Curtain of Rain

Tew Bunnag, Curtain of Rain: Claire, éditrice britannique, sent qu’elle commence à perdre la mémoire et désire retourner une dernière fois à Bangkok pour y rencontrer Tarrin Wandee, un écrivain qu’elle édite mais qui a ses propres soucis. Se mêlent à ce fil principal de nombreuses autres histoires qui au début du roman semblent n’avoir ni queue ni tête, comme si c’étaient des nouvelles écrites par Tew Bennag ou par Tarrin Wandee. Elles racontent le futur, mais surtout le passé, et il faudra attendre les dernières pages du roman pour comprendre les liens. C’est assez déroutant au début, et j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire même si les « nouvelles » sont intéressantes en elles-mêmes. Elles font le portrait d’une ville, Bangkok, et d’un pays, racontant comment l’armée américaine stationnée là lors de la guerre du Vietnam a modifié les moeurs et a incité une migration interne de la population depuis les zones plus reculées et pauvres comme l’Isaan.

J’avais noté l’auteur en lisant un recueil de nouvelles sur Bangkok; son style me plaisait et j’étais curieuse de lire un roman (écrit en anglais, même si l’auteur est thaï). J’ai eu un l’impression que ça manquait un peu de cohésion et qu’il est plus à l’aise dans le format de la nouvelle mais son écriture me plaît toujours.

La ville de Bangkok est souvent mise en avant et décrite à diverses périodes, et j’ai retrouvé des ambiances particulières qui m’ont rappelé mes visites sur place. Un extrait:

« Bangkok under a white haze: in all directions, a jagged skyline of irregular glass peaks that pierce the bleached canopy; unfinished buildings exposing naked concrete, rusting rebar, cranes perching on top like idle crows waiting for the next dubious downpour of construction cash. »

Un livre qui convient donc très bien au challenge « Sous les pavés, les pages » organisé par Athalie et Ingannmic, et qui donne envie de retourner à Bangkok (d’autres idées de livres qui parlent de la ville avec le tag « Bangkok« ).

Tew Bunnag, Curtain of Rain, River Books, 2014, 224p.

Pok Pok: The Drinking Food of Thailand

Andy Ricker with JJ Goode, Pok Pok: The Drinking Food of Thailand (2017): Andy Ricker est un Américain qui avait ouvert un restaurant thaï à Portland (il est aujourd’hui fermé) et qui vit en partie dans le nord de la Thaïlande. C’est là que lui est venu l’idée de ce livre qui se focalise sur les nourritures qu’on mange en buvant de l’alcool, très souvent de l’alcool de riz qui ne coûte pas cher. Il a rassemblé les recettes de ces plats et ne fait aucune concession quant aux ingrédients. Du coup, c’est très authentique, mais quasi pas réalisable en dehors de la Thaïlande à cause de l’utilisation de produits très locaux (de la bile, du krachai – un genre de rhizome, du makhwen – un genre de « poivre »…) ou parce que les recettes sont tout simplement trop compliquées. Le texte est néanmoins très intéressant et le livre est richement illustré par les photos d’Austin Bush mais je ne pense pas garder ce livre maintenant que je l’ai lu.

  • photos: ***** (toutes les recettes sont illustrées et il y a de nombreuses autres photos – il est clair aussi que j’ai un faible pour la photographie d’Austin Bush)
  • texte: **** (intéressant pour mieux comprendre le contexte et chaque plat est décrit en détail, y compris les étapes plus spéciales/insolites)
  • originalité des recettes: *****
  • authenticité des recettes: ***** (aucun doute à ce sujet)
  • faisabilité des recettes: *
  • mesures: unités de mesures métriques et impériales (particulièrement bien détaillées)
  • recettes favorites: je n’en ai réalisé aucune
  • indispensabilité du livre: **

