The Mountains Sing

Nguyễn Phan Quế Mai, The Mountains Sing: Hương, jeune adolescente au début des années 1970 vit avec sa grand-mère qui prend soin d’elle alors que ses parents sont partis à la guerre, de même que ses oncles et tantes. Elle doit fuir les bombardements d’Hanoi, et la vie n’est pas facile. Sa grand-mère lui raconte sa propre histoire et les chapitres alternent le temps présent et le passé. Issue d’une famille de propriétaires terriens, elle a vécu une enfance assez aisée, elle trouve le mari idéal et vit heureuse jusqu’à ce que soit lancée la réforme agraire dans les années 1950. Elle doit fuir, avec ses enfants encore petits, et se voit confrontée au plus grand dénuement.

Par l’intermédiaire de ces personnages, l’autrice raconte l’histoire de son pays, le Vietnam au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Elle met en avant des événements peu connus: le gouvernement communiste a en effet rayé des livres cette réforme agraire qui a mal tourné à cause de la violence qui a mis le pays à feu et à sang. Il y a également de nombreux passages sur la guerre du Vietnam, racontés du point de vue du nord, des communistes, ce qui change du point de vue américain, le seul qu’on connaisse en occident. L’écriture est fluide, entrecoupée de proverbes vietnamiens, poétique aussi par moments, mais toujours très rythmée. Un chapitre appelle le suivant et le lecteur ne peut s’empêcher de tourner la page pour connaître toute l’histoire. J’ai beaucoup aimé !

Une note cependant: je l’ai lu en format électronique, et ma liseuse Kobo n’arrive pas afficher les accents vietnamiens, ce qui fait que certaines lettres disparaissent tout simplement – j’ai finalement continué ma lecture sur l’iPad qui n’a aucun souci à ce niveau-là.

Nguyễn Phan Quế Mai, The Mountains Sing, Algonquin Books, 2020, 368p. (en français: Pour que chantent les montagnes)

Vietnamese

Uyen Luu, Vietnamese: Simple Vietnamese food to cook at home (2021): Uyen Luu avait cinq ans quand elle est arrivée en Grande-Bretagne, dans les années 1980. Elle s’est intéressée à la cuisine une fois qu’elle est partie habiter seule et, avec ce livre, elle propose une des recettes vietnamiennes aux influences européennes. Certaines sont très fusion, d’autres sont très traditionnelles (on ne joue pas avec un pho par exemple, comme elle l’explique). Le texte d’introduction est très court et survole juste les ingrédients principaux. Les différents chapitres proposent des plats à manger avec du riz, des légumes, des salades vietnamiennes, des plats de fête, des soupes de nouilles, des repas rapides, des desserts et les basiques. Cela permet de faire un petit tour des spécialités culinaires du pays, mais Uyen Luu ne désire pas être complète, elle préfère choisir des plats qui font plaisir. J’ai préparé quelques-uns des plats, et c’était chaque fois délicieux (j’aime ce petit côté fusion qui facilite la tâche), mais comme souvent, je retourne toujours aux mêmes (voir ci-dessous) et j’ai du mal à élargir mon répertoire même si j’ai mis pas mal de signets (des soupes de nouilles faciles, des aubergines à la sauce soja et au basilic thaï, du porc braisé dans de l’eau de coco, du poulet au gingembre ou en curry…). Un livre intéressant pour ses recettes faciles, et que je ressortirai de temps en temps, mais qui s’ajoute à mes autres livres de cuisine vietnamienne (je n’ai pas encore trouvé de favori pour cette cuisine, et pourtant j’en ai une série).

  • photos: **** (toutes les recettes illustrées)
  • texte: ** (chaque plat est présenté mais il n’y a pas vraiment d’introduction générale sur la cuisine)
  • originalité des recettes: ****
  • authenticité des recettes: *** (il s’agit d’une cuisine vietnamienne adaptée à l’Europe, mais dans le bon sens)
  • faisabilité des recettes: *****
  • mesures: unités de mesures métriques et impériales
  • recettes favorites: « Baked ginger & lemon chicken », « Roast poussin with lemon, orange & garlic with roasted chips » (les deux recettes se ressemblent un peu)
  • indispensabilité du livre: ***

