Ron Rash, Le monde à l’endroit: c’est l’été, et Travis Shelton, alors âgé de 17 ans, part à la pêche aux truites. En cherchant un endroit isolé, il remonte la rivière et tombe sur une plantation de cannabis. Il en coupe un pied et le revend à Leonard, ancien enseignant devenu dealer. Comme cela rapporte bien, il retourne une seconde fois, et une troisième fois mais il se fait prendre par le propriétaire du champ Carlton Toomey qui lui sectionne le tendon d’Achille avant de l’amener à l’hôpital. Si cette histoire vous semble familière, c’est le cas: c’est en effet une nouvelle déjà publiée qui forme le début du roman de Ron Rash. Travis décide de ne plus se laisser faire par son père et quitte la maison, allant habiter chez Leonard. Ce dernier le guide, l’aide à envisager un avenir, et lui raconte le massacre qui a eu lieu lors de la guerre de Sécession dans la région. Travis devra choisir sa voie, et cela ne se fera pas sans embûches.
La pêche à la truite et Ron Rash, ça fait deux ! Une fois de plus, l’auteur nous emmène au bord d’une rivière, mais aussi dans une petite communauté de Caroline du Nord où les gens n’ont pas beaucoup d’avenir, où ils vivent dans des mobile home, où ils tentent de survivre en cultivant du tabac, où les femmes essaient d’étudier pour améliorer leur condition. C’est un portrait assez sombre d’une région rurale, mais surtout le récit d’un adolescent qui devient adulte, qui doit faire des choix pour son avenir. Les deux-tiers du roman se déroulent assez lentement, sans vraiment ennuyer le lecteur mais sans trop le passionner non plus, et puis la dernière partie s’accélère, offrant une conclusion au récit que je ne vais pas raconter ici. J’ai aimé ce roman, et je compte donc bien continuer ma lecture chronologique de l’auteur.
Ron Rash, Le monde à l’endroit, Seuil, 2012, 282p. (traduction par Isabelle Reinharez, publié à l’origine en 2006: The World Made Straight)