
La bête humaine (Jean Renoir, France, 1938) – 3/5: une adaptation du roman d’Emile Zola mais déplacé aux années 1930, avec comme personnages principaux, les trains à vapeur, dans tout leur gigantisme, sur la ligne Paris Saint-Lazare – Le Havre. Avec Jean Gabin en conducteur du train atteint d’une folie homicidaire dès qu’il est amoureux d’une femme et Simone Simon dont le personnage a été violentée dans le passé. L’histoire est très sombre et brutale, et j’ai eu du mal avec la violence gratuite envers les femmes mais on retrouve ce côté film noir de Quai des Brumes.
Holiday (George Cukor, 1938) – 3/5: le retour du duo Cary Grant – Katharine Hepburn, avec des moments très drôles dans le comportement des deux personnages. Johnny (Grant) est tombé amoureux de Julia Seton (Doris Nolan) pendant les vacances et découvre que celle-ci vient d’une des plus riches familles de New York. Il rencontre par la même occasion sa soeur Linda (Hepburn). Johnny est épris de liberté mais Julia ne l’entend pas de cette manière, alors que Linda comprend bien mieux la situation. C’est un film plaisant mais à la longue, je n’en peux plus de ces adaptations de Broadway qui restent parquées dans les mêmes décors, à l’intérieur (et en général chez des gens très riches).
Three Comrades (Frank Borzage, 1938) – 3/5: adapté d’un roman d’Erich Maria Remarque, et au scénario écrit par F. Scott Fitzgerald et Edward E. Paramore Jr., ce film conte l’histoire d’amitié entre trois hommes (Robert Taylor, Franchot Tone et Robert Young) qui ont combattu ensemble lors de la Première Guerre mondiale et l’amour d’un d’entre eux pour Patricia (Margaret Sullavan), atteinte de tuberculose, le tout sur le fond d’une Allemagne troublée par des émeutes. J’ai beaucoup aimé la sensibilité des dialogues et le fait que le film soit ancré dans l’histoire du moment.
La femme du boulanger (Marcel Pagnol, France, 1938) – 2/5: tout le monde considère ceci comme un bon film, pas moi. Dans un village de Provence arrive un nouveau boulanger (Raimu) et sa jeune et jolie femme, Aurélie (Ginette Leclerc). Celle-ci s’enfuit avec un berger et son mari se voile d’abord la face, puis accepte l’aide de tout le village pour la retrouver (aide un peu hypocrite parce que les habitants veulent juste pouvoir manger du bon pain, ce que le boulanger ne veut plus produire tant qu’il n’a pas retrouvé sa femme). Les rôles des femmes sont quasi inexistants, ou alors tellement cliché entre l’épouse adultère qui ne dit rien et les puritaines du villages. Les hommes représentent aussi des personnages assez typés: l’aristocrate, le curé, le maître d’école. Le temps m’a semblé long, ça cabotine énormément, et une des dernières scènes est particulièrement misogyne. Je suis du côté de l’épouse: j’aurais aussi quitté ce mari un peu idiot et simplet, je me demande d’ailleurs pourquoi elle l’a épousé en premier lieu, mais tout ça n’est pas raconté vu que seul le point de vue de l’homme compte dans ce film.
A Slight Case of Murder (Lloyd Bacon, 1938) – 3/5: une comédie avec des gangsters. Remy Marko (Edward G. Robinson) est devenu riche en vendant de l’alcool durant la Prohibition, mais depuis la fin de celle-ci, ses affaires ont périclité. Au bord de la faillite, il part avec son épouse et sa fille, et un gamin de l’orphelinat ainsi que sa clique d’acolytes, dans sa maison de vacances… où se trouvent les cadavres de quatre gangsters, et un cinquième qui tente de récupérer un butin. Tout tourne au quiproquo, évidemment, et le rythme est assez insoutenable, surtout dans la dernière demi-heure où on se demande s’il reste assez de temps pour éclaircir l’affaire. D’ailleurs la fin est très abrupte. C’était plaisant comme film.
Jezebel (William Wyler, 1938) – 3/5: La Nouvelle-Orléans, 1852. Julie (Betty Davies) est fiancée à Preston (Henry Fonda), un banquier. Mais Julie a un caractère bien trempé et joue la provocation, ce qui fait fuir Preston. Un an plus tard, celui-ci est marié à une nordiste quand il revient pour une visite dans le sud. A ce moment éclate une épidémie de fièvre jaune et Preston sera atteint. La fin du film n’est absolument pas crédible avec Julie qui décide de se sacrifier pour soigner Preston. A part ça, le film est pas mal; c’est surtout Betty Davies qui crève l’écran (alors que j’ai détesté Henry Fonda). A noter: les plantations, la musique de Max Steiner, la similitude avec Gone with the Wind qui sortira un an plus tard (mais sans la guerre de Sécession).
The Lady Vanishes (Alfred Hitchcock, Royaume-Uni, 1938) – 3/5: une avalanche a bloqué un train, dans un pays imaginaire d’Europe Centrale, et les passagers se retrouvent dans un hôtel local qui a du mal a loger tout le monde. C’est là qu’on rencontre ces deux Anglais fans de cricket – Charters et Caldicott – qui vont partager un minuscule lit dans une chambre de bonne. Mais ce ne sont pas eux les héros du film: il s’agit d’Iris (Margaret Lockwood), jeune femme qui doit retourner à Londres pour épouser son amoureux, de Miss Froy, (Dame May Whitty) d’âge moyen et habillée en tweed, de Gilbert (Michael Redgrave) qui étudie les traditions musicales locales (et qui est assez détestable au début du film), ainsi que d’autres personnages hauts en couleur. Hitchcock prend son temps pour présenter les personnages – plus d’une demi-heure – avant que l’histoire ne commence vraiment dans le train. Miss Froy disparaît et Iris a du mal à convaincre les autres passagers qui la prennent pour une folle. Mais Gilbert vient à la rescousse et mène l’enquête. Ce film qui avait commencé pépère se termine en une sacrée histoire de disparition et d’espionnage, le tout dans un train en mouvement, et avec pas mal d’éléments comiques (surtout au début).
Ceci termine ma liste de films de 1938, avec comme favoris Alexandre Nevski pour la composition des images et Quai des brumes pour les ambiances. Beaucoup de films sont bien, mais sans plus et je commence à me lasser de ces films américains tournés à l’intérieur dans juste trois décors différents. La liste pour 1939 est plutôt longue, avec une série de films que j’ai déjà vus dans le passé mais que j’ai envie de revoir et quelques trous dans ma culture comme The Wizard of Oz.