The Art of Charlie Chan Hock Chye

Sonny Liew, The Art of Charlie Chan Hock Chye: Charlie Chan Hock Chye est un dessinateur de BD fictif, et Sonny Liew décrit sa vie dans ce livre qui mêle plein de techniques différentes. Il replace l’auteur dans le contexte de l’histoire de Singapour, racontant l’invasion des Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale, la lutte pour l’indépendance et les relations avec les Malais, le gouvernement qui mêle dictature et bien-être pour la population. Mais c’est aussi l’évolution d’un homme et d’un artiste qui se cherche au début, qui trouve son style inspiré des comics américains.

Liew alterne entre son histoire et les planches que Charlie aurait pu dessiner, avec des procédés forts différents, des bd en noir et blanc ou en quelques couleurs (limitées par les procédés d’impression de l’époque), des peintures et un style contemporain. Cette multitude de styles est ce qui fait la force et l’inventivité de l’ouvrage. Parce qu’il faut s’accrocher pour suivre l’histoire qui décrit les nombreux événements historiques dans la région et même en connaissant déjà les grandes lignes, cela reste compliqué. C’est mon bémol à ce livre: il faut vraiment se concentrer et je n’ai pas trop eu envie de la faire, j’ai donc parcouru certaines pages un peu plus vite que souhaité. Et cela a aussi remis en question mon envie de lire des BD: je crois que je vais m’en tenir à des livres qui m’intéressent vraiment pour le style ou l’histoire (cela peut être aussi divers que In Waves ou La bête) et je me laisserai moins tenter par les chroniques que je lis sur les blogs, en tous cas pour le moment.

Je suis donc un peu moins positive que je lis je blogue et Fanja qui ont parlé en premier (et bien plus en détail) de cette BD mais ça rentre dans l’activité sur les littératures d’Asie du Sud-Est pour Singapour.

Sonny Liew, The Art of Charlie Chan Hock Chye, Pantheon, 2016, 320p. (première publication en 2015, et il existe une traduction en français).

Corridor

Alfian Sa’at: Corridor. 12 Short Stories: ces douze histoires courtes racontent la vie à Singapour, des petites choses du quotidien, les malheurs et les petits bonheurs. Cela se passe dans différentes communautés aux traditions propres, des Chinois aux Malais. Une fille redécouvre sa mère après le décès du père, au travers des images d’une caméra vidéo. Un couple marié gagne des tickets d’avion à la loterie mais cela ressemble à une arnaque. Un homme tout juste divorcé tente de passer au-delà en allant en discothèque. Une femme épargne sou après sou pour offrir un cadeau à son amie. Une adolescente est secrètement amoureuse de son amie.

Il ne se passe pas grand-chose mais c’est un portrait plein d’émotions d’hommes et de femmes dans leur vie de tous les jours, ce qui est accentué par l’écriture: l’auteur utilise en effet le langage parlé dans les dialogues, insérant pas mal d’expressions locales venant du malais, de l’arabe ou du hokkien, ainsi que de l’argot (il y a un lexique). J’ai entendu des manières de parler que j’ai reconnues, comme ces phrases qui se terminent par « lah » pour ajouter de l’emphase et qui créent un certain rythme. Il y a aussi un petit côté rétro – les nouvelles ont été écrites en 1999 – avec la caméra vidéo et la quasi absence de téléphones portables. Je pensais qu’il y aurait des descriptions de Singapour, mais ce n’est pas le cas: on est à l’intérieur d’appartements, parfois de magasins ou de centres commerciaux, on est au niveau du corridor, de l’intime, pas au niveau de la ville. J’avais acheté ce livre lors de mon voyage de l’année passée à Singapour, et c’était une bonne pêche.

Alfian Sa’at: Corridor. 12 Short Stories, Ethos Books, 2015, 167p. (première édition en 1999, pas de traduction)

The Java Enigma

Erni Salleh, The Java Enigma: Irin Omar travaille comme bibliothécaire dans la mission archéologique de Borobudur, à Java. Son père décède et elle ne peut se rendre à ses funérailles en Malaisie, mais elle découvre peu après qu’il lui a laissé le contenu d’un coffre à la banque. Il n’y a pas d’objet précieux dedans mais un cadenas. Elle part à la recherche de la signification de tout ceci et découvre le passé de son père qui était un plongeur spécialisé dans la recherche d’épaves. Ceci l’emmènera à dévoiler des pans entiers de l’histoire de la région.

