How to pronounce knife

Souvankham Thammavongsa, How to pronounce knife: avec ce troisième recueil de nouvelles lu dans le cadre de « Mai en nouvelles », organisé par Electra et Marie-Claude, on part au Canada et au Laos en même temps. C’est d’ailleurs ce second pays qui m’a attirée, j’y ai été en 1997. Souvankham Thammavongsa est née dans un camp de réfugiés en Thaïlande et a grandi à Toronto au Canada; elle a publié plusieurs livres de poésie, ainsi que ce premier ce premier recueil de nouvelles. Chacune des histoires parle de ces immigrants laotiens dans un pays un peu étrange et surtout très froid; ce sont très souvent les enfants – les seuls qui parlent déjà l’anglais convenablement – qui racontent certaines bizarreries qu’ils vivent, avec des parents souvent illettrés, relégués à des boulots peu glorieux, en marge de la société.

Il y a cette histoire – touchante et drôle en même temps – qui donne le titre au recueil, avec cette incompréhension sur la manière de prononcer le mot « knife » – faut-il prononcer le K ou pas ? Il y a ces plongées dans le monde du travail des immigrés, que ce soit dans une usine de découpage et plumage de poulets ou dans le ramassage de vers de terre. Ou encore dans un salon de beauté, où cet homme qui était boxeur, puis balayeur, se retrouve à peindre les ongles des femmes. Il y a cette autre femme dont la passion pour le chanteur country Randy Travis tourne à l’obsession, et dont le mari tente malgré son peu de moyens de lui faire plaisir, le tout vu par les yeux de leur petite fille.

Les nouvelles sont courtes, de six à dix pages, mais elles créent un petit monde en soi; elles décrivent une vie souterraine, peu connue et qui pourtant est un des piliers de la société; elles décrivent ces boulots mal payés, dont personne ne veut. Elles racontent aussi les jolis moments, ou ces moments un peu étranges d’adaptation à un nouveau mode de vie si différent, dont on ne connait pas les codes mais dont on veut à tout prix faire partie. La langue est belle, les mots bien choisis, et même s’il y a une certaine poésie, elle ne domine pas l’écriture. Une belle découverte – repérée sur le goodreads de Jackie Brown, qui rassemble pas mal de livres sur le thème de l’immigration en Amérique du Nord. Et puis Marie-Claude l’a lu aussi et publié un billet sur son blog.

Beyond the pancake trench

9789745240476_p0_v2_s260x420Tom Vater, Beyond the pancake trench. Road tales from the wild East: cela faisait plusieurs années que je tournais autour de ce livre sans l’acheter. Et puis je l’ai vu chez Monument Books à l’aéroport de Yangon mais je ne voulais pas payer 30$, sachant qu’il était bien moins cher en librairie occidentale (environ 16€). En rentrant, je me suis donc sentie obligée de l’acheter. Je connaissais déjà Tom Vater grâce au disque édité chez Topic, The Moken: Sea Gypsies of the Andaman Sea et j’ai découvert qu’il était l’auteur des guides Lonely Planet sur le Cambodge. Dans ce livre publié en 2004, il raconte des expériences diverses en Thaïlande, en Inde, au Camboge, au Vietnam et au Laos. Ce sont souvent des instantanés qui décrivent des pays qui ont fort changé depuis. Le Cambodge à cette époque était encore vraiment un far-west, où se rejoignaient pédophiles, drogués et gangsters. Ses descriptions de Bangkok font vivre une certaine facette de la ville, pas la plus touristique, plutôt celle qui est dans l’ombre, celle des soirées et des bars. Un extrait du chapitre « Cambodia, Phnom Penh – The Heart of Darkness »:

« The ‘Heart’ as the local moto-drivers call it, opens late, gets busy round midnight and closes when the last customer leaves. Tarantino’s Titty Twister doesn’t come close to the madness that erupts on the dance floor. And on a really packed night, the Dead Kennedys’ ‘It’s a holiday in Cambodia’ spins out the speakers. It’s the ultimate post-modernist experience. Jello Biafra yells ‘Pol Pot, Pol Pot’, the girls pop pills, the old guys at the bar try to keep the latest joint together, the rich Khmers in the corner, who remember the horror as if it had been yesterday, don’t give it a second thought. »

A lire !

