Hugo (1937-2020), mon papa

(voici le texte que j’avais écrit pour la cérémonie de funérailles de mon papa, en version longue)

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Pâques 1974, Tassili (Algérie), devant le Grand Dieu de Séfar

Il fait tellement chaud depuis une semaine. Cela n’aurait pas dérangé papa, il a toujours aimé la chaleur et n’a jamais craint la canicule. 

C’était à ces moments-là qu’il commençait souvent à repeindre la façade de la maison, en plein soleil, sous les regards horrifiés de maman.

Du blanc sur blanc.

Comme le peintre russe Malévitch. 

Il était passionné de peinture et allait d’une exposition à l’autre, d’un musée à l’autre. Il aimait l’art classique, les peintres paysagistes du 19e siècle mais aussi l’art moderne et contemporain. 

Il m’a initiée au pop art – nous adorions aller ensemble aux musées Ludwig de Cologne et d’Aix-la-Chapelle. 

Nous riions ensemble devant les idées farfelues des artistes, comme cette dame à bigoudis poussant son caddie de Duane Hanson ou les boîtes de soupe Campell’s d’Andy Warhol. 

Quand j’étais à la fin de l’adolescence, je lui ai parlé d’artistes contemporains, de Keith Haring, de Jean-Michel Basquiat dont nous avons été voir la première grande rétrospective au Whitney Museum de New York en 1992, emmenant par la même occasion tout une groupe de personnes qu’il guidait à ce moment-là.

Il adorait en effet voyager et avait trouvé un moyen pratique pour parcourir le monde: il guidait des voyages pendant les vacances scolaires. Il a commencé quelque part au début des années 1970, après avoir fait la connaissance de son beau-frère, Marc qui organisait des voyages culturels pour le « Stichting ». Chacun avait sa spécialité: si Marc se réservait plutôt l’Extrême-Orient, papa est vite devenu le spécialiste des pays de l’Est et de l’Afrique subsaharienne. 

Il est allé tellement souvent en Union Soviétique, encore communiste à l’époque, que je lui avais demandé récemment en riant s’il n’était pas un espion. Ce n’était pas le cas. Il se savait surveillé, comme tous les touristes de l’époque. Pourtant il n’a pas hésité à importer des roubles illégalement, les cachant dans ses chaussettes. Il a eu de la chance cette fois-là: on lui avait demandé d’enlever ses chaussures au contrôle douanier. 

Il a sillonné  ce grand pays d’un bout à l’autre, parfois seul avec un groupe, parfois avec moi et maman, et le groupe. Mon premier voyage en avion, c’était d’ailleurs à Moscou, Vladimir et Souzdal, je devais avoir 10 ans. Hugo et Geert, ses neveux, étaient là aussi. 

Je me souviens du départ, ça a été une sacrée aventure. Nous devions partir un 24 décembre mais il y avait du brouillard à Bruxelles et aucun avion ne pouvait décoller. On nous a conduit en bus au Luxembourg, où on nous a finalement dit qu’on allait à l’aéroport de Francfort – pour en fait mieux retourner à Bruxelles. Nous y sommes montés dans l’avion d’Aeroflot pour manger, mais il n’était toujours pas possible de partir. Nous avons finalement passé la nuit à l’hôtel à Zaventem, à quelques kilomètres de la maison.

J’ai donc vu Moscou sous la neige, en décembre, et puis, plus tard, Moscou au printemps, en avril. Ce n’était qu’une escale cette fois-là: nous sommes partis pour l’Ouzbékistan où nous avons visité les superbes mosquées de Samarcande, Boukhara et Khiva. C’était ma première incursion en Asie.

Papa a aussi voyagé en Géorgie, en Arménie, en Ukraine – il a vu les célèbres marches d’Odessa mais son souvenir le plus fort était ce long voyage à travers la Sibérie, sur les rives du lac Baïkal, et jusqu’à Khabarovsk – il était impossible d’aller à Vladivostok à cette époque, c’était une ville fermée, mais il aurait bien aimé. 

Il avait aussi cette passion pour l’Afrique. Son goût du voyage est sans douté né là. 

