Short diary of the week (362)

Lundi: remettre une robe parfaite pour l’automne, des inquiétudes, inquiétudes décuplées quand j’apprends qu’un collègue proche est atteint du covid, attendre les mesures de la direction, tout le monde est renvoyé à la maison jusque jeudi d’office et je dois me faire tester, mon rendez-vous n’est que jeudi – c’est long, espérer que tout va bien mais c’est à ce moment-là que mon corps se venge et que j’ai plein de petits maux, des maux de tête et des courbatures donc, traîner dans le canapé, la fin du film d’hier: Death on the Nile (John Guillermin, 1978)

Mardi: une nuit très moyenne, me réveiller fatiguée et avec des maux de tête, tenter de me concentrer sur le travail, aucune concentration pour de la lecture en tous cas, un épisode de Garden Rescue puis tomber sur le documentaire Arte sur le Ku Klux Klan

Mercredi: ça va mieux aujourd’hui, reprendre le Chili, peu d’ardeur en début d’après-midi mais quand je m’y mets me retrouvée happée par le sujet et ne pas quitter ma chaise jusqu’à la fin des mes heures de travail prévues, m’inquiéter parce que je n’ai toujours pas le document du médecin pour faire mon test covid, deux épisodes de Garden Rescue, tenter de faire redescendre mes angoisses

Jeudi: une mauvaise nuit, toujours pas de document, appeler le médecin qui prépare le document en live et me l’envoie à 8h21, passer le test à 9h05 (heureusement c’est à 4 minutes de la maison en voiture), c’est un peu désagréable mais pas très long, et c’est encore un peu sensible quelques heures après, une commande d’article par le DG alors que je voulais continuer le travail en cours, de nouveaux maux de tête, de la fatigue, la seconde partie du documentaire sur le Ku Klux Klan, Garden Rescue

Vendredi: une bonne nuit mais heureusement que c’est la fin de la semaine, des négociations, du Chili, être à court de chocolat puis en trouver un paquet caché derrière les céréales, l’impatience de l’attente des résultats, mais ce ne sera pas encore pour aujourd’hui, Garden Rescue, et puis comment un mot réussit à me déprimer totalement: knuffelcontact (le néerlandais étant une langue agglutinante de nouveaux mots sont créés à tout moment – ça veut dire quelque chose comme « contact avec qui on a des câlins »)

Samedi: toujours d’humeur plutôt sombre, pas que je ne suis pas mécontente de télétravailler plus (n’empêche il faudra attendre lundi pour avoir la confirmation – une attente de plus) mais même si je ne sortais pas beaucoup au resto ou au café cela restait malgré tout possible, du rangement et du nettoyage, aller au jardin et planter la moitié des bulbes de printemps, de la lecture, toujours pas de résultats du test – c’est donc reporté à lundi j’imagine, je ne peux pas dire que c’est angoissant parce que je me porte bien mais ça reste quand même présent dans mes pensées, We need to talk about Kevin (Lynne Ramsey, 2011)

Dimanche: traîner une grande partie de la matinée, un gros coup de pompe avec le retour des maux de tête, une sieste, terminer de planter tous ces bulbes (il y en avait plus de 270 !), me sentir bien mieux que tout à l’heure, de la lecture – l’histoire avance enfin de nouveau, du gibier, Jane Eyre (Cary Joji Fukunaga, 2011) – au moins maintenant je connais l’histoire de ce classique

Fluctuations (V)

Quelque part, je me sens assez bien avec ce confinement obligatoire. Je ne me sens pas forcée de sortir et de socialiser. Mais je sais aussi que sortir me fait du bien, et après deux mois, ça me manque. Sauf que je ne sais pas comment faire, je ne sais pas comment attirer l’attention sur moi. Chacun est dans sa bulle, avec son conjoint, ses enfants, des amis. Et moi je n’ai pas grand monde, très peu de famille, un papa qui est confiné dans sa maison de repos et qui ne m’écoute plus qu’à moitié, même s’il va relativement bien pour le moment. (J’ai écrit une partie de ce texte en début de semaine, pendant un moment de déprime, mais depuis, j’ai « attiré l’attention » de quelques amis; comme j’ai écrit encore beaucoup d’autres choses dans ce billet, je ne souhaite pas l’effacer.)

