Mississippi solo

Eddy L. Harris, Mississippi solo: milieu des années 1980 – âgé de 30 ans, Eddy L. Harris n’a pas encore connu le succès en tant qu’écrivain. Il décide de se lancer dans un projet un peu fou: descendre le Mississippi en canoë depuis ses sources au lac Itasca jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Il n’est pas sportif, n’a aucune expérience en canotage et n’est même pas habitué au camping, mais il part avec entrain et apprend sur le tas. Le fleuve n’est pas facile à naviguer – au début il n’est pas assez profond, par la suite, il est envahi par d’immenses barges qu’il faut éviter. Il traverse les états du nord au sud et est souvent invité par les locaux à discuter ou à manger. Cela ne lui semblait pas évident au départ: il se demandait comment le fait d’être noir allait être reçu. Allait-il être confronté au racisme ? La question le taraude pendant tout le voyage. Il a quelques mésaventures, il pense aussi à abandonner à mi-chemin, mais finalement il atteint son but.

Le récit est intéressant, très introspectif, et au final assez peu touristique ou historique comme ont pu l’écrire d’autres auteurs. Et c’est là que j’ai un peu décroché, je n’ai pas toujours été passionnée par le fil d’idées de l’auteur. Ce qu’il fait, c’est une grande aventure, mais sa manière de la transmettre est très terre à terre, ce qui n’est pas un mal en soi, mais pour moi, le récit manque de quelque chose. Le livre est sorti à l’origine en 1988 et a eu un énorme succès aux Etats-Unis – la traduction en français s’est fait attendre jusqu’en 2020, et dans cette édition, Harris revient sur son voyage dans la postface, expliquant qu’il l’a réalisé à nouveau, mais sans entrer dans les détails.

Desperation Road

Michael Farris Smith, Desperation Road: Maben et sa fille marchent depuis des heures. Elles n’ont plus de domicile, et presque plus d’argent. Elles dépensent quelques-uns de leurs derniers dollars dans une chambre de motel, mais quand Maben tente de se prostituer pour renflouer un peu sa cagnotte, tout ne se déroule pas comme prévu. Russell revient chez lui, à McComb, Mississippi, après avoir passé onze ans en prison, mais dès qu’il débarque du car, il est attaqué et roué de coups par les frères de la personne qu’il a tuée. Au fil des pages, Maben et Russell vont se croiser et l’histoire prendra une autre dimension, posant la question de la rédemption.

J’ai eu du mal avec ce roman, j’ai mis un certain à comprendre que le rythme serait lent: tout se déroule pendant un laps de temps de quelques jours, et le lecteur sait dès le départ ou presque que Russell et Maben vont se rencontrer mais il faut attendre la moitié du roman pour que cela se passe. J’ai trouvé le temps long pendant la première partie; par la suite, j’ai réussi à m’attacher un peu aux personnages mais l’ensemble m’a semblé un peu trop sombre, un peu trop torturé, un peu trop blanc et noir, un peu trop religieux… Une lecture en demi-teinte, donc, pour moi.

L’avis bien plus positif d’Electra.