Nouveau départ & La fin d’une ère

Elizabeth Jane Howard, Nouveau départ: la guerre est enfin terminée et la famille Cazalet quitte Home Place. Les aînés des enfants sont maintenant adultes et volent de leurs propres ailes, découvrant les difficultés de la vie. Polly et Clary vivent ensemble à Londres; la première est assistante dans une entreprise de décoration d’intérieur et la seconde est la secrétaire d’un agent littéraire assez exigeant et exécrable. Archie est toujours le confident de toute la famille. Elizabeth Jane Howard emmène le lecteur dans les méandres de cette chronique familiale, racontant la vie de l’après-guerre et les difficultés du rationnement qui continue, décrivant les sentiments des différents membres de la famille – des sentiments reconnaissables par tous: amour, jalousie, incompréhension, non-dits…

J’aime ces romans, et comme ils sont faciles à lire, ils sont idéaux en voyage. J’ai donc enchaîné de suite avec La fin d’une ère, qui se passe dix ans plus tard, à la fin des années 1950. Howard était déjà âgée au moment de l’écriture et propose ici une succession de chapitres très courts mais qui décrivent malgré tout très bien l’évolution des différents personnages de la famille. Le thème sous-jacent du roman est celui de la mauvaise gestion de l’entreprise de bois des Cazalet et des conséquences que cela pourrait avoir sur la famille. J’ai retrouvé avec plaisir les personnages qui ont tous mûri, même si les histoires des plus jeunes (Simon, Neville, Teddy) ne m’ont pas vraiment passionnée. Howard a toujours cette attention pour le détail, notamment au niveau de la nourriture et des différents repas que prennent les protagonistes. Elle décrit aussi l’évolution d’une société qui délaisse les anciennes valeurs pour en créer de nouvelles. En tous cas, j’ai passé un très bon moment pendant la lecture des cinq volumes de cette chronique familiale !

Elizabeth Jane Howard, Nouveau départ & La fin d’une ère, La Table Ronde, 2021 & 2022, 600 & 560p. (traduction par Cécile Arnaud, premières éditions en 1995 et 2013)

Le grand monde

Pierre Lemaitre, Le grand monde: une histoire qui se passe juste après la Seconde Guerre mondiale, à Beyrouth, Paris et Saigon ? c’était tout à fait pour moi, surtout que les critiques d’autres lectrices (Athalie, notamment) étaient très positives. Je me suis donc embarquée dans ce récit foisonnant qui suit la famille Pelletier: les parents qui tiennent une savonnerie au Liban, mais surtout les trois enfants: Etienne est parti suivre son amant en Indochine et se retrouve mêlé à une sombre affaire de trafic de devises, François devient journaliste des faits divers, Jean (dit Bouboule) ne réussit rien de bien et est mené par son épouse Geneviève et enfin la plus jeune, Hélène se cherche encore à 18 ans. Le roman raconte leurs histoires en alternance, avec beaucoup de verve et d’inventivité (même si parfois le côté très extraverti et franchouillard m’a un peu dérangée), parsemant deci delà un cadavre. Parce qu’il s’agit bien plus que d’une classique chronique familiale à l’anglaise (je pense ici aux Cazalet); il y a de l’amour, de la haine, du sang, des lanceurs d’alerte, des trafics divers… Je crois que je suis un peu sortie de ma zone de confort en lisant cet auteur français, c’est extrêmement vivant et parfois quelque peu exagéré. Je suis bien curieuse de ce qui va se passer dans les années à venir !

