At the movies – 28 (1930s)

Elsa Lanchester et Boris Karloff dans Bride of Frankenstein (via wikipedia)

The Man Who Knew Too Much, Alfred Hitchcock (Royaume-Uni, 1934) – 3/5: si on oublie que la version en dvd que j’ai vue était de qualité merdique, avec des sous-titres pour juste un tiers des dialogues, The Man Who Knew Too Much reste malgré tout un bon film de suspense dans lequel on voit la patte d’Alfred Hitchcock, notamment dans le montage parfois surprenant. Le couple Lawrence se voit mêlé contre son gré à une sombre histoire d’espionnage pendant leur séjour aux sports d’hiver à St. Moritz et leur fille est kidnappée. La suite de l’action se déroule à Londres et implique un méchant qui a le look de service, Peter Lorre, déjà vu dans M. Il y aura un remake en 1956.

Imitation of Life, John M. Stahl (1934) – 4/5: un film qui dénote très fort pour son époque: il met en avant des femmes (les hommes sont des personnages secondaires) et l’amitié entre une Blanche (Claudette Colbert) et une Noire (Louise Beavers), ainsi que la problématique d’une Afro-Américaine (jouée par Fredi Washington, elle-même afro-américaine à la peau claire – et non par une blanche comme dans le remake de 1959) dont la peau est tellement blanche qu’elle souhaite se faire passer pour une blanche, reniant par la même occasion sa mère à la peau noire (cette partie de l’histoire a posé de grands soucis aux censeurs du code Hays, le métissage étant très mal vu). Mais comme on est en 1934, le racisme reste très présent: Delilah, la Noire, habite au sous-sol et porte des vêtements peu seyants tandis que Bea, la Blanche, vit à l’étage et porte de superbes robes. C’est aussi Bea qui a l’initiative, exploitant les talents de Delilah et créant une marque de farine au nom de « Aunt Delilah » (on pense tout de suite à « Uncle Ben’s »). Sur l’affiche de cinéma de l’époque, ce sont uniquement les noms des acteurs blancs qui apparaissent en grand, y compris donc l’homme en seconde position (Warren William) alors qu’il n’a qu’un rôle très mineur (et il paraît bien plus âgé qu’il ne l’est, accentuant l’impression de différence d’âge entre lui et Bea). A noter aussi: Juanita Quigley, encore un bébé acteur – le truc à la mode de l’époque – qui jouait la fille de trois ans de Bea.

The Scarlet Pimpernel, Harold Young (Royaume-Uni, 1934) – 2/5: un film historique britannique racontant l’histoire du « mouron rouge », cet aristocrate anglais qui a sauvé de nombreux nobles français de la terreur de Robespierre en 1792. Avec Leslie Howard, parfait dans ce rôle, et Merle Oberon. Le film est assez dynamique, avec des scènes en extérieur, mais très silencieux – il n’y a quasi pas de musique. Mais au final, ce n’est pas très passionnant.

Ceci termine ma liste de films pour l’année 1934, marquée par la mise en place du Code Hays. Beaucoup de ces films m’ont paru très dépassés dans leurs thèmes et très vieillots, et je ne les conseillerais plus aujourd’hui, mais j’ai beaucoup aimé L’Atalante (ce qui m’a surprise) et Imitation of Life. Je poursuis avec 1935.

Alice Adams, George Stevens (1935) – 1/5: Alice Adams (Katharine Hepburn) aimerait pouvoir rencontrer un homme riche mais ses parents sont pauvres (toutes proportions gardées: ils ont quand même une grande maison – mais elle n’a pas l’argent pour s’acheter une nouvelle robe). Quant Arthur Russell (Fred MacMurray) l’invite à danser à une fête, elle fait tout pour l’impressionner (et le film tombe dans le ridicule et le niais). J’ai vraiment trouvé l’histoire pénible, d’autant plus qu’elle se termine sur un happy end alambiqué et invraisemblable. Et je n’arrive toujours pas à apprécier Katharine Hepburn (j’ai le vague souvenir que je la préfère plus âgée).

