Brain on fire

Susannah Cahalan, Brain on fire: my month of madness: Susannah Cahalan, 24 ans, journaliste new-yorkaise, se réveille un jour attachée dans un lit d’hôpital. Elle ne se souvient de rien. Comment est-elle arrivée là, que se passe-t-il avec elle ? Elle tentera par la suite de reconstituer les divers épisodes qui l’ont menée là, et comment, grâce au travail minutieux et à la curiosité d’un médecin, elle sera soignée. Parce qu’elle n’est pas devenue folle comme le pensaient certains, elle a vraiment été touchée par une maladie.

Ce récit est passionnant et se lit comme un thriller mais il est en même temps angoissant quand on imagine combien de personnes ne sont jamais correctement diagnostiquées. Si le livre existe, c’est parce que l’histoire de Cahalan se termine bien et qu’elle a pu la raconter, et juste cela a déjà aidé d’autres personnes. Je ne sais pas trop que dire de plus, à part que si ce genre d’histoire vous intéresse, vous aimerez ce livre que vous lirez en un week-end comme moi.

Inheritance

Dani Shapiro, Inheritance: a memoir of genealogy, paternity, and love: auteur de nombreux romans (je n’en ai lu aucun), Dani Shapiro découvre un jour par un test d’ADN qu’elle n’est pas la fille de son père. Elle part à la recherche de son géniteur biologique et raconte toute son épopée. Elle relate aussi ses sentiments, son impression de ne plus être la même personne, ses doutes… J’avoue que c’est le sujet qui m’a attirée, je suis passionnée depuis longtemps par la généalogie, mais cette autobiographie m’a un peu laissée sur ma faim. Dani Shapiro décrit bien son état d’esprit mais toute sa recherche me semble bien facile (elle a eu beaucoup de chance, ce qu’on ne peut pas lui reprocher évidemment). J’attendais sans doute plus une histoire de famille sur plusieurs générations, avec un ancêtre qui aurait dévié de la voie tracée pour lui… Une petite déception liée à des attentes probablement trop importantes.

The nasty bits

Anthony Bourdain, The Nasty Bits: Collected Varietal Cuts, Usable Trim, Scraps, and Bones: dans ce recueil, Anthony Bourdain rassemble des textes et articles écrits pour différentes revues et y ajoute quelques inédits. Cela parle de cuisine, de la vie des restaurants, de la production et du tournage de ses émissions, de voyages, de souvenirs mais tout cela reste fort éclaté. J’y ai retrouvé le style de Bourdain, passionné et cru, brutal parfois mais il m’est difficile d’écrire un long texte, sans doute aussi parce que ma lecture s’est étalée sur plusieurs mois. Donc, en quelques mots: intéressant mais je ne le conseille pas comme première lecture.

Funérailles célestes

Xinran, Funérailles célestes: Xinran relate l’histoire de Wen, une femme chinoise à l’apparence très tibétaine qu’elle a rencontré en rue, à Suzhou, et qui, en l’espace de deux jours, lui a raconté sa vie. En 1956, Wen épouse Kejun, un jeune étudiant en médecine comme elle, mais très vite, il doit partir avec l’armée communiste dans les régions reculées du Tibet où il disparaît. Wen part à sa recherche, persuadée qu’il est encore vivant. Elle se perd dans le monde froid et aride des hauts plateaux tibétains mais est recueillie par une famille locale avec qui elle vivra pendant trente ans, ne se rendant pas compte des années qui passent et des changements qui secouent la Chine. Elle devient une femme différente…

Ce récit dévoile une page moins connue de l’histoire de la Chine et de son implication au Tibet, et décrit une vie très différente, celles des nomades des hauts-plateaux. Et contrairement à Baguettes chinoises, Xinran n’utilise pas la forme romanesque, racontant juste ce dont Wen lui a parlé lors d’une longue interview. Et j’ai trouvé cela bien plus intéressant à lire.

