Phase descendante

Le retour des températures fraîches et de la pluie a été très soudain, le week-end passé je lisais encore au jardin. Mon humeur subit le contrecoup, même si le mouvement avait déjà été amorcé depuis quelques semaines.

A part une première semaine où j’ai été très angoissée, je n’ai pas mal vécu le confinement. Je dirais même que ça a été assez positif: j’ai compris pas mal de choses sur mes comportements et mes envies. J’aime vraiment être seule avec moi-même et je n’ai plus eu cette pression des sorties « obligées ». Je me suis quand même rendue compte que les contacts me nourrissent et que j’en ai besoin. Mais je sais maintenant que je peux mieux organiser tout cela, en fonction de ma fatigue et des envies.

J’ai découvert le télétravail et je ne pourrais plus m’en passer. J’ai eu beaucoup de mal à partir du moment où j’ai dû retourner trois jours/semaine au bureau, et depuis, mes problèmes de sommeil ont recommencé de plus belle (ces insomnies jouent un rôle très négatif sur mon humeur). L’angoisse n’est pas spécifiquement liée au déplacement (un peu quand même), mais bien plus clairement à la pointeuse et au temps de travail minuté. Depuis le jour où elle a été installée, je compte les minutes, je créée un solde positif en restant un peu plus longtemps, alors que mon travail est parfois terminé depuis un moment. A la maison, je travaille à la tâche, et c’est bien plus libérateur. Je sais que je vais de nouveau devoir m’adapter à ce rythme et modeler mon cerveau pour qu’il ne soit plus troublé par ça. (Pour la petite histoire, dimanche passé, j’ai su dès le début de l’après-midi que je dormirais mal, j’ai senti l’angoisse monter dans tout mon corps. Ce n’est pas normal.)

Ces dernières semaines, j’ai l’impression d’être arrivée au bout d’un cycle, très clairement marqué par le décès de mon papa, mais je reste bloquée; je n’arrive pas à entamer le suivant. Je me suis posée pas mal de questions, j’ai beaucoup réfléchi mais je stagne. En fin de compte, je me suis dit qu’écrire ce billet m’aiderait sans doute (même s’il part un peu dans tous les sens). Le changement abrupt de saison me donne aussi un incitant. Je ne veux pas me laisser aller à la dépression saisonnière qui revient chaque année, mais je ne peux pas utiliser ma solution habituelle, partir en voyage. Ils me manquent très fort parce qu’ils me nourrissent pour les semaines et mois qui viennent. Quand je pars, je suis extrêmement active pendant quelques (dizaines de) jours, pour revenir ensuite à mon quotidien.

Il est temps de me réinventer, ce changer mon état d’esprit, d’accepter les jours sombres et froids avec ce qu’ils peuvent apporter de positif.

Ce n’est pas simple pour quelqu’un qui aime le soleil et la chaleur. J’ai parfois ces périodes de plusieurs heures pendant lesquelles je n’arrive pas à me réchauffer et je me sens tout simplement misérable. Mais je sais aussi qu’il suffirait parfois de bouger un peu, de boire quelque chose de chaud, (de faire du repassage), de sortir la couverture chauffante que j’ai achetée l’année passée et quasi pas utilisée.

Le confinement a été une parenthèse, une parenthèse utile pour me recentrer sur ce que je suis. Le décès de mon papa a coupé court à une série de choses. Maintenant, je sens que je dois reprendre le fil (et du coup le titre de ce billet ne correspond plus vraiment). Je ne sais pas encore trop comment, mais faire des listes me réussit en général. J’en publierai peut-être une dans quelques jours.

Et vous, comment appréhendez-vous les mois qui viennent ?

Fluctuations (V)

Quelque part, je me sens assez bien avec ce confinement obligatoire. Je ne me sens pas forcée de sortir et de socialiser. Mais je sais aussi que sortir me fait du bien, et après deux mois, ça me manque. Sauf que je ne sais pas comment faire, je ne sais pas comment attirer l’attention sur moi. Chacun est dans sa bulle, avec son conjoint, ses enfants, des amis. Et moi je n’ai pas grand monde, très peu de famille, un papa qui est confiné dans sa maison de repos et qui ne m’écoute plus qu’à moitié, même s’il va relativement bien pour le moment. (J’ai écrit une partie de ce texte en début de semaine, pendant un moment de déprime, mais depuis, j’ai « attiré l’attention » de quelques amis; comme j’ai écrit encore beaucoup d’autres choses dans ce billet, je ne souhaite pas l’effacer.)

