At the movies – 37 (1930s)

Libeled Lady, Jack Conway

Les soeurs de Gion, Kenji Mizoguchi (Japon, 1936) – 4/5: c’est le premier film japonais des années 1930 que je vois (il y a un Ozu sur ma liste aussi) et quelle belle surprise, malgré la qualité sonore et visuelle encore limitée. Umekichi et Omocha sont sœurs, et geishas dans le quartier de Gion à Kyoto. Elles n’ont pas la même approche du métier, Umekichi restant très traditionaliste tandis qu’Omocha dénonce ouvertement le patriarcat – ce qui est évidemment très rafraîchissant pour l’époque. Le film est essentiellement tourné de nuit, et le jeu d’ombres et lumières dans les ruelles est très beau. C’est court, il ne reste qu’une version de 69 minutes alors que le film en faisait 95 à l’origine.

Show Boat, James Whale (1936) – 2/5: une comédie musicale suivant les personnages qui habitent sur un bateau du Mississippi, avec en particulier Magnolia (Irene Dunne). Certains passages mettent en avant la dure condition des Afro-Américains, avec une chanson interprétée par Paul Robeson, aussi acteur dans le film, et un duo avec Hattie McDaniel, mais tout cet effort est réduit à néant avec une chanson en blackface qui aujourd’hui apporte plus de gêne qu’autre chose. Pour le reste, c’est plutôt long et pas toujours très rythmé, la fin se précipite avec 30 ans qui se passent en quelques minutes, et le profiteur du début, Gaylord (Allan Jones) s’en sort un peu trop bien. Les chansons interprétées comme à l’opéra étaient le style du moment, mais pas spécialement ma tasse de thé.

Mayerling, Anatole Litvak (France, 1936) – 2/5: l’histoire très romancée de Rodolphe d’Autriche (Charles Boyer), fils de Sissi, et de ses amours avec Marie Vetsera (Danielle Darrieux). Le film dégouline de romantisme, et l’accent franchouillard des acteurs est vraiment énervant. Je n’ai pas accroché. A noter: le musique d’Arthur Honegger et un extrait du ballet Le lac des cygnes (je me demande combien de fois ce ballet est représenté dans les films).

Romeo and Juliet, George Cukor (1936) – pas de note, j’ai regardé la première heure et survolé la seconde: un film basé sur l’oeuvre de Shakespeare, avec de grands bouts de texte original. Une superproduction hollywoodienne de l’époque avec Leslie Howard en Roméo (il était alors âgé de 43 ans) et Norma Shearer en Juliette (elle avait 34 ans). On voit de suite le premier problème: des acteurs trop âgés pour jouer les rôles d’adolescents (on ne parlera même pas du meilleur ami de Roméo joué par John Barrymore alors âgé de 54 ans). Il a de beaux décors et une belle scène de danse au début du film, mais c’était l’ennui total; j’ai tenu une heure en insistant vraiment (j’aime beaucoup Norma Shearer), aussi parce que les pièces de Shakespeare ne m’intéressent pas trop pour le moment, de même que les adaptations littéraires de « grands » romans. La page wikipedia du film me dit que je ne dois pas trop m’inquiéter: comme ce film n’a pas eu le succès escompté (tout comme A Midsummer’s Night Dream d’ailleurs), Hollywood ne fera plus d’adaptation de Shakespeare pendant dix ans.

San Francisco, W.S. Van Dyke (1936) – 3/5: j’aurais bien mis 4/5, j’ai beaucoup aimé ce film avec Clark Gable (il est quand même beau, non ? – oups, je me répète) et Jeannette MacDonald. Cela se passe à San Francisco et l’introduction précise déjà ce qui va se passer: le grand tremblement de terre de 1906, mais ça, c’est pour la fin (d’ailleurs, c’est un très bon film catastrophe pour l’époque). Mary cherche du travail comme chanteuse (de préférence d’opéra) et est engagé comme interprète de vaudeville dans le club de Blackie, un personnage assez cynique. Il tombe amoureux d’elle, ou est-ce l’inverse ? Là où le film pose problème, c’est dans les scènes où Blackie force un peu trop Mary à l’embrasser, mais surtout à la fin, où le Code Hays a obligé le réalisateur à filmer une conclusion dominée par la religion, la rédemption et le patriotisme.

Libeled Lady, Jack Conway (1936) – 4/5: une délicieuse et jouissive screwball comedy mettant en scène deux couples d’acteurs de l’époque: Jean Harlow et Spencer Tracy ainsi que William Powell (que je commence à beaucoup apprécier) et Myrna Loy. L’histoire est un peu compliquée, mais les stratagèmes d’un des personnages se retournent contre lui et des amours se font et se défont. A noter: des plans de paquebots de l’époque, le SS Normandie et le RMS Berengaria, des martini dry, et un yodel par William Powell (ça fait longtemps que je n’ai plus parlé de yodel).

