L’âge adulte

Quand j’étais enfant ou même encore adolescente, je pensais que les adultes étaient adultes. Je pensais que c’étaient des personnes figées qui n’évoluaient plus dans leurs comportements et sentiments. Ils étaient responsables et avaient les réponses à toutes les questions. Ils ne laissaient plus de place à des côtés plus enfantins. L’âge aidant, mon point de vue a bien changé. Une première faille (quoique, on ne peut pas appeler ça une faille, juste une égratignure) est venue lors d’un séjour à l’étranger en compagnie de mon cousin, de sa femme, de la sœur de celle-ci et de son mari (bref, deux couples dont les femmes sont sœurs). Tous ont environ dix ans de plus que moi. J’avais été super fort étonnée du côté enfantin et joyeux des deux femmes, qui gambadaient comme de petites filles dans les prés (enfin les grandes pelouses du musée) en riant et s’amusant. Cela m’avait fait plaisir, en fait, de voir qu’on n’était pas adulte même si on avait atteint l’âge des responsabilités (elles avaient déjà plusieurs enfants chacune).

J’ai mis un certain temps à comprendre que le concept d’adulte statique n’existe pas, je me suis rendue compte petit à petit qu’on peut prendre les choses en main et changer à tout âge. J’ai appris à beaucoup moins m’en faire, à beaucoup moins angoisser. Je réponds à mes angoisses par du rationnel et ça fonctionne assez bien. L’incompétence m’a toujours énervée mais j’essaie de plus en plus de la prendre avec légèreté, voire même une certaine moquerie ou cynisme (que je ne montre pas évidemment). J’essaie de ne plus me laisser atteindre. Il y aura sans doute toujours des points de non-retour mais je tenterai de ne pas me laisser abattre très longtemps. Ce n’est pas facile, il faut avoir un esprit assez libre pour agir de la sorte. Quand je me sentais mal ces dernières années, trop occupée par des problèmes de couple, je me suis renfermée, justement pour éviter les problèmes extérieurs. Je suis persuadée qu’on ne peut supporter qu’une certaine quantité de problèmes à la fois. C’est difficile, cela prend beaucoup d’énergie mais cela apprend énormément. Je ne serais pas la même aujourd’hui si je n’étais pas passée par ces quelques années. J’ai évolué, je suis devenue plus sage, j’en sais beaucoup plus sur les humains et leurs manières d’être. Je suis donc mieux équipée pour affronter, ou plutôt aborder le monde qui m’entoure.

Toutes ces avancées sur moi-même ne sont pas faites toutes seules. J’ai beaucoup réfléchi mais j’ai aussi été entourée de personnes qui m’ont aidées, d’abord ma première psy (la deuxième en fait mais la première ne compte vraiment pas) qui a toujours abordé nos séances avec des buts précis, avec des propositions de choses à faire pour avancer. Je n’ai pas fait que parler de mon passé, nous avons beaucoup discuté de mon futur. Par la suite, j’ai rencontré Coyote qui en plus d’être thérapeute est également un ami. C’est grâce à lui que j’écris ce billet, dans le sens où c’est grâce à lui que je suis beaucoup plus consciente de ce que je suis et de mon évolution. Je ne peux parler que de mon expérience évidemment mais j’espère que cela peut donner des pistes. Ce que je veux dire par ce billet, c’est surtout qu’il y a toujours moyen de changer, même si cela prend parfois du temps ou qu’il faut laisser le temps au temps, mais surtout, rien n’est jamais définitif.

Je suis moi, Sunalee, 43 ans, passionnée par plein de choses, sensible aux autres et prête à vivre les prochaines années comme elles se présentent, avec certainement encore beaucoup de défis et de moments heureux et de nombreuses évolutions dans ma personnalité et mes perceptions du monde. Je ne suis pas un être statique, je suis suis un être en évolution. Tout est possible.

Atypical ?

Récemment, un homme rencontré via un site de rencontres (ça n’a rien donné – je ne lui plaisais pas après moins d’une heure de conversation) m’a dit que j’avais un profil atypique et n’arrivait pas à me cerner. Je le savais déjà, il n’est pas très facile de me mettre dans une case précise mais n’est-ce pas le cas de beaucoup de gens ?

J’aime les musiques rock mais je ne vais plus trop à des concerts, parce qu’en fait, je ne suis plus autant la scène qu’avant. Surtout ne me parlez pas des artistes commerciaux ou hyper populaires, je n’aimerai pas. Cela pourrait être vu pour du snobisme mais c’est juste parce que je connais ce qui se passe derrière, les petits groupes, les découvertes, des musiques bien plus originales souvent, plus innovatrices (ou pas). Ne m’invitez surtout pas à des concerts de – au hasard – Muse ou Coldplay, dans des salles immenses mal sonorisées ou dans des stades. Mais si vous trouvez un petit groupe cool, je vous suivrai dans une salle minuscule – du moment qu’il y a un bar !

J’aime les musiques du monde mais ne parlez pas de djembé ou de groupes de chanteuses a cappella habillées en vêtements multicolores. J’ai horreur de ça. A force de matraquage d’artistes comme Cesaria Evora ou du Buena Vista Social Club, je ne peux plus les écouter (même si je reconnais leur qualité). J’ai aussi beaucoup de mal avec le côté « classique » de certaines musiques. Il est maintenant de bon ton d’assister à des concerts de musique persane ou indienne dans des salles renommées comme Bozar. C’est beau, vraiment, mais je m’ennuie. Donnez-moi plutôt de la pop cambodgienne, du gamelan indonésien ou du bluegrass américain – parmi tant d’autres.

Certains auraient tendance à me mettre dans la case rétro/rockabilly. Oui, j’aime les vêtements rétro mais je ne m’habille pas en vintage. J’aime les vieilles voitures mais je préfère conduire dans une Honda moderne. Et la musique ? à petites doses. Je ne trouve pas ça mauvais mais n’écouter que ça ? Ma maison et mon intérieur ne sont pas rétro du tout. J’ai quelques objets (pas beaucoup) mais j’aime ma cuisine moderne, ma table design et mon canapé en vague style art déco. Bref, je ne vis pas entièrement dans ce monde-là comme certains passionnés. J’aime trop d’autres choses pour me limiter. (Et puis une mauvaise langue m’a avoué que le milieu rockabilly est souvent bien beauf – ça fait peur).

En couture, je m’inspire de modèles rétro, des années 50 souvent, parce que j’aime ces formes et qu’elles me vont bien. Mais j’utilise des tissus actuels, avec des motifs qui souvent n’auraient même pas existé à l’époque. En fait ma plus grande inspiration du moment est Roisin, une blogueuse couturière anglaise dont j’ai déjà parlé.

Certains me mettent de suite dans la case « intello ». Oui un peu, je m’intéresse à des sujets peu connus, mais souvent c’est de la culture populaire comme le tiki ou la pop cambodgienne des années 60, pas les derniers bouquins de l’un ou l’autre philosophe ou sociologue dont je ne connais rien et qui me laissent sans mot si on en parle autour de moi. D’ailleurs, ces intellos me regardent de haut et me font bien sentir que je ne suis pas de leur monde.

Je suis sûre qu’il y a encore d’autres exemples mais ce sont ceux auxquels j’ai pensé. Et vous, dans quelle case vous met-on alors que ce n’est pas ça du tout ?