The Book of Jakarta

The Book of Jakarta. A City in Short Fiction: les éditions anglaises Comma Press éditent une série de recueils de nouvelles consacrés à une ville; je les avais repérés il y a quelques années sans me décider, mais là j’ai acheté celui sur Jakarta et Tokyo, et Shanghaï me tentait aussi beaucoup. Que des villes asiatiques, mais c’est ce qui me plaît le plus (la collection couvre le monde entier). J’ai adoré me plonger dans ces dix nouvelles d’auteurs totalement inconnus ici, mais dont certains ont écrit des romans (parfois traduits en anglais) et j’ai aussi apprécié que la parité hommes-femmes ne soit pas respectée, avec six femmes et quatre hommes. Je n’ai jamais été à Jakarta, mais j’ai vu quelques documentaires sur la ville, et je connais un peu l’ambiance d’autres villes indonésiennes. Ambiance que j’ai retrouvée dans les récits qui décrivent la vie quotidienne et le chaos de la ville.

Une femme engage quelqu’un pour l’aider à obtenir son passeport dans une administration kafkaïenne; des musiciens de rue se retrouvent mêlés à des manifestations qui tournent en émeute; une jeune fille retrouve pour une dernière fois son ancien amant avant de se marier avec un autre homme et ils traversent la ville à moto pour aller manger dans une gargote; une adolescente d’origine chinoise devient amie avec une indonésienne d’un milieu privilégié mais leur amitié est interrompue suite à une révolte; un homme raconte sa journée et toutes ses courses et rencontres dans la ville; dans une Jakarta du futur, une femme plus âgée et ses amies cherchent un moyen de se suicider…

Les styles sont fort différents et il y en a pour tous les goûts mais j’ai vraiment aimé ce recueil et j’aimerais explorer les écrits de certains des auteurs, si je trouve leurs livres. J’admire aussi le travail d’édition qui propose une courte biographie de chacun des auteurs mais aussi de leurs traducteurs, tous différents. Il y a également une intéressante introduction qui met les récits en contexte. Si vous lisez l’anglais, foncez !

The Book of Jakarta. A City in Short Fiction, edited by Maesy Ang & Teddy W. Kusuma, Comma Press, 2020

les nouvelles:

B217AN 1 by Ratri Ninditya. Translated by Mikael Johani
The Aroma of Shrimp Paste
by Hanna Fransisca. Translated by Khairani Barokka
The Problem
by Sabda Armandio Alif. Translated by Rara Rizal
Buyan
by utiuts. Translated by Zoë McLaughlin
A Secret from Kramat Tunggak
by Dewi Kharisma Michellia. Translated by Shaffira Gayatri
Grown-Up Kids
by Ziggy Zezsyazeoviennazabrizkie. Translated by Annie Tucker
Haji Syiah
by Ben Sohib. Translated by Paul Agusta

The Sun Sets in the North by Cyntha Hariadi. Translated by Eliza Vitri Handayani
All Theatre is False
by Afrizal Malna. Translated by Syarafina Vidyadhana
A Day in the Life of a Guy from Depok who Travels to Jakarta
by Yusi Avianto Pareanom. Translated by Daniel Owen

L’âme de Kôtarô contemplait la mer

Shun Medoruma, L’âme de Kôtarô contemplait la mer: auteur originaire d’Okinawa, Shun Medoruma raconte son île et s’est toujours intéressé aux conséquences de la guerre et de l’occupation américaine. Ces thèmes transparaissent dans ce recueil de nouvelles mais ne le dominent pas. Les six histoires racontent la vie quotidienne des habitants d’Okinawa, mêlées parfois d’éléments surnaturels, de liens avec le chamanisme et le monde des esprits. D’autres sont plus terre à terre, comme Coq de combat qui raconte comment un jeune garçon reçoit un coq qu’il va élever pour le combat, mais comment celui-ci lui sera retiré par le yakuza local. Avec les ombres est une histoire assez tragique d’amour impossible et qui est raconté d’un point de vue assez particulier. La mer intérieure parle d’un jeune homme dont la mère s’est suicidée.

