Zidrou & Frank Pé, La bête 1 & 2: (en relisant mon texte, je me rends compte que j’avais déjà écrit un billet pour le volume 1 et que je me répète un peu ici, mais tant pis). Dans les années 1950, une étrange bête ressemblant à un singe, avec une très longue queue, s’échappe d’un cargo amarré à Anvers. Il se retrouve à Bruxelles où il est découvert par François, un ket qui soigne et héberge tous les animaux perdus (et estropiés) qu’il rencontre. Sa mère accepte sans trop ronchonner, la vie n’est pas facile mais elle a un cœur en or et finalement cette ménagerie composée d’un cheval alcoolique, de loutres amoureuses, d’un marcassin, d’un chat, et de plein d’autres espèces la fait sourire. François n’a pas la vie facile à l’école – on se moque de lui parce que son père était un boche, mais il espère le rejoindre un jour en Allemagne. L’histoire connaît plein de péripéties impliquant ses camarades de classe et son instituteur, la police (dont un flic tout droit tiré de Quick & Flupke) et la fourrière, les scientifiques du Musée des Sciences Naturelles et même s’il y a pas mal de moments fort sombres, cela reste une bande-dessinée qui se veut positive.
Je lis peu de bandes-dessinées (je me répète, donc) mais j’ai toujours eu un faible pour le marsupilami (pas encore nommé comme ça ici). Et puis j’ai vu le graphisme qui m’a tout de suite attirée. Il est très précis et très atmosphérique en même temps, parfois sombre, parfois lumineux. Les planches montrant le centre de Bruxelles dans les années 1950 ressemblent à des cartes postales, j’aurais pu y croiser ma mère et mes grands-parents faisant leurs courses Rue Neuve dans l’ancien Innovation ou allant au cinéma, à l’Eldorado. Le Musée de la BD est représenté alors qu’il était encore un magasin de tissu; les abattoirs sont toujours là et on y vend toujours des moules comme la maman de François; les trams parcourent toujours la Rue Royale, seuls les numéros ont changé; la troupe d’iguanodons prenait déjà une place importante au Musée des Sciences Naturelles. L’histoire connaît plein de retournements de situation et est remplie d’humour, d’autant plus parce que je comprends toutes les expressions en bruxellois sans devoir consulter le lexique; à vrai dire j’en utilise certaines moi-même (« brol » fait partie de mon langage courant). J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai savouré. Deux volumes, c’est trop court et en même temps, c’est juste bien, surtout que le second est fort épais.
L’avis de Je lis je blogue.
Zidrou & Frank Pé, La bête 1 & 2, Dupuis, 2020 & 2023, 155 & 207p.