Des amitiés de longue dates qui se délitaient déjà se sont définitivement terminées, et j’en souffre. Je n’ai pas réussi à tempérer et arranger les choses malgré des excuses répétées dans un des cas; j’ai beaucoup de mal à accepter la situation. Je ne vois plus que le rejet clair et net. Sans doute que cette crise du covid ne fait qu’accentuer ce rejet, à une période où on est censé se soutenir. Mais comme je le disais, ça avait commencé avant et le covid n’a fait que précipiter les choses. On me dira aussi que je l’ai cherché, que j’ai tout fait pour me rendre détestable, à tel point que je m’en suis presque convaincue. Cela ne fait que répéter un schéma, j’ai l’impression. Et puis si je regarde l’autre côté, toutes mes amitiés ne se terminent pas comme ça; certains amis restent fidèles depuis très longtemps. « Va chez un psy », m’a-t-on répété. C’est facile à dire, surtout quand on a des proches pour s’épancher sans vraiment s’en rendre compte. Ce qui fait mal aussi, c’est ce bannissement total via les réseaux sociaux, un à un, d’instagram à goodreads, comme si je ne le remarquais pas. C’est comme si je n’existais plus. Un rejet aussi violent ne m’est pas arrivé très souvent, il y a eu mon ex mais le rejet était partagé, et puis avant, ça remonte sans doute à l’école primaire ou secondaire.

Le déconfinement se met en route, mais il n’est pas encore vraiment passé par moi. Oui, j’ai été acheter des plantes exotiques – ça me manquait et ça m’a fait du bien – mais je n’ai vu personne. Je n’ai pas rempli ma bulle de quatre personnes (j’ai eu ce sentiment de « dernière choisie pour l’équipe de basket à l’école »). J’ai vu quelques collègues lors de mes courtes incursions au bureau. J’ai eu quelques contacts par messenger mais ça s’étiole. Je sais que c’est à moi de faire les efforts, mais je n’y arrive pas vraiment. Je crois que si j’étais seule « Dans la forêt », je m’adapterais bien à la situation. Je n’aurais personne à qui me comparer.

Je m’en sors bien en voyage, au Japon tout particulièrement. Il y a plein de choses à visiter qui me plaisent. Ici, je n’arrive pas à prendre l’initiative de sortir de chez moi, d’aller me promener, de faire une randonnée, comme si la solitude était moins acceptable ici qu’en vacances. Et donc je reste chez moi. Heureusement j’ai un jardin mais l’horizon est quand même limité.

Le confinement n’est pas tendre avec les personnes seules. Elles ont été oubliées. Qui pouvais-je voir ? Heureusement, ma voisine était là, mais je ne peux pas lui parler de lectures, de cinéma, de séries tv… Je n’ai plus touché personne depuis deux mois et demi et cela risque de durer encore un moment (les larmes me sont montées aux yeux quand je l’ai raconté à une amie / collègue mais elle ne pouvait rien faire, à part prendre des risques que je ne voulais pas qu’elle prenne). Je n’ai personne que je peux prendre dans mes bras (mon papa, c’est interdit). (Si ça fait aussi deux mois et demi que vous n’avez touché personne, comment le vivez-vous ?) Avant je faisais la bise à des amis, ou parfois même un câlin, ce n’était pas énorme ni suffisant, mais c’était déjà bien mieux.

Je ne sais vraiment pas comment sortir plus souvent, comment me faire de nouveaux amis. Des amis qui comprennent que je refuse leurs invitations parce que j’ai besoin d’être seule, parce que je suis un peu bizarre, plus introvertie que la moyenne. Mais des amis qui m’accueillent avec plaisir quand j’ai envie de sortir et qui ne font pas d’histoires parce que la semaine avant je n’ai pas voulu socialiser. Des amis qui me disent ce qu’ils pensent mais avec bienveillance, des amis tout simplement.

Même hors du confinement, je ne suis pas une grande spécialiste des liens sociaux. C’est un peu un cercle vicieux: je suis timide donc on ne me remarque pas et comme on ne me remarque pas, je m’enferme encore plus. J’ai envie qu’on vienne vers moi alors que c’est le contraire, c’est à moi de faire les efforts, et c’est là que j’abandonne la plupart du temps, souvent parce que je ne sais pas comment faire. J’ai plein d’intérêts mais ils sont souvent un peu trop particuliers. Les réseaux sociaux m’ont permis de faire connaissance avec certaines personnes aux mêmes goûts que moi, mais pas tant que ça. Et les réseaux sociaux n’ayant pas de frontières, il est souvent impossible de voir de ces amis qui habitent loin.