Les histoires se passent à des périodes différentes, au moment de l’occupation américaine mais aussi après la rétrocession des îles en 1972, sans que les dates soient nommées dans les textes. La nature intervient à tout moment, et les descriptions des îles tropicales créent une ambiance très particulière. Je crois que c’est surtout cela qui m’a fascinée – il y a tellement peu de livres qui se passent à Okinawa, ou même sur des îles tropicales, alors que c’est un cadre qui me parle beaucoup. J’ai beaucoup apprécié l’apparition par petites touches du monde des esprits, de manière tout à fait naturelle. Il y a aussi beaucoup de mélancolie et de délicatesse et l’auteur a l’art de décrire les sentiments et émotions de ses personnages. C’est rare que je donne la note maximum à un livre mais j’ai vraiment été emballée par l’écriture et les thèmes de Shun Medoruma (dont j’avais déjà lu le seul autre livre traduit en français). La première nouvelle est celle qui m’a le moins plu mais leur intensité va en grandissant au fil des pages.

Shun Medoruma, L’âme de Kôtarô contemplait la mer, Zulma, 2013 (publication en v.o. en 1998)

Les nouvelles: L’âme relogée —
L’awamori du père Brésil —
Rouges palmiers —
Coq de combat —
Avec les ombres —
La mer intérieure.

Afterparties

Anthony Veasna So, Afterparties: Stories: ce recueil de nouvelles nous plonge dans le monde des réfugiés et immigrants khmers de Californie. Ils ont repris une vie et eu des enfants sur place, mais les fantômes du passé les hantent encore, ce qui n’est pas vraiment compris par leur descendance qui s’est américanisée (ce sont essentiellement eux les narrateurs de ces histoires). Il y a souvent des incompréhensions entre générations, un rejet des traditions, mais aussi parfois un retour vers celles-ci. Ces réfugiés ont ouverts de petits commerces (des supermarchés, des magasins de donuts, des garages) et espèrent que leurs enfants auront une vie meilleure et feront des études.

Deux adolescentes tiennent le comptoir du café de leur mère pendant la nuit et observent cet homme qui vient tous les jours mais qui ne mange pas le donut qu’il a commandé. Le fils d’un garagiste voit l’affaire de son père péricliter mais se rend compte qu’il ne contribue en rien à améliorer le quotidien de sa famille et de lui-même. L’après-fête d’un mariage pose la question des cadeaux (un don d’argent) que chacun doit apporter. Une infirmière doit soigner une vieille femme atteinte de démence et qui croit qu’elle est toujours poursuivie par les Khmers Rouges. Un jeune homme commence une relation avec un autre homme qui n’est pas de sa communauté. Autant de thèmes abordés par l’auteur qui a puisé dans sa propre expérience pour décrire la vie de sa communauté. J’ai trouvé certaines nouvelles un peu sèches, mais au fil des pages j’ai ressenti les émotions que So voulait transmettre, et j’ai commencé à beaucoup aimer ces textes. En tournant la dernière page, je me suis précipitée sur goodreads pour voir s’il avait aussi écrit des romans et là, j’ai découvert à regret que ce recueil a été édité à titre posthume. Ce livre n’est pas traduit en français, mais j’espère qu’il le sera un jour. Je le conseille en tous cas.

Anthony Veasna So, Afterparties: Stories, Ecco, 2021

Les nouvelles: Three women of Chuck’s donuts —
Superking Son scores again —
Maly, Maly, Maly —
The shop —
The monks —
We would’ve been princes! —
Human development —
Somaly Serey, Serey Somaly —
Generational differences.

