The Caucasus

Thomas de Waal, The Caucasus. An Introduction: ce livre décrit l’histoire du Caucase du Sud, de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan depuis le 19e siècle. C’est une histoire très complexe qui mêle minorités ethniques et religions différentes (christianisme et islam). C’est aussi une région qui est au coeur des routes commerciales, riche en pétrole dans la mer Caspienne, pétrole qui est acheminé vers la mer Noire et la Turquie par des oléoducs, obligeant les pays concernés (l’Azerbaïdjan et la Géorgie à garder de bons contacts). Thomas de Waal décrit également les conflits ethniques qui ont émergé au début des années 1990 après l’effondrement du bloc soviétique et explique comment beaucoup auraient pu être évités. Les Ossètes, par exemple, connaissent beaucoup de mariages mixtes avec les Géorgiens, et c’est surtout un discours très nationaliste (des deux côtés) qui a provoqué les guerres et un status quo aujourd’hui assez inextricable.

De même pour l’Abkhazie, où les forces en puissance ont provoqué de grands mouvements de population, chassant les Géorgiens, et passant sous l’autorité russe. Quant au Nagorno-Kharabakh (ou Haut-Karabakh), l’actualité des dernières semaines est la preuve que rien n’est résolu, et j’avoue qu’en lisant la description de l’origine du conflit, je n’ai pas tout compris tant tout cela est compliqué et obscur. On y voit cependant un renversement de la situation: alors que les Arméniens étaient au pouvoir initialement, les Azéris reprennent aujourd’hui le terrain. Mais on parle ici aussi d’un territoire où Arméniens et Azéris ont toujours cohabité en bonne entente, pendant des siècles.

A côté des ces conflits, de Waal parle aussi de l’histoire de chacun de ces pays, de leur gouvernement, des forces en puissance et du retour vers l’autocratie. Il montre comment les enjeux économiques sont importants pour cette région de passage coincée entre la Russie, la Turquie, l’Iran. C’est un livre très intéressant, qui permet d’éclaircir les tenants et aboutissements d’une histoire très compliquée. J’ai lu la version mise à jour en 2018, et depuis, les choses ont encore évolué. C’est un livre universitaire mais écrit pour le grand public.

Thomas de Waal, The Caucasus. An Introduction, Oxford University Press, 2018, 312p. (pas de traduction)

Un livre qui entre en partie dans le challenge des minorités ethniques d’Ingannmic, pour les Ossètes et les Abkhazes, mais aussi pour les Azéris, Arméniens et Géorgiens qui vivent dans des enclaves hors de leur pays.

La huitième vie

Nino Haratischwili, La huitième vie: Géorgie, 1917. Stasia rêve de devenir danseuse étoile à Paris, dans les Ballets Russes, mais son père, un chocolatier renommé (et avec une recette secrète), la pousse à épouser Simon Iachi, un brillant officier. Mais la révolution bolchevique passe par là et les vies de la famille sont complètement secouées..

Allemagne, 2006. Brilka, l’arrière-petite-fille de Stasia a fugué et sa tante part à sa recherche, tout en décidant de lui raconter l’histoire de sa famille. Celle-ci a traversé le 20e siècle et la domination communiste de la Géorgie. Même si les hommes ont fait des choix et ont pu apporter leur soutien grâce à des postes élevés dans le parti communiste, ce sont les femmes qui sont au centre de l’histoire: Stasia, l’ancienne danseuse, sa soeur Christine, Kitty, Elene, Daria, Niza et Brilka. Ce sont des personnages forts, à qui il arrive beaucoup de choses, heureuses et malheureuses, tandis que les hommes restent en retrait, gardant un rôle assez figé, tandis que les femmes évoluent, changent et (sur)vivent dans un monde troublé.

Avec ce roman, l’autrice géorgienne Nino Harastischwili, aujourd’hui installée en Allemagne (elle écrit d’ailleurs en allemand), raconte toute l’histoire de son pays. Dans le documentaire à son propos sur Arte, elle explique d’ailleurs que ce n’était pas sa première idée; elle voulait surtout raconter l’histoire des années 1990 mais pour cela, il lui semblait important de raconter d’abord le reste du 20e siècle. Le roman traverse les décennies et la famille de Stasia se trouve mêlée à tous les événements importants de l’histoire, de la révolution bolchevique à la Seconde Guerre mondiale, en passant par les grandes purges de Staline et l’arrivée de Gorbatchev. C’est parfois un peu trop et il arrive aux femmes de chaque génération des choses assez horribles. Haratischwili n’a pas peur de pousser les émotions jusqu’au bout, rendant le récit très mélodramatique. En même temps, une fois qu’on est absorbé dans la lecture de ce pavé, cette accumulation d’histoires est passionnante et j’ai tourné les pages avec beaucoup de plaisir, apprenant au fur et à mesure beaucoup de choses sur la Géorgie et la vie quotidienne pendant la période communiste.