90% du temps je vais bien, 10% du temps je suis misérable, je me sens seule et abandonnée de tous.

Tout ça va passer, probablement. Tout passe.

(D’ailleurs, comme je le disais plus haut, quelques jours ont passé et j’ai de nouveau basculé dans les 90% du temps, mais je ne souhaitais pas effacer ce texte très personnel qui raconte beaucoup sur moi et qui parle de blessures très récentes).

Fluctuations (IV)

Ou comment j’ai raté mon confinement (ou pas)

(d’après une idée de Kleo)

Dès le début du confinement, ça n’a pas raté: l’internet s’est rempli d’injonctions: « profitez de tout ce temps libre pour faire ceci, ou cela ». D’abord quel temps libre ? Quand on travaille à plein temps, même si c’est depuis la maison, les journées sont quand même bien remplies. Oui, c’est un peu plus relax, et oui, on peut récupérer l’heure qui n’est pas dédiée aux transports, et parfois même, faire la vaisselle est une bonne manière pour trouver de l’inspiration pour un texte. Mais ça ne fait pas beaucoup plus de temps libre, et je n’ai pas obéi aux injonctions diverses (ce n’est pas trop mon style non plus). Un aperçu:

Activité physique: beaucoup de jours sans (je n’ai pas encore pensé à transporter mon téléphone sur moi toute la journée pour compter mes pas), deux ou trois séances de yoga quand j’avais vraiment besoin de me détendre, mais aussi une idée utile: enlever les bambous du fond du jardin. Même s’il n’est pas traçant, il s’était fortement étendu, et donc j’ai commencé par enlever tous les rhizomes qui s’étaient éloignés de la base. Et puis j’ai décidé de m’en débarrasser complètement et de changer l’aspect du fond du jardin. Mon rythme: 10 ou 20 centimètres carrés par jour, mais à la pioche, ce qui prend entre 40 minutes et une heure. Les rhizomes, c’est résistant ! (Le résultat, c’est que j’ai des douleurs sous l’omoplate depuis plus d’une semaine et que j’ai dû ralentir le rythme). Ce n’est pas encore fini, j’ai donc encore de l’exercice physique prévu pour les dix prochains jours environ.

Culture: pour le boulot, j’ai dû faire des listes d’initiatives culturelles sur le web. Associées à celles de mes collègues, ça fait une quantité énorme. Est-ce que j’en ai profité ? Oui, mais seulement trois ou quatre fois, et au détriment de mon visionnage de séries habituel. Côté lecture, ça a été catastrophique les premières semaines: je n’avais plus mon temps dédié dans les transports et je n’arrivais pas à me concentrer à la maison. Par la suite, pour réamorcer l’habitude, je me suis décidée à lire pendant un créneau horaire précis, juste après le boulot. Aujourd’hui j’ai repris un rythme quasi normal mais cela dépend vraiment des jours.

Capillarité: je me déteste avec les cheveux gras, ce n’était donc pas une option pour moi. Donc lavages habituels tous les trois jours (et déjà, le troisième jour c’est souvent limite). Mais j’ai décidé de laisser pousser ma frange, sauf que je l’avais recoupée deux ou trois jours avant le début du confinement. Aujourd’hui, j’en suis au début du stade où a priori j’aurais tout recoupé. Mais si je reste honnête avec moi-même, l’idée était présente depuis au moins six mois.

Epilation: ça m’avait échappé, mais Kleo dit qu’il y a eu plein d’injonctions dans le sens d’une repousse, pour se libérer du diktat « absence de poils ». Et bien, je préfère mes jambes sans poils. Personne ne me fera changer d’avis. (Les nombreux poils sur mes jambes ont été à l’adolescence une source de moqueries, et ma mère me disait tout le temps que si je les épilais, ça reviendrait encore plus dru. Je l’ai crue un moment, sauf que ce n’est pas vrai).

Soutien-gorge: ça dépend des jours et des vêtements, mais moins qu’avant. Sauf qu’avant, le dimanche par exemple, je n’en mettais déjà plus. Au début du confinement, j’ai mis des vêtements confortables en jersey, mais par la suite, je me suis dit que ça me ferait du bien si je mettais mes jolies robes, et là, je préfère porter un soutien-gorge (question de frottement de tissu contre ma peau, et de soutien justement – mes robes sont coupées pour une position des seins dans un soutien-gorge). Et donc, je jardine sans soutien, ce qui a valu une conversation sur le sujet avec ma voisine qui me disait qu’elle avait trop peur des effets de la gravité avec l’âge (elle a 15 ans de plus que moi).

