At the movies – 26 (1930s)

Cette série de films, commencée en juin, a été interrompue par l’été chaud et ses longues soirées lecture. Avec l’arrive subite de l’automne, j’ai repris le fil et j’ai bien avancé sur ma liste.

L’Atalante de Jean Vigo

The Count of Monte Christo, Rowland V. Lee (1934) – 2/5: voilà un film qui m’a laissée complètement indifférente, et que j’ai regardé jusqu’au bout juste parce que je ne connaissais pas l’histoire. Je n’ai d’ailleurs pas grand-chose à en dire (pas d’acteurs ni un réalisateur très connus mais Alfred Newman à la musique).

L’Atalante, Jean Vigo (France, 1934) – 4/5: j’ai failli arrêter ce film en cours de route à cause de Michel Simon (Père Jules) que je déteste (dans le genre grotesque et qui surjoue, il gagne le premier prix) mais je me suis attachée aux autres personnages, à ce capitaine de péniche et sa jeune épouse qui découvre Paris toute seule (son mari lui avait promis une visite mais il est empêché parce que le Père Jules est parti se saouler, et du coup, elle part seule, sauf que le mari ne l’attend pas et repart avec la péniche – sympa, le mari, n’est-ce pas ?). Il y a tellement de poésie dans ce film, et puis tant de modernité en comparaison au cinéma américain. Déjà, ça se passe en grande partie en extérieur et il n’y a aucun souci à faire dormir dans le même (petit) lit un couple enlacé. Il y a aussi une scène très érotique, juste par les expressions du visage. Le second et dernier film de Jean Vigo. A noter: une colonie de chats qui vit sur la péniche.

The Scarlet Empress, Josef von Sternberg (1934) – 3/5: l’histoire de Catherine II de Russie, jouée par Marlene Dietrich et filmée par Josef von Sternberg et avec de très nombreuses libertés par rapport à la réalité historique. Je dirais même que c’est du grand n’importe quoi avec des décors remplis de statues paganistes et d’icônes religieuses très naïves, des robes à froufrous et des coiffures à bouclettes. J’ai préféré de loin le minimalisme de Queen Christina. On voit la marque de von Sternberg et ses éclairages très travaillés mais je préfère des thèmes plus modernes qui conviennent d’ailleurs mieux à Dietrich.

Judge Priest, John Ford (1934) – 1/5: une comédie par John Ford, racontant l’histoire d’un juge dans l’état sudiste du Kentucky. Son meilleur ami est un Noir, dont le personnage est censé être comique. J’ai eu du mal… J’ai aussi eu du mal quand le neveu du juge, Rome, tente de courtiser sa voisine, ne lui laissant aucune échappatoire, la bloquant physiquement avec ses bras. La seule actrice que j’ai reconnue est Hattie McDaniel, qu’on retrouvera dans Gone With the Wind. C’est un film qui a mal vieilli et qui est bien loin des westerns du réalisateur.

The Gay Divorcee, Mark Sandrich (1934) – 3/5: une des premières collaborations entre Fred Astaire et Ginger Rogers, sur fond d’une histoire de divorce pleine de quiproquos. Les scènes de danse sont très réussies, le tout dans un décor évoquant un hôtel art déco d’une cité balnéaire anglaise. A noter: la cage avec les canaris.

The Merry Widow, Ernst Lubitsch (1934) – 2/5: Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald jouent les deux protagonistes de ce film adapté d’une opérette. Chansons et danses se succèdent, entrecoupées de scènes de dialogue. Est-ce que je me suis ennuyée ? ça va encore. Est-ce que j’ai trouvé ça intéressant ? non. J’ai eu une impression de déjà vu et rien ne m’a aidée à m’attacher au film et aux acteurs (même pas les robes créés par Adrian – sans doute parce que ça se passe en 1885 et non dans les années 1930).

It’s a Gift, Norman Z. McLeod (1934) – 2/5: une comédie – heureusement fort courte – qui met en avant l’acteur du muet W.C. Field dans une série de gags (repris en partie des films muets, d’après wikipédia). Le film raconte l’histoire d’un épicier maladroit et de son épouse désagréable, ainsi que de leurs deux enfants, puis leur départ en Californie pour exploiter une plantation d’orangers. Je n’ai pas vraiment ri, à peine souri, mais je suis un public très difficile pour les comédies. A noter: le rôle de Baby LeRoy, un des enfants acteurs mis en avant par les studios, qui a eu une très courte carrière (et sérieusement, ce rôle, c’est du grand n’importe quoi et ça n’apporte rien à l’histoire).