2015 Reading challenge: A book set in a different country, A nonfiction book, A book by an author you’ve never read before

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Jaew kapi: Laotian chilli sauce

Après une première recette de sauce aux piments, j’ai profité du dernier (?) barbecue de l’année pour en cuisiner une dont j’ai trouvé la recette dans un livre que j’aime beaucoup, mi-récit de voyage mi-livre de cuisine: Ant egg soup de Natacha du Pont de Bie. Je l’ai un peu adaptée, mettant une quantité de pâte de crevettes bien plus réduite qu’indiqué de peur d’avoir un mauvais goût.

Les ingrédients que j’ai utilisés sont les suivants:

  • 4 piments Numex Espanhola (les rouges arrondis)
  • 1 piment Habanero orange (qui a même réussi à faire pleurer diane tant il est piquant – ça n’arrive jamais en général)
  • 6 piments Indian Cobra (les rouges allongés)
  • 1 échalote de taille moyenne
  • 4 gousses d’ail

Tous ces ingrédients ont été mis sur brochette pour pouvoir les griller au barbecue, ce qui donne un bon goût. L’auteur du bouquin propose comme solutions alternatives de les griller sur la flamme d’un réchaud à gaz, voire, dans les cas désespérés, à la flamme d’une bougie.

Dès que la peau a noirci, il faut peler et émincer l’ail et l’échalote et enlever les graines et queues des piments, ainsi que les peaux trop noires. C’est là que des gants chirurgicaux viennent à point pour ne pas imprégner ses doigts de capsaïcine et évidemment se les mettre dans les yeux.

Il faut ensuite frire l’ail et l’échalote deux minutes dans un wok puis les transférer dans un mortier ou une moulinette (ce que j’ai fait, par paresse, mais ça fonctionne très bien). Rajouter les piments puis les ingrédients suivants:

  • une mini pointe de couteau de pâte de crevettes (le machin qui pue à des kilomètres et qu’on emballe dans deux sacs plastiques avant de le mettre au frigo. On comprendra donc pourquoi j’en mets si peu).
  • une cuillère à soupe de sauce poisson
  • le jus d’un citron vert
  • une pincée de sucre
  • de la coriandre

Mixer le tout, en ajoutant ces ingrédients un à un. La coriandre est facultative mais elle donne un bon goût. Si la sauce est trop sèche, ajouter un peu d’eau chaude. Cela se conserve plus d’une semaine au frigo. Cette sauce est un peu longue à préparer mais son goût est vraiment très bon, mélangeant le fumé du barbecue, le piquant de certains piments, le goût de poivron d’autres, l’acidité du jus de citron et le salé de la pâte de crevettes et de la sauce poisson.

Ant egg soup

ou soupe d’oeufs de fourmis, une des nombreuses délicatesses de la cuisine laotienne. Dans son livre, Natacha du Pont de Bie raconte son voyage au Laos en mettant l’accent sur ce qu’elle mange et elle propose quelques recettes dans son livre. Ce livre est passionnant ! Evidemment, j’adore manger et je suis passée par quasi tous les endroits où elle a été, et je suis nostalgique des nombreux plats que j’ai mangé et de la douceur de vivre du pays (c’est un peu cliché, mais c’est comme ça, je n’ai jamais été dans un pays aussi agréable). J’y retournerais bien, surtout après la lecture du livre, que je classe parmi mes récits de voyage favoris.
Je viens de découvrir via Wikipedia un blog qui propose des recettes, ainsi que des vidéos.