Des amitiés de longue dates qui se délitaient déjà se sont définitivement terminées, et j’en souffre. Je n’ai pas réussi à tempérer et arranger les choses malgré des excuses répétées dans un des cas; j’ai beaucoup de mal à accepter la situation. Je ne vois plus que le rejet clair et net. Sans doute que cette crise du covid ne fait qu’accentuer ce rejet, à une période où on est censé se soutenir. Mais comme je le disais, ça avait commencé avant et le covid n’a fait que précipiter les choses. On me dira aussi que je l’ai cherché, que j’ai tout fait pour me rendre détestable, à tel point que je m’en suis presque convaincue. Cela ne fait que répéter un schéma, j’ai l’impression. Et puis si je regarde l’autre côté, toutes mes amitiés ne se terminent pas comme ça; certains amis restent fidèles depuis très longtemps. « Va chez un psy », m’a-t-on répété. C’est facile à dire, surtout quand on a des proches pour s’épancher sans vraiment s’en rendre compte. Ce qui fait mal aussi, c’est ce bannissement total via les réseaux sociaux, un à un, d’instagram à goodreads, comme si je ne le remarquais pas. C’est comme si je n’existais plus. Un rejet aussi violent ne m’est pas arrivé très souvent, il y a eu mon ex mais le rejet était partagé, et puis avant, ça remonte sans doute à l’école primaire ou secondaire.

Le déconfinement se met en route, mais il n’est pas encore vraiment passé par moi. Oui, j’ai été acheter des plantes exotiques – ça me manquait et ça m’a fait du bien – mais je n’ai vu personne. Je n’ai pas rempli ma bulle de quatre personnes (j’ai eu ce sentiment de « dernière choisie pour l’équipe de basket à l’école »). J’ai vu quelques collègues lors de mes courtes incursions au bureau. J’ai eu quelques contacts par messenger mais ça s’étiole. Je sais que c’est à moi de faire les efforts, mais je n’y arrive pas vraiment. Je crois que si j’étais seule « Dans la forêt », je m’adapterais bien à la situation. Je n’aurais personne à qui me comparer.

Je m’en sors bien en voyage, au Japon tout particulièrement. Il y a plein de choses à visiter qui me plaisent. Ici, je n’arrive pas à prendre l’initiative de sortir de chez moi, d’aller me promener, de faire une randonnée, comme si la solitude était moins acceptable ici qu’en vacances. Et donc je reste chez moi. Heureusement j’ai un jardin mais l’horizon est quand même limité.

Le confinement n’est pas tendre avec les personnes seules. Elles ont été oubliées. Qui pouvais-je voir ? Heureusement, ma voisine était là, mais je ne peux pas lui parler de lectures, de cinéma, de séries tv… Je n’ai plus touché personne depuis deux mois et demi et cela risque de durer encore un moment (les larmes me sont montées aux yeux quand je l’ai raconté à une amie / collègue mais elle ne pouvait rien faire, à part prendre des risques que je ne voulais pas qu’elle prenne). Je n’ai personne que je peux prendre dans mes bras (mon papa, c’est interdit). (Si ça fait aussi deux mois et demi que vous n’avez touché personne, comment le vivez-vous ?) Avant je faisais la bise à des amis, ou parfois même un câlin, ce n’était pas énorme ni suffisant, mais c’était déjà bien mieux.

Je ne sais vraiment pas comment sortir plus souvent, comment me faire de nouveaux amis. Des amis qui comprennent que je refuse leurs invitations parce que j’ai besoin d’être seule, parce que je suis un peu bizarre, plus introvertie que la moyenne. Mais des amis qui m’accueillent avec plaisir quand j’ai envie de sortir et qui ne font pas d’histoires parce que la semaine avant je n’ai pas voulu socialiser. Des amis qui me disent ce qu’ils pensent mais avec bienveillance, des amis tout simplement.

