At the movies – 39 (1930s)

Le fils unique, Yasujiro Ozu

The Great Ziegfeld, Robert Z. Leonard (1936) – 3/5: un biopic sur la vie de Florent Ziegfeld, le créateur des célèbres « Follies », avec William Powell qui joue le rôle (et Myrna Loy qui joue une de ses épouses). C’est interminablement long – trois heures – et un peu confus et au rythme chaotique mais certains des passages de music-hall sont impressionnants, comme celui filmé sur un escalier en spirale. Avec aussi Fannie Brice, danseuse de burlesque de l’époque qui ne montre qu’un morceau chanté et totalement habillée – dommage et une mention à Little Egypt qui a popularisé la danse du ventre aux Etats-Unis lors de l’expo universelle de Chicago en 1893 (le début du film s’y déroule).

Sabotage, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1936) – 3/5: un film d’Alfred Hitchcock, c’est toujours bien, mais celui-ci est un peu court et confus – on ne connaîtra jamais les raisons du sabotage. Le réalisateur a l’art de faire monter la tension avec des gros plans des personnages, même en montrant dès le début qui le coupable. C’est rythmé, ça montre le Londres de l’époque, et ça se passe en partie dans un cinéma, avec un extrait de Walt Disney. Il y a aussi des canaris, et un magasin entier d’oiseaux, ainsi qu’un chat. Avec Sylvia Sidney.

Le fils unique, Yasujiro Ozu (Japon, 1936) – 4/5: le premier film parlant d’Ozu raconte l’histoire d’une mère qui se sacrifie pour que son fils puisse étudier. Une fois adulte, celui-ci n’est devenu qu’un pauvre enseignant et n’a pas connu la fortune, ce dont se rend compte la mère quand elle vient le visiter à Tokyo. C’est un film sur la déception, et Ozu le raconte par petites touches, augmentant le côté tragique de l’histoire. Les plans sont superbes, comme celui où mère et fils sont assis dans un terrain vague avec un incinérateur en arrière plan. A noter: le canari, le train qui arrive en gare de Tokyo.

These Three, William Wyler (1936) – 4/5: deux amies, Karen (Miriam Hopkins) et Martha (Merle Oberon) rénovent la maison familiale de la seconde et ouvrent une école pour filles. Martha tombe amoureuse de Joseph (Joel McCrea), mais Karen est secrètement attirée par lui. Une des élèves, Mary (Bonita Granville), va provoquer un scandale en inventant toute une histoire à propos des trois adultes. A l’origine, l’histoire est inspirée par deux enseignantes écossaises qui en 1810 ont dû fermer leur école suite à de fausses accusations de relations lesbiennes. Toute mention à l’homosexualité étant bannie dans les années 1930, par la loi et par le code Hays, le scénario a été changé en triangle amoureux. Mais j’ai malgré tout ressenti une certaine attirance entre les deux femmes. J’ai aussi été étonnée par l’histoire qui n’est absolument pas gentillette: Mary, la gamine, est digne des meilleurs films d’horreur dans ses manigances et la tension est palpable, alors que les adultes sont manipulés. Une excellente surprise !

Ceci termine l’année 1936. J’avoue que j’ai eu un peu de mal – c’était assez interminable: il y avait 27 films sur ma liste, ce qui est beaucoup (en général, ça tourne autour de 20) et je les ai tous trouvés (le plus souvent, deux ou trois films sont introuvables). Pour 1935, j’en en ai vu 17. J’ai mieux géré les styles et j’ai terminé en beauté (un peu par hasard, je ne savais pas de quoi parlait These Three quand je l’ai commencé). J’ai aimé les comédies musicales de Fred Astaire et Ginger Rogers mais elles deviennent un peu cliché: un scénario bancal et quelques jolis passages dansés. J’ai subi beaucoup de films (américains) totalement dépassés dans leur propos, avec de bonnes doses de sexisme et racisme, ou des histoires sans intérêt. Les deux films de William Wyler sortent du lot: Dodsworth et These Three, ainsi que Fury de Fritz Lang, son premier film américain, et Libeled Lady, une malicieuse screwball comedy (dans l’épisode 33, 37 et ci-dessus). Enfin, impossible de ne pas citer les deux films japonais, Les soeurs de Gion de Kenji Mizoguchi et Le fils unique de Yasujiro Ozu qui sont tellement différents du reste du cinéma de l’époque et apportent un grand soin à la beauté des images.