Nouilles d’Asie

Chihiro Masui, Minh-Tâm Trân, Margot Zhang, Nouilles d’Asie (2016): ce livre de cuisine a été écrit par trois autrices francophones de trois origines différentes: Japon, Vietnam et Chine. Elles y rassemblent des recettes de nouilles, des recettes traditionnelles mais aussi fusion, avec même quelques écarts dans d’autres pays comme la Corée ou la Thaïlande. Le texte est très limité et cela aurait été intéressant d’en savoir un peu plus sur le sujet. Par contre, le livre est richement illustré, avec des photos de tous les ingrédients (nouilles, condiments, herbes et légumes asiatiques), des recettes photographiées pas à pas (de certaines nouilles donc) et des photos de chaque plat. En le lisant, je me suis rendue compte que je n’avais quasi rien essayé et que j’avais une préférence pour les soupes, mais qu’il y avait plein de recettes qui me donnaient envie. Parfois, ça vaut la peine de ressortir des livres plus anciens ! Un livre intéressant, mais pour beaucoup de recettes, il y a une recette dans la recette et préparer les bouillons pour les soupes prend beaucoup de temps (heureusement, il y a quelques soupes japonaises très faciles).

  • photos: **** (toutes les recettes sont illustrées)
  • texte: ** (basique)
  • originalité des recettes: ****
  • authenticité des recettes: ****
  • faisabilité des recettes: ***
  • mesures: unités de mesures métriques
  • recettes favorites: « Soba à la mode des barbares du sud » (cette recette, je l’ai déclinée sous plein de formes et c’est elle qui m’a donné l’idée d’utiliser du magret de canard, que j’ai ensuite changé en canard fumé pour la facilité), « Bo bun », « Bun au poisson au curcuma et à l’aneth »
  • indispensabilité du livre: ***

Mango and peppercorns

Tung Nguyen, Katherine Manning et Lyn Nguyen, avec Elisa Ung, Mango and peppercorns: a memoir of food, an unlikely family, and the American dream: en 1975, Tung Nguyen, jeune femme vietnamienne de la campagne, fuit Saigon et se retrouve comme réfugiée aux Etats-Unis. Katherine Manning, jeune femme américaine, la prend sous son aile. Ensemble, elles vont ouvrir un restaurant vietnamien à Miami et Tung deviendra maman de la petite Lyn. C’est donc l’histoire d’un rêve américain, d’une femme qui commence une nouvelle vie en utilisant ses talents culinaires.

Je l’avais attendu, ce livre ! L’histoire me semblait passionnante, une histoire d’immigration pour quitter un pays en guerre, le récit d’une réussite par l’intermédiaire de la nourriture. Et pourtant, j’ai été sacrément déçue: ce n’est pas parce qu’on est cuisinière ou propriétaire de restaurant qu’on sait écrire, et ce n’est même pas parce qu’une autre personne s’occupe de la rédaction que ça devient passionnant. Le récit est basé sur des interviews, et parle de différentes périodes de la vie de ces femmes, avec chaque fois une recette phare pour clôturer le chapitre. Mais on n’entre jamais vraiment dans la vie de Tung, qui reste extrêmement réservée, tandis que Katherine prend trop de place, faisant office de rouleau compresseur à l’américaine. Tout au long des pages, j’ai eu cette impression un peu désagréable que Tung se faisait exploiter, même si Elisa Ung a tenté de la mettre en avant. Quant aux recettes, si certaines ont l’air authentiquement vietnamiennes, d’autres sont de la fusion américano-vietnamienne, et ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Une grosse déception donc, et l’impression d’avoir perdu un peu mon temps.

Je suis le fleuve

T.E. Grau, Je suis le fleuve: « Ce roman m’a happée avec une telle force que je l’ai lu d’une traite… », voici comment Ingannmic commençait sa chronique sur son blog. Et puis j’ai lu le reste de son billet: guerre du Vietnam, Bangkok, paranoïa, démons… je me suis dit que cela pourrait me plaire. Israël Broussard est à Bangkok. Il souffre d’hallucinations, il voit sans cesse un molosse qui tente de l’engloutir, il se sent attiré par un fleuve qui l’inonde. Son seul moyen de calmer ses visions est de prendre de la drogue, toujours plus. Les premiers chapitres sont une plongée dans son cerveau, racontant des histoires sans queue ni tête, emmenant le lecteur dans la folie du héros. Et puis, le rythme se calme un peu, des retours en arrière expliquent comment Broussard en est arrivé là. Soldat au Vietnam, il aurait dû être jugé pour lâcheté mais il reçoit une seconde chance. Il est recruté pour une mission clandestine au Laos.

