Jentayu #4 & 5

Jentayu #4 – Cartes et Territoires & #5 Woks et marmites: ces deux numéros de la revue Jentayu traînaient sur ma PAL depuis des années et je les ai retrouvés physiquement quand j’ai mis de l’ordre. L’idée de Jérôme Bouchaud, le directeur de publication, était de partager des textes littéraires ou de non-fiction inédits, ainsi que de la poésie, d’auteurs asiatiques, sur un thème précis pour chaque numéro. Il y a eu 10 volumes et des hors-séries, j’avais acheté les deux titres cités ci-dessus. Si je rassemble les deux volumes en un commentaire, c’est parce que je suis un peu déçue: les textes viennent d’auteurs très variés, de pays aussi divers que l’Ouzbékistan ou Singapour (en passant évidemment par la Chine, l’Inde et le Japon) mais j’ai eu beaucoup de mal à m’y intéresser. Je pensais que le sujet de la cuisine m’intéresserait plus que celui de la géographie mais je me suis ennuyée, n’accrochant pas au style des auteurs pourtant très divers. Il y a trop de textes imprégnés de mythologie ou de philosophie, des textes qui me semblent un peu académiques. Et je n’ai jamais eu faim alors que c’est quand même le but d’un écrit sur la cuisine, non ? Je mets quand même trois étoiles parce que l’effort est plus que louable, et que cela peut plaire à d’autres personnes.

Le site de Jentayu, avec de nombreux compléments aux revues papier.

Nouilles d’Asie

Chihiro Masui, Minh-Tâm Trân, Margot Zhang, Nouilles d’Asie (2016): ce livre de cuisine a été écrit par trois autrices francophones de trois origines différentes: Japon, Vietnam et Chine. Elles y rassemblent des recettes de nouilles, des recettes traditionnelles mais aussi fusion, avec même quelques écarts dans d’autres pays comme la Corée ou la Thaïlande. Le texte est très limité et cela aurait été intéressant d’en savoir un peu plus sur le sujet. Par contre, le livre est richement illustré, avec des photos de tous les ingrédients (nouilles, condiments, herbes et légumes asiatiques), des recettes photographiées pas à pas (de certaines nouilles donc) et des photos de chaque plat. En le lisant, je me suis rendue compte que je n’avais quasi rien essayé et que j’avais une préférence pour les soupes, mais qu’il y avait plein de recettes qui me donnaient envie. Parfois, ça vaut la peine de ressortir des livres plus anciens ! Un livre intéressant, mais pour beaucoup de recettes, il y a une recette dans la recette et préparer les bouillons pour les soupes prend beaucoup de temps (heureusement, il y a quelques soupes japonaises très faciles).

  • photos: **** (toutes les recettes sont illustrées)
  • texte: ** (basique)
  • originalité des recettes: ****
  • authenticité des recettes: ****
  • faisabilité des recettes: ***
  • mesures: unités de mesures métriques
  • recettes favorites: « Soba à la mode des barbares du sud » (cette recette, je l’ai déclinée sous plein de formes et c’est elle qui m’a donné l’idée d’utiliser du magret de canard, que j’ai ensuite changé en canard fumé pour la facilité), « Bo bun », « Bun au poisson au curcuma et à l’aneth »
  • indispensabilité du livre: ***

Where China Meets India

Myint-U Thant, Where China Meets India: Burma and the New Crossroads of Asia: en commençant ce livre, je pensais lire l’histoire personnelle de l’auteur et l’exploration de son pays, la Birmanie. Ce n’est pas tout à fait le cas: il s’agit plutôt d’un écrit très bien documenté sur l’histoire et la situation politique du pays, ainsi que ses liens avec la Chine et l’Inde. C’est aussi une analyse assez fine des relations commerciales dans cette partie d’Asie. Le livre est divisé en trois grandes parties: la première est consacrée à la Birmanie, la seconde à la Chine, et tout particulièrement au Yunnan et à son histoire, fort différente de celle qui est expliquée en général, et la troisième à l’Inde, et donc à la partie frontalière avec la Birmanie. L’histoire de ces régions limitrophes est méconnue et j’ai appris énormément de choses. Mais j’ai malgré tout eu un grand souci en lisant ce livre: il a été écrit en 2011, avant la fin de la dictature militaire, et les perspectives avancées par l’auteur à propos de l’avenir sont quelques peu dépassées et cela m’a laissée sur ma faim. J’ai entre-temps vu qu’il avait écrit une analyse sur l’évolution du pays pendant les dix dernières années; je vais tenter de le lire avant que tout ça ne soit également du passé.