At the movies – 16 (1930s)

King Kong contre le T-Rex (et Fay Wray)

The Private Life of Henry VIII (Alexander Korda, UK, 1933) – 1/5: dieu que c’était ennuyeux ! Un film qui raconte l’histoire de cinq des six femmes du roi anglais Henry VIII, avec évidemment de nombreux écarts par rapport à la réalité historique. Je n’ai vraiment rien de positif à dire… J’imagine que si ce film s’est retrouvé dans liste des meilleurs de 1933 c’est à cause de son succès commercial à l’époque et sa nomination pour les Oscars.

Lady for a Day (Frank Capra, 1933) – 3/5: Annie vend des pommes dans la rue à New York mais fait croire à sa fille qu’elle appartient à la haute société. Lorsque cette dernière arrive d’Espagne pour présenter son fiancé, Annie devient une « lady » pour un jour grâce à l’aide du gangster Dave « The Dude » Conway (Warren William) qui est convaincu que ses pommes lui portent chance. Une histoire bien ficelée, avec plein de rebondissements qui plonge à la fois dans le milieu des gangsters et dans la vie des pauvres. Pour une fois, l’héroïne est une femme plus âgée (May Robson, âgée alors de 75 ans !). Un film qui a mis Frank Capra sur le devant de la scène avec une nomination aux Oscars, et son second pour 1933 (The Bitter Tea of General Yen est aussi sur ma liste). J’ai aimé le dynamisme du film même si l’histoire est complètement improbable. A noter: les immenses paquebots à quai, les voitures sirènes hurlantes dans les rues de New York.

King Kong (Merian C. Cooper & Ernest B. Shoedsack, 1933) – 4/5: même après quasi 90 ans, ce film reste très bon. L’animation peut sembler primitive à nos yeux, mais l’histoire est bien ficelée et il y a plusieurs moments où la tension est à couper au couteau. Avec Fay Wray en victime parfaite, blonde évidemment (on n’évite quand même pas les clichés de l’époque). Au niveau des habitants de l’île qui est censée être proche de Sumatra, ils ressemblent plus à des Papous que des Indonésiens, mais bon… C’est le premier film qui possède un soundtrack aussi complet, composé par Max Steiner, mais par moments, c’est un peu trop envahissant. A noter: les scènes cultes de l’Empire State Building, les décors de l’île qui ont été réutilisés et brûlés pour illustrer l’incendie d’Atlanta dans Gone with the Wind.

Design for Living (Ernst Lubitsch, 1933) – 4/5: un pétillant ménage à trois: Gilda (Miriam Hopkins) rencontre Tom (Fredric March) et George (Gary Cooper) et tombe amoureuse des deux hommes. Ils décident de vivre ensemble mais tout ne se passe pas comme prévu. C’est un peu statique vu que c’est adapté d’une pièce de théâtre mais j’ai adoré le personnage joué par Hopkins, qui est fraîche et pétillante. Par contre, aucun des deux acteurs masculins n’est très intéressant: ils ont l’air un peu empotés durant tout le film (je préfère clairement Gary Cooper plus tard, dans des westerns). Un film qui aurait été interdit quelques mois plus tard avec le code Hays, vu qu’il n’y a aucune « moralité » !

Das Testament der Dr. Mabuse (Fritz Lang, Allemagne, 1933) – 3/5: un film très connu de Fritz Lang mais qui a eu du mal à me passionner. J’ai trouvé le temps long, sauf la dernière demi-heure. Le Dr. Mabuse est interné et écrit sans relâche des notes qui parlent de vols et d’attentats. Ceux-ci se passent réellement. Le commissaire Lohmann mène l’enquête (ceci est très résumé, évidemment). Quelques images sont superbes, notamment la course poursuite à la fin du film. Par contre, les deux femmes représentées sont des caricatures de femmes, et c’est détestable à regarder. Quant aux hommes, ils fument sans cesse… Pour un avis plus réfléchi, il faudra aller lire les pages wikipedia.

Zéro de conduite (Jean Vigo, France, 1933) – 3/5: un court film (40 minutes) qui a été interdit à l’époque en France parce que considéré comme trop subversif (il était visible en Belgique). C’est donc l’histoire de gamins au pensionnat qui foutent le souk, pour le dire un peu platement. Si le film n’est pas hyper-intéressant en soi, il a influencé François Truffaut pour Les 400 coups. Le son est extrêmement mauvais et j’ai eu du mal à comprendre ce qui se disait.

The Invisible Man (James Whale, 1993) – 2/5: un film censé faire peur avec un homme invisible. Je n’ai pas été intéressée par l’histoire, et pour le reste, je n’ai pas grand-chose à dire. Gros succès à l’époque et un film qui a son importance dans l’histoire du cinéma.

