Méfiez-vous des femmes qui marchent

Annabel Abbs, Méfiez-vous des femmes qui marchent: à vrai dire, j’ai écrit texte bien plus long sur ce livre pour mon boulot (ceux qui savent où je travaille le trouveront facilement, pour les autres, je peux vous envoyer le lien sur demande), vous trouverez donc ici une version courte et beaucoup moins structurée. Un avertissement: ne vous fiez pas au titre qui d’une horreur absolue (probablement le choix d’un éditeur mâle) et qui n’a rien à voir avec le joli titre en version originale: Windswept: Walking the Paths of Trailblaizing Women. Je l’ai acheté en français à cause de cette idée d’en faire un article pour le boulot – a priori je l’aurais acheté en anglais (mais rien à redire sur l’excellente traduction de Béatrice Vierne). Annabel Abbs mêle un récit personnel et l’expérience de six femmes (artistes) qui ont parcouru les sentiers, de Nan Shepherd à Simone de Beauvoir, de Gwen John à Georgia O’Keeffe. Suite à un accident qui l’empêche de marcher, Abbs commence une réflexion sur les récits des marcheurs et marcheuses et se rend compte que ce sont ceux des hommes qui sont toujours mis en avant. Après sa convalescence, elle a trouvé des récits de femmes et décide de marcher dans leur pas, en Angleterre, en Ecosse, au Pays de Galles, en France et même aux Etats-Unis. Elle raconte leur histoire et décrit ses propres expériences, tout en insérant de temps en temps les résultats d’une étude scientifique.

C’est passionnant du début jusqu’à la fin et j’ai dévoré ce livre en quelques jours. Je voulais au départ le compléter avec la lecture de Wanderers de Kerri Andrews, qui aborde le même sujet, et qui est même plus large au niveau du temps, avec des femmes du 18e siècle et des femmes qui ont marché récemment (Cheryl Strayed), mais le livre m’est tombé des mains. Trop d’extraits, un ton trop académique, et bien qu’Andrews insère aussi ses expériences personnelles, elles sont trop limitées, reléguées à la fin des chapitres et non entrelacées avec la vie des femmes comme dans le livre d’Annabel Abbs.

Pour une fois, j’ai mis de plein de post-it dans le livre, et du coup, voici une citation qui m’a beaucoup parlée:

« Pendant des années, je me suis sentie moi aussi en proie à cette crainte d’être seule et isolée. J’étais si fermement décidée à éviter d’être seule que je ne supportais plus la solitude. En outre, cette crainte me poussait, insidieusement, à faire des choix que je n’aurais peut-être pas faits. Elle pesait sur moi, me comprimait, tout à fait une camisole de force. »

Short diary of the week (281)

Lundi: il fait venteux, et c’est parti pour une randonnée, un bain chaud pour me détendre, m’endormir devant un documentaire sur l’histoire chinoise

Mardi: une longue nuit, un départ, une belle vue, mais pas d’internet sur l’ordi, une promenade en ville, un repas très moyen

Mercredi: un trajet en bus assez vertigineux, être subjuguée par un jardin, surmonter ma peur des téléphériques, steak frites ! (et salade)

Jeudi: des nuages, une belle promenade en ville, un fort, si on va tout droit vers le sud la première terre qu’on rencontre est probablement l’Antarctique, des maisons anciennes, le retour miraculeux de l’internet sur l’ordi

Vendredi: une promenade le long de la mer, de la lecture, abandonner un livre parce qu’il ne correspond pas à mes attentes, une longue attente alors que j’ai faim

Samedi: profiter de la chaleur et du soleil, observer les avions atterrir et décoller Madère est le premier aéroport que je visite où on peut sortir à l’air libre, à l’aéroport de Zaventem tous les avions Brussels Airlines sont bien rangés, rentrer à la maison

Dimanche: réveillée tôt mais avec plein d’entrain pour la belle journée qui s’annonce, vider ma valise et ranger mes affaires, préparer les semis de piments – 12 variétés cette année, aller récupérer le courrier chez mes voisins et prendre l’apéro, profiter du jardin et couper toutes les plantes mortes de la saison passée, rentrer quand j’ai mal au dos, lire un peu, cuisiner, tenter de rattraper Masterchef, Call the midwife

So typical !