Un automne à Kyôto

51an2yoe8ul-_sx291_bo1204203200_Corinne Atlan, Un automne à Kyôto: Corinne Atlan est la traductrice française de nombreux auteurs japonais, notamment d’Haruki Murakami mais elle écrit aussi des romans ou des récits. Elle raconte ici un automne à Kyôto, ses impressions, ses déambulations dans la ville, dans les petites rues calmes et dans les temples peu visités. Elle décrit la nature qui change progressivement, des chaleurs de septembre aux premiers frimas de décembre. Elle parle de l’histoire de la ville et du trop grand nombre de touristes qui la visitent aujourd’hui mais aussi des lieux qui sont oubliés par ceux-ci. J’ai beaucoup aimé cette lecture qui est un avant-goût des deux jours et demi que j’y passerai bientôt. Corinne Atlan m’a donné envie de me promener dans la ville en m’attachant aux petits détails et aux couleurs changeantes de la nature. Et même sans traverser la moitié de la planète pour y aller, c’est un lire à lire au coin du feu, en regardant les feuilles tomber.

Passagère du silence

Fabienne Verdier, Passagère du silence: reçu de Kleo lors d’une ronde des poches (une ancienne, pas l’actuelle – Kleo et moi, nous ne nous connaissions pas encore mais elle a visé très juste), ce livre a traîné longtemps sur ma PAL parce que je soupçonnais l’avoir déjà lu (c’était le cas, mais peu importe, je l’ai relu avec beaucoup de plaisir). La jeune Fabienne Verdier part au début des années 1980 en Chine, au Sichuan pour étudier les beaux-arts chinois. Elle se retrouve dans une école artistique régie par le parti, où on enseigne l’art académique. Ce n’est pas cela qu’elle recherche… Au fil des rencontres, elle fait connaissance de vieux maîtres en calligraphie et c’est ainsi que commence un enseignement qui va durer dix ans. Les conditions sont rudimentaires à l’école, entre la crasse, la promiscuité, les maladies et la surveillance constante du parti mais Fabienne survit à tout cela, par amour pour l’art ancien, un art qui a été oublié et dénigré par la Révolution Culturelle et qui dans les années 1980 n’avait pas encore été complètement réhabilité. Elle apprend la patience, dessinant pendant plusieurs mois de suite uniquement des traits horizontaux et verticaux, elle découvre en même temps tout un monde fort différent du sien. Elle participe aux voyages auprès des minorités ethniques du Sichuan au Tibet, souvent cachée, car comme Occidentale, elle n’a pas le droit d’y aller. Le récit est souvent très dur, les conditions étant vraiment difficiles et la Chine de l’époque très peu respectueuse du passé, mais on apprend à connaître une femme et sa détermination extrême. En lisant cette autobiographie, j’ai souvent pensé à Peter Hessler qui raconte sa vie pendant deux ans à Fuling, à peine plus loin que Chongqing où se trouvait Fabienne Verdier mais une décennie plus tard. C’est un monde déjà fort différent qu’il décrit, un peu plus ouvert. On ne ressent pas autant chez lui le poids du Parti Communiste même s’il est toujours bien présent, ni les conditions de vie aussi précaires. Je conseille ce livre de Fabienne Verdier à toute personne intéressée par la Chine, par son histoire et par son art mais aussi à un public plus large.

Everything is broken

51iDZ15HRZL_SY344_BO1204203200_Emma Larkin, Everything is broken. Life inside Burma (ou No bad news for the king: The true story of Cyclone Nargis and his aftermath in Burma – je suis quasi certaine que c’est le même livre): en voyage, il m’arrive souvent d’avoir envie de lire un livre particulier, et c’est d’autant plus frustrant quand je ne l’ai pas avec moi. C’était le cas de ce livre. Emma Larkin, dont j’avais déjà lu Finding George Orwell in Burma, a écrit cet essai après la passage du cyclone Nargis en mai 2008. A l’annonce de celui-ci, la dictature militaire n’a pas pris la peine de prévenir les populations du delta de l’Irrawaddy. Des vents et des pluies violentes, des inondations catastrophiques déferlent sur la région et tuent presque tout au passage (l’estimation est porté à 200.000 morts et disparus). Il y a des survivants mais le gouvernement ne fait rien. Il n’apporte pas d’aide et refuse celle qui est proposée par les nations étrangères, ayant peur que celles-ci envahissent le pays par la même occasion. Ce sont les habitants de Yangon ou d’ailleurs qui tenteront d’organiser les premiers secours. Emma Larkin réussit à obtenir un visa touristique peu après le passage du cyclone et raconte ce qui s’y passe, ou du moins tente de glaner des informations. C’est cela qu’elle raconte dans ce livre. Ainsi que sa visite ultérieure pendant laquelle elle peut enfin parcourir les régions touchées. Ce qu’elle écrit n’est pas en faveur du gouvernement qui a d’ailleurs été fortement critiqué par la communauté internationale suite à son refus de l’aide humanitaire. Ce livre est un document dur mais nécessaire si on veut connaître un peu mieux la Birmanie actuelle.

