At the movies – 45 (1930s)

Cary Grant, Baby et Katherine Hepburn

Angels with Dirty Faces (Michael Curtiz, 1938) – 3/5: Rocky Sullivan (James Cagney) est un gangster. Il a grandi dans le quartier de Hell’s Kitchen à New York et est resté ami avec Jerry Connolly (Pat O’Brien) qui est devenu prêtre. Si le premier continue ses louches activités, le second tente de le ramener sur le droit chemin, ou du moins il essaie de diminuer son influence sur les jeunes qui sont attirés par le personnage du gangster. C’est un bon film de gangsters, avec aussi Humphrey Bogart en second rôle, mais je coince sur James Cagney et sur les Dead End Kids qui jouent les ados influençables (ils surjouent beaucoup trop).

Bringing up Baby (Howard Hawks, 1938) – 3/5: considéré comme la meilleure screwball comedy du moment, ce film présente Cary Grant et Katharine Hepburn dans un déferlement de dialogues et de quiproquos, avec comme personnages secondaires un léopard (Baby) et le chien George (le célèbre Skippy) qui a volé le si précieux os de brontosaure de Cary Grant (qui est paléontologue dans le film). C’était trop chaotique pour moi, j’ai préféré d’autres screwball comedies comme The Awful Truth ou Nothing Sacred, mais il est évident qu’il y a une alchimie entre les deux acteurs. Et puis voir Cary Grant en peignoir vaporeux de femme, ça n’a pas de prix (avec une mention de « gay »).

Four Daughters (Michael Curtiz, 1938) – 1/5: quatre sœurs musiciennes vivent avec leur père et leur tante Etta. Elles cherchent toutes un mari. J’ai arrêté après une demi heure pour cause de niaiserie, mais apparemment, d’après le résumé, l’histoire tourne au tragique (enfin au gentil tragique où tout finit bien). Le film a eu beaucoup de succès à l’époque… mais rien à voir avec le Michael Curtiz d’Angels with Dirty Faces.

You Can’t Take It with You (Frank Capra, 1938) – 2/5: Alice (Jean Arthur), secrétaire, tombe amoureuse de son jeune patron, Tony (James Stewart). Son père (Edward Arnold) est un homme d’affaire un peu rapace, le total opposé du milieu bohème et excentrique dans lequel vit Alice, dont le grand-père (Lionel Barrymore) est un sacré personnage. Cette rencontre entre les deux familles ne peut que faire des étincelles. Cela n’a pas eu cet effet sur moi malheureusement, et je me suis bien ennuyée, d’autant plus que le film est long et ne varie pas trop les décors.

Alexander’s Ragtime Band (Henry King, 1938) – 2/5: Alexander (Tyrone Power) est violoniste classique et voit une carrière toute tracée devant lui. Sauf qu’il se lance dans un groupe de jazz, et rencontre la chanteuse Stella Kirby (Alice Faye), dont il tombe amoureux. Le film suit le groupe, ses premiers succès, la Première Guerre mondiale, et le retour sur scène, avec une succession de déceptions amoureuses qui malgré tout finissent bien (ce n’est pas un spoiler, tous les films de l’époque finissent bien). Par contre pour arriver à cette fin, ça met du temps et le scénario ne suit pas. C’est plus un film musical mettant en avant les compositions d’Irving Berlin, intéressantes, mais ça ne suffit pas. Beaucoup d’ennui donc.

Quai des brumes (Marcel Carné, France, 1938) – 4/5: Jean (Jean Gabin), un militaire des colonies qui a déserté, arrive au Havre. Il passe la soirée au Panama, un bar de bord de quai un peu isolé et y rencontre Nelly (Michèle Morgan). Il est attiré par elle, elle est terrorisée par son tuteur, Zabel (Michel Simon) qui a probablement tué son amant. Zabel est aussi poursuivi par les petits gangsters locaux. Un film sombre, tout en ambiances, triste et mélancolique, mais surtout très beau. A noter: le port, le chien, la foire et ses autos tamponneuses et toujours cette nécessité d’avoir des sous-titres pour une partie des dialogues.