A la fin des années 1950, après des études pour devenir enseignant, il devait faire son service militaire. Quand il a appris qu’il pourrait l’effectuer au Congo Belge, il a sauté sur l’occasion. Il y a passé un peu plus d’un an, dans les remous menant à l’indépendance. Il a vécu un grande partie du temps sur l’Equateur, où il enseignait à la population locale. Il n’a quasi jamais tenu une arme en main; d’ailleurs quand c’était son tour de monter la garde de nuit, il partait avec son oreiller. A la toute fin de son service militaire, il se souvenait avec tristesse qu’il avait dû aider à embarquer dans l’avion des cercueils de militaires tués lors d’une échauffourée. 

Au moins de juin, je devais écrire des textes sur la chanson « Indépendance cha-cha » et sur Lumumba. Papa m’a alors évoqué qu’il avait croisé ce dernier en rue à Mbandaka où il était stationné. Il m’a aussi raconté qu’il était pour l’indépendance du Congo, ce qui traduit bien ses idées toujours progressistes. 

Quand il est rentré en 1960, sa future épouse, Jacqueline, l’attendait. Ils se sont mariés un an après. Je ne sais que très peu de ce mariage; papa n’en parlait jamais. Je pense qu’il a beaucoup souffert de son décès en 1969.

Un an après, il épousait ma maman, Angèle. Il l’avait rencontrée au cours du soir – il donnait en effet des leçons de français à des étrangers. Il garait toujours sa voiture derrière celle de maman, une Triumph, et espérait la voir. C’était l’époque des mini-jupes et mon papa était charmé. Comme elle était plus âgée que lui, il lui avait expressément demandé si elle pouvait encore avoir des enfants. Impossible de répondre à cette question évidemment, mais je suis née un peu plus tard en 1972. 

Il m’a dit que ces années-là ont été les plus heureuses de sa vie, jusqu’au premier cancer de ma maman, en 1978.

C’est aussi à cette époque qu’il a fait ses plus beaux voyages, qu’il a découvert le désert du Sahara qui l’aura marqué toute sa vie. Il disait à l’époque qu’il souhaitait que ces cendres soient dispersées dans le désert du Ténéré mais par la suite, il m’a dit qu’il voulait être enterré près de maman. 

Il était fasciné par les peintures rupestres du Tassili et par les « hommes bleus », les Touaregs. Plus tard, il a parcouru le Mali et le Burkina Faso, toutes des destinations qui sont difficiles à visiter aujourd’hui. 

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Pâques 1974, Tassili (Algérie)

Il a aussi traversé deux fois une contrée bien plus nordique mais tout aussi désertique et aride, l’Islande. Il aimait les volcans, et quand je me suis trouvée devant le Sakurajima au sud du Japon, il y a deux ans, j’ai très fort pensé à lui, et je lui ai envoyé une carte, ce que je ne faisais plus jamais d’habitude. 

Son rêve, c’était d’aller à New York, mais il ne parlait pas anglais. Malgré tous ses efforts, ça ne rentrait pas. Il était pourtant trilingue: il passait sans effort du néerlandais au français, qu’il avait appris en prenant des cours à Lille, et au dialecte, le west-flamand. A la maison, dans les conversations avec maman, il alternait, commençant parfois une phrase dans une langue et la terminant dans l’autre, comparant aussi souvent les variantes de leur dialecte. 

Quand j’étais petite, nous parlions néerlandais et français ensemble. Une fois que j’ai été à l’école primaire en français, je ne lui ai plus jamais parlé en néerlandais, j’ai eu un blocage, j’avais peur de faire des fautes. Mais il ne me l’a jamais reproché, il savait que j’étais bilingue.

Mais revenons à New York – entretemps, j’avais appris l’anglais et j’avais promis de l’aider. Il a donc organisé deux fois un voyage musées et opéra, avec un programme très dense. C’était même un peu son défaut: il ne voulait rater aucune minute de la journée quand il était à l’étranger, il ne laissait pas les gens souffler. Ma maman et moi, nous avons d’ailleurs pris une après-midi pour aller faire du shopping. Ce n’était pas prévu par papa !