Book_RATING-40

Il coche les cases suivantes du 2015 Reading Challenge: A book by a female author, A book set in a different country, A nonfiction book, A book that made you cry, A banned book (en Birmanie en tous cas !)

Country driving. A Chinese road trip

Peter Hessler, Country driving. A Chinese road trip: après avoir vécu pendant cinq ans en Chine et après avoir appris la langue, Peter Hessler, un journaliste, obtient son permis de conduire chinois (après avoir répondu aux questions quelque peu fantaisistes de l’examen théorique). Ceci lui permettra de voyager dans le pays comme aucun autre auteur n’a pu le faire avant. Son récit est divisé en trois parties. Dans la première, il part en voyage solo avec une 4×4 de location et de fabrication chinoise (pas de la meilleure qualité donc) pour longer la Grande Muraille. Il se retrouve projeté dans une Chine agraire, fort reculée, loin de la modernité, même si celle-ci pointe son nez à certains moments. La seconde partie est consacrée à ses nombreux séjours dans un village perdu au nord de Beijing, tout près de la muraille à nouveau. Il évoque l’évolution du hameau et suit une famille en particulier, famille dont il devient très proche. Il raconte les efforts du père pour sortir de sa situation de petit fermier et devenir businessman en ouvrant un restaurant et une guesthouse pour accueillir le tourisme local naissant. Avec la troisième partie, nous sommes plongés complètement dans une Chine industrielle: l’auteur suit pendant un an l’implantation d’une usine d’accessoires de soutiens-gorges (qui produit juste les petits anneaux pour tenir les bretelles) dans une région au sud de Shanghai. Ce qui rend le livre intéressant, ce sont les rencontres, le côté personnel et les détails de la vie quotidienne, le tout mélangé à une bonne dose d’humour. Un livre utile et agréable pour mieux connaître ce grand pays de l’intérieur.

Kitchen confidential

Quand je suis tombée par hasard sur Kitchen confidential d’Anthony Bourdain chez Cook ‘n’ Book, je me suis rappelée que je voulais le lire depuis très longtemps ! Le livre a fait scandale au moment de sa sortie en 2000, levant le voile sur l’organisation des cuisines dans les grands restaurants aux Etats-Unis. Parce qu’il faut bien le préciser, c’est une vision toute particulière, basée sur sa propre expérience, que nous montre Anthony Bourdain, alors chef au restaurant-brasserie à la française Les Halles. Il raconte comment, enfant, la nourriture ne l’intéressait pas, jusqu’au jour où ses parents l’ont laissé lui et son frère dans la voiture pendant qu’ils mangeaient dans un restaurant 3 étoiles en France. A partir de là, son petit jeu était de goûter à tout, de préférences au pire (d’un point de vue américain en tous cas: des fromages puants, des huîtres..). D’abord plongeur, il décide que la cuisine sera sa vie et suit une formation dans une des grandes écoles newyorkaises. Description ensuite des cuisines des grands restaurants, de l’organisation toute militaire mais aussi des personnes complètement à l’ouest et droguées qui y travaillent. Et c’est cette partie-là qui a pu choquer mais qui est aussi passionnante ! Bref, un livre que j’ai dévoré, achetant de suite les récits culinaires de Bourdain de par le monde mais aussi la suite de Kitchen confidential, où apparemment, il modère un peu son propos, parlant d’une situation qui a évolué. Rendez-vous bientôt pour la suite !