At the movies – 13 (1930s)

The Mummy

The Mummy, Karl Freund (1932) – 3/5: un court film (certaines scènes ont été perdues) qui est censé faire peur avec une momie qui est ressuscitée et qui a des pouvoirs sur les gens, la momie étant l’acteur type de l’époque, Boris Karloff. Un film plaisant sans plus, avec un léger côté orientalisant.

Tarzan the Ape Man, W.S. Van Dyke (1932) – 1/5: selon les critères d’aujourd’hui, ce film est consternant: les Africains sont traités comme des êtres inférieurs et battus comme des esclaves, des hippopotames et plein d’autres animaux sauvages sont massacrés sans remords, il y a la même armée de nains peints en noir que dans The Sign of the Cross et c’est tout aussi dérangeant. On a beaucoup parlé de Johnny Weissmuller mais je ne le trouve absolument pas séduisant. Je préfère de loin Maureen O’Sullivan dans le rôle de Jane. Un film à oublier, sauf pour le célèbre yodel de Tarzan.

Trouble in Paradise, Ernst Lubitsch (1932) – 4/5: quand un homme et une femme, tous deux voleurs et arnaqueurs, se rencontrent, cela fait des étincelles. Un film pétillant d’Ernst Lubitsch avec Miriam Hopkins, Kay Francis (toutes les deux superbement habillées par Travis Banton) et Herbert Marshall. Les décors art déco sont superbes, tout particulièrement la maison de Madame Colet.

La nuit du carrefour, Jean Renoir (1932) – 1/5: basé sur une histoire du Commissaire Maigret, ce film est assez confus, je trouve (peut-être aussi parce que j’ai eu du mal à ne pas m’endormir). De plus, il ne passerait plus selon les critères modernes avec ses propos racistes (qui m’ont quand même fait rire, en partie): « Les voleurs, ce sont ces étrangers… ces Danois ! ». Un peu plus loin, ça parle du « Juif » sur un ton bien négatif. Les images sont souvent floues et le son pas toujours très bon. A noter: une tortue et une pompe à essence comme décor principal.

Vampyr, Carl Theodor Dreyer (France-Allemagne, 1932) – 3/5: tourné en 1930-31 en France non pas en studio mais dans un château et dans la nature qui l’entoure, ce film est encore très muet. Les dialogues sont vraiment réduits au strict minimum. Il fait partie des films qui ont créé le mythe du vampire au cinéma, mais est assez différent de ceux de Murnau et Browning, plus rêveur, plus mystérieux, plus radical. La qualité des images n’est pas des meilleures et on sent que la technologie n’est pas encore au point, surtout quand on a vu d’autres films de 1932. Même si le film est court, c’était un peu pénible à regarder mais je mets une note moyenne pour son importance dans l’histoire du cinéma.

Blonde Venus, Josef von Sternberg (1932) – 4/5: encore une collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, pas la meilleure selon les critiques mais je n’ai pas vu l’heure trente passer, ce qui est toujours bon signe. C’est clairement bien trop mélodramatique, avec cette histoire de mère qui fait tout pour garder son enfant. Mais l’éclairage est superbe, la scène chantée où Marlene sort d’un costume de gorille sur les sons endiablés d’une musique jazz exotique marque les esprits, et il y a des trains et des paquebots.

Freaks, Tod Browning (1932) – 3/5: le film culte à propos d’un cirque ambulant hébergeant un certains nombres de « freaks » aux malformations diverses et variées. Je l’avais déjà vu dans la passé, et quand je l’ai regardé à nouveau, j’ai d’abord ressenti un sentiment de malaise. Est-ce que ce n’est pas de l’exploitation ? Par la suite, je me suis laissée prendre par l’histoire de vengeance qui est parmi une des plus horrifiques du cinéma de l’époque (et d’aujourd’hui).

J’ai laissé tomber deux films de ma liste, Horse Feathers avec les Marx Brothers (je sais que ça ne passe pas) et Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir. J’ai commencé ce dernier film mais j’ai abandonné après une demi-heure à cause du ton tellement franchouillard et du sexisme ambiant. Et il est clair que je n’aima pas Michel Simon.