Même hors du confinement, je ne suis pas une grande spécialiste des liens sociaux. C’est un peu un cercle vicieux: je suis timide donc on ne me remarque pas et comme on ne me remarque pas, je m’enferme encore plus. J’ai envie qu’on vienne vers moi alors que c’est le contraire, c’est à moi de faire les efforts, et c’est là que j’abandonne la plupart du temps, souvent parce que je ne sais pas comment faire. J’ai plein d’intérêts mais ils sont souvent un peu trop particuliers. Les réseaux sociaux m’ont permis de faire connaissance avec certaines personnes aux mêmes goûts que moi, mais pas tant que ça. Et les réseaux sociaux n’ayant pas de frontières, il est souvent impossible de voir de ces amis qui habitent loin.

90% du temps je vais bien, 10% du temps je suis misérable, je me sens seule et abandonnée de tous.

Tout ça va passer, probablement. Tout passe.

(D’ailleurs, comme je le disais plus haut, quelques jours ont passé et j’ai de nouveau basculé dans les 90% du temps, mais je ne souhaitais pas effacer ce texte très personnel qui raconte beaucoup sur moi et qui parle de blessures très récentes).

Fluctuations (IV)

Ou comment j’ai raté mon confinement (ou pas)

(d’après une idée de Kleo)

Dès le début du confinement, ça n’a pas raté: l’internet s’est rempli d’injonctions: « profitez de tout ce temps libre pour faire ceci, ou cela ». D’abord quel temps libre ? Quand on travaille à plein temps, même si c’est depuis la maison, les journées sont quand même bien remplies. Oui, c’est un peu plus relax, et oui, on peut récupérer l’heure qui n’est pas dédiée aux transports, et parfois même, faire la vaisselle est une bonne manière pour trouver de l’inspiration pour un texte. Mais ça ne fait pas beaucoup plus de temps libre, et je n’ai pas obéi aux injonctions diverses (ce n’est pas trop mon style non plus). Un aperçu:

Activité physique: beaucoup de jours sans (je n’ai pas encore pensé à transporter mon téléphone sur moi toute la journée pour compter mes pas), deux ou trois séances de yoga quand j’avais vraiment besoin de me détendre, mais aussi une idée utile: enlever les bambous du fond du jardin. Même s’il n’est pas traçant, il s’était fortement étendu, et donc j’ai commencé par enlever tous les rhizomes qui s’étaient éloignés de la base. Et puis j’ai décidé de m’en débarrasser complètement et de changer l’aspect du fond du jardin. Mon rythme: 10 ou 20 centimètres carrés par jour, mais à la pioche, ce qui prend entre 40 minutes et une heure. Les rhizomes, c’est résistant ! (Le résultat, c’est que j’ai des douleurs sous l’omoplate depuis plus d’une semaine et que j’ai dû ralentir le rythme). Ce n’est pas encore fini, j’ai donc encore de l’exercice physique prévu pour les dix prochains jours environ.

Culture: pour le boulot, j’ai dû faire des listes d’initiatives culturelles sur le web. Associées à celles de mes collègues, ça fait une quantité énorme. Est-ce que j’en ai profité ? Oui, mais seulement trois ou quatre fois, et au détriment de mon visionnage de séries habituel. Côté lecture, ça a été catastrophique les premières semaines: je n’avais plus mon temps dédié dans les transports et je n’arrivais pas à me concentrer à la maison. Par la suite, pour réamorcer l’habitude, je me suis décidée à lire pendant un créneau horaire précis, juste après le boulot. Aujourd’hui j’ai repris un rythme quasi normal mais cela dépend vraiment des jours.

Capillarité: je me déteste avec les cheveux gras, ce n’était donc pas une option pour moi. Donc lavages habituels tous les trois jours (et déjà, le troisième jour c’est souvent limite). Mais j’ai décidé de laisser pousser ma frange, sauf que je l’avais recoupée deux ou trois jours avant le début du confinement. Aujourd’hui, j’en suis au début du stade où a priori j’aurais tout recoupé. Mais si je reste honnête avec moi-même, l’idée était présente depuis au moins six mois.