Anna Karenina, Clarence Brown (1935) – 3/5: un film romantico-tragique avec Greta Garbo qui fait sa Greta Garbo (à la longue, ça fatigue un peu, on a l’impression qu’elle ne sait jouer que d’une seule manière). Je ne connaissais pas l’histoire du roman de Tolstoi, ça m’a fait un rattrapage (même s’il manque des bouts). Avec Fredric March dans le rôle du Comte Vronsky. Avec aussi plein de clichés sur l’âme russe et le folklore qui est lié. A noter: des ours empaillés et des trains dans la neige.

Bride of Frankenstein, James Whale (1935) – 3/5: en regardant ce film, je me suis fait la réflexion que les films d’horreur de l’époque sont bien souvent meilleurs que les comédies de mœurs, et que pour une suite, il est vraiment réussi. On y retrouve Boris Karloff qui joue le monstre, et les scientifiques qui lui créent une compagne (Elsa Lanchester) à la coiffure conique légendaire. A noter: la musique de Franz Waxman et encore un rôle parfait pour la fantastique Una O’Connor (la commère du village et servante des époux).

La kermesse héroïque, Jacques Feyder (France, 1935) – 4/5: en 1616, à Boom, l’arrivée d’un duc espagnol et de sa suite met la petite ville en émoi. Le bourgmestre craint en effet pillages et viols décide de faire le mort. Mais c’est sans compter son épouse, et toutes les femmes de ville, qui décident de lancer une opération de charme pour accueillir les étrangers. J’ai cru au pire pendant les premières vingt minutes, les hommes étant vraiment cliché et couards. Et puis, dès que Cornelia prend le relais, le film prend une certaine ampleur et devient vraiment intéressant. J’aurais dû me douter qu’il s’agissait d’un film (mais aussi d’une farce) féministe: le générique cite d’abord le nom des actrices, ce qui m’avait déjà étonné à ce moment-là. Il est dommage que quand on cherche des infos, ce ne soit pas ce côté là qui est mis en avant, mais bien la couardise des hommes (en lien avec la Première Guerre mondiale). A noter: les superbes décors de la ville reconstituée en studio, les costumes. A ne pas noter: les accents franchouillards très dérangeants et parfois incompréhensibles (j’ai eu la flemme de chercher une version avec des sous-titres mais j’aurais dû). Une belle surprise au final !

At the movies – 23 (1930s)

Myrna Loy, William Powell, William H. O’Brien (à l’arrière) et Maureen O’Sullivan dans The Thin Man (wikicommons)

Viva Villa !, Jack Conway (1934) – 2/5: je me doutais bien en lisant le titre de ce film qu’il y avait des chances que ça se passe au Mexique, et en effet, c’est l’histoire – romancée – du bandit devenu général de l’armée Pancho Villa. Il est interprété par un Américain, Wallace Beery, comme tous les rôles importants du film (il y a aussi Fay Wray). L’histoire ne m’a donc pas passionnée (comme tous les films du genre – c’est juste moi qui n’aime pas trop les films qui parlent des troubles au Mexique de cette époque) mais c’est tourné sur place, dans les campagnes et les villes et c’est une bouffée d’air frais.