J’ai eu quelques craintes en lisant les premiers chapitres, je ne suis pas très fan des divagations de drogués, mais très vite, le roman m’a happée, je l’ai lu en quelques heures, réparties sur deux jours. C’est une plongée dans les horreurs de la guerre, tout particulièrement dans cette guerre secrète au Laos. La nature est omniprésente, dans toutes ses odeurs et matières, mais également le monde des esprits, ceux des populations locales et ceux créés par le cerveau de Broussard. C’est un roman dont on ne sort pas indemne.

Le sympathisant

Viet Thanh Nguyen, Le sympathisant: avril 1975, Saïgon – le héros du livre, capitaine dans l’armée, fuit la ville avec un des derniers avions disponibles. Il aboutit à Los Angeles où il commence une nouvelle vie, tout en continuant son activité d’espion, d’agent double au service des communistes.

Ce livre devait être une lecture commune avec Ingannmic mais je l’ai abandonné après une centaine de pages (à la scène du calamar, pour ceux qui l’ont lu). Normalement, je n’aurais pas publié de billet à son sujet, juste une mention dans « abandonned books » mais je voulais expliquer l’arrêt de ma lecture commune. Le début du roman m’a plu, je me retrouvais dans une histoire que je connaissais, celle de la chute de Saïgon et j’étais curieuse d’en savoir plus. Mais très vite, le personnage principal a commencé à m’énerver. Il me semblait si imbu de sa personne, et ses pensées se déroulaient de page en page, sans interruption, avec des phrases immensément longues. J’ai perdu tout intérêt dans la description du monde qui l’entoure et dans ses souvenirs qui me laissaient de marbre, ou au contraire m’horripilaient. C’est le genre de livre que j’aurais bien jeté de l’autre côté de la pièce, sauf que quand j’ai décidé de l’abandonner, j’étais dans le métro et je me voyais mal lancer mon e-book à travers la rame !

Une grande déception donc, car j’attendais bien plus de ce livre que beaucoup de monde a aimé. Mais il est bien possible que je soit passée totalement à côté du récit…

Congaï. Mistress of Indochine

9781934431887-fr-300Harry Hervey, Congaï. Mistress of Indochine: pendant une période qui précède ce blog, j’ai lu énormément de romans « coloniaux », de romans français écrits dans les années 1920-30, racontant des histoires se passant en Indochine. Je ne sais plus par quel biais j’ai trouvé celui-ci, de l’auteur américain Harry Hervey – sans doute l’un ou l’autre lien partagé par une page que je suis. Je ne m’attendais pas à l’ouvrage que j’ai reçu: il est relativement grand pour un roman et le récit en tant que tel ne prend que la moitié des pages, l’autre moitié étant consacrée à une analyse de l’oeuvre et du contexte. Harry Hervey a beaucoup voyagé dans sa jeunesse, avec son secrétaire (une excuse pour cacher le fait que le jeune homme était son amant) et a écrit quelques romans et des histoires pour magazines populaires. Aujourd’hui, il est sans doute le plus connu pour son scénario de Shanghai Express (Josef von Sternberg, 1932) avec Marlene Dietrich.

Revenons au roman: Thi-Linh est une jeune fille née de père français et de mère annamite. Elle vit à Stung Treng, au bord du Mékong mais elle voit son grand amour épouser une autre femme. Quand arrive le Français Justin Batteur, elle accepte de vivre avec lui, prenant le statut de congaïe, genre de maîtresse ou concubine. Au fil du temps, elle quittera la petite ville pour rejoindre Saïgon et d’autres hommes plus riches et plus connus. Cette histoire est a priori assez cliché et empreinte d’exotisme mais elle est contée avec très grande sensibilité par Hervey qui prend le point de vue de la femme, Thi-Linh. J’ai beaucoup aimé cette plongée dans ces temps révolus, au milieu de la végétation luxuriante et de la chaleur tropicale.

Short diary of the week (213)

Lundi: au moins aujourd’hui j’ai une raison d’être fatiguée, mais cela n’améliore pas mon état de santé général, le boulot habituel, un questionnaire pour un visa indien long – très long – heureusement que je me souviens où est née ma maman – par contre je n’ai plus le n° du visa de mon voyage en 1999 – après info NA fonctionne aussi, ou comment un tout petit bout de journée est plus intéressant à raconter que le reste, The Deuce, terminer un roman

Mardi: le retour des métros en retard et bondés, commencer un nouveau roman, un bel objet, déplacer mon rdv chez le dentiste pour aller au vernissage d’une grande expo, apprendre par la suite que je ne pourrai peut-être pas y aller pour cause de grève, me sentir complètement vidée et finalement appeler le médecin qui me donne rendez-vous le lendemain, des problèmes de métro – à nouveau, Halt and Catch Fire, Longmire

