At the movies – 14 (1950s)

Affiche du film Nuages Flottants

Cet épisode du cinéma des années 1950 est dominé par des films japonais (sauf un): j’avais en effet commencé à m’intéresser à ce cinéma de manière chronologique il y a un certain temps (et donc les premiers films que j’ai vus ne sont pas commentés). Je n’avance pas très vite, j’ai vus ces films sur une période de cinq mois.

Vivre dans la peur, Akira Kurosawa (Japon, 1955) – 2/5: je n’aime pas Kurosawa: tout est trop extrême chez lui – les histoires, les personnages, leur manière de jouer… (ce commentaire est un peu exagéré, mais j’ai souvent du mal avec ce réalisateur). C’est l’histoire d’un homme riche qui a une phobie de la bombe atomique et qui veut emmener toute sa famille au Brésil sans demander leur avis. Cette famille se révolte en passant en justice pour le mettre sous tutelle. Je n’ai absolument pas accroché à ce personnage tout-puissant que personne n’ose remettre en question. Je crois que c’est aussi une question d’époque: la domination par un seul homme, ça ne passe plus.

L’Impératrice Yang Kwei-Fei, Kenji Mizoguchi (Japon, 1955) – 2/5: un histoire se passant dans la Chine impériale, et une coproduction avec les Shaw Brothers. Que des scènes dans des décors de carton et des couleurs pastels. C’est assez ennuyeux…

High Noon, Fred Zinnemann (1952) – 4/5: un western que j’ai déjà vu plein de fois mais qui reste un chef-d’oeuvre. La tension qui se construit au cours du film est assez insupportable, et le rejet du shérif par sa communauté aussi. Les plans sont superbes, notamment ceux des rails par où va arriver le train – ce qui déclenche le final. Par contre, les 28 ans de différence entre Gary Cooper et Grace Kelly, jouant les jeunes époux, n’est absolument pas crédible ni acceptable. Et la chanson est un vrai earworm.

Le Mont Fuji et la lance ensanglantée, Tomu Uchida (Japon, 1955) – 3/5: je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en commençant ce film et j’ai été heureusement surprise. Quelque part dans le passé, un samouraï et ses deux serviteurs marchent vers Edo, et en cours de route, il se passe une série d’événements très divers, de la rencontre d’un gamin qui veut porter la lance du maître-lancier à l’arrestation d’un voleur. Le film se termine avec une belle scène de combat au katana et à la lance. Le noir et blanc est très contrasté et certains plans en extérieur sont d’une beauté absolue.

Nuages flottants, Mikio Naruse (Japon, 1955) – 5/5: ce film est superbe ! Yukiko rentre au Japon pendant l’hiver 1946 après avoir travaillé en Indochine pendant la guerre. Elle y avait eu une relation avec Tomioko, un homme plus âgé et marié, qui lui avait promis qu’il quitterait sa femme. Mais leurs retrouvailles sont compliquées dans un Tokyo dévasté par la guerre. Pendant tout le film, il y aura de nombreux allers-retours entre les deux protagonistes, le tout montré avec une extrême sensibilité. L’histoire se termine à Yakushima, ce qui a tout pour me plaire, mais se passe aussi dans une ville d’onsen. Et les scènes de train sont superbes.

La harpe de Birmanie, Kon Ichikawa (Japon, 1956) – 4/5: encore un film de guerre me suis-je dit. Et pourtant c’est bien plus que ça. Le Japon a capitulé, et un groupe de soldats japonais basé en Birmanie se rend aux Britanniques. L’un d’entre eux, un joueur de harpe birmane, se propose pour une mission spéciale. En attendant son hypothétique retour, les autres soldats s’occupent, en chantant souvent. C’est très très résumé et il y a bien plus que ça dans ce film d’une grande beauté, tant au niveau des images que de l’histoire racontée.

La rue de la honte, Kenji Mizoguchi (Japon, 1956) – 4/5: l’histoire des prostituées d’une maison close à Tokyo, à une époque troublée: le gouvernement discute en effet d’une loi qui interdirait la prostitution. C’est un portrait assez sombre de la vie de ces femmes endettées et forcées de rester dans leur condition. Une seule s’en sort après avoir manipulé un homme. Dernier film de Mizoguchi, très beau visuellement et touchant au niveau de l’histoire.