Epilation: ça m’avait échappé, mais Kleo dit qu’il y a eu plein d’injonctions dans le sens d’une repousse, pour se libérer du diktat « absence de poils ». Et bien, je préfère mes jambes sans poils. Personne ne me fera changer d’avis. (Les nombreux poils sur mes jambes ont été à l’adolescence une source de moqueries, et ma mère me disait tout le temps que si je les épilais, ça reviendrait encore plus dru. Je l’ai crue un moment, sauf que ce n’est pas vrai).

Soutien-gorge: ça dépend des jours et des vêtements, mais moins qu’avant. Sauf qu’avant, le dimanche par exemple, je n’en mettais déjà plus. Au début du confinement, j’ai mis des vêtements confortables en jersey, mais par la suite, je me suis dit que ça me ferait du bien si je mettais mes jolies robes, et là, je préfère porter un soutien-gorge (question de frottement de tissu contre ma peau, et de soutien justement – mes robes sont coupées pour une position des seins dans un soutien-gorge). Et donc, je jardine sans soutien, ce qui a valu une conversation sur le sujet avec ma voisine qui me disait qu’elle avait trop peur des effets de la gravité avec l’âge (elle a 15 ans de plus que moi).

Levain: ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Par contre, je continue à cuisiner – comme avant – parce que j’aime ça, testant régulièrement de nouveaux plats, selon mes envies. Le souci du pain, c’est que c’est une grande quantité (et sinon, tout ce travail ne vaut pas trop la peine) et que ça fait beaucoup pour moi toute seule. J’ai vaguement pensé aux naans (depuis avant le confinement en fait) mais idem: j’en mangerai un et puis… surgélation ? Ce n’est pas aussi bon !

Créativité: comme avant, je couds mes robes et je m’occupe du jardin. J’ai lancé un projet de nouveau point d’eau pour le fond du jardin, projet déjà imaginé depuis l’été passé en fait. Il fallait juste que je contacte quelqu’un d’extérieur pour le mettre en place (à vrai dire, je pensais que le confinement empêcherait tout ça, mais non).

Puzzle: j’ai repensé à ces puzzles de 5000 pièces que je faisais pour combler mon ennui alors que j’étais adolescente. C’était toujours à la mer, dans la maison de ma grand-mère. Je crois que les puzzles sont restés là quand on a vendu la maison, ou alors quand on a vendu la maison de mon papa. Mais je fais des réussites sur mon téléphone pendant des moments de glande intense.

Apprendre à se connaître soi-même: ça fait un petit temps que c’est en cours, je n’ai pas attendu le confinement pour réfléchir sur moi-même !

Autre chose ?

A vrai dire, je vis ma vie à peu près comme avant, la seule « grande » décision étant la repousse de la frange ! Et donc, il ne faut pas s’attendre à de grandes entreprises de mon côté.

Short diary of the week (337)

Lundi: une nouvelle semaine de confinement (la quatrième ?), terminer une série de tâches abandonnées vendredi, cuisiner une tarte à la banane pendant une pause (la quantité de beurre est astronomique !), continuer le travail, semer des radis et de la salade, un peu de lecture, deux épisodes de Breaking Bad

Mardi: réveillée bien trop tôt – vers 5h30, bien avancer sur cet article, une réunion en visioconférence, une grosse fatigue quand même, terminer ce pavé-boulet, Better Call Saul, la pleine lune éclaire tout

Mercredi: terminer un article, laisser le sort décider du sujet du suivant, le sort est bien tombé !, c’est vraiment un plaisir de réécouter ce disque de Slint, mon activité physique du jour (et des autres aussi): attaquer du bambou à la pioche (et il en reste encore assez pour les prochaines semaines), je suis l’anti Marie Kondo: il y avait à la cave assez de produit nettoyant et d’huile de teck pour traiter la table de jardin, encore une mauvaise pioche pour la lecture (quelle est la probabilité de mettre deux fois le mot « pioche » dans un même paragraphe ?), Babylon Berlin, Breaking Bad, m’inquiéter de la situation des maisons de repos et donc aussi pour mon papa

