At the movies – 30 (1930s)

Clark Gable dans Mutiny on the Bounty (domaine public)

The 39 Steps, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1935) – 4/5: une histoire d’espionnage, et d’un homme (Robert Donat) qui s’y trouve mêlé par hasard, avec beaucoup d’action et de revirements de situations, et une blonde hitchcockienne (Madeleine Carroll). Filmé dans les rues de Londres mais aussi en Ecosse. J’ai été scotchée du début jusqu’à la fin (même le dénouement est un peu précipité, à une minute de la fin du film – une constante dans les films anciens).

Captain Blood, Michael Curtiz (1935) – 3/5: un film de cape et d’épée, avec des pirates et des batailles navales – tout ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer. Errol Flynn prend le rôle du Capitaine Blood, médecin anglais envoyé comme esclave en Jamaïque. Il devient pirate et capitaine d’un navire. Il avait été acheté par Arabella Bishop, jouée par Olivia de Havilland, et évidemment, ils sont attirés l’un par l’autre. Les deux acteurs sont ici réunis pour la première fois et sont au tout début de leur carrière. Le film mélange scènes d’action (certaines viennent d’un film muet de 1924, The Sea Hawk) et romantisme dégoulinant, le tout appuyé par le score d’Erich Wolfgang Korngold. Certaines scènes sont totalement invraisemblables (Blood attaque deux bateaux, mais commence par celui à sa droite. Celui de gauche attend sagement sans rien faire) et la robe en satin d’Arabella sort de toutes les scènes d’action sans une poussière ou un pli. Ce film m’a beaucoup fait penser à la série Black Sails.

Ruggles of Red Gap, Leo McCarey (1935) – 2/5: Marmaduke Ruggles est le valet et majordome du comte de Burnstead, mais ce dernier le perd au jeu à Paris et il doit rejoindre le couple américain Egbert et Effie Floud qui l’emmènent à Red Gap, dans l’Ouest lointain des Etats-Unis. C’est un film qui met en avant le contraste entre la rigidité toute anglaise et le caractère totalement décomplexé des Américains, avec une bonne dose de patriotisme étatsuniens (Ruggles récite un long discours de Lincoln sur le fait que les hommes sont égaux). Ce n’est pas le film le plus passionnant du monde et il est très cliché. A noter: des vues de Paris, un train, le restaurant chinois est un restaurant de chop suey, une cage à oiseau (on ne voit pas s’il y a un canari dedans).

Top Hat, Mark Sandrich (1935) – 3/5: un autre film du duo Fred Astaire – Ginger Rogers, sur un scénario proche de The Gay Divorcee, basé sur un quiproquo (chose que mon esprit très rationnel a du mal à accepter sur la longue durée). Les morceaux de danse sont superbes (mais il n’y en a pas tant que ça), avec notamment la chanson « Cheek to Cheek », pendant laquelle Rogers porte une robe à plumes d’autruche qui virevoltent (on voit les traces sur le sol). Les décors sont exagérés et clairement en carton-pâte, représentant d’abord un hôtel de luxe à Londres, puis le Lido à Venise, avec son hôtel art déco. Je ne me suis pas ennuyée mais ce genre de film est très cliché, et l’histoire n’est qu’un prétexte pour les morceaux dansés. A noter: un des personnages commande un Horse’s Neck, un cocktail à base de whisky et ginger ale.

Mutiny on the Bounty, Frank Lloyd (1935) – 3/5: un film historique qui prend de grandes libertés avec l’histoire (le capitaine Bligh était sévère mais apparemment pas aussi extrême) mais qui est très divertissant. Charles Laughton (Bligh) ressentait une certaine infériorité par rapport à son physique face à Clark Gable (sans moustache parce que c’était interdit dans la marine anglaise de l’époque), et en effet, le contraste est vraiment énorme. Une des jeunes filles tahitiennes est en fait mexicaine, mais l’autre est hawaïenne – on se rapproche donc. Les scènes de mer sont spectaculaires et le film a en partie été tourné à Tahiti et en Polynésie Française. J’ai hésité à monter ma note à 4 mais le côté cliché des bons et du mauvais est un peu trop énorme – cela reste malgré tout un bon film pour l’époque (apparemment pour la réalité historique, il faut se tourner vers The Bounty de 1984 avec Mel Gibson et Anthony Hopkins).

