Missing things

Je vis seule depuis plusieurs années maintenant et je m’en sors très bien en fait. Probablement même mieux que prévu. Mais il reste des moments compliqués, des moments où j’aurais vraiment besoin d’une oreille attentive ou juste d’une présence. L’internet a ses côtés positifs, surtout pour moi qui suis introvertie, mais il a ses limites.

Parfois j’ai envie de raconter les petites choses de la vie, comme cette histoire d’accident de cuistax (il faut le faire, non ? ), parfois j’ai besoin d’exprimer mon excitation, comme avec ce voyage que je viens de réserver. Et parfois, il n’y a pas grand monde pour m’écouter (un psy, c’est utile, mais pas pour le contact au quotidien). Ce que je peux comprendre, chacun est occupé par sa propre vie, ses soucis et plaisirs personnels. Sauf que la plupart des personnes de mon entourage sont en couple (et/ou ont des enfants) et ont sans doute bien du mal à se rendre compte de la réalité de la vie seule. Quand je rentre, je n’ai personne à qui raconter des bêtises, personne à qui faire un câlin. Et pour revenir au voyage, même si j’aime partir seule, le fait de ne pouvoir partager avec personne sur le moment même et plus tard me manque un peu. Je le raconte bien sur un blog mais l’expérience n’est pas la même.

Je lisais récemment un article du Guardian sur le manque de contact physique. Dans notre société, il est très vite vu comme attouchement et crée donc de plus en plus de problèmes. Or ces contacts sont nécessaires et font un bien fou. C’est un partage de sensations, de chaleur… Parfois je vole un câlin à un ami qui aime bien ça (et il est clair entre nous que c’est en toute amitié); récemment, j’ai terminé une séance de thérapie chez Coyote avec un long câlin mais je suis quand même en manque. Je n’ai pas de contacts physiques avec mon père; ils se sont arrêtés à l’adolescence, quand je l’ai senti gêné. Je vois peu le reste de ma famille et cela reste toujours fort distant de toutes façons.

J’imagine que tout cela peut être difficile à comprendre quand on a vie sociale très active, un compagnon et/ou des enfants. Je n’ai aucun des trois et même si ma vie en solo me convient une grande partie du temps, je ressens un manque affectif certain. Ma vie est beaucoup plus stable qu’avant et je me sens bien plus forte, capable de prendre des décisions et de faire plein de choses seule, mais cela n’empêche pas les petits coups de déprime passagère ou tout simplement une envie de partage et de compagnie.

This was 2017

2017 a été dans la même ligne que 2016 mais certaines choses ont évolué. Notamment au niveau du travail: j’ai eu un gros accrochage avec mon chef à la fin de l’hiver mais quelque part, cela a permis de remettre certaines choses à leur place. J’ai trouvé de nouvelles marques et un soutien inattendu venant d’un autre côté, participant à de nouveaux projets (l’été était intense et bien rempli) et continuant les anciens. Je regrette cependant très fort de ne plus pouvoir aller au Womex (World Music Expo) – les raisons évoquées n’étant pas liées à la qualité de mon travail mais à ma personnalité (telle qu’elle est vue et non telle qu’elle est).

Comme je ne partais pas au Womex, j’ai organisé mon propre citytrip au mois de juillet. Après de longues hésitations, j’ai opté pour Hambourg et j’y ai passé quatre jours très intéressants, me promenant entre le port, les musées et les anciens entrepôts de la ville, et j’ai pris plaisir à boire des cocktails toute seule, notamment au célèbre Le Lion – bar de Paris. Quand je suis rentrée, les choses se sont précipitées et je suis partie fin août à Kassel pour la Documenta. J’ai adoré ces trois jours de découverte de l’art contemporain et de promenades dans la ville. Pendant l’été aussi, j’ai réservé mon voyage au Rajasthan au mois d’octobre / novembre. Ces trois semaines m’ont permis de faire une coupure dans le quotidien et j’ai découvert une région d’une richesse culturelle incroyable mais l’Inde reste un pays difficile à vivre (bruit, pollution, espace personnel…).