Bangkok noir

Bangkok noir: édité en 2011 par Christopher G. Moore, ce recueil rassemble des nouvelles d’auteurs anglophones, des expats vivant en Thaïlande pour la plupart, et d’auteurs thaïs écrivant en anglais. Je l’ai ressorti du fin fond de ma wishlist amazon – il y avait abouti après ma lecture de Phnom Penh noir en 2015. Bangkok est au centre des récits (sauf un qui se passe à Chiang Mai), une ville marquée par la corruption, le sexe et les esprits maléfiques, les « phii ».

John Burdett, connu pour ses romans policiers (dont je recommande chaudement la lecture), raconte une sombre histoire de tatouages, de fantômes et de chamanisme dans « Gone East », un récit dans lequel on ne sait plus trop qui est vivant ou mort. La nouvelle suivante, « Inspector Zhang and the dead thai gangster » de Stephen Leather est un pastiche d’Agatha Christie, avec un inspecteur singapourien qui doit résoudre un crime dans un avion, à la manière d’Hercule Poirot. Je n’ai pas trouvé ça très réussi !

Plusieurs histoires tournent autour de la prostitution, « Thousand and one nights » de Pico Iyer ou encore « The mistress wants her freedom » de Tew Bunnag. Il y a aussi un homme paumé, un vétéran de la guerre du Vietnam qui tente de retrouver son amour d’antan, dans « Hansum man » de Timothy Hallinan. Les « phii » sont assez terrifiants dans l’histoire de Samart, ce faux-devin engagé par la police, qui a affaire avec le fantôme d’une femme coupée en deux (« Halfheaded). Ils reviennent d’une manière plus contenue dans « Daylight », une nouvelle d’Alex Kerr dont j’avais beaucoup aimé son récit du Japon en voie de disparition (il a écrit un livre du même genre pour la Thaïlande mais il est indisponible). C’est d’ailleurs un des meilleurs textes du recueil, à mon avis.

Je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire de Christopher G. Moore – est-ce qu’on était dans un jeu vidéo ? Dean Barrett raconte des histoires de tueurs à gages, tandis qu’Eric Stone se penche sur la condition d’une marchande ambulante de nourriture qui se fait racketter par un restaurant. C’est une nouvelle qui a des moments des drôles, avec un bras de fer assez inédit entre riches et pauvres.

Je regrette que ce recueil ne rassemble que des auteurs masculins et ne donne que ce point de vue. Il y a quelques femmes mais les rôles importants sont tous tenus par des hommes, souvent des expats. J’ai malgré tout passé un bon moment à me replonger dans le côté sombre de Bangkok, une ville que j’aime beaucoup et que j’ai visitée plusieurs fois. Ce sera ma dernière contribution pour « Mai en nouvelles », organisé par Electra et Marie-Claude, et je reprendrai avec plaisir le fil l’année prochaine (même si ça ne m’empêchera pas de lire des recueils de Joyce Carol Oates que j’avais également sélectionné pour cette année mais que je n’ai pas eu envie de lire immédiatement après Les mystères de Wintherturn).

Les nouvelles:

  • John Burdett, Gone East
  • Stephen Leather, Inspector Zhang and the dead thai gangster
  • Pico Iyer, Thousand and one nights
  • Colin Cotterill, Halfheaded
  • Christopher G. Moore, Dolphins Inc.
  • Tew Bunnag, The mistress wants her freedom
  • Timothy Hallinan, Hansum man
  • Alex Kerr, Daylight
  • Dean Barrett, Death of a legend
  • Vasit Dejkunjorn, The sword
  • Eric Stone, The lunch that got away
  • Colin Piprell, Hot enough to kill

Nocturne d’un chauffeur de taxi

Nocturne d’un chauffeur de taxi: cette couverture ne pouvait que m’attirer – une ville asiatique, la nuit, avec des néons colorés ! et puis des nouvelles coréennes ? ça me tentait aussi. C’est Electra qui en parlé en premier, et je me suis dit que ce serait aussi un bon livre pour participer au challenge coréen de Cristie tout en complétant « Mai en nouvelles » organisé par Electra et Marie-Claude.