La carte perdue de John Selden

Timothy Brook, La carte perdue de John Selden : Sur la route des épices en mer de Chine: historien et sinologue, Timothy Brook s’est intéressé à une vieille carte venant de Chine. Datant de 1608, elle avait appartenu à un certain John Selden, un des premiers orientalistes anglais. Brook s’attache à déchiffrer tous les secrets de la carte mais il raconte aussi l’histoire de son propriétaire, traçant un portait de la société de l’époque: l’Angleterre et ses désirs de commerce en Asie ainsi que la Chine et ses routes maritimes.

Le sujet me passionnait a priori mais j’ai trouvé le texte un peu décousu et aride. J’ai déjà lu beaucoup de livres d’histoire, même très académiques, et je n’ai vraiment pas accroché. Pourtant les informations que distille Timothy Brook sont vraiment intéressantes. Je crois que je m’attendais à autre chose et ce n’était peut-être pas le moment pour moi !

Les explorateurs au Moyen Âge

Jean-Paul Roux, Les explorateurs au Moyen Âge: on parle toujours des grandes découvertes, de Christophe Colomb à Magellan, mais dès le Moyen Âge, des explorateurs sont partis sur les routes. A l’époque de l’empire mongol, au 13e siècle, il est possible de pénétrer au coeur de l’Asie, dans les terres musulmanes et jusqu’en Chine. Les voyageurs ont des buts divers: religieux en quête de conversion, ambassadeurs, marchands désireux d’élargir le commerce, aventuriers… Seuls quelques-uns ont laissé des écrits – notamment Marco Polo – souvent empreints de merveilleux, mais néanmoins, ces récits sont des témoignages à propos du monde tel qu’il était à l’époque. L’historien Jean-Paul Roux raconte tout ceci dans son livre publié à l’origine en 1985, et basé sur un texte plus ancien. Certains éléments sont un peu datés, d’autres sont plus difficiles à comprendre, comme la transcription des noms chinois à l’ancienne. Mais c’est malgré tout un livre intéressant sur la période. Et surtout, il m’a donné envie d’en apprendre plus sur les découvertes.

The great railway bazaar

9780141189147Paul Theroux, The great railway bazaar: quand on est dans un pays précis, autant lire un livre qui en parle ! En 1973, Paul Theroux embarque à la gare Victoria de Londres un long voyage: il a en effet décidé de rejoindre l’Asie en train et de rentrer par le même moyen. C’était encore possible à l’époque, la route n’était pas encore fermée, et chaque pays ou presque jusqu’au Vietnam possédait des voies ferrées. Il prend d’abord l’Orient Express dont l’heure de gloire est déjà révolue depuis longtemps, puis des trains turcs, iraniens, indiens, birmans, vietnamiens, japonais et enfin le Transsibérien. J’ai trouvé ses descriptions assez froides, il rencontre surtout d’autres Occidentaux, son humour est très British (alors qu’il est Américain) et j’ai très peu accroché. Il voyage à la grande époque des pérégrinations hippies mais il n’en parle que peu. Je peux comprendre qu’il veuille les éviter mais il évite beaucoup de monde, les locaux y compris. Oui, c’était intéressant de lire la partie sur les trains birmans tant que j’étais sur place, mais j’ai été déçue par ce récit pourtant considéré comme un classique.

Book_RATING-30

Books

Ces derniers mois n’ont pas été très bénéfiques pour la diminution de ma PAL. J’ai en effet eu l’envie de lire le Baroque Cycle de Neal Stephenson, c’est à dire trois volumes de plus de 900 pages en anglais. J’ai entamé le premier, Quicksilver que j’ai traîné avec moi plusieurs semaines de suite pour laborieusement lire 250 pages (ma lecture n’est certainement pas aussi rapide en anglais et le vocabulaire pas toujours aussi facile) mais même si je l’ai abandonné momentanément, je ne m’avoue pas vaincue pour autant. Entretemps, j’ai aussi lu:

Chanson pour l’absente de Stewart O’Nan: un livre que j’ai acheté dès sa sortie, que j’ai lu de suite et pourtant deux mois après je ne m’en souviens plus très bien. Pas que ce soit un mauvais livre, mais les thèmes de Stewart O’Nan ne se renouvellent pas. Il conte la disparation de Kim Larsen, adolescente de 18 ans, du point de vue de sa famille, comment celle-ci réagit, se désagrège tout doucement avec des réactions très différentes selon les protagonistes. Une belle description de l’Amérique moyenne mais qui manque un peu de relief.

