The City We Became

N.K. Jemisin, The City We Became: un jeune homme descend du train à Penn Station à New York. Il a un malaise; il oublie son nom. Quand un taxi jaune s’arrête devant lui, il sait qu’il doit le prendre et aller vers FDR Drive où se passe un événement assez bizarre. La route est envahie par de fins filaments blancs ressemblant à des tentacules d’anémones de mer et il sait qu’il doit se défendre. Il se sent attaché à cette ville qu’il ne connaît pas, et il sent qu’il a un rôle à jouer, même si ce n’est pas encore tout à fait clair. Dans les autres arrondissements de la ville (les boroughs), des événements bizarres se passent aussi, et chaque fois une personne se sent désignée. Ils se retrouveront au fur et à mesure du récit et formeront une coalition pour combattre une entité très agressive.

J’ai décidé cet été que je voulais lire plus de science-fiction, mais pas n’importe laquelle. Je n’ai pas trop d’affinités avec les histoires se passant dans des mondes entièrement imaginés (peut-être que ça viendra) et j’aime qu’il y ait un lien avec la réalité. J’aime aussi les uchronies et les voyages dans le temps, et j’ai une préférences pour des autrices. J’ai un très bon conseiller qui connaît mes goûts, et il m’a proposé ce roman de N.K. Jemisin, autrice afro-américaine (autrice qui se retrouve dans la liste des 50 romans de SF contemporaine qu’il faut lire d’après Numérama – une liste très inspirante). Et il cadrait tout à fait dans l’activité « Sous les pavés, les pages » organisée par Ingannmic et Athalie.

Alors oui, il y a un élément étrange dans ce roman: cette entité appelée en général la femme en blanc qui veut conquérir la ville de New York. Et les représentants des districts qui ont des pouvoirs spéciaux (qu’ils ne découvrent qu’au fur et à mesure du récit). Mais il y a bien plus: c’est l’histoire d’un ville, une description actuelle de ses quartiers avec chacun ses spécificités, représentés par des personnages très divers, très peu d’hommes, beaucoup de femmes (une Black ancienne rappeuse, une directrice de galerie d’art Lenape (la Première Nation du coin), une immigrée indienne dont le statut n’est pas entièrement sûr…). Chacune et chacun a sa personnalité, et le récit aborde des sujets aussi divers que la xénophobie, le féminisme, le conservatisme, l’extrême-droite, la domination de l’homme blanc, le plus souvent dans des dialogues très savoureux et très reconnaissables. Certains passages sont extrêmement drôles ! Certains moments sont plus calmes, mais il y a aussi pas mal d’action une fois qu’on a compris qui devait se rencontrer. N.K. Jemisin introduit du suspense en alternant les voix dans les chapitres et une fois qu’on se prend d’affection pour l’un ou l’autre personnage, on veut connaître la suite de son histoire, mais il faut parfois attendre que l’action simultanée d’un autre soit décrite, ce qui fait tourner les pages encore plus vite.

J’ai eu un peu de mal avec le chapitre d’introduction, comme souvent quand il faut entrer dans un roman. J’aurais sans doute dû y porter un peu plus d’attention (d’ailleurs mon résumé commence avec le chapitre suivant). En fait, il a été publié sous forme de nouvelle avant l’écriture du roman entier, qui entre temps est devenu une trilogie (le second volume est paru, le troisième n’est pas encore annoncé). Mais je suis très vite entrée dans l’histoire et j’ai adoré les personnages et la description de New York dans ses moindres détails et avec tous ses boroughs, sans se limiter à juste Manhattan comme un touriste. Et pour une fois, Staten Island n’est pas oublié (ceux qui ont lu le roman verront ici un sacré clin d’œil). Si quelques filaments blancs translucides ne vous dérangent pas, je vous recommande chaudement ce roman. J’ai même failli entamer la suite directement après, mais je préfère attendre un tout petit peu – on ne sait jamais que la troisième partie sorte entre temps. Ce roman de SF me pousse certainement à découvrir un peu plus ce genre – je sais que je vais explorer la liste citée plus haut, et écouter les conseils de mon ami (c’est lui aussi qui m’avait poussé à lire Q, L’œil de Carafa – inversement, je lui ai conseillé Emily St. John Mandel qu’il aime tout autant que moi).