Snow White and the Seven Dwarfs, Walt Disney (1937) – 4/5: un dessin animé que j’ai vu dès mon enfance mais en le revoyant aujourd’hui je me rends compte qu’il y a de nombreux passages vraiment angoissants, heureusement entrecoupés de scènes drôles et légères. J’ai beaucoup aimé l’animation de tous les animaux, bien plus que celle des nains ou de Blanche-Neige. A noter: la chanson yodelée des nains.

Make Way for Tomorrow, Leo McCarey (1937) – 4/5: Bark (Victor Moore) et Lucy Cooper (Beulah Bondi) sont un couple âgé, parents de cinq enfants mais ils ont perdu leur maison (il n’y avait pas encore de pension à l’époque). Aucun des enfants ne peut (veut) héberger les deux ensemble et ils sont alors séparés. Ils vivent dans la tristesse et le regret, tout en étant un poids pour leur progéniture. Bark va finalement être envoyé en Californie chez le cinquième enfant qu’on n’a jamais vu mais passe une dernière journée à New York avec son épouse, et cette journée est magnifique, tout en douceur et nostalgie, avec des inconnus qui font acte de bonté gratuite. La scène de danse à l’hôtel est particulièrement touchante: le chef d’orchestre entame un morceau rapide mais se ravise très vite en voyant le couple hésiter, et enchaîne de suite avec une valse. Ce film a inspiré Yasujiro Ozu (Tokyo Story, 1953). A noter: le couple boit des Old Fashioned (avec un clin d’oeil du barman) et Beulah Bondi n’avait que 48 ans alors qu’elle est censée avoir plus de 70 ans dans l’histoire.

Lost Horizon, Frank Capra (1937) – 3/5: futur secrétaire d’état britannique, Robert Conway (Ronald Colman) organise l’évacuation d’une ville chinoise en révolte et prend le dernier avion. Mais celui-ci est détourné à son insu et se perd dans les montagnes de l’Himalaya. Robert et ses acolytes sont sauvés par les habitants de la région et se retrouvent à Shangri-La, un genre de paradis sur terre où personne ne vieillit. Le film est assez long (mais heureusement pas les six heures du montage d’origine), et j’ai vu une version restaurée: à certains moments il ne reste que la bande-son et des photos remplacent les images perdues. C’est une critique de la société du moment, et surtout de la montée en pouvoir de régimes cherchant la guerre. A part ça, il est intéressant de voir que les bâtiments construits au milieu des montagnes sont en style art déco, plus précisément en style paquebot. Dommage que les femmes soient reléguées à des rôles (très) secondaires et cliché. A noter: l’avion du début est un DC-2, le score de Dmitri Tiomkin.

At the movies – 30 (1930s)

Clark Gable dans Mutiny on the Bounty (domaine public)

The 39 Steps, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1935) – 4/5: une histoire d’espionnage, et d’un homme (Robert Donat) qui s’y trouve mêlé par hasard, avec beaucoup d’action et de revirements de situations, et une blonde hitchcockienne (Madeleine Carroll). Filmé dans les rues de Londres mais aussi en Ecosse. J’ai été scotchée du début jusqu’à la fin (même le dénouement est un peu précipité, à une minute de la fin du film – une constante dans les films anciens).