The Citadel (King Vidor, Royaume-Uni, 1938) – 3/5: Andrew Manson (Robert Donat) est un jeune médecin idéaliste qui n’a pas peur d’exercer son métier dans des endroits compliqués: un village ouvrier atteint par des épidémies de typhus, une petite ville minière où les ouvriers sont malades, puis il part à Londres avec son épouse (Rosalind Russell) mais se laisse entraîner par la richesse et perd son objectif premier de vue. Ce n’est pas un mauvais film, ce n’est pas non plus un bon film, mais je ne me suis pas ennuyée, sauf un peu pendant la seconde partie. Les accents gallois sont intéressants, la haute société londonienne beaucoup moins.

At the movies – 31 (1930s)

Gary Cooper et Richard Cromwell dans The Lives of a Bengal Lancer (wikicommons)

Toni, Jean Renoir (France, 1935) – 4/5: des immigrés italiens arrivent dans un village de Provence pour travailler dans les champs ou dans la carrière. Toni s’installe chez Marie, qu’il épousera par la suite, alors qu’il est amoureux de Josépha, une belle Espagnole qui est forcée d’épouser Albert, un Français. C’est un film extrêmement réaliste, tourné dans la nature, en extérieurs, avec beaucoup d’acteurs non-professionnels. Il a été une influence pour le néoréalisme italien et on voit clairement la filiation. J’ai aimé ce côté brut, vrai, sans artifices. Et j’ai apprécié que la version dvd propose des sous-titres destinés aux malentendants mais bien utiles pour tout le monde avec les accents du sud et la qualité sonore parfois inférieure. A noter: le train au début et à la fin, le chaton noir.

The Lives of a Bengal Lancer, Henry Hathaway (1935) – 3/5: un classique film sur l’armée, similaire à un western mais se passant dans l’Inde coloniale, dans les zones frontalières et tribales du nord. Avec Cary Grant en personnage principal. Le film a entièrement été tourné en Californie avec des Indiens Paiute comme figurants indiens. Cela dégouline de patriotisme et c’est un ode à l’impérialisme anglais, c’est aussi un film d’hommes (la seule femme est une intrigante) mais malgré ça, je ne me suis pas trop ennuyée. C’est juste dommage qu’il y ait une heure dix avec beaucoup de dialogues et que l’action soit concentrée sur la dernière demi-heure. Le score est classique, avec des tendances orientalisantes, voire même exotica (les danses indiennes sont sur de la musique occidentale). Avec un train, un caméo du Taj Mahal (qui n’a rien à faire là), et un chaton.

Fantôme à vendre / The Ghost Goes West, René Clair (Royaume-Uni, 1935) – 2/5: une histoire de fantôme dans un château écossais, château qui sera acheté par des Américains et transplanté en Floride. Je ne sais pas trop quoi dire de ce film qui appartient à la période anglaise de René Clair, je me suis ennuyée et je n’ai pas été très attentive. Avec Robert Donat et Jean Parker. A noter: la maquette du paquebot dans un bassin d’eau (apparemment c’est une copie miniature du Normandie)

A Midsummer Night’s Dream, Max Reinhardt & William Dieterle (1935) – 2/5: une adaptation de la pièce de Shakespeare avec de beaux décors et une belle palette d’acteurs (de James Cagney à Olivia de Havilland), ainsi que du ballet et la musique de Mendelssohn retravaillée par Erich Wolfgang Korngold, et des passages comédie musicale. Cela fait un peu beaucoup, et le film dure plus de 2h20. J’ai abandonné à la moitié, après deux essais. Mais en fait c’est le personnage de Puck qui m’a fait le plus souffrir: c’est un jeune Mickey Rooney qui le joue, enfin qui le surjoue comme un gamin hyperactif qui tape sur les nerfs dès qu’il bouge et ouvre la bouche.

A Tale of Two Cities, Jack Conway (1935) – 2/5: une adaptation d’un roman de Charles Dickens et la Révolution Française ? ce film avait tout pour me plaire (non, donc). J’ai un peu souffert, je me suis beaucoup ennuyée, mais la dernière demi-heure devient intéressante. L’histoire: un aristocrate change de nom (il devient Charles Darnay) et fuit à Londres. Lors du voyage il rencontre Lucie dont il tombe amoureux. Mais un autre homme, Sydney, est également amoureux d’elle. Et puis il y a la Révolution Française et Charles est attiré en France pour sauver un ami. C’est là que l’histoire tourne mal. J’ai eu l’impression que certaines scènes étaient copiées-collées de The Scarlet Pimpernel mais je n’ai pas trouvé confirmation (je n’ai trouvé que des articles comparant les deux romans et je n’ai pas cherché plus loin).

