At the movies – 52 (1970s, 2000s, 2010s)

Clint Eastwood et Shirley MacLaine dans Two Mules for Sister Sara

Une collection de films que je dois regarder pour le travail, certains me plaisant plus que d’autres, et sur deux thèmes en particulier: des films scandinaves et des westerns avec des femmes. Et il y a un intrus, que j’ai regardé pour mon plaisir.

Valhalla Rising (Nicolas Winding Refn, Danemark, 2009) – 3/5: quelque part au 12e siècle, en Ecosse, un guerrier silencieux surnommé One-Eye (Mads Mikkelsen) est un esclave forcé à combattre d’autres prisonniers. Il s’enfuit un jour, accompagné d’un enfant et poursuit sa route avec des Chrétiens en route pour les Croisades. Leur bateau se perd en route. C’est un film sombre et froid, un peu comme les paysages traversés. Il n’y a que haine et violence, et les hommes se perdent dans des pensées qui les dépassent. Il y a aussi un certain mysticisme qui m’a dérangée par moments, mais en fait tout le film est extrême. Je reste très partagée sur ce que j’ai vu et je dirais qu’heureusement il y a Mads Mikkelsen qui est vraiment très bien.

McCabe & Mrs. Miller (Robert Altman, 1971) – 3/5: McCabe (Warren Beatty) investit dans la construction d’un bordel dans une petite ville minière du nord-ouest des Etats-Unis, Mrs. Miller (Julie Christie) lui propose de partager ses connaissances dans la question. L’affaire est florissante et attire les convoitises, ce qui ne peut que mal se terminer. Robert Altman a réalisé ici un western moderne, très sombre, à propos du capitalisme. J’ai détesté le personnage de McCabe et j’aurais préféré que Mrs. Miller soit mise plus en avant, surtout dans la seconde moitié du film où elle disparaît quasiment (sauf pour quelques scènes où elle a perdu son côté femme forte des débuts). Il y a cependant un côté très mélancolique dans le film, et aussi un côté très diaphane, avec ces images un peu sombres et voilées. A noter: les chansons de Leonard Cohen.

The Death of Stalin (Armando Iannucci, France/Royaume-Uni/Belgique, 2017) – 4/5: une satire racontant la mort de Staline et la lutte pour sa succession, avec une belle palette d’acteurs comme Steve Buscemi ou Michael Palin. C’est drôle et grinçant à la fois, une critique acerbe du monde politique et de ses jeux de pouvoir, et un bon divertissement.

Exit (Peter Lindmark, Suède, 2006) – 3/5: Thomas Skepphult (Mads Mikkelsen) travaille dans la finance. Il se trouve subitement mêlé à une affaire qui le dépasse et part à la poursuite des coupables, qui d’ailleurs veulent s’en prendre à sa famille. Il a heureusement quelques alliés (notamment un tout jeune Alexander Skarsgård) et arrive à se dépêtrer du filet qui se tend autour de lui. Il y a pas mal de scènes d’action mais l’histoire n’est pas toujours très claire. Pas mal mais sans plus.

The Guilty (Gustav Möller, Danemark, 2018) – 4/5: Asger Holm, policier déplacé pour un moment comme répartiteur à la centrale d’urgence 112, reçoit un appel d’une femme qu’on est en train de kidnapper. Avec son seul téléphone, sans sortir du bureau, il tente de résoudre l’affaire, tout en étant confronté à ses propres démons. Un film de huis-clos passionnant (alors qu’on ne quitte pas la pièce et qu’on ne voit rien de ce qui se passe dehors), où personne n’est ce qu’il est vraiment. Un film où l’importance de la voix et des sons est primordiale.