Levain: ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Par contre, je continue à cuisiner – comme avant – parce que j’aime ça, testant régulièrement de nouveaux plats, selon mes envies. Le souci du pain, c’est que c’est une grande quantité (et sinon, tout ce travail ne vaut pas trop la peine) et que ça fait beaucoup pour moi toute seule. J’ai vaguement pensé aux naans (depuis avant le confinement en fait) mais idem: j’en mangerai un et puis… surgélation ? Ce n’est pas aussi bon !

Créativité: comme avant, je couds mes robes et je m’occupe du jardin. J’ai lancé un projet de nouveau point d’eau pour le fond du jardin, projet déjà imaginé depuis l’été passé en fait. Il fallait juste que je contacte quelqu’un d’extérieur pour le mettre en place (à vrai dire, je pensais que le confinement empêcherait tout ça, mais non).

Puzzle: j’ai repensé à ces puzzles de 5000 pièces que je faisais pour combler mon ennui alors que j’étais adolescente. C’était toujours à la mer, dans la maison de ma grand-mère. Je crois que les puzzles sont restés là quand on a vendu la maison, ou alors quand on a vendu la maison de mon papa. Mais je fais des réussites sur mon téléphone pendant des moments de glande intense.

Apprendre à se connaître soi-même: ça fait un petit temps que c’est en cours, je n’ai pas attendu le confinement pour réfléchir sur moi-même !

Autre chose ?

A vrai dire, je vis ma vie à peu près comme avant, la seule « grande » décision étant la repousse de la frange ! Et donc, il ne faut pas s’attendre à de grandes entreprises de mon côté.

Short diary of the week (340)

Lundi: et donc cette douleur sous l’omoplate est plus accentuée aujourd’hui, reprendre le travail à la maison (a priori au moins jusqu’au 18 mai si j’ai bien compris le mail du directeur), couper les cannes de bambou restantes, lire un moment et profiter de ce dernier jour de soleil, Breaking Bad

Mardi: réécouter un vieux disque et me rendre compte qu’il ne me plaît plus autant qu’avant, commencer un texte, la pluie – enfin, ajouter de la terre à mes tomates à l’intérieur, terminer ce roman, Breaking Bad

Mercredi: ces douleurs sous l’omoplate – toujours, plein d’idées pour la suite (cette liberté de choisir soi-même des sujets), rempoter quelques fleurs, tenter un plat de Hong Kong qui s’avère facile à préparer et très bon, le documentaire Ramen Heads qui me fait saliver

Jeudi: mettre des choses en ligne, voir avec plaisir le facteur (la factrice ?) m’apporter un colis, une courte promenade pour tenter de détendre mon corps tout tendu, The great British sewing bee (en différé)

Vendredi: congé !, de la couture: continuer la robe en cours et coudre un masque, glander pas mal, un peu de lecture, un documentaire sur les femmes de réconfort indonésiennes lors de l’occupation japonaise: Troostmeisjes: omdat wij mooi waren, un bout de Gardener’s world

Samedi: les courses qui ne se passent pas trop bien: me faire agresser verbalement par un client qui m’a d’abord coincé dans une allée sans issue, le trop plein d’émotions catalysé par ce truc tout con, de la couture: me décider pour une jupe droite mais d’abord coudre une toile, m’attaquer à cet arbuste qui cache un palmier, j’abandonne: il est trop ancré dans le sol, mais en le taillant aux deux-tiers j’obtiens l’effet voulu, de la lecture, préparer des ramens au coquilles saint-jacques et mettre le bordel dans la cuisine, un début de film qui m’endort très vite

Dimanche: une bonne nuit, de la couture, abandonner: c’était une bonne idée de coudre une jupe droite mais l’adaptation à ma taille se révèle fort difficile et je préfère y revenir à tête reposée, lire tout l’après-midi et terminer un roman, du gigot – le souci c’est que toute la maison sent le graillon, A land imagined – un beau film de Singapour

Short diary of the week (339)

Lundi: une mauvaise nuit (sans vraie raison), m’attaquer à ce texte, être interrompue par le jardinier de ma voisine qui taille la haie mitoyenne, bien avancer quand même, tailler le reste de la haie et tondre la pelouse, un documentaire gratuit pour le moment – et très émouvant: Return to K.I.D. de Vanna Seang (retour vers le passé au Cambodge)