Quand il souhaitait aller voir une exposition dans un des pays voisins, il organisait un citytrip d’une journée en car. Il avait toujours cette envie de partager ses connaissances avec des amis. Il s’était construit un public de fidèles qui l’accompagnaient souvent et qui écoutaient avec plaisir ses longues descriptions de courants artistiques et ses énumérations sans fin. Moi, je l’avoue, je m’endormais souvent à ces moments-là.  

Nous faisions aussi de nombreuses excursions en voiture en Belgique et dans les pays limitrophes, dans une des trois Volvo successives. Nous avons été aux Pays-Bas, en Normandie, en Ile-de-France mais aussi en Allemagne, visiter les musées d’art moderne de la région de la Ruhr. Dès que j’ai eu l’âge, je prenais la carte routière et je le guidais. Nous avons également profité maintes fois du Thalys pour aller à Paris pour la journée. 

Il adorait les cathédrales et les vieilles églises, mais n’était pas très religieux. Il avait été dégoûté par une certaine forme de catholicisme très strict et peu ouvert après après avoir passé quelques années au pensionnat, un endroit qu’il surnommait « la prison ». Il en a cependant toujours gardé les valeurs et souhaitait malgré tout une cérémonie à l’église pour ses funérailles. Et de préférence dans une vieille église, comme celle où nous trouvons aujourd’hui. 

Pendant ces dernières années, la conversation était parfois un peu difficile, et donc nous revenions toujours sur le sujet des voyages, les siens mais aussi les miens. Il me demandait chaque fois où je voulais aller et était très heureux quand je partais à la découverte du monde. Début mars, je lui racontais que je voulais aller en Géorgie en mai et il me disait que c’était un si beau pays. Ce voyage est maintenant reporté mais je sais que quand je pourrai y aller, je penserai beaucoup à lui. 

Il s’est impliqué dans diverses associations culturelles, à Drogenbos et à Tervuren. Il était membre des Vrienden van de School van Tervuren, est devenu président de la Fondation Roger Somville, son ami et était très proche également du peintre Edmond Dubrunfaut. Il a même écrit quelques livres. 

Il a enseigné toute sa vie l’histoire, l’histoire de l’art et la géographie au Sint-Jozefscollege à Woluwe-Saint-Pierre, à des centaines de garçons et à deux ou trois filles lors de sa dernière année. Il y organisait chaque année une exposition dans le cadre de la « Lentefeest ». Les périodes d’examens étaient toujours un peu tendues à la maison: il y avait tant de copies à corriger ! En juin, souvent, il regardait le foot en même temps, déclarant qu’il faisait ainsi deux choses inutiles à la fois !

Ses anciens élèves, que je rencontre encore parfois – le pharmacien, le dentiste… – ont gardé de bons souvenirs de lui. C’était un enseignant sévère mais qui connaissait tant de choses et qui s’inquiétait vraiment de ses élèves. 

C’était aussi un papa sévère par moments: il avait prévu que je devais obtenir trois choses dans la vie: un diplôme universitaire, l’agrégation et… le permis de conduire. C’était une pression certaine mais je les ai eu tous les trois en trois mois. ça avait pourtant mal commencé, cette histoire: en rhéto, je m’étais lassée de l’école et mes points avaient chuté. Je suis rentrée des examens de Noël avec un 9/20 en français. Sa colère a été cataclysmique. Après une engueulade mémorable où il m’a dit «  tu ne vaux rien, tu deviendras caissière au Delhaize », il ne m’a plus parlée pendant les deux semaines de vacances. 

Il voulait juste le meilleur pour moi, il m’aimait tant. 

Quand j’étais petite, c’est lui qui me racontait des histoires avant de m’endormir. Si j’ai demandé que soit lue celle de l’Arche de Noé lors de cette cérémonie, c’est parce que c’était notre favorite. Il en avait évidemment changé certains passages, et Noé était devenu un grand amateur de vin. 