N.K. Jemisin, The City We Became, Orbit, 2020, 437p. (en français: Genèse de la cité)

Ce livre s’inscrit donc dans le challenge « Sous les pavés, les pages » organisé par Athalie et Ingannmic et sera très probablement ma dernière lecture sur le sujet pour cause de vacances imminentes (et de tentatives qui finalement n’entrent pas dans le cadre).

11 réponses sur « The City We Became »

  1. Mais quel enthousiasme ! J’allais écrire que ce titre me faisait un peu penser à Neverwhere de Nail Gaiman (qui se passe à Londres) et puis j’ai vu qu’il était mentionné sur la couverture.. et j’ai vérifié, le premier volet est sortie en poche et en VF en mai de cette année… y a plus qu’à !

    1. y’a plus qu’à ! ce roman a vraiment été une bonne surprise pour moi et m’a un peu sortie de ma zone de confort – j’en avais besoin (je m’en rends d’autant plus compte avec ma lecture actuelle – le xième roman d’une autrice que j’ai déjà beaucoup lue).

  2. A_girl_from_earth dit :

    Je compte bien lire cette auteure mais en commençant par ses livres de la Terre fracturée (La Cinquième saison pour le tome 1). J’avais failli lire celui-ci sur la recommandation de Colson Whitehead qui aime beaucoup les thématiques de la ville aussi, et en particuiler New York, en atteste son dernier roman paru en France, Harlem Shuffle (parfait pour les pavés d’ailleurs).

    1. J’ai suivi les conseils de mon ami qui m’a dit de commencer par celui-ci mais je risque bien de continuer avec d’autres romans de l’autrice. Quant à Colson Whitehead, je ne m’y suis pas encore vraiment intéressée pour le moment.

  3. Bon, à priori, ce n’est pas mon truc, SF, voyage dans le temps, uchronie … Mais tu arrives quand même à me donner envie de découvrir ce titre, loin, très loin de ma zone de confort ! Et pour ma part, j’ai laissé tomber Harlem Shuffle au bout de deux chapitres, il était parfait pour le challenge, mais je n’ai pas du tout accroché au rythme narratif.

    1. Ici, ça se passe maintenant, avec tous les problèmes de la société d’aujourd’hui. Il faut juste accepter qu’il y a une entité bizarre qui veut prendre le dessus et qu’il y a des gens a peu près normaux qui vont se défendre. C’est donc très peu SF…

  4. flyingelectra dit :

    SF c’est le futur imaginé, non ? la fantasy c’est le fantastique (comme Lord of the Rings, Hunger Games) enfin c’est toujours ce que j’ai compris du coup tu préfères peut-être la fantasy à une vision du futur ? car souvent le futur dans la SF est très pessimiste (on vit toujours dans un futur pollué, il y a des castes … la guerre, ceux qui ont fui la terre) mais bon sinon j’adore Emily St John Mandel et si tu la cites ..

    1. Je ne me suis jamais attardée aux définitions de la SF et de la fantasy… Je ne suis pas sûre de préférer la fantasy (je n’ai jamais lu que Lord of the Rings finalement). Je crois qu’il y a beaucoup de genres de SF différents, et si j’aime moins les space opera, j’adore les uchronies. Mais j’ai décidé de rester ouverte à tout et de découvrir de nouvelles choses. C’est vrai que c’est souvent pessimiste, n’empêche. Mais pas toujours.

      1. flyingelectra dit :

        oui, c’est ce qui m’a éloigné du genre (j’étais fan étudiante), très peu imaginent un futur heureux
        mais bon là j’ai dévoré Sweet Home sur Netflix, et c’est tout sauf optimiste !

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