Mardi: une bien meilleure nuit, des corrections, attendre des corrections, déplacer les plantes sur la terrasse, le dernier épisode de la cinquième saison de Better call Saul

Mercredi: de nouveau une nuit entrecoupée d’un long réveil, mettre un long texte en ligne, écrire d’autres choses, rempoter des plantes, Breaking Bad

Jeudi: mettre en ligne le texte d’un collègue, diverses petites tâches, et puis en fin d’après-midi m’attaquer aux mauvaises herbes de la pente du garage, terminer un livre, The Great British Sewing Bee – en différé

Vendredi: réfléchir au travail de la semaine prochaine, avancer sur quelques projets plus anciens, me plonger dans les généalogies familiales, asperges scampis oeufs mollets, Breaking Bad

Samedi: une nuit agitée, les courses, une sieste, me rendre compte que j’ai pris pas mal de retard dans l’écriture de brouillons d’articles de blogs (et ne rien faire pour changer ça dans l’immédiat), enlever des mauvaises herbes sur le trottoir, réfléchir une fois de plus aux changements à l’arrière du jardin, m’installer pour lire mais il fait trop froid à l’ombre (et impossible de lire au soleil), des sashimi et maki maison, Gardener’s World (en différé), tomber sur Maison à vendre et regarder ça le reste de la soirée (parfois, il faut mettre son cerveau en vacances)

Dimanche: cette douleur sous l’omoplate viendrait-elle d’un faux mouvement ou c’est l’endroit où le stress se serait accumulé ?, du yoga pour le haut du dos, de la couture – c’est toujours gratifiant quand ça prend forme (surtout après avoir passé plusieurs semaines à coudre des toiles pour un autre patron), un bout de bambou en moins – et donc le mal sous l’omoplate vient de là, de la lecture, un rougail de saucisses qui a un délicieux goût fumé grâce à du pimenton offert par Gasparde, The roots remain – encore un documentaire intéressant sur le Cambodge

Short diary of the week (338)

Lundi: une très mauvaise nuit – sans vraie raison – mais je dois peut-être regarder du côté d’une meilleure hydratation le soir, j’ai l’impression que quand je bois plus d’eau le soir je dors mieux mais c’est un équilibre précis: si je bois trop tard je me réveille pour aller aux toilettes, congé donc !, les architectes de jardin peuvent continuer à travailler et donc j’ai eu un rendez-vous ce matin – à distance raisonnable – pour discuter d’un nouveau point d’eau à l’arrière du jardin, le projet est très enthousiasmant !, une grosse chute de tension, rempoter les herbes aromatiques, réfléchir au nouvel agencement des plantes à l’arrière du jardin, hésiter beaucoup: enlever les bambous et les remplacer par des érables ?, Breaking Bad

Mardi: encore une nuit très moyenne – c’est frustrant !, de retour au travail… à la maison, manger un délicieux goulash cuisiné par ma voisine, cinq des vingt variétés de tomates n’ont pas germé – mais j’ai assez de pousses pour remplir les pots vides (et j’ai pensé pour une fois à jeter les semences concernées), chercher de nouvelles chaises de jardin sur le net, cuisiner un plat pas mal mais il manque quelque chose pour que ce soit vraiment savoureux, Better Call Saul

Mercredi: une meilleure nuit, écouter ce « disque de réconfort » et réfléchir à un texte, un peu de lecture, et puis les nouvelles me troublent – j’ai peur de retourner travailler le 3 mai en prenant les transports en commun (il y a sans doute peu de chances en fait quand on y réfléchit un peu), du coup je ne fais pas grand chose de ma soirée, et je m’endors sur mon roman alors qu’il ne reste que 20 pages

Jeudi: écrire avec entrain, et puis cette horrible nouvelle: un de mes collègues est décédé d’une rupture d’anévrisme, je suis bouleversée tout comme les quelques collègues que je contacte, je regrette déjà son humour très cynique, me défouler sur les bambous pour tenter d’oublier, et puis terminer ce beau roman, et commencer un autre qui semble prometteur – j’aime l’écriture dès les premières pages, un apéro en visioconférence, deux épisodes de Breaking Bad – la fin de la troisième saison et le début de la quatrième

Vendredi: réveillée quelques minutes avant le réveil, commencer une tâche, être interrompue par une plus urgente, semer des courgettes et concombres, de la lecture, un nouvel apéro partagé sur instagram, mon papa me raconte au téléphone que son meilleur ami d’adolescence est décédé, Breaking Bad, Gardener’s World