Jeudi: des insomnies donc, insomnie pendant laquelle mon cerveau veut écrire l’article du jour, une certaine fatigue donc, travailler, et puis terminer un livre au jardin, appeler mon papa et avoir l’impression qu’il est en assez bonne forme, Breaking Bad

Vendredi: à la recherche de photos – le travail du jour donc, recevoir un mail rassurant de la maison de repos – personne n’est infecté pour le moment, semer quelques fleurs, profiter du soleil de fin d’après-midi, continuer les apéros partagés, cuisiner un curry qui mélange les influences sri lankaises, thaïes et birmanes, Breaking Bad, Gardener’s World

Samedi: les courses – un peu plus stressantes parce qu’il y avait plus de monde, du coup je me demande comment ça se passera quand je devrai reprendre les transports en commun et aller au bureau, de la couture – tenter d’adapter le patron de la jupe à ma taille, séparer les hellébores – plus compliqué qu’il n’y paraît, enlever un bambou d’un grand bac en métal – juste à temps – il commençait à percer par en-dessous, aider ma voisine à mettre en place les deux palmiers qu’elle vient d’acheter, de la lecture, remercier mon voisin qui m’a aidé à recharger la batterie de la voiture (je roule encore moins que d’habitude) et qui en a profité pour vérifier le niveau d’huile et pour rajouter du liquide lave-glace, me demander ce qui se passe dans la tête de cette voisine qui invite deux fois par semaine son fils et son petit-fils, commencer un vieux western et me rendre compte que la copie est un transfert vhs sans sous-titres, retourner à Breaking Bad

Dimanche: le ratio nourriture ingurgitée / activité physique n’est pas équilibré – tentons de résoudre ça pendant la semaine qui vient, coudre une toile pour la jupe – les ajustements seront assez faciles, semer plusieurs variétés de basilic, enlever ce grand bac en métal du fond du jardin et le mettre sur la pile « à porter à la déchetterie », diviser les hellébores (la suite) et faire plaisir à ma voisine, qui d’ailleurs m’a offert des oeufs de Pâques, une soirée à glander devant youtube, de la lecture

Fluctuations (3)

Je me sens globalement bien. J’ai l’impression que ce confinement n’est qu’une suite logique d’un parcours entamé il y a quelques années après ma rupture (mais que j’aurais aimé vivre différemment, sans les règles actuelles, évidemment). Si je me suis accrochée aussi longtemps à cette personne, envers et contre tout, c’est parce que j’avais peur d’être seule. Et puis un jour c’est arrivé, je me suis retrouvée seule.

J’ai repris les choses en main, pas à pas, prenant confiance mais perdant aussi les pédales de temps en temps. J’accepté le changement, j’ai décidé de tourner la page, de ne pas vivre dans le passé, de construire quelque chose de nouveau. Rien de tout cela ne s’est fait en un jour.

Un des éléments les plus importants dans ce parcours, ce sont les voyages (j’en reviens toujours à ça). Plus jeune, je n’osais pas voyager seule, et puis j’ai écouté les conseils d’une amie et je me suis lancée. En partie encore protégée et accompagnée lors d’un premier voyage (celui en Birmanie et en Thaïlande), mais aussi avec deux fois trois jours seule. Les trois derniers jours, j’ai profité pleinement.

Ma destination suivante a été le Japon où je suis partie trois semaines. J’ai adoré. J’ai répété l’expérience deux fois par la suite. J’ai aimé de plus en plus. Ces voyages ont permis de me recentrer, de trouver qui j’étais au fond de moi, de m’accepter de plus en plus telle que je suis. J’ai été aidée par des amis, par des articles divers, par la méditation, par un compte instagram ces derniers temps (The holistic psychologist). Je comprends mieux comment je fonctionne, quels sont mes « traumas » d’enfance (je mets de guillemets parce que c’est un bien grand mot – j’en parlerai peut-être plus tard).