Ces dernières années, sa santé a décliné tout doucement. Il s’est déplacé de moins en moins, regardant les courses cyclistes de l’avant-saison à la télévision (il adorait ça), lisant de nombreux livres et romans, souvent conseillés par sa compagne Francine qui venait passer les week-ends avec lui, entouré par toutes les oeuvres d’art qu’il avait acheté au cours de sa vie. Et en buvant un verre de vin rouge, ou plusieurs. Et un picon vin blanc, évidemment, son apéritif préféré qu’il avait découvert lors de son apprentissage du français à Lille. 

Un jour avant Noël, il y a deux ans, il s’est rendu compte qu’il avait peur de rester seul à la maison et a demandé d’aller en maison de repos. Son ami polonais Stacek l’aidait beaucoup mais ce n’était plus suffisant. Je sais qu’il n’était pas tout à fait heureux de cette situation mais il m’a toujours menti sur le sujet. 

Là encore, il était entouré de ses tableaux préférés, et il pouvait observer les écureuils par sa fenêtre. 

Sa vue a baissé, et les journées étaient longues. Mais sa radio était toujours allumée, branchée sur Musiq3.

Il l’écoutait encore mercredi. 

Chroniques du désencombrement (II)

— début de la seconde partie —

Mais il restait le grenier sous le toit. Aussi long que la maison – 11 mètres – il ne permet pas de s’y tenir debout. Aux deux tiers, une poutre oblige à ramper pour accéder au dernier tiers. Il n’est accessible que par une trappe pourvue d’une échelle intégrée. Je n’ai donc pas pu m’y attaquer de suite, c’était trop compliqué. Deux amis sont venus m’aider et cela n’a pas été de tout repos. Je n’avais aucune idée de la quantité de choses que mes parents y avaient amassés. J’ai rempli une première pièce de caisses et quand j’ai demandé s’il restait beaucoup, on m’a répondu qu’on n’était qu’à la moitié. J’ai donc rempli une seconde pièce de caisses toutes plus poussiéreuses les unes que les autres. A trois, le travail a été relativement rapide mais en voyant ce qu’il me restait à trier, j’ai été découragée.

Nous étions un dimanche et je ne pouvais donc pas m’y mettre de suite. Cela m’a travaillé toute la semaine et j’ai été fort tendue. Et pourtant je savais que le tri serait rapide parce que je ne devrais pas fouiller dans chaque caisse. Le samedi suivant je m’y suis mise. Et très vite, j’ai été remplie de colère contre mes parents, ces personnes qui n’ont jamais rien pu jeter. Pourquoi ce grenier était-il rempli de tous mes jouets et livres d’enfance ? Pourquoi surtout était-il rempli de caisses de vêtements de moi bébé et petite fille ? Tout cela aura pu servir à d’autres enfants.

Il y a une explication, mais elle ne me satisfait pas du tout. Ma mère avait commencé à donner des vêtements à ma cousine qui avait alors de jeunes enfants. Ces habits étaient déjà passablement démodés à l’époque – mais venaient pour la plupart de chez Dujardin – et ma cousine a revendu une grande partie sur des brocantes. Quand ma mère l’a appris, elle s’est jurée qu’elle ne donnerait plus rien. Résultat: tout a été mis au grenier.

Au fil des années, ma mère a continué à ne rien vouloir jeter – c’était même quasi maladif. Quand elle est décédée, mon père et moi avons enfin pu liquider quinze ou vingt ans de revues comme Flair, Feeling ou Gael. Mais cela n’a pas été plus loin. J’ai proposé à mon père de l’aider à trier un peu le grenier et sorti une dizaine de caisses – il y avait notamment des préparations de cours de ma maman qui pouvaient aller dans les poubelles papier. Il n’a rien fait et tout remis en vrac à sa place.

Et voilà donc comment je me suis retrouvée avec plusieurs mètres cubes de choses vieilles et inutiles. Les vêtements et les jouets, mais aussi mon berceau et mon landau, des dizaines de pots à stériliser, l’uniforme de militaire de mon père, une immense caisse remplie de restes de papier peint, trois autres machines à café cassées – en plus deux déjà trouvées précédemment, et même une caisse remplie de tampax et bandes hygiéniques neuves. J’ai été abasourdie. Comment peut-on garder ça au point de le mettre au grenier ? Je l’ai raconté à ma cousine qui vide la maison de ses parents – le pire qu’elle a trouvé est une boîte remplie de petites culottes usées et trouées de marque Sloggi. Nos mamans étaient sœurs.