Cette année a aussi été marquée par les problèmes de santé de mon papa. En mars, il a enfin fait analyser une petite bosse sur son crâne. Cela s’est révélé être un mélanome. Une première opération n’a pas suffi, une seconde a demandé une hospitalisation de plusieurs jours en août. Son moral a été au plus bas pendant l’été et il m’a dit qu’il trouvait que 80 ans était un bon âge pour mourir. Début octobre, le médecin a déclaré le mélanome guéri, ce qui a été tout un soulagement – je partais en voyage quelques jours plus tard. Début novembre, il a fêté ses 80 ans; début décembre, je commençais les démarches pour trouver une maison de repos. Juste avant Noël, tout s’est précipité et il y est entré le 20, du jour au lendemain. La transition n’est pas simple mais elle se passe plutôt bien, et les angoisses qui m’habitaient depuis sa chute deux ans plus tôt se sont envolées. Je sais qu’il est entouré et soigné.

J’ai eu besoin de beaucoup de temps pour moi, plus encore que l’année précédente mais j’ai apprécié les sorties entre amis, à boire des cocktails et à découvrir de nouveaux restaurants. J’aime avoir différents groupes d’amis pour des activités très diversifiées. J’ai renoué des contacts plus intimes avec certaines personnes et cela m’a fait beaucoup de bien; d’autres personnes ont trouvé les mots justes et ont permis d’agrandir ma confiance en moi (j’en avais bien besoin, surtout après les soucis au travail). Dans un cadre plus large, le mouvement #metoo m’a fort interpellé et a contribué à cette confiance en moi et dans les autres femmes. Et même s’il reste beaucoup à faire, la suprématie masculine a été un peu égratignée. Par contre au niveau amoureux, je suis restée au point mort (un espoir a été vite démenti).

J’ai continué mes visites chez Coyote. Cette année, il m’a apporté deux choses importantes: il m’a invitée à « ne pas réagir », une petite phrase que j’ai noté en grand et qui me pousse à ne pas réagir au quart de tour dans les situations qui m’énervent. Ce n’est pas toujours aisé mais me souvenir de la phrase m’aide. La seconde chose est une invitation à la méditation. Je n’ai commencé qu’à l’automne, et ce n’est pas encore intégré dans mon rythme quotidien, mais j’ai appris que si mon esprit ne veut plus se taire, c’est une bonne solution pour me calmer. Dans le même ordre d’idées, j’ai compris en grande partie ce qui influençait mon (mauvais) sommeil (et ce n’est que rarement le vin); j’ai eu de nombreuses périodes d’insomnies mais j’ai l’impression que cela s’améliore.

L’année 2017 a été difficile par moments, tout particulièrement à cause des soucis de santé de mon papa, mais elle m’a apporté de belles choses. Je me sens plus sûre de moi et ma vie me semble plus harmonieuse. Les deux dernières semaines de l’année ont été mouvementées, mais d’une certaine manière, cela m’a sorti de mon quotidien bien organisé. Je suis prête pour l’année 2018 qui s’annonce pleine de changements.

« Parlons d’autre chose »

Un extrait de conversation avec mon papa samedi dernier:

Moi: « Comment va ta compagne ? » (elle est en dépression depuis plusieurs mois)

Lui: « Pas bien. Je n’ai vraiment pas de chance avec les femmes. Mais n’en parlons plus. »

Moi: « Moi non plus je n’ai pas de chance avec les hommes. »

A ce moment, j’avais envie d’embrayer sur la difficulté de trouver un amoureux mais il me coupe la parole: « Parlons d’autre chose. »

Ou la difficulté de parler de sujets intimes avec mon père. Depuis toujours. Je n’arrive que très peu à parler de sujets qui me tiennent à cœur parce qu’il n’a pas envie d’écouter, que ce soit heureux ou triste. Et lui n’arrive pas à s’exprimer alors que je me dis que ça lui ferait probablement du bien. Il a sans doute construit cette carapace pour se protéger, mais il fait partie d’une génération où on ne parlait pas de problèmes personnels.