Cette solitude tant aimée en voyage se prolonge quelque part pendant ce confinement. Je me sens libérée des obligations sociales. Autant j’aime la compagnie d’amis, sortir de chez moi est parfois difficile, c’est souvent un effort. Je contourne la question en proposant des sorties en semaine, après la fin du travail, sans repasser par chez moi d’abord. Je suis devenue très casanière (et ce n’est pas incompatible avec les voyages). J’aime tout simplement rester à la maison et je m’y sens bien (mes choix de lieu de vie ont toujours été liés à un sentiment de bien-être dès la première visite de l’endroit – ce qui explique aussi pourquoi je peux tant déprimer quand mon choix de chambre d’hôtel lors d’un voyage est complètement raté).

Tout n’est pas toujours rose tous les jours, loin de là. Mercredi, j’étais comme une cocotte minute prête à exploser, il fallait que ça sorte (encore merci à mes confident(e)s). Je ressassais une histoire d’amitié qui a évolué de quelque chose d’assez fusionnel en ses débuts à de l’ignorance totale de la part de l’autre personne aujourd’hui. Le contraste est trop violent pour que ce soit facile à accepter pour moi et j’en souffre. J’imagine que cette question occupera encore mon cerveau un moment, mais aussi que j’arriverai à m’en détacher.

En attendant, la semaine touche à sa fin; j’ai plus ou moins bien travaillé selon les jours. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire un texte, un autre est plus laborieux mais les recherches à ce sujet m’ont permis de regarder un documentaire qui m’a constamment fait penser à mon papa – ça se passait au Niger, mon papa y a fait un voyage il y a une quarantaine d’années. J’étais remplie de nostalgie.

Encore ceci: ce que je décris ci-dessus est mon état d’esprit. Nous sommes tous différents, il n’y a pas lieu de faire des comparaisons. Chacun vit cette situation à sa manière, et j’envoie beaucoup de courage et de soutien à chacun.

Fluctuations (II)

Après une semaine, j’ai pris mes marques. Le changement, le chamboulement même, de mes habitudes a été un moment difficile mais en fait je me suis adaptée assez vite. J’ai pris un autre rythme, qui a sans doute besoin encore de quelques ajustements, mais qui me convient très bien. Le weekend, rien n’a changé ou presque. J’ai toujours été casanière et à part la visite à mon papa que je n’ai pas pu faire, j’ai eu exactement les mêmes activités que les semaines précédentes.

Pendant la semaine, je travaille à domicile – c’est l’avantage de la rédaction web. Mon sommeil n’est pas encore tout à fait rétabli comme avant et je me réveille tôt, et donc je commence à travailler tôt, ce qui me laisse du temps dès le milieu de l’après-midi pour faire autre chose. Jardiner surtout. Ce qui me fait un bien fou. C’est un excellent moyen pour faire de l’exercice physique et d’être au grand air sans croiser personne, à part mes voisines. Avec une des deux, j’ai aussi ma dose de conversation journalière.

J’essaie de séparer au mieux travail et loisirs. Le fait d’avoir un ordinateur à prêter du bureau facilite cette tâche. Il est sur la table, le mien, j’y accède depuis le canapé.

Je contacte des amis, des amis me contactent. On organise des rencontres virtuelles, comme ces cocktails du weekend que Sylvain et moi créons en commun. Je prends des nouvelles habitudes, comme ces mails qui remplacent la conversation à la machine à café le matin au boulot. Ce n’est pas la même chose évidemment, mais c’est déjà beaucoup.

Je me dis une fois de plus que j’ai énormément de chance d’être introvertie. Je me sens bien à la maison, le temps passe vite. D’ailleurs je n’ai même pas le temps de faire tout ce que j’ai envie de faire, j’ai même une certaine (petite) frustration par rapport à toutes ces activités que propose le net pour le moment. Je rêve de commencer ce patron un peu compliqué de Gertie, la robe Lamour mais je suis nulle part. Sans doute ce weekend – comme d’habitude en fait.

