène a émergé dans une ville où ce n’était clairement pas évident (la capitale est plutôt coincée dans son côté administratif et présidentiel). Intéressant (mais une fois de plus je me suis demandée où étaient les femmes ? même si certaines sont interviewées, cela reste un monde de mecs). Avec entre autres Bad Brains et Minor Threat. #documentary

Wet Season (Anthony Chen, Singapour, 2019) – 3/5: Ling, d’origine sino-malaise, enseigne le chinois dans une école secondaire de Singapour. Elle vit avec son mari, souvent absent et très distant, et son beau-père, aphasique, dont elle s’occupe avec beaucoup de soin. Cela fait huit ans qu’elle essaie désespérément de concevoir un enfant et elle s’injecte chaque jour des hormones en prévision d’une FIV. Elle se rapproche d’un de ses élèves, Wei Lun, à qui elle donne des cours de rattrapage. Lui aussi est un peu perdu, ses parents étant absents pendant une longue durée. Tout cela se passe alors que la mousson s’abat sur la ville, mais on ne voit pas grand-chose de celle-ci: tout est centré sur l’enfermement des personnages dans l’appartement, la classe, la voiture… et les couleurs sont très fades, très tristes. C’est un film aux ambiances particulières, très feutrées, crues parfois, et qui traite de sujets difficiles avec beaucoup de sensibilité. A noter: les durians que mangent Ling et Wei Lun à plusieurs reprises. #chinesecinema

At the movies – 23 (1930s)

Myrna Loy, William Powell, William H. O’Brien (à l’arrière) et Maureen O’Sullivan dans The Thin Man (wikicommons)

Viva Villa !, Jack Conway (1934) – 2/5: je me doutais bien en lisant le titre de ce film qu’il y avait des chances que ça se passe au Mexique, et en effet, c’est l’histoire – romancée – du bandit devenu général de l’armée Pancho Villa. Il est interprété par un Américain, Wallace Beery, comme tous les rôles importants du film (il y a aussi Fay Wray). L’histoire ne m’a donc pas passionnée (comme tous les films du genre – c’est juste moi qui n’aime pas trop les films qui parlent des troubles au Mexique de cette époque) mais c’est tourné sur place, dans les campagnes et les villes et c’est une bouffée d’air frais.

Tarzan and his Mate, Cedric Gibbons (1934) – 2/5: j’ai hésité à regarder ce film après la catastrophe raciste et violente qu’est le premier. Celui-ci n’est pas plus modéré au niveau du racisme (les porteurs sont menés au fouet) mais il y a moins de massacres gratuits d’animaux. On y retrouve donc Tarzan (Johnny Weissmuller qui n’est pas devenu un meilleur acteur depuis), qui vit maintenant avec Jane (Maureen O’Sullivan) dans un nid de marsupilami (pardon) et une expédition de deux Blancs avides d’ivoire – expédition qui se passe mal évidemment (il y a même un certain suspense). La MGM en profite pour montrer tout son zoo, parfois avec quelques effets spéciaux dans les combats entre homme et crocodile / lion / rhinocéros. Mais le film est à noter surtout pour le fait que Maureen O’Sullivan est particulièrement dénudée (voire tout à fait) et qu’on entrevoit un sein ou un poil pubien (paraît-il, je n’ai pas repéré cette scène). Le ballet aquatique des deux héros sous l’eau est particulièrement impressionnant (on voit que le studio a investi dans des immenses piscines !). En gros, je me suis ennuyée mais pas tout le temps.

Twentieth Century, Howard Hawks (1934) – 1/5: Mildred Plotka (Carole Lombard), totalement inconnue, est engagée par Oscar Jaffe (John Barrymore), créateur de pièces de théâtre à Broadway. L’homme est assez impossible mais les pièces avec Mildred, maintenant nommée Lily Garland, sont un succès. Mais comme elle ne le supporte plus, elle le quitte pour Hollywood. Ils se retrouvent quelques années plus tard dans un train, le Twentieth Century Limited. Je n’ai pas supporté le personnage principal et Carole Lombard ne m’a absolument pas séduite. Je me suis ennuyée pendant 1h30 devant les scènes de dialogue dans les mêmes décors en intérieur, et le slapstick ne m’a pas distraite. Bref, je suis complètement passée à côté de ce film.

The Black Cat, Edgar G. Ulmer (1934) – 3/5: le premier des huit films réunissant Boris Karloff et Bela Lugosi. C’est un film d’horreur se déroulant quelque part en Hongrie, dans une maison hyper-moderne qui abrite des caves où se déroule un culte sataniste. C’est très court, un peu plus d’une heure, mais c’est très prenant et le réalisateur réussit à créer des ambiances qui font peur, avec des jeux d’ombres et lumières et ce chat noir qui se ballade partout. La musique est envahissante par contre, occupant 80% du film. A noter: le train, le chat et les décors quasi futuristes et très minimalistes.

The Thin Man, W.S. Van Dyke (1934) – 3/5: une histoire de meurtre avec plein d’éléments de comédie, adaptée d’un roman de Dashiell Hammett. On y rencontre le couple Nick et Nora (William Powell et Myrna Loy). Nick est un ancien détective qui vit maintenant dans les hautes sphères de la société grâce à la fortune dont dispose Nora. Entre deux cocktails (et il y en a beaucoup – des martini essentiellement), il aide la police à démêler les fils d’un crime. Je n’ai pas trop compris le dénouement de l’affaire, ça va beaucoup trop vite (William Powell a lui même eu du mal à retenir tout son texte) mais le film est prenant et agréable à regarder. A noter que le nom « Nick and Nora glass » pour les verres de cocktails est inspiré de ce film et a été donné dans les années 1980 par le barman Dale DeGroff (même s’ils désignent aujourd’hui des verres un peu plus grands que dans le film). Et il y a donc une scène de bar. Et un chien, Asta, un fox terrier qui a eu une belle carrière à Hollywood.