Tarzan and his Mate, Cedric Gibbons (1934) – 2/5: j’ai hésité à regarder ce film après la catastrophe raciste et violente qu’est le premier. Celui-ci n’est pas plus modéré au niveau du racisme (les porteurs sont menés au fouet) mais il y a moins de massacres gratuits d’animaux. On y retrouve donc Tarzan (Johnny Weissmuller qui n’est pas devenu un meilleur acteur depuis), qui vit maintenant avec Jane (Maureen O’Sullivan) dans un nid de marsupilami (pardon) et une expédition de deux Blancs avides d’ivoire – expédition qui se passe mal évidemment (il y a même un certain suspense). La MGM en profite pour montrer tout son zoo, parfois avec quelques effets spéciaux dans les combats entre homme et crocodile / lion / rhinocéros. Mais le film est à noter surtout pour le fait que Maureen O’Sullivan est particulièrement dénudée (voire tout à fait) et qu’on entrevoit un sein ou un poil pubien (paraît-il, je n’ai pas repéré cette scène). Le ballet aquatique des deux héros sous l’eau est particulièrement impressionnant (on voit que le studio a investi dans des immenses piscines !). En gros, je me suis ennuyée mais pas tout le temps.

Twentieth Century, Howard Hawks (1934) – 1/5: Mildred Plotka (Carole Lombard), totalement inconnue, est engagée par Oscar Jaffe (John Barrymore), créateur de pièces de théâtre à Broadway. L’homme est assez impossible mais les pièces avec Mildred, maintenant nommée Lily Garland, sont un succès. Mais comme elle ne le supporte plus, elle le quitte pour Hollywood. Ils se retrouvent quelques années plus tard dans un train, le Twentieth Century Limited. Je n’ai pas supporté le personnage principal et Carole Lombard ne m’a absolument pas séduite. Je me suis ennuyée pendant 1h30 devant les scènes de dialogue dans les mêmes décors en intérieur, et le slapstick ne m’a pas distraite. Bref, je suis complètement passée à côté de ce film.

The Black Cat, Edgar G. Ulmer (1934) – 3/5: le premier des huit films réunissant Boris Karloff et Bela Lugosi. C’est un film d’horreur se déroulant quelque part en Hongrie, dans une maison hyper-moderne qui abrite des caves où se déroule un culte sataniste. C’est très court, un peu plus d’une heure, mais c’est très prenant et le réalisateur réussit à créer des ambiances qui font peur, avec des jeux d’ombres et lumières et ce chat noir qui se ballade partout. La musique est envahissante par contre, occupant 80% du film. A noter: le train, le chat et les décors quasi futuristes et très minimalistes.

The Thin Man, W.S. Van Dyke (1934) – 3/5: une histoire de meurtre avec plein d’éléments de comédie, adaptée d’un roman de Dashiell Hammett. On y rencontre le couple Nick et Nora (William Powell et Myrna Loy). Nick est un ancien détective qui vit maintenant dans les hautes sphères de la société grâce à la fortune dont dispose Nora. Entre deux cocktails (et il y en a beaucoup – des martini essentiellement), il aide la police à démêler les fils d’un crime. Je n’ai pas trop compris le dénouement de l’affaire, ça va beaucoup trop vite (William Powell a lui même eu du mal à retenir tout son texte) mais le film est prenant et agréable à regarder. A noter que le nom « Nick and Nora glass » pour les verres de cocktails est inspiré de ce film et a été donné dans les années 1980 par le barman Dale DeGroff (même s’ils désignent aujourd’hui des verres un peu plus grands que dans le film). Et il y a donc une scène de bar. Et un chien, Asta, un fox terrier qui a eu une belle carrière à Hollywood.

Of Human Bondage, John Cromwell (1934) – 3/5: basé sur un roman de Somerset Maugham, ce film raconte l’histoire de Philip (Leslie Howard), étudiant en médecine, qui tombe fou amoureux de Mildred (tiens, encore une Mildred) (Bette Davis), serveuse dans un restaurant, alors que celle-ci profite de lui et se moque de lui. C’est un film intéressant sur les relations humaines et l’obsession amoureuse. Bette Davis est vraiment intéressante dans son rôle et crève l’écran face au jeu très en retrait de Howard (que je ne connaissais que de Gone With the Wind).