Je retrouve tout doucement une certaine concentration pour la lecture mais elle n’est pas encore optimale. Je n’ai presque pas lu ces dernières semaines et cela me chagrine. Je n’ai plus ces moments « forcés » dans les transports en commun et mine de rien, de nombreuses pages étaient tournées pendant les trajets. Je ne me suis pas encore vraiment assignée un moment lecture, à part en fin d’après-midi, mais souvent à ce moment-là, mon cerveau voyage encore pas mal ailleurs. Et le soir avant de dormir, je m’endors souvent sur le livre.

Mais je sais que c’est normal, le cerveau est un peu comme un processeur, il doit assimiler toutes ces nouvelles informations. Il est en bonne voie, l’anxiété a déjà fait ses malles, en grande partie; elle se manifeste encore parfois la nuit, de manière un peu violente même, mais elle n’est plus là en journée. Je ne fais plus que survoler facebook, j’ai masqué pour un mois les personnes qui publiaient du contenu anxiogène ou accusateur, je m’informe mais d’un oeil seulement, sélectionnant avec soin les quelques articles que je lis. Par contre, je lis avec plaisir certains blogs et passe toujours autant de temps sur instagram.

Les contacts de la vie réelle me manquent mais je me sens très bien avec moi-même. Je suis assez sereine, prête à rester chez moi pendant des semaines encore. Cette période ne fait que continuer un mouvement de recentrage sur moi, entamé depuis quelques années. Je repensais à mes voyages au Japon, seule pendant trois semaines. C’est un peu la même idée, mais sur un territoire très très limité, ma maison et mon jardin (et je sais que je suis très privilégiée de ne pas vivre dans un minuscule appartement dans une ville).

Je profite du quotidien, du printemps qui explose, des fleurs du jardin, de ce ciel si bleu, de ma cuisine, de mon salon, de mon lit…

Fluctuations

J’ai longtemps cherché un titre pour ce billet, j’avais pensé aux chroniques du confinement mais c’est déjà utilisé, et je ne sais pas si je vais écrire une chronique – mes short diaries le sont déjà, en quelque sorte. Mais je voulais parler de mon état d’esprit à l’aube de ce printemps très différent, dans un monde dominé par la pandémie.

Je suis fatiguée, je dors mal, j’ai des bouffées d’anxiété, j’ai du mal à me concentrer sur ce travail que je suis censée faire à domicile, je me mets à pleurer au moindre prétexte, joyeux ou triste. Quand je me mets au lit, je n’arrive pas à m’endormir, et quand je m’endors c’est souvent en pleurant. Je me réveille bien trop tôt le matin.

Je m’inquiète parce que j’ai plein de petits maux divers: j’ai eu mal à la gorge mais c’est passé; pour le moment, j’ai des maux de tête et des courbatures. Mais peut-être est-ce juste lié à mon très mauvais sommeil ? Le reste de l’année, j’ai les mêmes problèmes quand j’ai mal dormi. Je me dis que du xanax me ferait sans doute du bien, au moins en ces premiers jours, mais je n’en ai plus, et je n’ai pas envie de déranger mon médecin juste pour une prescription.

Je suis une éponge, j’absorbe le sentiment d’anxiété ambiant et ça m’épuise. Je suis une grande sensible, et si cela peut être très positif pour appréhender toute une série de situations, cela peut aussi être fatigant dans ce genre de situation. Je tente de me protéger mais ce n’est pas simple. Dès que je commence à lire quelque chose qui pourrait m’énerver sur le net, je m’arrête; j’évite un voisin adepte de la fake news (je l’évitais déjà avant, mais là, c’est vital).