Captain Blood, Michael Curtiz (1935) – 3/5: un film de cape et d’épée, avec des pirates et des batailles navales – tout ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer. Errol Flynn prend le rôle du Capitaine Blood, médecin anglais envoyé comme esclave en Jamaïque. Il devient pirate et capitaine d’un navire. Il avait été acheté par Arabella Bishop, jouée par Olivia de Havilland, et évidemment, ils sont attirés l’un par l’autre. Les deux acteurs sont ici réunis pour la première fois et sont au tout début de leur carrière. Le film mélange scènes d’action (certaines viennent d’un film muet de 1924, The Sea Hawk) et romantisme dégoulinant, le tout appuyé par le score d’Erich Wolfgang Korngold. Certaines scènes sont totalement invraisemblables (Blood attaque deux bateaux, mais commence par celui à sa droite. Celui de gauche attend sagement sans rien faire) et la robe en satin d’Arabella sort de toutes les scènes d’action sans une poussière ou un pli. Ce film m’a beaucoup fait penser à la série Black Sails.

Ruggles of Red Gap, Leo McCarey (1935) – 2/5: Marmaduke Ruggles est le valet et majordome du comte de Burnstead, mais ce dernier le perd au jeu à Paris et il doit rejoindre le couple américain Egbert et Effie Floud qui l’emmènent à Red Gap, dans l’Ouest lointain des Etats-Unis. C’est un film qui met en avant le contraste entre la rigidité toute anglaise et le caractère totalement décomplexé des Américains, avec une bonne dose de patriotisme étatsuniens (Ruggles récite un long discours de Lincoln sur le fait que les hommes sont égaux). Ce n’est pas le film le plus passionnant du monde et il est très cliché. A noter: des vues de Paris, un train, le restaurant chinois est un restaurant de chop suey, une cage à oiseau (on ne voit pas s’il y a un canari dedans).

Top Hat, Mark Sandrich (1935) – 3/5: un autre film du duo Fred Astaire – Ginger Rogers, sur un scénario proche de The Gay Divorcee, basé sur un quiproquo (chose que mon esprit très rationnel a du mal à accepter sur la longue durée). Les morceaux de danse sont superbes (mais il n’y en a pas tant que ça), avec notamment la chanson « Cheek to Cheek », pendant laquelle Rogers porte une robe à plumes d’autruche qui virevoltent (on voit les traces sur le sol). Les décors sont exagérés et clairement en carton-pâte, représentant d’abord un hôtel de luxe à Londres, puis le Lido à Venise, avec son hôtel art déco. Je ne me suis pas ennuyée mais ce genre de film est très cliché, et l’histoire n’est qu’un prétexte pour les morceaux dansés. A noter: un des personnages commande un Horse’s Neck, un cocktail à base de whisky et ginger ale.

Mutiny on the Bounty, Frank Lloyd (1935) – 3/5: un film historique qui prend de grandes libertés avec l’histoire (le capitaine Bligh était sévère mais apparemment pas aussi extrême) mais qui est très divertissant. Charles Laughton (Bligh) ressentait une certaine infériorité par rapport à son physique face à Clark Gable (sans moustache parce que c’était interdit dans la marine anglaise de l’époque), et en effet, le contraste est vraiment énorme. Une des jeunes filles tahitiennes est en fait mexicaine, mais l’autre est hawaïenne – on se rapproche donc. Les scènes de mer sont spectaculaires et le film a en partie été tourné à Tahiti et en Polynésie Française. J’ai hésité à monter ma note à 4 mais le côté cliché des bons et du mauvais est un peu trop énorme – cela reste malgré tout un bon film pour l’époque (apparemment pour la réalité historique, il faut se tourner vers The Bounty de 1984 avec Mel Gibson et Anthony Hopkins).