The Story of Louis Pasteur, William Dieterle (1936) – 3/5: le film aurait pu être ennuyeux mais l’histoire de Louis Pasteur (joué par Paul Muni) m’a intéressée parce que je ne la connaissais pas du tout. C’est très romancé, et de nombreux épisodes de sa vie sont mélangés et condensés mais il y a un rythme certain. C’est aussi un film qui m’a un peu dégoûtée quand on voit la place réservée aux hommes dans la science au 19e siècle, des hommes âgés et obtus.

At the movies – 26 (1930s)

Cette série de films, commencée en juin, a été interrompue par l’été chaud et ses longues soirées lecture. Avec l’arrive subite de l’automne, j’ai repris le fil et j’ai bien avancé sur ma liste.

L’Atalante de Jean Vigo

The Count of Monte Christo, Rowland V. Lee (1934) – 2/5: voilà un film qui m’a laissée complètement indifférente, et que j’ai regardé jusqu’au bout juste parce que je ne connaissais pas l’histoire. Je n’ai d’ailleurs pas grand-chose à en dire (pas d’acteurs ni un réalisateur très connus mais Alfred Newman à la musique).

L’Atalante, Jean Vigo (France, 1934) – 4/5: j’ai failli arrêter ce film en cours de route à cause de Michel Simon (Père Jules) que je déteste (dans le genre grotesque et qui surjoue, il gagne le premier prix) mais je me suis attachée aux autres personnages, à ce capitaine de péniche et sa jeune épouse qui découvre Paris toute seule (son mari lui avait promis une visite mais il est empêché parce que le Père Jules est parti se saouler, et du coup, elle part seule, sauf que le mari ne l’attend pas et repart avec la péniche – sympa, le mari, n’est-ce pas ?). Il y a tellement de poésie dans ce film, et puis tant de modernité en comparaison au cinéma américain. Déjà, ça se passe en grande partie en extérieur et il n’y a aucun souci à faire dormir dans le même (petit) lit un couple enlacé. Il y a aussi une scène très érotique, juste par les expressions du visage. Le second et dernier film de Jean Vigo. A noter: une colonie de chats qui vit sur la péniche.

The Scarlet Empress, Josef von Sternberg (1934) – 3/5: l’histoire de Catherine II de Russie, jouée par Marlene Dietrich et filmée par Josef von Sternberg et avec de très nombreuses libertés par rapport à la réalité historique. Je dirais même que c’est du grand n’importe quoi avec des décors remplis de statues paganistes et d’icônes religieuses très naïves, des robes à froufrous et des coiffures à bouclettes. J’ai préféré de loin le minimalisme de Queen Christina. On voit la marque de von Sternberg et ses éclairages très travaillés mais je préfère des thèmes plus modernes qui conviennent d’ailleurs mieux à Dietrich.

Judge Priest, John Ford (1934) – 1/5: une comédie par John Ford, racontant l’histoire d’un juge dans l’état sudiste du Kentucky. Son meilleur ami est un Noir, dont le personnage est censé être comique. J’ai eu du mal… J’ai aussi eu du mal quand le neveu du juge, Rome, tente de courtiser sa voisine, ne lui laissant aucune échappatoire, la bloquant physiquement avec ses bras. La seule actrice que j’ai reconnue est Hattie McDaniel, qu’on retrouvera dans Gone With the Wind. C’est un film qui a mal vieilli et qui est bien loin des westerns du réalisateur.

The Gay Divorcee, Mark Sandrich (1934) – 3/5: une des premières collaborations entre Fred Astaire et Ginger Rogers, sur fond d’une histoire de divorce pleine de quiproquos. Les scènes de danse sont très réussies, le tout dans un décor évoquant un hôtel art déco d’une cité balnéaire anglaise. A noter: la cage avec les canaris.

The Merry Widow, Ernst Lubitsch (1934) – 2/5: Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald jouent les deux protagonistes de ce film adapté d’une opérette. Chansons et danses se succèdent, entrecoupées de scènes de dialogue. Est-ce que je me suis ennuyée ? ça va encore. Est-ce que j’ai trouvé ça intéressant ? non. J’ai eu une impression de déjà vu et rien ne m’a aidée à m’attacher au film et aux acteurs (même pas les robes créés par Adrian – sans doute parce que ça se passe en 1885 et non dans les années 1930).

It’s a Gift, Norman Z. McLeod (1934) – 2/5: une comédie – heureusement fort courte – qui met en avant l’acteur du muet W.C. Field dans une série de gags (repris en partie des films muets, d’après wikipédia). Le film raconte l’histoire d’un épicier maladroit et de son épouse désagréable, ainsi que de leurs deux enfants, puis leur départ en Californie pour exploiter une plantation d’orangers. Je n’ai pas vraiment ri, à peine souri, mais je suis un public très difficile pour les comédies. A noter: le rôle de Baby LeRoy, un des enfants acteurs mis en avant par les studios, qui a eu une très courte carrière (et sérieusement, ce rôle, c’est du grand n’importe quoi et ça n’apporte rien à l’histoire).