Memories of the Memories of the Black Rose Cat

Veeraporn Nitiprapha, Memories of the Memories of the Black Rose Cat: le jeune Dao adore quand sa grand mère Sri lui raconte les histoires du passé, celles de sa famille sino-thaïe. Leur ancêtre est venu de Chine pour gagner sa vie à Bangkok. Il y a établi son commerce du riz, est devenu prospère et fondé une famille. Sri explique la généalogie mais se concentre essentiellement sur Tong qui épouse une ancienne cuisinière du palais royal et avec qui il aura plusieurs enfants. L’aîné est adopté – le couple pensait être infertile – puis un garçon et plusieurs filles suivent (dont la narratrice, Sri). En les suivant, on traverse une partie de l’histoire du 20e siècle, les années 1920 et 30, la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle la famille fuit Bangkok et ses bombardements pour vivre sur un bateau de rivière, puis les années qui suivent, riches en événements politiques et changements de pouvoir, alors qu’ils se sont installés dans une grande maison à Pad Riew, une petite bourgade proche de Bangkok. La vie de la famille est marquée par des événements tragiques qui se dévoilent au fil des pages, sur un fond historique évoqué par petites touches (savoir que la Thaïlande a connu de nombreux coups d’état aide un peu). Et le chat dans tout ça ? Il apparaît à de nombreux moments, toujours à côté de Dao.

Cette saga n’est pas écrite comme les autres. Les premières pages sont assez déroutantes, le lecteur se demande un peu où l’autrice veut en venir, surtout que le texte est très dense (aussi dans la mise en page) et change régulièrement de ton; les italiques transmettent directement la pensé de grand-mère Sri, il y a aussi celles de Dao, et puis le récit qui suit son cours. J’ai lu des mentions de « réalisme magique sud-américain », mais je trouve qu’on en est loin (je n’accroche pas du tout à ce style). Il y a clairement quelques éléments qui pourraient toucher au surnaturel, mais on est en Asie – le monde des esprits est souvent imbriqué dans la vie quotidienne (et donc dans les littératures). L’écriture est particulière, elle joue avec les rythmes et les répétitions (je me demande comment cela sonne en thaï), les mots utilisés sont choisis avec soin. Il y a un côté rêveur par moments, mais aussi fiévreux. J’ai mis un moment à entrer dans le roman, mais la magie a très vite opéré une fois que j’ai compris qui était qui (les noms thaïs ainsi que leur version chinoise sont un peu difficiles à retenir pour une occidentale).

J’ai adoré ce livre que j’ai acheté à Bangkok. Je pensais qu’il n’était pas disponible en Europe mais je vois qu’il y a moyen de le trouver en ligne (version papier et numérique) (et je vous encourage donc très fort à tenter l’aventure si vous lisez en anglais – c’est un vrai coup de cœur de mon côté et il a une note très élevée sur goodreads: 4.35). Je l’ai lu dans le cadre de l’activité sur les littératures d’Asie du Sud-Est pour la Thaïlande (c’est l’achat de ce livre, et d’autres, qui m’ont poussée à organiser cette activité d’ailleurs).

L’autrice est thaïe et vit à Bangkok, c’est son second roman après The Blind Earthworm in the Labyrinth (qui est sur ma PAL).

Veeraporn Nitiprapha, Memories of the Memories of the Black Rose Cat, River Books, 2022, 330p. (traduction du thaï par Kong Rithdee, première édition en 2016, pas de version en français)

5 réponses sur « Memories of the Memories of the Black Rose Cat »

  1. je lis je blogue dit :

    Je fais confiance à ton point de vue, surtout en matière de littérature asiatique, mais le livre n’a pas l’air facile à aborder.

  2. Fanja dit :

    Aaah ça tombe bien que tu l’aies lu ! Je l’avais noté dans tes suggestions de lecture, mais j’hésitais juste avec The Blind Earthworm in the Labyrinth (question de chronologie de parution…) tout en étant davantage tentée par celui que tu as lu (ce titre, juste irrésistible !). Ton billet fait pencher la balance sur ce dernier. J’espère ne pas être déçue.^^

    1. Evidemment, je n’ai pas lu l’autre… alors qu’en général je suis aussi plutôt la chronologie. Mais j’ai adoré celui-ci, alors fonce !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.