Mercredi: me lever pas du tout en forme, des vertiges, le premier épisode de la série Vietnam de Kevin Burns, aller chez le médecin qui malgré mon rendez-vous est débordé, attendre deux heures, me faire ausculter de partout pour exclure toute autre possibilité, prescription de repos pendant 10 jours, Longmire – fin de la quatrième saison

Jeudi: enfin aller faire ma demande de visa indien, en profiter pour faire quelques courses avant de rentrer me reposer, ne pas faire grand chose, le deuxième épisode de la série documentaire Vietnam, Longmire – début de la cinquième saison

Vendredi: me rendre compte que j’ai repoussé pendant des semaines une série de choses à faire pour moi et qu’elles se sont accumulées à tel point que je ne sais plus par quoi commencer, un rendez-vous très apprécié chez Coyote, cuisiner avec le contenu du frigo presque vide, Vietnam, une longue conversation avec une amie

Samedi: hésiter sur les activités de la matinée, c’est un peu court pour faire les trois courses prévues – reportons donc à plus tard, lors de la visite du samedi donner des conseils à mon papa à propos des relations avec une personne dépressive, passer l’aspirateur, lire au jardin, préparer un couscous, ce n’est jamais aussi bon qu’au restaurant, Vietnam, Longmire, tenter de terminer mon livre mais le sommeil l’emporte

Dimanche: si je me rendors maintenant je serai en retard à la zumba, aller à la zumba, les dernières parties du rangement, une après-midi très animée et des masses de vêtements à échanger, quelques belles pêches pour mon futur voyage, bien fatiguée après tout ça, deux épisode de Vietnam

Vi

vi_zpsyvj9tnc8Kim Thuy, Vi: Vi, c’est le roman d’un vie, celle de cette petite fille qui naît au Vietnam dans une riche famille. Mais le pays est en guerre et elle rejoint le contingent des boat people avec sa mère et ses frères. Elle aboutit au Québec où elle commence une autre vie, différente de l’ancienne, tiraillée entre les traditions vietnamiennes et le monde occidental. Kim Thuy raconte tous ces événements par de courts chapitres plein de nostalgie et de tendresse – de moments tragiques aussi. Elle narre également le passé qui resurgit dans la mémoire de Vi, l’histoire de son grand-père et de sa grand-mère qui se sont rencontrés sur le marché flottant de Cai Be. Elle a écrit une chronique familiale tout en retenue (un peu plus d’une centaine de pages) mais qui transporte le lecteur grâce à la poésie des mots. Un roman passionnant !

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Beyond the pancake trench

9789745240476_p0_v2_s260x420Tom Vater, Beyond the pancake trench. Road tales from the wild East: cela faisait plusieurs années que je tournais autour de ce livre sans l’acheter. Et puis je l’ai vu chez Monument Books à l’aéroport de Yangon mais je ne voulais pas payer 30$, sachant qu’il était bien moins cher en librairie occidentale (environ 16€). En rentrant, je me suis donc sentie obligée de l’acheter. Je connaissais déjà Tom Vater grâce au disque édité chez Topic, The Moken: Sea Gypsies of the Andaman Sea et j’ai découvert qu’il était l’auteur des guides Lonely Planet sur le Cambodge. Dans ce livre publié en 2004, il raconte des expériences diverses en Thaïlande, en Inde, au Camboge, au Vietnam et au Laos. Ce sont souvent des instantanés qui décrivent des pays qui ont fort changé depuis. Le Cambodge à cette époque était encore vraiment un far-west, où se rejoignaient pédophiles, drogués et gangsters. Ses descriptions de Bangkok font vivre une certaine facette de la ville, pas la plus touristique, plutôt celle qui est dans l’ombre, celle des soirées et des bars. Un extrait du chapitre « Cambodia, Phnom Penh – The Heart of Darkness »:

« The ‘Heart’ as the local moto-drivers call it, opens late, gets busy round midnight and closes when the last customer leaves. Tarantino’s Titty Twister doesn’t come close to the madness that erupts on the dance floor. And on a really packed night, the Dead Kennedys’ ‘It’s a holiday in Cambodia’ spins out the speakers. It’s the ultimate post-modernist experience. Jello Biafra yells ‘Pol Pot, Pol Pot’, the girls pop pills, the old guys at the bar try to keep the latest joint together, the rich Khmers in the corner, who remember the horror as if it had been yesterday, don’t give it a second thought. »

A lire !

2015 Reading challenge: A book set in a different country, A nonfiction book, A book by an author you’ve never read before

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