The Informer, John Ford (1935) – 4/5: a priori un film se passant en Irlande, ça ne m’intéresse pas trop (je ne sais pas trop pourquoi le sujet ne me passionne pas), mais ici, on sent la patte de John Ford (d’origine irlandaise). Le personnage principal, Gypo (Victor McLaglen) est d’une pauvreté extrême. Pour réaliser ses rêves et celui de sa jeune amie, il dénonce son ami recherché pour meurtre à la police anglaise, le tout pour 20£, qu’il dépense ensuite sans compter alors qu’il est en plein déni de ce qu’il a fait. Toute l’action se déroule en quelques heures, la nuit, dans des décors sales et sombres. Il y a de nombreuses références au cinéma muet et aux films de l’expressionnisme allemand (comme M le maudit). Max Steiner a composé une bande-son qui suit l’action au plus près (un exemple type de mickeymousing).

The Devil is a Woman (Joseph von Sternberg, 1935) – 3/5: dernière collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, (leur relation était devenue trop compliquée), cette espagnolerie (comme une chinoiserie mais en Espagne) est confuse au niveau de l’histoire. Je n’ai pas aimé le portrait qu’on fait de cette femme manipulatrice et profiteuse alors que les hommes sont montrés comme des victimes (sauf cette détestable scène où un homme bat la femme jouée par Dietrich – hors plan, mais quand même). Par contre, la lumière, le jeu du clair-obscur est magnifique et les plans très travaillés. A noter: les fêtes du Carnaval et les gens masqués, un train, les costumes hispanisants très inventifs (la cape à mini pompons !).

At the movies – 23 (1930s)

Myrna Loy, William Powell, William H. O’Brien (à l’arrière) et Maureen O’Sullivan dans The Thin Man (wikicommons)

Viva Villa !, Jack Conway (1934) – 2/5: je me doutais bien en lisant le titre de ce film qu’il y avait des chances que ça se passe au Mexique, et en effet, c’est l’histoire – romancée – du bandit devenu général de l’armée Pancho Villa. Il est interprété par un Américain, Wallace Beery, comme tous les rôles importants du film (il y a aussi Fay Wray). L’histoire ne m’a donc pas passionnée (comme tous les films du genre – c’est juste moi qui n’aime pas trop les films qui parlent des troubles au Mexique de cette époque) mais c’est tourné sur place, dans les campagnes et les villes et c’est une bouffée d’air frais.

Tarzan and his Mate, Cedric Gibbons (1934) – 2/5: j’ai hésité à regarder ce film après la catastrophe raciste et violente qu’est le premier. Celui-ci n’est pas plus modéré au niveau du racisme (les porteurs sont menés au fouet) mais il y a moins de massacres gratuits d’animaux. On y retrouve donc Tarzan (Johnny Weissmuller qui n’est pas devenu un meilleur acteur depuis), qui vit maintenant avec Jane (Maureen O’Sullivan) dans un nid de marsupilami (pardon) et une expédition de deux Blancs avides d’ivoire – expédition qui se passe mal évidemment (il y a même un certain suspense). La MGM en profite pour montrer tout son zoo, parfois avec quelques effets spéciaux dans les combats entre homme et crocodile / lion / rhinocéros. Mais le film est à noter surtout pour le fait que Maureen O’Sullivan est particulièrement dénudée (voire tout à fait) et qu’on entrevoit un sein ou un poil pubien (paraît-il, je n’ai pas repéré cette scène). Le ballet aquatique des deux héros sous l’eau est particulièrement impressionnant (on voit que le studio a investi dans des immenses piscines !). En gros, je me suis ennuyée mais pas tout le temps.

Twentieth Century, Howard Hawks (1934) – 1/5: Mildred Plotka (Carole Lombard), totalement inconnue, est engagée par Oscar Jaffe (John Barrymore), créateur de pièces de théâtre à Broadway. L’homme est assez impossible mais les pièces avec Mildred, maintenant nommée Lily Garland, sont un succès. Mais comme elle ne le supporte plus, elle le quitte pour Hollywood. Ils se retrouvent quelques années plus tard dans un train, le Twentieth Century Limited. Je n’ai pas supporté le personnage principal et Carole Lombard ne m’a absolument pas séduite. Je me suis ennuyée pendant 1h30 devant les scènes de dialogue dans les mêmes décors en intérieur, et le slapstick ne m’a pas distraite. Bref, je suis complètement passée à côté de ce film.