Cleopatra, Cecil B. DeMille (1934) – 3/5: aaaah les péplums de Cecil B. DeMille, avec cet exotisme orientalisant, ses décors magnifiques inspirés par l’art déco, ses robes superbes. Claudette Colbert vole la vedette face aux acteurs qui jouent César et Marc Antoine. DeMille propose un film très sensuel, juste au moment où le Code Hays est entré en vigueur. Par la suite, il ne pourrait plus montrer ces corps quasi dénudés. J’ai beaucoup aimé, mais il faut bien avouer que les scènes de bataille à la fin sont du grand n’importe quoi qui ne tient pas la route.

At the movies – 21 (1930s)

The Bitter Tea of General Yen de Frank Capra

I’m No Angel, Wesley Ruggles (1933) – 3/5: un film avec Mae West (qui a écrit le scénario) et Cary Grant. Tira est danseuse burlesque dans un cirque et séduit tous les hommes. Elle noue des relations plus intimes avec ceux qui ont de l’argent. Au fil de l’histoire, plusieurs homme se succèdent jusqu’à ce qu’elle rencontre Jack (Cary Grant, donc). Une classique histoire de femme pauvre qui recherche l’homme riche pour subvenir à ses besoins (on nommait ça une « gold digger »). Mae West brille par son langage très cru et ses formes aguichantes, mais j’avoue ne pas trop accrocher – ça devient vite vulgaire. A noter: la robe avec toile d’araignée en strass, le morceau de burlesque mais sans effeuillage, les lions du studio.

Little Women, George, Cukor (1933) – 1/5: dieu que c’est neuneu (et tant pis si le mot n’existe pas) ! C’est clairement lié à l’histoire de base, venant du roman de Louisa May Alcott, et si la version de Greta Gerwig de 2019 avait quand même côté rafraîchissant, celle-ci est juste ennuyeuse et pleine de bons sentiments, même si elle avait reçu de très bonnes critiques à l’époque. Avec Katharine Hepburn et Joan Bennett. A noter: des chatons et une cage avec des canaris, la musique romantico-larmoyante de Max Steiner.

Morning Glory, Lowell Sherman (1933) – 2/5: encore un film avec Katharine Hepburn, que je n’aime pas trop en fait (en tous cas dans ses premiers rôles), face à Douglas Fairbanks Jr. C’est l’histoire d’une jeune actrice qui veut percer dans le monde du théâtre et qui tente d’obtenir son premier rôle. Une fois que c’est acquis, elle se rend compte qu’elle doit choisir entre le succès et l’amour (oui, c’est toute l’histoire, et désolée pour le spoil). C’est un film très statique, avec très peu de décors (c’est adapté d’une pièce de théâtre) et j’ai perdu le fil à plusieurs moment pour cause d’ennui.

She Done Him Wrong, Lowell Sherman (1933) – 3/5: encore un hasard, deux films de Lowell Sherman à la suite, ici avec Mae West et Cary Grant (et tourné avant I’m No Angel). Je dois dire que j’ai préféré Mae West dans ce film-ci, même si elle a un style particulier. L’histoire, un peu compliquée, se passe essentiellement dans un saloon pendant les années 1890; Lou y est la chanteuse principale et a l’art de s’entourer d’amis qui la couvrent de diamants. Cary Grant joue le rôle du capitaine de police Cummings qui fait une enquête undercover pour démasquer un réseau de prostitution et d’autres activités illégales (c’est parfois un peu confus, je trouve). Plaisant, mais sans plus. A noter: comme dans I’m No Angel, Mae West a une domestique afro-américaine – c’était un souhait de la star de mettre en avant des actrices noires.