Étés anglais

Elizabeth Jane Howard, Étés anglais (La saga des Cazalet I): comme une grande partie de la blogosphère livres, je me suis lancée dans les chroniques de la famille Cazalet. Pendant l’été 1937, dans le Sussex, la Duche et son époux accueillent leurs trois enfants, Edward, Hugh et Rupert pour la saison, avec leurs épouses respectives, Villy, Sibyl et Zoé, et leurs enfants. Il y a aussi Rachel, qui ne s’est pas mariée et qui vit avec ses parents. Elle s’occupe beaucoup de son père à la vue défaillante, alors qu’elle aimerait passer plus de temps avec son amie Sid. Et puis il y a tous les domestiques, les jardiniers, le chauffeur qui complètent la compagnie. Elisabeth Jane Howard met en avant tour à tour les personnages, tout particulièrement les enfants et les femmes qui expriment leurs joies et leurs craintes, créant des portraits à la psychologie très fine. A l’été 1937 se succède celui de l’année 1938, et les incertitudes augmentent: la guerre va-t-elle éclater ? Les relations entre les différents membres de la famille ne sont pas toujours simples non plus. Mais il y a un côté léger aussi, avec les excursions à la plage, les promenades dans les bois, les repas à divers services concoctés avec soin par la cuisinière… J’ai souvent pensé à Downton Abbey, même si ça se passe un peu plus tard, mais il y a cette même demeure gigantesque et l’armée de domestiques. J’ai mis un peu de temps à rentrer dans l’histoire – c’est un pavé ! – et à retenir tous les noms des protagonistes, mais je me suis très vite attachée à eux. Une fois la dernière page tournée, j’ai eu envie de lire la suite immédiatement, mais je me laisse ce plaisir pour un peu tard.

Un livre lu au mois d’août dans le cadre du challenge « Pavé de l’été 2021 » organisé par Sur mes brizées. J’ai donc lu l’édition de La Table Ronde, comptant 576 pages.

The glass palace

Amitav Ghosh, The glass palace: l’histoire commence en 1885 avec l’invasion des Britanniques en Birmanie. Rajkumar n’est alors qu’un jeune garçon orphelin pris sous l’aile d’un batelier. Bloqué à Mandalay à cause de l’arrivée des troupes étrangères, il assiste au pillage du palais royal et y croise la jeune Dolly, une nounou d’un des enfants royaux. Cette jeune fille fait une forte impression sur lui. Le roman suit la vie de Rajkumar, sa débrouillardise, son activité dans le commerce du bois, la richesse qui en découle. D’un autre côté, Amitav Ghosh raconte l’exil du roi birman et de sa famille en Inde, où Dolly reste fidèle à sa maîtresse. Rajkumar ne l’a pas oubliée et part à sa recherche. Et l’histoire continue, relatant la vie d’une famille, les mariages, les enfants, les bonheurs et malheurs et surtout le cours de l’histoire – le roman se termine au début des années 1990.

J’ai trouvé le début fort long, j’ai même failli abandonner et puis d’un coup, l’histoire s’accélère (quand Rajkumar retrouve Dolly) et devient bien plus passionnante. J’ai adoré cette plongée dans l’histoire de la Birmanie mais aussi de l’Inde et de la Malaisie, alors colonies britanniques puis envahies par les Japonais et devenant enfin des pays indépendants. Le style d’écriture par contre ne m’a pas marquée plus que ça. A vrai dire, ce roman était dans ma PAL depuis mon voyage en Birmanie – il était conseillé partout comme indispensable à lire quand on visite le pays – mais il n’en parle que peu en fin de compte, se focalisant tout autant sur l’Inde et la Malaisie.

Bellefleur

517uuz8etml-_sx307_bo1204203200_Joyce Carol Oates, Bellefleur: la famille Bellefleur vit depuis plusieurs générations dans un château aux abords du Lac Noir. Elle possède une immense propriété, même si la superficie de celle-ci s’est fortement réduite au cours du temps. Leah décide de remédier à cela après avoir mis au monde une petite fille un peu spéciale, Germaine. Leah n’est qu’un des personnages d’une galerie très variée: les Bellefleur sont assez excentriques, de Jean Pierre II, présumé assassin, à Jedediah qui vit comme un ermite dans les montagnes, en passant par la vieille Elvira qui se remarie à 101 ans et Bromwell, un brillant scientifique dès son plus jeune âge. Leurs histoires, racontées dans un certain désordre chronologique, sont parsemées d’éléments fantastiques, par petites touches, et parfois pas tout à fait cohérentes, ce que l’auteur annonce dès le départ.