Another Bangkok

Alex Kerr, Another Bangkok. Reflections on the city: Alex Kerr est un Américain qui a vécu des années au Japon, mais qui depuis les années 1990 partage son temps entre le Japon et Bangkok. Il a ce même intérêt que moi pour les deux pays et je me retrouve dans ses comparaisons. Il relate l’histoire de Bangkok et décrit son architecture, son art, ses coutumes, ses règles de politesse qui ont un correspondance au Japon. Il y a une source commune, le bouddhisme, et malgré de nombreuses autres influences, les similarités sont grandes. Kerr parle en même temps de son parcours personnel dans une ville qui lui était totalement inconnue au départ et qu’il apprend à apprivoiser, s’intéressant à sa culture, comme il l’avait fait au Japon auparavant. J’ai parfois trouvé le temps un peu long, mais au final j’ai appris pas mal de choses. Je comprends mieux maintenant que mon attirance pour Bangkok ET Tokyo n’est pas un hasard. Je me souviens d’ailleurs que lors de mon premier séjour à Tokyo, je n’ai pas arrêté de penser à Bangkok. Il faudrait d’ailleurs que j’y retourne, la ville ayant certainement changé depuis la dernière fois. Est-ce que je conseille ce livre ? oui, mais uniquement si on connaît un peu la ville et qu’on s’intéresse à sa culture.

Bangkok noir

Bangkok noir: édité en 2011 par Christopher G. Moore, ce recueil rassemble des nouvelles d’auteurs anglophones, des expats vivant en Thaïlande pour la plupart, et d’auteurs thaïs écrivant en anglais. Je l’ai ressorti du fin fond de ma wishlist amazon – il y avait abouti après ma lecture de Phnom Penh noir en 2015. Bangkok est au centre des récits (sauf un qui se passe à Chiang Mai), une ville marquée par la corruption, le sexe et les esprits maléfiques, les « phii ».

John Burdett, connu pour ses romans policiers (dont je recommande chaudement la lecture), raconte une sombre histoire de tatouages, de fantômes et de chamanisme dans « Gone East », un récit dans lequel on ne sait plus trop qui est vivant ou mort. La nouvelle suivante, « Inspector Zhang and the dead thai gangster » de Stephen Leather est un pastiche d’Agatha Christie, avec un inspecteur singapourien qui doit résoudre un crime dans un avion, à la manière d’Hercule Poirot. Je n’ai pas trouvé ça très réussi !

Plusieurs histoires tournent autour de la prostitution, « Thousand and one nights » de Pico Iyer ou encore « The mistress wants her freedom » de Tew Bunnag. Il y a aussi un homme paumé, un vétéran de la guerre du Vietnam qui tente de retrouver son amour d’antan, dans « Hansum man » de Timothy Hallinan. Les « phii » sont assez terrifiants dans l’histoire de Samart, ce faux-devin engagé par la police, qui a affaire avec le fantôme d’une femme coupée en deux (« Halfheaded). Ils reviennent d’une manière plus contenue dans « Daylight », une nouvelle d’Alex Kerr dont j’avais beaucoup aimé son récit du Japon en voie de disparition (il a écrit un livre du même genre pour la Thaïlande mais il est indisponible). C’est d’ailleurs un des meilleurs textes du recueil, à mon avis.

Je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire de Christopher G. Moore – est-ce qu’on était dans un jeu vidéo ? Dean Barrett raconte des histoires de tueurs à gages, tandis qu’Eric Stone se penche sur la condition d’une marchande ambulante de nourriture qui se fait racketter par un restaurant. C’est une nouvelle qui a des moments des drôles, avec un bras de fer assez inédit entre riches et pauvres.

Je regrette que ce recueil ne rassemble que des auteurs masculins et ne donne que ce point de vue. Il y a quelques femmes mais les rôles importants sont tous tenus par des hommes, souvent des expats. J’ai malgré tout passé un bon moment à me replonger dans le côté sombre de Bangkok, une ville que j’aime beaucoup et que j’ai visitée plusieurs fois. Ce sera ma dernière contribution pour « Mai en nouvelles », organisé par Electra et Marie-Claude, et je reprendrai avec plaisir le fil l’année prochaine (même si ça ne m’empêchera pas de lire des recueils de Joyce Carol Oates que j’avais également sélectionné pour cette année mais que je n’ai pas eu envie de lire immédiatement après Les mystères de Wintherturn).