Préparant la sortie du nouveau roman, j’ai relu Less than zero de Bret Easton Ellis, un de mes romans favoris de fin d’adolescence, que j’ai lu et relu des dizaines de fois  (c’est évidemment plus rapide de relire un roman court qu’une brique à la Neal Stephenson !). A la fin de la lecture, il m’en est resté ce même sentiment qu’autrefois, ce côté vide, un peu dépressif qui se résume tout à fait dans le panneau publicitaire que voit le héros, Clay, à plusieurs reprises: « Disappear here ».

J’ai eu de la chance: dès le jour de sortie, j’ai trouvé Imperial bedrooms de Bret Easton Ellis en librairie. Ce roman est une suite de Less than zero, avec les mêmes protagonistes qui ont 25 ans de plus. Clay, aujourd’hui scénariste, revient pour un boulot à Los Angeles, à nouveau pendant la période de Noël. Il revoit ses anciens amis, tous plus ou moins marqués par le temps, la drogue ou la chirurgie esthétique. Le récit aurait pu s’arrêter à ça, et cela m’aurait suffi mais Ellis a décidé de s’inspirer du film noir et d’y ajouter une vague intrigue d’espionnage et de meurtre que je ne trouve pas tout à fait nécessaire. J’ai par contre adoré les quelques pages du début où Clay parle du film qui a été tourné suite au premier roman, intégrant par la même occasion une critique non dissimulée du film de Marek Kanievska. Le livre sort en français à la rentrée et Bret Easton Ellis fait la couverture des Inrocks de cette semaine.

J’ai envie de rapprocher les deux récits qui suivent, je ne les ai pas lus l’un après l’autre mais ils ont plusieurs points communs: deux journalistes en fin de vie racontent leurs aventures, le premier celle de son existence, le second la dernière en date.

Le grand voyage de la vie de Tiziano Terzani. J’avais lu avec beaucoup de plaisir et d’intérêt son récit Un devin m’a dit et dès que j’ai vu ce livre, je n’ai pas pu m’empêcher de l’acheter. Terzani est un journaliste italien qui a travaillé pour Der Spiegel en Asie. Il se raconte, en dialogue avec son fils parce qu’il est trop vieux et malade pour encore écrire lui-même. C’est donc plus une conversation, un échange d’idées sur les étapes importantes de sa vie et de sa carrière, notamment de sa présence à Saïgon lors de la prise de la ville par les Vietnamiens du Nord ou de cet instant où il a échappé à la mort, presque fusillé par les Khmers Rouges. C’est aussi le récit d’un homme qui a fait ce qu’il voulait pendant sa vie et qui ne regrette rien, c’est une belle réflexion sur la mort, le tout empreint de bouddhisme qu’il a pratiqué pendant des années (il a même vécu en ermite dans l’Himalaya). Un très beau livre que je recommande à tous les passionnés de l’Asie mais aussi à toute personne qui se pose des questions sur l’existence.

Aventures en Loire de Bernard Ollivier est un des livres que j’ai acheté dès sa sortie mais qui a traîné sur ma PAL sans raison précise. Ollivier m’avait enchanté avec le récit de son voyage à pied sur la route de la soie. J’avais un peu peur que son aventure à pied et en canoë le long de la Loire, de sa source à son embouchure, ne soit moins captivante. Que nenni ! J’ai retrouvé là l’homme qui sait conter, raconter ses rencontres, nombreuses, et faire partager ses pensées. C’est là qu’il rejoint Tiziano Terzani: il a déjà plus de 70 ans quand il commence cette aventure et se demande pendant tout le voyage si c’est encore de son âge mais aussi s’il pourrait rester en sédentaire chez lui. Au-delà de ça, ce livre donne envie de visiter la région et d’entamer une ballade du même genre…

La croisière jaune: sur la route de la soie d’Ariane Audouin-Dubreuil relate l’expédition Citroën du Liban à l’Asie du Sud-Est en suivant la route de la soie au début des années 30. La fille du commandant de mission s’est basée sur les archives de son père et d’autres membres du voyage pour écrire le récit. Pas de grande littérature ici mais bien des faits, des impressions de l’époque, beaucoup d’héroïsme et une toute autre manière de voyager: on ne voyageait pas léger à l’époque ! Il fallait faire bonne figure auprès des divers chefs d’état et les bagages comportaient entre autres choses que nous jugerions inutiles aujourd’hui tout un service en porcelaine estampillé du logo Citroën. L’idée était de traverser l’Himalaya en voiture, ce qui se révèlera très compliqué même si le convoi a réussi à passer jusqu’à un certain point (quitte à ce que les voitures soient démontées !). Avant cette partie très difficile du voyage, les différents chercheurs avaient fait des recherches archéologiques et de nombreuses photos du site de Bamyan en Afghanistan et ce sont des documents très précieux aujourd’hui. L’expédition en Chine n’est pas de tout repos non plus: le pays est déchiré par la guerre entre factions diverses. Intéressant mais pas un chef-d’œuvre littéraire !