The Black Cat, Edgar G. Ulmer (1934) – 3/5: le premier des huit films réunissant Boris Karloff et Bela Lugosi. C’est un film d’horreur se déroulant quelque part en Hongrie, dans une maison hyper-moderne qui abrite des caves où se déroule un culte sataniste. C’est très court, un peu plus d’une heure, mais c’est très prenant et le réalisateur réussit à créer des ambiances qui font peur, avec des jeux d’ombres et lumières et ce chat noir qui se ballade partout. La musique est envahissante par contre, occupant 80% du film. A noter: le train, le chat et les décors quasi futuristes et très minimalistes.

The Thin Man, W.S. Van Dyke (1934) – 3/5: une histoire de meurtre avec plein d’éléments de comédie, adaptée d’un roman de Dashiell Hammett. On y rencontre le couple Nick et Nora (William Powell et Myrna Loy). Nick est un ancien détective qui vit maintenant dans les hautes sphères de la société grâce à la fortune dont dispose Nora. Entre deux cocktails (et il y en a beaucoup – des martini essentiellement), il aide la police à démêler les fils d’un crime. Je n’ai pas trop compris le dénouement de l’affaire, ça va beaucoup trop vite (William Powell a lui même eu du mal à retenir tout son texte) mais le film est prenant et agréable à regarder. A noter que le nom « Nick and Nora glass » pour les verres de cocktails est inspiré de ce film et a été donné dans les années 1980 par le barman Dale DeGroff (même s’ils désignent aujourd’hui des verres un peu plus grands que dans le film). Et il y a donc une scène de bar. Et un chien, Asta, un fox terrier qui a eu une belle carrière à Hollywood.

Of Human Bondage, John Cromwell (1934) – 3/5: basé sur un roman de Somerset Maugham, ce film raconte l’histoire de Philip (Leslie Howard), étudiant en médecine, qui tombe fou amoureux de Mildred (tiens, encore une Mildred) (Bette Davis), serveuse dans un restaurant, alors que celle-ci profite de lui et se moque de lui. C’est un film intéressant sur les relations humaines et l’obsession amoureuse. Bette Davis est vraiment intéressante dans son rôle et crève l’écran face au jeu très en retrait de Howard (que je ne connaissais que de Gone With the Wind).

Cleopatra, Cecil B. DeMille (1934) – 3/5: aaaah les péplums de Cecil B. DeMille, avec cet exotisme orientalisant, ses décors magnifiques inspirés par l’art déco, ses robes superbes. Claudette Colbert vole la vedette face aux acteurs qui jouent César et Marc Antoine. DeMille propose un film très sensuel, juste au moment où le Code Hays est entré en vigueur. Par la suite, il ne pourrait plus montrer ces corps quasi dénudés. J’ai beaucoup aimé, mais il faut bien avouer que les scènes de bataille à la fin sont du grand n’importe quoi qui ne tient pas la route.

At the movies – 14 (1950s)

Affiche du film Nuages Flottants

Cet épisode du cinéma des années 1950 est dominé par des films japonais (sauf un): j’avais en effet commencé à m’intéresser à ce cinéma de manière chronologique il y a un certain temps (et donc les premiers films que j’ai vus ne sont pas commentés). Je n’avance pas très vite, j’ai vus ces films sur une période de cinq mois.