Of Human Bondage, John Cromwell (1934) – 3/5: basé sur un roman de Somerset Maugham, ce film raconte l’histoire de Philip (Leslie Howard), étudiant en médecine, qui tombe fou amoureux de Mildred (tiens, encore une Mildred) (Bette Davis), serveuse dans un restaurant, alors que celle-ci profite de lui et se moque de lui. C’est un film intéressant sur les relations humaines et l’obsession amoureuse. Bette Davis est vraiment intéressante dans son rôle et crève l’écran face au jeu très en retrait de Howard (que je ne connaissais que de Gone With the Wind).

Cleopatra, Cecil B. DeMille (1934) – 3/5: aaaah les péplums de Cecil B. DeMille, avec cet exotisme orientalisant, ses décors magnifiques inspirés par l’art déco, ses robes superbes. Claudette Colbert vole la vedette face aux acteurs qui jouent César et Marc Antoine. DeMille propose un film très sensuel, juste au moment où le Code Hays est entré en vigueur. Par la suite, il ne pourrait plus montrer ces corps quasi dénudés. J’ai beaucoup aimé, mais il faut bien avouer que les scènes de bataille à la fin sont du grand n’importe quoi qui ne tient pas la route.

At the movies – 13 (1930s)

The Mummy

The Mummy, Karl Freund (1932) – 3/5: un court film (certaines scènes ont été perdues) qui est censé faire peur avec une momie qui est ressuscitée et qui a des pouvoirs sur les gens, la momie étant l’acteur type de l’époque, Boris Karloff. Un film plaisant sans plus, avec un léger côté orientalisant.

Tarzan the Ape Man, W.S. Van Dyke (1932) – 1/5: selon les critères d’aujourd’hui, ce film est consternant: les Africains sont traités comme des êtres inférieurs et battus comme des esclaves, des hippopotames et plein d’autres animaux sauvages sont massacrés sans remords, il y a la même armée de nains peints en noir que dans The Sign of the Cross et c’est tout aussi dérangeant. On a beaucoup parlé de Johnny Weissmuller mais je ne le trouve absolument pas séduisant. Je préfère de loin Maureen O’Sullivan dans le rôle de Jane. Un film à oublier, sauf pour le célèbre yodel de Tarzan.

Trouble in Paradise, Ernst Lubitsch (1932) – 4/5: quand un homme et une femme, tous deux voleurs et arnaqueurs, se rencontrent, cela fait des étincelles. Un film pétillant d’Ernst Lubitsch avec Miriam Hopkins, Kay Francis (toutes les deux superbement habillées par Travis Banton) et Herbert Marshall. Les décors art déco sont superbes, tout particulièrement la maison de Madame Colet.

La nuit du carrefour, Jean Renoir (1932) – 1/5: basé sur une histoire du Commissaire Maigret, ce film est assez confus, je trouve (peut-être aussi parce que j’ai eu du mal à ne pas m’endormir). De plus, il ne passerait plus selon les critères modernes avec ses propos racistes (qui m’ont quand même fait rire, en partie): « Les voleurs, ce sont ces étrangers… ces Danois ! ». Un peu plus loin, ça parle du « Juif » sur un ton bien négatif. Les images sont souvent floues et le son pas toujours très bon. A noter: une tortue et une pompe à essence comme décor principal.

Vampyr, Carl Theodor Dreyer (France-Allemagne, 1932) – 3/5: tourné en 1930-31 en France non pas en studio mais dans un château et dans la nature qui l’entoure, ce film est encore très muet. Les dialogues sont vraiment réduits au strict minimum. Il fait partie des films qui ont créé le mythe du vampire au cinéma, mais est assez différent de ceux de Murnau et Browning, plus rêveur, plus mystérieux, plus radical. La qualité des images n’est pas des meilleures et on sent que la technologie n’est pas encore au point, surtout quand on a vu d’autres films de 1932. Même si le film est court, c’était un peu pénible à regarder mais je mets une note moyenne pour son importance dans l’histoire du cinéma.

Blonde Venus, Josef von Sternberg (1932) – 4/5: encore une collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, pas la meilleure selon les critiques mais je n’ai pas vu l’heure trente passer, ce qui est toujours bon signe. C’est clairement bien trop mélodramatique, avec cette histoire de mère qui fait tout pour garder son enfant. Mais l’éclairage est superbe, la scène chantée où Marlene sort d’un costume de gorille sur les sons endiablés d’une musique jazz exotique marque les esprits, et il y a des trains et des paquebots.

Freaks, Tod Browning (1932) – 3/5: le film culte à propos d’un cirque ambulant hébergeant un certains nombres de « freaks » aux malformations diverses et variées. Je l’avais déjà vu dans la passé, et quand je l’ai regardé à nouveau, j’ai d’abord ressenti un sentiment de malaise. Est-ce que ce n’est pas de l’exploitation ? Par la suite, je me suis laissée prendre par l’histoire de vengeance qui est parmi une des plus horrifiques du cinéma de l’époque (et d’aujourd’hui).

J’ai laissé tomber deux films de ma liste, Horse Feathers avec les Marx Brothers (je sais que ça ne passe pas) et Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir. J’ai commencé ce dernier film mais j’ai abandonné après une demi-heure à cause du ton tellement franchouillard et du sexisme ambiant. Et il est clair que je n’aima pas Michel Simon.