Eden Springs

41s2bglmjzml-_sx195_Laura Kasischke, Eden Springs: comme à chaque nouveau roman de Laura Kasischke, je me suis évidemment jetée dessus. Eden Springs est très court – c’est une « novella » – et avait été publié à l’origine en  2010 mais il a fallu attendre aujourd’hui pour qu’il soit traduit. L’auteur raconte à sa manière une histoire vraie, celle de la communauté d’Eden Springs qui a vu le jour au début du 20e siècle, rassemblant les adeptes d’un « illuminé », Benjamin Purnell. Celui-ci prétendait que si on suivait ses préceptes, on vivrait éternellement… mais il en profitait pour s’entourer de beaucoup de jolies jeunes filles. Kasischke commence ses courts chapitres par des documents de l’époque et puis invente une vie aux personnages, les décrivant à sa manière, leur donnant corps. Et pour une fois, j’ai été déçue, je n’ai jamais réussi à accrocher au roman; je m’attendais à quelque chose de plus long, de plus travaillé. L’histoire est fort décousue, plutôt construite sous forme de quelques tableaux impressionnistes même si l’écriture reste belle et poétique.

Book_RATING-30

Un livre lu dans le cadre de « Suivez le thème », « liquide » dans ce cas.

121241884

 

Si un inconnu vous aborde / Mariées rebelles

zoom-si-un-inconnu-vous-abordeLaura Kasischke, Si un inconnu vous aborde: en général, quand il s’agit de Laura Kasischke, je ne peux m’empêcher de lire immédiatement ses nouveaux romans mais ici, il s’agit d’un recueil de nouvelles et je l’ai laissé un peu traîner. Difficile aussi d’écrire une chronique: les récits sont tous différents mais j’ai retrouvé les caractéristiques de cette auteur que j’aime tant: la description de la vie américaine de tous les jours et des touches de surréalisme ou de fantastique qui souvent s’insèrent progressivement dans le récit. Certaines nouvelles ne font que quelques pages tandis que « Melody » en compte soixante. Peu importe, à part une ou deux exceptions, je les ai trouvées passionnantes.

41r1-sydlll-_sx195_Laura Kasischke, Mariées rebelles: juste après les nouvelles, j’ai lu ce recueil de poésies. Je n’en lis presque jamais et j’ai du mal à en parler. J’ai apprécié le fait que l’édition soit bilingue et de pouvoir lire les poèmes en anglais. J’y ai retrouvé la beauté de l’écriture de l’auteur et certains de ses thèmes favoris.

Esprit d’hiver

Laura Kasischke, Esprit d’hiver: je pense qu’entretemps vous connaissez mon attachement à cet auteur. Je me suis donc précipitée en librairie pour acheter son nouveau roman que j’ai très vite dévoré. Holly et sa fille adoptée Tatiana sont seules à la maison en ce jour de Noël. Elles attendent le retour d’Eric, le mari, qui est parti chercher ses parents à l’aéroport. Mais tout doucement, le blizzard bloque les routes, les invités à la fête qui devait avoir lieu ce jour-là se décommandent un à un et Eric est lui aussi coincé. Nous assistons donc à un face à face entre mère et fille adolescente, avec des crises et des moments de joie. Nous apprenons en même temps l’histoire de l’adoption de Tatiana en Russie. Toute l’ambiance de cette journée semble assez irréelle, mélancolique et un peu cruelle en même temps, de cette cruauté qu’ont les adolescents envers leur parents. L’histoire se dénoue dans les deux dernières pages en italique, pages qu’il ne faut surtout pas lire dès le départ (alors que le regard est justement attiré par celles-ci). Et ce dénouement, et bien…. Un roman qui m’a bien secouée, magnifique, qui donne envie d’écrire soi-même.Book_RATING-40

Les revenants

Laura Kasischke, Les revenants: un nouveau Laura Kasischke provoque toujours une envie d’achat immédiat chez moi. Et quand il est librairie avant la date annoncée, c’est encore mieux. Je me suis donc jetée sur ce long roman racontant la vie universitaire, la mort d’une jeune fille dans des circonstances un peu bizarres, la vie des survivants. Comme toujours, il y a des incertitudes, des angoisses, des secrets… mais je dois bien avouer que ce n’est pas mon roman préféré de l’auteur. Un peu trop long, un peu trop facile, on voit venir le dénouement dès les cent premières pages. Et lorsque le traducteur utilise à répétition des mots comme « présentement », j’ai des doutes. En regardant les autres romans, je constate qu’il y a déjà eu trois traducteurs différents et il est bien possible dans ce cas-ci que cela influe sur ma lecture. Bref, je lirai le prochain en version originale ! J’ai malgré tout passé un bon moment mais je n’ai pas ralenti ma lecture des dernières pages comme le précédent pour en profiter plus longtemps.