Ce recueil rassemble dix histoires, écrite par dix auteurs différents, des hommes et (surtout) des femmes. Les thèmes sont variés: amour, meurtres, solitude… Il y a ce chauffeur de taxi un peu paumé qui parcourt les rues de Séoul, cette fille tout aussi paumée qui va s’occuper de sa soeur qui s’est cassé un bras à Tokyo, cet homme qui se rend compte qu’il ne communique plus avec sa femme alors qu’un homme, un Sikh qui ne parle quasi pas coréen, répare et accorde leur piano, ces rencontres furtives entre un homme et une femme lors du festival de Busan…

J’ai eu du mal avec ces nouvelles fort différentes, surtout à cause du style et du ton. Est-ce une question de traduction ? Je ne pense pas que ce soit uniquement ça; je crois que c’est lié à mes attentes: je préfère des récits avec des descriptions de l’environnement, que ce soit la ville ou la campagne, et il y en a très peu ici. Les auteurs se sont plus focalisés sur l’histoire des personnages. Une nouvelle dénote par rapport à cela, « Neuf épisodes » de Han Kang: le ton est très rêveur, les paysages coréens sont très présents, même si l’histoire est très décousue – c’est ma préférée. Au contraire, deux nouvelles ont réussi a m’énerver un peu: « Rumeurs » de Baek Ka-hum que j’ai trouvée trop banale et « La fabrique des conserves » de Pyun Hye-young qui se rapproche trop de l’absurde à mon goût.

Une lecture en demi-teinte donc, mais qui donne envie de mieux découvrir la littérature coréenne, par l’intermédiaire de romans ou de nouvelles, mais alors dans des recueils consacrés à un seul auteur pour mieux pouvoir appréhender leur style et leurs thèmes de prédilection. Encore un prétexte pour agrandir ma PAL donc !

Les nouvelles:

  • Kim Ae-ran, Nocturne d’un chauffeur de taxi
  • Baek Ka-hum, Rumeurs
  • Ahn Yeong-sil, Amour impossible
  • Jo Kyung-ran, Semailles
  • Park Chan-soon, Stoppie à moto
  • Kim Yeon-su, Bonne année à tous !
  • Choi Jin Young, Mon mari
  • Han Kang, Neuf épisodes
  • Yoon Sung-hee, La maison en Lego
  • Pyun Hye-young, La fabrique des conserves

How to pronounce knife

Souvankham Thammavongsa, How to pronounce knife: avec ce troisième recueil de nouvelles lu dans le cadre de « Mai en nouvelles », organisé par Electra et Marie-Claude, on part au Canada et au Laos en même temps. C’est d’ailleurs ce second pays qui m’a attirée, j’y ai été en 1997. Souvankham Thammavongsa est née dans un camp de réfugiés en Thaïlande et a grandi à Toronto au Canada; elle a publié plusieurs livres de poésie, ainsi que ce premier ce premier recueil de nouvelles. Chacune des histoires parle de ces immigrants laotiens dans un pays un peu étrange et surtout très froid; ce sont très souvent les enfants – les seuls qui parlent déjà l’anglais convenablement – qui racontent certaines bizarreries qu’ils vivent, avec des parents souvent illettrés, relégués à des boulots peu glorieux, en marge de la société.

Il y a cette histoire – touchante et drôle en même temps – qui donne le titre au recueil, avec cette incompréhension sur la manière de prononcer le mot « knife » – faut-il prononcer le K ou pas ? Il y a ces plongées dans le monde du travail des immigrés, que ce soit dans une usine de découpage et plumage de poulets ou dans le ramassage de vers de terre. Ou encore dans un salon de beauté, où cet homme qui était boxeur, puis balayeur, se retrouve à peindre les ongles des femmes. Il y a cette autre femme dont la passion pour le chanteur country Randy Travis tourne à l’obsession, et dont le mari tente malgré son peu de moyens de lui faire plaisir, le tout vu par les yeux de leur petite fille.

