Chroniques du désencombrement (III)

Je n’ai finalement pas autant écrit que je le pensais sur ce thème. Sans doute parce que c’est plus difficile que prévu et que je préfère oublier au plus vite. Depuis janvier, je n’ai pas beaucoup avancé dans le vidage de la maison; d’autres choses étaient prioritaires: la ranger et la mettre en vente. Ce qui est fait, avec si tout va bien une signature de compromis la semaine prochaine. J’aurai bientôt une deadline, et plusieurs rendez-vous sont déjà pris.

Mais je voulais revenir sur une histoire qui m’est arrivé hier.

Mon papa m’appelle, plus tôt que d’habitude, tout excité. Il me raconte en riant qu’il s’est disputé avec sa sœur. Elle a lui raccroché le téléphone au nez. Il faut savoir qu’elle a décidé de partir en maison de repos à l’automne et depuis, elle trie tout dans sa maison. Le seul souci, c’est qu’elle raconte tout dans les détails à mon papa et que ça a l’art de l’énerver (ça m’énerverait aussi, si j’avais ce coup de fil tous les soirs me contant le contenu du moindre carnet ou tiroir). Mais elle a raccroché quand mon papa lui a dit que c’était ridicule de vouloir faire ça soi-même, que c’était tellement plus facile de demander à d’autres personnes de trier ses affaires. Mon sang n’a fait qu’un tour mais j’ai réussi à rester calme, lui expliquant que certaines personnes ont justement besoin de faire le tri. Il n’a pas compris (ou il ne m’a pas écoutée). Et il était surtout très fier de lui et sûr d’avoir raison.

Et moi, je suis restée là, profondément vexée. Il n’a jamais trié la moindre armoire, le moindre papier, laissant tout le travail à quelqu’un d’autre. Et ce quelqu’un d’autre, moi donc, a sérieusement été frustrée de la quantité de choses à trier, sachant qu’au moins un quart du contenu de cette maison aurait pu avoir été jeté dans le passé (ces cinq machines à cafés cassées, par exemple, ou ces serviettes hygiéniques des années 70). Cela me donne presque envie d’appeler ma tante et la féliciter.

Je pense que mon papa n’a pas réalisé l’impact de ce qu’il disait. Depuis qu’il a déménagé, il a tourné la page et ne veut plus entendre parler de sa maison. Il ne veut même pas venir à la signature de la vente, alors qu’il avait décidé d’y aller au départ. Il a quelque part choisi la voie de la facilité.