The Bitter Tea of General Yen, Frank Capra (1933) – 4/5: Megan (Barbara Stanwyck) arrive à Shanghai en plein milieu de la guerre civile pour épouser un missionnaire. Elle se trouve mêlée à une émeute et est sauvé par le Général Yen (Nils Asther), un des rebelles. Celui-ci tombe amoureux d’elle… Il y a évidemment plein à redire au niveau du racisme ambiant de l’époque: les Blancs qui dominent, qui nomment les Chinois des « chinamen » sans distinction, les vêtements et les décors un peu exagérés, le fait d’avoir engagé un acteur suédois pour jouer un Chinois, son maquillage risible avec les sourcils pointés… Mais l’histoire se tient et est assez prenante, analysant l’attirance progressive de Megan pour la culture chinoise et pour le Général. Et l’utilisation du noir, du blanc et des jeux d’ombres et lumières est particulièrement travaillé et fait penser à du Josef von Sternberg. Une belle surprise donc pour cette « chinoiserie ». A noter: plusieurs scènes avec un train et l’actrice japonaise Toshia Mori.

Ceci termine ma liste d’une bonne vingtaine de films pour 1933. Comme les années précédentes, j’ai laissé tombé les Marx Brothers et Laurel et Hardy et je n’ai pas trouvé State Fair de Henry King. 1934 est l’année de l’introduction du code Hays qui régit la moralité des films à partir du début de l’été, et donc je vais les regarder en deux fois, en fonction de leur date de sortie (avant/après juillet). En fait, je suis même leur ordre chronologique de sortie que j’ai trouvé sur wikipedia. J’en ai 21 sur ma liste.

The Lost Patrol, John Ford (1934) – 2/5: pendant la Première Guerre mondiale, une patrouille se perd dans le désert de Mésopotamie. Elle se réfugie dans une oasis mais ne peut la quitter, harcelée par les Arabes. Au fur et à mesure de l’histoire, les soldats sont tués et les émotions s’exacerbent. Je n’ai pas trouvé ça très passionnant, il n’y a que des hommes (qui parlent des femmes comme objets de plaisir), mais c’est un film en extérieur, et on voit l’art de la composition et des jeux de lumières de John Ford (dont j’ai vu beaucoup de westerns). Avec Victor McLaglen et Boris Karloff.

It Happened One Night, Frank Capra (1934) – 3/5: une comédie romantique mettant en scène Claudette Colbert dans le rôle d’une jeune femme fuyant son père très riche et qui est opposé à son mariage avec un pilote d’avion et Clark Gable (avec moustache, mais sans poils sur le torse), un journaliste au chômage, qui la mène à bon port en échange d’un scoop. Une histoire classique de rejet qui se transforme en amour – et du coup ce n’est pas toujours très passionnant, mais ce n’est pas un mauvais film non plus.

At the movies – X (1930s)

Gloria Stuart et Boris Karloff dans The Old Dark House 

I Am a Fugitive from a Chain Gang, Mervyn LeRoy (1932) – 3/5: quelle histoire sombre ! Quand James Allen (Paul Muni) revient de la Première Guerre mondiale, il souhaite devenir ingénieur, mais sa famille s’y oppose et préfère qu’il prenne un job répétitif à l’usine. Il part sur les routes mais se retrouve mêlé à un hold-up. Il est alors envoyé en colonie pénitentiaire, dans un « chain gang ». Il réussit à s’enfuir et mène enfin une vie respectable sauf que le passé le rattrape. En 1932, la Grande Dépression commence clairement à laisser des traces aux Etats-Unis et ça se ressent dans ce film (même s’il se passe avant). A priori, l’histoire ne me tentait pas mais j’ai voulu connaître la suite et il y a un certain rythme dans le film. Avec Paul Muni, donc, qui surjoue pas mal, de belles scènes de train (et de hobo marchant sur les rails), des prisonniers en uniformes rayés qui chantent des gospels et beaucoup de scènes d’extérieur.

