At the movies – 21 (1930s)

The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra

I’m No Angel, Wesley Ruggles (1933) – 3/5: un film avec Mae West (qui a écrit le scénario) et Cary Grant. Tira est danseuse burlesque dans un cirque et séduit tous les hommes. Elle noue des relations plus intimes avec ceux qui ont de l’argent. Au fil de l’histoire, plusieurs homme se succèdent jusqu’à ce qu’elle rencontre Jack (Cary Grant, donc). Une classique histoire de femme pauvre qui recherche l’homme riche pour subvenir à ses besoins (on nommait ça une « gold digger »). Mae West brille par son langage très cru et ses formes aguichantes, mais j’avoue ne pas trop accrocher – ça devient vite vulgaire. A noter: la robe avec toile d’araignée en strass, le morceau de burlesque mais sans effeuillage, les lions du studio.

Little Women, George, Cukor (1933) – 1/5: dieu que c’est neuneu (et tant pis si le mot n’existe pas) ! C’est clairement lié à l’histoire de base, venant du roman de Louisa May Alcott, et si la version de Greta Gerwig de 2019 avait quand même côté rafraîchissant, celle-ci est juste ennuyeuse et pleine de bons sentiments, même si elle avait reçu de très bonnes critiques à l’époque. Avec Katharine Hepburn et Joan Bennett. A noter: des chatons et une cage avec des canaris, la musique romantico-larmoyante de Max Steiner.

Morning Glory, Lowell Sherman (1933) – 2/5: encore un film avec Katharine Hepburn, que je n’aime pas trop en fait (en tous cas dans ses premiers rôles), face à Douglas Fairbanks Jr. C’est l’histoire d’une jeune actrice qui veut percer dans le monde du théâtre et qui tente d’obtenir son premier rôle. Une fois que c’est acquis, elle se rend compte qu’elle doit choisir entre le succès et l’amour (oui, c’est toute l’histoire, et désolée pour le spoil). C’est un film très statique, avec très peu de décors (c’est adapté d’une pièce de théâtre) et j’ai perdu le fil à plusieurs moment pour cause d’ennui.

She Done Him Wrong, Lowell Sherman (1933) – 3/5: encore un hasard, deux films de Lowell Sherman à la suite, ici avec Mae West et Cary Grant (et tourné avant I’m No Angel). Je dois dire que j’ai préféré Mae West dans ce film-ci, même si elle a un style particulier. L’histoire, un peu compliquée, se passe essentiellement dans un saloon pendant les années 1890; Lou y est la chanteuse principale et a l’art de s’entourer d’amis qui la couvrent de diamants. Cary Grant joue le rôle du capitaine de police Cummings qui fait une enquête undercover pour démasquer un réseau de prostitution et d’autres activités illégales (c’est parfois un peu confus, je trouve). Plaisant, mais sans plus. A noter: comme dans I’m No Angel, Mae West a une domestique afro-américaine – c’était un souhait de la star de mettre en avant des actrices noires.

The Bitter Tea of General Yen, Frank Capra (1933) – 4/5: Megan (Barbara Stanwyck) arrive à Shanghai en plein milieu de la guerre civile pour épouser un missionnaire. Elle se trouve mêlée à une émeute et est sauvé par le Général Yen (Nils Asther), un des rebelles. Celui-ci tombe amoureux d’elle… Il y a évidemment plein à redire au niveau du racisme ambiant de l’époque: les Blancs qui dominent, qui nomment les Chinois des « chinamen » sans distinction, les vêtements et les décors un peu exagérés, le fait d’avoir engagé un acteur suédois pour jouer un Chinois, son maquillage risible avec les sourcils pointés… Mais l’histoire se tient et est assez prenante, analysant l’attirance progressive de Megan pour la culture chinoise et pour le Général. Et l’utilisation du noir, du blanc et des jeux d’ombres et lumières est particulièrement travaillé et fait penser à du Josef von Sternberg. Une belle surprise donc pour cette « chinoiserie ». A noter: plusieurs scènes avec un train et l’actrice japonaise Toshia Mori.

Ceci termine ma liste d’une bonne vingtaine de films pour 1933. Comme les années précédentes, j’ai laissé tombé les Marx Brothers et Laurel et Hardy et je n’ai pas trouvé State Fair de Henry King. 1934 est l’année de l’introduction du code Hays qui régit la moralité des films à partir du début de l’été, et donc je vais les regarder en deux fois, en fonction de leur date de sortie (avant/après juillet). En fait, je suis même leur ordre chronologique de sortie que j’ai trouvé sur wikipedia. J’en ai 21 sur ma liste.

The Lost Patrol, John Ford (1934) – 2/5: pendant la Première Guerre mondiale, une patrouille se perd dans le désert de Mésopotamie. Elle se réfugie dans une oasis mais ne peut la quitter, harcelée par les Arabes. Au fur et à mesure de l’histoire, les soldats sont tués et les émotions s’exacerbent. Je n’ai pas trouvé ça très passionnant, il n’y a que des hommes (qui parlent des femmes comme objets de plaisir), mais c’est un film en extérieur, et on voit l’art de la composition et des jeux de lumières de John Ford (dont j’ai vu beaucoup de westerns). Avec Victor McLaglen et Boris Karloff.