Mais j’ai beaucoup de chance aussi: je garde mon travail, je conserve mon salaire, j’ai une maison, j’ai une voiture pour faire les courses (je limite mes sorties au supermarché à une fois par semaine mais je peux acheter ce que je veux, y compris des choses encombrantes et lourdes si nécessaire), j’ai toujours eu une petite tendance à l’accumulation et j’ai donc des réserves de diverses choses, de la crème hydratante à du tissu pour coudre, j’ai un jardin qui me permet de prendre l’air et de jardiner, ce qui me fait de l’activité physique, j’ai une réserve de livres et même de dvd que j’avais empruntés vendredi passé à mon travail en prévision, et puis j’ai une excellente connexion internet qui me relie avec le monde.

Depuis ce matin, j’ai un ordinateur sécurisé du bureau, ce qui me permet de faire bien plus de tâches qu’avant, même si j’ai encore du mal à bien organiser mes journées. Et cela me permet de mieux séparer travail et loisirs, le premier se faisant à table, les seconds dans le canapé.

J’espère avoir une bonne immunité: je tombe parfois malade mais ce ne sont jamais que des rhumes. J’attrape rarement d’autres maladies, ma dernière grippe doit dater d’il y a vingt ans. Mes analyses sanguines révèlent que j’ai eu la rubéole, la toxoplasmose et la mononucléose; je ne m’en suis jamais rendue compte. J’avais demandé il y a quelques mois à mon père s’il avait le souvenir de décès dans la famille suite à la grippe espagnole d’il y a cent ans, il m’a répondu que non (et je ne pense pas qu’il y ait eu une hécatombe du côté de ma maman non plus). Je me raccroche à cette espérance d’une bonne immunité. J’espère que si j’attrape ce virus, mes symptômes seront bénins, voire inexistants. Ce serait même mieux, je serais alors immunisée pour le futur.

Je me fais du souci pour mon papa mais il répond parfois au téléphone maintenant. Et je suppose qu’on s’occupe bien de lui. De toutes façons, il est en sécurité, à l’abri. La situation serait bien plus compliquée s’il avait encore été à la maison.

J’ai de la chance: je suis une grande introvertie, je l’habitude de vivre avec peu de contacts et je sais très bien m’occuper toute seule. D’ailleurs, il y a plein d’activités que j’ai envie de faire mais pour lesquelles je n’ai pas encore eu de temps: du jardinage, de la couture… et puis lire, dès que ma concentration se sera à nouveau améliorée. La situation est compliquée, certes, mais je n’éprouve pas trop de difficultés à vivre juste avec moi-même.

Mais il est clair que les contacts sociaux me manquent. Je vis seule. La semaine passée, je disais encore au travail que je ne souhaitais pas télétravailler tous les jours, mais aujourd’hui, je me sens mieux, plus sécurisée, en restant à la maison. Du coup, je n’ai personne à qui parler au quotidien, pour exprimer mes angoisses ou au contraire ce qui va bien – et cela me pèse. J’ai juste une voisine à qui parler: on se voit dans le jardin ou on se téléphone. Plusieurs amis m’ont déjà contactée, j’en ai contacté d’autres. Je ressens du soutien, même de loin. Et ça me fait du bien, même si ces marques d’amitié provoquent parfois des larmes, tant je me sens reconnaissante qu’on pense à moi.

Mes réflexions du jour

– quand les trottoirs sont rendus glissants par le neige gelée (je pensais tout propriétaire devait dégager devant sa porte), ne pas mettre des bottes avec une semelle lisse ! J’aurais dû achter les Dr. Martens en solde lundi ! Mais non… j’ai acheté deux paires de chaussures à talons de 6-8 cm que je ne pourrai pas mettre avant quelques semaines au mieux.

– par contre, les longues chaussettes au-dessus des bas, ça tient bien chaud. J’en ai retrouvé au fond de mon tiroir, que j’avais acheté l’année passée mais jamais mises pour cause de réchauffement.

– dans un tout autre registre: la vie sans internet (même si ce n’est qu’une après-midi) c’est dur ! Difficile de travailler dans ces conditions, je me rends compte que je trouve énormément d’informations sur le net. J’ai donc commencé un grand travail, mais il reste plein de questions auxquelles je n’ai pu répondre de suite. Tout ça  à cause d’un virus qui s’est répandu comme un vilain petit ver sur tout le réseau.