La supplication

51n3uxdbjrl-_sx307_bo1204203200__zpsf4mhpuc7Svetlana Alexievitch, La supplication: enquête sur la catastrophe de Tchernobyl, La supplication est construit de la même manière que La fin de l’homme rouge qui m’a profondément marquée. Svetlana Alexievitch, écrivain et journaliste biélorusse, a interrogé des survivants, des liquidateurs, des enfants, des hommes, des femmes. Ils racontent les premiers jours après la catastrophe, le manque d’informations, le « nettoyage », l’obéissance aveugle aux ordres si typiques d’un pays communiste, le désir de servir la patrie, l’ignorance… Ces voix donnent une image bien différente des faits et de la vie sur place – c’était une période importante pour les cultures et les semailles et il fallait respecter le plan – l’évacuation a donc inquiété les agriculteurs pour des raisons qui ne sont pas les bonnes. La supplication nous rapproche des gens qui ont vécu la catastrophe, nous fait partager leurs vies, mais en tournant la dernière page, j’aurais aimé en savoir plus, avoir une idée de la vie actuelle de ces personnes. La fin de l’homme rouge est à ce niveau un travail de bien plus grande envergure mais La supplication est sans doute un premier essai dans le genre et garde tout son intérêt.

J’ai lu ce livre en même temps qu’Ingannmic, déjà ma compagne de lecture pour La fin de l’homme rouge. Ce livre entre également dans le cadre de « Lire le monde » pour la Biélorussie.

Book_RATING-35

La fin de l’homme rouge

la-fin-de-l-homme-rouge-ou-le-temps-du-desenchantementm118443_zpsrijoo7yoSvetlana Alixievitch, La fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement: Svetlana Alixievitch, d’origine ukrainienne et ayant étudié en Biélorussie, a inlassablement interviewé les Russes, armée d’un stylo et d’un magnétophone. Elle s’est donné pour mission de garder vivante la mémoire de l’URSS, du communisme, mais aussi de la perestroika et de l’arrivée au pouvoir de Poutine. Des hommes et des femmes de tous les milieux lui parlent, racontent leur vie, racontent leurs drames. Ils parlent de la difficulté de vivre aujourd’hui dans un monde mené par l’argent, ils regrettent le communisme, ils regrettent les conversations de cuisine où beaucoup de choses interdites se disaient. L’auteur ne censure rien et certaines des histoires sont atroces, tragiques. Certaines personnes racontent le goulag et l’oppression tout en défendant le pouvoir d’antan. D’autres parlent des conflits raciaux dans les anciennes républiques, la fuite à Moscou, la vie en souterrain des migrants. Ils content aussi leurs amours, leurs passions pour la littérature, la musique, le théâtre. J’ai mis beaucoup de temps à entrer dans le livre, j’ai lu une centaines de pages très laborieusement, et puis la lecture commune avec Ingannmic m’a poussée à me plonger plus sérieusement dans le livre. A partir de la moitié, je n’ai plus pu m’arrêter et je l’ai finalement terminé très vite. Choquée par les histoires, étonnée par cet amour du communisme, cette lecture ne m’a pas laissée indemne et m’a donné envie d’en savoir plus sur ce grand pays que j’ai eu la chance de visiter deux fois à l’époque communiste et juste après, sous Eltsine.

Merci à Kleo qui en a parlé avec ferveur sur son blog et merci à Ingannmic pour la lecture commune !