Je pense que je dois me résoudre à ces silences après toutes ces années mais cela m’attriste, pour lui et pour moi.

Sous les draps

Quelque réflexions supplémentaires autour de Très intime de Solange.

J’ai l’impression que les femmes qui parlent dans le livre ne sont pas représentatives des femmes en général. Est-ce à cause de ma propre sexualité ? Je ne suis pas sûre. La plupart parlent de relations très fréquentes, journalières, voire même d’un rythme de deux à trois fois par jour. Physiquement, cela doit quand même être assez irritant, non ? Et où trouvent-elles le temps ? parce qu’avec un boulot à plein temps et les tâches ménagères (et je n’ose pas imaginer avec des enfants à charge), ainsi que la fatigue qui s’y ajoute, cela ne laisse pas tant de possibilités que ça. A moins de ne pas avoir de boulot évidemment, ou de ne quasi pas dormir.

Et puis, qui sont toutes ces femmes qui ont des relations multiples ? Toutes ces relations à trois, voire plus ? Toutes ces relations entre femmes ? La plupart des personnes interrogées sont jeunes, très jeunes et sont sans doute encore dans une phase d’exploration, mais encore… est-ce si courant ? Ou est-ce moi qui suis si peu au courant / trop vieille ?

Où sont les femmes qui ont une relation stable, avec une même personne ? Où est l’amour romantique ? Où sont les femmes qui baisent peu ? Où sont les femmes qui n’ont plus envie ? Comment se passe leur vie de couple ? Ces thèmes sont très peu abordés dans le livre, parfois juste par le biais d’une baisse de libido. Qu’en est-il de ces relations que les femmes font un peu par nécessité, de peur de perdre leur amoureux, en se forçant souvent. Est-ce un type de viol à l’intérieur du couple ? Comment se passe la vie de celles qui ont tout simplement arrêté d’avoir du sexe avec une autre personne, parce qu’elles n’ont plus envie ? Parce qu’elles trouvent que c’est une perte de temps ? Parce que ce n’est pas/plus possible physiquement ? Comment se faire plaisir sans pénétration ?

La sexualité est un vaste sujet mais difficile à aborder, souvent tabou, dont on parle à voix basse, dont on ne parle pas avec des connaissances. Même avec les meilleures amies, le sujet est peu abordé, cela reste souvent de l’ordre du privé. Je me souviens d’une conversation en particulier mais pas de beaucoup d’autres. Quant à en parler avec des amis masculins… j’ai dit certaines choses à un ami, un peu pour voir sa réaction. Cela n’a pas été beaucoup plus loin qu’un peu de gêne et le passage à un autre sujet de conversation.

Ce billet pose beaucoup de questions – je m’en rends bien compte. Disons qu’il pose plutôt le cadre d’une discussion qui pourrait avoir lieu, en fonction des envies de chacun de se dévoiler – ou pas.

(à suivre, probablement, en fonction de vos réactions, publiques ou privées – vous pouvez m’envoyer un mail à misssunalee at gmail point com si vous préférez ou inventer un nouveau pseudo)