Les nouvelles:

  • John Burdett, Gone East
  • Stephen Leather, Inspector Zhang and the dead thai gangster
  • Pico Iyer, Thousand and one nights
  • Colin Cotterill, Halfheaded
  • Christopher G. Moore, Dolphins Inc.
  • Tew Bunnag, The mistress wants her freedom
  • Timothy Hallinan, Hansum man
  • Alex Kerr, Daylight
  • Dean Barrett, Death of a legend
  • Vasit Dejkunjorn, The sword
  • Eric Stone, The lunch that got away
  • Colin Piprell, Hot enough to kill

The food of Northern Thailand

Austin Bush, The food of Northern Thailand (2018): Austin Bush est un auteur et photographe américain vivant depuis des années en Thaïlande. Il a notamment écrit de grandes parties des guides Lonely Planet du pays. Avec ce livre, il plonge dans les traditions culinaires du nord de la Thaïlande, décrivant les plats des régions autour de Chiang Mai, Chiang Rai et Mae Hong Song. Cette cuisine est fort différente de celle du centre, moins sucrée, souvent plus amère, utilisant de nombreuses herbes aromatiques. Bush a rassemblé des informations de première main, auprès de locaux, et a pris de superbes photos des plats sur place. Il a noté les recettes et les publie ici, telles qu’elle sont réalisées dans les cuisines locales. Il a pris le parti de ne pas les modifier et cela les rend évidemment très compliquées à réaliser hors de la région à cause des nombreux ingrédients difficiles à obtenir (certaines épices ou herbes, ou même des fleurs de bananier) ou peu usités (du sang de porc, de la bile de vache). Dans d’autres livres, cela m’aurait fortement dérangé, mais ici, le contenu du livre est tellement riche et fouillé que cela n’a plus d’importance. Pour moi, c’est un livre essentiel, même s’il ne sera pas souvent utilisé dans ma cuisine.

Vivement le second volume, en préparation, sur la cuisine du sud de la Thaïlande (Austin Bush a un Instagram où il raconte ses voyages et découvertes culinaires).

  • photos: *****
  • texte: *****
  • originalité des recettes: *****
  • authenticité des recettes: *****
  • faisabilité des recettes: *
  • recettes favorites: pour le moment, aucune, mais j’en ai noté deux que j’ai envie de préparer
  • indispensabilité du livre: **** (* si vous cherchez des recettes faciles)

Bangkok wakes to rain

Pitchaya Sudbanthad, Bangkok wakes to rain: la ville de Bangkok est au cœur de ce roman aux personnages multiples. Il débute par l’installation d’un missionnaire anglais dans la ville au 19e siècle, il continue par cette histoire d’un pianiste de jazz américain qui joue dans une vieille demeure dans les années 1970 pour faire fuir les fantômes, il présente cette jeune fille dont les amis ont été tués lors d’une révolution estudiantine, il la suit encore aujourd’hui. Elle vit sa vie, tente d’oublier le passé… Les personnages ont parfois des liens entre eux, parfois pas, mais la ville les rassemble ou leur lien avec la ville – certains habitent en Angleterre, aux Etats-Unis, au Japon. Il fait humide, il pleut beaucoup, augurant un futur fort sombre. Une certaine nostalgie est omniprésente, un peu collante comme la chaleur de la métropole. Il y a cette mémoire, personnelle ou collective qui imprègne tout le récit… Sa structure peut sembler compliquée, des personnages réapparaissent parfois cent pages plus loin mais j’ai trouvé une certaine logique en refermant le livre. J’y ai aussi trouvé un très grand plaisir de lecture, retrouvant cette ville que j’aime beaucoup, son ambiance particulière, son exotisme urbain. Je conseille vivement, et j’espère qu’il sera traduit en français.

The Bangkok asset

fa3be42882544ab306349961977a1544John Burdett, The Bangkok asset: une nouvelle enquête de l’inspecteur Sonchai Jitpleecheep. Un meurtre a été commis dans un immeuble surplombant le marché, une jeune fille gît par terre, la tête arrachée, un message annonce que le meurtrier sait qui est le père de Sonchai, une question qui le hante depuis toujours. Quelques jours plus tard, Sonchai est le témoin d’un événement très particulier: un meurtre en plein typhon sur le Chao Praya, le meurtrier s’en tirant sans problèmes malgré les courants du fleuve. Serait-ce un surhomme ? Cette question traversera une grande partie du roman, menant Sonchai dans les archives secrètes de la CIA, jusqu’aux forêts du Cambodge. J’ai retrouvé avec plaisir les ambiances de Bangkok et du Cambodge mais l’histoire m’a un peu déstabilisée au départ parce qu’elle entre dans le domaine de la science-fiction. Ou peut-être pas justement ? Ce livre est en tous cas un bon divertissement !

