Soulagement

Le 21 décembre, le jour du solstice, un oiseau gazouillait quand je suis sortie du bureau au crépuscule. Son chant était encore très timide mais il avait bien compris que les journées commençaient à s’allonger.

Pour moi aussi, cette période est celle d’un grand changement. Les dernières semaines ont été difficiles émotionnellement. Mon papa a très bon coeur et a voulu soigner sa compagne dépressive. Après cinq jours, il n’en pouvait plus, il était cassé. Après sept jours, une solution a été trouvée et il l’a conduite à l’hôpital. Tout cela l’a épuisé et lui a brisé le coeur. La semaine passée, son médecin a cru à une crise cardiaque et il s’est retrouvé aux urgences… pour ce qui était en fait une crise de panique. Samedi passé, il m’a parlé de ses angoisses de rester seul à la maison pendant les vacances de Noël, son aide étant absent pour deux semaines. Mardi matin, nous avions un rendez-vous à la maison de repos toute proche de chez lui (cela faisait environ une dizaine de jours que j’avais pris contact – nous en avions convenu ainsi, papa et moi: je m’occuperais de tout cela après mon voyage en Inde). Il y avait quatre chambres disponibles (elles sont toutes prises entre temps). Mardi midi, il signait le contrat. Mercredi matin, je l’y ai conduit, le coeur serré. Mercredi après-midi, je l’ai quitté fort nerveux et dépressif. Jeudi matin, il m’appelait pour me dire qu’il avait bien dormi et qu’il se sentait bien. Et depuis, il me semble aller de mieux en mieux, il a des contacts sociaux, ses médicaments sont contrôlés (y compris les somnifères) et il a de nouveau faim.

Et moi dans tout ça ? Je ne sais pas comment exprimer l’immense sentiment de soulagement qui m’a envahie. Cela faisait plusieurs années qu’il y avait cette inquiétude en arrière-plan, de plus en plus grandissante, surtout après sa mauvaise chute il y a deux ans. Pour la première fois depuis des années, je peux entrevoir le futur de manière bien plus positive, sans trop d’inquiétudes (même si je sais bien qu’il est entré dans la dernière phase de sa vie), et cela fait un bien fou. Je mettrai sans doute encore quelques jours à sortir de la fatigue extrême qui a été causée par les événements des derniers jours et il me faudra sans doute encore un moment pour que mes émotions arrêtent de jouer aux montagnes russes mais je me sens soulagée.

Short diary of the week (200)

Lundi: wow – 200 !, comme prévu les démangeaisons me gênent très fort, arriver dans un bureau surchauffé et avoir du mal à le rafraîchir, enlever mes sandales et mettre mes tongs de bureau, avoir du mal à remettre mes sandales au moment de partir, la maison est restée relativement fraîche, m’installer au jardin et terminer le roman commencé le soir précédent

Mardi: l’idée de demander à collègue d’ouvrir la porte de mon bureau quand il arrive une heure plus tôt que moi était géniale, rien de spécial à raconter, regarder le dernier épisode de la troisième saison de Better Call Saul – une série un peu lente mais qui a sa personnalité propre par rapport à Breaking Bad, lire au jardin, regarder passer les avions au crépuscule, tenter de faire retomber la température dans ma chambre sans vraiment y arriver et devoir fermer les fenêtres à cause des mêmes avions

Mercredi: dormir profondément pendant seulement cinq heures c’est trop peu pour moi, un petit-déjeuner réunion, le bruit des jardiniers, traîner le matin (corriger les fautes des autres prend plus de temps que prévu) mais bien avancer l’après-midi, un temps record pour remplir la déclaration d’impôts en ligne (30 secondes de remplissage – 4 minutes pour vérifier que j’ai bien tout rempli), 27° chez moi à l’intérieur contre 32° dehors, si je cuisine aujourd’hui je pourrai éviter de devoir cuire des choses demain, au jardin avec un gin tonic et quelques livres pour profiter du solstice, 22h15: 21° dehors mais toujours 26° à l’intérieur

Jeudi: dormir profondément toute la nuit, le retour du gamelan javanais, un bureau aussi chaud que l’extérieur, fondre, finir par rentrer une demi heure plus tôt, trois gouttes de pluie, en fait ça se rafraîchit assez vite, Twin Peaks, The Good Fight

Vendredi: choisir des vêtements puis changer d’avis pour quelque chose de plus joli, les trucs du vendredi, parler avec les seuls collègues encore présents vers 17h, Doctor Who, Jamestown

Samedi: mais où est le soleil ? (les prévisions météo me dépriment déjà – je n’aime que le beau temps et la chaleur !), de la couture, un téléphone de mon papa pour me dire que je ne dois pas venir aujourd’hui (je sens qu’il y a eu une dispute avec sa compagne), moi non plus ce n’est pas la grande forme aujourd’hui, me rendre compte que la batterie de la voiture est à nouveau déchargée, avoir du mal à me calmer, de la couture à la main, faire mes courses, terminer la couture de la robe, terminer un roman, The man from the Alamo (Budd Boetticher, 1953), m’endormir tôt