Vivre dans la peur, Akira Kurosawa (Japon, 1955) – 2/5: je n’aime pas Kurosawa: tout est trop extrême chez lui – les histoires, les personnages, leur manière de jouer… (ce commentaire est un peu exagéré, mais j’ai souvent du mal avec ce réalisateur). C’est l’histoire d’un homme riche qui a une phobie de la bombe atomique et qui veut emmener toute sa famille au Brésil sans demander leur avis. Cette famille se révolte en passant en justice pour le mettre sous tutelle. Je n’ai absolument pas accroché à ce personnage tout-puissant que personne n’ose remettre en question. Je crois que c’est aussi une question d’époque: la domination par un seul homme, ça ne passe plus.

L’Impératrice Yang Kwei-Fei, Kenji Mizoguchi (Japon, 1955) – 2/5: un histoire se passant dans la Chine impériale, et une coproduction avec les Shaw Brothers. Que des scènes dans des décors de carton et des couleurs pastels. C’est assez ennuyeux…

High Noon, Fred Zinnemann (1952) – 4/5: un western que j’ai déjà vu plein de fois mais qui reste un chef-d’oeuvre. La tension qui se construit au cours du film est assez insupportable, et le rejet du shérif par sa communauté aussi. Les plans sont superbes, notamment ceux des rails par où va arriver le train – ce qui déclenche le final. Par contre, les 28 ans de différence entre Gary Cooper et Grace Kelly, jouant les jeunes époux, n’est absolument pas crédible ni acceptable. Et la chanson est un vrai earworm.

Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, Tomu Uchida (Japon, 1955) – 3/5: je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en commençant ce film et j’ai été heureusement surprise. Quelque part dans le passé, un samouraï et ses deux serviteurs marchent vers Edo, et en cours de route, il se passe une série d’événements très divers, de la rencontre d’un gamin qui veut porter la lance du maître-lancier à l’arrestation d’un voleur. Le film se termine avec une belle scène de combat au katana et à la lance. Le noir et blanc est très contrasté et certains plans en extérieur sont d’une beauté absolue.

Nuages flottants, Mikio Naruse (Japon, 1955) – 5/5: ce film est superbe ! Yukiko rentre au Japon pendant l’hiver 1946 après avoir travaillé en Indochine pendant la guerre. Elle y avait eu une relation avec Tomioko, un homme plus âgé et marié, qui lui avait promis qu’il quitterait sa femme. Mais leurs retrouvailles sont compliquées dans un Tokyo dévasté par la guerre. Pendant tout le film, il y aura de nombreux allers-retours entre les deux protagonistes, le tout montré avec une extrême sensibilité. L’histoire se termine à Yakushima, ce qui a tout pour me plaire, mais se passe aussi dans une ville d’onsen. Et les scènes de train sont superbes.

La harpe de Birmanie, Kon Ichikawa (Japon, 1956) – 4/5: encore un film de guerre me suis-je dit. Et pourtant c’est bien plus que ça. Le Japon a capitulé, et un groupe de soldats japonais basé en Birmanie se rend aux Britanniques. L’un d’entre eux, un joueur de harpe birmane, se propose pour une mission spéciale. En attendant son hypothétique retour, les autres soldats s’occupent, en chantant souvent. C’est très très résumé et il y a bien plus que ça dans ce film d’une grande beauté, tant au niveau des images que de l’histoire racontée.

La rue de la honte, Kenji Mizoguchi (Japon, 1956) – 4/5: l’histoire des prostituées d’une maison close à Tokyo, à une époque troublée: le gouvernement discute en effet d’une loi qui interdirait la prostitution. C’est un portrait assez sombre de la vie de ces femmes endettées et forcées de rester dans leur condition. Une seule s’en sort après avoir manipulé un homme. Dernier film de Mizoguchi, très beau visuellement et touchant au niveau de l’histoire.

