Une histoire des sexualités

Une histoire des sexualités, sous la direction de Sylvie Steinberg: j’aurais pu lire les livres de Michel Foucault sur le sujet, mais je cherchais un ouvrage plus récent, et plus résumé. Une histoire des sexualités est découpé en différentes parties, suivant l’histoire depuis l’Antiquité, écrites par divers spécialistes de la question, et dresse le portrait des sexualités au cours des âges. Cela parle de mariage, de relations hommes-femmes, mais aussi d’homosexualité et de viols, et bien plus. Entre les chapitres, le ton reste homogène malgré les auteurs différents et le texte est très abordable et aisé à lire.

J’émettrai cependant une critique: le chapitre sur l’Antiquité se clôt avec l’expansion du christianisme dans l’Empire romain, et n’aborde donc pas les nouvelles valeurs liées à cette religion, tandis que le chapitre sur le Moyen Age commence vers l’an mil, dans un monde qui a totalement été remodelé par cette religion. Il y a donc un trou de 700-800 ans dans l’histoire, une période qui est en général oubliée par de nombreux historiens, et dans ce cas-ci, c’est particulièrement dommage parce que c’est à cette époque que se créent de nouvelles manières de penser et d’agir. Une des raisons de cette absence pourrait être le manque de recherches à ce sujet…

J’ai au contraire beaucoup apprécié la partie consacrée au 20-21e siècles qui m’a permis de comprendre les différents mouvements de la révolution sexuelle, d’aborder le féminisme et les mouvements LGBTQI+ et d’en comprendre les étapes, même si le point de vue est quasi uniquement français au niveau de la législation.

Ce livre couvre plus de deux mille ans d’histoire et ne peut être qu’une évocation de l’évolution de la sexualité mais il m’a appris de nombreuses choses que je pourrai maintenant compléter par des ouvrages plus précis, selon mes intérêts du moment.

Sous les draps

Quelque réflexions supplémentaires autour de Très intime de Solange.

J’ai l’impression que les femmes qui parlent dans le livre ne sont pas représentatives des femmes en général. Est-ce à cause de ma propre sexualité ? Je ne suis pas sûre. La plupart parlent de relations très fréquentes, journalières, voire même d’un rythme de deux à trois fois par jour. Physiquement, cela doit quand même être assez irritant, non ? Et où trouvent-elles le temps ? parce qu’avec un boulot à plein temps et les tâches ménagères (et je n’ose pas imaginer avec des enfants à charge), ainsi que la fatigue qui s’y ajoute, cela ne laisse pas tant de possibilités que ça. A moins de ne pas avoir de boulot évidemment, ou de ne quasi pas dormir.

Et puis, qui sont toutes ces femmes qui ont des relations multiples ? Toutes ces relations à trois, voire plus ? Toutes ces relations entre femmes ? La plupart des personnes interrogées sont jeunes, très jeunes et sont sans doute encore dans une phase d’exploration, mais encore… est-ce si courant ? Ou est-ce moi qui suis si peu au courant / trop vieille ?

Où sont les femmes qui ont une relation stable, avec une même personne ? Où est l’amour romantique ? Où sont les femmes qui baisent peu ? Où sont les femmes qui n’ont plus envie ? Comment se passe leur vie de couple ? Ces thèmes sont très peu abordés dans le livre, parfois juste par le biais d’une baisse de libido. Qu’en est-il de ces relations que les femmes font un peu par nécessité, de peur de perdre leur amoureux, en se forçant souvent. Est-ce un type de viol à l’intérieur du couple ? Comment se passe la vie de celles qui ont tout simplement arrêté d’avoir du sexe avec une autre personne, parce qu’elles n’ont plus envie ? Parce qu’elles trouvent que c’est une perte de temps ? Parce que ce n’est pas/plus possible physiquement ? Comment se faire plaisir sans pénétration ?

La sexualité est un vaste sujet mais difficile à aborder, souvent tabou, dont on parle à voix basse, dont on ne parle pas avec des connaissances. Même avec les meilleures amies, le sujet est peu abordé, cela reste souvent de l’ordre du privé. Je me souviens d’une conversation en particulier mais pas de beaucoup d’autres. Quant à en parler avec des amis masculins… j’ai dit certaines choses à un ami, un peu pour voir sa réaction. Cela n’a pas été beaucoup plus loin qu’un peu de gêne et le passage à un autre sujet de conversation.

Ce billet pose beaucoup de questions – je m’en rends bien compte. Disons qu’il pose plutôt le cadre d’une discussion qui pourrait avoir lieu, en fonction des envies de chacun de se dévoiler – ou pas.