Encore quelques livres et un bilan de PAL pas tout à fait rose

Il y a un an, j’évoquais le souhait de diminuer fortement ma PAL et d’acheter moins de livres. Le résultat escompté n’est pas tout à fait au rendez-vous: j’ai acheté (emprunté) 28 livres cette année et j’en ai lu 12 parmi ceux-ci, ainsi que 9 de la liste plus ancienne. Bref 21 livres en tout au lieu des 25 prévus. Je dois cependant ajouter que j’ai mis 3 mois à lire Les bienveillantes et que je me suis attaquée à Quicksilver de Neil Stephenson, en l’abandonnant quelques semaines après (mille pages en anglais, c’est un peu trop pour moi en une fois, mais je ne renonce pas tout à fait !). J’ai aussi commencé un Terry Pratchett que j’espère terminer un jour mais ce n’est vraiment pas mon style d’humour… (heureusement pour ma PAL, en fait, sinon, j’aurais dû rajouter au moins 25 livres d’un coup !).

Quant aux lectures des derniers mois, il s’agit de:

– Laura Kasischke, En un monde parfait: sachant que c’est une de mes auteures préférées, je ne pouvais passer à côté de ce roman et comme toujours, il fera partie des mes meilleures lectures de l’année. On pourrait le comparer à La route de Cormac McCarthy mais en moins sombre et tragique. Quoique, l’histoire n’est pas drôle, une histoire d’épidémie pour laquelle on ne nous donne jamais d’explications, juste quelques touches descriptives des coupures de courant successives, de maladies, de pillages de magasins… mais l’essentiel tourne autour de Jiselle, ancienne hôtesse de l’air qui a abandonné son métier pour épouser un pilote, et qui suite aux circonstances, doit s’occuper de ses enfants à lui qui sont loin d’être reconnaissants. Une nouvelle vie, qui se termine sur l’espoir de s’en sortir. Le genre de livre dont on ne veut pas lire les dernières pages, dont on veut savourer la poésie jusqu’au bout. Le genre de livre où je déprime après l’avoir terminé, sachant que je ne retrouverai pas si tôt quelque chose du même niveau.

– George R.R. Martin, Le trône de fer et Le donjon rouge: suite à l’article très positif du Golb et sachant que c’est une prochaine série HBO (reportée au printemps), je me suis lancée dans cette longue saga. Qu’en dire de plus qu’Armalite ? Est-ce que j’ai aimé ? Oui, même si ce n’est pas un amour aussi inconditionnel que pour Laura Kasischke ! Je suis curieuse de connaître la suite des rebondissements, de voir aussi si le fantastique va prendre un peu plus de place et comment les personnages vont évoluer. Le tome suivant (en trois volumes en français) m’attend sur ma PAL).

– Jonathan Franzen, Freedom: une belle brique mais si peu chère chez Cook and Book, bref je l’ai achetée, tout comme Armalite d’ailleurs. Autant j’ai adoré Les corrections, autant je suis déçue par celui-ci. C’était sans doute le but, mais c’est un ramassis de styles différents selon le personnage qui s’exprime et je n’ai trouvé aucun intérêt dans les péripéties écologico-politiques américaines. C’est une chronique familiale, mais je ne me suis reconnue dans aucun personnage, tous ayant des traits de caractère très énervants. Je dirais que jusqu’au premier tiers, c’est relativement agréable à lire mais la suite devient vite un boulet qu’on traîne avec soi (dans le métro dans mon cas !). J’aurais pu l’abandonner là, mais j’ai du mal à faire ça… j’espérais que ça s’améliorerait…

Là, j’ai quelques jours pour lire La fenêtre panoramique de Richard Yates, j’ai failli louper le rendez-vous de lecture commune avec Yspaddaden suite à une incompréhension de ma part. Aurai-je l’occasion de finir ce livre en 6 jours ?

Un peu de lecture

Je m’étais bien dit que je parlerais de chaque livre juste après l’avoir lu… et bien c’est raté ! J’en ai lu 5 depuis le dernier billet. Evidemment, ce ne seront plus mes premières impressions qui seront écrites ici mais plutôt quelques vagues souvenirs.