Book_RATING-35

Beyond the pancake trench

9789745240476_p0_v2_s260x420Tom Vater, Beyond the pancake trench. Road tales from the wild East: cela faisait plusieurs années que je tournais autour de ce livre sans l’acheter. Et puis je l’ai vu chez Monument Books à l’aéroport de Yangon mais je ne voulais pas payer 30$, sachant qu’il était bien moins cher en librairie occidentale (environ 16€). En rentrant, je me suis donc sentie obligée de l’acheter. Je connaissais déjà Tom Vater grâce au disque édité chez Topic, The Moken: Sea Gypsies of the Andaman Sea et j’ai découvert qu’il était l’auteur des guides Lonely Planet sur le Cambodge. Dans ce livre publié en 2004, il raconte des expériences diverses en Thaïlande, en Inde, au Camboge, au Vietnam et au Laos. Ce sont souvent des instantanés qui décrivent des pays qui ont fort changé depuis. Le Cambodge à cette époque était encore vraiment un far-west, où se rejoignaient pédophiles, drogués et gangsters. Ses descriptions de Bangkok font vivre une certaine facette de la ville, pas la plus touristique, plutôt celle qui est dans l’ombre, celle des soirées et des bars. Un extrait du chapitre « Cambodia, Phnom Penh – The Heart of Darkness »:

« The ‘Heart’ as the local moto-drivers call it, opens late, gets busy round midnight and closes when the last customer leaves. Tarantino’s Titty Twister doesn’t come close to the madness that erupts on the dance floor. And on a really packed night, the Dead Kennedys’ ‘It’s a holiday in Cambodia’ spins out the speakers. It’s the ultimate post-modernist experience. Jello Biafra yells ‘Pol Pot, Pol Pot’, the girls pop pills, the old guys at the bar try to keep the latest joint together, the rich Khmers in the corner, who remember the horror as if it had been yesterday, don’t give it a second thought. »

A lire !

2015 Reading challenge: A book set in a different country, A nonfiction book, A book by an author you’ve never read before

Book_RATING-40

Hormones (Random remarks about…)

Hormones est une série pour ados thaïe qui m’a été conseillée par Catherine comme le Berverly Hills 90210 local. Je n’ai regardé que le premier épisode (tous sont disponibles sur youtube, avec sous-titres en anglais). C’est la rentrée dans une école secondaire de Bangkok et tous les amis se retrouvent.

  • chaque journée commence par l’interprétation de l’hymne national thaï
  • les élèves portent l’uniforme et un préfet assez sévère vérifie également la longueur des cheveux: pas de longueurs chez les garçons et une coupe classique longue chez les filles
  • ceci est le début de la révolte, thème de l’épisode 1, Testostérone (les suivants portent également le nom d’hormones): un élève assez dégourdi met en cause cet uniforme parce que le préfet ne peut pas donner de raison (à part, « cela a toujours été comme ça)
  • les filles piaillent beaucoup (j’aurais voulu écrire « giggle ») et font penser aux gamines japonaises.
  • tout le monde a son smartphone, même pendant les cours
  • la musique s’inspire de celle des jeux vidéo
  • le rythme du montage est très rapide et découpé
  • on voit des bouts de Bangkok, le skytrain notamment
  • on voit aussi comment vivent les Thaïs aisés, leurs appartements, les chambres des filles avec plein d’accessoires Hello Kitty…
  • les professeurs et le préfet sont des modèles d’autorité et les élèves les respectent bien plus qu’en Belgique, ce qui donne une fin d’épisode un peu niaise selon nos standards
  • une des filles a un petit ami plus âgé qui vient la chercher à l’école en moto – quelle coolitude !
  • les attirances entre filles et garçons sont les mêmes dans le monde entier

Est-ce que je regarderai la suite ? Je ne sais pas encore, c’est fort adolescent et superficiel mais totalement exotique !

Récit de voyage

J’ai publié hier le premier billet racontant mon voyage. La rédaction est longue – j’ai plein de choses à dire – et le choix des photos compliqué, mais j’espère publier régulièrement (sans doute pas tous les jours mais je vais essayer). C’est un récit assez linéaire et factuel, fort différent des cartes postales que je publie parfois ici. Il est possible que j’écrive quelques-unes de ces impressions plus tard dans l’année, en fonction de mes souvenirs de moments précis.

C’est ici: suasaday

Bonne lecture et n’hésitez pas à commenter !