Samedi: me réveiller pendant la nuit à cause de nausées, les courses, parler un moment avec le responsable des vins qui me raconte combien certains clients sont chiants, me réjouir de la pluie qui arrose enfin le jardin, me dire que je vais commencer un nouveau projet couture facile et rapide, et puis hésiter le reste de la matinée, divers facteurs entrent en compte – le changement de couleur du fil dans la surjeteuse n’étant pas des moindres, trouver finalement une idée – encore un sacré frankenpattern – avec un tissu foncé mais estival quand même, décider qu’une sieste me ferait du bien, dormir profondément pendant deux heures – et j’ai du mal à me réveiller après ça, du jardinage, de la lecture, The last reel – un film cambodgien diffusé gratuitement pour le moment

Dimanche: une bonne nuit, un temps tout gris, couper du tissu pour une nouvelle robe, enfin terminer le tri des photos de mon voyage au Japon, de la lecture, cuisiner un bon plat, Babylon Berlin

Short diary of the week (337)

Lundi: une nouvelle semaine de confinement (la quatrième ?), terminer une série de tâches abandonnées vendredi, cuisiner une tarte à la banane pendant une pause (la quantité de beurre est astronomique !), continuer le travail, semer des radis et de la salade, un peu de lecture, deux épisodes de Breaking Bad

Mardi: réveillée bien trop tôt – vers 5h30, bien avancer sur cet article, une réunion en visioconférence, une grosse fatigue quand même, terminer ce pavé-boulet, Better Call Saul, la pleine lune éclaire tout

Mercredi: terminer un article, laisser le sort décider du sujet du suivant, le sort est bien tombé !, c’est vraiment un plaisir de réécouter ce disque de Slint, mon activité physique du jour (et des autres aussi): attaquer du bambou à la pioche (et il en reste encore assez pour les prochaines semaines), je suis l’anti Marie Kondo: il y avait à la cave assez de produit nettoyant et d’huile de teck pour traiter la table de jardin, encore une mauvaise pioche pour la lecture (quelle est la probabilité de mettre deux fois le mot « pioche » dans un même paragraphe ?), Babylon Berlin, Breaking Bad, m’inquiéter de la situation des maisons de repos et donc aussi pour mon papa

Jeudi: des insomnies donc, insomnie pendant laquelle mon cerveau veut écrire l’article du jour, une certaine fatigue donc, travailler, et puis terminer un livre au jardin, appeler mon papa et avoir l’impression qu’il est en assez bonne forme, Breaking Bad

Vendredi: à la recherche de photos – le travail du jour donc, recevoir un mail rassurant de la maison de repos – personne n’est infecté pour le moment, semer quelques fleurs, profiter du soleil de fin d’après-midi, continuer les apéros partagés, cuisiner un curry qui mélange les influences sri lankaises, thaïes et birmanes, Breaking Bad, Gardener’s World

Samedi: les courses – un peu plus stressantes parce qu’il y avait plus de monde, du coup je me demande comment ça se passera quand je devrai reprendre les transports en commun et aller au bureau, de la couture – tenter d’adapter le patron de la jupe à ma taille, séparer les hellébores – plus compliqué qu’il n’y paraît, enlever un bambou d’un grand bac en métal – juste à temps – il commençait à percer par en-dessous, aider ma voisine à mettre en place les deux palmiers qu’elle vient d’acheter, de la lecture, remercier mon voisin qui m’a aidé à recharger la batterie de la voiture (je roule encore moins que d’habitude) et qui en a profité pour vérifier le niveau d’huile et pour rajouter du liquide lave-glace, me demander ce qui se passe dans la tête de cette voisine qui invite deux fois par semaine son fils et son petit-fils, commencer un vieux western et me rendre compte que la copie est un transfert vhs sans sous-titres, retourner à Breaking Bad

Dimanche: le ratio nourriture ingurgitée / activité physique n’est pas équilibré – tentons de résoudre ça pendant la semaine qui vient, coudre une toile pour la jupe – les ajustements seront assez faciles, semer plusieurs variétés de basilic, enlever ce grand bac en métal du fond du jardin et le mettre sur la pile « à porter à la déchetterie », diviser les hellébores (la suite) et faire plaisir à ma voisine, qui d’ailleurs m’a offert des oeufs de Pâques, une soirée à glander devant youtube, de la lecture

Short diary of the week (336)