Je suis curieuse de lire son roman suivant, Das mangelnde Licht, qui n’est pas (encore) traduit en français et qui suit l’histoire de quatre adolescentes dans les années 1990 à Tbilissi. C’est aussi un pavé. (Si je n’ai pas la patience d’attendre la traduction française, je me tournerai vers celle en néerlandais).

L’avis de Livr’escapades.

Ceci est ma seconde participation aux challenge des pavés de l’été de Sibylline (La petite liste) mais aussi des épais de Ta d loi du cine (Le blog de Dasola).

Nino Haratischwili, La huitième vie, Folio, 2021, 1200p. (traduit de l’allemand par Monique Rival et Barbara Fontaine, titre original: Das achte Leben (Für Brilka), 2014)

The Border

Erika Fatland, The Border: A Journey Around Russia Through North Korea, China, Mongolia, Kazakhstan, Azerbaijan, Georgia, Ukraine, Belarus, Lithuania, Poland, Latvia, Estonia, Finland, Norway, and the Northeast Passage: Erika Fatland, voyageuse et autrice norvégienne, est passionnée par la Russie et a décidé de réaliser un périple qui suit les frontières de l’immense pays. Elle commence par la conclusion de son voyage, une croisière dans la mer Arctique, empruntant le passage du nord-est. Elle raconte des anecdotes, décrivant ce qu’elle voit, mais elle explique également toute l’histoire de la région. Elle fait de même pour son voyage via la terre – la première partie en Corée du Nord est particulièrement savoureuse (et un peu angoissante en même temps). Elle relate le passé, le mouvement des frontières suite aux guerres et s’intéresse aux habitants de ces zones, les interrogeant sur leur vie quotidienne et l’influence de géant russe. Elle rencontre des gens très divers, certains sont nostalgiques de l’URSS, d’autres revendiquent leur liberté, leur indépendance. Cet aspect devient particulièrement important une fois qu’elle aborde la région du Caucase et cela m’a bien éclairé à propos de la situation actuelle. Elle termine son long périple sur la rivière qui marque la limite entre la Russie et la Norvège, à l’extrême nord de l’Europe.

Le livre est long, mais il est passionnant de bout en bout (j’ai juste flanché un peu lors des descriptions des conquêtes de Genghis Khan, que j’ai déjà lues un peu trop souvent), j’ai appris de nombreuses choses et j’ai aimé lire le côté personnel, la partie qui est vraiment récit de voyage (je me suis retrouvée dans ses angoisses avec les chauffeurs de taxi un peu bizarres). J’ai lu la version traduite en anglais (du norvégien) et je trouve extrêmement dommage qu’il n’y ait pas de version française (il existe des traductions dans quasi toutes les langues européennes, y compris le néerlandais – c’est comme ça que j’ai découvert le livre).

Erika Fatland, The Border: A Journey Around Russia Through North Korea, China, Mongolia, Kazakhstan, Azerbaijan, Georgia, Ukraine, Belarus, Lithuania, Poland, Latvia, Estonia, Finland, Norway, and the Northeast Passage, MacLehose Press, 2020, 608p.

Un livre d’une autrice norvégienne, qui cadre tout à fait dans le challenge de Céline du blog Mon journal livresque.

Taste of Persia

Naomi Duguid, Taste of Persia: A Cook’s Travels Through Armenia, Azerbaijan, Georgia, Iran, and Kurdistan (2016): De Naomi Duguid, j’avais déjà lu Burma et j’avais adoré ses recherches approfondies dans la cuisine locale. Pour écrire ce livre-ci, elle a voyagé en Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Iran et Kurdistan et elle raconte ses expériences et rencontres avec les locaux, qui ont souvent partagé des recettes avec elle. J’ai ce livre depuis quelques années et pourtant je n’ai pas préparé grand-chose jusqu’à présent. En le lisant, j’ai cependant noté plein de recettes faciles à préparer, très souvent sur base de légumes. Je ne suis par contre pas sûre que je me lancerai dans la fabrication des différents pains, et les plats à base de riz demandent un certain temps de préparation. Les ingrédients sont faciles à trouver, sauf le fénugrec bleu mais Naomi Duguid propose toujours une solution de remplacement. Elle est clairement une autrice que je vais continuer à suivre.

  • photos: *** (toutes les recettes ne sont malheureusement pas illustrées mais il y a beaucoup de photos des pays visités)
  • texte: ***** (passionnant et permet de mieux connaître cette culture)
  • originalité des recettes: *****
  • authenticité des recettes: *****
  • faisabilité des recettes: ****
  • mesures: unités de mesures américaines uniquement (cups & ounces) (et c’est bien dommage)
  • recettes favorites: « Eggplant borani », « Pomegranate marinated kebabs », « Turkey kebabs »
  • indispensabilité du livre: ***