Au prochain arrêt

Hiro Arikawa, Au prochain arrêt: La ligne de train Hankyu Imazu comporte huit arrêts, chaque chapitre de ce court roman s’arrête à l’un d’eux, avec 16 chapitres en tout, le temps de faire un aller et un retour. Cela pourrait sembler un peu fastidieux, mais cela ne l’est pas, c’est même tout simplement passionnant ! Cette petite ligne de train se trouve dans le Kansai, entre Kobé et Osaka, et propose des tranches de vies de personnages très différents, que le lecteur retrouve à l’aller au printemps et au retour à l’automne. Deux jeunes gens timides se parlent pour la première fois après s’être vus maintes fois à la bibliothèque; une femme, habillée dans une superbe robe blanche, revient d’un mariage et se remémore les diverses étapes de sa vengeance; une jeune fille décide de quitter son compagnon violent; un groupe de femmes trop parfumées et maquillées dérange le wagon entier… Qui ne s’est jamais demandé ce qui se passait dans la vie de ses co-voyageurs ? C’est exactement cela que raconte Hiro Arikawa dans ce court récit soigneusement construit. Elle raconte la vie de gens simples, tout en décrivant la campagne et les petites villes japonaises. Un coup de coeur, dont la lecture m’a été inspirée par Kevin, dont le blog propose plein de pépites japonaises.

Short diary of the week (300)

Lundi: wow: 300 !, de la Roumanie, une journée qui se passe, mettre de nouveaux livres sur la liseuse, faire des photos des nouveaux vêtements, trop froid pour rester dehors, deux épisodes de Buffy

Mardi: être consternifiée (oui, avec emphase) à propos de la bêtise de certaines personnes, du rangement de fichiers d’ordinateur, charger l’appareil photo, deux épisodes de Buffy, une grosse crise de larmes

Mercredi: on peut pas dire que l’ambiance soit des meilleures, ce sentiment d’être des choses inutiles dont on veut se débarrasser, quelques soucis de digestion, un repas simple, préparer mon sac, Buffy

Jeudi: une très mauvaise nuit, tout ça parce que j’avais peur de ne pas entendre le réveil, Gare Centrale – Centraal Station mais deux heures vingt plus tard, un city trip à La Haye donc, de l’art contemporain au milieu de la campagne, un repas indonésien

Vendredi : un excellent petit-déjeuner, un tram vers Delft, une longue ballade entre les canaux et les vieilles maisons, une excursion en bateau pour reposer les pieds, une pause, un bon repas avec un bon vin

Samedi: me préparer à mon aise, des œufs benedict, un panorama à l’ancienne, marcher, de superbes photos, du genièvre, l’arrivée de la pluie, de la cuisine fusion asiatique

Dimanche: profiter du petit-déjeuner en attendant le soleil, aller à la plage, ne pas aimer les constructions anarchiques, retourner dans le centre et décider de prendre un train plus tôt, arriver à la gare pour le train précédent (moi et ma panique de rater mon train…), un métro bondé de fans du vélo, apprendre le décès de la chatte des voisins, un repas simple mais savoureux, Buffy, crevée mais contente de ce court séjour qui m’a changé les idées

Riding the iron rooster

Paul Theroux, Riding the iron rooster: au milieu des années 1980, Paul Theroux – connu de ses récits sur Inde notamment – embarque dans le train à Londres pour un grand voyage qui le mènera en Chine qu’il traversera de part en part, toujours en train. Les débuts du récit sont laborieux: Theroux fait partie d’un groupe de touristes de diverses nationalités et passe son temps à les critiquer lors du voyage qui traverse l’Europe, puis dans le Transsibérien. Son négativisme a lourdement pesé sur ma lecture, que j’ai failli abandonner. Mais une fois arrivé à Shanghai, il commence à voyager seul, enfin presque. Le régime communiste lui flanque un acolyte pour le surveiller et « mieux le guider ». Cet homme est heureusement fort effacé et Theroux sillonne la Chine, prenant les vieux trains à vapeur et visitant les différentes provinces, du Xinjiang au Yunnan en passant par la Mandchourie. Il décrit une Chine marquée par la révolution culturelle – il pose d’ailleurs beaucoup de questions à ce sujet aux habitants et cette partie est passionnante. Il va dans les villes et les campagnes et ressent fortement le besoin de développement économique et de libertés des Chinois. A un moment, de guerre lasse, son « guide » le laisse tomber et Theroux voyage seul, beaucoup plus libre de ses mouvements. Dans le dernier chapitre du livre, il découvre même le Tibet et le récit devient parfois quasi hallucinant. En résumé, ce livre commence très mal mais s’améliore au cours des pages et propose un portrait de la Chine à une époque précise. Je ne suis pas sûre par contre que Paul Theroux soit quelqu’un de très agréable à vivre !