Meek’s Cutoff (Kelly Reichardt, 2010) – 4/5: en 1845, trois familles de pionniers chrétiens se font guider sur la route de l’Ouest par Stephen Meek, un pisteur imbu de sa personne. Ils se perdent dans le désert et l’eau commence à manquer, quand les hommes capturent un indien Païute. Il ne se passe pas grand-chose dans ce film, mais les images sont superbes, et ce sont surtout les trois femmes, aux robes de couleurs coordonnées, qui marquent les esprits. L’une d’elle devient même le personnage principal, la seule qui a peut-être un peu de jugeotte dans toute l’équipe (on ne peut clairement pas compter sur les hommes). Une phrase est parlante: l’une d’entre elle dit qu’elles sont tout comme les esclaves à devoir faire tout le travail. Un film que j’avais déjà vu mais qui me touche toujours autant. #52FilmsByWomen

Two Mules for Sister Sara (Don Siegel, 1970) – 3/5: Mexique, années 1860 – Soeur Sara (Shirley MacLaine) est sauvée par Hogan (Clint Eastwood) alors qu’elle se fait attaquer par trois malfrats. Il la prend sous son aile parce qu’elle a des informations importantes pour aider les rebelles juaristes contre l’armée française. Un western assez calme, avec Clint Eastwood dans son rôle habituel, et une Soeur Sara bien ingénieuse (dommage que j’ai été spoilée dès le départ). Plaisant mais sans plus. A noter: la musique typique d’Ennio Morricone.

At the movies – 27 (2010s)

Il n’y a aucune logique dans les films de cette période, vus entre juin et septembre 2022, à part quelques demandes liées à des médiagraphies au boulot, mais surtout beaucoup d’envies personnelles.

Les super effets spéciaux de Pompeii

Shut Up Sona, Deepti Gupta (Inde, 2019) – 4/5: un documentaire à propose de Sona Mohapatra, chanteuse indienne (de Bollywood) qui n’a pas sa langue dans sa poche. Accusée de blasphème par une confrérie soufie, elle part à l’attaque et défend le rôle des femmes dans une société extrêmement misogyne. Passionnant ! #52FilmsByWomen #documentary

Mustang, Deniz Gamze Ergüven (Turquie, 2015) – 5/5: au bord de la mer Noire, en Turquie, cinq sœurs adolescentes fêtent la fin de l’année scolaire en allant se baigner (toutes habillées) avec leurs amis. Une voisine les dénonce à leur grand-mère (leurs parents sont décédés) et leur oncle prend des mesures. La maison familiale devient leur prison, et après une fugue, les aînées sont mariées contre leur gré. La même voie est prévue pour les plus jeunes. Un très beau film qui dénonce les mariages arrangés mais surtout la violence du patriarcat, obligeant les jeunes filles à rester dans le rang et à devenir de bonnes épouses. Avec en plus, la superbe musique de Warren Ellis. J’ai adoré ! #52FilmsByWomen

The Legend of Tarzan, David Yates (2016) – 2/5: les pires éléments du film de 1933 ont été gommés ici (le racisme pur et dur, le massacre d’animaux) mais on est loin du chef-d’œuvre. Il reste toujours ce fait que ce sont les Blancs qui sauvent les Noirs, même si l’esclavage est dénoncé tout le long du film. A part ça, c’est toujours agréable de voir Alexander Skarsgard, mais savoir que ce film a complètement été tourné en studio nuit à l’ensemble (et ça se voit vraiment trop – finalement à ce niveau-là on est très proche de la version de 1933). Et le cri de Tarzan avec yodel est bien trop peu utilisé.

Midnight Special, Jeff Nichols (2016) – 2/5: un petit garçon aux pouvoirs spéciaux est enlevé par son père biologique. Il résidait dans une communauté religieuse extrémiste et était censé sauver le monde. Un agent de la NSA (Adam Driver) s’intéresse à l’affaire. Je n’ai jamais été prise par ce film que j’ai trouvé lent et sans rythme alors que l’histoire aurait pu être haletante, j’ai même accéléré un peu vers la fin. Mais j’ai aimé y voir Adam Driver et Kristen Dunst. #theAdamDriverFilmography