J’ai l’art dans ma vie de combiner une excellente organisation à l’avance et les choses de dernière minute, de celles où la deadline m’oblige à agir.

Un exemple typique:

En réservant mon voyage au Japon début juin, j’ai décidé de randonner deux jours, accompagnée par un guide local. Malgré ma collection immense de chaussures, je n’avais plus de paire appropriée à la marche en terrain plus difficile. Mes Pataugas, achetées pour crapahuter dans les ruines d’Angkor, ont mal vieilli et me font désormais mal aux pieds, créant des ampoules sur le côté du pied là où se situe un malencontreux rivet. Et puis elles ne sont pas imperméables. Bref, il me fallait investir dans de vraies chaussures de randonnée, ce que j’ai fait à la mi-juin, me disant que j’aurais tout le temps de les tester cet été et cet automne.

Sauf qu’il a fait chaud, et puis il a plu, et puis j’ai été fort occupée, et puis je n’avais pas envie de me promener seule, et puis… [insérer ici toutes les raisons possibles et inimaginables, surtout les plus tirées par les cheveux]. Je ne les ai donc pas testées jusqu’à ce weekend où je les ai mises…. pour faire du jardinage !

Heureusement tout va bien. Je sens une gêne minime (infinitésimale même) d’un côté mais une chaussette plus épaisse et un peu de crème anti-frottements devraient remédier à cela.

Mais quand même. Je m’en veux un peu !

Est-ce que ce genre de situation vous arrive aussi ?

A walk in the woods

51mjdn2btqrlBill Bryson, A walk in the woods: grand voyageur, Bill Bryson décide cette fois-ci de rester dans son pays d’adoption, les Etats-Unis et de parcourir l’Appalachian Trail qui suit les montagnes de la côte ouest du pays. Sauf qu’il a une peur bleue des ours et craint en rencontrer sur son parcours. Il ne part pas seul, son vieil ami Katz l’accompagne. Je n’avais pas trop aimé un autre récit de Bryson et j’avais donc laissé de côté ses livres depuis un long moment. J’ai failli abandonner: les premières pages décrivent son compagnon de voyage d’une manière très dénigrante. Puis, le ton change. Ce ne sont plus vraiment les expériences personnelles des deux marcheurs qui sont au centre du récit mais l’histoire du chemin de randonnée et son milieu naturel, attaqué de tous côtés par des problèmes environnementaux. Au cours des pages, Bryson alterne le récit entre le contexte général et des anecdotes qu’il a vécues sur son trajet, parlant de sa relation avec son compagnon dans des termes bien plus positifs que dans les premières pages. Au final, c’est un agréable récit, très documentaire, qui permet de mieux connaître une région, et à l’exact opposé de Wild de Cheryl Strayed qui est centré sur les expériences et pensées de la narratrice.

Wild

9782264062208Cheryl Strayed, Wild: j’avais repéré ce livre sur différents blogs – je ne sais plus trop lesquels – mais j’ai été convaincue par les commentaires très positifs. Cheryl Strayed décide sur un coup de tête de parcourir à pied la Pacific Crest Trail, un chemin suivant les crêtes du Pacifique, partant de la frontière mexicaine, traversant la Californie, la Sierra Nevada, l’Oregon, l’état de Washington et se terminant à la frontière canadienne. Elle est totalement inexpérimentée et affublée d’un sac à dos bien vite baptisé « Monster ». Elle essaie d’oublier que sa vie est un désastre: sa mère est décédée d’un cancer, elle vient de divorcer parce qu’elle a trompé son mari de nombreuses fois, notamment avec un homme qui lui a fait découvrir la drogue. Sa randonnée est une fuite, une manière d’oublier dans l’effort. Car les 1700 kilomètres qui l’attendent ne seront pas de tout repos. Pendant 500 pages, Cheryl Strayed raconte son passé et sa marche et les deux sont passionnants. Elle se dévoile sous toutes ses facettes, celle d’une femme perdue et sensible mais aussi celle d’une femme forte qui arrive à se créer une nouvelle vie. J’ai adoré récit qui mêle émotions et description d’une nature superbe, et cela m’a poussé à regarder le film de Jean-Marc Vallée avec Reese Witherspoon – un film qui ne rajoute pas trop d’éléments accrocheurs. J’en ai aussi profité pour faire quelques recherches sur le PCT, lisant au passage des récits d’autres personnes qui l’ont parcouru.

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