Burma Superstar

Desmond Tan & Kate Leahy, Burma Superstar. Addictive recipes from the Crossroads of Southeast Asia (2017): ce livre rassemble une collection de recettes d’un restaurant de San Francisco, des recettes birmanes de tout le pays mais aussi quelques plats chinois. Il raconte l’histoire de l’établissement et décrit la cuisine et ses plats phare. Chaque recette recette est précédée d’une introduction, la remettant dans son contexte. Quelques ingrédients ont été adaptés aux disponibilités locales mais d’autres sont réellement birmans, quoique disponibles aux Etats-Unis, comme le thé fermenté. J’ai testé trois recettes, parmi les plus simples, le « Chili lamb » (une recette chinoise en fait), le « Coconut chicken curry » et l' »Hibiscus Punch ». A chaque fois, j’ai été déçue, d’autant plus que j’adore Burma. Rivers of flavor de Naomi Duguid. J’ai aussi l’impression qu’il s’agit un peu trop de recettes de restaurant et qu’elles sont compliquée à reproduire à la maison.

  • photos: **** (mais toutes les recettes ne sont pas illustrées, je dirais 70%)
  • texte: ****
  • originalité des recettes: ****
  • authenticité des recettes: **** (quelques adaptations, et quelques recettes chinoises)
  • faisabilité des recettes: ** (souvent beaucoup d’ingrédients et d’étapes)
  • mesures: unités de mesures américaines uniquement (cups & ounces)
  • recettes favorites: aucune (j’en ai testé trois, citées ci-dessus)
  • indispensabilité du livre: *

Burma. Rivers of flavor

Naomi Duguid, Burma. Rivers of flavor (2012): Naomi Duguid s’intéresse aux cuisines du monde et a écrit divers livres. Celui sur la Birmanie est très bien documenté et a été rédigé après plusieurs voyages sur place, à une époque où le pays s’ouvrait à peine. Elle est également une talentueuse photographe et de nombreuses images illustrent le texte, mais toutes les recettes ne sont pas accompagnées d’une photo, ce qui est un peu dommage (ça doit tourner autour des 80% de plats photographiés). Les recettes sont originaires des différentes régions du pays et sont toujours précédées d’une introduction expliquant les plats, avec parfois des ingrédients qui peuvent remplacer ceux qui sont trop difficiles à trouver. Parfois la manière de les préparer a été simplifiée mais c’est tout à l’avantage du lecteur. J’ai testé des dizaines de recettes, revenant régulièrement à ce livre, qui d’ailleurs comment à souffrir de mes manipulations répétées. Cela m’arrive rarement et c’est donc pour moi un indispensable.

  • photos: **** (mais toutes les recettes ne sont pas illustrées)
  • texte: *****
  • originalité des recettes: ****
  • authenticité des recettes: **** (il y a des adaptations mais elles sont expliquées)
  • faisabilité des recettes: ***** (il faut évidemment acheter les épices de base)
  • mesures: unités de mesures américaines uniquement (cups & ounces)
  • recettes favorites: « Roasted eggplant salad », « Mandalay grated carrot salad », « Shrimp salad », « Mushroom and tomato curry », « Golden egg curry », « Kachin chicken curry », « Easy grilled chicken », « Warming beef curry with tomato », « Shallot-lime chutney »…
  • indispensabilité du livre: *****

Where China Meets India

Myint-U Thant, Where China Meets India: Burma and the New Crossroads of Asia: en commençant ce livre, je pensais lire l’histoire personnelle de l’auteur et l’exploration de son pays, la Birmanie. Ce n’est pas tout à fait le cas: il s’agit plutôt d’un écrit très bien documenté sur l’histoire et la situation politique du pays, ainsi que ses liens avec la Chine et l’Inde. C’est aussi une analyse assez fine des relations commerciales dans cette partie d’Asie. Le livre est divisé en trois grandes parties: la première est consacrée à la Birmanie, la seconde à la Chine, et tout particulièrement au Yunnan et à son histoire, fort différente de celle qui est expliquée en général, et la troisième à l’Inde, et donc à la partie frontalière avec la Birmanie. L’histoire de ces régions limitrophes est méconnue et j’ai appris énormément de choses. Mais j’ai malgré tout eu un grand souci en lisant ce livre: il a été écrit en 2011, avant la fin de la dictature militaire, et les perspectives avancées par l’auteur à propos de l’avenir sont quelques peu dépassées et cela m’a laissée sur ma faim. J’ai entre-temps vu qu’il avait écrit une analyse sur l’évolution du pays pendant les dix dernières années; je vais tenter de le lire avant que tout ça ne soit également du passé.