David Copperfield, George Cukor (1935) – 2/5: encore une adaptation de Dickens – au moins j’aurai fait du rattrapage. David est un enfant heureux, jusqu’à ce que sa mère meure après avoir épousé en secondes noces un homme horrible qui envoie le petit garçon travailler à Londres. Son nouveau patron a des soucis d’argent et le renvoie (mais il en est désolé) et l’enfant tente de rejoindre Douvres pour aller chez sa tante qui s’occupera de lui. Il grandit, et de nombreux malheurs lui arrivent encore, l’histoire passant d’une péripétie à une autre. Dans ces vieux films, le pathos est extrême, et cela m’ennuie, m’énerve même. Les gens bons sont très bons et les mauvais très mauvais, caricaturaux même. On m’a demandé pourquoi je m’imposais ça ? Je crois que j’ai vraiment envie de savoir comment étaient ces films, et comme je le disais au départ, je ne connaissais pas l’histoire de David Copperfield. Et je sais qu’il y a des perles cachées dans la forêt de films datés (et ce ne souvent pas ceux que j’imaginais).

Ici s’arrête ma liste de films de 1935, la fin a été un peu pénible avec des films qui ne m’ont pas vraiment plu. J’espérais voir encore un dernier, Naughty Marietta, mais je n’ai jamais réussi à l’obtenir. Un mois plus tard, je commence donc l’année 1936.

The Petrified Forest, Archie Mayo (1936) – 3/5: Leslie Howard et Bettie Davis sont les acteurs principaux de ce film qui se passe quelque part dans une station-service / restaurant perdu dans le désert d’Arizona. Ils sont attirés l’un par l’autre, et puis arrive un gangster, le jeune Humphrey Bogart qui les prend en otage, ainsi que d’autres personnes présentes. J’ai été assez prise par l’histoire mais j’ai regretté le côté statique – c’est en effet une adaptation d’une pièce de théâtre, ce qui m’empêche de mettre un 4. Et je me rends compte que j’aime vraiment bien Leslie Howard.

At the movies – 30 (1930s)

Clark Gable dans Mutiny on the Bounty (domaine public)

The 39 Steps, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1935) – 4/5: une histoire d’espionnage, et d’un homme (Robert Donat) qui s’y trouve mêlé par hasard, avec beaucoup d’action et de revirements de situations, et une blonde hitchcockienne (Madeleine Carroll). Filmé dans les rues de Londres mais aussi en Ecosse. J’ai été scotchée du début jusqu’à la fin (même le dénouement est un peu précipité, à une minute de la fin du film – une constante dans les films anciens).

Captain Blood, Michael Curtiz (1935) – 3/5: un film de cape et d’épée, avec des pirates et des batailles navales – tout ce qu’il faut pour ne pas s’ennuyer. Errol Flynn prend le rôle du Capitaine Blood, médecin anglais envoyé comme esclave en Jamaïque. Il devient pirate et capitaine d’un navire. Il avait été acheté par Arabella Bishop, jouée par Olivia de Havilland, et évidemment, ils sont attirés l’un par l’autre. Les deux acteurs sont ici réunis pour la première fois et sont au tout début de leur carrière. Le film mélange scènes d’action (certaines viennent d’un film muet de 1924, The Sea Hawk) et romantisme dégoulinant, le tout appuyé par le score d’Erich Wolfgang Korngold. Certaines scènes sont totalement invraisemblables (Blood attaque deux bateaux, mais commence par celui à sa droite. Celui de gauche attend sagement sans rien faire) et la robe en satin d’Arabella sort de toutes les scènes d’action sans une poussière ou un pli. Ce film m’a beaucoup fait penser à la série Black Sails.