The Old Dark House, James Whale (1932) – 3/5: le classique film d’horreur avec la maison mystérieuse qui recèle des secrets. James Whale continue son travail inspiré de l’expressionnisme allemand mais à sa sauce: au jeu des ombres, il ajoute éclairs et jeux de lumière (comme ce couloir sombre où la lumière éclaire le rideau blanc). Avec Boris Karloff, mais aussi Gloria Stuart qu’on retrouvera en 1997 comme Rose dans Titanic, un de ses derniers rôles. Ici, elle est superbe dans sa robe de satin blanc moulante (le prétexte pour la mettre est un peu léger: son autre robe est trempée). Et une première version chantée de « Singin’ in the rain », par Melvyn Douglas (le morceau a été écrit à la fin des années 1920).

The Sign of the Cross, Cecil B. DeMille (1932) – 3/5: une superproduction complètement over-the-top. Dans la Rome antique, sous le règne de Néron (Charles Laughton), le préfet Marcus (Fredric March avec trop d’eyeliner) tombe amoureux d’une belle chrétienne alors qu’il est censé poursuivre et tuer les adeptes de la nouvelle religion. Orgies et décadence – Poppée (Claudette Colbert), l’épouse de Néron, prend un bain, nue, dans du lait d’ânesse (le tournage a mis plusieurs jours et ça sentait le rance à la fin), et le tout se termine dans l’arène avec des femmes quasi nues laissées en pâture aux crocodiles ou aux lions, une armée de pygmées (ou tous les acteurs nains d’Hollywood recouverts de teinture brune) combattant des femmes et puis les Chrétiens envoyés vers une mort certaine. Quant aux costumes, du moment qu’ils pouvaient montrer de grands bouts de peau nue… sauf pour la belle chrétienne évidemment. Du grand n’importe quoi qui a dû bien énerver les garants de la morale de l’époque. En tous cas, je me suis bien amusée !

One Hour With You, George Cukor, Ernst Lubitsch (1932) – 2/5: un film musical très dispensable, avec Maurice Chevalier, Jeannette MacDonald et Geneviève Tobin en triangle amoureux. A voir pour les superbes décors de maisons art deco, les voitures de l’époque et les magnifiques robes – c’est intéressant de noter d’ailleurs que les génériques d’époque sont minimalistes (une dizaine de noms) mais que le créateur des robes est mis en avant: Travis Banton.

A Farewell to Arms, Frank Borzage (1932) – 3/5: une adaptation du roman d’Ernest Hemingway avec Gary Cooper et Helen Hayes. Une histoire d’amour entre un militaire et une infirmière lors de la Première Guerre mondiale, en Italie. Un mélodrame très bien filmé, avec de beaux jeux de lumière, et une certaine tension sexuelle (et donc même du sexe avant mariage, filmé hors champ), mais je n’ai pas accroché.

Grand Hotel, Edmund Goulding (1932) – 2/5: encore un film entièrement tourné à l’intérieur, basé sur une pièce de théâtre, elle-même basée sur un roman de Vicky Baum. L’histoire mêle séduction, amour, rivalité et ambition. Greta Garbo et Joan Crawford, toutes deux dans la vingtaine (et ne partageant aucune scène), jouent face à des hommes dans la cinquantaine (John et Lionel Barrymore, et Wallace Beery – il n’a que 47 ans mais il n’est pas très attirant) – on dirait qu’à l’époque, seuls le public masculin pouvait baver sur les actrices, et non les femmes sur de beaux et jeunes mâles. A noter: les décors art déco, les robes d’Adrian (cité au générique), le central téléphonique qui rythme le film.

Scarface, Howard Hawks (1932) – 2/5: un film de gangsters inspiré par la vie d’Al Capone. Il y a beaucoup à dire sur ce film (il suffit d’aller voir la page en anglais sur wikipedia) mais je n’ai pas trop accroché. Les scènes de fusillades sont pas mal, très réalistes, mais je me rends compte que je n’aime pas l’acteur principal, Paul Muni. A noter: un perroquet en cage (et Boris Karloff qui ne joue pas de rôle de monstre ici).