Downtown New York

Kembrew McLeod, Downtown New York underground 1958|1976. Activistes pop, cinéma indé, freaks gays & punk rockers: avec ce livre, Kembrew McLeod dresse le portrait d’une ville, de certains de ses quartiers, pendant une période définie. A cette époque, Downtown était en grande partie délaissé, et dangereux, mais donc aussi l’endroit idéal pour des artistes qui voulaient expérimenter avec leur art, sans dépenser beaucoup d’argent en loyers. McLeod a interviewé de nombreuses personnes qui ont participé à cette scène, mettant en avant huit figures majeures: le peintre Andy Warhol, le damaturge H.M. Koutoukas, la danseuse et cinéaste Shirley Clarke, le poète et leader des Fugs Ed Sanders, les chanteuses Patti Smith et Debbie Harry, la productrice de théâtre Ellen Stewart et la drag-queen Hibiscus.

Tout cela me semblait passionnant sur la quatrième de couverture, mais le livre en tant que tel l’est moins, à mon avis. Il y a une certaine insistance sur le théâtre, sur Off Off Broadway, or c’est justement l’art le plus difficile à appréhender quand on ne vivait pas sur place à l’époque. Les musiciens laissent des disques, les peintres des tableaux, les cinéastes des films… J’ai donc eu un certain mal à m’intéresser à ces pièces et acteurs. La manière un peu décousue dont tout ceci est raconté n’a pas aidé à une meilleure compréhension de ma part. C’est un document important grâce à tous les interviews mais il manque de cohésion. J’ai aussi souvent tiqué sur la tournure des phrases et l’utilisation de certains mots, sans pouvoir définir si cela était déjà présent dans le texte original ou si c’est lié à la traduction. En fait, la partie qui m’a le plus intéressée est la dernière, celle qui marque l’émergence du punk-rock, sans doute aussi parce que c’est celle que je connais le mieux. Un avis mitigé mais qui pourra être très différent selon le lecteur et les connaissances ou liens qu’il a (eu) avec ce milieu underground new-yorkais.

Passagère du silence

Fabienne Verdier, Passagère du silence: reçu de Kleo lors d’une ronde des poches (une ancienne, pas l’actuelle – Kleo et moi, nous ne nous connaissions pas encore mais elle a visé très juste), ce livre a traîné longtemps sur ma PAL parce que je soupçonnais l’avoir déjà lu (c’était le cas, mais peu importe, je l’ai relu avec beaucoup de plaisir). La jeune Fabienne Verdier part au début des années 1980 en Chine, au Sichuan pour étudier les beaux-arts chinois. Elle se retrouve dans une école artistique régie par le parti, où on enseigne l’art académique. Ce n’est pas cela qu’elle recherche… Au fil des rencontres, elle fait connaissance de vieux maîtres en calligraphie et c’est ainsi que commence un enseignement qui va durer dix ans. Les conditions sont rudimentaires à l’école, entre la crasse, la promiscuité, les maladies et la surveillance constante du parti mais Fabienne survit à tout cela, par amour pour l’art ancien, un art qui a été oublié et dénigré par la Révolution Culturelle et qui dans les années 1980 n’avait pas encore été complètement réhabilité. Elle apprend la patience, dessinant pendant plusieurs mois de suite uniquement des traits horizontaux et verticaux, elle découvre en même temps tout un monde fort différent du sien. Elle participe aux voyages auprès des minorités ethniques du Sichuan au Tibet, souvent cachée, car comme Occidentale, elle n’a pas le droit d’y aller. Le récit est souvent très dur, les conditions étant vraiment difficiles et la Chine de l’époque très peu respectueuse du passé, mais on apprend à connaître une femme et sa détermination extrême. En lisant cette autobiographie, j’ai souvent pensé à Peter Hessler qui raconte sa vie pendant deux ans à Fuling, à peine plus loin que Chongqing où se trouvait Fabienne Verdier mais une décennie plus tard. C’est un monde déjà fort différent qu’il décrit, un peu plus ouvert. On ne ressent pas autant chez lui le poids du Parti Communiste même s’il est toujours bien présent, ni les conditions de vie aussi précaires. Je conseille ce livre de Fabienne Verdier à toute personne intéressée par la Chine, par son histoire et par son art mais aussi à un public plus large.