Living dead in Dallas de Charlaine Harris, deuxième volume de la série. Lecture de vacances sans trop se poser de questions. Sookie est encore plus nunuche que dans la série et l’histoire bien moins développée mais c’est tout de même plaisant à lire !

One bestseller and two travel writings

Quand Armalite m’avait parlé de The time traveller’s wife d’Audrey Niffenegger, j’avais été tentée. Quand je l’ai eu entre les mains, je dois bien avouer que j’ai eu un peu de mal. D’abord son exemplaire est grand et gros, pas pratique donc pour les transports en commun. Je l’ai donc réservé pour mes congés. Et puis, il a suffi que je découvre que c’était un bestseller pour que mon envie de le lire retombe… je ne peux pas trop expliquer ça, mon côté « je ne veux pas être/faire comme les autres » doit avoir parlé et c’est un peu stupide, je sais… Je ne dirais pas que c’est mon roman favori de tous les temps mais j’ai été happée par l’histoire, par son habile déconstruction entre les différentes époques et âges des protagonistes. C’est une nouvelle manière de raconter une histoire d’amour, si pas impossible, du moins très difficile: Henry voyage dans le temps et ne peut maîtriser ses déplacements. Claire connaît Henry depuis son enfance, quand Henry vient la visiter alors qu’il a 30 ans et plus. Elle sait qu’il sera son époux plus tard. Mais quand ils se rencontrent enfin vers la vingtaine, seule Claire sait qu’ils vont vivre une exceptionnelle et bizarre histoire d’amour, puisqu’à ce moment-là Henry n’a pas encore vu Claire dans son enfance. Mes explications ont l’air un peu confuses peut-être mais le roman ne l’est pas. Une très belle histoire… qui a été adaptée au cinéma.

J’avais acheté Une aristocrate en Asie de Vita Sackville-West sans trop savoir qui elle était, le récit de voyage dans les années 30 me tentant beaucoup. J’ai découvert une sacrée personnalité, une femme libérée qui pratiquait l’amour libre et aussi une créatrice de jardins hors-pair (dans sa propriété de Sissinghurst notamment, endroit que je connaissais à cause des nombreuses émissions de jardinage de la BBC). Seul ce deuxième aspect transparaît au fil des pages du récit qui raconte une expédition dans le nord de l’Iran, hors des sentiers battus (l’expression était bien plus juste à cette époque !). Les manières de voyager ont bien changé avec le temps… Serviteurs et muletiers ouvraient le chemin, montaient la tente, cuisinaient à chaque étape, déménageaient même quelques meubles sommaires ! On est loin du dénuement de certains voyageurs actuels.

Against de flow. Culinary adventures up the Mekong River du cuisinier Ian Walker ne pouvait pas tomber mieux avant notre voyage au Vietnam. L’auteur remonte le Mékong depuis son embouchure et delta au Vietnam jusqu’à ses sources dans un trou perdu du Tibet en parlant de tout ce qu’il mange. Il s’était promis dès son départ qu’il goûterait de tout, même des choses bizarres… les araignées de Skuon au Cambodge se révèlent être une délicatesse, le serpent par contre contient trop de petits os désagréables et les scarabées vivant sur les bouses de buffle au Laos sont plutôt répugnantes ! Au fil du fleuve, on remarque que les cuisines évoluent, les goûts changent, passant de la prédominance de la citronnelle asiatique, du piment et du riz à des nouilles de blé et des laitages. Un livre intéressant à tous points de vue même si j’ai un goût de trop peu.

Entretemps, j’ai commencé le plus gros livre de ma PAL et je n’ai pas pu résister: j’ai acheté de nouveaux livres. Ma PAL 2010 compte donc son premier tome, à laquelle s’ajoutent deux livres que diane a acheté et qui me tentent aussi.

Qu’ai-je lu depuis le mois de janvier ?