– Brian Evenson, La confrérie des mutilés: j’avais été séduite par Inversion, je me suis donc jetée sur le suivant… et j’en garde un souvenir un peu partagé. L’histoire est, pour moi, un peu trop bizarre mais passé ce problème, le livre est passionnant, très bien écrit et pousse l’horreur dans ses confins les plus lointains. Je ne raconterai pas l’histoire, mais il s’agit bien, comme dit le titre, d’une secte où la mutilation est extrêmement importante. A mettre en rapport avec Survivant de Chuck Palahniuk. Ames sensibles, s’abstenir. Je serais curieuse d’avoir l’avis de John et François qui m’ont fait découvrir cet auteur.

– Laura Kasischke, La couronne verte: le livre de l’année ! D’accord, j’ai un faible pour cet auteur mais elle arrive à chaque fois à me séduire avec ses histoires de la vie de tous les jours américaine… jusqu’au moment où tout bascule. Trois adolescentes partent passer leurs vacances pour la première fois sans parents dans un club de vacances au Mexique. Elles en reviendront transformées. Atmosphères troublantes, tropicales, où la mythologie se mêle à l’histoire et avec une prédominance de la couleur verte.

– Ian McEwan, Sur la plage de Chesil: une nuit de noces, dans les années soixante, pleine de non-dits, d’inhibitions. Très beau court roman qui m’avait été conseillé par mon papa. Je suppose qu’il s’est en partie retrouvé si non pas dans l’histoire, au moins dans l’époque. Pour plus d’impressions sur ce livre, je vous conseille ce billet de Krotchka.

.

– Denis Johnson, Arbre de fumée: le pavé de la rentrée: presque 700 pages d’une écriture dense mais avec beaucoup de bavardages. Pas beaucoup d’histoire même si l’action se déroule sur toute la période de la guerre du Vietnam et ses conséquences. Malgré ça, c’est un livre qui retient l’attention par ses ambiances, son style, sa manière d’élaborer le récit. Mon avis est mitigé bien que la lecture m’ai laissé une certaine satisfaction.

.

– Alissa York, Effigie: un autre livre de l’année ! Le résumé décrit l’histoire d’une famille de Mormons aux Etats-Unis vers 1870 et de taxidermie… mais il y a bien plus que ça. La famille Hammer n’est qu’un prétexte pour retracer toute l’histoire de l’Amérique du Nord mais aussi de l’Angleterre victorienne, de l’immigration, de la ruée vers l’or, des spectacles itinérants du genre freak show, du massacre de Mountain Meadows, des Indiens, de la religion, des sectes… et j’en passe. Le tout enveloppé dans une histoire passionnante.

Un an de lectures

J’ai du remonter à septembre 2007 pour retrouver mes dernières notes de lectures ! Et comme je ne range pas les livres dans ma bibliothèque tant que je n’ai pas fait ça, la pile a grandi, grandi, grandi… Je donc vais essayer de combler ce vide bien que je ne me souvienne pas toujours bien des mes impressions post-lecture. Donc du plus ancien au plus récent:

– Marisha Pessl, La physique des catastrophes: un des romans de la rentrée mais beaucoup trop long, pas aussi drôle que prévu, plutôt énervant même et une intrigue qui se traîne sur 500 pages pour se développer dans les 100 dernières. (Et hop ! un de rangé ! et bien non, je dois réorganiser ma bibliothèque, il n’y a plus de place.)

– John Keay, Mad about the Mekong: l’auteur parcourt la route qu’ont emprunté les premiers explorateurs du cours du Mékong. Allers-retours entre le passé et le présent. Passionnant ! Surtout parce que j’avais lu les récits de Francis Garnier et Henri Mouhot.

– Jerry Hopkins, Thailand confidential: pour préparer le voyage en Thaïlande, rien de tel que de lire un récit de l’intérieur, ici donc, celui d’un Américain qui vit à Bangkok depuis des années. De sa femme thaïlandaise qui ne maîtrise pas bien l’anglais vient l’expression « I feel a little bit woo-woo-woo » quand elle est un peu saoûle. C’est resté !

– Neal Stephenson, Cryptonomicon: un des livres de l’année, surtout aussi par le nombre de pages. J’ai mis du temps à entrer dans l’histoire (un volume et demi sur trois) mais après quel désir de continuer. Quand j’ai eu terminé, j’étais déçue, j’en voulais encore.

– Cormac McCarthy, La route: après avoir lu tous ses autres livres, je suis toujours aussi accro. Ce récit post-apocalyptique est longtemps resté dans ma tête, j’ai essayé de créer les images et pensé au film qu’on pourrait en tirer. Apparemment, c’est en cours, par un proche de Nick Cave ! ça promet !

– Jim Harrison, Aventures d’un gourmand vagabond: si vous aimez la cuisine, il faut le lire ! Autrement aussi d’ailleurs. Je n’ai jamais vu un tel ogre, mais qui aime cuisiner, préparer pendant de longues heures les oiseaux qu’il a tué à la chasse. Mais quelles quantités !