Writing

Depuis quelque temps, ce blog se limite à deux types d’articles, le résumé de ma semaine et mes lectures, avec parfois une incursion dans les plats que j’ai cuisiné. Je le déplore. J’ai beaucoup d’autres idées. Des billets couture évidemment; ils apparaîtront quand j’aurai réussi à faire des photos nettes de moi à l’aide du pied et de la télécommande (les 150 dernières sont floues) (je suppose que c’est parce que l’auto-focus était désactivé – chose que je n’avais pas vue) (et chaque séance photo demande à chaque fois un certain état d’esprit) (et je n’arrive pas encore à sourire sur commande). Mais trêve de parenthèses. Ce n’est pas à ce type de billet que je pensais en premier. J’aimerais parler de divers sujets plus intimes, pas spécialement toujours sur moi, mais qui parlent de mes réflexions sur certains aspects de la société qui m’entourent. Je pense par exemple aux billet d’Isa et Armalite sur les limites du développement personnel: j’avais déjà écrit un billet complet dans ma tête mais je n’ai jamais pris le temps de le mettre sur papier (ou écran). Shermane m’a donné l’idée d’un autre billet, sur un lieu qui me tient à cœur, un billet qui en fait existe dans ma tête depuis au moins cinq ans (mais qui demande pas mal de scans de photos et donc de réinstaller le scanner à la maison – ce n’est pas compliqué mais cela demande au moins un moment d’attention). Et j’ai encore quelques autres idées, pas toujours simples à écrire (la sexualité, mes relations passées de couple, les rapports avec mon papa et la vieillesse…).

Mais voilà, pour le moment, j’écris déjà beaucoup dans le cadre du travail, parfois des journées entières et en fin de journée, j’ai envie de reposer mon esprit (il a du mal, il écrit souvent tout seul des choses dans ma tête – mais pas sur papier – et je dois l’arrêter, et j’ai tant d’autres choses à faire qui m’intéressent). Et pourtant, cela me manque, vos réactions aussi. Peut-être que je devrais me fixer un rythme, un billet par semaine ou un toutes les deux semaines, tant que j’ai de l’inspiration ? Ce ne sont pas spécialement des articles courts à écrire mais je sens qu’ils ont un certain intérêt, en tous cas pour moi. Peut-être pour vous aussi. Et je ne veux pas que cela devienne une obligation – écrire sur ce blog doit rester un plaisir et il connaîtra encore beaucoup de variations de thèmes et de rythme. Des semaines avec deux billets et des semaines avec cinq.

 

 

Instantané

Instantané d’un moment hier soir:

Il y a des jours comme ça où je lis qu’une amie a échangé des bisous à Amsterdam, qu’une autre fête ses dix ans de relation et que moi j’ai parlé en message privé avec une amie de ce qui me frustre le plus, le fait de ne trouver personne pour passer une partie du reste de ma vie, ou tout le reste de ma vie. Il y a des jours comme ça où je fonds en larmes parce que ça devient difficile à vivre, parce que je ne suis plus sûre d’y croire encore, parce que cela semble si lointain et impossible. Parce que je n’arrive même pas à rencontrer de nouvelles personnes. Parce que les personnes que je connais sont en couple, avec leurs hauts et bas, certes, mais en couple. Parce que j’ai envie moi aussi de pouvoir être à l’aise avec quelqu’un, de pouvoir parler de nos expériences passées. Parce que construire quelque chose me semble tellement compliqué. Parce que j’aimerais tellement avoir déjà passé cette phase peut-être excitante mais pleine de doutes. Parce que je ne veux plus trop me poser de questions. Parce que je ne veux plus souffrir comme j’ai souffert. Parce que j’ai peur de tomber sur une personne qui va changer du tout au tout et me quitter après neuf ans. Parce que je veux avoir confiance en quelqu’un et ne pas devoir supporter sa bipolarité, sa paranoïa, sa schizophrénie et son alcoolisme. Parce que je ne veux plus jamais vivre ça. Parce peu de personnes comprennent l’étendue du désastre, du cataclysme que cela a provoqué en moi. Parce que moi aussi je veux vivre dans le bonheur avec quelqu’un. Parce qu’il y a des moments où je ne sais plus quoi faire de ma solitude. Parce que j’ai envie d’être aimée. Parce que j’ai envie d’aimer. Mais aussi parce que j’ai peur d’aimer et peur de ne pas être acceptée telle que je suis, avec mes défauts, avec mes problèmes, avec mes peurs. Parce que j’ai peur qu’on me reproche de ne pas être assez bien, assez active sexuellement, assez jeune, assez vieille, assez belle, assez intelligente, trop intelligente. Parce qu’il y a des jours où je suis fatiguée et que le bonheur des autres me fait mal, même si je suis contente pour eux.