Erni Salleh est une autrice singapourienne que j’ai découverte à Singapour. Elle a étudié l’histoire de la région et elle intègre tout ça dans son court roman, que je n’ai trouvé que moyennement réussi. L’idée de la quête n’était pas mauvaise, mais elle devient trop compliquée à partir de la moitié du livre – il y a un grand retournement de situation – et je ne suis pas sûre d’avoir bien compris ce qui se passait (il y a une société secrète qui sort de nulle part, et beaucoup d’ésotérisme, le bon devient mauvais puis de nouveau bon). L’histoire d’Irin s’entrelace avec celle, beaucoup plus large, de la région, plongeant dans les relations commerciales du passé et l’histoire du bouddhisme. Heureusement, ce n’était pas trop long, mais ce roman, ni sa fin, ne m’ont convaincues.

Erni Salleh, The Java Enigma, Epigram Books, 2020, 176p. (pas de traduction)

Bukit Brown

Sun Jung, Bukit Brown: Hong-jo reçoit un mail de son amie Ji-won, qu’elle n’a plus vue depuis quelques années. Elle lui demande de venir tout de suite à Singapour, mais quand Hong-jo y arrive, son amie s’est suicidée. Elle rencontre Julian, un ami de Ji-won et ensemble ils commencent l’enquête: Ji-won était passionnée par l’histoire de Singapour et la Malaisie. Elle était tout particulièrement attirée par une ancienne tombe chinoise du cimetière de Bukit Brown. Celle-ci était un portail qui permettait de voyager dans le temps et Ji-won raconte comment elle s’est retrouvée à Penang en 1862.

Ce livre, je ne l’aurais sans doute jamais lu, mais un très gentil vendeur chez Epigram Books à Singapour me l’a chaudement conseillé, de même que plein d’autres romans locaux. Je l’ai donc ramené de vacances et je l’ai de suite entamé, parallèlement à un livre d’histoire sur les diasporas chinoises. Et j’ai bien fait: les deux se complètent et j’ai appris énormément sur l’histoire du 19e siècle dans la région. Je suis un peu partagée: j’ai trouvé la première moitié, et le premier voyage dans le temps, un peu long. J’ai eu l’impression que tout cela été fort invraisemblable et je me demandais quels étaient les liens avec le présent. Et puis, tout se débloque et je n’ai plus pu quitter ce roman dont j’ai dévoré la seconde moitié d’une traite. Tous les éléments se mettent en place et c’est extrêmement touchant, racontant les vies de personnes du passé et comment elles se mêlent au présent. L’autrice est coréenne et elle mélange habilement une part de Corée avec le sud-est asiatique, et cela aussi est intéressant.

Sun Jung, Bukit Brown, Penguin Singapore, 2019, 414p. (non traduit et malheureusement quasi introuvable en Europe)

Growing Up in a Nonya Kitchen

Sharon Wee, Growing Up in a Nonya Kitchen: Singapore Recipes from my Mother (2012): j’avais acheté Makan: Recipes from the Heart of Singapore d’Elizabeth Haigh mais je l’ai très vite regretté vu qu’il plagie en grande partie le livre de Sharon Wee, que j’ai alors décidé d’acquérir. Sharon Wee vient d’une famille Nonya de Singapour (les Nonya ou Peranakan sont un groupe assez particulier: des immigrants Chinois sont arrivés dans la péninsule malaise du 14e au 17e siècle et ont épousé des femmes locales; ils ont gardé leurs traditions chinoises mais y ont intégré des influences malaises et forment un groupe bien distinct de l’immigration chinoise plus tardive). La mère de Sharon s’occupait de la maison et passait ton temps à cuisiner, notamment pour toutes les occasions et fêtes du calendrier. Elle avait suivi quelques cours mais perpétuait surtout une tradition. C’est ce que Sharon a voulu continuer en publiant ce livre basé sur les archives de sa mère. Le livre est passionnant à lire, il nous plonge dans un monde bien particulier, mais les recettes sont assez compliquées et longues à préparer, avec des ingrédients assez spécifiques. De plus, les temps de cuisson sont rarement indiqués, et il faut avoir de bonnes bases pour les déterminer (ou croiser avec d’autres recettes). C’est plus un livre d’archives, de mémoire, qu’un vrai livre de cuisine. J’ai cependant noté quelques plats mais je n’ai pas encore eu l’occasion de les préparer.