C’est un roman fleuve, un pavé de presque 1000 pages, qui a fait souffrir Joyce Carol Oates. Elle avoue qu’il l’avait vidée de son énergie et cela se ressent. J’ai eu l’impression qu’elle était atteinte d’une frénésie de l’écriture, qu’elle n’arrivait plus à s’arrêter et qu’elle a dû imaginer une fin un peu abrupte pour mettre un terme au récit. Je ne peux pas dire que j’ai aimé ce livre comme j’aime d’autres romans mais je suis admirative devant le tour de force. Aucun des personnages ne donne vraiment envie d’être aimé, ils ont tous des traits de caractère un peu extrêmes, comme souvent chez JCO. C’est une chronique familiale qui ne ressemble à aucune autre. C’est long et dense mais je ne me suis pas vraiment ennuyée, même sans m’attacher aux personnages, lisant en moyenne une centaine de pages par jour (le beau temps a beaucoup aidé). Ce roman, le premier de la série « gothique » de JCO est considéré comme un chef d’oeuvre par beaucoup et il vaut en effet la peine d’être lu, du moins si on a quelques affinités avec l’auteur.

Nulle part

9782246811824_zpszhja8petKalyan Ray, Nulle part: ce gros pavé de plus de 600 pages m’a été conseillé par une libraire qui en a parlé avec beaucoup de passion. Le sujet avait beaucoup pour me plaire – une chronique familiale au travers des siècles et des continents. Le livre commence par la fin, par la mort d’un couple en Nouvelle-Angleterre – l’arbre généalogique situé en début du livre permet de comprendre qu’une longue histoire se termine avec cet épisode. En 1843, en Irlande à la veille de la grande famine, Padraig Aherne et Brendan McCarthaigh sont les meilleurs amis du monde mais les hasards de la vie vont les séparer. Padraig se retrouve en Inde, à Calcutta; Brendan devient père malgré lui, s’occupant de la petite fille de Padraig, un enfant qu’il n’a jamais connu.

De génération en génération, Kalyan Ray raconte les aventures des deux héros et de leurs descendants, face aux événements du monde: la famine irlandaise, l’époque coloniale en Inde, la scission de l’Inde et du Bangladesh, l’immigration aux Etats-Unis, la vie à New York au début du 20e siècle… Ce roman de grande envergure est par moments passionnants, surtout la première moitié. Je n’ai jamais été fort intéressée par l’Irlande mais la description de la vie sur place à l’époque de famine est très détaillée et j’ai été touchée par les personnages. La partie indienne semble introduire quelques éléments surnaturels mais ils ne sont pas vraiment exploités; c’est plutôt la vie quotidienne à Calcutta et au Bangladesh qui est mise en avant, ce qui m’a évidemment fort intéressé.

Par contre, j’ai eu l’impression que l’auteur a eu peur d’ennuyer son lecteur et qu’il a donc rajouté des couches: aucun personnage n’a une vie vraiment heureuse, les catastrophes s’accumulent, parfois au point d’en être grotesques (je pense à un épisode à New York – il faut vraiment un hasard inexplicable pour qu’une telle chose arrive). Ces exagérations ont un peu plombé ma lecture mais il ne me restait à ce moment-là plus que 200 pages que j’ai vite avalées. Un commentaire encore sur le style: il est très fleuri, parfois un peu alambiqué et il faut un certain moment d’adaptation, surtout au début du livre. J’ai été assez énervée par ces personnages qui répétaient constamment des phrases telles « ma chère Irlande ». Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ce roman-fleuve – il y a des passages superbes – mais je dois bien avouer qu’il était trop long et trop exagéré sur la fin.

