At the movies – 17 (2020s)

Ali & Ava (dossier de presse d’Altitude Film Sales)

J’essaie de ne publier des notes que sur des films déjà sortis au cinéma en Belgique, mais parfois il y a l’une ou l’autre exception.

J’ai l’impression aussi que publier ces articles par décennie possède une logique mais du coup, on ne suit pas le cours de mes idées (j’ai des articles en brouillon dont le premier film a été vu en décembre, ou je parle ici d’un remake alors que j’ai vu l’original avant mais l’article n’est pas encore prêt), et du coup je me demandais si je devais changer ma manière de faire en publiant ces articles par ordre de visionnement (je ferais juste une exception pour les visions de presse en publiant les notes sur ces films juste après leur sortie).

La panthères des neiges, Marie Amiguet et Vincent Munier (France, 2021) – 4/5: un documentaire animalier mais pas que. C’est aussi une rencontre entre le photographe Vincent Munier et l’écrivain voyageur Sylvain Tesson (qui est moins horrible que d’habitude – je crois que le montage ne lui a pas laissé cette place). Je trouve dommage qu’on ne voie que les deux mecs par contre. La panthère quant à elle est superbe, de même que les autres animaux (mention spéciale au chat de pallas), ainsi que les paysages. Et cette musique de Warren Ellis et Nick Cave… #52FilmsByWomen (en partie)

The Story of my Wife, Ildikó Enyedi (Hongrie, 2021) – 2/5: Jakob (Gijs Naber) est capitaine au long cours. Suite à une boutade, il décide d’épouser la première femme qui entrera à ce moment dans le café. Lizzy (Léa Seydoux) accepte. Commence alors une relation tourmentée, marquée par la suspicion d’infidélité. Le film est raconté du point de vue de Jakob et est divisé en sept chapitres. L’ambiance et les décors des années 1920 sont superbes mais c’est beaucoup trop long, l’histoire n’avançant pas entres les minutes 45 et 145 (en gros). A noter: un chat sur un cargo, les superbes images de Hambourg, le tango dansé par Lizzy et Jakob. (Sortie repoussée en Belgique) #52FilmsByWomen

Le sommet des dieux, Patrick Imbert (France, 2021) – 4/5: adapté du manga de Jiro Taniguchi et Baku Yumemakura. Une histoire d’alpinisme, d’ascension de l’Everest, de dépassement de soi, et qui pose la question de ce qu’on fait après avoir atteint son but ultime. Les décors sont particulièrement superbes, de Tokyo à Katmandou, et surtout des montagnes. La tension est palpable à tout moment, et le sound design accentue les moments critiques.

Ali & Ava, Clio Barnad (Royaume-Uni, 2021) – 4/5: un amour improbable entre un homme d’origine pakistanaise, en pleine séparation, et une femme d’une cinquantaine d’années, mère et grand-mère. Un film social à l’anglaise mais tout en légèreté, loin de Ken Loach et cie, plus proche de Rocks de Sarah Gavron dans l’esprit. Avec du racisme, mais ce n’est pas ce qui domine le film, et beaucoup de musique, de Bob Dylan à de la techno. Et la ville de Bradford est superbement filmée. #52FilmsByWomen

Wheel of Fortune and Fantasy (Ryusuke Hamaguchi, Japon, 2021) – 3/5: le dernier des films de Ryusuke Hamaguchi que je n’avais pas vus, et pas celui que j’ai préféré. C’est un triptyque, et il y a de nouveau de longues conversations entres protagonistes. L’histoire est menée par des femmes et dissèque l’amour aujourd’hui au Japon. Mon histoire préférée est la troisième qui a certains moments très drôles mais qui est surtout très sensible et bienveillante. #theRyusukeHamaguchiFilmography

The Northman (Robert Eggers, 2022) – 3/5: un film macho à la testostérone, très intense par moments, mais qui s’essouffle à d’autres. La recherche de la véracité historique est très poussée, comme dans les autres films de Robert Eggers. Il met clairement sa patte sur un film, mais ici ça a trop un côté blockbuster. Dommage aussi que le sujet de la puissance des femmes évoqué au début ne soit pas plus exploité (même si Nicole Kidman est sublime à ce niveau). Alexander Skarsgård ressemble à Hulk et n’a qu’une expression de visage, et c’est bien dommage. J’ai aimé mais je n’ai pas été conquise parce qu’il manque ce petit plus qui rend un film magique/inoubliable/exceptionnel.

Memory, Martin Campbell (2022) – 1/5: mon avis est certainement influencé par le fait que c’est un remake de De zaak Alzheimer, film belge que j’avais vu juste avant de voir celui-ci. L’histoire suit le même parcours, au plan près par moments, mais s’est diluée dans des thèmes américains où tout est plus grand, plus violent et plus clinquant. Les touches d’humour (parfois un peu potache, je l’avoue) ont disparu et tout le contexte socio-politique me semble moins poussé. J’ai eu l’impression qu’on a voulu faire entrer une histoire belge au chausse-pied dans le contexte américain. Quant à la résolution de l’histoire, elle manque tellement de poésie…, et rajoute une couche pas nécessaire.

Alpinistes de Staline

Cédric Gras, Alpinistes de Staline: Vitali et Evgueni Abalakov sont nés en Sibérie. Dès leur plus jeune âge, ils escaladent les collines et montagnes environnantes et deviennent des alpinistes aguerris. Dans les années 1930, ils sont mandatés par le régime pour conquérir les montagnes d’Asie Centrale et du Caucase, les pics Staline et Lenine, notamment. Suite à une tempête en haute montagne, Vitali doit être amputé de nombreuses phalanges aux mains et aux pieds. Il est par la suite victime des grandes purges de Staline et passe plusieurs années en prison. Après sa libération, il reprend son métier d’ingénieur et crée de nouveaux outils pour l’alpinisme. Il travaille également à sa condition physique et se remet à l’escalade, attaquant à nouveau les plus hautes cimes de l’URSS. Evgueni n’a pas été poursuivi et a pu continuer ses activités, rêvant de l’Everest, mais ce projet restera inaccessible. Il meurt en 1948, probablement d’une intoxication au dioxyde de carbone en prenant un bain.

Cédric Gras raconte dans ce livre l’histoire de deux héros, deux alpinistes qui ont atteint les plus hauts sommets de l’URSS (plusieurs 7000 mètres), mais qui ont toute leur vie été dirigés par le régime communiste. Ils auraient bien aimé sortir des frontières et s’attaquer à l’Everest qui était encore vierge dans les années 1930 mais les relations diplomatiques entre pays et l’isolement du régime soviétique viendront entraver ces plans audacieux. Cédric Gras raconte un alpinisme avec les moyens du bord, sans beaucoup de protection et d’outils, basé sur la force physique et surtout mentale, et dirigé par le parti communiste. En effet, chaque mission devait d’abord être approuvée, et de nombreuses sculptures de Lenine et Staline ont été hissées aux sommets, mettant parfois en danger la vie des alpinistes. Ce livre est passionnant, il dévoile un autre aspect de l’URSS, entre héroïsme et terreur, entre la liberté sur les cimes et la répression dans la vie normale. Il ne faut pas être féru d’alpinisme pour lire ce livre, Cédric Gras ne rentre d’ailleurs pas trop dans les détails. Il fait le portrait de deux hommes mais aussi de toute une époque, après avoir fait de nombreuses recherches dans les archives russes.