At the movies – X (1930s)

Gloria Stuart et Boris Karloff dans The Old Dark House 

I Am a Fugitive from a Chain Gang, Mervyn LeRoy (1932) – 3/5: quelle histoire sombre ! Quand James Allen (Paul Muni) revient de la Première Guerre mondiale, il souhaite devenir ingénieur, mais sa famille s’y oppose et préfère qu’il prenne un job répétitif à l’usine. Il part sur les routes mais se retrouve mêlé à un hold-up. Il est alors envoyé en colonie pénitentiaire, dans un « chain gang ». Il réussit à s’enfuir et mène enfin une vie respectable sauf que le passé le rattrape. En 1932, la Grande Dépression commence clairement à laisser des traces aux Etats-Unis et ça se ressent dans ce film (même s’il se passe avant). A priori, l’histoire ne me tentait pas mais j’ai voulu connaître la suite et il y a un certain rythme dans le film. Avec Paul Muni, donc, qui surjoue pas mal, de belles scènes de train (et de hobo marchant sur les rails), des prisonniers en uniformes rayés qui chantent des gospels et beaucoup de scènes d’extérieur.

The Old Dark House, James Whale (1932) – 3/5: le classique film d’horreur avec la maison mystérieuse qui recèle des secrets. James Whale continue son travail inspiré de l’expressionnisme allemand mais à sa sauce: au jeu des ombres, il ajoute éclairs et jeux de lumière (comme ce couloir sombre où la lumière éclaire le rideau blanc). Avec Boris Karloff, mais aussi Gloria Stuart qu’on retrouvera en 1997 comme Rose dans Titanic, un de ses derniers rôles. Ici, elle est superbe dans sa robe de satin blanc moulante (le prétexte pour la mettre est un peu léger: son autre robe est trempée). Et une première version chantée de « Singin’ in the rain », par Melvyn Douglas (le morceau a été écrit à la fin des années 1920).

The Sign of the Cross, Cecil B. DeMille (1932) – 3/5: une superproduction complètement over-the-top. Dans la Rome antique, sous le règne de Néron (Charles Laughton), le préfet Marcus (Fredric March avec trop d’eyeliner) tombe amoureux d’une belle chrétienne alors qu’il est censé poursuivre et tuer les adeptes de la nouvelle religion. Orgies et décadence – Poppée (Claudette Colbert), l’épouse de Néron, prend un bain, nue, dans du lait d’ânesse (le tournage a mis plusieurs jours et ça sentait le rance à la fin), et le tout se termine dans l’arène avec des femmes quasi nues laissées en pâture aux crocodiles ou aux lions, une armée de pygmées (ou tous les acteurs nains d’Hollywood recouverts de teinture brune) combattant des femmes et puis les Chrétiens envoyés vers une mort certaine. Quant aux costumes, du moment qu’ils pouvaient montrer de grands bouts de peau nue… sauf pour la belle chrétienne évidemment. Du grand n’importe quoi qui a dû bien énerver les garants de la morale de l’époque. En tous cas, je me suis bien amusée !

One Hour With You, George Cukor, Ernst Lubitsch (1932) – 2/5: un film musical très dispensable, avec Maurice Chevalier, Jeannette MacDonald et Geneviève Tobin en triangle amoureux. A voir pour les superbes décors de maisons art deco, les voitures de l’époque et les magnifiques robes – c’est intéressant de noter d’ailleurs que les génériques d’époque sont minimalistes (une dizaine de noms) mais que le créateur des robes est mis en avant: Travis Banton.

A Farewell to Arms, Frank Borzage (1932) – 3/5: une adaptation du roman d’Ernest Hemingway avec Gary Cooper et Helen Hayes. Une histoire d’amour entre un militaire et une infirmière lors de la Première Guerre mondiale, en Italie. Un mélodrame très bien filmé, avec de beaux jeux de lumière, et une certaine tension sexuelle (et donc même du sexe avant mariage, filmé hors champ), mais je n’ai pas accroché.

Grand Hotel, Edmund Goulding (1932) – 2/5: encore un film entièrement tourné à l’intérieur, basé sur une pièce de théâtre, elle-même basée sur un roman de Vicky Baum. L’histoire mêle séduction, amour, rivalité et ambition. Greta Garbo et Joan Crawford, toutes deux dans la vingtaine (et ne partageant aucune scène), jouent face à des hommes dans la cinquantaine (John et Lionel Barrymore, et Wallace Beery – il n’a que 47 ans mais il n’est pas très attirant) – on dirait qu’à l’époque, seuls le public masculin pouvait baver sur les actrices, et non les femmes sur de beaux et jeunes mâles. A noter: les décors art déco, les robes d’Adrian (cité au générique), le central téléphonique qui rythme le film.

Scarface, Howard Hawks (1932) – 2/5: un film de gangsters inspiré par la vie d’Al Capone. Il y a beaucoup à dire sur ce film (il suffit d’aller voir la page en anglais sur wikipedia) mais je n’ai pas trop accroché. Les scènes de fusillades sont pas mal, très réalistes, mais je me rends compte que je n’aime pas l’acteur principal, Paul Muni. A noter: un perroquet en cage (et Boris Karloff qui ne joue pas de rôle de monstre ici).