The glass palace

Amitav Ghosh, The glass palace: l’histoire commence en 1885 avec l’invasion des Britanniques en Birmanie. Rajkumar n’est alors qu’un jeune garçon orphelin pris sous l’aile d’un batelier. Bloqué à Mandalay à cause de l’arrivée des troupes étrangères, il assiste au pillage du palais royal et y croise la jeune Dolly, une nounou d’un des enfants royaux. Cette jeune fille fait une forte impression sur lui. Le roman suit la vie de Rajkumar, sa débrouillardise, son activité dans le commerce du bois, la richesse qui en découle. D’un autre côté, Amitav Ghosh raconte l’exil du roi birman et de sa famille en Inde, où Dolly reste fidèle à sa maîtresse. Rajkumar ne l’a pas oubliée et part à sa recherche. Et l’histoire continue, relatant la vie d’une famille, les mariages, les enfants, les bonheurs et malheurs et surtout le cours de l’histoire – le roman se termine au début des années 1990.

J’ai trouvé le début fort long, j’ai même failli abandonner et puis d’un coup, l’histoire s’accélère (quand Rajkumar retrouve Dolly) et devient bien plus passionnante. J’ai adoré cette plongée dans l’histoire de la Birmanie mais aussi de l’Inde et de la Malaisie, alors colonies britanniques puis envahies par les Japonais et devenant enfin des pays indépendants. Le style d’écriture par contre ne m’a pas marquée plus que ça. A vrai dire, ce roman était dans ma PAL depuis mon voyage en Birmanie – il était conseillé partout comme indispensable à lire quand on visite le pays – mais il n’en parle que peu en fin de compte, se focalisant tout autant sur l’Inde et la Malaisie.

Let’s cook our books #7: Golden egg curry

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Pour samedi soir, je cherchais une recette facile et de préférence végétarienne, sachant que je ferais un barbecue le lendemain. Mon choix s’est porté sur un plat que j’avais repéré tout de suite en feuilletant Burma. Rivers of flavors de Naomi Duguid et qui m’avait été conseillé par Apollina. Un curry avec 10 ingrédients ? ça change des listes gigantesques de certains currys thaïs ! Bref, c’est très facile: il faut combiner une sauce tomate rapide à des œufs durs qu’on a fait frire dans une huile au cucurma. C’est légèrement piquant et se marie très bien avec une salade croquante – il me restait une carotte que j’ai râpée et agrémentée de jus de citron, sauce poisson, coriandre et cacahuètes. Un plat que je referai certainement les jours de frigo presque vide !

Je n’avais pas de piment vert pour décorer, d’où la feuille de coriandre.

Let’s cook our books #4: Flavors from Burma

Influencée par Apolina du blog de cuisine Bombay-Bruxelles, j’ai acheté récemment un livre sur la cuisine birmane: Burma. Rivers of flavor de Naomi Duguid. J’ai eu l’heureuse surprise en le feuilletant de voir que beaucoup de recettes étaient facilement réalisables sans trop d’ingrédients. Je me suis donc lancée le w-e passé et j’ai préparé l’Aromatic chicken from the Shan Hills, une recette rapide (20 à 30 minutes de cuisson) et en une casserole. Il faut donc du poulet (j’ai pris de la chair de cuisses pour faire facile), des tomates, de l’oignon, du lemongrass, des feuilles de kafir (j’ai un arbre), une pâte de piment, gingembre et ail (j’ai pu sortir mon gros mortier) et du curcuma. Le résultat fleure bon l’ail et la citronnelle, même si j’ai sans doute mis un peu trop de curcuma, ce qui a provoqué une légère amertume.

Pour accompagner ce plat de viande, j’ai cuit du riz (un peu jauni parce que j’ai utilisé la cuillère pleine de curcuma pour le remuer) mais j’ai également préparé une recette de Garden peas with galangal, en remplaçant le galanga par du gingembre et en ajoutant des fèves surgelées. C’est très simple à préparer: il faut juste faire sauter le gingembre avec de l’ail et du piment séché (il faut que je renouvelle mon stock) puis ajouter les légumes.

Bref, des plats qui vont rejoindre mon répertoire et plein de nouvelles idées dans le livre !

et en bonus:

 

The Pegu Club

C’est le nom de ce cocktail qui m’a attirée. Le Pegu Club était en effet un « Gentlemen’s club » de l’époque coloniale, situé à Rangoon et il servait un cocktail du même nom, créé au début des années 1920. Construit en 1880, ce club était l’un des plus célèbres d’Asie du Sud-Est. Après le départ des Britanniques, c’est devenu un mess pour les officiers de l’armée birmane. Le bâtiment existe toujours aujourd’hui mais est en bien piteux état. Un bar new-yorkais du même nom lui rend hommage et un blog sur les cocktails porte également ce nom, blog qui explore d’ailleurs les différentes recettes et en crée de nouvelles.