Pompeii, Paul W.S. Anderson (2014) – 1/5: quel mauvais film (à tel point que ce n’est même pas un plaisir coupable) ! un mélange de Gladiator et de romance, avec l’éruption du Vésuve en point de mire. Si la reconstitution de la cité romaine est sans doute plus ou moins fidèle (à part le phare), il n’en est pas le cas pour les costumes, les gens (il n’y avait pas de Noirs à Pompéi à l’époque) et l’éruption en tant que telle. Le réalisateur s’est inspiré d’éruptions des dix dernières années pour les effets spéciaux, niant la réalité historique, et rajoutant un… tsunami ! Avec Kiefer Sutherland en méchant, Kit Harrington en gentil, Adewale Akinnuoye-Agbaje en ami du gentil, Carrie-Anne Moss et Jared Harris en parents et Emily Browning en jeune fille en quête d’amour. A noter que les pages wikipedia en anglais et français sont très différentes, la première défendant le réalisme de l’éruption, la seconde pointant vers toutes les incongruités historiques (un baise-main dans l’Antiquité, un phare à Pompéi ?).

Punk the Capital: Building a Sound Movement, Paul Bishow & James June Schneider (2019) – 4/5: un documentaire musical qui remonte aux sources du punk rock et du hardcore à Washington DC, avec de nombreux documents d’archives qui montrent comment cette scène a émergé dans une ville où ce n’était clairement pas évident (la capitale est plutôt coincée dans son côté administratif et présidentiel). Intéressant (mais une fois de plus je me suis demandée où étaient les femmes ? même si certaines sont interviewées, cela reste un monde de mecs). Avec entre autres Bad Brains et Minor Threat. #documentary

Wet Season (Anthony Chen, Singapour, 2019) – 3/5: Ling, d’origine sino-malaise, enseigne le chinois dans une école secondaire de Singapour. Elle vit avec son mari, souvent absent et très distant, et son beau-père, aphasique, dont elle s’occupe avec beaucoup de soin. Cela fait huit ans qu’elle essaie désespérément de concevoir un enfant et elle s’injecte chaque jour des hormones en prévision d’une FIV. Elle se rapproche d’un de ses élèves, Wei Lun, à qui elle donne des cours de rattrapage. Lui aussi est un peu perdu, ses parents étant absents pendant une longue durée. Tout cela se passe alors que la mousson s’abat sur la ville, mais on ne voit pas grand-chose de celle-ci: tout est centré sur l’enfermement des personnages dans l’appartement, la classe, la voiture… et les couleurs sont très fades, très tristes. C’est un film aux ambiances particulières, très feutrées, crues parfois, et qui traite de sujets difficiles avec beaucoup de sensibilité. A noter: les durians que mangent Ling et Wei Lun à plusieurs reprises. #chinesecinema

At the movies – 17 (2020s)

Ali & Ava (dossier de presse d’Altitude Film Sales)

J’essaie de ne publier des notes que sur des films déjà sortis au cinéma en Belgique, mais parfois il y a l’une ou l’autre exception.

J’ai l’impression aussi que publier ces articles par décennie possède une logique mais du coup, on ne suit pas le cours de mes idées (j’ai des articles en brouillon dont le premier film a été vu en décembre, ou je parle ici d’un remake alors que j’ai vu l’original avant mais l’article n’est pas encore prêt), et du coup je me demandais si je devais changer ma manière de faire en publiant ces articles par ordre de visionnement (je ferais juste une exception pour les visions de presse en publiant les notes sur ces films juste après leur sortie).