  • photos: *** (beaucoup de recettes sont illustrées mais on sent que le livre a déjà un certain âge)
  • texte: **** (il y a un long texte d’introduction et chaque recette est commentée)
  • originalité des recettes: *****
  • authenticité des recettes: *****
  • faisabilité des recettes: ***
  • mesures: unités de mesures impériales
  • recettes favorites: je n’en ai testé aucune
  • indispensabilité du livre: ***

Eat Malaysia and Singapore

Eat Malaysia and Singapore: Lonely Planet édite depuis peu des livres consacrés aux traditions culinaires de certains pays et régions. J’ai été tentée par celui qui présente les cuisines de Malaisie et de Singapour, mais au final, je n’ai pas appris tant que ça. Il est vrai que j’ai déjà une bonne base de connaissances suite à mes lectures de livres de cuisine, et que je n’ai pas vraiment besoin qu’on me présente, par exemple, les différents fruits ou condiments. Il y a beaucoup de photos – ce qui est bien – mais la plupart viennent de banques de données de type shutterstock. Il n’y a pas d’adresses de restaurants, juste quelques pages détaillant l’une ou l’autre spécialité régionale. J’ai appris certaines choses, mais je ne suis pas le public cible. Et j’ai clairement l’impression que ce type de livre est un peu du remplissage qui est édité parce que ça va se vendre. D’ailleurs, pour en revenir aux guides Lonely Planet, je suis de plus en plus déçue par leur contenu qui diminue au fil des ans, et dans ce cas-ci par le fait qu’il y a une édition papier du guide Malaisie et Singapour, mais pas d’édition en ebook, ce qui est pourtant bien plus facile à transporter. J’imagine que la pandémie n’a pas fait de bien aux éditions de guides de voyage et que c’est une manière de réduire le piratage.

Eat Malaysia and Singapore, Lonely Planet, 2022, 216p.

Revenge in Rubies

A.M. Stuart, Revenge in Rubies: Singapour, 1910. Un meurtre brutal a été commis: Sylvie Nolan, la jeune épouse du lieutenant colonel John Nolan, a été retrouvée assassinée dans son lit. L’inspecteur John Curran commence l’enquête, tandis qu’Harriet Gordon réconforte la famille. Celle-ci avait déjà aidé à dénouer les liens d’un autre mystère, lié à un saphir (Singapore Sapphire). Au fil des pages, on en découvre un peu plus sur elle et sur son passé de suffragette (elle a vécu des choses assez horribles). Elle s’immisce dans la famille Nolan tandis que Curran se heurte à la rigidité des codes militaires. Il soupçonne en effet qu’un soldat ou un officier pourrait avoir commis le crime, mais l’histoire se complexifie au fil des pages avec d’autres morts mystérieuses.

Comme pour le premier roman, j’ai adoré me plonger dans la société coloniale de Singapour de l’époque, mais j’ai trouvé le temps un peu long dans la première partie et j’ai pas mal traîné dans ma lecture. Une fois la moitié passée, j’ai dévoré le reste en quelques heures (ça m’arrive souvent de lire des livres comme ça). Même si ma note est moyenne, je sais que j’ai envie de lire la suite des aventures d’Harriet, une jeune femme très intelligente et au passé activiste, loin des matrones coloniales du moment.

A.M. Stuart, Revenge in Rubies, Berkley, 2020, 352p.

At the movies – 27 (2010s)

Il n’y a aucune logique dans les films de cette période, vus entre juin et septembre 2022, à part quelques demandes liées à des médiagraphies au boulot, mais surtout beaucoup d’envies personnelles.