Le cocktail est devenu populaire, comme le précise Harry Craddock, barman du Savoy dans les années 30: [the Pegu Club Cocktail] « has travelled, and is asked for, around the world. »

J’ai fait plusieurs tentatives mais aucune ne m’a entièrement convaincue. Il faut sans doute aimer la liqueur d’orange qui est très présente dans le mélange. Ce n’est pas mon cas, je la trouve trop sucrée.

Première version, adaptée par Gary Regan (The joy of mixology) à partir de celle d’Harry Craddock:

  • 6cl de gin
  • 3cl de triple sec (une première version au triple sec Trois Citrus Merlet, une seconde à la liqueur au yuzu de Gervin)
  • 1,5cl de jus de citron vert pressé
  • quelques gouttes d’Angostura
  • quelques gouttes de bitter à l’orange (Angostura Orange dans mon cas)

Mélangez le tout dans un shaker avec des glaçons.

J’ai trouvé ça très moyen, le goût du triple sec étant trop présent à mon goût. La version au yuzu était meilleure.

Deuxième version, celle renseignée par Ted Haig dans Vintage Spirits and forgotten cocktails, d’après Daniel Reichert de vintagecocktails.com, un site aujourd’hui disparu.

  • 4,5cl de gin
  • 1,5cl de Cointreau
  • 2cl de jus de citron vert pressé
  • quelques gouttes d’Angostura

Mélangez le tout dans un shaker avec des glaçons.

Cette version qui diminue la quantité de triple sec me plaît déjà plus, mais le Cointreau n’est vraiment pas mon alcool favori. Je devrais la réessayer avec la liqueur de yuzu.

Troisième version, une version tiki créée par Doug du Pegu Blog, le Pegu-Pegu. J’ai dû adapter la recette n’ayant pas de Creole Shrubb de Clément (bientôt – une mini bouteille en tous cas pour pouvoir analyser le goût et faire mon propre rhum arrangé) ni de bitters de Regan. J’ai donc mis du simple triple sec et de l’Angostura Orange et j’ai passé les ingrédients au shaker plutôt qu’au blender. Et bien, franchement, c’était la meilleure de toutes les versions que j’ai testées (jusqu’à présent). Evidemment, le falernum maison y est pour beaucoup !

Everything is broken

51iDZ15HRZL_SY344_BO1204203200_Emma Larkin, Everything is broken. Life inside Burma (ou No bad news for the king: The true story of Cyclone Nargis and his aftermath in Burma – je suis quasi certaine que c’est le même livre): en voyage, il m’arrive souvent d’avoir envie de lire un livre particulier, et c’est d’autant plus frustrant quand je ne l’ai pas avec moi. C’était le cas de ce livre. Emma Larkin, dont j’avais déjà lu Finding George Orwell in Burma, a écrit cet essai après la passage du cyclone Nargis en mai 2008. A l’annonce de celui-ci, la dictature militaire n’a pas pris la peine de prévenir les populations du delta de l’Irrawaddy. Des vents et des pluies violentes, des inondations catastrophiques déferlent sur la région et tuent presque tout au passage (l’estimation est porté à 200.000 morts et disparus). Il y a des survivants mais le gouvernement ne fait rien. Il n’apporte pas d’aide et refuse celle qui est proposée par les nations étrangères, ayant peur que celles-ci envahissent le pays par la même occasion. Ce sont les habitants de Yangon ou d’ailleurs qui tenteront d’organiser les premiers secours. Emma Larkin réussit à obtenir un visa touristique peu après le passage du cyclone et raconte ce qui s’y passe, ou du moins tente de glaner des informations. C’est cela qu’elle raconte dans ce livre. Ainsi que sa visite ultérieure pendant laquelle elle peut enfin parcourir les régions touchées. Ce qu’elle écrit n’est pas en faveur du gouvernement qui a d’ailleurs été fortement critiqué par la communauté internationale suite à son refus de l’aide humanitaire. Ce livre est un document dur mais nécessaire si on veut connaître un peu mieux la Birmanie actuelle.

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Il coche les cases suivantes du 2015 Reading Challenge: A book by a female author, A book set in a different country, A nonfiction book, A book that made you cry, A banned book (en Birmanie en tous cas !)

Récit de voyage

J’ai publié hier le premier billet racontant mon voyage. La rédaction est longue – j’ai plein de choses à dire – et le choix des photos compliqué, mais j’espère publier régulièrement (sans doute pas tous les jours mais je vais essayer). C’est un récit assez linéaire et factuel, fort différent des cartes postales que je publie parfois ici. Il est possible que j’écrive quelques-unes de ces impressions plus tard dans l’année, en fonction de mes souvenirs de moments précis.

C’est ici: suasaday

Bonne lecture et n’hésitez pas à commenter !