Ecrire ce texte m’a permis d’évacuer certaines choses. Je n’ai plus les larmes qui coulent en le publiant aujourd’hui. Mes frustrations sont toujours présentes, juste moins à fleur de peau.

This was 2016

Autant 2016 a été une année violente et pleine de morts dans le monde, autant au niveau personnel, elle a été très calme et introspective. Elle avait mal commencé avec la chute de mon père qui l’a fait séjourner deux semaines à l’hôpital puis quatre semaines en revalidation, me laissant vidée et pleine de questions quant à son avenir. En fait, il s’est réadapté à la vie à la maison, avec beaucoup d’aide, mais n’a pas voulu entendre parler d’une maison de repos (il commence juste à se faire à l’idée en cette fin d’année mais je sens bien qu’il ne faut pas le presser). Nous avons évidemment eu quelques accrochages, parfois liés à du chantage affectif et nous ne sommes pas très forts en échanges intimes, mais pour le reste, ça s’est relativement bien passé.

Ce manque d’intimité est quelque chose qui m’a pesé plus généralement toute l’année. Sans doute que je n’étais pas encore prête pour rencontrer quelqu’un. Je suis beaucoup restée à la maison, en profitant pour coudre, jardiner et lire mais je suis sortie aussi, une fois par semaine ou parfois moins. J’ai continué les sorties avec des amis proches, découvrant de nouveaux restaurants et cafés. J’ai été à quelques concerts – très peu en fait, sauf pendant mes quelques jours à Saint-Jacques de Compostelle. J’ai rencontré de nouvelles personnes grâce à mon blog de cocktails, The Lady from Canton, et certaines m’ont accueillies à bras ouverts pour aller à la découverte de nouveaux bars mais aussi de nouveaux restos ou d’autres sorties. J’ai même été invitée à quelques événements pour blogueurs. Ces amitiés, anciennes et nouvelles, prennent une place très importante dans ma vie et son mon lien avec le monde extérieur.

Au travail, rien n’est simple, mais la participation d’un collègue à mon grand projet m’a donné un nouvel élan et même si je n’ai toujours pas de deadlines, le fait de travailler à deux me permet d’avancer plus vite. Par contre, je dois de plus en plus être sur mes gardes quand je communique avec mon chef ou ma directrice. Surtout cette dernière a l’art de décortiquer chaque mot que je dis ou écris.

Mon grand voyage n’était sans doute pas le plus extraordinaire mais j’ai passé un excellent moment au Sri Lanka. J’ai pu découvrir un pays que je n’avais jamais visité, tout en y faisant des activités différentes de celles que j’exerce d’habitude: un safari, de la marche, du vélo… Les quelques jours à Saint-Jacques étaient fantastiques grâce à mes amis. Je n’ai pas beaucoup visité – j’avais eu l’occasion de le faire deux ans plus tôt – mais ce n’est pas toujours la culture qui compte. Juste rester sur une terrasse à discuter pendant quelques heures peut suffire à se sentir bien.

J’ai pris du temps pour apprendre des choses sur moi-même, sur mes différences. Je les ressentais mais sans vraiment les nommer, m’entourant de préférence de personnes comme moi. Je me suis rendu compte que ces personnes ne sont qu’une minorité et que le reste du monde est fort différent. La lecture de Quiet a prolongé et approfondi cette réflexion, me fournissant quelques armes de plus pour me défendre face à certains extravertis ne se rendant pas compte qu’ils empiètent sur mon territoire (je pense à mon chef, notamment, qui peut être assez terrible sans s’en rendre compte). Si je devais donner un mot à cette années passée, ce serait « introspection », et même si c’était assez solitaire, cela a permis de continuer à construire ma personnalité. Je n’ai pas écrit « reconstruire » parce que je pense que la phase la plus aiguë est passée – elle s’est déroulée en 2015.

