Girl Gone Missing

Marcie R. Rendon, Girl Gone Missing: on retrouve Cash Blackbear, la jeune fille ojibwé de 19 ans qui avait aidé à résoudre un crime dans Murder on the Red River. Toujours aussi passionnée par le jeu de billard (et les bières qui accompagnent ces soirées), elle commence des études à l’université locale mais elle a beaucoup de mal à s’adapter à ce monde dont elle ne maîtrise pas les codes; elle est bien plus habituée à la vie dans les fermes et aux hommes qui font les travaux agricoles. Elle apprend la disparition d’une des étudiantes, puis d’une autre et en discute avec le shérif Wheaton qui est quasi un père pour elle mais elle n’a pas vraiment de pistes, à part ces rêves où elle voit une jeune fille blonde appelant à l’aide. Puis apparaît un homme, un vétéran de la guerre du Vietnam (ça se passe dans les années 1970), qui prétend être son frère. La vie continue et elle se fait remarquer par un professeur grâce à un devoir, elle est même invitée à une cérémonie dans la grande ville de Minneapolis – Saint Paul. A partir de là, le roman s’emballe, même si la première partie est déjà riche en éléments.

Marcie R. Rendon écrit sans moments creux. Même quand elle décrit la vie quotidienne, elle est passionnante. On y apprend comment se déroule la vie dans les petites communautés agricoles, peuplées de Scandinaves et d’Ojibwé, comment ces derniers sont maltraités par l’état américain, comment les premiers se sentent supérieurs à tous points de vue. L’autrice insère dans ses romans des thèmes plus larges sur la condition des Premières Nations, les séparations des familles et l’alcoolisme, les traumatismes qui se répètent de génération en génération. Ce second roman est dans la lignée du premier, mais c’est un plaisir de retrouver le personnage très décalé de Cash Blackbear (on craint juste pour son foie et ses poumons), même si l’énigme en tant que telle m’a semblée un peu tirée par les cheveux. Je sais que je vais rajouter le troisième roman de la série à ma PAL.

Un roman qui entre dans le challenge des minorités ethniques d’Ingannmic, pour les Premières Nations américaines (Ojibwé) – publié in extremis, même si je l’ai déjà lu en novembre, pendant mes vacances en Asie (et avant The Guest).

Marcie R. Rendon, Girl Gone Missing, Cinco Puntos Press, 2019, 208p. (pas de traduction en français)

Murder on the Red River

Marcie R. Rendon, Murder on the Red River: Renée « Cash » Blackbear est une jeune fille ojibwé de 19 ans, vivant à Fargo dans le Minnesota. Elle gagne sa vie en faisant du travail d’homme, des travaux agricoles dans les champs, notamment du transport de betteraves. Sa vie n’a pas été facile jusque là: dans les années 1970, et les décennies avant, les enfants des Premières Nations étaient souvent placés dans des familles d’accueil, les services sociaux estimant que leurs familles ne pouvaient pas s’occuper d’eux. Des fratries étaient ainsi essaimées dans tout un état, voire même au-delà. Cash s’est retrouvée dans des familles d’origine scandinave et a souvent été mal traitée, un peu comme une servante ou une esclave. Elle est heureusement sortie de là grâce à l’amitié avec le shérif local, Wheaton, qui lui a trouvé un appartement où vivre seule. Cette enfance a laissé des traces: Cash passe ses soirées à jouer au billard dans les bars, buvant plus que nécessaire. Tout ceci est la trame en arrière-fond du roman, mais c’est aussi un polar: un meurtre a été commis sur un inconnu d’origine amérindienne et Cash va tenter de démêler les fils de l’histoire.

Comme le montre déjà le début de ce texte, ce n’est pas vraiment pour l’histoire du meurtre qu’on lit ce roman, mais bien parce qu’on s’attache au personnage un peu rude de Cash, cette jeune fille qui semble déjà avoir 50 ans, et qui se comporte comme telle. Son passé est tragique, et Marcie Rendon a précisément choisi de placer son roman dans les années 1970 pour insister sur la condition des Premières Nations aux Etats-Unis à ce moment-là, avant que des lois les protégeant n’aient été votées (des lois interdisant notamment le placement des enfants sans vraie raison). Ce premier roman a plu à beaucoup de lecteurs et Rendon a décidé d’écrire une suite, et c’est depuis devenu une série. Je suis curieuse de connaître la suite de l’histoire qui semble aller vers du positif pour Cash. Je l’espère pour elle en tous cas.

Une idée piochée chez Electra et un roman qui entre dans le challenge des minorités ethniques d’Ingannmic, pour les Premières Nations américaines (Ojibwé).

Marcie R. Rendon, Murder on the Red River, Cinco Punto Press, 2017, 208p. (pas de traduction en français)

Bohemian Flats

Mary Relindes Ellis, Bohemian Flats: de cet auteur, j’avais adoré Wisconsin et j’avais acheté ce roman-là peu après. Bohemian Flats commence en Allemagne en 1881. Albert et Raimund Kaufmann sont les fils d’un brasseur et agriculteur et vivent près d’Augsbourg. Ils sont amis avec Magdalena Richter, la fille d’un professeur et d’une femme roumaine, mal vue à cause de ses longs cheveux noirs et de ses talents de voyance qu’elle cache pourtant. Leur vie est déterminée par les conventions et la mentalité rétrograde de l’époque. Suite au décès de leur père, la ferme des Kaufman revient au fils aîné, Otto, un homme gras et mauvais. Raimund part le premier: il vole de l’argent à son frère et prend un bateau vers l’Amérique. Il échoue à Minneapolis, plus précisément dans la banlieue boueuse des rives du Mississippi nommée Bohemian Flats. Il y rencontre toute une galerie de personnages d’origines différentes, des Tchèques, des Finlandais, des Allemands comme lui. Quelques années plus tard, Albert et Magdalena (qui se sont mariés) le rejoignent. Mary Relindes Ellis, elle aussi d’origine européenne, raconte la vie de ces émigrés de la première heure, leur vie difficile mais aussi leurs joies. Elle ne se limite pas à quelques années mais relate une vie entière, la vie en Allemagne, l’arrivée aux Etats-Unis ainsi que la Première Guerre mondiale, qui provoque un sentiment anti-allemand envers les immigrés de cette origine. Ce roman est passionnant du début à la fin, intégrant l’Histoire dans un récit très personnel d’une famille. J’en veux encore !

En faisant des recherches sur l’auteur, j’ai appris avec tristesse qu’elle est décédée le 12 décembre 2016 et qu’elle n’a pas écrit d’autres romans.

Commencé fin juin, je l’intègre malgré tout dans le challenge PAL vacances 2017 – je l’ai terminé début juillet – pour la catégorie 1. le titre contient un nom de lieu géographique. Il permet également de compléter la catégorie Minnesota des 50 novels for 50 states (que je n’ai plus vraiment mis à jour ces derniers mois).