The Informer, John Ford (1935) – 4/5: a priori un film se passant en Irlande, ça ne m’intéresse pas trop (je ne sais pas trop pourquoi le sujet ne me passionne pas), mais ici, on sent la patte de John Ford (d’origine irlandaise). Le personnage principal, Gypo (Victor McLaglen) est d’une pauvreté extrême. Pour réaliser ses rêves et celui de sa jeune amie, il dénonce son ami recherché pour meurtre à la police anglaise, le tout pour 20£, qu’il dépense ensuite sans compter alors qu’il est en plein déni de ce qu’il a fait. Toute l’action se déroule en quelques heures, la nuit, dans des décors sales et sombres. Il y a de nombreuses références au cinéma muet et aux films de l’expressionnisme allemand (comme M le maudit). Max Steiner a composé une bande-son qui suit l’action au plus près (un exemple type de mickeymousing).

The Devil is a Woman (Joseph von Sternberg, 1935) – 3/5: dernière collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, (leur relation était devenue trop compliquée), cette espagnolerie (comme une chinoiserie mais en Espagne) est confuse au niveau de l’histoire. Je n’ai pas aimé le portrait qu’on fait de cette femme manipulatrice et profiteuse alors que les hommes sont montrés comme des victimes (sauf cette détestable scène où un homme bat la femme jouée par Dietrich – hors plan, mais quand même). Par contre, la lumière, le jeu du clair-obscur est magnifique et les plans très travaillés. A noter: les fêtes du Carnaval et les gens masqués, un train, les costumes hispanisants très inventifs (la cape à mini pompons !).

At the movies – 21 (1930s)

The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra

I’m No Angel, Wesley Ruggles (1933) – 3/5: un film avec Mae West (qui a écrit le scénario) et Cary Grant. Tira est danseuse burlesque dans un cirque et séduit tous les hommes. Elle noue des relations plus intimes avec ceux qui ont de l’argent. Au fil de l’histoire, plusieurs homme se succèdent jusqu’à ce qu’elle rencontre Jack (Cary Grant, donc). Une classique histoire de femme pauvre qui recherche l’homme riche pour subvenir à ses besoins (on nommait ça une « gold digger »). Mae West brille par son langage très cru et ses formes aguichantes, mais j’avoue ne pas trop accrocher – ça devient vite vulgaire. A noter: la robe avec toile d’araignée en strass, le morceau de burlesque mais sans effeuillage, les lions du studio.

Little Women, George, Cukor (1933) – 1/5: dieu que c’est neuneu (et tant pis si le mot n’existe pas) ! C’est clairement lié à l’histoire de base, venant du roman de Louisa May Alcott, et si la version de Greta Gerwig de 2019 avait quand même côté rafraîchissant, celle-ci est juste ennuyeuse et pleine de bons sentiments, même si elle avait reçu de très bonnes critiques à l’époque. Avec Katharine Hepburn et Joan Bennett. A noter: des chatons et une cage avec des canaris, la musique romantico-larmoyante de Max Steiner.

Morning Glory, Lowell Sherman (1933) – 2/5: encore un film avec Katharine Hepburn, que je n’aime pas trop en fait (en tous cas dans ses premiers rôles), face à Douglas Fairbanks Jr. C’est l’histoire d’une jeune actrice qui veut percer dans le monde du théâtre et qui tente d’obtenir son premier rôle. Une fois que c’est acquis, elle se rend compte qu’elle doit choisir entre le succès et l’amour (oui, c’est toute l’histoire, et désolée pour le spoil). C’est un film très statique, avec très peu de décors (c’est adapté d’une pièce de théâtre) et j’ai perdu le fil à plusieurs moment pour cause d’ennui.