Challenge PAL de vacances: un livre avec un animal dans le titre

Impressions of Paris (III)

Paris

Un dernier jour à Paris. Le réveil est encore plus difficile que celui du samedi. J’ai du mal à marcher à cause des courbatures aux mollets mais ça se détend vite. Pas de but précis aujourd’hui, la météo n’a pas l’air très clémente. Malena me propose d’aller à la place des Vosges.

Chargée de tous mes sacs (en plus des bitters, j’ai également deux bouteilles de liqueurs de chez Giffard, achetées par la maman de Malena à l’usine d’Angers – Banane du Brésil et Ginger of the Indies), nous prenons le train puis le métro. Arrivée dans ce quartier touristique que je ne connais que de nom. Pas mal de monde déjà et quelques gouttes de pluie. Je ne sortirai pas mon iPad pour faire des photos. Promenade tout autour de la place des Vosges, protégée par l’arcade. Les galeries d’art ne m’inspirent pas trop, j’y vois un certain étalage de richesse qui m’incommode. Par contre, le magasin de thés De Damman nous attire et nous achetons des thés parfumés, Bali pour Malena, Earl Grey de printemps au thé vert pour moi. Le sachet parfumera tout mon retour dans le train.

Une brasserie pour un dernier repas ensemble, une dernière occasion de se raconter plein de choses. Et puis un départ vers la gare. Un seul Thalys sur le quai, cela ne peut être que celui pour Bruxelles et donc je m’y dirige avant l’annonce officielle. J’aurai finalement deux sièges pour moi, ce qui rend le voyage bien plus confortable.

La pluie se met à tomber à verse (comme en septembre) et je regarde le paysage défiler. Les champs couverts de fleurs jaunes fluorescentes sont magnifiques mais je n’arrive pas à capter l’effet en photo. Ce w-e a été passionnant et m’a nourri d’une nouvelle énergie, comparable au jaune des fleurs. Merci à Kleo, Shermane et Malena et à bientôt ! A Bruxelles ou Paris !

Paris

The great railway bazaar

9780141189147Paul Theroux, The great railway bazaar: quand on est dans un pays précis, autant lire un livre qui en parle ! En 1973, Paul Theroux embarque à la gare Victoria de Londres un long voyage: il a en effet décidé de rejoindre l’Asie en train et de rentrer par le même moyen. C’était encore possible à l’époque, la route n’était pas encore fermée, et chaque pays ou presque jusqu’au Vietnam possédait des voies ferrées. Il prend d’abord l’Orient Express dont l’heure de gloire est déjà révolue depuis longtemps, puis des trains turcs, iraniens, indiens, birmans, vietnamiens, japonais et enfin le Transsibérien. J’ai trouvé ses descriptions assez froides, il rencontre surtout d’autres Occidentaux, son humour est très British (alors qu’il est Américain) et j’ai très peu accroché. Il voyage à la grande époque des pérégrinations hippies mais il n’en parle que peu. Je peux comprendre qu’il veuille les éviter mais il évite beaucoup de monde, les locaux y compris. Oui, c’était intéressant de lire la partie sur les trains birmans tant que j’étais sur place, mais j’ai été déçue par ce récit pourtant considéré comme un classique.

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