(à suivre, probablement, en fonction de vos réactions, publiques ou privées – vous pouvez m’envoyer un mail à misssunalee at gmail point com si vous préférez ou inventer un nouveau pseudo)

Très intime

tres intime.inddSolange, Très intime: ceci n’est pas un livre écrit pas Solange, la Québécoise à l’accent parisien connue de ses clips you tube parlant de sexe et d’autres choses (Solange te parle). Il rassemble en fait les interviews de femmes qui ont entre 18 et 46 ans et qui racontent leurs expériences sexuelles sans se voiler la face. A la base diffusées en radio, elles prennent ici la forme écrite (il y a d’ailleurs une polémique à ce sujet, mais peu importe). Le langage est souvent cru, très oral, très direct. Ces femmes répondent aux questions de Solange, questions qui n’ont pas peur d’aller plus loin dans le sujet. Elles parlent d’orgasme, de libido, du « pas envie », des relations à plusieurs, des relations entre femmes, du cunnilingus, des détails et des endroits où cela provoque du plaisir, de l’obligation, du viol. Ce dernier point est très frappant: un tiers des femmes interrogées se dit victime de rapports non désirés, de rapports qu’un homme leur a imposé et qu’elle ont subi sans leur accord. Du viol donc. Ce livre propose une image de la sexualité féminine d’aujourd’hui et pourtant je ne m’y suis pas vraiment retrouvée. Même si j’ai apprécié la lecture. (Ce billet sera très certainement suivi d’un autre, plus général, sur le sujet).

Papillons

(J’ai écrit cet article il y a quelques jours déjà, et même si mon départ en vacances est imminent, je me dis que je dois le publier avant de partir.)

Difficile de parler de choses très intimes sur un blog, surtout quand elles touchent à la sexualité. Il existe quelques blogs qui y sont consacrés et que je lis avec intérêt (tout particulièrement Les fesses de la crémière). Je vais tenter de parler de la mienne, parce que suis fort troublée par une série de choses qui sont en grande partie liées à ma rupture.

Je n’ai pas été précoce: un premier bisou et un premier petit ami à 18 ans. Quelques autres bisous par la suite mais rien de sérieux. Quelques flirts à l’université. A 21 ans, j’ai décidé que ça suffisait et que je voulais perdre ma virginité. Ce que j’ai fait avec le premier garçon plus ou moins convenable que j’ai rencontré à une soirée. Je ne me souviens pas de son nom (même si je l’ai noté dans un carnet) et cela s’est déroulé assez simplement, sans douleurs ni sang de mon côté, mais aussi sans trop de plaisir ni de déplaisir.

Je suis tombée éperdument amoureuse d’un garçon un peu plus jeune que moi, Thomas, qui était au début de ses études. Grand fan de Pearl Jam et de snowboard, il ressemblait un peu à Anthony Kiedis avec ses longs cheveux. Je l’ai ouvertement dragué et nous avons passé deux très belles nuits ensemble. Rien de plus. Il n’était pas amoureux de moi et a juste profité de l’occasion. Je ne lui en veux pas pour ça, je sens que j’ai aussi un peu profité de lui. (Pour la petite histoire, des recherches sur internet m’ont raconté qu’il est aujourd’hui enseignant en Wallonie profonde et qu’il fait partie de l’association colombophile de son village.) A cette époque, j’ai parlé de sexualité avec ma mère, en lui disant que je trouvais ça très agréable. Elle m’a durement répondu que, non, la sexualité, ce n’était pas bien, ça faisait juste mal. C’était clairement un cri du cœur de sa part mais je lui en veux de m’avoir dit ça.

Je dois avoir eu quelques flirts encore par la suite, y compris avec des relations sexuelles mais je ne me souviens pas trop (les noms sont toujours dans le même carnet que je n’ai pas ressorti pour l’occasion). J’ai commencé à travailler très vite après mes études et je me suis fait draguer par un homme plus âgé que moi. Il me plaisait bien, surtout par tout ce qu’il représentait: il organisait des concerts rock ! C’est ici que ce billet devient délicat et que je préfère ne pas tout raconter. Idem pour ma relation suivante, je dirai juste que le sexe se passait bien, surtout avec le suivant. C’était agréable et régulier, et ça me faisait du bien, dans le respect mutuel. J’ai appris à mieux connaître mon corps et à enfin apprivoiser ma sexualité.