She Done Him Wrong, Lowell Sherman (1933) – 3/5: encore un hasard, deux films de Lowell Sherman à la suite, ici avec Mae West et Cary Grant (et tourné avant I’m No Angel). Je dois dire que j’ai préféré Mae West dans ce film-ci, même si elle a un style particulier. L’histoire, un peu compliquée, se passe essentiellement dans un saloon pendant les années 1890; Lou y est la chanteuse principale et a l’art de s’entourer d’amis qui la couvrent de diamants. Cary Grant joue le rôle du capitaine de police Cummings qui fait une enquête undercover pour démasquer un réseau de prostitution et d’autres activités illégales (c’est parfois un peu confus, je trouve). Plaisant, mais sans plus. A noter: comme dans I’m No Angel, Mae West a une domestique afro-américaine – c’était un souhait de la star de mettre en avant des actrices noires.

The Bitter Tea of General Yen, Frank Capra (1933) – 4/5: Megan (Barbara Stanwyck) arrive à Shanghai en plein milieu de la guerre civile pour épouser un missionnaire. Elle se trouve mêlée à une émeute et est sauvé par le Général Yen (Nils Asther), un des rebelles. Celui-ci tombe amoureux d’elle… Il y a évidemment plein à redire au niveau du racisme ambiant de l’époque: les Blancs qui dominent, qui nomment les Chinois des « chinamen » sans distinction, les vêtements et les décors un peu exagérés, le fait d’avoir engagé un acteur suédois pour jouer un Chinois, son maquillage risible avec les sourcils pointés… Mais l’histoire se tient et est assez prenante, analysant l’attirance progressive de Megan pour la culture chinoise et pour le Général. Et l’utilisation du noir, du blanc et des jeux d’ombres et lumières est particulièrement travaillé et fait penser à du Josef von Sternberg. Une belle surprise donc pour cette « chinoiserie ». A noter: plusieurs scènes avec un train et l’actrice japonaise Toshia Mori.

Ceci termine ma liste d’une bonne vingtaine de films pour 1933. Comme les années précédentes, j’ai laissé tombé les Marx Brothers et Laurel et Hardy et je n’ai pas trouvé State Fair de Henry King. 1934 est l’année de l’introduction du code Hays qui régit la moralité des films à partir du début de l’été, et donc je vais les regarder en deux fois, en fonction de leur date de sortie (avant/après juillet). En fait, je suis même leur ordre chronologique de sortie que j’ai trouvé sur wikipedia. J’en ai 21 sur ma liste.

The Lost Patrol, John Ford (1934) – 2/5: pendant la Première Guerre mondiale, une patrouille se perd dans le désert de Mésopotamie. Elle se réfugie dans une oasis mais ne peut la quitter, harcelée par les Arabes. Au fur et à mesure de l’histoire, les soldats sont tués et les émotions s’exacerbent. Je n’ai pas trouvé ça très passionnant, il n’y a que des hommes (qui parlent des femmes comme objets de plaisir), mais c’est un film en extérieur, et on voit l’art de la composition et des jeux de lumières de John Ford (dont j’ai vu beaucoup de westerns). Avec Victor McLaglen et Boris Karloff.

It Happened One Night, Frank Capra (1934) – 3/5: une comédie romantique mettant en scène Claudette Colbert dans le rôle d’une jeune femme fuyant son père très riche et qui est opposé à son mariage avec un pilote d’avion et Clark Gable (avec moustache, mais sans poils sur le torse), un journaliste au chômage, qui la mène à bon port en échange d’un scoop. Une histoire classique de rejet qui se transforme en amour – et du coup ce n’est pas toujours très passionnant, mais ce n’est pas un mauvais film non plus.