J’ai retrouvé le livre chinois pour enfants qui m’avait tant marquée étant petite, j’ai récupéré la mini machine à coudre pour enfants, j’ai trouvé quelques jolis verres rétro et au fond d’une caisse, bien cachées, des photos. Ce que j’ai récupéré ne remplit même pas un sac de courses du Delhaize.

Je savais que le tri serait difficile émotionnellement mais je m’en suis bien tirée au début. C’est au final ce grenier qui a provoqué le plus de sentiments négatifs. Pas de la tristesse et de la nostalgie comme je m’y attendais mais de la colère et de la frustration. Ces sentiments, je les accepte progressivement, je sais qu’ils font partie du processus, mais leur force m’a étonnée. Et je suis soulagée maintenant que l’essentiel de mon tri est terminé. Il reste encore beaucoup d’autres étapes mais je m’en occuperai progressivement dans les semaines qui viennent.

Chroniques du désencombrement (I)

Je pensais que je publierais des billets plus rapidement, au fur et à mesure de mes avancées, mais je n’ai eu ni l’envie ni le temps. J’ai fait de nombreuses photos et peut-être qu’elles serviront plus tard à illustrer des chroniques plus légères que celle d’aujourd’hui, qui en fin de compte est si longue que je l’ai divisée en deux parties. J’ai beaucoup travaillé, j’ai terminé le tri à quelques détails près mais cela m’a pesé. J’ai oblitéré mes émotions, interdisant toute intervention pendant le travail, et cela a relativement bien fonctionné. J’ai avancé à grande vitesse en prenant des décisions rapides. C’était le seul moyen, je pense, pour arriver au bout de la tâche.

J’ai commencé par une partie compliquée: tous les papiers divers amassés par mes parents. La difficulté venait en fait du mélange: des choses sans intérêt étaient mêlées à des actes notariaux qui se cachaient sous des photos et de la correspondance diverse. Parfois j’ai jeté les lettres, parfois je les ai gardées, me disant que je pourrais inspecter ça à l’aise plus tard. Bizarrement, j’ai trouvé des actes notariaux de plusieurs générations passées mais uniquement du côté de ma maman, bien rangés dans une vieille valise; rien du côté de mon père, pas même l’acte de propriété de la maison.

Des caisses à fruits rassemblaient les documents des voyages de mon papa – je les ai gardés – mais j’ai jeté la tonne de prospectus touristiques qui étaient liés. Cela me fait quand même plusieurs grandes caisses de déménagement.

J’ai trouvé des photos de la cave au grenier, dans chaque tiroir, dans chaque armoire. Rien n’est rangé, souvent je ne sais pas qui est sur la photo. J’ai déménagé la tonne de diapositives: deux meubles à six tiroirs chacun, ainsi que quatre caisses. Elles sont pour la plupart bien identifiées – certaines collections sont même accompagnées de listes récapitulatives – mais il me faudra trier tout cela à mon aise, trouver les dias vraiment représentatives d’un pays, trouver celles qui ont été prises de moi. J’ai heureusement un scanner capable de les numériser mais ça prendra des heures et des heures.

J’ai emballé une grande partie des objets anciens, de la vaisselle (un peu) et bien trop de verres. J’ai mis à part trois statuettes de Bouddha et de dieux hindous que j’ai installées dans ma bibliothèque. Le grand Bouddha en bois n’a pas encore trouvé de place, il est emballé dans une couverture et été précieusement déménagé comme un bébé.

J’ai fait mon choix dans les tableaux et les gravures, sans doute plus que prévu. Je ne trouverai probablement pas de place pour tous, moi qui aime les murs nus (sans doute par opposition à ceux des mes parents, remplis jusqu’au moindre recoin, comme dans les musées du 19e siècle).

J’ai choisi des livres, me concentrant surtout sur les sujets qui m’intéressent – architecture, art contemporain, arts primitifs – et j’ai pensé à ma bibliothèque déjà bien remplie. J’ai trouvé quelques romans japonais que je n’avais pas lus. J’ai ramené des livres liés à l’histoire familiale – l’histoire du lin en Flandre, la guerre à Roeselare.