Lundi: le scénario habituel: « mais je ne connais rien à ce sujet ! » – une demi-heure plus tard: « ah mais c’est super intéressant en fait » – ou comment se passe la rédaction de l’article du jour pour le boulot, et puis ressortir ce disque de Wild at heart et avoir envie de revoir le film, cette satisfaction d’avoir bien travaillé, semer des tomates – vingt variétés – l’idée est d’avoir un plant de chaque, de la lecture, reprendre avec plaisir Babylon Berlin (saison 3), Breaking Bad

Mardi: cette douleur au dos est la preuve que mes angoisses sont bien là, mais comment les faire partir ?, travailler sur plusieurs projets à la fois, préparer du falernum, lire au jardin – j’ai pris des couleurs !, Better Call Saul, Unorthodox, ou comment les anxiétés des autres jouent un mauvais rôle dans la mienne

Mercredi: pour une fois je ne me suis pas réveillée avant le réveil, on dirait qu’il a bien gelé cette nuit, le boulot, me défouler sur les bambous, lire un moment, et puis bondir en lisant quelque chose, et avoir beaucoup de mal à me calmer, discuter un moment en ligne

Jeudi: une nuit agitée – les histoires d’hier ont influencé mon sommeil – et quelque part ça me frustre, continuer à écrire cet article, regarder un documentaire lié à celui-ci, trier des photos, deux épisodes d’Unorthodox

Vendredi: du copier-coller, une réunion ratée (une des personnes n’arrivait pas à se connecter), un peu de jardinage, la fin d’Unorthodox – une belle mini-série, Gardener’s World (non, je ne me suis pas endormie !)

Samedi: les courses, de la couture, à l’attaque des bambous – aussi chez ma voisine – à distance raisonnable évidemment, planter dahlias et lys dans des pots, de la lecture (mais le soleil s’est caché et je suis donc rentrée), le début d’un film lamentablement interrompu par un endormissement impromptu

Dimanche: mais quel est-ce bruit ? j’avais oublié de fermer le robinet du jardin et le tuyau d’arrosage s’est déconnecté créant une mini-inondation dans le jardin, de la couture: cette troisième toile du haut est la bonne, par contre je me perds dans mes calculs pour le bas, préparer les bacs du potager et autres petites tâches au jardin, lire – à l’ombre cette fois-ci, un premier barbecue de l’année, continuer et terminer le film entamé hier: Miss Oyu de Kenji Mizoguchi (1951)

Fluctuations (3)

Je me sens globalement bien. J’ai l’impression que ce confinement n’est qu’une suite logique d’un parcours entamé il y a quelques années après ma rupture (mais que j’aurais aimé vivre différemment, sans les règles actuelles, évidemment). Si je me suis accrochée aussi longtemps à cette personne, envers et contre tout, c’est parce que j’avais peur d’être seule. Et puis un jour c’est arrivé, je me suis retrouvée seule.

J’ai repris les choses en main, pas à pas, prenant confiance mais perdant aussi les pédales de temps en temps. J’accepté le changement, j’ai décidé de tourner la page, de ne pas vivre dans le passé, de construire quelque chose de nouveau. Rien de tout cela ne s’est fait en un jour.

Un des éléments les plus importants dans ce parcours, ce sont les voyages (j’en reviens toujours à ça). Plus jeune, je n’osais pas voyager seule, et puis j’ai écouté les conseils d’une amie et je me suis lancée. En partie encore protégée et accompagnée lors d’un premier voyage (celui en Birmanie et en Thaïlande), mais aussi avec deux fois trois jours seule. Les trois derniers jours, j’ai profité pleinement.

Ma destination suivante a été le Japon où je suis partie trois semaines. J’ai adoré. J’ai répété l’expérience deux fois par la suite. J’ai aimé de plus en plus. Ces voyages ont permis de me recentrer, de trouver qui j’étais au fond de moi, de m’accepter de plus en plus telle que je suis. J’ai été aidée par des amis, par des articles divers, par la méditation, par un compte instagram ces derniers temps (The holistic psychologist). Je comprends mieux comment je fonctionne, quels sont mes « traumas » d’enfance (je mets de guillemets parce que c’est un bien grand mot – j’en parlerai peut-être plus tard).

Cette solitude tant aimée en voyage se prolonge quelque part pendant ce confinement. Je me sens libérée des obligations sociales. Autant j’aime la compagnie d’amis, sortir de chez moi est parfois difficile, c’est souvent un effort. Je contourne la question en proposant des sorties en semaine, après la fin du travail, sans repasser par chez moi d’abord. Je suis devenue très casanière (et ce n’est pas incompatible avec les voyages). J’aime tout simplement rester à la maison et je m’y sens bien (mes choix de lieu de vie ont toujours été liés à un sentiment de bien-être dès la première visite de l’endroit – ce qui explique aussi pourquoi je peux tant déprimer quand mon choix de chambre d’hôtel lors d’un voyage est complètement raté).