Les super effets spéciaux de Pompeii

Shut Up Sona, Deepti Gupta (Inde, 2019) – 4/5: un documentaire à propose de Sona Mohapatra, chanteuse indienne (de Bollywood) qui n’a pas sa langue dans sa poche. Accusée de blasphème par une confrérie soufie, elle part à l’attaque et défend le rôle des femmes dans une société extrêmement misogyne. Passionnant ! #52FilmsByWomen #documentary

Mustang, Deniz Gamze Ergüven (Turquie, 2015) – 5/5: au bord de la mer Noire, en Turquie, cinq sœurs adolescentes fêtent la fin de l’année scolaire en allant se baigner (toutes habillées) avec leurs amis. Une voisine les dénonce à leur grand-mère (leurs parents sont décédés) et leur oncle prend des mesures. La maison familiale devient leur prison, et après une fugue, les aînées sont mariées contre leur gré. La même voie est prévue pour les plus jeunes. Un très beau film qui dénonce les mariages arrangés mais surtout la violence du patriarcat, obligeant les jeunes filles à rester dans le rang et à devenir de bonnes épouses. Avec en plus, la superbe musique de Warren Ellis. J’ai adoré ! #52FilmsByWomen

The Legend of Tarzan, David Yates (2016) – 2/5: les pires éléments du film de 1933 ont été gommés ici (le racisme pur et dur, le massacre d’animaux) mais on est loin du chef-d’œuvre. Il reste toujours ce fait que ce sont les Blancs qui sauvent les Noirs, même si l’esclavage est dénoncé tout le long du film. A part ça, c’est toujours agréable de voir Alexander Skarsgard, mais savoir que ce film a complètement été tourné en studio nuit à l’ensemble (et ça se voit vraiment trop – finalement à ce niveau-là on est très proche de la version de 1933). Et le cri de Tarzan avec yodel est bien trop peu utilisé.

Midnight Special, Jeff Nichols (2016) – 2/5: un petit garçon aux pouvoirs spéciaux est enlevé par son père biologique. Il résidait dans une communauté religieuse extrémiste et était censé sauver le monde. Un agent de la NSA (Adam Driver) s’intéresse à l’affaire. Je n’ai jamais été prise par ce film que j’ai trouvé lent et sans rythme alors que l’histoire aurait pu être haletante, j’ai même accéléré un peu vers la fin. Mais j’ai aimé y voir Adam Driver et Kristen Dunst. #theAdamDriverFilmography

Pompeii, Paul W.S. Anderson (2014) – 1/5: quel mauvais film (à tel point que ce n’est même pas un plaisir coupable) ! un mélange de Gladiator et de romance, avec l’éruption du Vésuve en point de mire. Si la reconstitution de la cité romaine est sans doute plus ou moins fidèle (à part le phare), il n’en est pas le cas pour les costumes, les gens (il n’y avait pas de Noirs à Pompéi à l’époque) et l’éruption en tant que telle. Le réalisateur s’est inspiré d’éruptions des dix dernières années pour les effets spéciaux, niant la réalité historique, et rajoutant un… tsunami ! Avec Kiefer Sutherland en méchant, Kit Harrington en gentil, Adewale Akinnuoye-Agbaje en ami du gentil, Carrie-Anne Moss et Jared Harris en parents et Emily Browning en jeune fille en quête d’amour. A noter que les pages wikipedia en anglais et français sont très différentes, la première défendant le réalisme de l’éruption, la seconde pointant vers toutes les incongruités historiques (un baise-main dans l’Antiquité, un phare à Pompéi ?).

Punk the Capital: Building a Sound Movement, Paul Bishow & James June Schneider (2019) – 4/5: un documentaire musical qui remonte aux sources du punk rock et du hardcore à Washington DC, avec de nombreux documents d’archives qui montrent comment cette scène a émergé dans une ville où ce n’était clairement pas évident (la capitale est plutôt coincée dans son côté administratif et présidentiel). Intéressant (mais une fois de plus je me suis demandée où étaient les femmes ? même si certaines sont interviewées, cela reste un monde de mecs). Avec entre autres Bad Brains et Minor Threat. #documentary