Ruggles of Red Gap, Leo McCarey (1935) – 2/5: Marmaduke Ruggles est le valet et majordome du comte de Burnstead, mais ce dernier le perd au jeu à Paris et il doit rejoindre le couple américain Egbert et Effie Floud qui l’emmènent à Red Gap, dans l’Ouest lointain des Etats-Unis. C’est un film qui met en avant le contraste entre la rigidité toute anglaise et le caractère totalement décomplexé des Américains, avec une bonne dose de patriotisme étatsuniens (Ruggles récite un long discours de Lincoln sur le fait que les hommes sont égaux). Ce n’est pas le film le plus passionnant du monde et il est très cliché. A noter: des vues de Paris, un train, le restaurant chinois est un restaurant de chop suey, une cage à oiseau (on ne voit pas s’il y a un canari dedans).

Top Hat, Mark Sandrich (1935) – 3/5: un autre film du duo Fred Astaire – Ginger Rogers, sur un scénario proche de The Gay Divorcee, basé sur un quiproquo (chose que mon esprit très rationnel a du mal à accepter sur la longue durée). Les morceaux de danse sont superbes (mais il n’y en a pas tant que ça), avec notamment la chanson « Cheek to Cheek », pendant laquelle Rogers porte une robe à plumes d’autruche qui virevoltent (on voit les traces sur le sol). Les décors sont exagérés et clairement en carton-pâte, représentant d’abord un hôtel de luxe à Londres, puis le Lido à Venise, avec son hôtel art déco. Je ne me suis pas ennuyée mais ce genre de film est très cliché, et l’histoire n’est qu’un prétexte pour les morceaux dansés. A noter: un des personnages commande un Horse’s Neck, un cocktail à base de whisky et ginger ale.

Mutiny on the Bounty, Frank Lloyd (1935) – 3/5: un film historique qui prend de grandes libertés avec l’histoire (le capitaine Bligh était sévère mais apparemment pas aussi extrême) mais qui est très divertissant. Charles Laughton (Bligh) ressentait une certaine infériorité par rapport à son physique face à Clark Gable (sans moustache parce que c’était interdit dans la marine anglaise de l’époque), et en effet, le contraste est vraiment énorme. Une des jeunes filles tahitiennes est en fait mexicaine, mais l’autre est hawaïenne – on se rapproche donc. Les scènes de mer sont spectaculaires et le film a en partie été tourné à Tahiti et en Polynésie Française. J’ai hésité à monter ma note à 4 mais le côté cliché des bons et du mauvais est un peu trop énorme – cela reste malgré tout un bon film pour l’époque (apparemment pour la réalité historique, il faut se tourner vers The Bounty de 1984 avec Mel Gibson et Anthony Hopkins).

The Informer, John Ford (1935) – 4/5: a priori un film se passant en Irlande, ça ne m’intéresse pas trop (je ne sais pas trop pourquoi le sujet ne me passionne pas), mais ici, on sent la patte de John Ford (d’origine irlandaise). Le personnage principal, Gypo (Victor McLaglen) est d’une pauvreté extrême. Pour réaliser ses rêves et celui de sa jeune amie, il dénonce son ami recherché pour meurtre à la police anglaise, le tout pour 20£, qu’il dépense ensuite sans compter alors qu’il est en plein déni de ce qu’il a fait. Toute l’action se déroule en quelques heures, la nuit, dans des décors sales et sombres. Il y a de nombreuses références au cinéma muet et aux films de l’expressionnisme allemand (comme M le maudit). Max Steiner a composé une bande-son qui suit l’action au plus près (un exemple type de mickeymousing).

The Devil is a Woman (Joseph von Sternberg, 1935) – 3/5: dernière collaboration entre Josef von Sternberg et Marlene Dietrich, (leur relation était devenue trop compliquée), cette espagnolerie (comme une chinoiserie mais en Espagne) est confuse au niveau de l’histoire. Je n’ai pas aimé le portrait qu’on fait de cette femme manipulatrice et profiteuse alors que les hommes sont montrés comme des victimes (sauf cette détestable scène où un homme bat la femme jouée par Dietrich – hors plan, mais quand même). Par contre, la lumière, le jeu du clair-obscur est magnifique et les plans très travaillés. A noter: les fêtes du Carnaval et les gens masqués, un train, les costumes hispanisants très inventifs (la cape à mini pompons !).