Tout n’est pas toujours rose tous les jours, loin de là. Mercredi, j’étais comme une cocotte minute prête à exploser, il fallait que ça sorte (encore merci à mes confident(e)s). Je ressassais une histoire d’amitié qui a évolué de quelque chose d’assez fusionnel en ses débuts à de l’ignorance totale de la part de l’autre personne aujourd’hui. Le contraste est trop violent pour que ce soit facile à accepter pour moi et j’en souffre. J’imagine que cette question occupera encore mon cerveau un moment, mais aussi que j’arriverai à m’en détacher.

En attendant, la semaine touche à sa fin; j’ai plus ou moins bien travaillé selon les jours. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire un texte, un autre est plus laborieux mais les recherches à ce sujet m’ont permis de regarder un documentaire qui m’a constamment fait penser à mon papa – ça se passait au Niger, mon papa y a fait un voyage il y a une quarantaine d’années. J’étais remplie de nostalgie.

Encore ceci: ce que je décris ci-dessus est mon état d’esprit. Nous sommes tous différents, il n’y a pas lieu de faire des comparaisons. Chacun vit cette situation à sa manière, et j’envoie beaucoup de courage et de soutien à chacun.

Short diary of the week (335)

Lundi: une mauvaise nuit (c’est donc bien l’idée du travail qui pose problème), m’organiser pour la journée et commencer à travailler, un colis surprise avec un joli tissu venant de Chiang Mai via Namêche et de quoi calmer mes angoisses si nécessaire (oui, il y a eu de l’échange de médicaments), une certaine productivité, et puis aller au jardin, le taux de concentration n’est pas encore optimal pour la lecture, Breaking Bad, du yoga (une séance moins efficace que la fois passée)

Mardi: tester la vidéoconférence pour régler un problème informatique, toujours à l’île Maurice, sortir un moment au jardin et attaquer du bambou à la pioche, de la lecture, Better Call Saul

Mercredi: une nuit catastrophique – un réveil en sursaut et ne plus savoir où je suis et une belle insomnie à partir de 4h du matin, et donc je suis crevée – et très courbaturée, répondre aux mails, reprendre le travail, et puis la journée se passe bien mieux que prévu malgré ma fatigue – sans doute parce que je peux aller au jardin quand je veux, lire un moment au jardin – il y a du soleil jusque 17h environ, faire une commande de plantes à la jardinerie locale via Facetime, Breaking Bad et puis aller me coucher tôt

Jeudi: une bonne nuit mais pas encore tout à fait reposée, m’atteler au boulot, écrire le premier court texte du jour, continuer l’autre texte, recevoir ma commande de plantes et bulbes, terminer mon roman au jardin (enfin – 20 jours pour un livre de moins de 300 pages c’est juste énorme), préparer un verre de rhum en vue de fb live du soir, une longue conversation avec Kleo

Vendredi: je pourrais répéter la première phrase écrite jeudi, terminer le travail en cours, faire une visioconférence avec des collègues, aider – de loin – ma voisine à arracher un rhizome de bambou bien caché, de la lecture, la nouvelle tradition du w-e: les cocktails en commun avec Sylvain (et toute personne qui veut participer – sur Instagram), Breaking Bad, aller dormir tôt

Samedi: les courses (il n’y a toujours pas de sel, de riz et de savon pour les mains…), découper un nouveau patron en espérant avoir pris les bonnes mesures, enlever la mousse de la pelouse, recevoir du savon pour les mains de ma voisine, lire au soleil, retrouver dans une armoire un pot de sel de Guérande tout neuf, cuisiner, Gardener’s World en différé, m’endormir lamentablement

Dimanche: remettre toutes les montres à l’heure, coudre une toile pour cette nouvelle robe, voir que c’est trois fois trop grand, redécouper le patron mais vraiment peiner à l’adapter à ma taille et abandonner pour aujourd’hui, tenter de joindre mon papa sans succès, la fatigue est toujours bien présente, un petit coup de déprime, de la lecture, voir qu’en fait j’ai encore des réserves de riz, préparer un curry thaï et mettre toute la cuisine en désordre, rattraper mon retard dans Masterchef