Everything I never told you

9780349134284_zpsnr1wr4jcCeleste Ng, Everything I never told you: Lydia, 16 ans, a disparu. Fille d’une blonde Américaine et d’un enfant d’émigrés chinois, elle a toujours obéi à ses parents, se conformant à leurs souhaits. Sa mère désirait à tout prix qu’elle devienne médecin, son père voulait surtout qu’elle ait beaucoup d’amis et soit populaire. Des souhaits qui reflètent en fait leurs regrets. Le roman se déroule entre présent et passé, contant la vie des différents protagonistes, parlant de leurs douleurs et bonheurs. Mais surtout, Celeste Ng parle du poids de l’influence des parents sur les enfants et des conséquences qui peuvent s’avérer malheureuses. Elle raconte le malaise adolescent et le manque de communication, le racisme aussi. Elle décrit des relations qui sont très violentes sous les apparences, sans que personne ne s’en rende compte. C’est un roman qui m’a happée et qui m’a passionnée. Il m’a également fait réfléchir sur mes relations avec mes parents et leurs espoirs pour moi. Je recommande aux amateurs de chroniques familiales mais aussi aux autres !

Cette lecture n’était pas commune mais le hasard a fait que Ingannmic l’a lu en même temps que moi.

Ce livre remplit la case « Ohio » du challenge « 50 novels for 50 states ».

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Le fils

9782226259769gPhilipp Meyer, Le fils: la rentrée littéraire 2015 s’annonce et j’en suis encore à lire des romans de celle de 2014 ! Le fils est la chronique de la famille McCullough se déroulant sur un siècle et demi au Texas. Le roman suit Eli – le Colonel – qui, adolescent, a été enlevé par les Comanches dans un Texas pas encore pacifié vers 1850. Il suit également Peter, son fils, dans les années 1915, qui écrit son journal intime et enfin Jeanne-Anne, qui se souvent de sa vie peu de temps avant de mourir. Le livre passe d’un personnage à l’autre et raconte la naissance d’un empire ainsi que son déclin dans un état qui au 19e siècle était encore à la frontière du monde civilisé. Conquêtes, trahisons et le poids du passé, le poids des actions commises par les ancêtres, tout cela sont les thèmes principaux. Roman passionnant, très bien construit, il donne aussi une place particulière aux descriptions de la nature et du paysage sans que cela n’alourdisse le texte. J’ai adoré !Book_RATING-40

The Middlesteins

middforkerriJami Attenberg, The Middlesteins: Edie est grosse, obèse même, et ce, depuis qu’elle est enfant. Comment en est-elle arrivée là ? The Middlesteins est la chronique d’une famille juive américaine, un père, une mère, un fils marié qui a deux enfants, une fille toujours célibataire. Les chapitres s’enchainent, alternant l’histoire d’Edie (précisant toujours son poids) et les récits des différents membres de la famille ou même de la communauté. C’est drôle, irrévérencieux mais triste aussi, la fin est inéluctable. J’ai passé un très bon moment avec cette famille pourtant si éloignée de la mienne, regrettant même que le roman ne soit pas un peu plus long !

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Famille modèle

Eric Puchner, Famille modèle: un des romans de la rentrée littéraire, une chronique familiale décrite comme étant assez acerbe. L’auteur raconte comment Warren Ziller, au bord de la faillite suite à des mauvais placements immobiliers, tente de sauver sa famille: sa femme, son fils et sa fille. Chacun des personnages prend la parole et est décrit dans ses actions quotidiennes. Le récit commence bien avec une image assez cynique de la Californie des années 80 qui m’a souvent fait sourire mais tout d’un coup, il y a un revirement de situation (dont je ne dirai rien ici et surtout n’allez pas lire les remerciements ou vous aurez une idée de quoi il s’agit). Cet événement coupe complètement le récit et est un peu trop exagéré à mon goût. J’aurais préféré que l’auteur continue son petit bonhomme de chemin en continuant à décrire la vie d’une famille qui tente de lutter contre la faillite financière. Bref une déception malgré quelques passages très jouissifs.