Et puis j’ai rencontré diane (je précise, pour ceux qui ne le savent pas, que c’est un homme – c’est juste son pseudo). Étincelles, coup de foudre, papillons dans le ventre, la totale ! Les six premiers mois de notre relation ont été assez réussis au niveau sexe. Je me sentais bien et je découvrais plein de choses. Et puis, mon intérêt a diminué. Peut-être que la lune de miel était finie, peut-être que le décès de ma mère a joué (c’est le point de vue de diane). C’est même au fil du temps devenu douloureux, mais en même temps, comme ça devenait de plus en plus long et de plus en plus laborieux, normal que ça fasse mal, non ? J’ai de plus en plus eu l’impression de perdre mon temps et ça se terminait souvent en larmes à cause de mon incapacité et de mon sentiment d’échec. Je voulais vraiment faire plaisir ! J’ai vu une série de thérapeutes qui m’ont un peu ou pas du tout aidés. Tout cela a finalement mené à notre rupture. Pour diane, c’est une des raisons principales. Pas pour moi.

Le problème, c’est que ça me laisse avec énormément de questions. Je ne ressens plus jamais de papillons dans le ventre, même quand je suis attirée par un bel acteur ou chanteur (avant, cela fonctionnait sans problème). Je me demande si je ressentirai encore cette excitation, si je ressentirai encore une attraction sexuelle pour quelqu’un. Je sais que c’est une des raisons pour lesquelles mes quelques rendez-vous avec des hommes l’été passé n’ont pas abouti. Quand j’ai vu le grand lit qui prenait toute la place dans l’appartement d’un de ceux-ci, j’ai pris peur. Je ne veux pas décevoir mon partenaire et je sais que le sexe est important pour la plupart. Coyote m’assure que tout ça va revenir, que j’ai été blessée et qu’il me faut du temps. Mais si ce n’est pas le cas ? Trouver un homme a toujours été compliqué pour moi, mais en trouver un qui respecte mon désintérêt sexuel ? Pas que je prône l’abstinence totale. Une fois de temps en temps, et pas trop longtemps, ça me convient, mais ce n’est pas l’essentiel dans ma vie. Bref, je ne sais pas trop ce que l’avenir m’apportera à ce niveau-là… Je me pose beaucoup de questions.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout, et merci de vos commentaires, si vous avez envie d’en écrire. Cela n’a pas été un billet facile à écrire mais cela m’a fait du bien.

Sense and sensibility

Parlons de choses intimes… parlons de sexualité, de massage tantrique. Il y a un an déjà, diane m’avait proposé de l’accompagner à une séance de massage qui nous permettrait d’éveiller nos sens et notre sexualité mais j’étais réticente au premier abord, le nom de « massage tantrique » ne me disant rien de très positif. Le projet a été un peu oublié, les semaines se suivant, toujours bien remplies de diverses activités. Etant tous les deux libres cette semaine, diane m’en a reparlé. Entretemps, je m’étais un peu habituée à l’idée mais j’étais toujours un peu anxieuse. Comme je n’écris pas un article sponsorisé, je ne donnerai pas le nom de l’endroit où nous avons été (ou alors par mail), mais c’est un endroit « sérieux » qui propose à côté de massages « ludiques » une aide thérapeutique avec sexologues et psychologues. J’ai vu entretemps que le Serendip Spa offre également des massages plus tournés sur la sexualité et je pense qu’ils partent d’un même principe.

Rendez-vous était donc pris pour ce jeudi après-midi. Dès que nous sommes arrivés dans la grande maison de maître, nous avons été accueillis par notre masseuse qui a nous a introduit dans une pièce bien chauffée, à l’ambiance orientale et illuminée de bougies et quelques lampes tamisées. Nous avons d’abord discuté un peu, elle a expliqué ce qu’était le massage tantrique, diane demandant une approche didactique. Après une douche, je me suis allongée sur le ventre et la masseuse a commencé à me frôler de ses doigts sur tous le corps pour éveiller mes sens, montrant toujours à diane comment faire et comment prendre le relais. J’ai donc eu droit à un massage à quatre mains. Petit à petit, la pression des mains s’est faite plus forte, puis elle a été accompagnée d’huile chaude. Au fur et à mesure, je sentais l’énergie passer à travers les mains de diane, me réchauffant, me relaxant, sans qu’il n’y ait la moindre idée sexuelle au départ. Quand je me suis retournée, le massage a continué sur le devant de mon corps, des orteils au bout des pouces, avec les mains, mais de plus en plus avec le corps entier de la personne qui me massait, me provoquant des frissons de plaisir.

C’est un massage très sensuel, extrêmement doux, dans lequel chacun doit prendre son temps pour explorer les moindres sensations et qui devrait nous aider à mieux vivre nos relations intimes… Douceur, calme et volupté…