Les nouvelles sont courtes, de six à dix pages, mais elles créent un petit monde en soi; elles décrivent une vie souterraine, peu connue et qui pourtant est un des piliers de la société; elles décrivent ces boulots mal payés, dont personne ne veut. Elles racontent aussi les jolis moments, ou ces moments un peu étranges d’adaptation à un nouveau mode de vie si différent, dont on ne connait pas les codes mais dont on veut à tout prix faire partie. La langue est belle, les mots bien choisis, et même s’il y a une certaine poésie, elle ne domine pas l’écriture. Une belle découverte – repérée sur le goodreads de Jackie Brown, qui rassemble pas mal de livres sur le thème de l’immigration en Amérique du Nord. Et puis Marie-Claude l’a lu aussi et publié un billet sur son blog.

Incandescences

Ron Rash, Incandescences: des romans de Ron Rash, j’en ai lu plusieurs, et j’avais d’ailleurs commencé ce recueil il y a quelques mois, un de ces jours où je devrais prendre les transports en commun et où je ne voulais pas me charger avec le pavé en cours. Et puis je l’ai abandonné, parce que les nouvelles, il me faut toujours un peu de courage pour les lire. Pas parce que je n’aime pas, mais plutôt à cause d’une question de temps et de rythme: quand je lis, souvent je suis interrompue par des question de temps (dans les transports il vaut mieux que je ne rate pas mon arrêt; le soir j’ai tendance à m’endormir au milieu d’une page), or pour les nouvelles, c’est plus agréable de les lire en entier en une fois. Et parfois j’ai du mal à en lire plusieurs d’affilée. Ce « Mai en nouvelles », activité organisée par Electra et Marie-Claude, tombe donc à pic pour lire tous ces recueils accumulés au fil des ans. Sauf qu’en faisant le compte dans ma PAL, je n’en ai trouvé que deux (sauf erreur, ce qui est bien possible) et j’ai commencé à regarder ce que comptaient lire d’autres lectrices – j’ai évidemment été tentée par plusieurs livres. Cette activité me pousse aussi à continuer mon challenge Joyce Carol Oates. Elle a en effet écrit de nombreuses nouvelles mais le suivant dans ma liste chronologique est un roman (terminé depuis). J’ai dû commander (en seconde main) les recueils de nouvelles en question mais, avec un peu de patience, ils sont arrivés – on verra bien si j’en lis au moins un pour la fin mai.

Mais revenons à Incandescences. Ron Rash nous emmène comme toujours dans les Appalaches, en Caroline du Nord et du Sud, pas dans les grandes villes mais dans la nature, dans les lieux isolés, dans les villages. Il raconte l’histoire de gens simples, souvent paumés, souvent sans le sou, comme cet homme qui part piller des tombes de soldats confédérés pour gagner un peu d’argent qui lui permettra de payer les factures d’hôpital de sa mère. Une autre nouvelle marquante est celle de ce prêteur sur gages qui se rend compte du drame que vit son frère et sa belle-soeur, chassés de leur maison par leur fils drogué aux méthamphétamines – le tout pendant une tempête de neige. (Je ne prends pas de notes pendant mes lectures, et là, je me rends compte que je devrais…). Ron Rash retourne aussi dans le passé, celui de la Grande dépression, avec cette histoire d’oeufs qui disparaissent la nuit, et plus loin encore avec la Guerre de Sécession. J’ai été touchée par cette dernière nouvelle, par la force de cette femme qui montre sa détermination pour sauver ses biens et sa famille. Une femme forte donc, parmi toute une galerie de personnages marqués par la vie, et décrits avec compassion par l’auteur. C’est sombre et lumineux en même temps.