Des larmes qui coulent toutes seules

Je me suis fait piquer par une guêpe. En fait, j’ai d’abord senti une forte morsure sur mon doigt et j’ai vu qu’il changeait d’apparence, qu’il devenait plus rouge. Comme je mangeais dehors et que beaucoup de guêpes nous importunaient, mes collègues et moi, j’en ai déduit que l’une d’entre elles était la coupable. En fait ça allait. Et puis je me suis demandée si je n’étais pas allergique. J’ai été voir les secouristes, qui m’ont de suite demandé la même chose. Je me suis sentie mal, j’ai dû m’asseoir, j’ai commencé à pleurer.

Je pleure facilement et ce n’est pas tant à cause de la douleur (sauf si elle est vraiment très forte) mais bien plus à cause du choc. Cela devient un moyen de me libérer des tensions. Et cela fonctionne assez bien. Je me sens en général bien mieux après. Sauf que c’est assez mal vu, surtout dans ce monde actuel où tout le monde doit être fort et compétitif. On ne montre pas ses sentiments et on reste stoïque. Ou alors on hurle, on gueule, on frappe.

Je pleure pour une piqûre de guêpe mais aussi dans d’autres circonstances. Si je me fais engueuler – comme cet épisode avec un collègue il y a quelques mois – je resterai sans doute rigide, de marbre presque au moment même mais les émotions tourbillonnent en moi et dès que je suis à nouveau en mode plus sûr (seule ou avec un ami), je fonds en larmes. Lors de cet épisode, c’était le cas. J’ai prévenu mes chefs, leur disant que je leur en parlerais de vive voix quand j’aurais retrouvé mon calme. Mais l’un d’eux n’a aucune patience et est venu me trouver de suite, rajoutant une couche, disant que ces larmes desservaient mon cas. Depuis (mais déjà avant en fait), il me prend pour une pauvre petite chose fragile.

Ce que je ne suis pas. Je supporte mieux la douleur physique que d’autres personnes; j’ai juste des émotions à fleur de peau, comme d’autres personnes hyper-sensibles. Elles existent, ces personnes, mais sont souvent incomprises. Il est difficile de s’exprimer quand les émotions sont si violentes. Mes tentatives amènent souvent des larmes dans mes yeux, je me sens toute retournée, même pour des sujets joyeux. Je me sens du coup encore plus mal à l’aise quand cela m’arrive, je me sens encore plus jugée alors que je ne fais qu’exprimer quelque chose de personnel. Je me sens fondre également quand quelqu’un fait quelque chose d’extrêmement gentil pour moi, quelque chose qui me touche, comme juste me soutenir dans une situation difficile. Je pleure peu par contre devant des films ou des séries (sauf devant Call the Midwife où c’est quasi systématique). Cette hyper-sensibilité n’est franchement pas toujours facile à vivre et je m’en passerais bien de temps en temps.

Est-ce que cela vous parle ? Ou êtes-vous plutôt dans l’autre camp ?

Post-scriptum: je ne suis pas allergique aux piqûres de guêpe (connaissant mes allergies aux moustiques et aux araignées, c’est étonnant mais ce n’est pas plus mal). J’ai juste eu un peu mal pendant quelques jours, même si lendemain on ne voyait déjà plus aucun gonflement.

Atypical ?

Récemment, un homme rencontré via un site de rencontres (ça n’a rien donné – je ne lui plaisais pas après moins d’une heure de conversation) m’a dit que j’avais un profil atypique et n’arrivait pas à me cerner. Je le savais déjà, il n’est pas très facile de me mettre dans une case précise mais n’est-ce pas le cas de beaucoup de gens ?

J’aime les musiques rock mais je ne vais plus trop à des concerts, parce qu’en fait, je ne suis plus autant la scène qu’avant. Surtout ne me parlez pas des artistes commerciaux ou hyper populaires, je n’aimerai pas. Cela pourrait être vu pour du snobisme mais c’est juste parce que je connais ce qui se passe derrière, les petits groupes, les découvertes, des musiques bien plus originales souvent, plus innovatrices (ou pas). Ne m’invitez surtout pas à des concerts de – au hasard – Muse ou Coldplay, dans des salles immenses mal sonorisées ou dans des stades. Mais si vous trouvez un petit groupe cool, je vous suivrai dans une salle minuscule – du moment qu’il y a un bar !

J’aime les musiques du monde mais ne parlez pas de djembé ou de groupes de chanteuses a cappella habillées en vêtements multicolores. J’ai horreur de ça. A force de matraquage d’artistes comme Cesaria Evora ou du Buena Vista Social Club, je ne peux plus les écouter (même si je reconnais leur qualité). J’ai aussi beaucoup de mal avec le côté « classique » de certaines musiques. Il est maintenant de bon ton d’assister à des concerts de musique persane ou indienne dans des salles renommées comme Bozar. C’est beau, vraiment, mais je m’ennuie. Donnez-moi plutôt de la pop cambodgienne, du gamelan indonésien ou du bluegrass américain – parmi tant d’autres.

Certains auraient tendance à me mettre dans la case rétro/rockabilly. Oui, j’aime les vêtements rétro mais je ne m’habille pas en vintage. J’aime les vieilles voitures mais je préfère conduire dans une Honda moderne. Et la musique ? à petites doses. Je ne trouve pas ça mauvais mais n’écouter que ça ? Ma maison et mon intérieur ne sont pas rétro du tout. J’ai quelques objets (pas beaucoup) mais j’aime ma cuisine moderne, ma table design et mon canapé en vague style art déco. Bref, je ne vis pas entièrement dans ce monde-là comme certains passionnés. J’aime trop d’autres choses pour me limiter. (Et puis une mauvaise langue m’a avoué que le milieu rockabilly est souvent bien beauf – ça fait peur).

En couture, je m’inspire de modèles rétro, des années 50 souvent, parce que j’aime ces formes et qu’elles me vont bien. Mais j’utilise des tissus actuels, avec des motifs qui souvent n’auraient même pas existé à l’époque. En fait ma plus grande inspiration du moment est Roisin, une blogueuse couturière anglaise dont j’ai déjà parlé.

Certains me mettent de suite dans la case « intello ». Oui un peu, je m’intéresse à des sujets peu connus, mais souvent c’est de la culture populaire comme le tiki ou la pop cambodgienne des années 60, pas les derniers bouquins de l’un ou l’autre philosophe ou sociologue dont je ne connais rien et qui me laissent sans mot si on en parle autour de moi. D’ailleurs, ces intellos me regardent de haut et me font bien sentir que je ne suis pas de leur monde.

Je suis sûre qu’il y a encore d’autres exemples mais ce sont ceux auxquels j’ai pensé. Et vous, dans quelle case vous met-on alors que ce n’est pas ça du tout ?