Dimanche: des brouillons de billets de blog, TBBT S02 E14&15, la mesure de mon tour de taille ne ment pas: + 10cm en 5 ans, de la couture: hésiter entre plusieurs modèles de jupes, 2h30 plus tard la jupe sélectionnée est terminée, plein de petits trucs divers touchant au ménage et au jardinage, de la lecture, une nouvelle tentative de photos de mes derniers vêtements cousus, Jamestown, The Good Fight

Dark days

Personne ne peut le nier, la lumière du jour est vraiment limitée pour le moment et c’est accentué par une météo qui oscille entre pluie et tempête la plupart des jours. Cette année, mon grand voyage a eu lieu en novembre, dans un pays où les températures tournaient autour des 20° et où j’ai eu mon lot de temps gris et pluvieux. Les années précédentes, je suis toujours partie en décembre, dans un pays tropical et ensoleillé à 95% du temps. Autant ce voyage au Japon était fantastique et m’a fait du bien, autant la chaleur et le soleil me manquent. Partir en décembre permet d’oublier les jours les plus courts et de rentrer pour le solstice et l’espoir qu’il amène, et plus pratiquement, de ne pas devoir se mêler à la foule à la recherche de cadeaux. Même si j’aime me promener de temps en temps au centre ville ou y boire un verre, décembre est le mois où je l’évite. Pas envie de me retrouver coincée dans le marché de Noël ou de faire la file pendant une demi-heure à la caisse…

De plus, rentrer d’un pays très sûr et se retrouver plongée dans un pays en plein niveau 4, avec un degré d’angoisse latent auprès de toute la population, n’est pas des plus réjouissants. Sans compter les difficultés de transports les premiers jours.

Rester à la maison donc ? Oui, et pourtant depuis que je suis rentrée, je ne m’y suis pas sentie si bien. Cela manquait de chaleur (humaine surtout – la chaudière fonctionne très bien) et de lumière. Je devrais faire quelques achats (d’un lampadaire, pas d’un humain) mais… (voir plus haut).

Ces moments de mélancolie (plus que de déprime) sont tout relatifs et sans doute même nécessaires pour permettre un meilleur réveil (un peu comme les plantes). Depuis quelques jours, j’essaie de trouver des idées et des solutions pour me sentir mieux, je tente de changer mon état d’esprit (le rayon de soleil de ce midi a aidé !) et j’imagine des activités pour les mois qui viennent. Cela n’empêche pas que l’année prochaine, je tenterai de prendre mes vacances en décembre, je crois que ça me convient mieux !

Automne

Je n’aime pas l’automne. En fait ce n’est pas tout à fait ça. Je n’aime pas le solstice d’été. Autant le 21 décembre amène de l’espoir, autant le 21 juin me désespère. Les effets de ce solstice d’été ne sont heureusement pas immédiats: les températures clémentes y sont pour quelque chose. Mais ces jours qui se raccourcissent et qui, même s’il fait encore bon, se remarquent dès la fin du mois de juillet, je n’aime pas. J’ai besoin de lumière, je fais quelque part ce parallèle entre lumière et joie; la diminution de cette lumière signifie une diminution d’énergie. Et comme les températures vont en même temps en pente descendante, c’est encore plus difficile. Une météo sombre me déprime, mais une météo sombre en automne me déprimera plus qu’au printemps. Tout comme le froid me décourage… Et je ne parle même pas du gel où je me sens que mon corps se replie sur lui-même, se crispe de plus en plus.

Et puis, fini les sandales (mon armoire est composée pour deux-tiers de sandales contre un tiers de chaussures de mi-saison et d’hiver), fini les robes d’été en coton aux jolis imprimés, fini les jambes nues. Voici de retour les bas qui serrent (ou qui tombent), les vêtements gris et noirs, la chair de poule et l’impression de froid constante. Ces derniers jours, je n’ai pas ouvert les fenêtres chez moi pour conserver le plus longtemps possible les 25-26° de ce w-e, mais ce matin le thermostat de mon salon annonçait déjà un maigre 22°.

Je sais que c’est un cycle, que la nature doit s’endormir pour mieux se réveiller au printemps prochain. Mais cela ne me plaît pas. Les animaux qui hibernent ont tout compris ! Je me sentirais sans doute mieux dans un pays aux saisons moins marquées mais je regretterais les longues soirées d’été aux couchers de soleil tardifs. On ne peut pas tout avoir…

(Un corollaire de ce billet paraîtra peut-être dans quelques jours: que coudre pour égayer ma garde-robe d’hiver ?)