It Happened One Night, Frank Capra (1934) – 3/5: une comédie romantique mettant en scène Claudette Colbert dans le rôle d’une jeune femme fuyant son père très riche et qui est opposé à son mariage avec un pilote d’avion et Clark Gable (avec moustache, mais sans poils sur le torse), un journaliste au chômage, qui la mène à bon port en échange d’un scoop. Une histoire classique de rejet qui se transforme en amour – et du coup ce n’est pas toujours très passionnant, mais ce n’est pas un mauvais film non plus.

At the movies – IV (1930s)

Shanghai Express (Paramount Pictures, domaine public)

Sous les toits de Paris, René Clair (FR, 1930) – 2/5: à mi-chemin entre un film muet et un film parlant, vu que René Clair n’était pas trop tenté par le son. L’histoire met beaucoup de temps à se dérouler, certaines scènes sont très longues, et l’ennui pointe très vite (j’ai failli abandonner). On voit que c’est tourné en studio, mais les plans en travelling du début et de la fin sont impressionnants. Une histoire de femme libre (la très belle Pola Illéry) qui passe d’un homme à l’autre, et les jalousies entre ces hommes (dont l’un est un gangster).

Der blaue Engel, Josef von Sternberg (DE, 1930) – 3/5: ce film est donc considéré comme un chef d’oeuvre. Sauf que je me demande parfois s’il ne faudrait pas changer de critères. Alors, oui, Marlene Dietrich est pas mal dans son rôle de chanteuse de cabaret, mais sans être exceptionnelle. Par contre, Emil Jannings, apparemment la superstar allemande du moment, en fait bien trop. Et puis, il y a cette histoire qui met beaucoup trop de temps démarrer et qui n’est pas très crédible. Mais il est clair que Josef von Sternberg a du talent; j’ai cependant bien plus apprécié son film suivant, Morocco, moins brouillon, plus clair et défini dans l’image.

L’âge d’or, Luis Buñuel (FR, 1930): difficile de mettre une cote à ce film surréaliste. Je ne peux pas dire que j’ai accroché (surtout avec les scènes du début montrant des scorpions), même si je comprends l’importance de ce film pour l’histoire du cinéma. Je pense que ce sera un problème récurrent: j’ai beaucoup de mal avec le surréalisme et le grotesque.

The Dawn Patrol, Howard Hawks (1930) – 3/5: un autre film sur les aviateurs pendant la Première Guerre mondiale, dont la post-production a été accélérée pour qu’il sorte avant Hell’s Angels produit par Howard Hugues. Ce dernier avait poursuivi le studio pour plagiat mais perdra le procès. L’histoire est bien plus centrée sur les aviateurs, tout particulièrement Courtney joué par Richard Barthelmess et Scott jouée par Douglas Fairbanks Jr., et montre le côté sombre de la guerre. En effet, jour après jour, de jeunes pilotes non expérimentés sont envoyés vers leur mort. Howard Hawks avait lui-même été instructeur pendant la guerre et joue dans le film un pilote allemand (non crédité).

Shanghai Express, Josef von Sternberg (1932) – 5/5: mais pourquoi est-ce que j’ai attendu si longtemps pour voir ce film ? J’avais pourtant déjà lu un roman et un récit du scénariste, Harry Hervey et les ambiances « exotiques » ont tout pour me plaire. Mais en plus, la lumière et la photographie sont superbes et c’est un film très féministe: ce sont les deux femmes qui font avancer l’histoire dans le bon sens, alors que tout le monde les méprise à cause de leur statut de courtisane. Marlene Dietrich et Anna May Wong sont juste magnifiques.

Little Caesar, Mervyn LeRoy (1931) – 3/5: avec ce film, je passe à 1931 (Shanghai Express était un détour lié à une playlist pour le boulot). C’est un des premiers films de gangsters et il a contribué à la création des codes de ce genre (apparemment, j’aurais aussi dû regarder The Doorway to Hell d’Archie Mayo, datant de 1930, avec James Cagney). C’est donc un film très masculin, avec fusillades et poursuites en voiture. Mais il y a autre chose: Rico, joué par Edward G. Robinson (qui n’est pas le plus beau des acteurs et qui a une voix qui irrite un peu), est mené par l’amitié qu’il a pour son ancien acolyte, Joe (Douglas Fairbanks, Jr) qui a quitté le gang pour devenir danseur. Mick LaSalle (dans Dangerous men. Pre-Code Hollywood and the birth of the modern man) y voit une des premières relations homosexuelles montrées à l’écran. Si c’est le cas, c’est extrêmement subtil, mais sans doute que c’était nécessaire à l’époque.

The Public Enemy, William A. Wellman (1931) – 3/5: second film de gangsters de 1931, qui a été en compétition avec Little Caesar à l’époque pour attirer le public. Premier grand rôle de James Cagney, et très mauvais rôle de Jean Harlow. Le film est connu pour sa célèbre scène du pamplemousse (Cagney, excédé, écrase un demi-pamplemousse sur le visage de Mae Clarke au petit-déjeuner). J’ai aussi noté ce tailleur ouvertement homosexuel et un chat noir qui traverse la rue. Réalisation dynamique qui fait qu’on ne s’ennuie pas un moment.

(J’ai quelque part décidé que ces articles seraient composés de sept notices, on verra si je continue à ce rythme-là. Je me suis aussi demandée si je ne devrais pas plutôt mélanger les décennies, ce qui permettrait de publier certaines notices plus vite).