ça devient une habitude: je n’écris plus un billet après chaque livre lu. Entretemps, je me suis décidée à ne plus lire qu’un seul livre à la fois, ne mélangeant plus comme avant la lecture de romans et d’essais (que je laissais finalement dans un coin à peine entamés). La restructuration des lignes de métro bruxellois et les nombreux retards qui s’ensuivent depuis quelques semaines me permettent de lire un peu plus… mais ma pile de livres à lire monte exponentiellement ! Me lâcher dans une librairie est toujours très dangereux pour mon mon porte-monnaie…

Un résumé de mes lectures depuis janvier:

Deux romans:

Les monstres de Templeton de Lauren Groff, annoncé comme un des livres importants de la rentrée littéraire, me tentait par le côté histoire de famille sur plusieurs générations, avec ses mystères et le monstre qui vient se mêler à tout ça. Après lecture, je reste sur ma faim, tant au point de vue du rythme de l’histoire qui ne laisse pas énormément de place au suspense qu’au point de vue du style. En gros, il n’y en a pas ! Des phrases simples qui racontent mais qui ne créent aucune atmosphère. Disons que ça reste un bon divertissement mais sans plus.

Autres électricités d’Ander Monson est l’opposé total du livre précédent. Edité chez Lot 49 (Brian Evenson – et d’autres que je me dois d’explorer), ce livre est une recherche sur l’écriture, le roman, tout en racontant une histoire qui touche à des thèmes et ambiances que l’on retrouve dans Twin Peaks (la lycéenne, la prom queen que l’on retrouve morte) ou dans Fargo (l’hiver du Nord des Etats-Unis). Dès le début, on reçoit des indices: une table des matières expliquant qui parle dans chaque chapitre, une liste des personnages ainsi que leurs relations entre eux. Le côté dépareillé, confus des différents textes (d’abord publiés comme nouvelles indépendantes) a bien besoin de cette introduction. En même temps, c’est cette confusion qui fait la force du livre. Pas toujours très facile à lire et à appréhender, ce roman m’a malgré tout fort intéressé et touché. Une vraie découverte !

Deux récits de voyage:

Le Bénarès-Kyôto d’Olivier Germain-Thomas, récit d’un voyage tantôt en train, tantôt en bateau de l’Inde au Japon, en passant par la Thaïlande, le Vietnam et la Chine. Réflexions multiples sur les religions d’Asie en contraste avec la culture française (Montaigne est souvent cité) et rencontres fortuites. Plus qu’un simple récit de voyage, on découvre un homme et son regard sur les choses, sa lucidité mais aussi son humour. Un très bel exemple de l’approche française de ce genre de littérature (mon projet est d’écrire un article plus complet sur le récit de voyage à la française et à l’anglo-saxonne, souvent fort différents en style).

Par les sentiers de la soie. A pied jusqu’en Chine de Philippe Valéry: un récit qu’on ne peut s’empêcher de comparer aux magnifiques livres de Bernard Ollivier et qui malheureusement ne tient pas la route. Oui, les descriptions, les rencontres sont intéressantes mais il manque une touche personnelle, une réflexion sur soi qui est présente ailleurs, dans d’autres livres. C’est le récit d’un exploit: partir de Marseille et rejoindre Kashgar en Chine, à pied, pendant deux ans (presque) sans interruption. Mais c’est tout. J’aime les récits de voyage, il y en a des bons et des moins bons mais je prends toujours plaisir à les lire.

Un livre-bd:

La route de la soie en lambeaux de Ted Rall: après la lecture du précédent livre, ce titre-ci s’imposait, sachant que la situation politique n’y est que très peu évoquée. Plus documentaire que récit de voyage, sauf quelques passages et les bandes dessinées, ce livre montre une image actuelle de l’Asie Centrale. Et ce n’est franchement pas rose, entre le dictateur turkmène (du genre à culte de personnalité, pas très éloigné finalement de la Corée du Nord), une police ouzbèke sous-payée qui fait du racket à longueur de journée, les catastrophes écologiques de la mer d’Aral ou les essais nucléaires des l’U.R.S.S. au Kazakhstan, la montée d’un Islam extrémiste et l’ingérence américaine (période Bush). Un livre qui ouvre les yeux, même si cette vision américaine des choses peut parfois être énervante (le chapitre sur la nourriture est un exemple type, où je dirais, pauvre petit, tu es vraiment perdu si tu n’as pas un MacDo à chaque coin de rue !). Certaines informations paraissent tellements extrêmes mais où les vérifier ? Ce n’est pas une région qui intéresse les journalistes et les dictatures sont si fermées qu’elles ne laissent passer que très peu d’informations. Si vous avez un livre récent à me conseiller sur le sujet, je suis toute ouïe.

Reste un essai, Royaume de l’artifice: l’émergence du kitsch au XIXe siècle dont je parlerai dans un article séparé.