En 2016, je me suis sentie sereine mais parfois un peu seule, surtout en fin d’année (les jours très courts ne m’aident pas). Et je me suis très souvent sentie heureuse même toute seule (tout est contradiction chez moi).

Des larmes qui coulent toutes seules

Je me suis fait piquer par une guêpe. En fait, j’ai d’abord senti une forte morsure sur mon doigt et j’ai vu qu’il changeait d’apparence, qu’il devenait plus rouge. Comme je mangeais dehors et que beaucoup de guêpes nous importunaient, mes collègues et moi, j’en ai déduit que l’une d’entre elles était la coupable. En fait ça allait. Et puis je me suis demandée si je n’étais pas allergique. J’ai été voir les secouristes, qui m’ont de suite demandé la même chose. Je me suis sentie mal, j’ai dû m’asseoir, j’ai commencé à pleurer.

Je pleure facilement et ce n’est pas tant à cause de la douleur (sauf si elle est vraiment très forte) mais bien plus à cause du choc. Cela devient un moyen de me libérer des tensions. Et cela fonctionne assez bien. Je me sens en général bien mieux après. Sauf que c’est assez mal vu, surtout dans ce monde actuel où tout le monde doit être fort et compétitif. On ne montre pas ses sentiments et on reste stoïque. Ou alors on hurle, on gueule, on frappe.

Je pleure pour une piqûre de guêpe mais aussi dans d’autres circonstances. Si je me fais engueuler – comme cet épisode avec un collègue il y a quelques mois – je resterai sans doute rigide, de marbre presque au moment même mais les émotions tourbillonnent en moi et dès que je suis à nouveau en mode plus sûr (seule ou avec un ami), je fonds en larmes. Lors de cet épisode, c’était le cas. J’ai prévenu mes chefs, leur disant que je leur en parlerais de vive voix quand j’aurais retrouvé mon calme. Mais l’un d’eux n’a aucune patience et est venu me trouver de suite, rajoutant une couche, disant que ces larmes desservaient mon cas. Depuis (mais déjà avant en fait), il me prend pour une pauvre petite chose fragile.

Ce que je ne suis pas. Je supporte mieux la douleur physique que d’autres personnes; j’ai juste des émotions à fleur de peau, comme d’autres personnes hyper-sensibles. Elles existent, ces personnes, mais sont souvent incomprises. Il est difficile de s’exprimer quand les émotions sont si violentes. Mes tentatives amènent souvent des larmes dans mes yeux, je me sens toute retournée, même pour des sujets joyeux. Je me sens du coup encore plus mal à l’aise quand cela m’arrive, je me sens encore plus jugée alors que je ne fais qu’exprimer quelque chose de personnel. Je me sens fondre également quand quelqu’un fait quelque chose d’extrêmement gentil pour moi, quelque chose qui me touche, comme juste me soutenir dans une situation difficile. Je pleure peu par contre devant des films ou des séries (sauf devant Call the Midwife où c’est quasi systématique). Cette hyper-sensibilité n’est franchement pas toujours facile à vivre et je m’en passerais bien de temps en temps.

Est-ce que cela vous parle ? Ou êtes-vous plutôt dans l’autre camp ?

Post-scriptum: je ne suis pas allergique aux piqûres de guêpe (connaissant mes allergies aux moustiques et aux araignées, c’est étonnant mais ce n’est pas plus mal). J’ai juste eu un peu mal pendant quelques jours, même si lendemain on ne voyait déjà plus aucun gonflement.