Wet Season (Anthony Chen, Singapour, 2019) – 3/5: Ling, d’origine sino-malaise, enseigne le chinois dans une école secondaire de Singapour. Elle vit avec son mari, souvent absent et très distant, et son beau-père, aphasique, dont elle s’occupe avec beaucoup de soin. Cela fait huit ans qu’elle essaie désespérément de concevoir un enfant et elle s’injecte chaque jour des hormones en prévision d’une FIV. Elle se rapproche d’un de ses élèves, Wei Lun, à qui elle donne des cours de rattrapage. Lui aussi est un peu perdu, ses parents étant absents pendant une longue durée. Tout cela se passe alors que la mousson s’abat sur la ville, mais on ne voit pas grand-chose de celle-ci: tout est centré sur l’enfermement des personnages dans l’appartement, la classe, la voiture… et les couleurs sont très fades, très tristes. C’est un film aux ambiances particulières, très feutrées, crues parfois, et qui traite de sujets difficiles avec beaucoup de sensibilité. A noter: les durians que mangent Ling et Wei Lun à plusieurs reprises. #chinesecinema

Singapore sapphire

A.M. Stuart, Singapore sapphire: Singapour, 1910 – Harriet Gordon, veuve, est venue rejoindre son frère à Singapour et cherche un moyen pour devenir indépendante financièrement. Elle propose ses services comme secrétaire personnelle via une annonce dans le journal et trouve rapidement un premier client, Sir Oswald Newbold, un explorateur et membre de la Société de Géographie locale. Sauf qu’elle le retrouve dans un bain de sang, avec un couteau planté dans la gorge. L’inspecteur de police Robert Curran prend l’affaire en main. Il se rend très vite compte qu’Harriet a le sens de l’observation et du détail et que son aide sera précieuse dans son enquête.

L’histoire est classique: un meurtre, un trafic de pierre précieuses, plusieurs personnes qui cachent qui elles sont réellement. Le lieu l’est un peu moins, le Singapour colonial. Et c’est ce qui m’a attiré, ainsi que l’idée de voir une femme qui mène l’enquête. Si j’ai retrouvé avec plaisir le climat tropical et la société locale, j’ai par contre été un peu déçue par le récit, qui met beaucoup de temps à se mettre en place, et par le rôle trop important de Curran, même si Harriet prend sa place au fil des pages. J’ai mis beaucoup de temps à lire la première moitié, manquant d’incitants à connaître l’histoire; heureusement la seconde moitié s’accélère un peu. Il y a un second volume, et un troisième paraîtra en 2022 mais est-ce que j’ai envie de les lire ? Surtout qu’apparemment, cela tourne à nouveau autour du trafic de pierres précieuses. L’avenir le dira mais je pense que je vais d’abord retourner à cette autre femme qui enquête à la même époque mais en Inde, Perveen Mistry (deux semaines après avoir rédigé le brouillon de cet article, je me rends compte que j’ai vraiment envie de lire la suite des aventures d’Harriet Gordon !).

How we disappeared

Jing-Jing Lee, How we disappeared: Jing-Jing Lee, jeune autrice singapourienne, raconte dans ce roman deux histoires en parallèle. Wang Di est aujourd’hui une femme âgée, elle se souvient de la guerre: en 1942, âgée de 17 ans, elle a été enlevée par des militaires japonais et enfermée dans maison de passe où elle devait « réconforter » les soldats. En 2000, la grand-mère de Kevin, l’autre narrateur, décède, non sans avoir fait une confession à son petit-fils. Il décide de mener l’enquête. Les deux histoires vont se mêler à un moment précis (il faut vraiment attendre les dernières pages), mais entre temps, Jing-Jing Lee a écrit un portrait très fin et émouvant de ces « filles de réconfort » qui ont été contraintes à la prostitution. Elle décrit toute l’histoire de l’occupation japonaise à Singapour par la même occasion. Elle explique dans ses remerciements qu’elle s’est notamment inspirée d’un documentaire hollandais, Troostmeisjes: omdat wij mooi waren, filmé en 2010 par Frank Van Osch en Indonésie (documentaire que j’ai vu entre temps et qui est très émouvant). J’ai trouvé ce livre très violent et très touchant en même temps, j’y ai retrouvé une Asie tropicale que j’aime beaucoup, et j’ai apprécié le style d’écriture fluide, qui donne l’impression au lecteur de se retrouver sur place. Je conseille chaudement !