– Haruki Murakami, Le passage de la nuit: récit qui me réconcilie avec l’auteur, je n’avais pas trop aimé le précédent avec ses irruptions de l’imaginaire à tout moment. Il y en a un peu ici aussi mais c’est mieux intégré à mon goût.

– Blake Nelson, Paranoid Park: J’ai d’abord lu le livre puis vu le film. Pour moi c’était le bon ordre, et je préfère le livre, plus linéaire, montrant plus une évolution psychologique. Du même auteur que Girl, que j’avais adoré il y a une dizaine d’années.

– Chuck Palahniuk, Survivant: après avoir regardé Big Love, la série, c’était sur un conseil que j’ai entamé ce livre. Même sujet, la secte fondamentaliste, quoique traité bien différemment. Pas mal mais un peu « trop » à mon goût.

– Barbara Kingsolver, Animal, vegetable, miracle (en français, Un jardin dans les Appalaches): ou comment une famille décide de vivre pendant un an de la production du jardin, légumes et fruits, et animaux. Passionnant, surtout quand on sait que ça se passe aux Etats-Unis où l’écologie n’est pas au même niveau qu’ici. Plein de bonnes recettes et de conseils pour cultiver son jardin.

– Laura Kasischke, A moi pour toujours: le Laura Kasischke que j’oublierai vite. Les autres sont tellement mieux. Histoire d’une femme mariée qui a un admirateur secret, et la manière dont sa vie se lie et se délie.

– Antonia Bolingbroke-Kent & Jo Huxster, Tuk tuk to the road: Bangkok-Londres en tuk tuk, par deux gamines de trente ans. Très léger, énervant parfois par leur méconnaissance du monde mais touchant quand on connait l’histoire personnelle d’une des deux filles qui en est une d’automutilation et de tentatives de suicide répétées.

– Claire Messud, Les enfants de l’empereur: ça ne fait pas si longtemps que je l’ai terminé, et je ne me souviens déjà plus si c’était bien… sans doute très passe partout. Lu à un moment où j’en avais marre de lire des chroniques familiales et comédies de moeurs.

– Rory MacLean, Magic Bus: fantastique récit de voyage à la suite de tous ces hippies voyageurs des années 60-70 qui partaient vers l’Inde et le Népal. Toute une époque à découvrir, et avec un peu de chance, ce n’est pas difficile de trouver quelqu’un dans son entourage qui a fait le périple. Ou qui a eu envie de le faire.

– Poppy Z. Brite, Liquor: pas mal, mais moins passionnant au point de vue histoire que ses récits de vampires. Par contre, la description de la Nouvelle-Orléans donne envie de partir tout de suite. Premier d’une trilogie, mais je ne pense pas que je lirai les suivants. Histoire de deux cuisiniers qui montent leur propre restaurant.

– Mary Gaitskill, Veronica: un livre que j’ai lu sans faire trop attention, parce qu’il m’ennuyait un peu. Même si je me suis rendue compte en cours de route qu’il était très bien construit. Histoire d’une mannequin déchue, et de son amitié pour Veronica, atteinte du sida dans les années 80.

– Caroline Riegel, Du Baïkal au Bengale (Soifs d’Orient et Méandres d’Asie): récit de voyage d’une ingénieur française spécialisée dans les barrages à la rencontre de l’eau. Récit proche de la population, parfois jusqu’au plus profond dénuement, comme cet hiver passé au Zanskar dans des conditions primitives. Passionnant, dans la lignée de Bernard Ollivier.

– François Simon, Aux innocents la bouche pleine: billets de critique gastronome. Allez voir son blog, c’est bien plus intéressant !

– Douglas Coupland, Jpod: comme souvent chez lui, des problèmes de scénario trop faible et de manque de ryhtme, mais jubilatoire pour toutes ces petites touches. Au plus on est geek au plus on comprend, beaucoup de références à la culture populaire, et sourires fréquents.

Boy heaven

Rêves de garçons de Laura Kasischke: le récit se passe lors d’une colonie de vacances où sont réunies des pom-pom girls, près d’un lac, dans les bois. Un sourire de trop au mauvais moment et tout bascule… Le roman décrit bien cette atmosphère d’un été très chaud, avec les cigales qui chantent à tue-tête, les émois des jeunes filles, les baignades dans le lac avec un arrière plan d’insécurité, de sentiment de mal-être. Il faut attendre les dernières pages pour le dénouement, pour la révélation finale qui augmente encore ce sentiment.
Magnifique, mais je suis une fan inconditionnelle !