J’ai repris Mon-Chichi, Snoopy, Minnie Mouse, Api le singe et Gao le perroquet. J’ai abandonnée Delphine et Charlotte, mes poupées.

J’ai déménagé un canapé ancien. Je pensais qu’il remplacerait idéalement celui dans lequel je regarde la tv. Ce fut un fiasco total qui m’a mené à une grosse crise de larmes et de découragement. Je lui ai trouvé une place moins invasive, place qu’il occupera jusqu’à ce que je contacte un garnisseur pour le rénover. Par la suite, je pense qu’il ne dénotera pas soit dans ma chambre, soit dans le grenier, soit dans cette petite pièce que je n’ai jamais aménagée et qui est remplie de brol.

J’ai trié les trois chambres et la salle de bain (il faut d’ailleurs que je pense à prendre le miroir chinois), j’ai trié les petits greniers sans les vider, en ouvrant chaque caisse et en la déplaçant vers l’autre côté, j’ai trié le contenu des armoires du palier, j’ai vidé les armoires du salon, récupéré quelques objets usuels dans la cuisine (des cuillères à thé que Dille et Kamille ne vend plus, du poivre, du sel de Guérande, des moules à cake), j’ai survolé la grande bibliothèque de la salle à manger, j’ai retrouvé mes bulletins dans le petit meuble du hall d’entrée. Je me suis attaquée à la cave mais les armoires ne comportaient finalement que peu de trésors – un peu de vaisselle et des verres à bière. Je n’ai jamais retrouvé les deux grands vases en cristal Val-Saint-Lambert.

Mais il restait le grenier sous le toit.

— fin de la première partie —

 

Favourite memories of summer 2016

Hop, je recopie l’idée d’Armalite ! (Je me suis limitée à juillet et août)

  • le concert au Feeërieën et la confirmation d’une belle amitié
  • rencontrer un couple passionné de tiki
  • la promenade dans les Marolles à la recherche de verres anciens
  • les nombreux livres lus dans le jardin sous le sumac
  • la belle récolte de tomates, et de figues auparavant
  • le beau temps du mois d’août
  • l’installation du bassin et de la cascade
  • pleins d’expos et de thés entre amies à Paris
  • la série Black Sails et ses pirates, et Indian Summers dans l’Inde coloniale
  • les jolis et délicieux cocktails maison
  • le cocktail et les conversations entre amies chez Life is Beautiful
  • des cocktails et des amis au 9e étage du Résidence Palace
  • revoir ma famille au mariage de ma cousine
  • des dim sum et un joli cadeau d’anniversaire
  • le boulot qui a bien avancé grâce à l’absence des chefs et une nouvelle collaboration
  • et puis le fait que je n’ai pas encore pris de vraies vacances, loin et ailleurs !

Jolis souvenirs climatiques

Sous l’impulsion d’Elanor, je vous raconte huit jolis souvenirs climatiques:

Je me souviens de ce soir de décembre où je suis rentrée après un spectacle de burlesque sous la neige. Il y avait bien déjà 10cm et plus personne dans les rues. Tout était silencieux. Je me souviens de ce soleil d’été, de juillet, et des siestes sous les pins parasols sans l’enceinte du site archéologique d’Ostia Antica, l’ancien port de Rome. Je me souviens de ces fins de soirées de canicule dans le jardin, quand la chaleur retombe enfin et que le soleil se couche très tard, à regarder les étoiles et les avions passer. Je me souviens d’une visite guidée de la Grand Place de Bruxelles par un froid perçant où j’ai cru perdre mes doigts et orteils à cause du gel. Je me souviens de la chaleur tropicale en visitant les temples d’Angkor. Je me souviens des ces averses subites qui nous faisaient fuir la plage à la mer du Nord, en plein été. Je me souviens avoir craint pour ma vie lors de ce typhon qui a inondé la ville d’Hue au Vietnam – pluie et orages étaient d’une violence extrême. Je me souviens des terrasses en bord du Danube à Budapest où le soleil de la fin octobre réussissait encore à bien réchauffer.