La panthères des neiges, Marie Amiguet et Vincent Munier (France, 2021) – 4/5: un documentaire animalier mais pas que. C’est aussi une rencontre entre le photographe Vincent Munier et l’écrivain voyageur Sylvain Tesson (qui est moins horrible que d’habitude – je crois que le montage ne lui a pas laissé cette place). Je trouve dommage qu’on ne voie que les deux mecs par contre. La panthère quant à elle est superbe, de même que les autres animaux (mention spéciale au chat de pallas), ainsi que les paysages. Et cette musique de Warren Ellis et Nick Cave… #52FilmsByWomen (en partie)

The Story of my Wife, Ildikó Enyedi (Hongrie, 2021) – 2/5: Jakob (Gijs Naber) est capitaine au long cours. Suite à une boutade, il décide d’épouser la première femme qui entrera à ce moment dans le café. Lizzy (Léa Seydoux) accepte. Commence alors une relation tourmentée, marquée par la suspicion d’infidélité. Le film est raconté du point de vue de Jakob et est divisé en sept chapitres. L’ambiance et les décors des années 1920 sont superbes mais c’est beaucoup trop long, l’histoire n’avançant pas entres les minutes 45 et 145 (en gros). A noter: un chat sur un cargo, les superbes images de Hambourg, le tango dansé par Lizzy et Jakob. (Sortie repoussée en Belgique) #52FilmsByWomen

Le sommet des dieux, Patrick Imbert (France, 2021) – 4/5: adapté du manga de Jiro Taniguchi et Baku Yumemakura. Une histoire d’alpinisme, d’ascension de l’Everest, de dépassement de soi, et qui pose la question de ce qu’on fait après avoir atteint son but ultime. Les décors sont particulièrement superbes, de Tokyo à Katmandou, et surtout des montagnes. La tension est palpable à tout moment, et le sound design accentue les moments critiques.

Ali & Ava, Clio Barnad (Royaume-Uni, 2021) – 4/5: un amour improbable entre un homme d’origine pakistanaise, en pleine séparation, et une femme d’une cinquantaine d’années, mère et grand-mère. Un film social à l’anglaise mais tout en légèreté, loin de Ken Loach et cie, plus proche de Rocks de Sarah Gavron dans l’esprit. Avec du racisme, mais ce n’est pas ce qui domine le film, et beaucoup de musique, de Bob Dylan à de la techno. Et la ville de Bradford est superbement filmée. #52FilmsByWomen

Wheel of Fortune and Fantasy (Ryusuke Hamaguchi, Japon, 2021) – 3/5: le dernier des films de Ryusuke Hamaguchi que je n’avais pas vus, et pas celui que j’ai préféré. C’est un triptyque, et il y a de nouveau de longues conversations entres protagonistes. L’histoire est menée par des femmes et dissèque l’amour aujourd’hui au Japon. Mon histoire préférée est la troisième qui a certains moments très drôles mais qui est surtout très sensible et bienveillante. #theRyusukeHamaguchiFilmography

The Northman (Robert Eggers, 2022) – 3/5: un film macho à la testostérone, très intense par moments, mais qui s’essouffle à d’autres. La recherche de la véracité historique est très poussée, comme dans les autres films de Robert Eggers. Il met clairement sa patte sur un film, mais ici ça a trop un côté blockbuster. Dommage aussi que le sujet de la puissance des femmes évoqué au début ne soit pas plus exploité (même si Nicole Kidman est sublime à ce niveau). Alexander Skarsgård ressemble à Hulk et n’a qu’une expression de visage, et c’est bien dommage. J’ai aimé mais je n’ai pas été conquise parce qu’il manque ce petit plus qui rend un film magique/inoubliable/exceptionnel.

Memory, Martin Campbell (2022) – 1/5: mon avis est certainement influencé par le fait que c’est un remake de De zaak Alzheimer, film belge que j’avais vu juste avant de voir celui-ci. L’histoire suit le même parcours, au plan près par moments, mais s’est diluée dans des thèmes américains où tout est plus grand, plus violent et plus clinquant. Les touches d’humour (parfois un peu potache, je l’avoue) ont disparu et tout le contexte socio-politique me semble moins poussé. J’ai eu l’impression qu’on a voulu faire entrer une histoire belge au chausse-pied dans le contexte américain. Quant à la résolution de l’histoire, elle manque tellement de poésie…, et rajoute une couche pas nécessaire.